Tout me prouve la destination des trois opuscules de Saint-Évremond : une dédicace, écrite par l’éditeur Barbin en 1668159 ; le genre particulier d’ouvrage dont il s’agit ; enfin, les relations intimes qui ont dû exister entre Saint-Évremond et la marquise de Sablé. » M. […] « Il est prouvé que Mme de Sablé avait composé son écrit sur l’Amitié bien longtemps avant la publication des Maximes de La Rochefoucauld, laquelle est de l’année 1665. […] L’esquisse rapide qu’il fait d’une tragédie d’Alexandre telle qu’il l’aurait souhaitée, d’un Porus doué d’une grandeur d’âme « qui nous fût plus étrangère » ; ce tableau qu’il conçoit d’un appareil de guerre tout extraordinaire, monstrueux et merveilleux, et qui, dans ces contrées nouvelles, au passage de ces fleuves inconnus, l’Hydaspe et l’Indus, épouvantait les Macédoniens eux-mêmes ; ces idées qu’il laisse entrevoir, si propres à élever l’imagination et à tirer le poëte des habitudes doucereuses, nous prouvent combien Saint-Évremond aurait eu peu à faire pour être un critique éclairé et avancé.
Les ouvrages anciens et modernes qui traitent des sujets de morale, de politique ou de science, prouvent évidemment les progrès successifs de la pensée, depuis que son histoire nous est connue. […] Les suites quelconques des actions des hommes ne sauraient ni les rendre innocentes, ni les rendre coupables ; l’homme a pour guide des devoirs fixes, et non des combinaisons arbitraires ; et l’expérience même a prouvé qu’on n’atteint point au but moral qu’on se propose, lorsqu’on se permet des moyens coupables pour y parvenir. […] Je suis donc revenue sans cesse, dans cet ouvrage, à tout ce qui peut prouver la perfectibilité de l’espèce humaine.
On peut dire qu’il trancha la question comme le philosophe grec qui prouva le mouvement en marchant. […] Ce reproche de gens qui eussent été bien embarrassés pour prouver leur compétence, paraît avoir affligé et violemment irrité le poète. […] Et ma grande raison, c’est que je suis l’auteur d’un travail historique sur le même sujet, où je crois avoir prouvé que le faux Démétrius était un Cosaque ou un Polonais ; mais je suis accommodant et prêt à me prêter à toutes les hypothèses, pourvu qu’on donne à l’imposteur des sentiments et un caractère conformes au rôle qu’il a joué.
Il n’a pas voulu que la postérité l’ignorât, et, pour plus de sûreté, il avait copié deux fois de sa main cette correspondance, se souciant peu de charger sa mémoire de ce qui eût embarrassé sa vie, et tenant fort à prouver qu’il avait pensé autrement qu’il n’avait dit. « C’est du style de notaire », disait-il de certaines affectations de respect pour la religion, que Voltaire lui reprochait. […] Dans les derniers, l’ingénieux va se raffinant de plus en plus, et l’écrivain ne paraît guère viser qu’au succès du joli académique, par toutes ces petites fleurs de langage que fait applaudir à un auditoire de cérémonie, venu pour le plus sérieux des divertissements, un orateur qui s’évertue à prouver qu’il a de l’esprit. […] Cette fidélité de l’ouvrier à l’œuvre, meilleure que l’œuvre elle-même, prouve que Diderot croyait plutôt fonder que détruire, et qu’il a plus pensé au bien qui devait sortir de l’acte corrigé par le temps, qu’au mal fait par le livre à tous les intérêts qu’il attaquait.
. — Il serait oiseux de prouver que les mœurs influent sur la littérature, puisque la littérature se donne souvent pour tâche de les reproduire. Il ne me semble pas beaucoup plus nécessaire de prouver que la littérature réagit à son tour sur les mœurs : on sait assez que les personnages créés par les poètes ou les romanciers servent fréquemment de modèles aux jeunes gens ; que les sentiments ou les idées exprimés dans des ouvrages qui réussissent peuvent devenir ainsi des motifs d’action. […] Voilà, entre vingt autres, des sujets de discussion qui prouvent qu’une société peut contenir et contient d’ordinaire cinq ou six morales en lutte les unes avec les autres.
Toutes ses lettres écrites à cette date le prouvent. […] « Avec le caractère français, avait écrit M. de Chateaubriand en 1814, l’opposition est plus à craindre que l’influence ministérielle. » Il se chargea de le prouver en mainte occasion, et surtout à partir de 1824. […] ouvrez la préface de La Monarchie selon la Charte dans l’édition de 1827 ; il y disait, laissant échapper le ressentiment dont il était plein : En me frappant, on n’a frappé qu’un dévoué serviteur du roi, et l’ingratitude est à l’aise avec la fidélité ; toutefois, il peut y avoir tels hommes moins soumis et telles circonstances dont il ne serait pas bon d’abuser : l’histoire le prouve.
Quiconque parle d’un sujet sans avoir l’habitude d’en parler cherche ses mots, parle lentement, hésite, tout en sachant bien ce qu’il veut dire ; les intervalles qu’il met entre ses mots prouvent qu’un intervalle existe également entre sa pensée et ses paroles. […] C’est pour cela même qu’en rangeant ses idées dans leur ordre véritable on est tristement forcé de renoncer à une foule de choses qu’on voudrait dire et que le bon arrangement à lui seul réfute et repousse comme contradictoires à ce qu’on entend prouver. » 254. Un exemple récent prouve que, même aujourd’hui et dans notre langue, si réfractaire au néologisme, la chose n’est pas impossible : par son livre sur Les maîtres d’autrefois Eugène Fromentin [Référence précise : Eugène Fromentin, Les Maîtres d’autrefois, Belgique-Hollande, Paris, 1877] a « notablement accru les ressources expressives de la langue française » (Ed.
Déjà certaines réformes des institutions, aux États-Unis, en Angleterre, en Suisse, en Bavière, prouvent que beaucoup d’États s’apprêtent à se montrer moins avares de personnalités civiles161. […] On pourra, sur quelques points, prouver la multiplication d’un certain ordre de sociétés, celle par exemple des sociétés savantes168, ou des sociétés charitables169. […] De plus, quand bien même elle pourrait compter tous les groupes qui se rencontrent dans l’Europe moderne, cela ne suffirait pas encore à prouver directement notre thèse, qui est, non pas seulement que les sociétés se multiplient, mais encore qu’elles s’entrecroisent.
Ce qui le prouve, c’est que les poètes n’imaginèrent pas autrement Jupiter, le roi des hommes et des dieux. […] Un passage précieux de Thucydide prouve que les étrangers étaient considérés comme des brigands. […] Tout ceci prouve combien les modernes se sont mépris sur le sens du mot célèbre : les barbares n’ont point sur leurs enfants le même pouvoir que les citoyens romains.
On pouvait croire qu’il manquait tout à fait de tendresse et d’onction ; mais, par un ou deux chapitres de ces Paroles même d’un croyant qu’on vient de voir si sévèrement jugées, il a commencé de prouver qu’il n’était pas tout à fait dépourvu de cette fibre-là. On pouvait croire qu’avec toute son éloquence d’invective, il manquait de finesse ; mais il a prouvé par deux ou trois passages des Affaires de Rome qu’il en était capable à l’occasion.
On l’avait soupçonné d’être dangereux ; mais ne prouvait-il pas lui-même qu’il pouvait aisément le devenir ? […] Il suffirait, pour combattre le mauvais effet des paroles de Collé, et pour prouver que Prevost resta digne jusqu’à la fin de la société des honnêtes gens, d’opposer le témoignage de Jean-Jacques, qui, dans ses Confessions (partie II, livre VIII), parle de l’abbé qu’il avait beaucoup vu, comme d’un homme très-aimable, très-simple ; Jean-Jacques seulement ajoute qu’on ne retrouvait pas dans sa conversation le coloris de ses ouvrages.
Licidas, il est vrai que vous n’avez pas d’esprit, mais il n’est pas prouvé pour cela que vous soyez capable de gouverner un empire. […] Celle qui se vouerait à la solution des problèmes d’Euclide, voudrait encore le bonheur attaché aux sentiments qu’on inspire et qu’on éprouve ; et quand elles suivent une carrière qui les en éloigne, leurs regrets douloureux, ou leurs prétentions ridicules prouvent que rien ne peut les dédommager de la destinée pour laquelle leur âme était créée.
Il n’y a point de beauté ou d’esprit qui tienne : le premier mérite, le mérite fondamental de toute partie, de la plus petite comme de la plus grande, c’est de servir à soutenir le tout ; la grâce, le piquant, le plaisant, le sublime s’ajouteront par surcroît : il faut d’abord que la chose contribue à prouver ou à peindre, à pousser l’œuvre vers la fin qui lui est assignée. […] Pascal, dans ses Provinciales, voulant adoucir pour les gens du monde l’amertume de la théologie et en rendre agréable l’austérité, s’y est pris de telle sorte que, faisant une démonstration de l’injustice, des erreurs et des scandales de ses adversaires, il n’a rien dit qui ne serve à cette démonstration : il n’a point mis l’agrément dans son sujet, il l’en a tiré ; ce qui est ornement est aussi argument, et ce qui plaît, prouve.
Tout autre se prouve Paul Verlaine. […] Je voudrais prouver que Paul Verlaine mérite ce haut titre.
Où lisais-je donc que, faute de base scientifique pour ériger un système de critique absolue, il fallait s’en remettre à la divination des écrivains de valeur, qui se prouvaient tels par les vers ou la prose, et sur ce garant accepter avec plaisir, avec recueillement un peu, les opinions qu’ils émettent et comme une sténographie de leurs conversations ? […] Collé écrivit : « M. de Beaumarchais a prouvé, à n’en point douter, par son drame, qu’il n’a ni génie, ni talent, ni esprit. » Voilà un pronostic fâcheux ; il n’en faudrait guère de semblables pour infirmer à jamais l’autorité d’un critique.
Autorisa-t-il par son silence les généalogies fictives que ses partisans imaginèrent pour prouver sa descendance royale 680 ? […] C’est Jean l’évangéliste ou son école qui plus tard cherchèrent à prouver que Jésus est le Verbe, et qui créèrent dans ce sens toute une nouvelle théologie, fort différente de celle du royaume de Dieu 720.
C’est ce qu’on a dit bien souvent, mais je puis le prouver aussitôt par un piquant exemple et tout à fait neuf, que me suggère M. […] J’avais en vue seulement de prouver que ces femmes du xviie siècle n’ont qu’à le vouloir pour écrire avec un charme infini, qu’elles ont toutes le don de l’expression, et que Mme de Sévigné n’est que la première dans une élite nombreuse.
On a beaucoup insisté, et avec raison, sur la personnalité divine ; mais on s’est trop borné à prouver cette vérité par la psychologie, on a trop cru que tout était démontré lorsqu’on avait dit que tout ce qui est dans l’effet doit se retrouver dans la cause, que, l’homme étant un être intelligent et libre, Dieu doit être aussi, mais infiniment, intelligent et libre. […] Toutes les inégalités qui pesaient sur les hommes prouvent bien à quel point il est difficile à l’esprit humain de distinguer la personne de la chose.
Et là-dessus on débitera des maximes qu’on croira bien vraies, parce qu’elles seront bien triviales ; et on citera le beau passage de Cicéron sur l’avantage des lettres, dans son oraison pour le poète Archias ; et on croira cet avantage prouvé sans réplique ; car que répondre à un passage de Cicéron ? […] On a dans ces derniers temps attaqué la cause des lettres avec de la rhétorique, on l’a défendue avec des lieux communs : on rte pouvait, ce me semble, la plaider comme elle le mérite, qu’en l’a décomposant, en l’envisageant par toutes ses faces, en y appliquant en un mot la dialectique et l’analyse : par malheur la dialectique fatigue, les lieux communs ennuient, et la rhétorique ne prouve rien ; c’est le moyen que la question ne soit pas sitôt décidée.
Au surplus, l’incertitude et l’obscurité où sont tombées les imputations des deux parties ne laisse pas de tourner à l’avantage de notre auteur, car, s’il est impossible de prouver aujourd’hui que Furetière ait réellement prostitué sa sœur et acquis par simonie ses bénéfices, il n’est pas besoin de preuves pour reconnaître que Lorau, Charpentier, Leclerc, Barbier d’Aucourt, Regnier Desmarais et consorts, étoilent les uns des ignorants, les autres de détestables écrivains. […] L’Académie n’a jamais pardonné à Furetière d’avoir prouvé que, pour exécuter un monument de critique et de vaste érudition, un seul cerveau bien organisé valait mieux qu’une réunion d’esprits inégaux de savoir et d’aptitude.
Les sensualistes seuls seraient-ils exclus du droit commun, et leur défendrait-on de prouver Dieu à leur manière ? […] La science n’a pas coutume d’avoir tant d’aisance, ni la psychologie tant de grâce ; et ce qui ajoute à leur prix, c’est qu’elles ne font point sortir le public du terrain où il a coutume de se tenir ; elles semblent le complément d’un cours de langue ou de littérature ; l’auteur décompose une fable de La Fontaine pour faire le catalogue des opérations de l’esprit ; une phrase de Buffon, pour prouver que tout raisonnement est un composé de propositions identiques.
On ferait M. de Salvandy ministre de la marine (car il paraît prouvé que rien ne nuit tant à ce ministère qu’un marin et un homme du métier) ; on éliminerait M.
Il est impossible de ne pas remarquer, quand on est un peu grammairien ou même moraliste, que voilà bien des grands hommes de bien en quinze jours, et rien ne prouverait plus combien une telle expression si solennelle, et qui devrait être si réservée, exprime peu une idée nette pour les esprits du jour que cet abus et comme ce jeu qu’on en fait.
Sainte-Beuve n’était pas encore sénateur, ce qui prouve bien que sa nomination ne tenait pas à un article, comme ont pu le croire certains de ses confrères à l’Académie française, gros bonnets de la littérature, qui payèrent leur tribut au livre de… César par avancement d’hoirie, et n’entrèrent au Sénat que de longues années après.
Pendant que les Allemands nous prouvent que Molière n’est pas un bon poète comique, nous n’avons pas cessé d’entendre les Français chanter sa gloire : Gloire à Molière, le plus grand des poètes comiques !
Quant à la hauteur de son imagination, elle paraît suffisamment prouvée par les Fossiles, cette œuvre que Théophile Gautier appelait « la plus difficile, peut-être, qu’ait tentée un poète !
Taine, malgré son incontestable talent, a hasardé dans ses livres quantité d’assertions qu’il eût été fort embarrassé de prouver.
Une lampe d’une main, un poignard de l’autre, une femme toujours prête à être égorgée, & qui, par un quart de conversion, ne l’est pas, ont paru, à des yeux avides de spectacle, un jeu d’optique qu’on pouvoit supporter quelquefois ; mais les gens de goût savent combien cette pantomime est peu propre à intéresser, ou plutôt combien elle prouve la sécheresse d’un esprit qui a eu besoin de recourir à de si minces ressorts.
Ces distinctions accordées aux talens, prouvent que les talens ont une grandeur personnelle, que l'on peut croire égale à celle de la naissance & des dignités.
Le plus grand défaut qu’on puisse reprocher à l’Abbé Trublet, c’est d’appuyer trop long-temps sur une même pensée, de la retourner en trop de façons différentes ; défaut qui prouve au moins l’injustice des traits lancés contre sa stérilité & son peu d’imagination.
Il se maria, continua de faire des vers, & composa l’Odyssée, afin de prouver que lui seul étoit capable d’avoir enfanté l’Iliade ; preuve insuffisante, si nous en croyons quelques critiques.
Nous croyons le voir s’attendant à trouver à chaque ligne quelque grande découverte de l’esprit humain, quelque haute pensée, peut-être même quelque fait historique auparavant inconnu, qui prouve invinciblement la fausseté du christianisme.
— Tu nourris, dès la plus tendre enfance, une ambition effrénée, Villemot-Pacha… — et il est prouvé, — par la collection du Figaro qu’on a trouvée chez toi, — que tu songeais depuis longtemps à rétablir à Stamboul la dynastie des Cantacuzène.
Les propositions une fois énoncées, je serai contraint à les prouver, à les suivre jusqu’en leurs dernières conséquences, qu’il faudra toutes prouver encore ; et les exemples cités des bons auteurs me fourniront les témoignages des démonstrations que j’aurai faites, ou les analogies aux inductions que j’en aurai pu tirer. […] Faut-il d’abord vous prouver qu’il y en a plusieurs espèces ? […] Ceci prouverait que le plus beau talent ne copie jamais assez bien le génie pour éclipser l’originalité de l’invention. […] Je ne l’entreprends donc pas, me réservant dans la suite de prouver ce que j’avance, quand je considérerai les genres en détail. […] Nous le prouverons en l’analysant.
Je relis pour bien me prouver que je ne me trompe pas. […] Et ce qui s’est passé prouve bien la vérité de ce que j’avance. […] Cela est indéniable, et il serait aisé de prouver par des exemples que le mouvement grandit tous les jours. […] Jullien prouve, avec un luxe d’évidence, la continuelle évolution naturaliste au théâtre. […] Cela prouve que M.
— Eh bien, cela prouve-t-il qu’on nous lit pour nous consulter ? Cela prouve-t-il qu’on nous lit pour savoir ce qu’il faut penser des ouvrages ? […] Elles prouvent en faveur de ceux qui en sont les objets. […] Mais cela ne prouve pas qu’il ait tort. […] Prouvez-le, comme le philosophe grec prouvait le mouvement en marchant.