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1166. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — J — Jouy, Jules (1855-1897) »

Peut-être sa muse a-t-elle un peu trop sacrifié à la politique et l’accusera-t-on d’aller un tantinet vers les mécontents quand même, mais elle sait être variée et prendre ses impressions un peu partout.

1167. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Privas, Xavier (1863-1927) »

Jusqu’ici, depuis Béranger, les chansonniers s’étaient signalés par la grivoiserie, par un certain cynisme même, et par des attaques politiques, des recherches populacières, qui les faisaient singulièrement mépriser des honnêtes gens.

1168. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Note préliminaire » pp. 5-6

Il suffit que l’orage politique ait fait trêve, pour que la société revienne à ce qui l’intéressait dans ses bons moments.

1169. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Bug-Jargal » (1826-1832) — Préface de 1826 »

Cependant une ébauche de cet opuscule ayant été déjà imprimée et distribuée à un nombre restreint d’exemplaires, en 1820, à une époque où la politique du jour s’occupait fort peu d’Haïti, il est évident que si le sujet qu’il traite a pris depuis un nouveau degré d’intérêt, ce n’est pas la faute de l’auteur.

1170. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « II » pp. 9-11

— La politique a recommencé d’hier sur les fonds secrets, c’est un débat très-attendu et qui promet d’être décisif.

1171. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 222-224

Il a fait un Ouvrage sur la tolérance des Religions, où la politique & la Religion ne sont point du tout d’accord.

1172. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Personne, enfin, n’a mieux vu la vanité du décor politique, social et religieux de son temps, et n’a entendu plus de craquements dans le vieil édifice. […] On est tenté de continuer : « Corneille écrit avec une plume d’aigle, Racine avec une plume de tourterelle (vous savez que la tourterelle est violente), Chateaubriand avec une plume de paon, Joubert lui-même avec une plume d’ange. » En politique, il est pour le régime où il entre le plus d’artifice. […] La politique elle-même est une sorte de poésie. » Sa psychologie aussi est toute en images. […] Ce dont vous faites un mérite à un trafiquant ou à un homme politique, pourquoi votre pudeur s’en offenserait-elle quand vous le rencontrez chez un artiste ? […] D’où, chez le général, un malaise et une angoisse, le sentiment d’une disconvenance croissante entre sa personne et son emploi, entre ses facultés et le milieu où elles ont à s’exercer, entre son idéal de vie et l’état politique de la société où il est condamné à vieillir.

1173. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Le Second Empire, émasculant toute littérature politique, religieuse et sociale, — (qu’elle fût pour l’élite ou pour le peuple), — le second Empire précipita le roman-feuilleton, dans les criminalités passionnelles et les imaginations épileptiques où il agonise aujourd’hui. […] Dans le corps du journal sont présentés et discutés les faits du jour, de politique, de sociologie, de morale, etc., suivant telle ou telle conception générale en rapport avec l’état de l’âme contemporaine, et dans le feuilleton du rez-de-chaussée se perpétuent des traditions romanesques qui ne correspondent à rien. […] La discussion devient superflue, on ne discute pas avec la mauvaise foi ; l’injure suffit : bref, une politique étrangère de blouses blanches et de va-t-en-guerre, l’insulte contre de grandes nations rabaissées de parti pris, des rodomontades, des provocations, des défis, qu’on serait le plus souvent bien fâché de voir relevés. […] Dans la politique intérieure, même triomphe du roman-feuilleton : l’outrage et la calomnie ; d’un côté, le rédacteur, qui est la loyauté, la franchise, la nation même et l’âme de la patrie ; de l’autre, tous ceux qui ne pensent pas comme lui, les traîtres, des gens qui trament dans l’ombre les plus noirs complots, et auxquels, fussent-ils d’ailleurs les meilleurs serviteurs du pays, par tous les moyens, contre les lois, contre tout droit, il faut imposer silence. […] Le roman-feuilleton avec sa niaiserie, son simplisme, sa violence et sa platitude, est partout ; il est dans les faits divers, il est dans les articles sur la politique étrangère, sur la politique intérieure.

1174. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Le poëme devait avoir trois chants, à ce qu’il semble : le premier sur l’origine de la terre, la formation des animaux, de l’homme ; le second sur l’homme en particulier, le mécanisme de ses sens et de son intelligence, ses erreurs depuis l’état sauvage jusqu’à la naissance des sociétés, l’origine des religions ; le troisième sur la société politique, la constitution de la morale et l’invention des sciences. […] … Partout sur des autels j’entends mugir Apis, Bêler le dieu d’Ammon, aboyer Anubis. » Mais voici le génie d’expression qui se retrouve : « Des opinions puissantes, un vaste échafaudage politique ou religieux, ont souvent été produits par une idée sans fondement, une rêverie, un vain fantôme, Comme on feint qu’au printemps, d’amoureux aiguillons La cavale agitée erre dans les vallons, Et, n’ayant d’autre époux que l’air qu’elle respire, Devient épouse et mère au souffle du Zéphire. » J’abrège les indications sur cette portion de son sujet qu’il aurait aimé à étendre plus qu’il ne convient à nos directions d’idées et à nos désirs d’aujourd’hui ; on a peine pourtant, du moment qu’on le peut, à ne pas vouloir pénétrer familièrement dans sa secrète pensée : « La plupart des fables furent sans doute des emblèmes et des apologues des sages (expliquer cela comme Lucrèce au livre III). […] Et traîne Encore après ses pas la moitié de sa chaîne. » Le troisième chant devait embrasser la politique et la religion utile qui en dépend, la constitution des sociétés, la civilisation enfin, sous l’influence des illustres sages, des Orphée, des Numa, auxquels le poëte assimilait Moïse. […] Ai-je trop présumé pourtant, en un moment de grandes querelles politiques et de formidables assauts, à ce qu’on assure71, de croire intéresser le monde avec ces débris de mélodie, de pensée et d’étude, uniquement propres à faire mieux connaître un poëte, un homme, lequel, après tout, vaillant et généreux entre les généreux, a su, au jour voulu, à l’heure du danger, sortir de ses doctes vallées, combattre sur la brèche sociale, et mourir ?

1175. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Le monde politique et littéraire était alors divisé en partis, en écoles, en salons, en coteries. […] En politique, il adoptait les idées généreuses, propices à la cause des peuples, et embrassait avec foi les conséquences du dogme de la perfectibilité humaine. […] Parmi le petit nombre d’articles qu’il inséra vers cette époque au Globe, le morceau sur Benjamin Constant est bien propre à faire apprécier l’étendue de ses idées politiques et la mesure de son indépendance personnelle. […] La politique active et quotidienne ne l’occupait que médiocrement, et sans doute, la veille des Ordonnances, il en était encore à ses méditations métaphysiques et morales, ou à quelque lecture, comme celle des Harmonies, dans laquelle il se plongeait avec enivrement.

1176. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

« — Écoutez-moi bien », leur dis-je alors en prenant résolument la parole ; et bien m’en prit d’avoir profondément étudié trente ans l’économie politique pour leur classifier à eux-mêmes leurs tendances, et leur démontrer, dans une longue et cordiale improvisation, que ce qu’ils demandaient, c’était tout simplement la tyrannie la plus meurtrière des classes laborieuses, le monopole le plus insolent qui ait jamais abâtardi l’espèce humaine en masse, pour créer, par ce monopole, le privilège des classes renversées, de l’aristocratie de la main-d’œuvre contre la démocratie des producteurs et des consommateurs ; « — Écoutez-moi bien, leur dis-je, je vais vous faire ma profession de foi d’ignorance. […] Puis le coup d’État, trop appelé par la panique de la France, est venu, puis la confusion des langues, puis les exils, puis les amnisties, puis des pamphlets que nous déplorons, puis des poésies vengeresses, dont nous n’admirons que la verve, diatribes du génie qui stigmatisent des noms propres, que la colère peut écrire d’une main, mais que l’autre main doit raturer : car, en politique, on peut combattre, jamais insulter ! […] XVII Mais tout cela, bien que cela m’eût quelquefois contristé et attristé, n’avait pas effleuré nos cœurs, ni altéré notre amitié ; les intentions étaient sauves, le prodigieux talent grandissait au lieu de décroître, et des vers où l’amitié s’immortalise, vers généreux que je retrouve aujourd’hui avec orgueil dans mon cœur, s’élevaient entre Hugo et moi comme une muraille de diamant contre toute division possible de nos cœurs, quels que fussent les dissentiments sociaux ou politiques. […] Les conversations littéraires entre lettrés sont ridicules ; mais le débat politique et social entre pairs, c’est-à-dire entre philosophes, est grave et fécond.

1177. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Classique de tempérament, en religion aussi bien qu’en politique et en art, il avait horreur du romantisme. […] Lui qui attendit quarante ans avant d’avoir une opinion politique, en un mois, quinze jours, une demi-journée, il avait ses opinions sur les villes, sur leur histoire, il connaissait leurs mœurs. […] Imaginez l’égoïsme et l’orgueil de certains niais ; et voyez comment le nietzschisme, compris par un parti politique, devient ridicule. […] Les mots de charité et d’humanité ne retentissent plus que dans les discours politiques, parce qu’ils ne représentent plus rien pour personne.

1178. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

 ; Gerdès, dont l’imprimerie avait été occupée par la troupe, hanté par l’idée qu’on pouvait prendre certaines phrases d’un chapitre politique du livre pour des allusions à l’événement du jour, et au fond tout plein de méfiance pour ce titre bizarre, incompréhensible, cabalistique, et dans lequel il craignait qu’on ne vît un rappel dissimulé du 18 brumaire ; Gerdès, qui manquait d’héroïsme, avait, de son propre mouvement, jeté le paquet d’affiches au feu. C’était vraiment de la male-chance pour des auteurs de publier leur premier volume2 juste le jour d’un coup d’État, et nous en fîmes l’expérience en ces semaines cruelles, où toute l’attention du public est à la politique. […] Le monde politique attendait curieusement le feuilleton de Janin. […] II, 1845. — Exemples de folie pénitentiaire aux États-Unis, cités par le Dictionnaire de la politique, de Maurice Block.

1179. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

On peut conjecturer qu’il fut chef du parti du peuple, lorsque Athènes était gouvernée par l’aristocratie, et que ce conseil fameux qu’il donnait à ses concitoyens (connaissez-vous vous-mêmes), avait un sens politique plutôt que moral, et était destiné à leur rappeler l’égalité de leurs droits. […] Les sept sages furent admirés pour avoir commencé à donner des préceptes de morale et de politique en forme de maximes, comme le fameux Connaissez-vous vous-même ; mais, auparavant, Ésope avait donné de tels préceptes en forme de comparaisons et d’exemples, exemples dont les poètes avaient emprunté le langage à une époque plus reculée encore. […] Le petit peuple des cités héroïques se nourrissait de ces préceptes politiques dictés par la raison naturelle : Ésope est le caractère poétique des plébéiens considérés sous cet aspect. […] C’est donc avec raison que Bacon, aussi grand philosophe que profond politique, recommande l’induction dans son Organum.

1180. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XIV » pp. 58-60

— La chronique politique de la Revue des Deux Mondes est depuis plus d’un mois écrite par Carné, qui l’avait prise durant l’absence de Rossi, lequel était allé présider un concours de droit à Aix en Provence.

1181. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LV » pp. 213-214

Or, M. de Montalivet est considéré dans tous ses actes et toutes ses paroles politiques comme le roi en personne dont il est le favori (fidus Achates).

1182. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — Q — Quinet, Edgar (1803-1875) »

Elle a le double aspect, ce qu’on pourrait appeler le double versant, politique et littéraire, et par conséquent la double utilité dont notre siècle a besoin ; d’un côté le droit, de l’autre l’art ; d’un côté l’absolu, de l’autre l’idéal… Le style d’Edgar Quinet est robuste et grave, ce qui ne l’empêche pas d’être pénétrant.

1183. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 430-432

L’Académie des Inscriptions & Belles-Lettres a couronné deux de ses Ouvrages, dont l’un est l’Histoire philosophique & politique des Loix de Licurgue : l’autre roule sur cette question : Quel fut l’état des personnes en France sous les deux premieres Races, &c.  ?

1184. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 128-130

Religion, Morale, Politique, Histoire, Géographie, Chimie, tout a été de son ressort, & par-tout on y reconnoît l’Homme érudit, mais sans jugement, sans principes, & sans goût.

1185. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Si vous étiez dans le cas de me faire encore de ces visites de 5 heures du soir que j’aimais tant, vous pourriez, libre au sein de l’amitié, dire sur la politique, la guerre, etc., le mot et la chose : avec des gens qui ne sont point initiés et qui ne méritent pas de l’être, soyons plus réservés. […] Cependant il traduisait les Satires d’Horace (ayant déjà traduit précédemment les Odes et les Épîtres), et il correspondait avec son ami Nougarède de Montpellier, lui envoyant une à une chaque satire traduite, dans des lettres où il décrivait en même temps les opérations militaires et la situation politique du pays. […] Il était encore à l’armée dite du Danube, et à Zürich, lorsque s’accomplirent à Paris les événements du 18 Brumaire ; les correspondances de cette date entre lui et quelques-uns de ses amis littérateurs et auteurs de pièces de théâtre (Creuzé de Lesser, Barré, Goulard) le montrent plus préoccupé réellement des lettres que de la politique.

1186. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

On dira tout ce qu’on voudra de M. de Falloux comme homme de parti politique et religieux, mais il est de sa personne le plus gracieux des catholiques et le plus avenant des légitimistes : il semble né pour les fusions, pour les commissions mixtes, pour faire vivre ensemble à l’aise, dans le lien flexible de sa parole, un protestant et un jésuite, un universitaire et un ultramontain, un ligueur et un gallican. […] Aucuns des grands sujets n’y sont interdits, mais la liberté sur tous est entière, car si une fois la conclusion était commandée, s’il y avait d’avance une orthodoxie politique ou religieuse, un Credo ou un veto, un nec plus ultra, c’en serait fait de la libre et charmante variété de la parole, qui va comme elle peut et qui trouve dans le feu de la contradiction ses plus vives saillies, son ivresse involontaire. […] Bacon a remarqué que les temps les plus enclins à l’irréligion sont ceux de paix et de tranquillité ; les révolutions au contraire, les grands coups de tonnerre en politique ramènent les hommes au pied des autels.

1187. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Il lui parle de la religion d’une manière à fort étonner un jeune séminariste encore novice et très sincère : il ne la prenait, en effet, que par le côté social et politique, et pour l’utilité morale ; hors de là, il n’en acceptait rien et se croyait tout à fait libre et dégagé dans son for intérieur, « ne voyant le péché que dans l’injustice, le défaut de charité et le scandale. […] Ainsi, Merlin se voit initié de prime abord à l’autorité même, à la politique du cloître, et, pendant les dîners qu’il fait avec dom Effinger en tête-à-tête dans son appartement, il profite des conversations pleines de franchise du bon religieux, qu’il ne se lasse pas d’interroger. […] Joseph Le Bon, dans sa vie privée et dans sa carrière politique ; un vol. in-8°, Dentu, Palais-Royal.

1188. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Elle lui conféra son baptême et le lança dans la littérature et la critique politiques. […] Cuvillier-Fleury, ancien adversaire orléaniste, il s’est laissé aller au-delà du juste depuis le rapprochement qui s’est opéré entre eux, ce qui a fait dire à quelqu’un : « Cuvillier-Fleury et Pontmartin sont deux politiques sous forme littéraire, qui, même quand ils ont l’air de se faire des chicanes, se font des avances et des minauderies, et qui tendent sans cesse à la fusion sans y arriver jamais. » Tous deux hommes d’ancien régime, c’est à qui désormais rivalisera de courtoisie avec l’autre, pour montrer qu’il n’est pas en reste et qu’il sait vivre. […] C’est une remarque que d’autres que moi ont faite depuis longtemps : comment se peut-il que ces gens du monde qui se piquent des politesses, ces gentilshommes qui se flattent de sortir de bon lieu, dès qu’ils se mettent à écrire et qu’ils font de la critique ou de la politique, enveniment si aisément leur plume et en viennent, dès les premiers mots, à dire des choses auxquelles les écrivains bourgeois ne descendent qu’à la dernière extrémité ?

1189. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Son ambition politique étant déçue en partie ou tenue en suspens, M. de Harlay s’appliqua au gouvernement de son diocèse, comme s’il n’avait eu d’autre soin. […] Il fut charmé et lut la pièce quatre ou cinq fois ; mais, soit modestie, soit politique, après m’en avoir remercié, il me fit promettre de ne la faire voir à personne. » La pièce ne fut imprimée qu’après sa mort. […] Un homme qui connaissait bien les hommes, le cardinal de Forbin-Janson, avait tiré son horoscope : « M. de Noailles, avait-il dit, sera un jour chef de parti, mais ce sera sans le vouloir ni le savoir. » Encore une fois, au point de vue politique et ecclésiastique extérieur, et comme archevêque dirigeant tout un Ordre auguste et vénérable, M. de Harlay n’avait qu’un défaut, celui qui fit tort au sage roi Salomon ; et La Bruyère, ce grand et excellent juge, l’a dit avec bien de la modération et de la finesse ; car c’est très probablement à l’archevêque de Paris qu’il pensait lorsqu’il a tracé ce Caractère : « Il coûte moins à certains hommes de s’enrichir de mille vertus que de se corriger d’un seul défaut ; ils sont même si malheureux que ce vice est souvent celui qui convenait le moins à leur état et qui pouvait leur donner dans le monde plus de ridicule : il affaiblit l’éclat de leurs grandes qualités, empêche qu’ils ne soient des hommes parfaits et que leur réputation ne soit entière.

1190. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

Il a fort puisé, pour ce travail, dans un volume précédemment publié à Genève (1857), et dans lequel on a recueilli, avec des fragments du Journal intime de Sismondi, une série de lettres confidentielles et cordiales adressées par lui à deux dames de ses amies, l’une italienne, l’autre française, et au célèbre réformateur américain Channing : on y voit le cours de ses sentiments en politique, en religion, en toute chose, le fond même de son âme. […] C’est toujours un profit que d’aimer, et, s’il faut aimer une nation, je ne vois pas laquelle on préférerait aux Français. » Se retrouvant à Paris en 1815, il prend fait et cause pour l’essai constitutionnel des Cent-Jours, se fait, en pur volontaire, le second de Benjamin Constant, devient un champion officieux du gouvernement dans le Moniteur, et, sur ce point brûlant du libéralisme impérial, se sépare avec éclat de ses autres amis politiques. […] À quelque chose malheur est bon : les événements politiques et l’insurrection révolutionnaire le délivrèrent de sa chaîne et le rejetèrent à temps hors de cette fausse carrière.

1191. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Lorsqu’elle s’occupa de politique (et elle y fut bientôt forcée par les sollicitations et les exigences de sa coterie même), elle ne le fit qu’à son corps défendant sans doute, mais elle dut s’y prêter ; elle s’en occupa d’abord par le petit côté, et seulement pour faire prévaloir ses recommandations personnelles, ses propres préférences ou plutôt celles de ses intimes. […] N’ayant été nourri dans aucune religion monarchique, n’ayant pas, il est vrai, de religion politique contraire, je me borne à considérer la vie et le caractère de cette noble victime avec une attention respectueuse. […] Que sera-ce plus tard quand les haines politiques s’en mêleront et que l’on criera sans cesse à l’Autrichienne ?

1192. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

« Il faut, disaient encore les auteurs de cette lettre éloquemment résignée et presque aussi apostolique que politique, il faut subir les lois de la Providence divine qui, par les révolutions, met la foi de ses enfants à l’épreuve pour leur détacher les cœurs de ce monde, afin de chercher avec d’autant plus d’ardeur la patrie et cité permanente du Ciel. […] Ils allaient avoir contre eux Catinat encore, général en chef alors de l’armée d’Italie, mais Catinat seul : le vent avait tourné, la politique de Victor Amédée avait changé sur ces entrefaites ; ce prince avait besoin désormais de ces mêmes sujets qu’il avait exterminés et qui venaient de se rapatrier malgré lui. […] C’était une guerre toute politique en effet ; il y avait dans le duc de Savoie un ancien et un futur allié, celui qui devait donner en définitive la duchesse de Bourgogne à la France ; il semble qu’il ne convenait pas de le pousser trop à bout, de l’écraser ni de l’exterminer, quand même on l’aurait pu, mais qu’il suffisait de lui infliger, selon son propre mot, quelques corrections : et les deux victoires de Catinat en furent de sévères et d’éclatantes.

1193. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

C’est ainsi, disait-il, que, dans nos assemblées politiques, à la Chambre des députés, par exemple, la forme théâtrale de la salle, cette tribune au centre, sur laquelle il faut monter de huit à dix marches, après avoir parcouru l’enceinte, ne permettent plus de faire une réflexion simple, pratique et judicieuse, mais forcent à prononcer un discours, à se guinder à la hauteur de l’appareil, à être déclamatoire et pompeux, au grand préjudice du bon sens et du temps. […] En politique, il a bien plus fondé de doctrines que ceux qu’on a nommés doctrinaires ; en philosophie, son ouvrage sur les religions contient plus de vérités neuves et mères qu’aucune des trois écoles opposées de Lamennais, de Cousin et de Tracy. […] A le juger tel qu’il se montre dans ces Souvenirs, je le vois en politique, en littérature, en art, en tout, n’ayant rien de bien tranché ni de saillant, il est pour la Charte en 1814, et cela ne l’empêche pas d’avoir des restes d’impérialisme, d’aller rendre visite dans ses voyages aux principaux membres dispersés de la famille de Napoléon.

1194. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Tandis que dans les ordres d’idées différents, en politique, en religion, en philosophie, chaque homme, chaque œuvre tient son rang, et que tout fait bruit et nombre, le médiocre à côté du passable, et le passable à côté de l’excellent, dans l’art il n’y a que l’excellent qui compte ; et notez que l’excellent ici peut toujours être une exception, un jeu de la nature, un caprice du ciel, un don de Dieu. […] Les circonstances extérieures étant données, l’état politique et social étant connu, on conçoit quelle dut être sur une nature comme celle de Boileau l’influence de cette première éducation, de ces habitudes domestiques et de tout cet intérieur. […] La littérature et la poétique de Boileau sont merveilleusement d’accord avec la religion, la philosophie, l’économie politique, la stratégie et tous les arts du temps : c’est le même mélange de sens droit et d’insuffisance, de vues provisoirement justes, mais peu décisives.

1195. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

Incapacité politique  Comment les nouvelles politiques et les actes du gouvernement sont interprétés. Jugez par là de leur intelligence politique.

1196. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Duruy ne dissimula point sa grande liberté quant aux choses de la politique. […] Dans son Résumé général de l’Histoire des Romains, morceau d’une gravité, d’une majesté toute romaines, et d’une plénitude et d’une fermeté de pensée et de forme qui égalent Victor Duruy aux plus grands, après avoir confessé que la philosophie de l’histoire, cette prophétie du passé, ne permet pas les prévisions certaines, il ajoute : « Non, l’histoire ne peut annoncer quel sera le jour de demain ; mais elle est le dépôt de l’expérience universelle ; elle invite la politique à y prendre des leçons, et elle montre le lien qui rattache le présent au passé, le châtiment à la faute. […] Écoutez ces fermes paroles : « … Les plus grands en politique sont ceux qui répondent le mieux à la pensée inconsciente ou réfléchie de leurs concitoyens.

1197. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Mais ce n’est pas assez de considérer les relations politiques où l’État est engagé. […] Il importe de fixer les dates où chacun de ces envahissements commence, arrive à son maximum, décline, reprend ou s’arrête ; et alors on peut constater un parallélisme régulier entre l’histoire linguistique et l’histoire politique ; Malherbe, contemporain et protégé de Henri IV, représente comme lui une réaction nationale. […] Elles peuvent être, suivant les cas, religieuses, politiques, morales, scientifiques, etc.

1198. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Un cardinal romain n’y aurait pas mis plus de politique, plus d’habileté fine et douce, qu’elle n’en dépensa durant trente ans. […] Plus d’un grand politique se serait bien trouvé, même de nos jours, d’avoir présente cette maxime, qu’elle avait coutume de répéter : « Les gens d’esprit font beaucoup de fautes en conduite, parce qu’ils ne croient jamais le monde aussi bête qu’il est. » Les neuf lettres d’elle qu’on a publiées, et qui sont adressées au duc de Richelieu pendant la campagne de 1743, nous la montrent en plein manège d’ambition, travaillant à se saisir du pouvoir pour elle et pour son frère le cardinal, dans ce court moment où le roi, émancipé par la mort du cardinal de Fleury, n’a pas encore de maîtresse en titre. […] Mme de Tencin remuait ciel et terre pour faire de son frère un Premier ministre : Mme Geoffrin laissa de côté la politique, ne s’immisça jamais dans les choses de religion, et, par son art infini, par son esprit de suite et de conduite, elle devint elle-même une sorte d’habile administrateur et presque un grand ministre de la société, un de ces ministres d’autant plus influents qu’ils sont moins en titre et plus permanents.

1199. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Ce que je veux conclure de tout ceci, c’est que, pour être véritablement vivante, une ode politique ou religieuse ne doit être que la voix harmonieuse et vaste de tout un peuple assemblé, qui y reconnaît et y salue son âme, et s’y exalte en l’écoutant : tel était le chœur antique. […] Sa conversation était toute littéraire et sur les matières de poésie : l’histoire, la politique l’occupaient peu, ou, s’il touchait à la politique, c’était uniquement pour en tirer quelque occasion d’ode ou d’épigramme.

1200. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Ce vieux chevalier de Saint-Louis avait, en effet, des idées philosophiques et politiques ; il était de son siècle par les idées, sinon par les mœurs. […] Necker, et il retint de son père ce fonds de principes politiques qui, recouvert par tant d’événements et de pensées de tout genre, subsista toujours en lui. […] Veut-on savoir, par exemple, comment il apprécie tout d’abord le politique en Bonaparte, lorsque, lié au siège de Toulon et depuis avec les révolutionnaires ardents, Robespierre jeune et autres, plus terribles pourtant de nom que de fait, le futur César les domine déjà et songe à se servir d’eux pour les chances possibles : Éloigné par caractère de tous les excès, dit Marmont de Bonaparte, il avait pris les couleurs de la Révolution, sans aucun goût, mais uniquement par calcul et par ambition.

1201. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

À vrai dire, la politique s’en est un peu mêlée. […] Au surplus, quel que soit l’intérêt de la carrière politique de Chateaubriand, à laquelle M.  […] Tandis qu’en politique M.  […] Faut-il absolument être un illettré pour se mêler de politique et pour administrer son patrimoine ? […] L’intérêt des Lettres fournit un argument en faveur de la politique d’expansion.

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