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1152. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

En même temps que Chimène est allée se jeter aux pieds du Roi pour demander justice, Don Diègue de son côté s’y précipite pour solliciter la grâce de son fils. […] Chimène Je me jette à vos pieds ! […] Croyez-vous que, si vous invitiez Antigone à dîner, elle fût capable d’aller sur ses pieds du salon à la salle à manger, quand même M.  […] Son premier soin a été de se faire habiller de pied en cap au goût du jour. […] Le pied de cette montagne est percé à jour par une grotte profonde qui laisse voir la mer en éloignement.

1153. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

« Le corps, dit un témoin oculaire, pris rue de Richelieu, devant l’hôtel de Crussol, a été porté au cimetière Saint-Joseph et enterré au pied de la croix. […] Nul ne fut d’humeur plus tyrannique, parce que nul ne fut plus aristocrate, aristocrate dès le berceau, aristocrate jusqu’à la mort, aristocrate depuis les pieds jusqu’à la tête. […] Le prélat est en pied, revêtu des ornements sacerdotaux. […] L’attitude est d’un corps tout entier rejeté en arrière, prêt à la lutte aussi, mais à cette lutte qu’on attend de pied ferme, non pas à cette lutte qu’on provoque et qu’on défie. […] L’un et l’autre s’efforcent de prendre pied dans la politique.

1154. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Une source d’eau pure devait filtrer en cet endroit sous mes pieds. […] Voici l’ombre et le temps et j’ai touché du pied La terre du silence et de la solitude. […] Ici le vers de quatorze pieds à sa césure au septième, et le premier hémistiche ne trouve sa réalisation, au point de vue du sens comme de l’harmonie, que dans le second hémistiche. […] Il y a compénétration intime entre l’hymne immanent de la nature et cette espèce d’adoration qui agenouille le poète aux pieds de son amour. […] Le vers chez lui fait des pieds de nez au lecteur et, tout en se moquant de la rime, Verlaine finit par rejoindre Banville.

1155. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

« Plantons solidement nos pieds en plein sol, pour que notre âme se couvre d’étoiles. » Voilà par quelle pensée profonde s’achève ce beau livre. […] Quelqu’un qui a des brodequins trop serrés où ses pieds ne peuvent entrer que par des héroïsmes de torture, marche mal. Il se tient droit pendant quatre pas, au cinquième le pied lui glisse et il boîte. […] « Quant à lui personnellement, il doit se contempler et s’admirer à pied et à cheval ; tous ses désirs, ses pensées, tous les événements de sa vie doivent lui être merveilles et prodiges à raconter. […] « Balzac a mis le pied dans le bourbier, dans l’égout du réalisme ; Balzac a été réaliste en se plaisant dans le hideux, l’ignoble, l’horrible, l’infect, le corrompu, le fangeux, etc. » Cette litanie dure trois lignes.

1156. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

« Ainsi plongé dans cette vulgarité de vie, je tâche de préserver mon esprit de la moisissure d’une complète oisiveté, et je décharge la malignité du sort qui me poursuit, jouissant d’une satisfaction âpre et secrète de me sentir foulé ainsi aux pieds par la fortune, pour voir si à la fin elle n’en aura pas honte et n’en rougira pas ! […] C’est ce qui la prosterne aux pieds du succès. […] La France et l’Espagne seules viennent immiscer leur épée et leurs prétentions entre ces deux maîtres de l’Italie, les papes et les empereurs d’Allemagne ; mais l’Italie elle-même n’existe que par tronçons sous leurs pieds, comme les serpents coupés par le soc de ces laboureurs d’hommes.

1157. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Je l’ai ici dans un fidèle et charmant portrait de Mlle Stéphanie de Virieu, la sœur de notre ami commun, Aymon de Virieu, chez qui nous passions l’été en Dauphiné, au pied des monts de la Grande Chartreuse ; cette jeune personne, le Van Dyck à la sépia des femmes, fit son portrait pour moi, et le même pour lui aussi. […] À notre gauche un pan de mur à moitié démoli d’une ancienne chapelle du monastère, ou de la cellule d’un ermite, enfoui sous des branches d’arbres verts, s’élevait de quelques pieds seulement au-dessus du sol, et réverbérait sur nous les derniers reflets du soleil du soir. […] On voit les vieux murs blanchir au soleil, les corneilles voler sur le toit, et le vent, du midi au nord, secouer, au milieu de tourbillons de poussière, du pied de la tour les lambeaux de vieille mousse qui tombe, comme les plis d’un manteau, de la cime du donjon.

1158. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Combien peu qui, en venant au monde, ont, selon le mot de Montaigne, où planter leur pied, et auxquels suffit une certaine mesure de sagesse mondaine, pour ne pas gâter la bonne condition qu’ils n’ont pas eu à se faire ! […] Mais ce n’est ni par l’enthousiasme du Psalmiste, ni par l’imagination échauffée des ascètes, que cette prière s’élève si haut ; c’est par des raisons qui se déduisent les unes des autres, et se succèdent comme les degrés d’une échelle mystique : on sent qu’aucun échelon ne manquera sous les pieds de Pascal. […] Eût-il été plus beau que Pascal lâchât pied, ou que, s’éblouissant de sa propre raison, il la mît au-dessus du mystère qu’il essayait d’expliquer par elle ?

1159. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Ces compositions ne doivent être en aucune façon mises sur le même pied que les évangiles canoniques. […] Ainsi, le pardon de la femme pécheresse, la connaissance qu’a Luc de la famille de Béthanie, son type du caractère de Marthe répondant au [Greek : diêchonei] de Jean (XII, 2), le trait de la femme qui essuya les pieds de Jésus avec ses cheveux, une notion obscure des voyages de Jésus à Jérusalem, l’idée qu’il a comparu à la Passion devant trois autorités, l’opinion où est l’auteur que quelques disciples assistaient au crucifiement, la connaissance qu’il a du rôle d’Anne à côté de Caïphe, l’apparition de l’ange dans l’agonie (comp. […] La femme qui oint les pieds, Zachée, le bon larron, la parabole du pharisien et du publicain, l’enfant prodigue.

1160. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Un homme est couché de son long dans une caisse en bois disposée comme une balance et en équilibre sur un couteau d’acier ; des appareils marquent le tracé du pouls pour les pieds et les mains, ainsi que les changements de volume subis par ces organes. […] Si la flamme sensitive a deux pieds de longueur, le moindre son la fait s’affaisser de moitié : un bruit de clés, un froissement de papier, la chute d’une petite pièce de monnaie, suffiront pour altérer sa hauteur et sa symétrie. […] Nous connaissons tous l’histoire de ce mari qui tua sa femme en la liant étroitement et en lui chatouillant la plante des pieds. » En ce sens, toute expression de sentiments est protectrice et défensive, parce qu’elle est un moyen de diversion et de révulsion au dehors que la nature emploie pour diminuer la perturbation centrale.

1161. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

De quel fou rire ne serions-nous pas pris, mon Dieu, si maintenant, à l’heure qu’il est, à Sébastopol ou ailleurs, nous voyions arriver un chevalier armé de pied en cap, portant écu, haubert et gorgerin, et qui viendrait tranquillement lancer des javelots contre des batteries de canons à la Lancastre ? […] Les voilà tous, depuis Achille aux pieds légers, jusqu’au fastueux Sardanapale, depuis Junon aux bras blancs, jusqu’à Derceto pisciforme. […] Au lieu de confesser son dieu, il marcha dessus ; au lieu de lever son drapeau, il le foula aux pieds.

1162. (1911) Nos directions

On l’a vu djinn, ganté de la tête aux pieds de ténèbres, la poitrine moulée de paillettes feu, bleu et vert : il traversait la nuit d’un bond comme un mauvais songe et croulait en boule, comme un déchu. […] Deux choses seulement importent : 1° que le nombre de pieds y soit ; 2° que la rime sonne — et fût-ce au prix d’inversions indéfendables, de barbarismes, de triple galimatias. […] Grâce à ces mètres courts — le vers de dix pieds, celui de huit pieds et de moindres, — ils obtinrent parfois une gaîté lyrique qui semble exquise et légère d’abord, mais qui devient bien vite monotone, à mesure que s’accumulent les strophes, d’un sautillement régulier. […] Ce n’est là qu’une improvisation ironique, comme un pied de nez au passé. […] Même, n’y découvrent-ils pas un vers libre de douze pieds ?

1163. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Ils frappent la terre du pied, disant qu’ils vont en faire jaillir des légions de poètes, et les poètes ne jaillissent pas. […] Comment peut-on être fondé, pour ne citer qu’un exemple, à mettre sur le même pied madame Sand, qui a élevé à des hauteurs idéales des passions coupables, et Balzac, dont la noire imagination a calomnié jusqu’à nos vices ? […] Et il en est d’autres qui, dans leur violence même, ne sont que la juste réclamation de sentiments légitimes, trop souvent foulés aux pieds. […] Retranché sur les sommets de la haute critique, d’où il contemple à ses pieds les idées qui s’entrechoquent, M.  […] Or, pour un bourgeois à qui les grandes ambitions étaient interdites, il n’y en avait pas alors qui mît sur un meilleur pied que le théâtre et les vers.

1164. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Piron, trop à la gêne dans sa ville natale, vint à Paris vers 1719 : c’était un grand enfant, beau drille de cinq pieds huit pouces, belle mine sans élégance aucune, robuste en tout ; avec cela, myope ; ce qui lui donnait l’air singulier. […] Je lui ai scié ses échasses rasibus du pied. […] Je doute que ce récit triomphant, même à le prendre au pied de la lettre, grandisse l’un et diminue l’autre. […] L’une a le rire de Vénus,   L’autre est froide et pincée : Honneur à la belle aux pieds nus,   Nargue de la chaussée.

1165. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Gandar, lui, n’aspirait qu’à demeurer et à cheminer de pied ferme dans la voie régulière et droite toute tracée. […] La mer était de tous côtés bordée de rivages qu’éclairaient les derniers rayons du jour : à droite Missolonghi blanchissait dans ses lagunes au pied des rochers sauvages et presque déserts de l’Acarnanie ; devant nous Céphalonie élevait au ciel des masses noires et semblait une forteresse bâtie au milieu des flots pour garder le passage ; sur ces masses que le crépuscule assombrissait, se dessinait la petite île d’Ithaque avec sa double montagne ; plus loin, dans la mer, je distinguais les collines et les plaines de Zante, la fleur du Levant, et à gauche les montagnes de l’Achaïe s’abaissaient en se rapprochant des grasses campagnes de l’Élide. […] Comme je cueillais une fleur sur la roche stérile et nue, un enfant me tendit une poignée d’herbe sèche, ne comprenant guère qu’on puisse compter les jours de sa vie aux pages de son album et mettre quelque chose de son cœur dans les feuilles flétries qu’il a si souvent foulées aux pieds. […] Des merveilles d’Olympie il reste bien peu de traces ; les alluvions du Gladée et de l’Alphée ont couvert sous vingt pieds de terre l’hippodrome, le bois sacré de l’Altis, les sculptures d’Alcamène dont Pausanias a parlé ; c’est à peine si les architectes de la Commission de Morée ont découvert par leurs fouilles la base de quelques colonnes, seul reste de ce majestueux temple de Jupiter, plus grand et plus vénéré que le Parthénon : et cependant aucun lieu ne répond plus fidèlement à l’idée qui s’attache à son nom ; aucun paysage n’est plus harmonieux dans ses lignes, plus doux aux regards ; ces plaines fécondes, ces eaux paisibles, ces collines verdoyantes écartent l’idée de la souffrance, de la haine, du sang versé ; la joie et la paix y respirent ; c’est là que des peuples de frères doivent se réunir pour oublier leurs querelles et jurer de s’aimer toujours. » Il ne se peut de plus beau commentaire littéraire ; Gandar s’y complaisait et aurait eu peu à faire pour y exceller.

1166. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Le terrain était miné sous les pieds, et, quoique l’atmosphère générale des esprits fût alors fort calmée et presque libre d’orages, une Cour aveugle ne le croyait pas, et on ne croyait guère en elle. […] Une chanson de lui, pleine de sentiment, intitulée le Retour ou le mois de juin 1820, nous le montrerait abandonnant, abjurant à cette heure une querelle qu’il jugeait désespérée, et se retournant vers des dieux plus indulgents : Je le sens trop, les jours de mon jeune âge A de faux dieux étaient sacrifiés ; Deux ans d’erreur m’ont enfin rendu sage, Et la raison me ramène à tes pieds. […] Thiers, docile à cette sympathie secrète que nous avons dite, fit part de son projet à M. de Rémusat, en lui offrant d’être sur le même pied que lui-même. […] On ne saurait entrer d’un pied plus léger dans la rapidité romantique.

1167. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Évidemment il prend ici son parti, et il jette la révolution modérée, qui commençait ses sages résipiscences, aux pieds d’une réaction antilibérale et militaire, personnifiée dans un soldat. […] « M. de Talleyrand, issu de la plus haute extraction, destiné aux armes par sa naissance, condamné à la prêtrise par un accident qui l’avait privé de l’usage d’un pied, n’ayant aucun goût pour cette profession imposée, devenu successivement prélat, homme de cour, révolutionnaire, émigré, puis enfin ministre des affaires étrangères du Directoire, M. de Talleyrand avait conservé quelque chose de tous ces états ; on trouvait en lui de l’évêque, du grand seigneur, du révolutionnaire. […] Elle pleura longtemps à ses pieds ; ses deux enfants, Hortense et Eugène de Beauharnais, très chers tous les deux au général Bonaparte, pleurèrent aussi : il fut vaincu et ramené par une tendresse conjugale qui, pendant bien des années, fut victorieuse chez lui de la politique. […] N’imaginant pas qu’il pût mettre un pied audacieux sur les marches du trône sans tomber aussitôt sous le poignard des républicains ou des royalistes, elle voyait confondus dans une ruine commune ses enfants, son mari, elle-même ; mais, en supposant qu’il parvînt sain et sauf sur ce trône usurpé, une autre crainte assiègeait son cœur : elle n’irait pas s’y asseoir avec lui.

1168. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Si les pierres du chemin n’ont point heurté le pied ni communiqué à la route parcourue de particularité d’aucune sorte, en un mot, si elles n’ont modifié en rien les pensées et l’humeur du passant, pourquoi les mentionner ? […]  » Sur la fine poudre grise qui sablait le sol, se dessinait très nettement, avec l’empreinte de l’orteil, des quatre doigts et du calcanéum la forme d’un pied humain, le pied du dernier prêtre ou du dernier ami qui s’était retiré quinze cents ans avant Jésus-Christ, après avoir rendu au mort les honneurs suprêmes. La poussière, aussi éternelle en Egypte que le granit, avait moulé ce pas et le gardait depuis plus de trente siècles, comme les boues diluviennes durcies gardent la trace des pieds d’animaux qui la pétrirent.

1169. (1774) Correspondance générale

S’il arrive, après que vous vous serez bien gratté le front et rongé les ongles pour réussir en commun, que le pied vous glisse, la chute sera pour lui seul. […] Monsieur, prenez mon ami Falconet par la main ; conduisez-le au pied du trône, et qu’il tâche de parler pour moi. […] vous me promettez le bonheur de mon ami, de Falconet ; monsieur, après m’être jeté aux pieds de Sa Majesté Impériale, permettez que je me jette à votre cou. […] la Providence, qui aime ses bons serviteurs, avait l’attention de les couvrir toutes les nuits d’un matelas de duvet, de l’épaisseur d’un bon pied et demi. […] Si j’ai fait un enfant à ma maîtresse, je ne suis pas impuissant et ma femme en aura un pied de nez.

1170. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Un cas de pédanterie. (Se rapporte à l’article Vaugelas, page 394). »

Encore une fois, on ne fait point un portrait le pied sur une tombe qui s’ouvre : j’ai tâché du moins de tracer une esquisse fidèle.

1171. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « La poésie »

Au pied de la tour féodale qui l’écrasait de son ombre, le village s’éveilla.

1172. (1874) Premiers lundis. Tome II « Doctrine de Saint-Simon »

On y verra clairement jusqu’où peut aller, en aperçus ingénieux de l’avenir, la philosophie sans la foi, la sagesse sans la religion ; on se demandera quel bonheur il revient au genre humain d’une idée isolée, trouvée une fois lancée dans le monde pour le plus grand plaisir de quelques penseurs, et à laquelle toute une vie d’amour et de dévouement n’a pas été consacrée ; on admirera Lessing ; on saluera en passant, avec bienveillance et respect, la statue de marbre du sage, mais on se jettera en larmes dans les bras de Saint-Simon ; on se hâtera vers l’enceinte infinie où l’humanité nous convie par sa bouche, et où l’on conviera en lui l’humanité ; on courra aux pieds de l’autel aimant et vivant, dont il a posé, et dont il est lui-même la première pierre4.

1173. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Poésie — I. Hymnes sacrées par Édouard Turquety. »

Amoureux de notre littérature et voulant y prendre pied au nom de la sienne, il a pensé qu’à sa poésie un peu de moucheture et de bigarrure ne messiérait pas, et que quelques grains d’Émile Deschamps ou d’Alfred de Musset, à la surface, ne seraient qu’un piquant de plus comme pour de certaines beautés.

1174. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Grosclaude. »

Ou bien il prend une métaphore au pied de la lettre : et alors, avec une patience et une subtilité de sauvage ou de polytechnicien, il en fait sortir tout le contenu, il la dévide comme un cocon, et ce sont des trouvailles d’une drôlerie presque inquiétante… Soit cette figure de rhétorique : « la maladie des billets de banque ».

1175. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mistral, Frédéric (1830-1914) »

Ces stances sonnent mélodieusement à l’oreille, comme des grelots d’argent aux pieds des danseuses de l’Orient.

1176. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre II. Recherche des vérités générales » pp. 113-119

Parce qu’il avait dans sa jeunesse contemplé de près la splendeur des montagnes et des lacs, vécu dans leur, intimité, respiré dans l’air pur l’âme des paysages alpestres ; parce qu’il avait parcouru à pied la Suisse et la Savoie, deux pays où des contrastes grandioses et charmants parlaient plus qu’ailleurs aux yeux et aux cœurs, où les fêtes, les usages, la vie de tous les jours avaient encore la saveur d’une agreste simplicité ; parce qu’enfin cet être si sensible, écrivant en un moment où la sensibilité se réveillait en France, rencontrait des lecteurs préparés aux émotions qu’il allait leur communiquer.

1177. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

Voiture, dont nous parlerons beaucoup dans la suite, s’en prévalait sans contrainte et peut-être sans mesure ; il poussa très loin la familiarité avec eux, quand il eut pris pied à l’hôtel de Rambouillet.

1178. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 23-38

Content de ses douceurs, errant parmi les bois, Il regarde à ses pieds les favoris des Rois ; Il lit au front de ceux qu’un vain luxe environne, Que la Fortune vend ce qu’on croit qu’elle donne.

1179. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre sixième. »

Furent vains… La coupe de ce vers et ce monosyllabe au troisième pied, expriment à merveille l’inutilité de l’effort que fait le lièvre.

1180. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre III. Paradis perdu. »

Ève a entendu les gémissements de son époux : elle s’avance vers lui ; Adam la repousse ; Ève se jette à ses pieds, les baigne de larmes.

1181. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes petites idées sur la couleur » pp. 19-25

Peu à peu il se fait un technique qui l’enchaîne et dont il ne peut ni s’affranchir ni s’écarter ; c’est une chaîne qu’il s’est mise à l’œil, comme l’esclave à son pied.

1182. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 15, observations concernant la maniere dont les pieces dramatiques étoient représentées sur le théatre des anciens. De la passion que les grecs et les romains avoient pour le théatre, et de l’étude que les acteurs faisoient de leur art et des récompenses qui leur étoient données » pp. 248-264

Les opera qu’un cardinal illustre se plaisoit à faire executer de cette maniere-là, quand il étoit encore jeune, plaisoient même beaucoup, parce que les marionnettes qui avoient près de quatre pieds de hauteur approchoient du naturel.

1183. (1762) Réflexions sur l’ode

Un poète est un homme qu’on oblige de marcher avec grâce les fers aux pieds ; il faut bien lui permettre de chanceler quelquefois légèrement.

1184. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XI. Mme Marie-Alexandre Dumas. Les Dauphines littéraires »

Or Mme Marie-Alexandre Dumas, qui n’a point de nom en religion, et qui n’oublie pas en public de prendre celui de son père, est Dumas et n’est que Dumas de pied en cap, depuis la pointe de ses beaux cheveux qu’elle n’a probablement pas coupés, jusqu’à la pointe de ses bottines, si elle en porte encore, au lieu de sandales !

1185. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Philippe II »

de pied en cap. 

1186. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Napoléon »

Mettre le trait d’union qui conserve entre l’ancienne France monarchique, brisée par la Révolution, et la France moderne, qui mourait si elle ne redevenait pas une monarchie ; ôter cette proie à la Révolution, retrouvée sans cesse aux pieds de son œuvre pendant qu’il relevait et qui lui gêna tant de fois la main, quoiqu’il l’eût puissante, telle fut l’entreprise de Napoléon.

1187. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre »

Posée entre deux dates sublimes, elle s’ouvre aux pleurs prophétiques du vieux Charlemagne devant les premières barques d’osier poussées contre le pied de son palais par le vent des fiords de la Norvège, et elle se ferme à l’épée tirée du Bâtard, qui va devenir le sceptre du conquérant de l’Angleterre !

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