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1155. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

En effet, dans son article étudiant « La répétition universelle » (La Revue philosophique, 1882), le philosophe pense simultanément et analogiquement la répétition dans la nature et la répétition dans la société ; il décrit alors l’imitation sociale, métaphoriquement, en termes d’« onde » et de « vibration ». […] Juriste de formation, philosophe lecteur de Leibniz, criminologue opposé à Lombroso, psycho-sociologue rival de Durkheim, collaborateur depuis 1880 de la Revue philosophique de Ribot, co-directeur avec Lacassagne des Archives de l’anthropologie criminelle à partir de 1893, Tarde occupera en 1900 la chaire de « Philosophie moderne » du Collège de France.

1156. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Érasme, Bayle, Scaliger, Saint-Évremond, Voltaire, bon nombre de Pères de l’Église, des familles entières de philosophes, l’École d’Alexandrie en masse, Cicéron, Horace, Lucien, Plutarque, Josèphe, Dion Chrysostome, Denys d’Halicarnasse, Philostrate, Métrodore de Lampsaque, Platon, Pythagore, ont rudement critiqué Homère. […] L’Amleth de Belleforest est un magicien, le Hamlet de Shakespeare est un philosophe.

1157. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Sans le triple rideau de l’écriture, de l’imprimerie, de l’anonyme, Voltaire, sans doute, eût été chaste et sérieux comme les poètes antiques, comme les premiers philosophes, comme Homère, et comme Pythagore. […] Les philosophes discouraient en présence de leurs disciples, et Socrate n’écrivit point.

1158. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Nettement fait de leurs œuvres est certainement moins éloquente et moins brillante que la critique de Mme de Staël dans son livre de l’Allemagne, mais si l’expression et toutes les ressources de l’aperçu n’y sont pas au même degré, il y a une vigueur de moralité qui est, après tout, la vraie virilité de la pensée et qui prouve que la femme du plus éblouissant génie, quand elle est protestante et philosophe, reste néanmoins, sur les points les plus importants de la pensée et de la vie, fort inférieure à un catholique, de talent médiocre mais convaincu. […] Charles Rémusat, le philosophe, compte vingt pages d’éloges à outrance, nous ne disons pas à tout prix ?

1159. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Un philosophe ou un médecin aurait à faire une bien belle étude psychologique et physiologique sur Grandville. […] Il a touché naturellement à plusieurs grandes questions, et il a fini par tomber dans le vide, n’étant tout à fait ni philosophe ni artiste.

1160. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Panizza cite cette opinion de Paulsen qui écrivit dans son Ethique : « On a souvent remarqué que, parmi les grands philosophes qui ont ouvert de nouvelles voies à la pensée, la plupart étaient célibataires ; certainement cela n’est pas par hasard. […] Entre la contemplation sereine du savant, du philosophe ou de l’artiste de génie, et la vision extatique de l’ascète, il y a toute la distance qui sépare le sens visuel de l’homme sain du regard halluciné d’un malade que dévore la fièvre.

1161. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Lus de ce point de vue, ces philosophes sans philosophie (car il n’aime point pour de bon la sagesse, celui qui s’arrête en chemin), ces hésitants, effrayés et abouliques, excitent un rire d’une qualité supérieure. […] Cette tendance, fut la principale cause de l’avilissement de la philosophie, par la préoccupation où tombèrent beaucoup de prétendus philosophes de se soumettre d’abord au laboratoire. […] J’ai connu, il y a une trentaine d’années, une vieille femme de quatre-vingts ans, qui s’écriait en mourant : « Je suis en proie aux philosophes !  […] Avec ces trois petits mots, le philosophe de la Cossandrie eût anéanti tous les discours de Jaurès et de ses émules. […] Avec cela, il est naturellement philosophe.

1162. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

… » Telles sont quelques-unes des raisons pour lesquelles, jeune philosophe déjà célèbre, il mit de côté les plans, esquissés en partie, de ses traités sur l’lntelligence et la Volonté. […] C’en est une image, reflétée dans le plus puissant cerveau de philosophe, mais une image. […] Le philosophe se mit soudain en conflit avec l’artiste et le paralysa. […] L’intolérance des siens, la défaite de son amour, l’abandon et les insultes ont, dès sa jeunesse, montré au philosophe les forces qui l’écrasaient comme irrésistibles, les malheurs comme irréparables. […] On ne dira jamais assez combien cet écrivain fut grand, en lui, aussi grand que le philosophe fut extravagant.

1163. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — I »

Les théologiens philosophes, qui ont analysé et décrit psychologiquement les divers états de la grâce.

1164. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — II »

Mais au-dessous et dans les limites de la doctrine universelle, la liberté humaine, l’esprit de curiosité et d’intelligence, le génie enfin se sont exercés ; il y eut des théologiens, des philosophes, des poètes qui essayèrent de prêter des formes particulières, tantôt ingénieuses et subtiles, tantôt magnifiques et brillantes, à ce qu’ils croyaient la vérité.

1165. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre VII. Éducation de la sensibilité »

Au siècle suivant, en dépit de la suprême clarté dont se piquaient les philosophes, et des polissonneries facétieuses dont ils paraient leur matière, il fallait de l’attention et de la pénétration pour les suivre, et on ne sentait point tout l’agrément de la forme, si l’on ne comprenait le sérieux du sujet.

1166. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre III. Les traducteurs »

Amyot avait bien rencontré en s’arrêtant à Plutarque : un bon esprit plutôt qu’un grand esprit, un auteur lui laisse les questions ardues ou dangereuses, ou du moins qui ne parle ni politique ni religion ni métaphysique d’une façon offensive, un causeur en philosophie plutôt qu’un philosophe, moins attaché à bâtir un système d’une belle ordonnance, qu’à regarder l’homme, à chercher les règles, les formes, les modes de son activité : en un mot, un moraliste.

1167. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre II. La langue française au xvie siècle »

Oresme déjà, sous Charles V, y avait été contraint : ce fut bien autre chose quand toute une armée d’ardents et studieux esprits, théologiens, philosophes, traducteurs, imitateurs, penseurs originaux, se mit à parler en langue vulgaire sur toutes les plus ardues et plus graves matières.

1168. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre I. La poésie »

Un homme d’esprit, Houdar de la Motte470, ami de Fontenelle et l’un des oracles du salon philosophe de Mme de Lambert, s’est avisé en 1714 de traduire l’Iliade en vers.

1169. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vielé-Griffin, Francis (1864-1937) »

Ce profond poète, aux ressources exquises, nous touche, malgré tout, plutôt par des qualités de philosophe.

1170. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Satire contre le luxe, à la manière de Perse » pp. 122-126

… voilà, sans doute, un luxe pernicieux, et contre lequel je vous permets à vous et à nos philosophes de se récrier.

1171. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 21, du choix des sujets des comedies, où il en faut mettre la scene, des comedies romaines » pp. 157-170

Combien, dit Seneque, trouve-t-on de sentences dans les poëtes dont des philosophes pourroient se faire honneur ?

1172. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 1, idée generale de la musique des anciens et des arts musicaux subordonnez à cette science » pp. 6-19

Ainsi les auteurs dont je parle, ont écrit plutôt en philosophe qui raisonne et qui fait des speculations sur les principes generaux d’un art dont la pratique est sçue de tous ses contemporains, que comme un auteur qui veut que son livre puisse sans aucun autre secours, enseigner l’art dont il traite.

1173. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hebel »

L’Allemagne, cette Pénélope de renommées, qui les fait et qui les défait également vite dans le caprice de sa rêverie, l’Allemagne lui en a tissé une qui durera plus que toutes les gloires de ses philosophes, usées, déchirées et déteintes tous les trente ans.

1174. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre premier. De la louange et de l’amour de la gloire. »

Souviens-toi, disait un philosophe à un prince, que chaque jour de ta vie est un feuillet de ton histoire.

1175. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXV. De Paul Jove, et de ses éloges. »

Si vous portez vos regards plus loin, vous trouverez en Hongrie ce fameux Jean Hunniade qui combattit les Turcs, et simple général d’un peuple libre, fut plus absolu que vingt rois ; et ce Mathias Corvin son fils, le seul exemple peut-être d’un grand homme fils d’un grand homme ; en Épire, Scanderberg, grand prince dans un petit État ; et parmi les Orientaux, ce Saladin, aussi poli que fier, ennemi généreux et conquérant humain ; Tamerlan, un de ces Tartares qui ont bouleversé le monde ; Bajazet qui commença comme Alexandre, et finit comme Darius : d’abord le plus terrible des hommes, et ensuite le plus malheureux ; Amurat II, le seul prince turc qui ait été philosophe, qui abdiqua deux fois le trône, et y remonta deux fois pour vaincre ; Mahomet II, qui conquit avec tant de rapidité, et récompensa les arts avec tant de magnificence ; Sélim, qui subjugua l’Égypte et détruisit cette aristocratie guerrière établie depuis trois cents ans aux bords du Nil, par des soldats tartares ; Soliman, vainqueur de l’Euphrate au Danube, qui prit Babylone et assiégea Vienne ; le fameux Barberousse Chérédin, son amiral, qui de pirate devint roi ; et cet Ismaël Sophi, qui au commencement du seizième siècle, prêcha les armes à la main, et en dogmatisant conquit la Perse, comme Mahomet avait conquis l’Arabie.

1176. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VII. De la physique poétique » pp. 221-230

Les pensées abstraites regardant les généralités sont du domaine des philosophes, et les réflexions sur les passions sont d’une fausse et froide poésie.

1177. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Ils ont mis en œuvre la formule des philosophes : le moi se pose en s’opposant. […] » Il est impossible de mieux dénoncer le sophisme sur lequel le philosophe de Kœnigsberg appuie sa morale. […] Un critique est un littérateur, un historien de même, de même un philosophe. […] Pour les philosophes qui ont proclamé la célèbre Déclaration des droits, cet homme n’est qu’une intelligence et qu’une volonté. […] Les philosophes l’emploient pour désigner ce qu’il y a de plus intérieur, et, par suite, de plus profond, dans une doctrine.

1178. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Un poète lyrique, un philosophe, un peintre paysagiste, un architecte, un musicien de symphonie et de musique de chambre, ne pourrait donc jamais être un créateur ! […] C’est pourquoi le philosophe Libanius blâme ici le philosophe Julien d’avoir perdu ses forces à cet essai dangereux de résurrection du paganisme mourant. […] Octave Mirbeau est l’histoire d’un chien, personnage éminemment désigné aux prédilections d’un philosophe cynique. […] Je ne parle pas seulement d’hommes simples et vulgaires : un écrivain philosophe comme M.  […] Tout le monde ne peut être philosophe, écrivain ou savant ; mais tout homme digne de ce nom doit être cultivé et n’est capable de jouer un rôle utile qu’à cette condition.

1179. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Mais il la définit en philosophe, en incrédule. […] Il n’est pas permis de se subordonner une personne humaine, jusqu’à la supprimer : un philosophe dirait, de traiter comme moyen ce qui est une fin en soi. […] Pour ce probe esprit de philosophe, le respect de la vérité sera la vertu par excellence, l’unique vertu qui doive être pratiquée pour elle-même, et sans avoir égard aux conséquences.

1180. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Je ne la conçois pas chez le philosophe. […] Celui qui l’a fait si doctement vous répondra : « Analyser les œuvres de la pensée humaine, en assignant à chacune son caractère essentiel, découvrir les analogies qui les rapprochent les unes des autres et chercher la raison de ces analogies dans la nature même de l’intelligence, qui, sans rien perdre de son unité indivisible, se multiplie par les productions si variées de la science et de l’art, tel est le problème que le génie des philosophes de tous les temps s’est attaché à résoudre depuis le jour où la Grèce a donné à l’homme les deux puissants leviers de l’analyse et de l’observation 106. » L’érudition ne vaut que par là. […] L’analyse psychologique des facultés telle que la font les philosophes indiens est profondément différente de la nôtre.

1181. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

De là vient l’illusion qui fait croire à tant de philosophes et de savants que les idées sont des fantômes analogues aux ombres des morts dans les inania regna. […] La force considérée par le physicien n’est-elle « qu’un autre aspect » de ce que les philosophes appellent volonté ? […] Quelques philosophes ont soutenu, il est vrai, que la peine est la représentation confuse d’un trouble organique ; mais entre l’idée de trouble organique et le sentiment de la peine il y a un hiatus énorme.

1182. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Destouches tenoit plus de Térence que de Plaute ; mais dans son Glorieux & dans son Philosophe marié, il y a des choses dont Moliere auroit pu se faire honneur. […] La raison de mon silence est que je pense à peu près sur les piéces de cet ingénieux philosophe comme M. de la Harpe. […] M. le Duc de Nivernois a lu depuis peu à l’Académie Françoise quelques fables, qui sont l’ouvrage d’un homme du monde, d’un philosophe aimable & d’un moraliste ingénieux.

1183. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

« Le moi se pose en s’opposant », proclament les philosophes. […] Il recevait peu d’amis, mais de choix : un docteur Dumont, médecin de l’hôpital, un philosophe du nom de Bousson de Mairet, le principal du collège, M.  […] » Et, en note, comparant Pascal à un autre philosophe : « Que puis-je conclure ? […] Étrange contradiction chez un philosophe dont toute la doctrine repose sur le dogme du péché originel et la corruption de cette nature ! […] Un philosophe paradoxal a bien prétendu découvrir une morale sans obligation ni sanction.

1184. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Que le mécanicien préfère la machine, je le veux bien ; mais que le philosophe, le poète, le politique, le spiritualiste préfèrent sans comparaison l’Iliade, je suis de la religion du philosophe, du poète, du politique, du spiritualiste. […] Homère n’aurait chanté que ce bouclier qu’il serait le premier des sculpteurs, des peintres, des pasteurs, des armuriers, des politiques, des philosophes et des poètes. […] N’était-ce pas pour ainsi dire la Bible des guerriers, des pasteurs, des matelots, des philosophes, des théologiens, des historiens, des artistes, des artisans de son temps, des dieux et des hommes ?

1185. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Il lui reproche, notamment, de ne pas savoir monter à cheval, de ne pas avoir assez l’air d’une duchesse, et de le tutoyer devant les étrangers ; et l’on s’étonne que l’intelligente « largeur de vues » et, si je puis dire, l’antisnobisme de ce gentilhomme philosophe aient si peu survécu à son mariage. […] Puis, sur le conseil d’un vieux caissier philosophe, il « file » à l’étranger, — avec la ferme résolution, d’ailleurs, de se refaire et de restituer un jour ou l’autre. […] » dit un voisin de campagne, mûr, curieux, et un peu philosophe, M.  […] Le philosophe Dursay, qui a été le confident de Lia tout le long de la pièce, est vivement touché de cette modeste beauté d’âme.

1186. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Entre le philosophe athénien et la jeune fille ignorante qui fonda la nationalité française, les analogies sont frappantes. […] Mais le stoïcien, que Perse veut nous faire admirer, s’expose aux railleries grossières du centurion, quand, tout en se promenant, il se passionne pour une question abstraite : « Ce n’est pas moi qui voudrais être un philosophe, un Arcésilas, un Solon morose32, de ces gens qui s’en vont la tête baissée, l’œil fixé à terre, murmurant, rongeant, rageant ; on n’entend pas ce qu’ils disent ; ils ont l’air de peser des mots sur leur lèvre qui s’avance comme un plateau. […] Ce n’est pas moi qui voudrais être un philosophe, un Arcésilas, un Solon morose, de ces gens qui s’en vont la tête baissée, l’œil fixé à terre, murmurant, rongeant, rageant » : Arcésilas, philosophe grec (Pitane, Eolide −315 ou −314 — −241 ou −240), sans doute cité ici parce qu’il prôna entre autres, contre le dogmatisme des stoïciens, la suspension universelle du jugement ; Solon, le célèbre législateur athénien (v.-640 — v. 558) qui est est à l’origine de la vaste réforme sociale et politique qui fonde le commencement de la démocratie athénienne.

1187. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Ils firent queue en Allemagne pour s’accomplir, comme les philosophes grecs en Egypte. […] Tour à tour et en même temps poète dramatique et lyrique, romancier, historien, voyageur, critique d’art, philosophe, naturaliste, musicien, botaniste, dessinateur, chimiste, ayant à peu près traversé toutes les catégories de l’esprit humain, Gœthe n’était pas, bien évidemment, venu comme cela d’une seule coulée, et son œuvre a trop de faces pour que nous ne soyons pas obligé de les disjoindre pour les juger… Or, le plus large et le plus beau de ces morceaux qui forment la mosaïque de Gœthe, celui que probablement il estimait le plus, — si son orgueil, surexcité par le bonheur insolent de toute sa vie, ne le faisait pas s’avaler tout entier dans ses moindres miettes, comme une hostie, — devait être certainement son théâtre, Nous prendrons donc son théâtre d’abord pour le juger. […] Nous avons vu qu’il n’y avait, sous ce manteau trop sculptural, ni le grand poète dramatique, ni le grand poète lyrique, ni le grand romancier, ni le grand philosophe, et nous allons continuer de sortir des plis majestueux de ce manteau les autres prétentions qui s’y carrent. […] Lewes, n’est ni un savant, ni un critique, ni un philosophe ; c’est tout simplement un biographe, et, je l’ai déjà dit, dont la biographie sort de l’autobiographie de Gœthe comme un enfant sort de sa mère.

1188. (1901) Figures et caractères

Résigné à la subir, il voulait au moins l’endurer consciemment, non avec l’apathie d’un mercenaire, mais avec la clairvoyance d’un philosophe. […] Il est d’un homme qui a vu et d’un homme qui a pensé, le chef-d’œuvre simultané d’un conteur et d’un philosophe, et ces deux qualités se renforcent l’une par l’autre. […] Il y a dit son dernier mot d’homme, de poète et de philosophe. […] Un labyrinthe d’aventures s’ouvre au fantôme entrevu qui se précise, se met à vivre, et avec lui toute une Angleterre pompeuse, féodale et foraine, de la lande à la prison, du palais de Josiane à la cabane d’Ursus, de la Manche à la Tamise, monde bizarre peuplé de pirates basques, de potences, de bateleurs, d’engastrimythes, de chiens philosophes et de philosophes cyniques, de tortionnaires et de juges en perruques qui tiennent une rose à la main. […] C’est un philosophe pratique.

1189. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Poésies d’André Chénier »

Il est philosophe, il est moraliste ; il a en lui les lumières et la foi en tous les progrès ; la barbarie, sous quelque forme qu’elle ose reparaître, l’indigne et fait bouillonner son sang.

1190. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VIII. Du crime. »

Enfin, les anciens poètes philosophes ont senti que ce n’était pas assez de peindre les peines du repentir, qu’il fallait plus pour l’enfer, qu’il fallait montrer ce qu’on éprouvait au plus fort de l’enivrement, ce que faisait souffrir la passion du crime avant que, par le remord même, elle eut cessé d’exister.

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