Un médecin de soixante ans, est persuadé de la verité du fait qu’il a vû plusieurs fois, mais il ne croit plus aux explications de l’effet du remede, que par benefice d’inventaire, s’il est permis d’user de cette expression. […] Qu’on me permette la plaisanterie ; ce cheval mene loin.
Je ne crois pas que la probité nous permette… […] Vous permettez, messieurs ?
On nous permettrait à la rigueur d’imiter un écrivain, mais à condition qu’il ait plus ou moins vieilli, qu’il soit plus ou moins ancien. […] Il est permis de s’en nourrir. » Or, c’est nous qui avons cité ce mot d’Hello, pour bien indiquer ce que nous entendions par imitation.
Il est même permis de penser que n’étant plus compliqués d’affections sociales, les sentiments religieux prendront plus d’intensité, tout en conservant leur heureuse influence. […] La religion est, s’il est permis de s’exprimer ainsi, l’arôme qui préserve la société de la dissolution dont on a pu la croire menacée.
Par cela même qu’on écrit ce grand mot, on déclare ne plus se réclamer de cette simple Fantaisie qui peut être si belle, mais de cette Fantaisie-là qui doit être transcendante, puisqu’elle se permet d’être étrange, et qu’on la déchaîne du dernier lien du bon sens, du dernier fil de la réalité. […] En d’autres termes, sans être dans son genre un lord Byron, Erckmann-Chatrian a-t-il senti la vocation — cette tigresse qui dort parfois comme une marmotte — s’éveiller en lui sous le rude toucher de la Critique, et nous forcera-t-il à reconnaître qu’il a le génie fantastique, qui doit être le plus étonnant et le plus rare de tous les génies, puisque, ainsi que je l’ai avancé, il se permet tout, et que l’imagination, cette Rêveuse difficile, a toujours le droit de lui dire : Je m’y attendais ?
La délicatesse ne permet pas à Rodrigue, victorieux, de se présenter lui-même pour réclamer le prix du combat. […] Le titre semblait n’annoncer que des plaisanteries ; mais le marguillier se piqua d’être grave, judicieux, impartial, et ne se permit de rire qu’à propos. […] Heureux si mon esprit gagne tant sur le vôtre, Qu’il en estime l’un, et me permette l’autre ! […] Qui jamais pourrait s’imaginer que Boileau se fût permis de parler avec si peu de ménagement d’un des chefs-d’œuvre de Corneille, d’un des ouvrages où ce grand tragique a montré le plus de force d’invention ? […] Votre réputation vous permet de risquer tout ; vous êtes à cent lieues de l’envie : osez, et nous pleurerons, et nous frémirons, et nous dirons : Voilà la tragédie, voilà la nature !
La beauté de la jeune femme pénétrait dans son âme, mais il la considérait comme un objet sacré qu’il n’aurait pas permis à ses yeux de convoiter sans la profaner et sans se flétrir lui-même. […] Le génie et la poésie ont aussi une famille qu’il n’est pas permis de répudier. » Je lui promis d’accepter et je lui dis adieu. […] Que ne nous est-il permis de nous arrêter ? […] Mais le choix du silence ne nous est pas laissé ; et lors même qu’il nous serait permis d’arracher cette page de notre livre, nous ne pourrions l’effacer de notre histoire. […] L’élévation du sol y permettait en plusieurs lieux la culture de diverses espèces de végétaux de l’Europe.
Qu’on nous permette de reprendre ici quelques idées déjà énoncées, mais sur lesquelles il faut insister. […] D’ailleurs nous avons déjà fait voir que la prodigieuse étendue de la scène antique lui permettait d’embrasser une localité tout entière, de sorte que le poëte pouvait, selon les besoins de l’action, la transporter à son gré d’un point du théâtre à un autre, ce qui équivaut bien à peu près aux changements de décorations. […] Et ici, que la jeune littérature, déjà riche de tant d’hommes et de tant d’ouvrages, nous permette de lui indiquer une erreur où il nous semble qu’elle est tombée, erreur trop justifiée d’ailleurs par les incroyables aberrations de la vieille école. […] Le vin, qu’on nous permette une trivialité de plus, cesse-t-il d’être du vin pour être en bouteille ? […] La nuance qui les sépare sera facile à indiquer, si un homme d’esprit, auquel l’auteur de ce livre doit un remerciement personnel, nous permet de lui en emprunter la piquante distinction : l’autre poésie était descriptive, celle-ci serait pittoresque.
Ceux-ci ont les membres et même la base de la queue reliés ensemble par une large expansion de la peau qui leur sert comme de parachute et leur permet de se soutenir dans l’air et de sauter d’arbre en arbre à de surprenantes distances. […] Enfin, son bec est droit et fort, et quoiqu’un peu moins fort et moins droit que chez l’espèce européenne commune, il peut cependant lui permettre de perforer le bois. […] On considère généralement la peau nue de la tête du Vautour comme une adaptation pour permettre à cet oiseau de se vautrer dans des matières en putréfaction. […] Mais le peu que nous savons ne peut nous permettre de spéculer sur l’importance relative des diverses lois de variation connues ou inconnues. […] Or, c’est un argument négatif auquel il est permis de donner toute la valeur qu’on veut.
Pour qu’il fût permis de considérer comme véritablement déformés certains modes verbaux, il nous faudrait d’abord instituer les règles d’une faculté que nous ne connaissons que par ses résultats. […] Sans doute herboriste est la corruption d’arboriste ; sans doute il peut sembler fâcheux qu’on ait confondu confrairie et confrérie, palette avec poëlette, chère avec chair, que le féminin de sacristain soit sacristie, qu’ornement ait donné ornemaniste et fusain, fusiniste, et que, dans le vocabulaire des injures politiques, on oublie, en écrivant salaud, que le féminin de cette délicieuse épithète est salope, mais avant de condamner des formes qui, malgré les grammairiens, se permettent de dévier un peu de la logique apparente, il faudrait peut-être les examiner avec quelque minutie et quelque bienveillance. […] Trois cents déformations populaires ; voilà un répertoire curieux et qui va peut-être nous permettre de reconnaître quelques-unes des tendances auxquelles obéissent les déformateurs. […] Quant à la logique des féminins attribués aux mots en eur, il suffit de citer cantatrice, enchanteresse et chanteuse pour montrer que, dans cet ordre de finales, la langue se permet toutes ses fantaisies. […] On a cherché depuis trois siècles à figer ce jardin dans cette attitude contradictoire ; de là, ces incohérences qui permettent de rédiger des grammaires en quatre volumes.
Non, Monsieur, bien loin de mettre de l’amertume dans mes récriminations, j’emploierai avec vous ce ton paternel que peut me permettre mon âge ; et dans la critique même de votre conduite, j’écarterai cette ironie amère plus déchirante que l’injure, et cette fausse pitié plus insultante que le mépris. […] Mais en supposant qu’un peu de vanité puisse être permise à un auteur presque toujours heureux, aujourd’hui j’aurais le droit de m’élever jusqu’à l’orgueil, en prouvant à mon jeune adversaire qui, dans ma qualité de classique, m’a témoigné tant de mépris, que je compte autant de succès qu’il a d’années, et que plusieurs de mes ouvrages, plus âgés que lui, n’ont point été engloutis dans sa révolution littéraire et prospèrent encore, au milieu de cette anarchie, protégés par l’estime publique. Puisque aussi dans ma triste qualité de vieillard il m’est permis de rappeler un passé qui me fut honorable ; puisqu’il est également convenu que tout auteur a de l’amour-propre, je ne craindrai pas de vous parler avec franchise de ma vie littéraire et de la manière dont on obtenait des succès de mon temps. […] Peut-être il ne m’appartient pas d’en faire une critique raisonnée ; et d’ailleurs cela nous mènerait trop loin ; mais cependant, comme vous et vos partisans avez plus d’une fois critiqué tous nos grands auteurs et jeté le plus grand mépris sur ce que vous appelez la littérature de l’empire, dont j’ai l’honneur de faire partie, il doit m’être permis de vous dire, le plus poliment que je pourrai, ce que je pense de vos drames. […] À mes yeux un gouvernement est un père de famille, il ne doit permettre à ses enfants que les jeux qui ne peuvent leur nuire, et il montrera encore plus de sollicitude pour eux, si, tout en les amusant, il parvient à les instruire.
C’est un archéologue qui se permet d’avoir du style, ce qui est assez audacieux pour un archéologue, et qui publie encore en ce moment un livre très-savant et très-intéressant sur les sépultures de l’ancienne Égypte. […] Feydeau se permettait de déshonorer l’adultère et fouaillait l’amant avec la femme coupable, d’une main plus hardie que pure, il est vrai, mais eux voyaient plus les coups que la main ! […] L’histoire de ce Lara par mariage n’est nullement compliquée, mais il faut avoir un fier génie pour se permettre une telle simplicité. […] Il y a des duels, les duels, la seule chose poétique des romans modernes avec la platitude, s’accroissant chaque jour de nos mœurs, mais poétiques à trop bon marché, quand l’auteur qui se les permet n’en relève pas le lieu par trop aisément commun, par quelque chose qui leur donne du caractère, et, pour Dieu ! […] Ainsi, dans l’ordre des caractères, la grand’mère de Catherine est le seul qu’on puisse excepter de l’abaissement général, mais l’originalité n’y est pas, et aux termes où en sont arrivées les littératures, il n’est plus permis de peindre la maternité sans rencontrer l’originalité dans la profondeur qu’on lui donne.
C’est là une si puissante vision qu’elle permet de supporter ou même de recommander le plus décidé pessimisme devant les amertumes de la vie. […] Le cœur doit envoyer du sang noir aux poumons, le poumon doit faire oxygéner ce sang, le cœur a le droit de recevoir, pour son propre entretien, du sang-oxygéné qui lui permettra de continuer à vivre et à remplir son office. […] Il est même permis de croire que ce sont là des qualités plutôt propres à empêcher de la conquérir. […] Cela permet à l’individu de la considérer comme sienne et d’y voir l’influence directe d’un dieu. Cela permet à la société, tout en le formant, en s’en servant, de l’exalter comme l’expression de la libre personnalité, de la personnalité idéale de l’homme — ce qui est vrai en un sens — et de le faire ainsi accepter plus volontiers par la partie égoïste du moi.
Et la profanation, c’était qu’un romancier, qu’un journaliste, ou qu’un poète se permît d’écrire une pièce qui ne fût pas conforme aux règles de l’art. […] D’ailleurs, Arthur Meyer se chargea lui-même de me rappeler à la modestie, en me disant quelque temps après, au commencement de la saison, comme je me permettais de lui demander une petite augmentation : « Impossible. […] C’est peut-être ce fonds de culture qui lui a permis de s’adapter si bien à la vie moderne, quelles qu’en aient été pour elle les surprises. […] Elle va me permettre, après vous avoir remercié de votre choix, et vous en en avoir exprimé ma gratitude, de vous parler comme un ancien camarade à de jeunes camarades retrouvés dans la plus cordiale des circonstances. […] Et si vous me permettez, mes chers camarades, de continuer devant vous ce petit examen de conscience, je vais vous faire d’autres aveux.
Une pareille fortune, qui de nos jours serait en Angleterre assez médiocre, pouvait à cette époque lui permettre de vivre dans l’aisance et honorablement. […] Il est permis de croire qu’il n’a donné ce titre à son ouvrage que pour spéculer sur la renommée populaire de ce brigand fameux. […] Il est permis de rêver la conciliation de tous les rôles, mais l’accomplissement d’un seul suffît à la gloire et à la dignité humaine. […] Le poète convoque toutes les voix de la nature pour célébrer plus dignement la suprême volonté qui lui a permis de vivre. […] Il ne permet à personne d’entamer ou de révoquer en doute l’idéale sublimité de son idole.
A présent, me sera-t-il permis de citer le vieux proverbe : Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es ? […] Si nous nous permettons d’ajouter ou de retrancher au récit de l’historien, il n’y a plus rien de vrai ni de faux. […] Que ne m’est-il permis de montrer, par des exemples moins éloignés, combien les esprits sont diversement affectés selon les moments ! […] Votre aïeul, Auguste, permit à Agrippa de se retirer à. […] xxxii), est maçonné des dépouilles des deux autres. » Je permets d’emprunter, mais non de voler, moins encore d’injurier celui qu’on a volé.
Il n’est pas permis de soupçonner les intentions des hommes qui se font mutuellement du bien. » Il y a aussi dans sa manière quelques traits de force et d’énergie. Par exemple, dans l’Éloge de M. de Montigny, amateur des sciences et des arts et administrateur éclairé, il nous le fait voir dans sa jeunesse tout près d’entrer dans une compagnie célèbre3 qui façonnait tous ses membres à son usage, mais contrarié heureusement dans son désir et se félicitant plus tard d’avoir échappé au danger des sectes, dont le grand inconvénient, dit Vicq d’Azyr, est « de ne voir dans le monde entier que deux partis, l’un pour lequel on ose tout, et le parti opposé contre lequel on se permet tout ». […] Il était libéral à la Cour, on peut le penser, et plus optimiste qu’il n’était permis de l’être alors ; la reine l’appelait d’un ton de reproche aimable : Mon philosophe.
Fagon de ce qu’il parle de médecine d’une manière si simple et si intelligible qu’on croit voir les choses qu’il explique : un médecin de village veut parler grec. » Dans le texte actuel des lettres de Mme de Maintenon telles que nous les possédons enfin, sans les altérations de La Beaumelle, il nous est permis, à notre tour, de juger avec plus d’assurance de sa façon de dire et d’écrire. […] Me permettront-ils de différer avec eux sur ce seul point ? […] Aujourd’hui, avec le nouvel état du monde, dans une société plus également morale en son milieu, nous qui ne sommes pas près de Versailles (dans le sens où l’était Saint-Cyr), il nous semble qu’il est quelquefois permis de se récréer d’un chant, d’une fleur, d’une joie d’imagination, mêlée aux choses du cœur, dans une éducation même de l’ordre le plus moral.
Mme Récamier avait le secret d’y réussir, et tout ce livre en est la preuve parlante, — sans compter tout ce qu’il est permis de deviner dans les intervalles ; car ce ne fut pas toujours envers des natures aussi apaisées que celle de M. […] Si j’osais me permettre aujourd’hui une espèce de jugement sur une société à jamais regrettable, dont j’ai été, et dont l’auteur des Mémoires veut bien m’assurer que j’aurais pu être encore davantage, je dirais qu’en admettant qu’il y eût péril et inconvénient par quelque endroit dans ce monde gracieux, ce n’était pas du côté du goût ; il s’y maintenait pur, dans sa simplicité et sa finesse ; il s’y nourrissait de la fleur des choses : s’il y avait un danger à craindre, c’était le trop de complaisance et de charité ; la vérité en souffrait. […] Ainsi la description du château de Maintenon, malgré l’intérêt qui s’attache à un si noble séjour, méritait d’être supprimée : la plume de M. de Chateaubriand, en ces derniers écrits, n’est plus elle-même. — L’observation faite, il n’en est pas moins vrai que ces deux volumes nous offrent sur une femme qui fut un modèle de beauté et de bonté, et sur le monde qu’elle eut le charme et l’art de grouper jusqu’à la fin autour d’elle, une quantité de pièces intimes, agréables, imprévues, qui permettent aux nouveaux venus, s’ils en sont curieux, de vivre pendant quelques soirées dans une intimité inespérée et des plus choisies.
— Cet autre homme, lui, est chrétien ; il admet la divinité, une émanation plus ou moins directe de la divinité, une inspiration d’en haut dans la vie, dans les actes et les paroles du Christ : mais il se permet de rechercher quels ont été au vrai ces actes et ces paroles ; il étudie les témoignages écrits, les textes ; il les compare, il les critique, et il arrive par là à une foi chrétienne, mais non catholique comme la vôtre : homme pur d’ailleurs, de mœurs sévères, de paroles exemplaires : et cet homme-là, parce qu’il ne peut en conscience arriver à penser comme vous sur un certain arrangement, une certaine ordonnance, magnifique d’ailleurs et grandiose, qui s’est dessinée surtout depuis le ve siècle, vous l’insulterez, vous l’appellerez à première vue blafard en redingote marron ! […] C’est trop, et votre confesseur (je ne me permettrais jamais de m’immiscer dans ces choses, si vous n’étiez tout le premier à nous en parler), — votre confesseur lui-même vous l’a dit : « Vous êtes trop vif, trop aisément irrité. » Mais ce serait à vous de vous le dire. […] Mais d’abord il est permis de se poser une question : Un journaliste catholique est-il possible ?
Monmerqué n’avait cessé de préparer une édition nouvelle, et qu’averti par l’esprit d’exactitude et d’examen rigoureux qui s’est introduit dans l’étude du XVIIe siècle, il s’était livré à une comparaison ; à une révision de ce texte, toutes les fois que des autographes ou des copies authentiques le lui avaient permis. […] Il m’a paru quelquefois à regretter que le livre destiné à devenir classique, une fois mis en lumière, une fois livré au public et imprimé, on ne détruisît pas tous les manuscrits, tous les moyens d’un contrôle éternel et toujours renaissant ; qu’il n’y eût pas un règlement définitif et un arrêté de compte qui permît ensuite à l’admiration toute sa sécurité et son entière plénitude. […] Il est abondant, débordant (exundans), irrégulier ; mais quand on est à ce degré chez soi, dans le plein de la langue et de la veine françaises, on peut tout oser et se permettre, on peut hardiment écrire comme on parle et comme on sent, on n’est pas hasardé.
Le régime féodal auquel l’Allemagne est soumise, ne lui permet pas de jouir de tous les avantages politiques attachés à la fédération. […] Il est trop aisé d’écrire l’allemand assez bien pour être imprimé ; trop d’obscurités sont permises, trop de licences tolérées, trop d’idées communes accueillies, trop de mots réunis ensemble ou nouvellement créés ; il faut que la difficulté du style soit de nature à décourager au moins les esprits tout à fait médiocres. […] Ne vous permettez jamais une action que la morale puisse réprouver ; n’écoutez point ce que vous diront quelques raisonneurs misérables sur la différence qu’on doit établir entre la morale des particuliers et celle des hommes publics.
Si l’Être Tout-Puissant, qui a jeté l’homme sur cette terre, a voulu qu’il conçut l’idée d’une existence céleste, il a permis que dans quelques instants de sa jeunesse ; il put aimer avec passion, il put vivre dans un autre, il put compléter son être en l’unissant à l’objet qui lui était cher. […] Il n’est pas vrai, malheureusement, qu’on ne soit jamais entraîné que par les qualités qui promettent une ressemblance certaine entre les caractères et les sentiments : l’attrait d’une figure séduisante, cette espèce d’avantage qui permet à l’imagination de supposer à tous les traits qui la captivent, l’expression qu’elle souhaite, agit fortement sur un attachement, qui ne peut se passer d’enthousiasme ; la grâce des manières, de l’esprit, de la parole, la grâce, enfin, comme plus indéfinissable que tout autre charme, inspire ce sentiment qui, d’abord, ne se rendant pas compte de lui-même, naît souvent de ce qu’il ne peut s’expliquer. […] La nature et la société ont déshérité la moitié de l’espèce humaine ; force, courage, génie, indépendance, tout appartient aux hommes, et s’ils environnent d’hommages les années de notre jeunesse, c’est pour se donner l’amusement de renverser un trône ; c’est comme on permet aux enfants de commander, certains qu’ils ne peuvent forcer d’obéir.
Un ambitieux peut quelquefois préférer les plaisirs de l’amitié, les avantages de l’estime, à telle ou telle partie du pouvoir ; mais dans l’esprit de parti il n’y a rien que d’absolu, parce qu’il n’y a rien de réel, et que la comparaison se faisant toujours du connu à l’inconnu ; de ce qui a une borne, à ce qui est indéfini, ne permet jamais d’hésiter entre cette incommensurable espérance, et quelque bien temporel que ce puisse être. […] Mais quel supplice que la situation qui permet à un homme estimable, de se juger, de se voir, ayant commis de grands crimes ! […] Aussi se réveilleront-ils un jour ceux qui seuls sont sincères, ceux qui seuls méritent les regrets ; accablés de mépris, tandis qu’ils auraient besoin de considération ; accusés du sang et des pleurs, tandis qu’ils seront encore capables de pitié ; isolés dans l’univers sensible, tandis qu’ils pensaient s’unir à toute la race humaine ; ils éprouveront ces douleurs alors que les motifs qui les ont entrainés auront perdu toute réalité, même à leurs yeux, et ne conserveront de la funeste identité, qui ne leur permet pas de se séparer de leur vie passée, que les remords pour garants ; les remords, seuls liens des deux êtres les plus contraires ; celui qu’ils se sont montrés sous le joug de l’esprit de parti ; celui qu’ils devaient être par les dons de la nature.
Scaramouche dit à la reine que si elle voulait lui permettre de prendre l’enfant royal dans ses bras, il se flattait de le calmer. La reine l’ayant permis, il fit alors tant de grimaces et des figures si plaisantes, que non seulement l’enfant cessa de pleurer, mais encore qu’il fut pris d’une hilarité dont les résultats gâtèrent les habits de Scaramouche, ce qui redoubla les éclats de rire de la reine, et de toutes les dames et seigneurs qui étaient dans l’appartement. […] Imprimé à Paris en novembre 1645. » Dans l’extrait du privilège pour l’impression de ce programme, il est marqué : « qu’il est permis au sieur Jacomo Torelli da Fano de faire imprimer en français l’explication des décorations du théâtre, ensemble les arguments de la Folle supposée, faits en Italie par ledit sieur Torelli. » 33.
La pensée du moi, surtout du moi idéal, nous arrache à la fatalité de la passion et à son impulsion brutale ; elle étend notre vie au-delà des limites de l’heure présente et même de l’existence présente : elle nous permet d’agir sub specie æterni. […] Le concours des forces organiques augmente l’intensité de la vie ; il permet l’emploi le plus grand de la force avec la moindre dépense possible. […] Dès qu’une substance nerveuse reçoit le choc des forces extérieures, quelque désordonnées, multiples et diverses que soient ces forces, une résultante s’établit bientôt, par le seul jeu des lois mécaniques ; un rythme se produit, une forme quelconque qui permet la distribution et l’intégration des forces.
Je me permettrai quelquefois d’évoquer l’esprit des traditions anciennes ; mais je suis loin, en cela comme en tout le reste, d’exiger une confiance aveugle ; car je n’ai point laborieusement étudié ces traditions : elles me sont apparues bien plus que je ne les ai cherchées ; je pourrais presque dire qu’elles se sont trouvées en moi. […] Nous ne parviendrons point à soulever le dernier voile qui couvre la statue d’Isis ; mais du moins il nous sera permis d’admirer le tissu merveilleux dont il est formé. […] D’ailleurs, la modération sied bien aux vainqueurs : à Rome on permettait de dire même des injures à ceux qui recevaient les honneurs du triomphe ; et la vertu farouche de Caton fut plus d’une fois louée au sein de la cour d’Auguste.
Admettons que, pour la comprendre, une certaine capacité cérébrale minima soit indispensable : on imagine mal qu’une société faite d’hommes à qui leur cerveau ne permet pas de distinguer le tien du mien ou de compter jusqu’à dix s’élève à l’égalitarisme. […] Supposons que l’histoire nous permette de constater par exemple, que toutes les sociétés centralisées égalitaires et inversement que nulle société non centralisée n’est égalitaire, et enfin que les plus égalitaires sont aussi les plus centralisées. […] Mais si, comme nous avons essayé de le prouver, cette explication est insuffisante, dès lors les apparitions de l’égalitarisme dans des sociétés séparées par le temps, comme l’Empire romain et la République française, ou par l’espace, comme la République française et les États-Unis, sont bien des phénomènes distincts et comparables ; et il est permis de rechercher les antécédents communs qui ont dû provoquer, ici et là, l’apparition des idées égalitaires.
Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne Les étapes de la littérature française se succèdent avec une clarté qui permet d’en déduire une loi d’évolution. […] Le principe nouveau, de la raison universelle et de la souveraineté absolue, ne se réalisera pas davantage ; tous les Médicis, les d’Este, les Gonzaga ne représentent que des efforts dispersés, en de petites unités, et ne valent pas, tous ensemble, le seul Louis XIV. — Les débuts permettaient pourtant les plus grandes espérances ; ils sont lyriques : Laurent de Médicis, Politien, Leonardo Giustiniani, Sannazzaro (dont l’Arcadia est nettement lyrique), Boiardo dans son admirable Canzoniere ; le lyrisme est sensible encore dans l’Orlando furioso et jusque dans la Gerusalemme liberata. Et je ne cite toujours que les noms les plus connus. — A cet épanouissement merveilleux d’une conception nouvelle de la vie (individuelle et sociale) devait succéder normalement une période épique de création ; si les circonstances extérieures l’avaient permis, l’Italie aurait réalisé comme la France, et avant elle, le principe national sous la forme de la royauté absolue.
le doute est permis. […] Là, durant les jours caniculaires, les convives assez riches pour se permettre de prendre du café, viennent le savourer par une chaleur capable de faire éclore des œufs. […] On ne s’intéresse plus du moment qu’on méprise ; ce serait le miracle de l’infamie ; or il n’est pas permis au romancier de faire des miracles. […] La moindre de ces lâchetés, que se permettent si facilement les enfants, me faisait bondir le cœur. […] L’inattention de la comtesse me permit de l’examiner.
Les faits que nous allons citer, nous les prendrons, sans nous permettre de les commenter en aucune façon, dans le livre même de M. […] Qu’on nous permette une comparaison peu propre, mais juste : un fumier empeste un jardin, quand bien même le jardin est tout parsemé de fleurs. […] Mendès de lui permettre de lire le manuscrit, jurant qu’il ne pouvait pas attendre la fin. […] Par bonheur, Mlle Louise Magnier a une nièce, qui lui ressemble, ce qui permit de surmonter encore cet obstacle. […] Il a une facilité déplorable, une faculté d’assimilation qui lui permet d’être tout ce qu’il veut, sans jamais rien être par lui-même.
Il me semble donc beaucoup plus probable, ainsi du reste qu’à beaucoup d’autres naturalistes, que chaque espèce se soit produite d’abord dans une seule contrée, et que de là elle ait successivement émigré aussi loin que ses moyens d’émigration et d’existence le lui ont permis, tant sous les conditions de vie présentes que sous les conditions de vie passées. […] L’examen de cette question nous permettra en même temps d’étudier une question connexe et également importante ; à savoir, si les diverses espèces d’un même genre, qui, d’après ma théorie, devaient toutes descendre d’un commun progéniteur, peuvent avoir émigré, en se modifiant plus ou moins, de la contrée habitée par celui-ci. […] Où la mer s’étend actuellement, des terres peuvent avoir, à d’autres époques, relié des îles ou même des continents les uns aux autres, et permis ainsi à des productions terrestres de passer de l’un à l’autre. […] Pour autant qu’il nous est permis d’inférer quelque chose d’un si petit nombre de faits, nous pouvons néanmoins en conclure que 15/100 des plantes d’une contrée quelconque peuvent être entraînées par des courants marins pendant 28 jours et sans qu’elles perdent pour cela leur faculté de germination. […] D’ailleurs, il faut bien admettre que ces îlots volcaniques ont une base quelconque, et les analogies ne permettent guère de supposer qu’ils s’élèvent isolément au milieu de vastes plaines sous-marines, mais plutôt sur un fond montagneux et accidenté.
En ce cas, il aurait pour but de nous permettre de renfermer sous une seule proposition les caractères communs à tous les mammifères, par exemple, et, sous une autre, tous ceux qui, dans les mammifères, sont communs au genre Chien ; et enfin, en en ajoutant une seule proposition de plus, d’arriver à donner une description complète de chaque espèce de Chiens. […] La théorie de sélection naturelle nous permet de répondre à toutes ces questions. […] Il nous est donc permis de supposer que le progéniteur inconnu des vertébrés possédait un grand nombre de vertèbres, le progéniteur inconnu des articulés un grand nombre de segments, et le progéniteur inconnu des plantes phanérogames, un grand nombre de tours de spirales supportant chacun un certain nombre de feuilles. […] Ainsi, dans les plantes, le pistil a pour but de permettre aux tubes polliniques d’atteindre les ovules, placés à sa base et protégés par l’ovaire. […] Une légère teinture de philosophie spéculative, ou tout simplement de logique serait utile, non seulement à nos plus grands et plus savants naturalistes pour défendre leurs meilleures doctrines ; mais elle serait plus encore nécessaire à ceux qui se permettent de leur adresser des critiques qui sont tout bonnement des non-sens.
Mais il pouvait aussi bien l’être matériellement, par une inhibition de ce qui l’inhibait, par la suppression d’un obstacle, et tel était l’effet tout négatif du toxique ; le psychologue s’adressait de préférence à Celui-ci, qui lui permettait d’obtenir le résultat à volonté. […] Or ces inventions et ces organisations sont d’essence occidentale ; ce sont elles qui ont permis ici au mysticisme d’aller jusqu’au bout de lui-même. […] Il y a une vulgarisation noble, qui respecte les contours de la vérité scientifique, et qui permet à des esprits simplement cultivés de se la représenter en gros jusqu’au jour où un effort supérieur leur en découvrira le détail et surtout leur en fera pénétrer profondément la signification. […] La rencontre, chez les mystiques, de cette expérience telle qu’on l’attendait, permettrait alors d’ajouter aux résultats acquis, tandis que ces résultats acquis feraient rejaillir sur l’expérience mystique quelque chose de leur propre objectivité. […] Ils n’évoquent certainement pas un concept clos, encore moins une définition de Dieu qui permettrait de conclure à ce qu’est ou devrait être le monde.
Mais voilà qu’un individu, suspect déjà du crime de pensée, se permettait de secourir ces faméliques ! […] Mais bientôt la Révolution de février lui permet de rentrer en France. […] Cela, babille, cela jabote, cela se piète — cela se permet d’avoir des opinions. […] Montfort nous permettra, sans doute, bientôt d’apprécier complètement cet écrivain. […] Une grille entrouverte permettait d’y pénétrer.
Pourtant il faut savoir encore sur quelle terre elle tombe, cette semence aisée qui demande si peu de culture, cette doctrine du laisser-faire et du laisser-aller ; car, comme le dit, chez Térence encore, le vieillard le plus indulgent : “Il y a bien des marques dans l’homme d’après lesquelles on peut distinguer lorsque deux personnes font une même chose, et qui permettent souvent de dire : ‘Celui-ci peut le faire, celui-là ne le peut pas ; non que la chose soit différente en elle-même, mais c’est que ceux qui la font sont différents.’” […] En considérant de plus près les termes de l’arrêté du 12 octobre 1851, il a semblé par moments à la commission que les circonstances sociales, très différentes d’alors, dans lesquelles nous vivons, permettraient peut-être aujourd’hui d’exprimer un conseil autre et de parler un langage différent.