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1232. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Pleins d’expérience, ils discouraient ensemble, semblables à des cigales qui, sur la cime d’un arbre, font résonner la forêt de leur mélodieuse voix. » La belle Hélène, sortie de son palais pour contempler le combat, affligée des malheurs qu’elle cause, compatit aux peines de Priam, s’agenouille devant lui et lui nomme un à un les principaux chefs des Grecs, à mesure qu’ils défilent sous ses yeux dans la plaine. […] Était-ce donc pour que vous eussiez à supporter les peines des misérables mortels ? […] Lors même qu’il échapperait à cette désastreuse guerre, toujours les peines et les chagrins s’attacheront à ses pas et les étrangers usurperont son héritage. […] Le sommeil, qui triomphe de toutes les peines, ne peut fermer ses paupières.

1233. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

7 » elle lui adresse ces touchants adieux : Adieu, j’ai trop de peine à mourir à vos yeux ; Et, ne vous voyant plus, je vous vengerai mieux. […] Ce sont nos proches : nous avons connu leurs faiblesses ; il en est peu parmi nous, de ceux qui sont capables de faire des fautes intéressantes, qui n’aient eu à porter la peine d’une passion un moment plus forte que leur raison, et chez qui la représentation d’une pièce de Racine n’éveille quelque souvenir personnel19. […] Mais son cœur est ému de pitié au souvenir de leurs combats, du prix dont ils payent les passagères douceurs de leurs espérances ; car, dans cet admirable ouvrage, la peine suit d’aussi près la faute que l’ombre suit le corps, et ces tristes cœurs ne goûtent pas un moment de joie qui soit pur de regret ou de crainte. […] Or quelle vraisemblance y a-t-il à entasser dans les trois heures que dure une représentation, sous peine d’excéder la faculté si bornée que nous possédons même pour le plaisir, assez d’incidents pour remplir des mois et peut-être des années ?

1234. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Elle avait de la peine aussi. […] Il est moins nécessaire qu’une fibre sympathique me relie à ce magnifique scélérat en écharpe rouge et plumet vert qu’à ce vulgaire citoyen qui pèse mon sucre, en cravate et en gilet mal assortis… Je ne voudrais pas, même si j’en avais le choix, être l’habile romancier qui pourrait créer un monde tellement supérieur à celui où nous vivons, où nous nous levons pour nous livrer à nos travaux journaliers, que vous en viendriez peut-être à regarder d’un œil indifférent, et nos routes poudreuses et les champs d’un vert ordinaire, les hommes et les femmes réellement existants… » Certes la vie est une partout et toujours ; sous tels dehors qu’il vous plaira de l’observer, vous la trouverez avec ses mêmes joies et ses mêmes peines. […] Son roman et son drame vivent du coup de théâtre, que la plupart du temps il ne prend même pas la peine de ménager, de rendre plus ou moins plausible. […] Il faut convenir qu’il en donner de plus complexe sous peine d’enlever à Yann l’intérêt.

1235. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Au fait, bien que tout problème littéraire dont on se donne la peine d’analyser la prime donnée, requière implicitement une solution transcendante, il est inutile de soulever les voiles qui cachent à nos yeux de myopes le très délicat mécanisme de la connaissance. […] Celui-ci, infiniment mobile et confus, ne se solidifie qu’avec peine. […] Après l’exposé succinct des doctrines symbolistes sur le continu de la vie et la transformation qualitative de nos sentiments au cours de notre existence intérieure, on comprend sans peine la nécessité d’une réforme métrique63. […] Comme eux solitaires, enthousiastes et purs, à l’abri du monde, sans en rien ignorer des joies ni des peines, j’aurais aimé atteindre à l’acuité de vision nécessaire pour découvrir le réel derrière la nature, l’idée vivante par-delà la forme matérielle.

1236. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

L’amour des toilettes, quelques légers désirs, de petites peines qui s’effacent aussi facilement qu’elles sont venues. […] Prouver que ceux qui nous maltraitent ainsi sont peu adroits, serait mieux, si cela en valait la peine. […] Les jeunes gens d’aujourd’hui, qui seront les hommes de demain, arrivent peu à peu et ce n’est pas sans peine. […] ce n’est pas la peine de dépenser son argent à la table d’hôte pour un repas qu’on ne mange pas. […] Champfleury n’a épargné ni son temps ni sa peine ; il a tout fouillé pour s’éclairer, livres, manuscrits, catalogues.

1237. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « M. Denne-Baron. » pp. 380-388

Mais ce dont surtout la postérité sait gré et tient compte, c’est de ce que trouve le talent et de ce qui naît sans peine et comme une grâce ; une strophe bien venue sur une fleur, sur un coquillage, sur un zéphyr, s’en va vivre durant des âges, et suffit à porter un nom.

1238. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVIII » pp. 266-276

La philosophie moderne a bien de la peine à ne pas oublier naturellement cette charité qui est le cœur du christianisme en son sens divin.

1239. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ferdinand Denis »

L’idée qui a présidé à l’ouvrage est celle-ci ; La poésie tire son premier charme des images qu’elle emprunte à la nature ; dans nos tièdes contrées, au sein d’une civilisation toute-puissante, cette nature a peine à se faire jour et n’est pas à l’aise pour se déployer : là seulement où un climat de feu la féconde sans relâche, et où le voisinage de l’homme ne la met point à la gêne, pleine de vie et de jeunesse, elle éclate dans toute sa solennité.

1240. (1874) Premiers lundis. Tome II « Doctrine de Saint-Simon »

Guizot (Nouveaux Lundis, tome IX, page 98.) «  Pour sa peine, dit-il en parlant du sage désillusionné, qui se résigne à la science pure, vous l’appelez sceptique : ne croyez pas l’humilier.

1241. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VI. De la littérature latine sous le règne d’Auguste » pp. 164-175

Je supporterai la peine, quelle que soit sa durée.

1242. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre I. Bernardin de Saint-Pierre »

A peine quelques fausses notes que la sentimentalité philosophique du temps ne remarquait pas : « les pâles violettes de la mort se confondaient sur ses joues avec les roses de la pudeur ».

1243. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre II. Recherche des vérités générales » pp. 113-119

La paresse est la reine de la terre, pourrait-on dire ; même quand l’homme est sollicité à agir par le désir ou le besoin, il agit de façon à atteindre son but avec le moins de peine possible.

1244. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Balzac, et le père Goulu, général des feuillans. » pp. 184-196

Il leur déclara « que, si elles avoient un peu de courage, elles devoient crever les yeux à Balzac, ou du moins lui faire endurer la peine que les dames de la cour voulurent faire souffrir à Jean de Meun ».

1245. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre sixième. »

Cette fable écrite purement et où le fait est bien raconté, a, ce me semble, le défaut de n’avoir qu’un but vague, incertain, et qu’on a de la peine à saisir.

1246. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre III. Paradis perdu. »

Ainsi s’explique une de ces mystérieuses vérités cachées dans les Écritures : en condamnant la femme à enfanter avec douleur, Dieu lui a donné une très grande force contre la peine ; mais en même temps, et en punition de sa faute, il l’a laissée faible contre le plaisir.

1247. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre III. Suite des Époux. — Adam et Ève. »

Si le chagrin ferme l’âme, la félicité la dilate : dans le premier cas, on n’a pas assez de déserts où cacher ses peines ; dans le second, pas assez de cœurs à qui raconter ses plaisirs.

1248. (1865) Du sentiment de l’admiration

Mais je les voudrais plus nombreux et l’on pourrait affirmer sans peine qu’ils étaient moins disséminés autrefois.

1249. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes petites idées sur la couleur » pp. 19-25

Je n’en doute point, et je le découvrirais, si je voulais m’en donner la peine.

1250. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Michel Van Loo » pp. 66-70

Je dirai cependant de ce mauvais buste, qu’on y voyait les traces d’une peine d’âme secrète dont j’étois dévoré, lorsque l’artiste le fit.

1251. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 37, des défauts que nous croïons voir dans les poëmes des anciens » pp. 537-553

Il semble que Claudien auroit eu peine à croire une chose à laquelle les provençaux ne daignent pas faire attention, s’il ne fut jamais sorti de l’égypte, où l’on croit qu’il étoit né.

1252. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 15, observations concernant la maniere dont les pieces dramatiques étoient représentées sur le théatre des anciens. De la passion que les grecs et les romains avoient pour le théatre, et de l’étude que les acteurs faisoient de leur art et des récompenses qui leur étoient données » pp. 248-264

Tite-Live finit sa dissertation sur l’origine et le progrès des représentations théatrales à Rome, par dire qu’un divertissement dont les commencemens avoient été peu de chose, étoit dégeneré en des spectacles si magnifiques et si somptueux, que les roïaumes les plus riches auroient eu peine à en soutenir la dépense.

1253. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XI. Mme Marie-Alexandre Dumas. Les Dauphines littéraires »

Mais ceux-là mêmes qui nient le plus dru l’héroïsme de par la race, sont les premiers et les plus obstinés à admettre que le talent, cet héroïsme de l’esprit, cette gentilhommerie du talent, qui ne s’est donné pourtant, comme l’autre, que la peine de naître, peut se transmettre de père en fils, — et même en fille, — et qu’en littérature, il y a des races, il y a des dynasties, il y a des Rois et des Dauphins, et, ce qui est plus fort, des Dauphines ; et, chose entièrement inconnue à cette vieille bête de monarchie qui ne connaissait que les Dauphines par mariage !

1254. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’insurrection normande en 1793 »

Ils ont essayé d’enfler cette baudruche, d’animer ce fantôme, de donner un peu d’épaisseur à ce rien… Ç’a été peine perdue, recherche inutile.

1255. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Philippe II »

Elle a cru, celle-là, pouvoir se passer du principe religieux de l’autre, et, pour sa peine, les Démocraties déchaînées sont, à cette heure, en train de l’emporter !

1256. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Avellaneda »

Un des critiques de France, qui remue le plus de faits et d’idées, Philarète Chasles, avait déjà voulu percer l’obscurité qui couvre ce personnage littéraire, réel ou fictif, d’Avellaneda, et il a entassé une science énorme sur la pointe d’aiguille d’une sagacité par trop fine peut-être… Selon nous, c’était une peine de trop.

1257. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Taine »

… Quelle critique se donnera la peine d’éventrer ce livre effrayant, pour lui regarder aux entrailles et finir par montrer qu’elles manquent ?

1258. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Dupont-White »

Assurément, une si profonde vulgarité ne valait guères la peine d’occuper le loisir d’un esprit qui a le sens pratique et résolu des choses, et dont le livre (s’il l’était pas une étude de rhéteur) devait être une espèce le Traité du prince, élevé à la hauteur des périls que court la civilisation elle-même à cette heure, et armer l’État, puisqu’il en veut la prépondérance, contre les révolutions ou l’esprit révolutionnaire qui le diminuent chaque jour un peu davantage, en attendant qu’ils l’aient renversé !

1259. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Avant-propos de la septième édition »

Mais à travers cette complication, qui tient à la complication même de la réalité, nous croyons qu’on se retrouvera sans peine si l’on ne lâche pas prise des deux principes qui nous ont servi à nous-même de fil conducteur dans nos recherches.

1260. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIII. Éloges donnés aux empereurs, depuis Auguste jusqu’à Trajan. »

Ainsi, pour salaire de ses mensonges, il eut l’ingratitude d’un tyran, une vie honteuse, une mort sanglante, et le déshonneur chez la postérité : c’était bien la peine d’être vil.

1261. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVIII. Siècle de Constantin. Panégyrique de ce prince. »

On serait tenté de se rappeler ici le mot d’un fameux Anglais52 sur Philippe V et l’archiduc, dont aucun ne se trouva à la bataille d’Almanza ; mais ce qui est plus curieux, sans doute, et qu’on aura de la peine à croire, l’orateur rapporte de très bonne foi et propose à Constantin l’exemple d’un prince qui, du haut d’une double échelle, avait regardé de loin une bataille : « Cet exemple n’est pas noble, dit-il, mais il est sûr.

1262. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre V. Du gouvernement de la famille, ou économie, dans les âges poétiques » pp. 174-185

Leur pouvoir fut armé des terreurs d’une religion effroyable, et sanctionné par les peines les plus cruelles ; c’est dans le caractère de Polyphème que Platon reconnaît les premiers pères de famille67. — Remarquons seulement ici que les hommes, sortis de leur liberté native, et domptés par la sévérité du gouvernement de la famille, se trouvèrent préparés à obéir aux lois du gouvernement civil qui devait lui succéder.

1263. (1824) Épître aux muses sur les romantiques

C’était un beau jeune homme, une tête à caprices ; Son front à demi chauve, et le désordre heureux Où tout l’art d’Hippolyte avait mis ses cheveux, Son cou penché, son air tendre et mélancolique, Ses yeux à peine ouverts, et son regard oblique, Tout en lui décelait une peine de cœur, Que de son teint fleuri démentait la fraîcheur.

1264. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Krantz a trouvé avec raison qu’on répétait un peu trop le mot fameux, sans se donner la peine de dire ce qu’on entendait. […] C’est une personnalité enrichie d’une foule d’autres sans s’être perdue, sans s’être atténuée elle-même, qui vaut la peine d’être exprimée. […] C’est avec peine que, recourant aux ouvrages particuliers de d’Holbach et d’Helvétius, M.  […] « C’est une espèce de maxime que les peines sont arbitraires dans ce royaume, dit Servan en 1766. […] Il se donna, pour cette entreprise, une peine énorme dans les deux dernières années de sa vie.

1265. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

La peine de mort pourrait même résister au triomphe des doctrines de l’irresponsabilité ; il suffirait de déclarer que ce n’est pas proprement une peine. […] Mais sa mère, la voyant fort en beauté, n’était pas en peine. […] Ils prennent de la peine, mais la belle lumière du jour les baigne et les pénètre. […] Non, je quitte avec peine ces bois et ces vignes. […] Peine perdue !

1266. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Il a obtenu, comme tous les bons ouvriers, le salaire de sa peine. […] On regarde avec une sérénité immobile et dédaigneuse l’humanité qui remue et qui peine. […] Pourquoi consacre-t-il son temps, son talent, sa peine à renouer des ficelles de polichinelles cassés ? […] C’est grâce au mal et à la souffrance que la terre peut être habitée et que la vie vaut la peine d’être vécue. […] Il s’est confessé, non sans peine.

1267. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

— Que de peine vous vous donnez, lui dit Boris en s’avançant pour la délivrer de son plateau. — Une très petite peine, répondit la jeune fille. […] » Cette dernière réflexion lui fit plus de peine qu’il ne l’aurait cru. […] Elle s’était mariée sans peine, mais sans enthousiasme ; elle avait été fidèle et dévouée à son mari, mais elle ne pouvait lui donner toute son existence. […] Est-il possible de se donner tant de peine pour un chien ?

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