Dickens est demeuré célèbre ; une part de la gloire littéraire de ce temps lui appartient presque en tous pays. […] L’œuvre de Dickens n’étant pas, par excellence, une œuvre de réalisme descriptif, mais bien une déformation émue du spectacle social, formule un jugement sur ce qui est aimable ou détestable dans le monde, aboutit à fonder une sorte de morale pratique qu’il sera intéressant de connaître, qui n’est ni la morale de ce temps, ni celle du pays où Dickens est né, et qui donnera des lumières complètes sur ses inclinations et son idéal. […] Dans un pays où l’on sait se faire gloire d’être un parvenu, il eut singulièrement toute sa vie la honte de sa misérable enfance et le ressentiment de ses débuts pénibles.
On n’oriente ni les édifices publics ni les édifices particuliers, on ne trace ni méridienne ni cadrans sans éléments d’astronomie ; il est cependant plus important de connaître les lois et les mœurs de son pays que la théorie de la lune ou des comètes, mais les sciences sont si faciles de nos jours, et les enfants ont tant de temps devant eux ! […] A l’étude de la grammaire générale raisonnée je fais succéder celle de la langue de son pays, car s’il faut écrire et parler correctement une langue c’est la sienne. […] Xénophon, le doux Xénophon qu’on appela la Muse attique, a pris l’histoire de son pays où Thucydide l’avait laissée.
Ici comme plus haut, et à toutes les époques de ses travaux historiques, c’est toujours le pamphlétaire rétrospectif contre l’histoire de France, et principalement contre les hommes qui honorent plus que leur pays, en honorant, par leur effort de volonté ou de génie, ces choses que les âmes basses méprisent : le Pouvoir, le Gouvernement, l’Autorité. […] Il les faisait, le cœur saignant, quitte à les faire payer plus tard aux hommes ou à la destinée, courbé dans ses intrigues de cour comme un géant enchaîné sous une porte basse, descendant aux plus vils procédés avec une nature héroïque, amant réel ou joué des reines qui l’avaient en mépris, pourvoyeur de favoris afin de tenir mieux contre les pourvoyeuses de maîtresses, vivant avec ce roi ennuyé qui le détestait, comme on vit en tête-à-tête avec un tigre, quand on n’a pas de pistolets, mais acceptant tout cela, et ces indignités, et ces ravalements, et ces abaissements, et ces étouffements pour le service de son idée et de la France, et pour donner à un pays qui s’en allait à l’anarchie par toutes ses pentes, la solidité d’un État ! […] Par tout pays, c’est un prestige.
Il n’est plus dans ce pays-là de gens faits comme Joseph Scaliger, Baudius, Heinsius, Salmasius et Grotius. […] Plempius, célèbre professeur en médecine, est mort… Adieu la bonne doctrine en ce pays-là !
je ne me rappelle pas… » — « Si fait, c’est au sujet des contributions levées en pays ennemi. […] Depuis les victoires de Bonaparte en Italie, il était évident, en effet, que les généraux et leurs troupes, au lieu de dépendre du gouvernement central qui les soldait, devenaient au contraire, par les contributions levées en pays conquis, les trésoriers de la nation et les percepteurs à main armée du gouvernement.
La correspondance débute tout à fait comme dans un roman : Je suis ici, écrit Lassay, dans un château au milieu des bois (le château de Lassay dans le Maine), qui est si vieux, qu’on dit dans le pays que ce sont les Fées qui l’ont bâti. […] Ninon, qu’il connaissait et avec laquelle il était lié, lui avait autrefois adressé, à l’occasion de l’une de ses espérances manquées, quelque consolation assaisonnée de réprimande et quelque rappel à la philosophie ; il lui répondait avec bonne grâce, en lui donnant raison sur le fond : Quant à l’extérieur, ajoutait-il, il faut faire à peu près comme les autres, et c’est être fou que de vouloir être sage tout seul… Qu’on me laisse chez moi vivre en repos ; qu’on m’y laisse choisir mes plaisirs et mes amusements et jouir tranquillement de mon bien, je serai trop content ; mais cela est impossible en ce pays-ci ; c’est la pierre philosophale qu’on cherche inutilement depuis tant de temps : tout le monde vient vous y tourmenter.
Après avoir rejoint Catinat, Villars diffère encore d’opinion avec lui dans la supposition d’une retraite prochaine : quand l’ennemi ferait un mouvement dans la Haute-Alsace, il est d’avis qu’on n’abandonne pas Saverne, et qu’on se poste vers la montagne, assurant sa communication avec la Lorraine ; au lieu que Catinat, qui craint pour le pays plat d’Alsace, veut tenir sur le Rhin. […] Et au ministre Chamillart il écrivait d’un ton moins léger : Ceux qui publient que je ne veux pas joindre M. l’électeur de Bavière, et que j’ai repassé le Rhin pour voir Mme de Villars, qui ne m’a pourtant pas beaucoup occupé pendant mon siège de Kehl, ne songent sans doute pas que j’ai dû me conserver de la subsistance pour repasser le Rhin ; qu’il y a un esprit de prévoyance dans la guerre de campagne pour ménager un pays qui doit nous servir dans les nécessités urgentes, et que de ces ménagements dépend quelquefois le succès d’une campagne.
Il est vrai que, pour bien faire, votre imprimeur devrait être en ce pays-ci : il faudrait avoir deux corps, l’un à Paris pour y ramasser ces matériaux, et l’autre en Hollande pour y faire imprimer l’ouvrage que l’on en composerait… » J’ai eu souvent, je l’avoue, une idée analogue. […] J’avais en ces pays un ami, un de ceux de qui l’on peut dire qu’ils sont unanimes avec nous, un autre moi-même, M.
Ne demandons pas tout à fait à chaque pays les mêmes procédés ; Virgile nous a dit : Nec verro terræ ferre omnes omnia possunt. […] Achille, de son côté, fait de même et se précipite au milieu des Troyens, frappant à droite et à gauche ; — nous y voici : « Il frappe d’abord Iphition, le vaillant fils d’Otrynte, chef de peuples nombreux, que la nymphe Néis avait engendré au valeureux Otrynte, au pied du Tmolus neigeux, dans le gras pays d’Hyda. » Achille le pourfend et s’écrie : « Gis ici, fils d’Otrynte, le plus effrayant des hommes, c’est ici qu’est ton trépas ; et ta naissance est au bord du lac Gygée, où est ton domaine paternel, près de l’Hyllus poissonneux et du tournoyant Hermus. » Nous avons là un exemple de la beauté homérique dans toute son étendue et son expansion : elle est volontiers éparse et non concise.
Quoi qu’il en soit, Saint-Évremond, averti à temps du danger, quitta la France, se réfugia en Hollande, puis en Angleterre, alterna quelque temps entre les deux pays, opta finalement pour Londres, et ne revint jamais. […] Les exilés, gens d’esprit, écrivains, qui sortent de leur pays pour n’y plus rentrer et qui vivent encore longtemps, représentent parfaitement l’état du goût et la façon, le ton de société ou de littérature qui régnaient au moment de leur sortie.
Mais, ayant été placé chez un curé du pays vers l’âge ordinaire de la première communion, les développements qu’il entendit éveillèrent sa contradiction sur quelques points ; l’amour-propre se mit en jeu ; les arguments philosophiques qu’il avait lus lui revenaient en mémoire. […] Tout cela se fit par degrés, selon les temps et les pays ; il y eut chez nous une ère transitoire qui eut sa splendeur sous Louis XIV, sa mourante lueur sous la Restauration, et durant laquelle, tout en reconnaissant la puissance spirituelle, en lui rendant hommage en mille points, en se signant ses fils aînés, on se posa en face d’elle comme pouvoir indépendant, à jamais légitime de père en fils sur la terre.
Toujours en haleine, aux écoutes, faisant de fausses pointes et revenant sur sa trace, sans système autre que son instinct et l’expérience, il a fait la guerre au jour le jour, selon le pays, la guerre à l’œil, ainsi que s’exprime Bayle lui-même, qui est le génie personnifié de cette critique. […] Le métier de critique est comme un voyage perpétuel avec toutes sortes de personnes et en toutes sortes de pays, par curiosité.
« Dans la séance du 29 mars dernier, au moment où j’ai revendiqué le droit de défendre, ne fût-ce que moyennant protestation de ma part, des opinions philosophiques, honorables et respectables, au nom de la liberté de penser », vous m’avez adressé cette parole, imprimée au Moniteur : « Vous n’êtes pas ici pour cela. » « Au milieu de tant d’autres paroles, insérées également au Moniteur, et qui firent explosion en ce singulier moment, où il m’a été donné d’être désigné devant le pays comme une sorte de paria au sein du Sénat, votre apostrophe offensante me parut la seule qui fût à relever, à réfuter, parce qu’elle atteignait directement mon droit, qu’elle le niait, et que, sous sa forme impérieuse et leste, elle était la plus contraire à ce qu’on doit attendre d’un collègue, c’est-à-dire d’un égal. […] « Je n’ai aucun droit à me ranger parmi ceux qui « savent les choses de la pensée, de la plume et de la parole. » Mais je ne suis pas plus que lui un docteur des armes : je suis tout bonnement un homme de mon temps et de mon pays, qui ne veux pas être insulté.
Otons ces vêtements surajoutés ; prenons l’homme en soi, le même dans toutes les conditions, dans toutes les situations, dans tous les pays, dans tous les siècles, et cherchons le genre d’association qui lui convient. […] Les enfants qui ont actuellement dix ans se trouveront alors des hommes préparés pour l’État, affectionnés à leur pays, soumis, non par crainte, mais par raison, à l’autorité, secourables envers leurs concitoyens, accoutumés à reconnaître et à respecter la justice. » — Au mois de janvier 1789434, Necker, à qui M. de Bouillé montrait le danger imminent et les entreprises immanquables du Tiers, « répondait froidement et en levant les yeux au ciel qu’il fallait bien compter sur les vertus morales des hommes » Au fond, quand on voulait se représenter la fondation d’une société humaine, on imaginait vaguement une scène demi-bucolique, demi-théâtrale, à peu près semblable à celle qu’on voyait sur le frontispice des livres illustrés de morale et de politique.
C’est ce qui fait encore aujourd’hui que les plus grands esprits de l’Italie, tels que le Dante, bannis de leur patrie comme partisans de l’empire, sont vénérés comme patriotes, quoique ayant trahi leur pays en faveur des Gibelins, partisans de l’empereur. […] Laurent fonda Livourne et la marine toscane, et mit sous les auspices de la religion le commerce de son pays ; il plaça sur la flotte douze jeunes gens des premières familles de Florence, et séduisit les grands seigneurs ottomans par la magnificence de ses présents : l’Égypte et ses trésors s’ouvrirent ainsi devant lui ; il prit à bail toutes les mines d’Italie et s’empara ainsi, en bénéfice, de tous les immenses revenus intérieurs.
Et voilà qu’en cherchant Montaigne, il a vagabondé de corps et d’esprit, surtout d’esprit, à travers tous les pays et tous les siècles : en cherchant les plus douces assiettes et les plus aisées postures, il a essayé toutes les assiettes et toutes les postures où la pauvre humanité s’est figurée à chaque moment trouver le repos pour l’éternité des siècles. […] En religion, il sera bon catholique, lui de qui l’âme est si peu chrétienne : c’est qu’il faut suivre aussi la religion de son prince et de son pays.
La France me paraît de plus en plus un pays voué à la nullité pour le grand œuvre du renouvellement de la vie dans l’humanité. […] Vaudrait-il mieux engager avec eux ces misérables controverses où ils auraient l’avantage de soutenir le beau et le pur, et où j’aurais l’air de m’assimiler à ce qu’il y a de plus vil ; car l’antichristianisme a, dans ce pays, une couleur si détestable, si basse, si dégoûtante, qu’en vérité il y aurait de quoi m’éloigner, ne fût-ce que par modestie naturelle.
. — Le progrès de l’industrie, dit-il, amène le développement de la puissance publique de trois manières : d’abord l’industrie, en réunissant un grand nombre d’hommes dans des cités populeuses, appelle des lois de police, une surveillance compliquée et coûteuse, la crainte des révolutions et par conséquent l’augmentation de la force publique ; en second lieu, un pays où l’industrie prospère a besoin de routes, de ponts, de ports, de canaux : de là un immense déploiement des travaux publics, et par suite de la puissance de l’État. En outre, dans un pays industriel, l’État lui-même se fait industriel et tend à devenir le chef de toutes les industries.
Lorsque dans le dix-septiéme Chant, Marin fait voyager Vénus dans l’Asie, il l’a fait pleurer à l’aspect de ces pays dont un jour les Turcs s’empareront pour établir le croissant sur les ruines de la Croix. […] Le fond de cet ouvrage n’est ni une guerre, ni une querelle de héros, ni le monde en armes pour une femme ; c’est un nouveau pays découvert à l’aide de la navigation.
Mais il n’est pas douteux que, là encore, à part ces inspirations accidentelles que l’amour de la patrie pourrait exciter dans la première âme venue, il y avait, plus qu’en aucun autre pays, un foyer continu de tradition et d’enthousiasme. […] « Tu n’auras pas avec eux même la société de la tombe ; car tu as ruiné ton pays, tué ton peuple ; et la semence des méchants ne sera pas nommée dans l’éternité.
Guizot un mémoire sur l’étude qu’on a faite aux xvie, xviie et xviiie siècles de la littérature des xiie, xiiie, xive et xve siècles : c’est un travail minutieux, mais assez joli, qui me fait voir du pays et qui m’est utile .
Cet homme eut l’oppression des montagnes sur le cœur ; il en eut la noble infirmité et le chaos dans les hasards de ses délirants systèmes ; il en eut les contours et la virginité dans le galbe sans soleil de son style blanc et terne. » Mais c’est en entrant dans le Valais seulement que l’on comprend bien certaines descriptions désolées d’Oberman et ces contrées d’un amer abandon : le pays et le livre s’expliquent l’un par l’autre, et je me suis dit tout d’abord à cette vue : Et l’ombre des hauts monts l’a durement frappé !
Voici la profession de foi politique du siècle, suivant M. de Carné, et nous la ratifierions en tout point, sous la réserve de l’expliquer et de la préciser : 1° Tout pouvoir tire sa légitimité de sa conformité à la loi morale et à l’utilité du plus grand nombre : son droit est subordonné à cette utilité reconnue par les corps politiques auxquels le pays a confié mission de la constater ; 2° aucune classification permanente de la société n’est désormais possible, et une aristocratie mobile et personnelle tend à remplacer l’aristocratie héréditaire légale ; 3° les idées tendent, selon les progrès graduels des mœurs, à faire prévaloir le principe électif pour les fonctions publiques ; 4° la publicité est désormais la condition essentielle du pouvoir, en même temps qu’elle deviendra son principal appui.
Ainsi ont fait constamment en tout temps, en tout pays, les orateurs, les hommes d’État, les avocats, tous ceux qui ont eu à cœur de démontrer quelque chose ou de persuader quelqu’un.
Et les plus grands écrivains de tous les temps et de tous les pays ont-ils fait autrement ?
Mais qu’est-ce que vous voulez qu’on dise de ce conteur robuste et sans défauts, qui conte aussi aisément que je respire, qui fait des chefs-d’œuvre comme les pommiers de son pays donnent des pommes, dont la philosophie même est ronde et nette comme une pomme ?
Émile Verhaeren est né à Saint-Amand, près Anvers, le 21 mai 18… Une partie de son enfance s’écoula en plein pays flamand, au bord de l’Escaut.
Ma famille, dit Céard, était de la Champagne, et si, dans ce pays, on discerne il merveille les grimaces et les vices, on ne les clame pas, on se contente d’en rire en dedans.
Ceux-là n’étaient pas enthousiastes de leur pays ; ils remarquaient que notre langue s’était perfectionnée, tandis que la leur était restée presque barbare.
Ainsi le commerce nous rend citoyens de tous les pays : et le dogme de la confraternité de tous les hommes qui habitent la terre nous est enseigné par le besoin que nous avons les uns des autres.
[Le Pays, 13 avril 1858.]
[Le Pays, 12 février 1853.]
Le Pays, 3 janvier 1860.
Lachat a entrepris, et qui devrait honorer la littérature du pays où il s’est produit ?
Les meilleurs fruits de mon panier (Pays, 19 mai 1862).
Louis Bouilhet peut faire : ce sont ceux que faisait si bien son compatriote Saint-Amand… La gaieté, cette fleur charmante de la vigueur de l’esprit, blanche et rose comme celle des pommiers de notre pays (ne sommes-nous pas Normands, M.