On a eu des voyages en vers et en prose sur le même ton et d’après le même patron ; La Fontaine, Regnard, Hamilton, Le Franc de Pompignan, Desmahis, Voltaire, Bouliers, Bertin, Parny (j’en oublie encore), se sont mis à voyager en vers et en prose en se ressouvenant plus ou moins du premier modèle, et il en est résulté un genre artificiel et factice. […] Il laissa bientôt pour toujours les longs projets de travail, garda seulement les conclusions pratiques d’Épicure, et s’oublia de plus en plus. […] L’évocation de la Garonne et du dieu du fleuve est du genre burlesque et n’est qu’une parodie qui put paraître agréable à ceux que ne rebutait point Scarron : Il (le fleuve) se moucha, cracha, toussa, Puis en ces mots il commença… N’oublions point cette différence essentielle entre les modernes et les anciens.
Ce manuscrit donné, elle l’oublia sans doute ; de graves événements survinrent, qui occupèrent toutes les dernières années de sa vie. […] Votre générosité vous a fait oublier mes fautes passées, mais ne m’empêche pas d’y penser à toutes les heures du jour. […] Voltaire, reconnaissant de son procédé et de tout ce qu’elle eut avec lui de gracieux pour lui faire oublier l’accident de Francfort, lui a rendu ce témoignage : « Jamais une si belle âme ne sut mieux faire les choses décentes et nobles, et réparer les désagréables63. » L’aventure de Voltaire rendit Frédéric plus circonspect.
Voici, de tout le Journal, la page, selon moi, la plus caractéristique et la plus propre à nous faire juger de l’humeur excitée et charmante du voyageur excellent : « Je crois à la vérité, nous dit son secrétaire, que, s’il eût été seul avec les siens, il fût allé plutôt à Cracovie ou vers la Grèce par terre, que de prendre le tour vers l’Italie ; mais le plaisir qu’il prenait à visiter les pays inconnus, lequel il trouvait si doux que d’en oublier la faiblesse de son âge et de sa santé, il ne le pouvait imprimer à nul de la troupe, chacun ne demandant que la retraite, tandis que lui, il avait accoutumé de dire qu’après avoir passé une nuit inquiète, quand au matin il venait à se souvenir qu’il avait à voir ou une ville ou une nouvelle contrée, il se levait avec désir et allégresse. […] Il n’y a danger qu’on n’oublie rien avec lui. […] J’allais oublier son grave enfantillage d’ambitionner d’être citoyen romain ; il y parvint, non sans peine.
On saura désormais, grâce à son utile travail, tout ce qu’on peut savoir au juste sur les deux légendes qu’on est sujet à confondre, sur le Père Le Jeune de l’Oratoire, le Père Senault, et autres précurseurs plus ou moins oubliés. […] Il avait une de ces mémoires heureuses comme nous en connaissons ; ce qu’il avait su une fois, il ne l’oubliait jamais, et, âgé de plus de soixante ans, il citait, à l’occasion, des passages de Cicéron, de Virgile ou d’Horace qu’il n’avait guère relus depuis sa jeunesse. […] N’oublions pas que c’est ce même homme qui eut l’art de détacher, sur la fin, Nicole du Jansénisme et de le rallier en partie.
Soulié, que, le dimanche, dans la belle saison, on devait conduire les enfants chez leur grand-père pour leur faire prendre l’air des champs : « L’inventaire des objets restés dans la chambre de cette maison, occupée par les époux Poquelin, prouve qu’on trouvait là tout ce qui était nécessaire pour passer une nuit ; on n’y a oublié ni les boules de buis qui servaient sans doute de jouets aux enfants, ni la paire de verges destinée à les corriger. » Ce confort, cette opulence domestique de la maison Poquelin, tenaient en partie à la présence de la femme dans la maison : il est permis de le penser ; du moins, dans le dernier inventaire fait chez Jean Poquelin bien des années après, tout dénote négligence, désordre et abandon ; ce père, en vieillissant, n’était plus le même. […] Les nouvelles indications dues à Daniel de Cosnac, futur archevêque et, pour lors, intendant des plaisirs du prince de Conti, les confessions du joyeux compagnon d’Assoucy, les moindres indices semés çà et là, rien n’est oublié ; mais surtout l’esprit des choses est ressaisi, et le Molière que M. […] Aimer Molière, c’est être assuré de ne pas aller donner dans l’admiration béate et sans limite pour une Humanité qui s’idolâtre et qui oublie de quelle étoffe elle est faite et qu’elle n’est toujours, quoi qu’elle fasse, que l’humaine et chétive nature.
A l’entendre, si sa mère le poussait trop loin et prétendait lui imposer plus que des conseils, lesquels il serait toujours ravi de recevoir ; si l’on oubliait pourtant qu’il était majeur enfin et voulait être maître, il ne demandait pour juge et arbitre en ce conflit que le roi lui-même, ajoutant : « Qu’il ne pouvait, croire que le roi voulût empêcher un prince légitime de gouverner ses États ; qu’il lui enverrait quelqu’un de confiance pour lui marquer son zèle et son respect ; qu’il n’entrerait jamais dans d’autres intérêts que les siens ; qu’il ne se marierait que de sa main, et que, se tenant dans ces termes et que faisant encore plus pour son service que n’avait fait Madame Royale, il était persuadé de n’être point désapprouvé de lui dans les démarches qui pouvaient lui donner à lui-même un peu de considération. » Il allait plus loin à certains moments, et comme s’il avait obéi à un élan de son cœur : « Eh bien ! […] Louvois et Louis XIV l’oublièrent trop dans cette période triomphante. […] Il semble qu’en tout ceci j’aie un peu oublié Louvois.
Pour peu qu’on cherche ou qu’on interroge, on trouve une comédie d’Imbert, une autre du marquis de Bièvre, toutes deux restées, comme on dit, au répertoire ; le Mari à bonnes fortunes n’est pas oublié ; quantité surtout de jolis vaudevilles, hier encore en vogue, viennent se présenter à l’esprit : le Réveil du lion, la Deuxième année, un Mari qui se dérange… Mais, à prendre le sujet dans sa largeur et sa simplicité, à se figurer Lovelace, don Juan ou le comte Almaviva mariés, il me semble que deux idées s’offrent d’abord : la première, si l’on veut, et la plus naturelle, c’est celle du fat et du libertin puni. […] As-tu oublié ma honte et ma douleur premières à ces fatals soupers où tu réunissais, au milieu des bacchantes, artistes, écrivains, compositeurs, poëtes, où chacun excellait en quelque chose, les uns types modernes de la beauté an’ique, les autres étincelants de saillies, servant aux convives leur esprit toujours présent, celui-ci sa verve satirique, celui-là son intarissable gaîté de sublime bohème ; saturnales du génie, vrai paradis du vice ! […] En vain Herman l’a prise dans ses bras et la supplie de s’y oublier, ne fût-ce qu’une nuit, ne fût-ce qu’une heure ; Pompéa s’en arrache : ce qu’elle veut, c’est le duc Pompée tout entier, tel qu’autrefois, lui ou rien : « Ou toujours, ou jamais !
De quelque côté qu’on la prenne et qu’on essaye de la retourner, l’action n’est pas belle ; c’est une perfidie, et si l’espèce de fureur dont est saisi Saint-Simon toutes les fois qu’il y revient peut faire sourire, n’oublions pas qu’il est meilleur juge que personne de la noirceur du tour, puisqu’il savait seul à quel semblant de bonne grâce, d’émotion et de tendresse à son égard s’était portée, dans le tête-à-tête, la reconnaissance du duc de Noailles pour les offices généreux qu’il lui avait rendus. […] Tout à tous avec une aisance surprenante, et n’oublie pas dans les maisons à plaire à certains anciens valets. […] C’était un travailleur et un remanieur insatiable : mais n’oublions pas non plus que le propre des travailleurs est de se perfectionner.
Il est à croire qu’en comptant ainsi, il oubliait un peu le chiffre des gains. […] Je trouve donc fâcheux que vous ayez fait une démarche qui me rappelle des souvenirs que je désirais et que je désire oublier. » Ces grondements ou ces éclats de tonnerre n’empêchaient pas qu’à l’occasion l’empereur ne lui donnât encore des marques effectives de bienveillance et de î solide intérêt. […] Mais dans cette alternative de procédés contraires, Napoléon, qui connaissait les hommes, oubliait trop cependant que s’il est des bienfaits qui obligent, il y a des insultes qui aliènent à jamais et qui délient.
Mais peu à peu, les obstacles ou les distractions aidant, elle se rabattit à l’amitié (grand mot des femmes, soit pour introduire, soit pour congédier l’amour), et elle en vint le plus ingénument du monde à oublier de plus douces promesses si souvent écrites, et mêmes faites à lui parlant, et non-seulement de la voix. […] Mille fois du moins, dans ces vieux romans tant goûtés, on voit le page, messager d’amour, dans sa grâce adolescente, faire oublier à la dame du château celui qui l’envoie. […] Comment donc oublier à son tour ?
Une fois le mariage de Germain et de Marie décidé, le peintre les oublie un peu pour nous décrire la cérémonie des noces, les rites et coutumes du pays qui ont cessé en partie à l’heure qu’il est, et qu’on ne peut s’empêcher de regretter : « Car, hélas ! […] Il y a des moments où le chanvreur, qui est censé parler, oublie que c’est lui qui parle, et il s’exprime comme ferait directement Mme Sand ; puis il s’en aperçoit tout à coup, il remet des mots de campagne, des locutions vieillies, et cela fait un léger cahotement. […] J’oubliais la suite de mon analyse, et je la finis en deux mots.
On fait avec lui de fines, de gracieuses, de coquettes et aussi de très joyeuses connaissances, on en fait à d’autres jours de très vilaines ; mais, une fois faites, ni les unes ni les autres, on est bien sûr de ne les oublier jamais. […] C’est au même mal qu’avait succombé, il y a trois ans à peine, Frédéric Soulié, qu’il serait injuste d’oublier, dès l’instant qu’on groupe les principaux chefs de cette littérature. […] Si je l’ai oublié, qu’on sache bien que je ne crains pas que d’autres s’en souviennent.
Le roi de Prusse, qui distribue cette édition magnifique, a oublié notre Institut de France dans ses largesses. […] Il oublia sa propre maxime : « La réputation de fourbe est aussi flétrissante pour le prince même, que désavantageuse à ses intérêts. » Mais ici l’intérêt considérable du moment et de l’avenir, l’instinct de l’accroissement naturel, l’emporta. […] Il oubliait que lui-même, écrivant à Voltaire, lui avait dit : « Tout homme a une bête féroce en soi ; peu savent l’enchaîner, la plupart lui lâchent le frein lorsque la terreur des lois ne les retient pas. » Son neveu, Guillaume de Brunswick, se permit un jour de lui faire sentir l’inconséquence qu’il y avait à relâcher ainsi les liens religieux qui retiennent la bête féroce.
Les grandes guerres et les événements inouïs qui ont rempli la fin du dernier siècle et les quinze premières années du nôtre, nous ont trop fait oublier ce qu’avaient de terrible et d’inouï aussi à leur moment les douze premières années du xviiie siècle. […] On retrouve là un ressouvenir bien placé de ces tête-à-tête de Marly, dans lesquels Louis XIV ne dédaignait pas d’associer Mme des Ursins à sa politique ; elle avait raison d’en être fière et de le rappeler à celle qui l’oubliait. […] Je n’ai pas oublié, dans le détail que j’ai pris la liberté d’écrire au roi (à Louis XIV), que je ne mangeais que deux vieux œufs par jour ; j’ai cru que cette circonstance l’exciterait à avoir pitié d’une fidèle sujette qui ne mérite, ce me semble, par aucun endroit un pareil mépris.
Cette étude des mathématiques et de l’astronomie, où il s’était assez longtemps oublié, lui semblait un des égarements et une des dissipations de sa jeunesse. Sans ambition, sans passion violente, entremêlant une libre étude, souvent opiniâtre, à des distractions de société, à des lectures en commun, à de petits concerts, négligé et oublié de son évêque, il vivait ordinairement à Aubagne au sein de sa famille et faisait de temps en temps à Marseille ou à Aix des voyages qui entretenaient ses relations avec les savants du pays. […] Walpole renouvelle à tout propos ces portraits de la jolie duchesse, et, puisque j’en suis à ces échantillons divers de son pinceau, j’ajouterai celui-ci encore, comme le plus complet et le plus ravissant de tous : La duchesse de Choiseul n’est pas fort jolie, mais elle a de beaux yeux, et c’est un petit modèle en cire qui, pendant quelque temps, n’ayant pas eu la permission de parler, comme en étant incapable, a contracté une modestie dont elle ne s’est point guérie à la Cour, et une hésitation qui est compensée par le plus séduisant son de voix, et que fait oublier le tour d’expression le plus élégant et le plus propre.
Une douleur continuellement oubliée et continuellement reproduite, comme une série de violentes étincelles électriques, n’en serait pas moins un horrible supplice. […] A force de vouloir tout ramener à la relativité, on oublie les termes réels de toute relation, on intellectualise toute chose ou, ce qui revient au même, on ramène tout au mécanique en même temps qu’au logique. […] Originairement, l’intelligence n’a pas d’autre objet que les différents plaisirs ou déplaisirs : c’est la première chose qui l’intéresse et l’éveille ; en se développant, elle est obligée de faire attention aux ressemblances ou aux différences, à l’ordre des phénomènes, et elle finit par y faire une attention telle qu’elle cesse de se rappeler le plaisir et la peine ; absorbée dans la relation, elle oublie les termes de la relation même, qui deviennent peu à peu pour elle de simples moyens secondaires, des signes, des symboles de plus en plus dépouillés de leur caractère affectif et émouvant.
S’il y a, dans leurs contes, des récits dont un ressentiment, souvent féroce128, fait le fond, il s’en trouve beaucoup aussi où l’offensé oublie son ressentiment, telle l’orpheline pardonnant à sa marâtre (La marâtre punie), le pauvre pardonnant au fils de roi (D’où vient le soleil). […] Chez les fétichistes surtout on constate une certaine facilité à oublier les injures, tandis que le pieux NDar, envoyé d’Allah, ne pardonne pas à sa mère et que S. […] Diêgui, croyant, n’oublie qu’à demi les mauvais procédés de Konkobo Moussa à son endroit, non plus que ceux du tounka envers sa mère.
… À quoi d’impérieux a-t-il obéi en se décidant pour la science, après avoir donné à ses amis, dans des confidences qu’ils n’oublieront jamais, la preuve des plus hautes aptitudes littéraires ? […] Cela n’est pas sa faute, à cet historien qui n’oublie rien et qui pénètre tout, si l’histoire lui manque sous les pieds, si son cabestan n’enlève que des pailles au lieu d’arracher des montagnes, et si toute cette histoire de la comédie, dont l’origine est religieuse, peut s’écrire partout avec deux mots : des prêtres sur lesquels se sont entés des baladins ! […] C’est quelque chose de mieux organisé, de plus théorique, de plus précis, de plus complet ; mais surtout, notez-le et ne l’oubliez pas !
Rappelez-vous — si vous le pouvez — les fameux articles, si fameusement oubliés, de la Revue des Deux-Mondes. […] Et c’est même ce qui peut arriver de plus heureux pour l’honneur de Mérimée, c’est qu’on les oublie ; car, si on s’en souvient, elles diminueront étrangement l’homme qui les a écrites et l’idée qu’on avait de la puissance et de la distinction de son esprit. […] Stendhal, qu’il a imité et qu’il n’égala jamais d’aucune manière, Stendhal, qui s’était mêlé aux polémiques du temps et qui venait de publier son étrange chef-d’œuvre de Rouge et Noir, avait eu pour lui les bontés que le génie a pour le talent, mais l’homme qui travailla le plus, dans ce temps-là et depuis, à le faire célèbre, fut, nous l’avons dit plus haut, Gustave Planche, presque oublié maintenant, mais qui tenait alors, à la Revue des Deux-Mondes, le bâton haut d’une critique redoutée.
Mais s’ils l’avaient exprimée, cette poésie de la Pauvreté, ce n’avait guères été qu’en passant, par traits détachés, par éclairs, en quelques groupes ou en quelques têtes flambant de génie, dans un coin de livre ou de tableau… Qui les avait vues, ces têtes, les avait contemplées ; qui les avait contemplées ne pouvait plus les oublier. […] Balzac, il est vrai, était chrétien, et il n’oubliait pas qu’il le fût. […] Jean Richepin publia son volume des Blasphèmes, on put voir clairement pourquoi il avait oublié le Christianisme et ses influences sur ces pauvres dont il écrivait l’histoire.
Sa Dissertation sur les Revenans & les Vampires fit beaucoup de bruit dans sa nouveauté, & est aujourd’hui oubliée pour son honneur.
Dorat n’est pas capable de faire oublier le sien.
Nous avouerons qu'il en a besoin ; mais tout Lecteur sage, judicieux, oubliera volontiers l'expression en faveur des questions neuves qu'il discute dans son Ouvrage, & de la solidité avec laquelle il développe les vrais principes.
Et, par reconnaissance, elle n’oublia jamais, chaque fois qu’elle mangeait son couscouss, d’en donner la première et la dernière poignée au gros chien noir qui l’avait tirée de ce mauvais pas.
L’absence fit bien vite oublier le conscrit ; à son premier congé, Mariette était fiancée. […] « Et la jeune fille en fut émue et pâle : — Nenni, tu m’oublieras. « — T’oublier, toi, ma tendre amie ! […] Il est vrai qu’en 1630, date de la publication, Garcia était mort et bien oublié. […] La Faustin est une bonne fille, point bégueule, et assez portée, sinon à oublier, à remplacer les absents.
Biré a vraiment trop oublié le poète, et ainsi, une biographie qui devait surtout être littéraire, se termine en brochure ou plutôt en pamphlet. […] Mais on put croire un moment qu’il l’avait oublié. […] C’est ce qu’oublient trop volontiers ceux qui croient n’avoir besoin pour composer la civilisation que de l’histoire de la Grèce et de Rome. […] Gumplowicz semble avoir tout à fait oublié. […] Le Français qui le dit n’apprend rien à l’étranger : je serais heureux qu’il le rappelât à quelques Français qui l’ont trop oublié.
Elle oubliait qu’une femme persécutée de sermons, manœuvrée comme un ballot, réglée comme une horloge, pouvait prendre en aversion une autorité si harassante. […] Vous-même, mon cher monsieur, vous oubliez votre sieste ordinaire après dîner, et vous vous trouvez tout d’un coup (quoique vous perdiez invariablement) très-amoureux du whist. […] Détournés de lui, au lieu d’être ramenés sur lui, nos yeux s’égarent et l’oublient ; au lieu d’être absorbés, nous sommes distraits. […] Ses souvenirs lointains, débris mutilés d’une vie oubliée, ont un charme extrême ; on redevient enfant avec lui. […] On oublie l’auteur, on entend le vieux colonel, on se trouve transporté cent ans en arrière, et l’on a le contentement extrême et si rare de croire à ce qu’on lit.
Comme celle-ci ne conduisoit plus aux dignités & aux récompenses, elle fut entièrement oubliée. […] Il avoit été, depuis Térence jusqu’à lui, entièrement oublié. […] Quand on réfléchit sur l’honnêteté de ce procédé, & sur le bien qu’il a produit, on voudroit oublier, que l’honnête Chapelain étoit un mauvais Poëte. […] Les langues Grecque & Latine y tiennent si peu de place, que l’Elève les oublie pour toujours, dès qu’il est une fois sorti des mains de son maître. […] Pourrions-nous oublier que c’est elle, qui nous a tirés de cette honteuse & profonde ignorance où nous avons langui pendant tant de siècles ?
Il taille ses statuettes en un marbre difficile, et s’il y a aux murs de son atelier les esquisses les plus nouvelles et les reproductions des plus récentes œuvres d’art connues, il sait les oublier quand il travaille… La beauté d’Yvelaine réside plus dans la forme, dans les heureuses et sobres métaphores et les précieuses analogies que dans son symbole même… M.
Tandis que le café-concert abrutissait la masse avec des refrains idiots, Pottier, en exil ou à l’écart, obscur, oublié, jetait aux quatre murs de sa chambre ces chansons de bataille, de revendication et de miséricorde : Jean Misère, Jean Lebras, Don Quichotte, Madeleine et Marie, Ce que dit le pain, Le Chômage, Tu ne sais donc rien, Chacun vit de son métier, Le Jour du terme, L’Insurgé, La Sacoche, Elle n’est pas morte, et cet émouvant Contremaître de fabrique, perdu dans ses œuvres posthumes… Yvette Guilbert peut convoquer le ban et l’arrière-ban de ses fournisseurs de tragique, reprendre Jules Jouy et faire appel à ses émules, elle aura de la peine à découvrir quelque chose qui atteigne au pathétique du Fils de la fange, des trois simples strophes intitulées : Déjà, ou du refrain, moins ignoré, si douloureux, si poignant, si pareil à un glas dans la bouche de Jean Misère : Ah !
Ce succès se soutiendra, selon toute apparence, puisque les Ouvrages de M. de Buffon ne l’ont point fait oublier, malgré la supériorité de cet Ecrivain sur son Prédécesseur.
N’oubliez pas cette note ; et gardez-vous bien de mettre mon nom à ce papier.
Ce dernier vers n’est-il pas un vers oublié de La Fontaine ? […] Il y avait en Mme Desbordes-Valmore la mère : comment ceux qui l’ont connue ou qui la lisent pourraient-ils l’oublier ?
Et si, quelque bonne volonté qu’on apporte à cette lecture, les trois quarts de ces notes sont décidément dénuées d’intérêt, il ne faut pas oublier qu’il n’était qu’un enfant quand il commença à les écrire. […] Ils n’osent pas nommer leur chambre, ils ne parlent pas assez de ce qui les entoure. — Ducis semble avoir oublié qu’il n’est point de sensibilité sans détails.
Pourquoi a-t-il oublié ce prodrome si nécessaire, indispensable à son histoire ? […] un peintre d’hommes, et qu’il porte l’esprit d’un jurisconsulte dans l’histoire, il a trouvé, enterrée sous sa correspondance et ses mandements épiscopaux, la figure d’un évêque, d’un grand homme oublié par la gloire, mais payé de Dieu, maintenant, dans le ciel, et il l’a restituée à la mémoire superficielle de notre temps.
Nous l’aimons pour cette raison et nous le lui avons dit, quoiqu’il l’ait oublié… C’est, de naturel, un très agréable conteur, naïf et attendri, une espèce de Greuze littéraire, qui aurait toute la pureté de son talent s’il se débarbouillait de cette fumée de pipe qu’on appelle « la philosophie allemande » et qui encrasse (je pourrais dire un mot plus laid si je parlais la langue des tabagies) les plus jolies parties de ses tableaux. […] n’oublie aucune des négations et des impossibilités de la nature de la femme ; seulement, il oppose cette nature très positive, qu’elle sent en elle, à la grande Nature vague, qu’elle n’a jamais vue ni entendue, et qui lui dit, par la bouche de monsieur son père, qu’elle « a voulu (elle, la grande Nature !)