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1217. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre V. Autres preuves tirées des caractères propres aux aristocraties héroïques. — Garde des limites, des ordres politiques, des lois » pp. 321-333

En France on était puni sévèrement, en Espagne mis à mort, lorsqu’on osait les alléguer.

1218. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Cependant tout y est, tout s’y révèle ; et, dans une succession rapide, chaque objet à son tour émeut l’imagination, occupe l’attention et disparaît, laissant pour unique trace la confuse émotion du plaisir et une impression de vérité à laquelle on n’ose refuser ni accorder sa croyance. […] Shakspeare n’a peut-être pas osé être trop sévère pour celui qu’aimait cette même Hélène, si douce et si modeste malgré la position critique où l’a placée le sot orgueil de Bertrand ; on devine ce sentiment du poëte dans la conduite du roi, dont la reconnaissance ingénieuse eût craint d’humilier sa bienfaitrice dans son époux. […] Ces fautes impardonnables ont tellement offensé ceux qui voudraient réconcilier Aristote avec Shakspeare, qu’ils ont répudié le Conte d’hiver dans l’héritage du poëte ; et qu’aveuglés par leurs préventions, ils n’ont pas osé reconnaître que cette pièce si défectueuse étincelle de beautés dont Shakspeare seul est capable. […] « Elle a jusqu’au froncement de son sourcil. » Il y a une objection qui embarrasse Walpole, c’est une phrase si directement applicable à Élisabeth et à son père, qu’il n’est guère possible qu’un poëte ait osé la risquer. […] Les pièces appartenant alors, selon toute apparence, aux comédiens qui les avaient achetées, l’entreprise était naturelle, et le succès des Henri VI aura été probablement le premier indice sur la foi duquel un génie qui ignorait encore ses propres forces aura osé s’élancer dans la carrière.

1219. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Les années de son internat terminées, il n’avait, nous l’avons dit, aucune fortune : l’établissement d’un médecin coûte en premiers frais ; il aurait fallu contracter une dette, une obligation ; il n’osa prendre sur lui ce risque, il ne voulut pas « charger sa vie. […] parmi eux, combien en ai-je rencontré qui, purs, éclairés, savants et fervents, tout nourris de la moelle sacrée des Basile et des Chrysostome, capables d’être prêtres et des meilleurs, n’osaient prendre sur eux le ministère de l’autel et se rabattaient à ne vouloir jamais être que diacres ou acolytes ! […] Elle a autrefois chassé Furetière pour avoir osé entreprendre une telle rivalité ; elle n’a pas voulu du savant Ménage qui était également coupable du même délit.

1220. (1929) Dialogues critiques

Pierre Un de mes amis, député socialiste, m’a confié qu’aucun membre de la plus extrême gauche n’oserait proposer cette suppression, par crainte d’être qualifié de philistin et d’ennemi des lettres. […] René Dussaud, depuis qu’il n’a pas craint de proclamer l’érudition et la compétence de Renan comme philologue et orientaliste, alors que tant de sycophantes osaient accuser le grand écrivain de ne pas même savoir l’hébreu ! […] Doumic n’osait même pas imprimer dans son Manuel de littérature française ce nom qui faisait scandale.

1221. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Que de fois les beaux coursiers, dans la tristesse et l’abattement de mon cœur, ont osé combattre, ont osé vaincre les livres et les vers ! […] XIII Après s’être reposé quelques semaines en Belgique, chez la sœur de Mme d’Albany, il n’osa pas reparaître sur le territoire français, et revint vite à Florence chercher un abri encore intact.

1222. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Osons le dire ici : le talent n’est pas tout, et le xixe  siècle a eu surtout du talent, des talents ; il en a eu même à profusion, mais sans ordre, sans clarté, et d’une telle façon qui pourrait laisser croire bien souvent, comme chez les réalistes, à une inculture, à une indigence d’idées désolante. […] Le siècle du transformisme, etc., etc., etc., est un grand siècle par l’intelligence, par l’art, par la science… Quant à lui assigner un rang, je n’ose. […] Mais je crois qu’ils détestent bien plus, sans oser le dire, son ardeur expérimentale.

1223. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

« J’ai maisons diverses, dit Faux-Semblant ; mais, ajoute-t-il, je n’ose m’ouvrir, à cause des moines mes confrères. » Le dieu insiste : « Eh bien ! […] Pendant deux cents ans, sauf de très-rares exemples d’indépendance, l’imagination des poëtes s’en tint à son merveilleux, aujourd’hui si grotesque, et n’osa pas détrôner les dieux de son Olympe allégorique. […] Toutefois, j’oserai ne pas être de l’avis de M. 

1224. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Quand le Condillac catholique, M. de Bonald, conçoit l’homme primitif sur le modèle d’une statue impuissante, sans originalité ni initiative, sur laquelle Dieu plaque, si j’ose le dire, le langage, la morale, la pensée (comme si on pouvait faire comprendre et parler une souche inintelligente en lui parlant, comme si une telle révélation ne supposait la capacité intérieure de comprendre, comme si la faculté de recevoir n’était pas corrélative à celle de produire), il n’a fait que continuer le XVIIIe siècle et nier l’originalité interne de l’esprit. […] Il vient un certain jour où les résultats de la science se répandent dans l’air, si j’ose le dire, et forment le ton général de la littérature. […] Et, si cette histoire n’était pas vraie, qui aurait osé l’imaginer ?

1225. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

, 1885, 289, et 1886, 73) ; cela est fort probable, mais je n’oserais l’affirmer, n’en ayant eu aucune preuve positive en mains. […] On n’ose presque pas y penser bc ! […] » En allemand, ce sont en tout huit mots. « La fidélité » est celle à son roi ; « l’audace » qui a fait son malheur est d’avoir osé chercher pour son roi la femme que lui il aimait.

1226. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Il éclata en menaces contre le vieillard qui avait osé dissuader Xerxès de son entreprise ; puis, étendant vers lui ses mains armées de fers rouges, il eut l’air de vouloir lui brûler les yeux. […] Le matin, Acératès, son prophète, vit devant la porte les armes votives suspendues à la voûte de la cella, et qu’aucune main sacrilège n’aurait osé décrocher : elles étaient venues s’y ranger d’elles-mêmes, comme des guerrières accourues à l’appel d’un chef. […] À force d’insistance, il fit rouvrir le conseil levé, réfuta les objections, tint tête aux injures ; inflexible sous le bâton même qu’Eurybiade osa lever sur sa tête : — « Frappe, mais écoute ! 

1227. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

On n’ose pas seulement leur dire qu’il pleut, quand ils veulent du beau tems. […] Il me semble que celui qui entend ces mots, qui est votre maître, pour avoir osé un pareil attentat, doit avoir les yeux baissés. […] Il faudroit un mur, un édifice de cent piés de haut pour conserver à ce tableau toute son immensité, toute sa grandeur que j’ose me flatter d’avoir senti le premier.

1228. (1899) Arabesques pp. 1-223

Unir ma voix au cantique des Ancêtres végétaux, je n’oserais ; ils savent mieux que moi rendre grâces au soleil. […] Tu fuirais, et jamais plus tu n’oserais affronter les ombrages sacrés que tes regards avaient violés. […] « Je mourrai debout ; ma ruine sera tellement majestueuse que les hommes ne cesseront pas de m’admirer et qu’ils n’oseront m’abattre. » Le chêne se tut. […] Qui l’oserait ? […] Nous en portons, au fond de nous, le sentiment, nous les considérons comme des biens souhaitables, mais fort peu osent chercher les moyens d’en faire des réalités vivantes.

1229. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Eglé tremble que dans ce jour L’hymen plus puissant que l’amour, N’enleve ses thrésors sans qu’elle ose s’en plaindre. […] François premier abolit l’ancien usage de plaider, de juger, de contracter en latin ; usage qui attestoit la barbarie d’une langue dont on n’osoit se servir dans les actes publics, usage pernicieux aux citoyens dont le sort étoit réglé dans une langue qu’ils n’entendoient pas. […] On n’ose exprimer ce qu’ils firent sur la peau du boeuf qu’Hirée leur avoit servi à manger ; ils couvrirent ensuite cette peau d’un peu de terre, & de-là naquit Orion au bout de neuf mois. […] De la maxime de Ciceron concernant l’histoire ; que l’historien n’ose dire une fausseté, ni cacher une vérité. […] Un homme qui sans être poëte ose donner une tragédie, fait dire à Hyppolite, Depuis que je vous vois j’abandonne la chasse.

1230. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

On n’ose pas punir. […] Il n’ose peut-être pas en langage connu appeler l’œil du Très-Haut sur la pâture des jeunes prisonniers […] Je n’ose plus. (Et tout est là : oser !) […] » Qui oserait écrire tout cela !

1231. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

J’en use d’autre sorte ; et, me laissant guider, Souvent à marcher seul j’ose me hasarder. […] « Il y a, écrit-il, si j’ose le dire, de la vanité dans le style de Cicéron, dans ses périodes nombreuses et sonores, dans ses chutes harmonieuses et apprêtées. […] Et, en effet, qui eût pensé qu’un homme, seul au milieu de convives nombreux, eût osé, quelle que fût sa force, lui envoyer la mort ? […] Jamais ni le souffle empesté du midi, qui sèche et qui brûle tout, ni le rigoureux aquilon, n’ont osé effacer les vives couleurs qui ornent ce jardin. […] Quant aux classique, tels que Salluste, Tite-Live, Bossuet, Montesquieu, je m’échauffais au génie de ces grands hommes, sans toutefois oser commencer moi-même.

1232. (1924) Critiques et romanciers

Dites le contraire, osez le dire ! […] Il y a, dans ses articles de 1879, un peu d’acidité, je n’ose dire, normalienne. […] Je n’ose dire, et je dirai pourtant qu’il n’est de style que fabriqué.  […] Ils ont peur et ils n’osent pas ? […] Les bourgeons n’osent pas sortir ; et Goupil combine ses stratagèmes.

1233. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

La nuance n’apparaît que dans son langage, qui ne tourne peut-être point assez, si l’on ose dire, autour du pot. […] Il osa s’attaquer à la femme du lieutenant du roi. […] Quelqu’un a osé répondre que Corneille, Racine et La Fontaine n’ont pas inventé non plus leurs tragédies ou leurs fables. […] Charmante jeune fille en fleur, mais avec un cœur d’artichaut, si j’ose m’exprimer ainsi. […] Qu’un dévot ose ce langage, on peut le concevoir : d’un incrédule avoué, c’est stupéfiant.

1234. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

J’eus à peine fait cela que je reculai, fou de terreur devant ce que je venais d’oser. […] Elle n’osait plus bouger, certaine que, si elle se levait, il les verrait davantage. […] La cour de Rome, consultée, n’osa point accorder son autorisation. […] Il avait, de la suivre, le cœur tremblant ; lui parler, il ne l’oserait jamais. […] Les rois n’osaient venir la regarder de près.

1235. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Il s’enhardit avec eux jusqu’au point d’oser leur exprimer ses opinions sur la politique. […] Mais il faudrait être bien pur de tout péché pour oser l’accabler sous des sentences sévères. […] ce roitelet de Poméranie a osé vaincre les premiers soldats du monde ? […] Un jour, au sortir de la messe, il ose lui lancer une œillade assassine. […] Si j’osais, je comparerais les premières sorties de M. 

1236. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Cela me confirme dans ma résolution de m’en tenir désormais uniquement à la nature : elle seule est d’une richesse inépuisable ; elle seule fait les grands artistes. » Ce que Werther dit là de la peinture, il l’entend également de la poésie : « Il ne s’agit que de reconnaître le beau et d’oser l’exprimer : c’est, à la vérité, demander beaucoup en peu de mots. » Et il cite en exemple une rencontre qu’il a faite, le jeune garçon de ferme amoureux de la fermière veuve, et amoureux tendre, timide, passionné : Il faudrait te répéter ses paroles mot pour mot, si je voulais te peindre la pure inclination, l’amour et la fidélité de cet homme. […] Il y a là, si je l’ose dire, moins encore un tort peut-être qu’une inexpérience chez Goethe.

1237. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

J’ai vu trop d’Atrées en sabots pour oser jamais en mettre sur la scène. […] Que si pourtant l’on voulait un contraste et dans l’ordre tragique également, on n’aurait qu’à se ressouvenir du vieux Crébillon, celui qui, avant Ducis, avait le plus osé en terreur sur notre scène, à se le représenter comme il était, dans sa rue des Douze-Portes au Marais, un rude vieillard aussi, gai, conteur, mais cynique ; la pipe à la bouche ; avec son entourage de femmes, de chats et de chiens ; colossal de taille, à mine de lion, mené par le nez comme un enfant ; de la race toute crue des vieux et naïfs Gaulois, et rappelant les mœurs de Mathurin Regnier !

1238. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

L’épisode de la mort du duc d’Enghien l’avait rejeté d’horreur dans le peu d’opposition qu’on osait faire alors indirectement à la tyrannie. […] Je connaissais cette disposition atmosphérique du canal de Thrace, et je savais que le soleil en se montrant ne tarderait pas à dissiper ces brumes qui n’osaient s’attrouper qu’en son absence.

1239. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

C’est cette mode que Rabelais attaquait dans sa Chronique Gargantuine, le germe de cette œuvre étrange qui a fait sa gloire, qu’on ne peut pas estimer, et qu’on n’ose pas ne point admirer. […] Ajoutez à cela le goût des ouvrages curieux et rares, et des monstruosités intellectuelles ; peut-être un grain de folie ; pourquoi n’oserais-je pas le dire ?

1240. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Lors à toi (à Ronsard) revenant, et croyant que la peine De t’oser imiter ne seroit pas si vaine Je te pris pour patron mais je pus moins encor Avec mes vers de cuivre égaler les tiens d’or…117 En effet, les œuvres de jeunesse de Bertaut sont imitées de Desportes ; celles de son âge mûr le sont de la partie sérieuse et savante des poésies de Ronsard. […] Les stances avec grâce apprirent à tomber ; Et le vers sur levers n’osa plus enjamber.

1241. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Toutes leurs préfaces demandent pardon d’avoir osé faire des fables après la Fontaine. […] Il semble d’ailleurs avoir eu qualité pour caractériser, au nom des grands écrivains du dix-septième siècle, la manière dont ils ont imité les anciens ; ce qu’il dit de la sienne leur est commun à tous : Quelques imitateurs, sot bétail, je l’avoue, Suivent en vrais moutons le pasteur de Mantoue   ; J’en use d’autre sorte, et, me laissant guider, Souvent à marcher seul j’ose me hasarder.

1242. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

Le développement du peuple hébreu lui-même, qui semble offrir avant Jésus-Christ moins de trace qu’aucun autre de travail réfléchi, présente dans son déclin des vestiges sensibles de cet esprit de recension, de collection, de rapiécetage, si j’ose le dire, qui termine la vie originale de toutes les littératures. […] Qui oserait le dire du siècle qui a pro-duit les vastes commentaires d’Albert et de saint Thomas ?

1243. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Nous n’avons rien à rectifier aux faits que nous avons racontés dans notre dernière chronique ; le dénouement de l’histoire a été plus heureux que nous n’osions l’espérer, et nous en félicitons chaudement tous les intéressés. […] ces réquisitoires, tour à tour éloquents et badins, qui ont si souvent charmé notre jeunesse, et qui seront encore, j’ose l’espérer, la joie de nos petits-enfants ?

1244. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Il n’avait pas osé le laisser aussi étranger à l’action qu’il l’est dans les meilleures tragédies de l’antiquité, celles de Sophocle : car je ne parle pas ici des chœurs d’Euripide, de ce poëte admirable, sans doute, par son talent dans la sensibilité et dans l’ironie, mais prétentieux, déclamateur, ambitieux d’effets, et qui, par ses défauts et même par ses beautés, ravit le premier à la tragédie grecque la noble simplicité qui la distinguait. […] Un sentiment sincère, complet, sans bornes, leur paraît non-seulement excuser ce qu’il inspire, mais l’ennoblir, et, si j’ose employer cette expression, le sanctifier.

1245. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

si mon cœur osait encor se renflammer ! […] C’est, je crois, à cause de son goût, à cause de sa passion pour les petits et les opprimés, qu’il a tant aimé les animaux, je le crois ; j’en suis sûr puisqu’il le dit, car enfin c’est lui qui, en plein dix-septième siècle, a fait deux plaidoyers pour les animaux ; l’un que je réserve pour plus tard, car c’est de la philosophie, et j’aurai à parler de la philosophie de La Fontaine, c’est le Discours à Mme de La Sablière, le plaidoyer pour l’esprit des bêtes, un plaidoyer sur cette idée que les bêtes sont intelligentes. (« On ose soutenir que les bêtes n’ont pas d’esprit… »).

1246. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

Pour Virgile, puisque l’on ose parler d’imitation, l’inspiration de l’Iliade était forcée. […] III Mais, à part cette grande réserve que nous osons maintenir, par admiration pour Virgile, contre Sainte-Beuve lui-même, nous n’avons plus qu’à louer l’Étude qu’il a consacrée à l’immortel poète.

1247. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

Aussi, partout ailleurs que dans l’exposition et la discussion philosophique, où il a ce que Mirabeau disait l’éloquence de la chose, le célèbre professeur n’est-il qu’un écrivain d’imitation, de pastiche réussi, qui se donne de grands airs, mais qui n’ose prendre la langue de son siècle, parce qu’elle est trouble encore, malgré tout ce que son siècle y a déversé de puissant ! […] Il fallait, puisqu’on l’osait, — puisqu’on ne laissait pas dans leur oubli et dans leur tombe les cadavres qui sentent mauvais, — boire fièrement et courageusement toute honte, être spirituel, mordant, de bonne humeur, chaud de peinture et écrire à la cardinal de Retz l’histoire plus détaillée que la sienne de cette Amazone de l’intrigue qui s’affuble de la casaque d’un mousquetaire non pour charger, mais pour s’enfuir, et qui dit (mais pour l’héroïque M. 

1248. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

Toujours plus tard, enfin, par une gradation toujours plus marquée, nous l’avons vu, de souillé, souillant lui-même l’Histoire, oser sur Louis XIV enfant ! […] Croiront-ils que cet éloquent Michelet — qu’on n’a pas encore osé appeler « le grand Michelet », hésitation singulière devant sa popularité, — n’est, pour qui attentivement le regarde, qu’une guenille de chrétien cousue à une guenille de païen ; et c’est tout, rien de plus ?

1249. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

C’est peut-être le genre qui est quelque peu critiquable, je n’ose pas dire inférieur. […] Il se sent maître du sujet qui est son art, maître de l’histoire, voisin d’atelier de tous ceux dont il parle, en possession de tous les secrets de métier ignorés des profanes, et il ose !

1250. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Mémoires du comte d’Alton-Shée »

J’aimerais à la citer, mais citer, c’est endosser en quelque sorte, et du portrait je n’ose garantir la ressemblance, mais seulement la vraisemblance.

1251. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Valentine (1832) »

À vrai dire, toute personne qui, dans sa jeunesse, a vécu d’une vie d’émotions et d’orages, et qui oserait écrire simplement ce qu’elle a éprouvé, est capable d’un roman, d’un bon roman, et d’autant meilleur que la sincérité du souvenir y sera moins altérée par des fantaisies étrangères : il ne s’agirait pour chacun que de raconter, sous une forme presque directe et avec très-peu d’arrangement, deux ou trois années détachées de ses mémoires personnels.

1252. (1874) Premiers lundis. Tome I « Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 1830. »

Il fut donc populaire jusqu’à un certain point, populaire dans les châteaux, dans le clergé, au sein des familles pieuses ; sa renommée considérable tenait beaucoup à l’espèce de religion sentimentale et poétique qu’il célébrait avec génie, à l’opposition courageuse dont on lui savait gré, à la défaveur impériale qu’il avait osé encourir.

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