Dostoïewski11 Depuis Poe, aucune œuvre étrangère n’a été accueillie en France, comme les romans de Dostoïewski, d’un étonnement admiratif. […] Bornées à l’essentiel et négligeant tout ce par où l’écrivain russe est le disciple de nos réalistes, de Stendhal et d’autres, il sera essayé de dire ici ce qu’inaugurent des œuvres, moins que toutes, pures choses d’art, et excellant désormais entre les modèles à méditer par les écrivains futurs. […] Car le romancier russe ne tend pas non plus au but puéril de terrifier et de maintenir douloureusement suspendue la curiosité d’une foule ; quand on relit ses œuvres, le fantastique qui surprenait d’abord perd toute importance et sans doute Dostoïewski devait ignorer quelle singulière et théâtrale déformation il fait subir à la réalité. […] À ce mysticisme final aboutit l’œuvre de Dostoïewski et l’âme qu’elle exprime. […] Comme tous ceux que le froid plaisir de connaître les choses ne distrait pas de s’en émouvoir, incapable d’arriver à la paix philosophique des idées, il s’est troublé, il s’est désolé, et a produit des œuvres qui sont plus des traités d’éthique et d’humanité, que d’intéressants romans.
Claude Bernard, dans son Introduction à la médecine expérimentale, œuvre à la fois fine et élevée, qui est une sorte de manuel de logique physiologique. […] Sans doute, lorsqu’il s’agit de la théorie abstraite de l’induction ou de la déduction, la philosophie est sur son propre terrain, et elle seule peut accomplir cette œuvre difficile ; mais, lorsque, passant du sujet à l’objet, elle cherche à quelles règles ces procédés doivent obéir pour discerner la vérité dans telle ou telle science, quels sont en mathématiques les principes de la méthode analytique, en physique ceux de la méthode expérimentale, la philosophie ne peut plus alors se passer du concours des sciences ; et, sur ce terrain pratique, les savants seront nécessairement les meilleurs logiciens. […] De nos jours et parmi nous, les plus illustres savants ont continué à suivre cette tradition, soit dans quelques parties de leurs œuvres, soit dans des traités spéciaux. […] Duhamel sur la Méthode dans les sciences de raisonnement, œuvre d’un esprit serré et philosophique auquel je ne reprocherai qu’une chose : c’est de trop dédaigner les philosophes, car il pourrait retrouver parmi eux beaucoup de ses propres idées. […] Mariotte, Œuvres complètes ; Leyde 1717.
sa petite illusion d’antiquaire, si enfin la réalité historique pèche un peu dans l’œuvre de Babou (car c’est une œuvre que ces six nouvelles), du moins l’effet d’art n’en a point souffert. […] Écrivain d’imagination, romancier qui a fait plus que de nous donner des romans, car il nous a donné des nouvelles qui sont des romans concentrés, l’auteur des Païens innocents a parfois interprété et illuminé même l’Histoire avec cette fantaisie qui touche le vrai, souvent, dans les délicieux colins-maillards qu’elle joue ; mais cette devineresse par éclairs n’est point l’imagination du critique, qui, comme une lampe entretenue d’huile, verse sur des œuvres qu’il faut pénétrer une clarté égale et continue. […] Lui, le satirique qui veut être critique aussi par-dessus le marché ; lui, l’esprit malin, taquin et lutin, — car sa grâce tient parfois du prestige, — a certainement bien trop d’entrain et de mouvement dans la moquerie pour pouvoir, la main encore vibrante du trait qu’il vient de lancer, être l’opérateur patient et à la main sûre qui en dépeçant l’œuvre d’un homme n’a pas pour but de le faire souffrir. […] Mais ce ne sont là que des traits, des percées, et je voudrais, moi, une œuvre complète, inspirée, savante et continue, puisqu’elle est intitulée satirique et critique, cette œuvre à deux faces !
Cependant l’expression de romantique, surtout à mesure que s’est prononcé le triomphe des idées et des œuvres modernes, et que ce qui avait paru romantique la veille (c’est-à-dire un peu extraordinaire) ne le paraissait déjà plus, s’est particulièrement concentrée sur une notable portion de la légion poétique la plus riche en couleur, la plus pittoresque, la plus militante aussi, et qui, après avoir conquis bien des points qu’on ne lui dispute plus, a continué d’en réclamer d’autres qui ont été contestés ; je veux parler de l’importante division de l’école romantique qui se rattachait à l’étendard de Victor Hugo. […] Ceux qui en ont été touchés une fois, peuvent la sentir à regret s’affaiblir et pâlir, diminuer avec les années en même temps que la vigueur qui leur permet d’en saisir et d’en fixer les reflets dans leurs œuvres, mais ils ne la perdent jamais. « Il y a, disait Anacréon, un petit signe au cœur, auquel se reconnaissent les amants. » Il y a de même un signe et un coin auquel restent marqués et comme gravés les esprits qui, dans leur jeunesse, ont cru avec enthousiasme et ferveur à une certaine chose tant soit peu digne d’être crue. […] Viennent les crises, viennent les occasions, un conflit, l’apparition imprévue de quelque œuvre qui vous mette en demeure de choisir, de dire oui ou non sans hésiter (et il s’en est produit une en ces derniers temps)13, une œuvre qui fasse office de pierre de touche, et vous verrez, chez ceux même qui s’étaient fait des concessions et qui avaient presque l’air d’être tombés d’accord dans les intervalles, le vieil homme aussitôt se ranimer. […] c’est pourtant ce qu’on voulait et ce qu’on osait ; et si l’on n’a pas réalisé tout cela, on a du moins le droit de mettre le résultat à côté du vœu, et l’on peut, sans trop rougir, confronter le total de l’œuvre avec les premières espérances.
* * * L’Académie des Jeux-Floraux — comme toute académie de province — devait apporter sa manifestation contre la Centralisation littéraire Qui produit tant de ravages, Qui pervertit le goût public, Qui n’enfante que des œuvres immorales, Qui danse irrévérencieusement sur les saines traditions et les saintes routines, etc., etc. […] Le conseiller, entre deux audiences ; le maître de pension, entre deux classes ; l’homme du monde, entre deux whists, s’improvisent ex abrupto juges souverains des œuvres littéraires. […] Le reste, — c’est-à-dire toute, œuvre en dehors de la routine et procédant d’elle-même, d’elle seule, — troublerait l’économie de leur intelligence. […] Et ici surgit la question matérielle que j’indique en passant : Qui payera les œuvres des romanciers, des poètes de localité ? […] Toute œuvre payée à l’écrivain sa valeur suppose des bénéfices réalisables par l’éditeur : or, l’éditeur de province n’aura que des débouchés nécessairement très restreints ; et il faudra un miracle de vogue, rien que pour couvrir les frais d’impression !
Du bas-bleuisme contemporain I Ce n’est ni une inconséquence ni même une diversion, comme on pourrait le croire, que d’introduire dans un livre de critique intitulé : Les Œuvres et les Hommes au xixe siècle , la série des femmes qui écrivent, car les femmes qui écrivent ne sont plus des femmes. […] Quand on les a montrés et racontés, il ne reste plus à demander si ces faits engendrés par les causes que nous avons dites, sont bons ou mauvais en eux-mêmes ; légitimes ou illégitimes, le développement naturel des choses humaines ou une de ces distorsions que l’homme, avec son libre arbitre, peut leur imprimer… En d’autres termes, le bas-bleuisme, — si on entend par là et on ne peut entendre par là que l’égalité entre l’homme et la femme qui a le droit de s’attester au même titre que l’homme et dans des œuvres semblables à celles de l’homme, — le bas-bleuisme est-il une vérité ou un mensonge, un cri du talent opprimé ou une prétention de la vanité ; une illusion et un désordre ? […] Physiologiquement, métaphysiquement et socialement, trois choses unies et dépendantes, la femme est-elle conformée de manière à faire dans toutes les sphères de l’activité humaine, identiquement ce que fait l’homme ; et comme il ne s’agit ici que de littérature et d’art, est-elle d’organes, de cerveau, et même de main, lorsqu’il s’agît d’art, capable des mêmes œuvres que l’homme, quand l’homme est supérieur ? […] Étudiez leurs œuvres, ouvrez-les au hasard ! […] La Métaphysique doit précéder l’Histoire, et nous devrons, avant de regarder les bas-bleus du xixe siècle et leurs œuvres, dire à quels principes, à quelle lumière nous allumions notre flambeau.
Il l’écrivit comme tous les hommes qui écrivent leur histoire, en la mêlant si bien avec le mensonge, qu’eux seuls, l’œuvre faite, sont capables de dire : « Voici l’idéal, et voilà la réalité ! […] Seulement, nous disons qu’entre la peine du cœur et l’œuvre de l’esprit il y a d’ordinaire, pour les âmes véritablement passionnées, le travail du temps, l’apaisement nerveux, le calme revenu dans l’intelligence, tandis que pour Goethe, cette grande victime, comme l’appelle un de ses éloquents admirateurs, M. […] Que les êtres irréfléchis confondent ces deux ordres de sensibilité, cela leur est permis ; mais les écrivains qui se piquent de doubler l’analyse des œuvres par l’analyse de l’homme doivent soigneusement les distinguer. […] En soi, c’est une œuvre. […] C’est l’extraction même de son génie, tiré des entrailles ouvertes de ses œuvres.
Il faut recourir aux procédés des classifications naturelles : rapprocher, comparer les œuvres littéraires nées à différents moments ; constater les caractères principaux qu’elles présentent ; noter à quelle date apparaissent ceux-ci et disparaissent ceux-là. […] Il suit de là que toutes les œuvres de la littérature française forment ainsi des groupes, d’abord considérables, qui comprennent d’autres groupes plus petits, auxquels sont subordonnés des groupes moindres encore. […] La première comprend tout le moyen âge et se prolonge, jusque vers le milieu du xvie ° siècle ; les œuvres qui la remplissent offrent ces caractères communs d’être, en immense majorité, d’inspiration féodale et catholique, d’appartenir à des genres nés spontanément sur le sol même de la France : la langue seule dans laquelle elles sont écrites, langue à deux cas qu’on nomme aujourd’hui le vieux français, suffirait à les séparer de celles qui les ont suivies. […] est alors tout animée de l’esprit de l’antiquité classique qu’elle se modèle de parti pris sur les Grecs et sur les Romains qu’elle est par suite savante et faite surtout pour une aristocratie ; les œuvres qui la composent ont presque toutes un caractère hybride ; elles sont semi-païennes et semi-chrétiennes ; elles sont anciennes par la forme, les sujets, les titres, l’imitation voulue, l’emploi de la mythologie ; modernes par les idées et les sentiments qui sont coulés dans ces moules d’autrefois.
En attendant le fruit complet de leurs découvertes, l’inventaire général de la littérature universelle, ou de l’expression mémorable de l’esprit humain par ses œuvres, est contenu dans nos bibliothèques en un petit nombre de chefs-d’œuvre en toute langue qui ne dépassent pas les forces de l’attention. […] Nous prendrons en main tour à tour une de ces œuvres, nous en traduirons les principaux textes, en faisant goûter les beautés et en indiquant les imperfections, et nous nous rendrons compte ainsi des trésors d’intelligence, de sagesse et de génie que possède l’homme intellectuel au temps où nous vivons. Nous ne nous interdirons pas de redescendre de temps en temps des hauteurs de l’antiquité jusqu’à nos jours : s’il a paru ou s’il paraît pendant que nous écrivons un de ces livres qui honorent notre nation ou notre époque, nous nous arrêterons avec prédilection sur ces œuvres, nous en parlerons avec impartialité. […] La plus sublime des facultés de l’homme, c’est l’admiration ; nous voulons donner une haute idée de l’homme par ses œuvres, afin de vous soutenir, en morale comme en littérature, à la hauteur de l’idée que vous aurez conçue de vous-même.
Qu’on prenne les journaux et les livres, — et les livres, au train dont nous allons, ne seront bientôt plus que des journaux accumulés, si de fortes œuvres de méditation et d’haleine ne viennent pas les arracher à la juste indifférence qu’ils inspirent, — qu’on prenne les journaux et les livres et qu’on cherche dans les uns et dans les autres cette critique nécessaire à la vie des littératures, et l’on verra si la notion même n’en périclite pas ! […] — que vous vous en déclarez satisfait, mais que vous n’avez, au lieu d’un jugement délibéré et déterminé sur une œuvre, que le contrecoup d’une sensation. […] Pontmartin, lequel est un mixte négatif, qui n’est pas tout à fait Gustave Planche et qui n’est pas tout à fait Janin, composé de deux choses qui sont deux reflets : un peu de rose qui n’est qu’une nuance, et beaucoup de gris qui est à peine une couleur, aurait cependant, dans l’appréciation des œuvres littéraires et de leur moralité, le bénéfice des idées chrétiennes et la facile supériorité qu’elles donnent à tous les genres d’esprit, si les partis et les relations, la politique et la politesse, n’infirmaient jusqu’à sa raison. […] Nous n’ignorons pas que toute critique littéraire, pour être digne de ce nom, doit traverser l’œuvre et aller jusqu’à l’homme.
Swift29 I C’est le traducteur de Burns qui traduisit pour la première fois les Opuscules humoristiques de Swift, et quoique nous eussions mieux aimé qu’il eût traduit les œuvres complètes, cependant son travail mérite d’arrêter l’attention de la Critique ; car ce travail donne une idée, très vive et très nette, de l’esprit de Swift. […] Avec une vocation manifeste pour l’observation de la nature humaine, profonde et sincère, en dehors de toute mode et de tout costume, il s’est détourné de l’œuvre éternelle pour s’occuper des questions éphémères de son temps. […] La postérité, affirme-t-il, ne lira pas la plupart des œuvres de Swift. […] III Et ces Opuscules l’attestent mieux que les autres œuvres de Swift.
Mais il a profité du travail accompli avant lui ; il n’a eu qu’à le compléter, et, sans ce fonds antérieur, peut-être n’aurait-il pu faire son œuvre. Par la suite des siècles, quand tout ce qui a précédé et préparé les créations du génie a disparu dans l’oubli, les œuvres éminentes, les monuments qui restent seuls debout, apparaissent à une hauteur inexplicable, et telle qu’on s’imagine avec peine qu’ils aient été construits par des hommes. […] Il les étudia dans leurs œuvres, il les étudia dans leur jeu ; il fut leur disciple, mais un disciple qui surpassa ses maîtres.
J’ai peut-être trop insisté sur ce premier volume, mais il explique toute l’œuvre de M. […] Que l’on défasse seulement l’œuvre de la Révolution française, comme M. […] André Gide ne l’ignore pas, et qu’on trouve dans son œuvre les meilleures réfutations de ses sophismes favoris. […] Les chefs-d’œuvre les plus originaux ressemblent toujours à d’autres œuvres antérieures ou contemporaines. […] On n’en avait pas vu de traces dans son œuvre, jusqu’à ces derniers temps.
Gaulmier, Antoine Eugène (1795-1829) [Bibliographie] Œuvres posthumes, 3 vol. (1830). […] Hippolyte Boyer Ses vers, empreints de beaucoup de charme et de grâce, ont été recueillis après sa mort et publiés sous ce titre : Œuvres posthumes d’A.
Dès ce moment l’Angleterre a trouvé son assiette ; ses deux forces intérieures et héréditaires, l’instinct moral et religieux, l’aptitude pratique et politique ont fait leur œuvre et désormais vont bâtir sans empêchement ni démolition sur les fondements qu’elles ont posés. […] Entrez à Londres par le fleuve, et vous verrez une accumulation de travail et d’œuvres qui n’a pas d’égale sur la planète. […] Sous cet effort universel1327, la production agricole a doublé en cinquante ans, l’hectare anglais a reçu huit ou dix fois plus d’engrais que l’hectare français ; quoique de qualité inférieure, on lui a fait produire le double ; trente personnes ont suffi à cette œuvre, quand il fallait en France quarante personnes pour obtenir la moitié de cette œuvre. […] Une institution, comme une machine et comme un homme, est d’autant plus puissante qu’elle est plus spéciale ; on fait d’autant mieux une œuvre qu’on n’en fait qu’une, et qu’on rapporte tout à celle-là. […] Si l’on veut chercher dans quel sens cette œuvre changera, il faut chercher dans quel sens change la conception centrale.
. — Son œuvre composite. — Disparates de son théâtre. — L’Amour tyrannique. […] Fin de Dryden. — Ses misères. — Sa pauvreté. — En quoi son œuvre est incomplète. — Sa mort. […] Vous devinez quelle peut être la beauté dans une pareille œuvre. […] Ces traductions alors semblaient d’aussi grandes œuvres que des compositions originales. […] Quand La Fontaine a mis Ésope ou Boccace en vers, il leur a soufflé un nouvel esprit ; il ne leur a pris qu’une matière ; l’âme nouvelle, qui fait le prix de son œuvre, est à lui, n’est qu’à lui, et cette âme convient à son œuvre.
Nisard vient de terminer l’œuvre de sa vie. […] Non seulement l’œuvre de M. […] L’œuvre de M. […] Il maintient solidement son œuvre. […] Je le dis du moins pour les œuvres écrites dans notre langue.
Oui, empêtrés dans les niaiseries d’un théâtre incolore et d’une littérature vulgaire et mercantile, nous voulons, nous appelons à grands cris une œuvre où se trouve réuni tout ce dont nous avons soif : l’héroïsme, l’idéal, l’outrance (pour nous faire oublier tant de platitudes !) […] cette œuvre si douloureusement réclamée et souhaitée, la voici, étrange, originale, nouvelle, puissamment créée, jaillie comme l’éclair, écrite en vers larges, ingénieux, curieux, étincelants des ors, des pierreries et des inépuisables richesses de la rime, et en même temps exprimant nos doutes, nos angoisses, notre inextinguible appétit de la lumière et de joie, et l’hymne à la Beauté, qui, vainement étouffée et comprimée, s’échappe irrésistiblement de nos âmes. […] Je vais maintenant vous dire le vrai, le grand défaut de ce drame, celui qui est en quelque sorte répandu dans l’œuvre tout entière, et qui m’en a gâté le plaisir ; il n’est pas clair.
Rollinat a mis, en son œuvre macabre, beaucoup de lui. […] D’ailleurs, toute la partie naturiste de l’œuvre de Rollinat est absolument conçue en dehors de l’inspiration du grand poète des Fleurs du mal , qui ne vit pas la nature et rêva d’artificiels jardins où croîtraient des flores métalliques. […] [Les Œuvres et les Hommes (1889).]
Que l’on rapproche, par exemple, les dédains dont Nisard ou Faguet accablent le xviiie siècle et les enthousiasmes que les œuvres du même temps inspirent à Michelet ou à Paul Albert ! […] Le critique, en jugeant les œuvres littéraires, a l’intention, avouée ou tacite, d’influer sur ses contemporains. […] S’il n’a pas l’intelligence assez ouverte et le cœur assez calme pour rendre justice aux œuvres les plus contraires à son propre tempérament, qu’il se fasse polémiste, qu’il se jette bravement dans la mêlée, mais qu’il renonce à l’histoire !
L’œuvre ne s’est plus reproduite peut-être aussi saillante aux yeux du public qu’au début ; mais la faculté qui se manifeste dans les œuvres successives a grandi. […] Le besoin de recueillir dans une œuvre définitive tant de force féconde et tant de richesses nées du cœur se fait sentir et devient le rêve qui, comme l’ombre, s’accroît avec les années. […] Heureux le poëte lyrique, le frère harmonieux des Coleridge et des Wordsworth, qui peut à temps, et mieux qu’eux, se ménager une œuvre d’ensemble ; une œuvre (s’il est possible) qu’une lente perfection accomplisse ; où ne sera pas plus de génie assurément que dans ces feuilles sibyllines éparses, âme sacrée du poëte, mais une œuvre plus commode à comprendre et à saisir des générations survenantes ; — espèce d’urne portative que la Caravane humaine, en ses marches forcées, ne laisse pas derrière, et dans laquelle elle conserve à jamais une gloire ! […] Ne comprenaient pas l’œuvre, et maudissaient du cœur Cette race stupide acharnée à sa perte, Qui détruit jusqu’au ciel l’ombre qui l’a couverte ! […] Littérairement, un des plus grands inconvénients de ces rayons brusquement brisés est de réfléchir en arrière, et d’aller éclairer, dans les œuvres aimées, des imperfections jusque-là confuses.
De plus forts que lui avaient la peine (la force est faite pour cela, du reste), de porter comme l’orage de leur génie autour de leur nom et de leurs œuvres, lorsqu’il paissait une gloire agréable et tranquille, et, le croira-t-on ? […] Si on ne se laissait pas démoraliser par cette renommée, si on osait regarder ses œuvres, on verrait bientôt que l’on s’est entendu un peu trop aisément et trop vite pour les trouver de grandeur et de force à honorer la tradition littéraire d’un pays. […] … Aux mains de cet habile homme, emporté par sa verve, le prélude sera-t-il devenu un concert et l’essai une œuvre accomplie ? […] Cet oubli tombé sur l’œuvre de Pindare, cet oubli qui lui fait demander aujourd’hui à toute la France la charité d’une traduction, dans les trente-neuf chapeaux de ses confrères d’Académie ajoutés au sien, il ne s’en explique pas la cause. […] … Les biographies des hommes auxquels il a consacré ce volume sont-elles au moins des œuvres de style, si elles ne sont pas des œuvres de critique ?
Comme il était arrivé qu’aux approches et aux environs de Lélia le mot de roman intime avait été prononcé par je ne sais qui, et sans qu’on eût, je le crois bien, la pensée de faire à Lélia l’application de ce mot, les plus subtils et les plus clairvoyants critiques ont à l’instant dénoncé l’œuvre nouvelle comme un formidable signal d’invasion, comme le monstre du genre. […] Au lieu de signaler dans Lélia la véritable donnée génératrice, la pensée mi-partie saint-simonienne et mi-partie byronienne, au lieu d’y relever le côté original et senti, d’y blâmer le côté rebattu et déclamatoire, au lieu de saisir la filiation étroite de cette œuvre avec les précédentes de l’auteur, et d’apprécier cette Lélia au sein de marbre comme une sorte d’héroïne vengeresse de la pauvre Indiana, on a chicané sur une question de forme et d’école, on a reproché à l’écrivain l’abus du genre intime, comme s’il y avait le moindre rapport entre le genre intime et le ton presque partout dithyrambique, grandiose, symbolique ainsi qu’on l’a dit, et même par moments apocalyptique de ce poëme. […] Il est arrivé de là qu’une œuvre si pleine de puissance et souvent de grâce, mais où ne circule aucun zéphyr mûrissant, a paru extraordinaire plutôt que belle, et a effrayé plutôt que charmé ceux qui admirent sur la foi de leur cœur. […] On peut plus ou moins aimer cette œuvre, selon qu’on y reconnaît plus ou moins les pensées et la situation de son âme, selon qu’on est plus ou moins facile à la vibration poétique ; on peut la réprouver plus ou moins vivement, selon qu’on est plus ou moins sûr d’avoir trouvé le remède moral et la vérité ; mais on ne peut qu’être émerveillé de ces ressources infinies dans une femme qui a commencé, il y a environ dix-huit mois, à écrire.
Mais le feuilleton haletant et qui a fait haleter toute œuvre de large poitrine et de souffle, le feuilleton, cette forme bonne, tout au plus, pour les pituiteux littéraires qui y crachotent chaque jour leurs albumineuses expectorations, ne saurait donner l’idée juste d’un ouvrage qui a les deux beautés du livre : — la beauté de l’ensemble et la beauté du détail. […] Ses commentaires, ses explications, ses analyses, les entrouvrements qu’il pratique dans l’œuvre toujours un peu mystérieuse du génie et qui, à la distance où nous en sommes, est plus mystérieuse dans Eschyle que dans aucun autre, toutes ces choses d’un travail puissant et réfléchi, mais prosaïques, deviennent poétiques dans l’œuvre de Saint-Victor en s’y embrasant d’un feu de peinture qui ne cesse jamais et dont l’intensité, sous sa plume, est presque plastique… Comment donner ridée de cela ? […] Saint-Victor a, lui, en ses Deux Masques, la pureté et la ligne irréprochable du fini dans l’œuvre accomplie, et la certitude, que rien ne trouble plus, d’un talent au point juste de sa maturité.
Dans le Rétif de la Bretonne, même clarté d’expression et d’exposition, même santé de style, même intérêt de notions acquises ; et si le critique ne vaut pas là le voyageur, c’est que le critique doit avoir des principes au nom desquels il juge et les œuvres et les hommes, et que Gérard de Nerval, romantique en ceci, n’en a pas… Telle est, en ses œuvres, la supériorité relative de Gérard de Nerval. […] Prenez ses œuvres d’imagination : Les Filles de feu, Loreley, La Bohème galante, et comptez les réminiscences ! […] Œuvres complètes (Constitutionnel, 20 août 1868).
I Commençons par le livre matériel avant d’aborder l’œuvre poétique. […] Mais en est-il ainsi dans l’œuvre singulière et tourmentée que M. […] qui ont enlevé un poète à la Muse de ses premières œuvres. […] Le La Bruyère qui écrira cette page d’observation terrible n’est peut-être pas né, mais tous ceux qui sentent en eux la conscience forte et tressaillante de la société où ils vivent savent si l’histrionisme nous dévore, et peuvent se demander, en lisant des œuvres poétiques comme ce dernier volume, si la fin de notre monde littéraire doit avoir lieu dans un cabotinage universel.
un malheur si rare, parce qu’il avait, comme homme, les qualités que Boileau reconnaissait en Chapelain, est-ce une raison pour que la Critique ne porte pas un regard calme sur les œuvres qu’il a laissées, et ne demande pas à ces œuvres la justification des regrets exprimés par ceux-là qui ne disaient pas grand’chose de M. […] prospectus que je viens de lire les Œuvres de M. […] Henri Mürger, si on le regrette aujourd’hui, ce n’est pas pour l’espoir qu’il donnait d’œuvres fortes.
Attaché à cette œuvre ingrate et présentement stérile qu’on appelle la Poésie, il n’a pas encore sur son nom l’éclat de renommée qui serait dû à son talent, à ses travaux et à ses efforts. […] Siméon Pécontal a publié, en 1854, un volume de Ballades et Légendes qui pourrait être la première pierre d’une renommée, si l’attention du monde était aux esprits délicats et à leurs œuvres, mais le monde est ailleurs. […] Dernièrement il a vanné les œuvres que nous connaissions, il y a ajouté et il a réimprimé un volume de choix qui a le mérite de l’unité dans l’inspiration et de la variété dans le détail des pièces composées. […] mais, encore une fois, ce n’est pas long ; quand ces taches n’empâtent pas l’œuvre légère et diaphane, M.
La fondation de l’Institut de Droit international, « dont l’œuvre est immense », marque une étape décisive dans le travail d’élaboration d’une juridiction internationale. […] Il est impossible de méconnaître l’importance de l’œuvre entreprise par l’Institut de droit international, et parmi les nombreuses sociétés qui ont inscrit l’arbitrage en tête de leur programme, il occupe, sans conteste, le premier rang, par l’importance et l’autorité de ses travaux. […] C’est que les promoteurs, pour atteindre leur but grandiose, ont proposé des moyens trop restreints et que leur œuvre en demeure comme paralysée. […] Le spectacle de la réunion d’hommes illustres, venant apporter chacun à l’œuvre commune leur part de pensée et d’humanité, serait en lui-même d’une incomparable fécondité.
On a imprimé, quelque temps après sa mort, le Recueil de ses Œuvres, qui consistent en des Harangues prononcées au Palais, & en des Discours académiques. […] Ses Œuvres n’ont pas laissé d’avoir une seconde Edition.
Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. […] Vite, hâtons-nous et revenons à l’un de ces poètes qui n’ont pas besoin d’être réhabilités ni reconstruits à grand effort de système, et qui ont su traverser les âges par un hasard de destinée, heureux sans doute, mais aussi très justifié, et tout simplement parce qu’ils avaient en eux et qu’ils ont mis dans leurs œuvres une étincelle de cette flamme qui fait vivre : Vivunt commissi calores… II. […] Étienne Dolet, sa vie, ses œuvres, son martyre, par M. […] Œuvres choisies d’Alexandre Sylvain de Flandre, poète à la Cour de Charles IX et de Henri III, précédées d’une Etude sur l’auteur et ses oeuvres, par M. […] Œuvres du chanoine Loys Papon, seigneur de Marcilly, poète forésien du xvie siècle, imprimées pour la première fois sur les manuscrits originaux par les soins et aux frais de M.
» Ainsi tout autour de la peine de mort s’épanouit une abondante floraison d’œuvres littéraires, qui, si elles n’ont pas encore réussi à la faire disparaître, l’ont du moins réduite à se défendre, à se cacher, à reculer devant la lumière du jour et le regard de la conscience humaine. […] De nos jours, une dizaine d’œuvres vraiment vécues80, comme on dit, ont forcé le public à réfléchir sur les abus de l’autorité trop souvent excessive ou arbitraire exercée sous le couvert de la discipline, et, si l’on se décide un jour à réformer la législation draconienne qui pèse sur l’armée, nos romanciers auront contribué pour une large part à ce recul de l’antique sauvagerie. […] On voit combien d’œuvres sont écloses autour d’un seul point du code civil. […] S’il importe ainsi, pour s’expliquer le ton, l’abondance et le succès de certaines œuvres, de connaître le régime légal où a dû évoluer la pensée écrite, il ne faut pas non plus négliger les conditions faites à la parole. […] Il importe, dans chaque période, de se demander quelles questions de droit public, pénal, civil, etc., ont préoccupé les contemporains ; quelles théories générales ont été alors acceptées pour vraies ; quelles conditions ont été faites par la loi aux différentes formes de la pensée et aux écrivains eux-mêmes considérés comme producteurs ; enfin quelles œuvres ont été suscités par l’activité spéciale des cours de justice.
On ne compte pas moins de neuf tragédies bachiques dans la nomenclature de ses œuvres, sans compter les chaînes satyriques. […] Cette vie superbe n’a laissé que quelques vestiges, elfe a disparu sous l’écroulement de son œuvre, il n’en reste que des traditions de persécutions et de calomnies, la face fruste d’une statue lapidée. […] Il admire et il vénère les Géants, les Titans, les Hécatonchires aux cent bras, tous ces révoltés des nuages et des volcans qu’on voit à l’œuvre, sous leur aspect cosmique, dans les chants védiques. […] Toute son œuvre accuse un âpre souci de la vérité. […] III. — Les ruines et les destructions de son œuvre.
Mais il s’y mêle, d’habitude beaucoup d’autres plaisirs d’un caractère plus sensitif : en effet, l’image intérieure fournie par le souvenir se trouve ravivée au contact de l’image extérieure, et devant toute œuvre de l’art nous revivons une portion de notre vie. […] Aussi l’artiste est-il rarement oublié : par nous dans la contemplation de l’œuvre d’art. […] La première œuvre de l’art humain, en effet, a été l’outil, hache ou couteau de pierre, et ce qui fut d’abord admiré dans l’outil, c’était l’industrie de l’artisan aboutissant, à travers la difficulté vaincue, à la réalisation d’une utilité. […] Néanmoins l’habileté de main se fait toujours plus ou moins sentir en toute œuvre d’art ; dans les œuvres de décadence, elle devient presque le seul mérite. […] L’intérêt que nous prenons à une œuvre d’art est la conséquence d’une association qui s’établit entre nous, l’artiste et les personnages de l’œuvre ; c’est une société nouvelle dont on épouse les affections, les plaisirs et les peines, le sort tout entier.
Le poëte se meut dans son œuvre comme la providence dans la sienne ; il émeut, consterne, frappe, puis relève ou abat, souvent à l’inverse de votre attente, vous creusant l’aine par la surprise. […] Hamlet, le doute, est au centre de son œuvre, et aux deux extrémités, l’amour ; Roméo et Othello, tout le cœur. […] On sent, en abordant l’œuvre de cet homme, le vent énorme qui viendrait de l’ouverture d’un monde. […] Les cas de rage, c’est-à-dire les œuvres de génie, sont à craindre. […] Œuvres complètes de Shakespeare, traduites par François-Victor Hugo.
L’événement coutumier s’accomplit alors : le séminaire entreprend sur l’enfant son œuvre méthodique et savante de dès-humanisation. […] Nous n’avons pas ici à extraire de l’œuvre le personnage qui nous intéresse, puisqu’il est l’œuvre toute entière. […] Ce qui me frappe dans l’œuvre de M. […] Ceux-ci ont merveilleusement compris que tant qu’ils n’auraient pas annihilé cet organe, leur œuvre serait vaine, car celui qui possède encore un cerveau peut à tout moment se reprendre, se rejeter dans la vie ; et c’est ce qu’il faut à tout prix empêcher. […] Tu ne seras plus un homme, nous te le répétons, mais un esclave attaché aux œuvres mauvaises, un valet de bourreaux spirituels, un instrument inerte dans la main des ouvriers du mal.