Nés le soir d’un complot, comme nous sommes nés nous autres entre deux émeutes, ils avaient entendu conter à leurs pères les cabales de La Rochelle et les chevauchées du temps du roi de Navarre. […] Voyons donc sous quels traits se représente l’homme, un romancier, né poète. […] Elle est femme, née avec des goûts d’élite ; comme telle, avide de ce qu’on distingue. […] Né pour les grandes choses, il vécut dans les petites. […] Il naît à Dijon le 9 juillet 1689 : il meurt à Paris en 1773, à quatre-vingt-quatre ans.
Il était né à Halicarnasse, 484 ans avant Jésus-Christ. […] « En ce temps, un sanglier d’une grosseur extraordinaire, né dans l’Olympe Mysien et sorti de cette montagne, désolait le pays et ruinait tous les travaux champêtres. […] « Cambyse et Mandane étant unis, Astyage eut, dans la première année de leur mariage, un autre rêve : il lui parut voir naître de sa fille une vigne dont les rameaux s’étendaient sur toute l’Asie. […] Je l’ai reçu, persuadé qu’il était né de quelque domestique de la maison, et ne pouvant m’imaginer d’abord ce qu’il pouvait être. […] Je sens que les dieux m’ont fait naître pour mettre en vos mains tant de biens ; et vous les obtiendrez, car je sais que vous n’êtes inférieurs aux Mèdes ni dans la guerre, ni dans aucun genre.
La « politique scientifique » naît avec Comte. […] ils ne demandent pas à naître ! […] Ils ne naissent pas créanciers, ils naissent plutôt débiteurs. […] Inconnu, ou à bien peu près, de toute l’antiquité, il est né du Christianisme, ou plutôt il est né des mêmes causes qui ont rendu le Christianisme viable. […] L’Individualisme est né.
Seulement, dans ce même pays, voilà que, vers 1880 et les années suivantes, un important mouvement littéraire naît et se développe ! […] Né le 24 mars 1844, à Ixelles, près de Bruxelles, Camille Lemonnier n’était plus un débutant en 1880. […] Que n’est-il né en Flandre ! […] Charles van Lerberghe naquit à Gand en 1861 ; il mourut en 1907. […] Maurice Maeterlinck est né à Gand, le 29 août 1862.
Il faut bien, comme dit le proverbe, que jeunesse se passe ; soyez bien né, ayez un fonds d’honnêteté première, et, nonobstant quelques écarts faits pour être pardonnés, tout, en fin de compte, ira bien. […] Il restait quelques ouvrages encore qui avaient appelé son attention au premier choix : l’un82, une agréable pièce de jour de l’an, qu’animait une inspiration sensible, une jolie idée née du cœur ; l’autre83, un grand drame touchant, construit de bonne main et avec habileté, plein de larmes, de repentirs, de fautes intéressantes cruellement expiées, et de naïves vertus ignorées de ceux qui les pratiquent.
On ne fait pas un portrait sur une tombe, et je n’ai pu qu’esquisser une rapide image ; mais les amis présents ont tous reconnu celui qu’ils avaient aimé pour ses qualités, pour ses vivacités, pour ses défauts mêmes, nés d’un surcroît du cœur. […] Né en 1792, enfant d’une génération qui a produit des hommes supérieurs ou distingués en tout genre, élève de l’École normale dans la première ferveur de la création, il eut aussi, à sa manière, le souffle et le feu sacré ; il marqua de bonne heure, entre ses jeunes camarades, par des qualités qui étaient bien à lui.
C’est un polype élégant, et la nature semble avoir été dans l’indécision quand elle le fit naître. » Et ailleurs, à l’occasion des déserts de l’Arabie et de l’Amérique : « L’amour dans ces pays brûlants devient un sentiment dont rien ne peut distraire ; c’est le besoin le plus impérieux de l’âme ; c’est le cri de l’homme qui appelle une compagne pour ne pas rester seul au milieu des déserts. » Certes Bernardin de Saint-Pierre n’eût pas mieux dit. […] Cependant, il me toucherait encore plus si je né le voyais si grand raisonneur, et j’ose dire que je comprendrais mieux son infortune s’il me l’expliquait un peu moins.
Plus ils étaient nés avec des facultés sensibles, plus l’irritation qu’ils éprouvent est horrible ; il vaut mieux, en fait de crimes, avoir à faire à ces êtres corrompus, pour qui la moralité n’a jamais été rien, qu’à ceux qui ont eu besoin de se dépraver, de vaincre quelques qualités naturelles ; ils sont plus offensés du mépris, ils sont plus inquiets d’eux-mêmes, ils s’élancent plus loin pour mieux se séparer des combinaisons ordinaires, qui leur rappelleraient les anciennes traces de ce qu’ils ont senti et pensé. […] La nature morale dans les esprits ardents tend toujours à quelque chose de complet, et l’on veut étonner par le crime, quand il n’y a plus de grandeur possible que dans son excès ; l’agrandissement de soi, ce désir qui, d’une manière quelconque, est toujours le principe de toute action au-dehors, l’agrandissement de soi se retrouve dans l’effroi qu’on fait naître.
Fatalement tu es voué à l’emprisonnement dans ces caves, en communion de misère avec une foule d’êtres dont les uns sont comme toi beaux efforts et gardent aux yeux une étincelle de la lumière perdue, dont les autres, nés dans le souterrain, du désir de deux misérables, sont rachitiques, lugubres, et ne roulent au fond de leurs yeux que la morne obscurité d’un désespoir séculaire. […] « Il existe beaucoup d’autres écoles ; il en naît tous les jours de nouvelles.
D’un point de vue de connaissance on né de* mande donc pas si une réalité est conforme à une vérité objective, ni si une vérité est vraie. […] Ainsi cet élément de la durée, sans lequel aucune réalité ne peut se constituer, peut-il devenir aussi un obstacle au développement futur de la réalité qu’il a fait naître ; condition de vie, il est aussi une menace de mort.
Jean-Louis Guez, appellé Balzac, du nom d’une terre qu’il avoit dans l’Angoumois sur la Charante, naquit à Angoulême l’an 1594. […] Il ne manque à cet écrivain d’une imagination élevée, d’un stile énergique, harmonieux, pittoresque & correct, que d’être né trente ans plus tard, & d’avoir pris le goût des grands écrivains du siècle de Louis XIV.
Si sur l’extrémité de ce pied la nature évoquée derechef se chargeait d’achever la figure, vous seriez peut-être surpris de ne voir naître sous ses crayons que quelque monstre hideux et contrefait. […] Il n’y a de véritable contraste que celui qui naît du fond de l’action, ou de la diversité soit des organes soit de l’intérêt.
Il se rassied, et vous allez voir naître la chair, le drap, le velours, le damas, le taffetas, la mousseline, la toile, le gros linge, l’étoffe grossière ; vous verrez la poire jaune et mûre tomber de l’arbre, et le raisin vert attaché au cep. […] L’artiste triste ou né avec un organe faible produira une fois un tableau vigoureux de couleur ; mais il ne tardera pas à revenir à son coloris naturel.
Mais le revers de la médaille de tout succès pour le génie, c’est l’imitation qu’il fait naître, et on n’attendit pas même la mort de Cervantes pour l’imiter. […] Mais pour que rien ne manquât à la renommée de ce pauvre et charmant grand homme, à qui tout avait manqué pendant qu’il vivait, il lui naquit plus tard cette chose rare, ce hasard inouï, cette nonpareille des Florides en littérature, un traducteur, et un traducteur dans cette langue française, la langue polyglotte, qui universalise la pensée d’un homme en l’exprimant.
La plupart de ces messieurs présomptueux, — nous ne voulons pas les nommer, — qui représentent assez bien dans l’art les adeptes de la fausse école romantique en poésie, — nous ne voulons pas non plus les nommer, — ne peuvent rien comprendre à ces sévères leçons de la peinture révolutionnaire, cette peinture qui se prive volontairement du charme et du ragoût malsains, et qui vit surtout par la pensée et par l’âme, — amère et despotique comme la révolution dont elle est née. […] Du reste, c’est lui qui a annoncé la venue d’Eugène Delacroix et qui a dit : « Un peintre nous est né !
Il vit que cette nature si riche avait des rapports avec lui ; les astres lui prêtaient leur lumière ; des fruits naissaient sous ses pas, ou se détachaient des branches pour le nourrir ; les arbres le protégeaient de leur ombre et offraient un asile à son repos ; les cieux, pendant son sommeil, semblaient se couvrit d’un voile, et n’envoyaient à son séjour qu’une lumière douce et tranquille. […] une fête établie pour la révolution des siècles, l’idée de la divinité pour qui tous les siècles ensemble ne sont qu’un moment, la faiblesse de l’homme que le temps entraîne, ses travaux qui lui survivent un instant pour tomber ensuite, les générations qui se succèdent et qui se perdent, les malheurs et les crimes qui avaient marqué dans Rome le siècle qui venait de s’écouler, les vœux pour le bonheur du siècle qui allait naître ; il semble que toutes ces idées auraient dû fournir à un poète tel qu’Horace, une hymne pleine de chaleur et d’éloquence ; mais plus un peuple est civilisé, moins ses hymnes doivent avoir et ont en effet d’enthousiasme.
Déjà héros par leur naissance, puisqu’ils étaient nés de Jupiter, c’est-à-dire nés sous ses auspices, ils devinrent héros par la vertu.
Je devais au roi service pour la sûreté et les intérêts du royaume ou de la Chrétienté tout entière, redevance aux nobles sur la terre desquels j’étais né, foi à l’Église et à ses représentants. […] Donc, si le mal doit naître de la nature humaine, laquelle est formée de l’homme et de la femme4, c’est par l’aspect de cette nature que représente la femme qu’il naîtra, de même que le bien, si le bien doit naître. […] Quand le Christianisme naquit, les femmes furent sublimes ; elles produisirent plus de martyrs à proportion que l’autre sexe, vu le peu de liberté qu’elles avaient. […] Lui seul a pu proclamer les droits de la femme après les avoir fait naître, et les faire naître en s’établissant dans le cœur de la femme. » Il est faux que l’Évangile ait proclamé les droits de la femme ; il a proclamé, au contraire, son asservissement : mais il est vrai qu’en ouvrant le paradis aux femmes et en répondant par l’amour à l’amour qui est leur nature, il s’est établi dans leur cœur, et a développé leurs droits, qu’il n’avait pas su tout d’abord reconnaître. […] L’homme ne sait plus dire un seul mot sur le berceau ni sur la tombe ; la statistique y a remplacé la religion et la poésie : quand un homme naît, quand un homme meurt, on inscrit son nom sur un registre.
Ce n’est pas Auguste qui a fait naître Horace et Virgile, et la France ne doit pas à Louis XIV Racine et Molière. […] Le vrai ne suffit pas à l’imagination qui naît : il faut le merveilleux. […] De ce mélange de rimes, prohibé aujourd’hui, naissent des effets d’une harmonie charmante. […] En aucun cas, la fortune née d’un coup de lansquenet ne doit créer une noblesse. […] Tout ce qui naît est encore pauvre et défectueux.
Il n’est pas né pour le drame, mais pour l’ode. […] La critique n’est point née ; l’autorité pèse encore par toute la moitié de son poids sur les esprits les mieux affranchis et les plus téméraires. […] Un pédant hérissé, né de l’accouplement d’un lexique grec et d’une grammaire syriaque, Saumaise avait dégorgé contre le peuple anglais un vocabulaire d’injures et un in-folio de citations. […] N’est-ce pas un signe de l’imagination éteinte, de la prose commencée, du génie pratique qui naît et remplace la métaphysique par la morale ? […] Milton le peuple d’allégories solennelles et de figurés royales, et le sublime naît du poëte comme tout à l’heure il naissait du sujet.
Les gens qui passent le feu de la jeunesse à étudier au lieu de sentir ne peuvent donc pas être artistes, rien de plus simple que ce mécanisme. » On peut constater que toute vraie poésie est sensuelle et même sexuelle : expression d’un état de désir physique, transposé, elle éveille en nous les images qui l’ont fait naître. […] La poétesse repartira encore vers des pays mystérieux, mais c’est, à chaque retour, en ce petit port de Normandie où elle est née qu’elle jettera l’ancre. […] On l’a dite d’origine étrangère, « pétrie de races différentes, née de climats aussi divers que le Sud et le Nord ». […] … Quelles larmes, Poète, exaspèrent tes yeux, Quand de toi, tout à coup, un poème veut naître, Fait, de sa face occulte, autour de toi, paraître Ce désordre sacré qui précède les dieux ! […] Cette mort, pour elle, ne la flatte ni né l’attriste : déjà son organisme (dont sa petite conscience n’est en somme que l’inscription inconsciente) redemande de la joie, du sommeil, de l’amour, comme tous les jours.
Né dans l’art, M. […] D’une phrase sombre toute une théorie du symbole vient de naître, qui s’épanouit dans sa richesse verbale. […] Identifiées dès la naissance du Mercure de France avec la revue qu’il avait nettement contribué à faire naître, M. […] Il n’aurait jamais été un écrivain fécond, de ceux qui, l’œuvre achevée, la jettent sans souci, déjà pleins d’un amour exclusif pour celle qui va naître. […] La logique, si j’y réfléchissais, m’affirmerait ce Claude Napolitain ou Vénitien, méridional tout au moins, et qu’il soit né en Lorraine, cela me suffoquerait, si j’étais M.
S’il chante les héros de sa patrie, Nelson, Wellington, ce n’est pas pour obéir à quelque commande, mais à l’élan spontané de son âme ; on dirait qu’il est né poète lauréat. […] Nous avons cru aux épopées qui étaient nées jadis de l’âme même du peuple, et qui s’étaient perdues, et dont les chansons de geste n’avaient fait que recueillir l’écho. […] * * * La poésie va naître. […] La poésie est née ; alors une chapelle se forme autour du dieu nouveau. […] Il nous dira que Locke est le premier qui ait remarqué que l’inquiétude causée par la privation d’un objet est le principe de nos déterminations ; mais qu’il a le tort de faire naître l’inquiétude du désir, tandis qu’en réalité le désir naît de l’inquiétude ; que d’ailleurs, Locke a mis entre le désir et la volonté plus de différence qu’il n’y en a en effet ; qu’il restait donc à démontrer que cette inquiétude est le premier principe qui nous donne les habitudes de toucher, de voir, d’entendre, de sentir, de goûter, de comparer, de juger, de réfléchir, de désirer, d’aimer, de haïr, de craindre, d’espérer, de vouloir ; que c’est par elle, en un mot, que naissent toutes les habitudes de l’âme et du corps.
Il y a d’autres hommes qui sont nés pour comprendre, et qui ne s’en lassent jamais. […] S’il y a songé, peut-être veut-il dire par là qu’on ne forme pas un caractère, qu’il naît bon ou mauvais, et qu’on ne peut, sur un caractère né bon, que mettre une tête bien faite et bien nourrie. […] Il était né à Noyon, le 10 juillet 1509, d’une famille de bourgeoisie aisée. […] Elle se tue de l’effort qu’elle fait pour naître, et se nie plus elle s’affirme. […] Pourquoi ceux-là naissent-ils et non ceux-ci ?
Mendès n’est-il pas le feuilletoniste des imbéciles de lettres nés vers 1845 et Paul Adam celui des esthètes de trente ans ? […] Un fils est né de cette brutalité. […] Mme Carette n’est pas seulement née Bouvet, elle est bien élevée, et elle triomphe dans l’art des présentations. […] L’érudition de Mme Carette, toujours née Bouvet, vaut son talent d’écrivain. […] Née le (soyons discret), morte à Lyon le 24 juin 1894.
De ce fond naissait sa politesse raffinée, parfaite, l’œuvre d’art de sa vie extérieure. […] (La nouvelle, dédiée à Mallarmé et où son tour d’esprit se reconnaît, est peut-être née d’une conversation entre les deux poètes.) […] Le symbolisme romantique, lui, était né d’une confiance napoléonienne en la vie. […] De là naît pareillement son esthétique paradoxale du Théâtre et du Livre. […] Le vocable sitôt né s’est enfoncé dans la plénitude de silence qui décrit autour de lui ses cercles liquides.
Nous naissons tous ce que nous sommes. […] Né dans un cabaret de village, il affectait des prétentions à la noblesse. […] Il ne se sentait pas né pour ces grands rôles de la vie publique. […] Nées d’une circonstance, elles tombent avec elle. […] Les deux principes se disputent la Terre qui vient de naître.
Il fait appel à des sentiments qui n’ont jamais existé, pour les faire naître. […] Mais ce qui vient de naître, c’est une littérature personnelle d’un caractère très particulier. […] C’est un homme né pour Rousseau, lequel fut si antihistorique qu’il fut préhistorique, non seulement dans ses rêves, mais dans ses démonstrations politiques. […] Ils naissent, vivent, s’amusent ou pleurent, à côté, tout à fait à côté. […] Modiste à Nantes, née artiste, devient « première » à vingt-quatre ans, sera patronne quand elle voudra, vendra ce qu’il lui plaira les chapeaux signés « Henriette ».
Un fils lui naquit en 1798. […] Il était né à son œuvre. […] Il y est né. […] Il ne posséda jamais ce Combourg où il est né. […] Les Indes, il y est né et y a vécu.
Le grand Condé, né en 1621 et mort en 1686, avait vu successivement l’hôtel de Rambouillet et Molière. […] Il ne les empêche pas du moins de naître, et il nous apprend à les attendre avec patience en lisant leurs devanciers. […] L’auteur est John Lily, né en 1554. […] Le rondeau, né gaulois, a la naïveté. […] Né à Chartres, en 1573 ; mort en 1613.
Pascal, excellent dans les méchaniques, ce que c’est que cette découverte dont ce chevalier se vante ici dans sa lettre : c’est qu’étant grand joueur, il donna les premières ouvertures sur l’estime des paris ; ce qui fit naître les belles pensées de alea de MM. […] Aussi jamais ne fit-elle naître d’admiration plus vive que la sienne. […] Et, voilà bien peu de mots, et bien simples, pour une si grande chose. — César étoit né avec deux passions violentes : la gloire et l’amour, qui l’entraînoient comme deux torrents42… » Quant à Pétrone, il était fort à la mode en ce moment. […] Disons vite qu’il est un certain goût primitif et sain, né du cœur et de la nature, plus rude parfois, mais tout généreux, et dont la franche saveur répare et ne s’épuise pas. […] Je vois, de plus, que ce qui sert d’un côté nuit d’un autre ; que le plaisir fait souvent naître la douleur, comme la douleur cause le plaisir, et que notre félicité dépend assez de la fortune et plus encore de notre conduite. — Je l’écoutois doucement quand on nous vint interrompre, et j’étois presque d’accord de tout ce qu’il disoit.
Sans cesse elle fait naître le souvenir des Vierges maternelles de Raphaël et des plus beaux tableaux de la Charité ; — sans efforts elle est posée comme elles ; comme elles aussi, elle porte, elle emmène, elle assied ses enfants, qui ne semblent jamais pouvoir être séparés de leur gracieuse mère ; offrant ainsi aux peintres des groupes dignes de leur étude, et qui ne semblent pas étudiés. […] « J’avais désiré et j’ai obtenu que cet ensemble offrît l’aspect sévère et simple d’un tableau flamand, et j’ai pu ainsi faire sortir quelques vérités morales du sein d’une famille grave et honnête ; agiter une question sociale, et en faire découler les idées de ces lèvres qui doivent les trouver sans effort, les faisant naître du sentiment profond de leur position dans la vie. […] « Une vitalité indéfinissable anime cette vertu bizarre, orgueilleuse, qui se tient debout au milieu de tous nos vices, s’accordant même avec eux au point de s’accroître de leur énergie. — Tandis que toutes les vertus semblent descendre du ciel pour nous donner la main et nous élever, celle-ci paraît venir de nous-mêmes et tendre à monter jusqu’au ciel. — C’est une vertu tout humaine que l’on peut croire née de la terre, sans palme céleste après la mort ; c’est la vertu de la vie. […] « Voilà que la parole humaine cesse d’être l’expression des idées seulement, elle devient la parole par excellence, la parole sacrée entre toutes les paroles, comme si elle était née avec le premier mot qu’ait dit la langue de l’homme ; et comme si, après elle, il n’y avait plus un mot digne d’être prononcé, elle devient la promesse de l’homme à l’homme, bénie par tous les peuples ; elle devient le serment même, parce que vous y ajoutez le mot : Honneur. […] Je n’ai jamais su de quoi pouvait venir ce caprice d’acrimonie qui donnait le droit de douter de la bonté de cœur de ce vieillard. « Vous êtes un homme de bien que j’ai toujours voulu prendre pour un homme d’État, parce que la fortune, maîtresse des destinées, vous a fait naître illustre, riche et beau.
Méphistophélès, le flatteur de Faust, fait naître les occasions, les tentations du mal, avec cette indifférence du boucher qui enchaîne l’agneau et qui l’égorge en paix pour l’offrir à son maître. […] — Génie et fécondité sont deux choses très voisines en effet : car qu’est-ce que le génie, sinon une puissance de fécondité, grâce à laquelle naissent les œuvres qui peuvent se montrer avec honneur devant Dieu et devant la nature, et qui, à cause de cela même, produisent des résultats et ont de la durée ? […] Aucun œil humain ne peut le voir d’avance ; aucune force humaine ne pourrait rapprocher ce temps et faire naître cette occasion. […] Le talent, s’il n’est pas dû aux parents seuls, demande cependant une bonne organisation physique ; il n’est donc nullement indifférent d’être né le premier ou le dernier, d’avoir pour père et mère des êtres jeunes et vigoureux, ou bien vieux et débiles. […] La gloire et le monde sont ses uniques pensées ; qu’il brille, qu’il émeuve, qu’il éclate d’une façon quelconque, qu’on dise qu’un génie est né en Allemagne et que ce génie aspire évidemment au diadème intellectuel de son siècle, et il est content.
Né à Paris, le 20 août 1798, d’une famille honorable (son père était préfet sous le Consulat), le jeune Saint-Arnaud fut élève du lycée Napoléon. […] On a beau dire, cela dépend beaucoup du tempérament, et on naît sage comme on naît peintre ou rôtisseur ; moi je suis né soldat… » Enfin, après la révolution de Juillet, sentant qu’un grand signal public était donné, il rentra dans l’armée avec son grade de sous-lieutenant, et nous le trouvons, au début de la correspondance, en garnison à Brest, au printemps de 1831 ; il avait trente-trois ans. […] Thiers était le chef, qui faisait naître dans les rangs de l’armée ces espérances de guerre. […] Avec les Arabes, c’est à recommencer toujours : « Cette nation-là naît un fusil à la main et un cheval entre les jambes. » Au point où il est arrivé, Saint-Arnaud sent ses vues s’agrandir, et se multiplier les occasions d’agir comme il l’entend.
« Sans nous communiquer nos sensations nous jouissions avec délice de la beauté du spectacle qui nous entourait, lorsque le chevalier de B…, rompant brusquement le silence, s’écria : “Je voudrais bien voir ici, sur cette même barque où nous sommes, un de ces hommes pervers nés pour le malheur de la société, un de ces monstres qui fatiguent la terre…. […] Mais comment pourra-t-il accomplir la loi, lui qui est un être moral et miséricordieux ; lui qui est né pour aimer ; lui qui pleure sur les autres comme sur lui-même, qui trouve du plaisir à pleurer, et qui finit par inventer des fictions pour se faire pleurer ; lui enfin à qui il a été déclaré qu’on redemandera jusqu’à la dernière goutte du sang qu’il aura versé injustement ? […] Il est fait comme nous extérieurement, il naît comme nous ; mais c’est un être extraordinaire, et, pour qu’il existe dans la famille humaine, il faut un décret particulier, un fiat de la puissance créatrice. […] On dirait qu’il est né d’un autre limon qu’elle. […] C’est un publiciste de l’école des castes ; il était né pour être un législateur des Indes ; mais, à ces systèmes et à ces préjugés près, on ne peut lui refuser en politique de la grandeur, de la profondeur, de l’horizon, de la nouveauté dans l’esprit ; il ose comme Machiavel, il analyse comme Montesquieu, il éclaire d’un mot comme Tacite ; il écrit autrement, mais aussi éloquemment que J.
La fin du seizième siècle avait vu naître, de la double imitation des anciens et des Italiens modernes, un essai de comédie où des traits de mœurs véritables et des indications de caractères sont perdus parmi des scènes de nuit, des travestissements, des reconnaissances, dans un dialogue assaisonné d’obscénités. […] N’y cherchez pas l’intérêt qui naît de la lutte d’un caractère et d’une passion ; tout le drame est dans les complications qui séparent les deux amants. […] L’École des maris, représentée en 1661, marque ce grand changement qui substituait à des situations nées d’une intrigue artificielle des caractères d’où naissent des situations. […] C’est tour à tour de sa vanité et de sa malveillance, et plus souvent de ces deux vices à la fois, que vont naître les situations où nous le verrons engagé. […] L’intérêt dans la comédie devait naître désormais de cette variété infinie du cœur humain, lequel contient plus de coups de théâtre que n’en peut créer l’imagination du dramaturge le plus fécond.