Du Marsais prouve qu’attribuer les oracles au malins esprits, n’est pas une vérité fondée sur la tradition ; que les prêtres, pour tromper le peuple, se servoient de statues creuses ; que ce n’est point affoiblir, mais confirmer la gloire de Jésus-Christ, que de réduire les oracles à des causes naturelles ; que les permissions particulières accordées au démons, suivant le témoignage de l’écriture, ne donnent pas droit d’en supposer d’autres ; que ce prodige n’étoit pas nécessaire à l’établissement du christianisme ; qu’admettre de faux miracles, ce seroit, s’il étoit possible, rendre suspects les véritables.
Cette connoissance si rare & si nécessaire, qui l’a jamais possédée comme la Bruyere ?
La connaissance de la langue latine lui est indispensable ; celle de la langue grecque lui est encore moins nécessaire qu’au médecin.
L’étude nécessaire pour perfectionner l’oeil et la main, ne se fait point en donnant quelques heures distraites à un travail interrompu.
Rousseau, qu’en étalant ces grands mots si peu nécessaires, vous avez cédé à un petit mouvement de vanité.
Il n’y a qu’une femme qui ait assez de pointe d’aiguille ou d’épingle dans l’esprit pour toucher, aux endroits qu’il faut, ce sujet trop fin pour les gros doigts de l’homme, et c’est surtout ici que le sexe de l’auteur est nécessaire au sujet et à la valeur des aperçus.
Cela devient nécessaire partout, mais cela est surtout profitable quand il s’agit — comme ici, par exemple, — de nations lointaines et stationnaires, que le temps agite et ronge sur place, tout en ayant l’air de les conserver.
Il a la petite camisole de force de son habit, il la sent sur lui, et il en est gêné… Lorsque les notices qu’il s’est permises sur ses confrères morts doivent être suivies de notices sur ses confrères vivants, quand il a épuisé la liste des extraits mortuaires, il s’arrête… Il voudrait peut-être aussi, lui, comme Pélisson, pour continuer, des arbres et des fontaines, et peut-être va-t-il les chercher ; car il termine brusquement son histoire, si l’on peut nommer du nom d’histoire ces anecdotes et ces commérages, choses trop petites pour n’avoir pas passé à travers les trous de ce crible qu’on appelle la mémoire des hommes, et qu’il était si peu nécessaire de ramasser !
C’est bien l’idée commune et moderne « des institutions », cette Poétique politique inventée pour se passer de grands hommes et à laquelle l’Histoire répond par tous les siens, car il n’y a pas d’autres créateurs de prospérités publiques que quelques grandes âmes isolées, et jamais ce que l’orgueil humain appelle si plaisamment « des institutions » n’a été autre chose que la petite monnaie de ces grands hommes nécessaires, disparus !
Lenient n’a rien du redoutable métaphysicien nécessaire ici, à l’origine de cette histoire, qu’en honnête professeur de rhétorique il prend humblement et verbalement du pied des faits biographiques et littéraires, entremêlant comme une paillette, sur la trame de la notice, l’oripeau de la citation.
Eh bien, c’est cette justesse d’esprit nécessaire à l’homme le plus fort pour qu’il ait réellement du caractère, qu’avait suprêmement le comte de Vaublanc.
Eh bien, ce qui nous a frappé tout d’abord en lisant cette histoire, ce n’est pas d’y trouver Ranke tel qu’il fut toujours dans ses écrits et n’a jamais cessé d’être (nous ne sommes pas si inconséquent aux idées que nous exprimions, il n’y a qu’un instant, sur la personnalité forcée et nécessaire de l’Histoire), mais c’est, au contraire, de ne pas assez l’y retrouver.
Ôtez, en effet, les vérités indémontrables et nécessaires à la vie et à la pensée humaines, qu’on savait avant les philosophes, et auxquelles ils n’ont pas donné un degré de certitude de plus, — le nombre infini de leurs sophismes laborieux, — les forces d’Hercule perdues par eux pour saisir le faux ou le vide, — le mal social de leurs doctrines qui n’ont pas même besoin d’être grandes pour produire les plus grands maux, — ôtez cela après l’avoir pesé, et dites-moi ce qui reste de tous ces philosophes et de toutes ces philosophies, même de ceux ou de celles qui paraissent le plus des colosses !
Écrivez le testament politique qui va assurer cette survivance nécessaire au monde, si le monde n’est pas condamné.
L’humanité, cet homme collectif, fait souvent dans sa marche ce que fait l’homme individuel dans la sienne, quand il revient chercher ce qu’il a oublié derrière lui et ce qui est nécessaire à son voyage.
Il n’y a donc point à s’étonner qu’au bout d’un certain temps, — le temps nécessaire à la corruption du goût pour achever sa putridité, — le symbole de la poésie lyrique soit Mme Saqui l’Immortelle !
mais qui est nécessaire à la moyenne des hommes, même avec d’assez jolies facultés.
Je suis intimement convaincu qu’il avait en lui la racine de toutes les poésies, mais il fut plus spécialement entraîné vers la poésie dramatique et l’étude de la nature humaine, et pour creuser dans cette poésie-là et dans cette étude, il n’avait pas besoin de l’émotion de ces voyages qui furent peut-être nécessaires au génie du poète de la Lusiade et du chantre de Childe Harold.
Ce sera celle d’étudier et d’élucider les questions de droit international dont les événements actuels rendront la solution nécessaire.
Des jurisconsultes comme Baudouin, Duaren et Hotman, commentateurs de ces lois romaines, si nécessaires à des peuples barbares qui commençaient à étudier des mots, et n’avaient point de lois ; d’Argentré, d’une des plus anciennes maisons de Bretagne, et auteur d’un excellent ouvrage sur la coutume de sa province ; Tiraqueau, qui eut près de trente enfants, et composa près de trente volumes ; Pierre Pithou, qui défendit contre Rome les libertés de l’église de France, qui devraient être celles de toutes les églises ; Bodin, auteur d’un livre que Montesquieu n’a pas fait oublier ; enfin, Cujas et Dumoulin, tous deux persécutés, et tous deux hommes de génie, dont l’un a saisi dans toute son étendue le véritable esprit des lois de Rome, et l’autre a trouvé un fil dans le labyrinthe immense de nos coutumes barbares.
La première, nous venons de le voir, détermine les connexions des diverses manifestations intellectuelles d’un même temps : dans une société toutes les acquisitions de l’esprit ont entre elles des rapports de coordination nécessaires. […] Les caractères se développent dans le sens de l’activité intérieure et font juste les gestes nécessaires que commandent les diverses attitudes de l’âme. […] Mais la liberté n’est que la condition première de toute œuvre lyrique ; cause nécessaire et non suffisante de la poésie contemporaine. […] Et plus indispensable que le reste, plus nécessaire que jamais dans le maniement délicat des modulations et des tonalités le goût, seul vrai juge. […] Cette aspiration ou effusion psychique — première condition, non suffisante, mais nécessaire, exigée du poète — ne doit pas être confondue avec le désir ou la volonté qui supposent un but déterminé.
Jusqu’à ce jour, leur accord était demeuré tacite : ils jugèrent nécessaire de l’affirmer, et constituèrent la Confrérie préraphaélite (Préraphaélite Brotherhood), en prenant l’engagement de mettre au bas de leurs tableaux les lettres P. […] Aussi est-ce en Hollande, qu’il s’est trouvé dans son véritable élément et son livre sur la Hollande est-il son meilleur ouvrage, celui qui donne du pays parcouru l’impression la plus complète, celui qui seul révèle un accord intime nécessaire entre le tempérament de l’auteur et le sujet traité. […] Tous les matériaux nécessaires à une biographie de Cavour, — à l’exception d’un journal intime qu’il a tenu pendant quelque temps vers 1835 et que M. […] Mais il est de mon devoir de te dire que ce qui, de ma part, pourrait sembler un sacrifice, serait au contraire un pur acte d’égoïsme, tandis qu’en toi la même action prendrait sa source dans un dévouement que je ne mérite pas. » Et son sentiment survit, dans toute sa force, à la séparation devenue nécessaire. […] Elle est d’ailleurs si évidente et si nécessaire que je ne puis éviter de la reproduire.
C’est l’opulence de la contrée ; cela suffit pour vivre dans l’aisance relative, en y surajoutant le produit en nature du petit jardin, du champ réservé, de la vigne, du moulin, du verger en pente, qui donnent le blé de l’année, les pommes de terre, le maïs, les châtaignes conservées, les noix cassées par les maîtres et les serviteurs pendant les veillées d’hiver, sur la table solide de la cuisine ; le vin, les légumes, les fruits, cueillis par la servante et les enfants, et soigneusement encaissés et visités dans le fruitier ; tout ce qui est strictement nécessaire, en un mot, pour vivre largement et pour donner libéralement aux malades, aux infirmes, aux pauvres du village, aux mendiants errants et réguliers des villages voisins. […] qui n’a pas même les feuilles blanches nécessaires à l’expansion de son cœur pour elle et pour un enfant de quatorze ans ! […] « Quand tout le monde est occupé et que je ne suis pas nécessaire, je fais retraite et viens ici à toute heure pour écrire, lire ou prier.
Réflexion, raison, intérêt, extension des appétits personnels au-delà des limites du nécessaire et du présent, atrophie du sens de la pitié, toute cette déformation de l’homme naturel s’est faite, s’est accrue dans et par la société. […] Portée de la doctrine On dit communément que cette doctrine est fondée sur des postulats non nécessaires, qu’elle est souvent sophistique en ses enchaînements, outrée ou fausse en ses conséquences. […] Au contraire, historiquement et logiquement, l’enchaînement est réel et nécessaire.
Sans doute la connaissance universelle de l’esprit humain serait nécessaire pour cette histoire. […] La recherche réfléchie, indépendante, sévère, courageuse, philosophique en un mot, de la vérité semble avoir été le partage de cette race indo-germanique qui, du fond de l’Inde jusqu’aux extrémités de l’Occident et du Nord, depuis les siècles les plus reculés jusqu’aux temps modernes, a cherché à expliquer Dieu, l’homme et le monde au sens rationaliste, et a laissé derrière elle comme échelonnés aux divers degrés de son histoire ces systèmes, ces créations philosophiques, toujours et partout soumis aux lois constantes et nécessaires d’un développement logique. […] Longtemps encore le critique sera solitaire et devra se borner à regretter que l’éducation nécessaire pour le comprendre soit si peu répandue.
Ici, c’est la mort qu’ils se donnent, et de plein gré ; et lorsque la coupe est vidée et que devant eux se dresse la mort immédiate et certaine, alors ils peuvent se dire leur amour, car la mort abolit les nécessaires mensonges de la vie. […] La seule chose qu’on puisse accorder à ces auteurs, c’est que, dénué d’intrigue, le drame n’a plus de lignes nécessaires, conduisant à une limite inévitable. […] VII, on voit qu’il trouve des explications nécessaires dans le poème lu, qui sont superflues dans le drame avec musique.
Son valet était un général romain, tué à une bataille quelconque dans le pays, et auquel il avait redonné le mécanisme vital, en ne lui accordant que la dose d’intelligence nécessaire pour nettoyer ses fioles. » 18 avril Je voudrais une chambre inondée de soleil, des meubles tout mangés de lumière, de vieilles tapisseries, dont toutes les couleurs seraient éteintes et comme passées sous les rayons du Midi. Là je vivrais dans des idées d’or, le cœur réchauffé, l’esprit ensoleillé, dans une grande paix doucement chantante… C’est étrange comme, à mesure qu’on vieillit, le soleil vous devient cher et nécessaire, et l’on meurt en faisant ouvrir la fenêtre, pour qu’il vous ferme les yeux. […] * * * — Ma maîtresse me racontait aujourd’hui qu’elle avait une fluxion de poitrine et qu’elle n’avait pas dans le moment l’argent nécessaire pour acheter le nombre de sangsues, commandées pour qu’elle guérît.
Donc, syllogistiquement… mais intellectuels, amis non amants, juste assez de charnel inconsciemment désiré, d’envoûtement senti nécessaire (photographies) pour faire l’amitié vivace, sans potacheries, trop philosophes pour ignorer que l’Idée déchoit qui passe à l’Acte ; l’une gynandre en spontanéité, l’autre d’irrésolution (parfois) androgyne, semblables par l’interversion de leurs sexes ; union de noblesse socratique ; Nisus et Euryale cérébraux, non musculaires, avant les nuits sous la même tente. […] A coté de Hilde, le personnage épisodiquement nécessaire de Raïa Polsi, âme admirante de maître Solness, mais de Solness quel qu’il soit, sans le piédestal d’une haute tour, — en la grâce de Mlle Bady. […] Le temps est nécessaire parce que ceux qui sont plus âgés que nous — et que nous respectons à ce titre — ont vécu parmi certaines œuvres qui ont pour eux le charme des objets usuels, et ils sont nés avec une âme qui était assortie à ces œuvres, et garantie devant aller jusqu’en l’an mil huit cent quatre-vingt … et tant.
J’avais cependant l’esprit aussi juste que le corps sain ; mais j’étais malade d’un poème que je voulais enfanter sans avoir eu encore la force de conception nécessaire à cet enfantement. […] Malgré le prodigieux effort de talent et de langue nécessaire pour traduire un poète en vers, M. […] Un esprit tel que le sien eût été bien nécessaire à ce temps de contention pénible où la philosophie, redevenue religieuse, et où l’orthodoxie, redevenue platonicienne, si elles ne peuvent pas se confondre, cherchent néanmoins à s’avancer dans une concorde divine sur la double voie que la raison et le cœur cherchent vers le même but : la science est le service de Dieu.
Est-il nécessaire d’entrer dans le détail des associations ? […] Cette aptitude est également nécessaire à l’artiste pour trouver l’expression. […] On peut même dire que c’est dans ce cas qu’il est le plus nécessaire de recourir à la méthode dramatique, et de faire ainsi appel à l’activité inconsciente de l’esprit. […] Préparation nécessaire Tout d’abord une préparation est nécessaire. […] Était-il nécessaire, par exemple, de dessiner minutieusement les détails de la crinière ?
Elle donne à notre art un certain degré nécessaire de généralité, d’objectivité. […] Le « Tour de France » était nécessaire autrefois à l’ouvrier pour se perfectionner dans son métier et recueillir ici et là les différents procédés de fabrication. […] Les voyages de Pantagruel sont une parodie ; mais il est quelquefois nécessaire, pour les trouver très piquants, d’être prévenu que c’en est une. […] Sans que ce fût nécessaire, il n’était pas mauvais, non plus, que le nouveau despotisme fût très moral, puritain et théocratique. […] La prédestination est le point d’arrivée nécessaire du Calvinisme, c’est-à-dire de la notion d’infini comprise avec emportement et embrassée avec ivresse.
Il n’est pas absolument nécessaire de perdre son âme pour la sauver, et il ne faudrait pas détourner le sens du mot évangélique, comme le fait volontiers M. […] Il n’est pas nécessaire de noircir beaucoup de pages pour passer à la postérité. […] Julien Benda, en effet, a donné trois références, dont l’une était des moins nécessaires. […] Mais d’abord la liberté, dont Balzac ne tenait pas compte dans son système politique, me semble également nécessaire. […] On le vit bien sous la Constituante, composée de libéraux, qui crurent pouvoir accomplir les réformes nécessaires sans seulement abolir la royauté.
Au temps de Racine, on savait très bien son histoire sainte ; à présent, on ne la sait plus ; mais ça n’est pas du tout nécessaire pour comprendre Athalie. […] Or, Faguet n’a point vu plus que moi de lien nécessaire entre les amours de Saint-Mégrin et les enluminures historiques du second et du quatrième acte. […] J’adore le Réveillon, bien qu’on en puisse distraire tout le second acte sans rien enlever de nécessaire à l’action. […] Le dénouement nécessaire me paraissait être la mort d’André. […] Il ne s’agit que d’allonger un peu cet intervalle normal et nécessaire.
C’est le suffisant et le nécessaire. […] C’est ainsi que le naturisme de Diderot rejoint son athéisme et le confirme, ce que, du reste, il n’était pas très nécessaire de démontrer si longuement. […] Ces jeunes gens, tous bons Français, tous patriotes, ayant ainsi un lien commun, nécessaire et suffisant, ayant ainsi une « unité » nécessaire et suffisante, se rencontraient dans la vie, discutaient, remuaient des idées et se faisaient, par la discussion, des idées personnelles, et il n’y a que les idées personnelles qui soient des « idées-forces », et des idées fortes, et des idées fécondes. […] , c’est que ce serait une folie et une folie criminelle de vouloir procéder à une rupture violente avec le Saint-Siège et de décréter la séparation sans avoir préparé les esprits par toutes les mesures nécessaires. […] On lui répondait : « S’il est juste et nécessaire d’interdire l’enseignement aux membres des congrégations, il est non moins juste et nécessaire de prendre la même précaution à l’égard des prêtres séculiers » ; car l’Église est une congrégation, ou qu’est-ce qu’elle est donc ?
Il manquait des livres nécessaires, n’avait pour compagnon qu’un petit Virgile qu’il avait acheté près de la Bourse, à Amsterdam ; il lui arrivait de rencontrer chez d’honnêtes fermiers du Holstein les Contes moraux de Marmontel, mais il n’avait pu trouver un Plutarque dans toute la ville de Hambourg (que n’allait-il tout droit à Klopstock ?) […] … Je ne veux que terminer dans une cave, au milieu des livres nécessaires, mon poème commencé. […] Mais les habitudes du style poétique du xviiie et même du xviie siècle, familières à Fontanes, vont mal avec cette tournure hardie, avec ce relief heureux et rajeunissant, ici nécessaire, qu’André Chénier possède si bien et qu’atteignit même Ronsard. […] Elle s’honore même des ménagements nécessaires qu’elle a dû garder pour l’intérêt de la génération naissante ; et, sans insulter ce qui vient de disparaître, elle accueille avec enthousiasme ce qui nous est rendu. » Mais, en parlant ainsi, le Grand-Maître était déjà dans l’apologie et sur la défensive ; les attaques, en effet, pleuvaient de tous côtés. […] « Quant à l’individu qui se présente, la seule question à examiner consiste à, savoir s’il a le talent nécessaire, s’il a un bon esprit, et si l’on peut compter sur les sentiments qui guideraient ses recherches et conduiraient sa plume. » Tout ce qu’il y a de profondément vrai et de radicalement faux dans cette Note mémorable serait matière à longue méditation.
Il nous faudra pourtant choisir un critérium pour faire sortir du rang l’élite de ces bataillons serrés : il tiendra tout dans une distinction nécessaire entre celles qui se consacrent à des besognes, fournisseurs attitrés des innombrables magazines à images, et celles qui marquent un réel souci d’art littéraire. […] … ce sera donc, le plus souvent, besoin de sortir de soi-même, pour chercher l’excitant nécessaire à la production, de suppléer aux défaillances d’un tempérament qui ne saurait, par sa seule vigueur, étreindre son sujet : à une époque où l’originalité véritable tend à se faire de plus en plus rare, quelle meilleure marque de plasticité littéraire ? […] … si l’on écarte la préconception romantique d’Antoine Arnault et les traits essentiels du héros qui furent empruntés à Manfred, à René, c’est du Sperelli, c’est de l’Effrena de d’Annunzio qu’il tire cette sécheresse d’âme, ce cruélisme, ce culte de la sensation exclusive qui va jusqu’au sadisme imaginatif, aboutissement logique, il en faut convenir, puisque ces divers éléments composent l’unité d’une âme et sont entre eux dans un rapport nécessaire de cause à effet. […] Doctrine qui pourra amener le sourire aux lèvres du philosophe, puisqu’elle s’insurge contre l’acceptation nécessaire, convient-elle pas merveilleusement au poète qui suit les impulsions de son tempérament, qui s’abandonne aux exigences de sa nature ? […] Nul plus que nous ne les saurait admettre, à une condition pourtant : c’est qu’on leur reconnaisse un contrepoids nécessaire.