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1239. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Voilà un mot qui me presse ! […] Je ne suis pourtant pas de ceux qui se gendarment contre l’emploi des mots. […] — Je connais peu de ces mots-là, dit Julie. Il n’y a rien de menteur ou de vague comme les mots. […] Racontez-moi en peu de mots le poème de Montanelli.

1240. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Il n’est rien, en un mot, de tout ce que vous feignez de craindre. […] Nisp est la corruption persane du mot arabe nessf, moitié. […] Anâ khânum: ces deux mots sont turcs. […] Sérail est la corruption du mot turc et persan Séraï, grande maison, hôtel, palais. […] Il ne faut pas confondre ces deux mots.

1241. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

En un mot, il était bien des rêves ardents, prolongés, que son sourire ne permettait plus à son front. […] Chaque mot est un trait qui s’ajoute au précédent, et cela ne cesse pas jusqu’à ce qu’il ait fini. […] Comme je n’ai en ce moment à cœur que de montrer l’inexactitude du mot de De Vigny m’accusant d’avoir, en 1835, parlé de lui à la légère et d’avoir porté l’analyse dans les procédés de son talent, en le connaissant à peine, je lui laisserai le soin de prouver jusqu’où allait notre connaissance et notre presque intimité (le mot n’est pas trop fort) depuis plusieurs années déjà. […] Faites-moi savoir par un mot si vous préférez un autre jour ; si vous ne me répondez pas, j’irai causer une heure avec vous ce jour-là. […] Je le rajeunissais, et il se laissa rajeunir sans mot dire.

1242. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

La pudeur s’envole à ce mot, et le scandale s’empare de ses pages. […] L’admiration ou l’adulation générale l’encourageait ; les applaudissements devançaient le mot ; l’enthousiasme éclatait à chaque phrase. […] Aristocratie et France moderne sont deux mots qui se nient l’un à l’autre. […] Les unes peignaient les douleurs d’une longue captivité, les autres l’isolement, la privation barbare des dernières ressources ; et ne craigniez-vous pas que ces mots : ils ont enlevé le fils à la mère, ne dévorassent tous les souvenirs dont vous retraciez la mémoire ! […] Tout le monde connaît la brusquerie célèbre dont il repoussa ses avances à une des réceptions des Tuileries, où madame de Staël s’efforçait de s’attirer un mot ou un sourire d’encouragement du dictateur : Quelle est à vos yeux la femme supérieure à toutes les femmes ?

1243. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Il a le mot qui emporte pièce, la couleur crue, intense, le trait net, ferme, qui détache vigoureusement l’image. […] Il a d’adorables mots pour sa bonne femme de mère : et n’est-ce pas le lieu commun de notre art réaliste, que la sensibilité familiale des clients de la cour d’assises ? […] Il a des mots délicieux, non pas de cynisme — ce n’est pas sa manière ; — mais de scepticisme désabusé. […] Point de marché, de marchandage (les mots favoris de Commynes), sans respect des contrats. […] Le grand homme de l’école était Jean Molinet, bibliothécaire de Marguerite d’Autriche, et chanoine de Valenciennes, avec ses titres bizarres, son inépuisable platitude relevée d’inintelligibles recherches de mots et de rimes.

1244. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Est-ce forcer les mots que de voir dans ce poète de la volonté toute pure quelque chose comme le Kant du théâtre tragique ? […] Ce sont là de bien gros mots. […] Racine n’a qu’un mot très froid sur la mort de la Champmeslé ; mais il était alors marié, père de famille, déjà vieux. […] Deschanel avait une belle occasion de revenir au vrai sens du mot « romantisme » et de montrer qu’Ériphile est déjà, sauf le style, un personnage dramatique comme on les aimait aux environs de 1830. […] Deschanel du mot « romantisme ».

1245. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Il n’a pas eu la chance de Virgile, dont l’immortalité est entretenue par deux contresens sublimes et par un mot profond qu’il n’a peut-être pas dit. […] et Nullius addictus jurare in verba magistri, sont des mots essentiellement horatiens. […] J’appelle ici de ce mot très impropre de « naturalisme » le genre de littérature qui fut en faveur de 1875 à 1885, ou à peu près. […] Au mot du prince d’Aurec : « Il y a la manière », répond le mot de Mme Blandain : « Vous vous croyez des Grammont-Caderousse ». […] Daudet est comme « hypnotisé » (c’était son mot) par la réalité.

1246. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre V : Règles relatives à l’explication des faits sociaux »

C’est ainsi encore que les mots servent à exprimer des idées nouvelles sans que leur contexture change. […] Nous nous servons du mot de fonction de préférence à celui de fin ou de but, précisément parce que les phénomènes sociaux n’existent généralement pas en vue des résultats utiles qu’ils produisent. […] En un mot, il y a entre la psychologie et la sociologie la même solution de continuité qu’entre la biologie et les sciences physico-chimiques. […] D’ailleurs, la science ne connaît pas de causes premières, au sens absolu du mot. […] C’est dire que ces mots de contrainte et de spontanéité n’ont pas dans notre terminologie le sens que Hobbes donne au premier et M. 

1247. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Le traité de Balzac devait embrasser la vie élégante tout entière, avec ses faces multiples et ses développements, et il n’en a touché que la première partie, mais d’une main si sûre, si juste, si habile, si raffinée, et, qu’on me permette le mot ! […] Les dandys de la bande du prince de Galles (bande est bien le mot), en tentant de s’élever au-dessus de la vie, tombèrent au-dessous. […] « Les grands esprits, — a dit le grave de Maistre, ce français du Piémont ; — les grands esprits qui n’ont pas le petit mot pour rire, ne sont pas vraiment de grands esprits. » Et le mot, parfaitement vrai en France, serait faux ailleurs. […] Cela dit, pour l’honneur de la vérité et pour l’apaisement d’une conscience dont Balzac sentit noblement les murmures, je n’aurai plus qu’à exprimer en peu de mots le jugement du critique littéraire sur un livre inouï, de première originalité dans l’imitation, et qui enlève désormais le sens à ce mot d’inimitable que l’on voit prodigué dans les traités de littérature. […] Alliance de mots qui n’est pas trop forte !

1248. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

Ce pesant Chapelain, qui avait du jugement dans les matières de prose, a dit de Mézeray en notant quelques-uns de ses défauts : « C’est néanmoins le meilleur de nos compilateurs français. » L’éloge est juste, si l’on entend le mot de compilateur sans aucune idée défavorable et en se contentant de le prendre par opposition aux écrivains de mémoires et de première main. […] Quoi qu’il en soit, en toute occasion, et lorsqu’il rencontre des opinions de cette nature chez quelques-uns des personnages de l’histoire, Mézeray les touche évidemment avec plaisir et les fait valoir d’un mot. […]  » Si le mot n’y avait été déjà, il était capable de l’y avoir mis. […] Pour éclaircir le mot Comptable dans le Dictionnaire et en haine de la finance qui était sa bête noire, il avait mis : « Tout comptable est pendable. […] Quand il avait la goutte, ce qui lui arrivait quelquefois, il disait, en jouant sur le mot, qu’elle lui venait « de la fillette et de la feuillette ».

1249. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

Louis Bourdaloue naquit à Bourges le 28 (et non le 20) du mois d’août 1632, d’une bonne famille d’avocats, d’échevins, de lieutenants au bailliage, de conseillers au présidial, en un mot, de cette bourgeoisie déjà anoblie, et qui n’avait qu’à faire un pas pour pénétrer plus ou moins dans la noblesse. […] Nous sommes devenus difficiles : le style purement judicieux nous rebute et nous ennuie, et Bourdaloue, en parlant, ne raffinait pas : il a l’expression claire, ferme, puisée dans la pleine acception de la langue ; il ne l’a jamais neuve (une ou deux fois il demande pardon d’employer les mots outrer, humaniser). […] Il s’occupait des choses et non des mots ; il n’avait pas la splendeur naturelle de l’élocution, et il ne la cherchait pas : il s’en tenait à ce style d’honnête homme qui ne veut que donner à la vérité un corps sans lui imposer de couronne. […] Il lui a appliqué très ingénieusement, pour la savante disposition des plans et la distribution des diverses parties, le mot de Quintilien qui compare cette sorte d’orateur tacticien à un général habile qui sait ranger ses troupes dans le meilleur ordre. Bourdaloue a donc, comme on dit, l’imperatoria virtus, cette qualité souveraine de général qui fait que tout marche en ordre et à son rang ; que rien ne s’ébranle sans le mot du chef.

1250. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Qualités et défauts ainsi amalgamés et arborés avec faste faisaient de lui un homme des plus en vue, toujours en avant, actif, infatigable, moins incommode encore qu’amusant, dont tout le monde se moquait, mais qui dans ce rôle naïf qu’il avait accepté, et dont il prenait les bénéfices avec les charges, trouvait parfois des mots piquants, des ripostes imprévues, comme il arrive aux sots qui ont quelque esprit. […] Au reste, selon l’usage du monde envers ces réputations riches, une fois faites et adoptées, on lui prêtait quantité de mots, et on lui attribuait tout ce qui était digne de lui. […] s’écriait-il aussitôt ; son air charmant et majestueux se répand sur toutes ses actions ; sa maison royale emprunte quelques rayons de sa gloire ; son âge est mûr et parfait ; le travail infatigable lui est devenu naturel… Son amour extrême pour nous sacrifie toutes ses veilles à notre repos, et s’il abrège et méprise le temps du sommeil, c’est parce qu’il le passe sans nous… Ne vous étonnez pas, messieurs, du zèle de ce discours : chaque mot est un trait de flamme… Cela paraissait ridicule, dit de ce ton, même alors, — surtout alors62. […] — En un mot, il se faisait dire au sérieux et sans rire ce que l’abbé de Caumartin lui avait déjà dit en face et en badinant. […] Il n’est pas sacerdotal par rapport à lui, car il n’a pas dit un seul mot de l’Écriture sainte, des Pères de l’Église, ni des Conciles œcuméniques, et ce sont les seules paroles qui doivent sortir de la bouche d’un prêtre.

1251. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Don Quichotte, après avoir écouté tous les détails sur la vocation obstinée du jeune homme, dont le seul crime est de trop aimer Homère et Virgile, et de vouloir converser tout le jour avec Horace, Tibulle et autres Anciens, répond aux craintes du père par un discours d’une merveilleuse sagesse, et qui, pour la grâce comme pour la modération, pourrait être tout entier (sauf quelques mots) d’un de ces aimables vieillards de Térence : « Les enfants, lui dit-il, sont une portion des entrailles de leurs parents ; il faut donc les aimer, qu’ils soient bons ou mauvais, comme on aime les âmes qui nous donnent la vie. […] » Moi qui en si peu de mots m’entendais louer si galamment, je crus qu’il y aurait peu de courtoisie à ne pas lui répondre sur le même ton. […] Montesquieu, dans une de ses Lettres persanes, a écrit à propos des Espagnols ce mot souvent cité : « Le seul de leurs livres qui soit bon est celui qui a fait voir le ridicule de tous les autres. » C’était le mot définitif de Montesquieu, et il le répétait toutes les fois qu’on parlait de littérature espagnole devant lui. […] En France on vit à perpétuité sur ces mots-là qui dispensent d’une plus longue étude. […] monsieur, lui dit le ministre, je vous en fais mon compliment ; je vous envie le plaisir de lire Don Quichotte dans l’original. » Je ne sais comment le prit l’homme de lettres politique, mais le mot est piquant, et il mérite d’être joint à tant de témoignages de choix sur Cervantes.

1252. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Lorsqu’il a eu à parler de Mme Roland, comme s’il s’agissait avant tout de la disculper et de la défendre, il a essayé de diminuer son rôle actif auprès de son mari et sa part virile d’influence : il s’est refusé également à admettre qu’il se fût logé dans ce cœur de femme aucun sentiment autre que le conjugal et le légitime, ni aucune passion romanesque : « Écoutez-les, disait-il hier encore, en s’adressant par la pensée aux différents historiens ses prédécesseurs et en les indiquant du geste tour à tour : ceux-là, soit admiration sincère pour le mérite de Mme Roland, soit désir de rabaisser celui des hommes qui l’entouraient, voient dans la femme du ministre la tête qui dirige et son mari et les législateurs qui le fréquentent, et répétant un mot célèbre : Mme Roland, disent-ils, est l’homme du parti de la Gironde ; — ceux-ci, habitués à se laisser aller à l’imagination du romancier ou du poète, transforment l’être qu’ils ont créé en nouvelle Armide, fascinant du charme de ses paroles ou de la douceur de son sourire ceux qu’elle réunit dans ses salons ou qu’elle convie à sa table ; — d’autres enfin, scrutateurs indiscrets de la vie privée, se placeront entre la jeune femme et son vieux mari, commenteront de cent façons un mot jeté au hasard par cette femme, chercheront à pénétrer jusqu’aux plus secrets sentiments de son âme, compteront les pulsations de son cœur agité, selon que telle ou telle image, tel ou tel souvenir l’impressionne, et montreront sous un voile transparent l’être vers lequel s’élancent sa pensée et ses soupirs ; car à leur roman il faut de l’amour. » Et il ajoute, plein de confiance dans le témoignage qu’il invoque : « Mme Roland a raconté elle-même avec une simplicité charmante ce qu’elle a pensé, ce qu’elle a senti, ce qu’elle a dit, ce qu’elle a fait. » Eh bien ! […] Une femme paraissait là un peu déplacée ; mais elle ne se mêlait point des discussions ; elle se tenait le plus souvent à son bureau, écrivait des lettres, et semblait ordinairement occupée d’autre chose, quoiqu’elle, ne perdît pas un mot. […] En un mot, il lui aurait fallu cette grande foire humaine et à marché ouvert qu’on appelle le Directoire ; toutes les ambitions, toutes les compétitions, toutes les cupidités à nu ; et les plaisirs à l’avenant : une Régence. […] Louis Blanc a dit encore en parlant du groupe de la Gironde et pour le définir : « Ce furent des artistes égarés dans la politique. » Artistes, je l’accorde ; mais il convient encore de se bien entendre sur le mot ; ils l’étaient peut-être (l’un d’entre eux du moins, Vergniaud), par l’éloquence ; comme écrivains, ils n’étaient artistes nullement. […] Le mot est d’elle.

1253. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Je garde, pour la fin, un dernier portrait de la reine, un pastel de société par Mme Du Deffand, qui est du La Tour en littérature, et je me hâte vers les dernières années où ce portrait s’applique parfaitement à elle ; mais il faut absolument dire un mot de la période la plus pénible et de ce que souffrit la reine « du temps des quatre sœurs. […] La reine acheva de dîner sans dire un mot de plus et rentra dans son appartement comme elle en était venue. […] Elle tolérait fort bien le petit mot pour rire. […] » Ce qui donna l’occasion au président de répondre par ce madrigal ; Ces mots, tracés par une main divine, Ne m’ont causé que trouble et qu’embarras ; C’est trop oser si mon cœur la devine, C’est être ingrat s’il ne devine pas. […] Elle l’interroge et le force de le lui nommer. « Apprenez, Monsieur, lui dit-elle, que jamais ces sortes de mots ne sauraient choquer la pudeur de mes filles, et qu’il vaut mieux jouer devant elles ces excellentes pièces que toutes les pièces à sentiments dont nous sommes inondés. » (Mémoires manuscrits de Dufort, introducteur des ambassadeurs sous Louis XV.)

1254. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Ce mot, bien que juste à la réflexion, m’étonne appliqué à une Lisette. […] dit la religieuse avec un faible sourire, celle-ci veut s’échapper. » Nous en irons-nous comme cela sans un mot du cœur ? […] J’en ai remarqué un avec ces mots : Crains Dieu ! Ces mots sont bien placés dans ces grandes œuvres divines, sur ces puissants arbres qui vous disent de craindre la main qui les a plantés. » Tout cela est pur, net, distinct, bien vu, bien dit, rapidement conté ; c’est classique, c’est attique et irréprochable. […] « Telle est mon histoire, en deux mots. — Mais il m’en faudrait cent pour vous dire à quel point, vous sachant un peu prévenu, et le comprenant mieux que personne (vous pouvez m’en croire), je suis touché de votre bonté pour moi, et reconnaissante de la place que vous m’avez donnée à côté d’une femme que je respecte et pour laquelle j’éprouve un vif attrait. — Soyez-en bien persuadé, monsieur, et veuillez recevoir, etc.

1255. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

N’employons pas de si grands mots, laissons de côté ces généreux sentiments qui n’ont que faire en un tel sujet ; bornons-nous au vrai. […] S’ils ont de plus l’esprit et la raillerie à leur service, ils se privent difficilement de faire des mots piquants. […] « Il bavait de colère, nous dit Chateaubriand ; le sang-froid de Louis XVIII l’avait démonté. » Les événements de 1814 approchaient : à l’annonce du désastre de 1812, Talleyrand avait dit le mot décisif : « Voilà le commencement de la fin. » La fin prévue se précipitait. […] On raconte (et je mets le mot tel quel, sans autre explication) que quand le comte Pozzo di Borgo entra chez M. de Talleyrand, celui-ci se faisait friser : « Général, lui dit-il, à quoi pensiez-vous donc de vous faire ainsi attendre ? […] Il semble qu’il soit fait allusion à cette scène de 1814 dans un mot de Napoléon à M. 

1256. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Personne, en France, avant Boileau, n’avait nettement conçu ni formulé ce grand principe de l’imitation de la nature, et tous les mots dont on se servait : vérité, bon sens, avaient en soi un air d’abstraction ou un sens subjectif, qui faisaient glisser la littérature dans la sèche logique, ou l’abandonnaient à la tyrannie du goût individuel et de la mode. Ce grand mot de nature une fois prononcé, l’objectivité, l’impersonnalité, la réalité s’imposaient à l’œuvre d’art. […] Et Boileau, voyez-le tailler, rogner, changer, abréger son Longin, sans autre loi que son goût et le désir d’éviter de la peine à son lecteur, écartant les « antiquailles » (entendez ce qui suppose une teinture d’histoire ou d’archéologie), supprimant ce qui est « entièrement attaché à la langue grecque » (entendez ce qui suppose la connaissance du grec), substituant, dans une citation de Sapho, un « frisson » à une « sueur froide », parce que « le mot de sueur en français ne peut jamais être agréable, et laisse une vilaine idée à l’esprit ». En un mot, il se fait à chaque moment juge du sens et des mots de son auteur, il le « rectifie » sans scrupules, « à la française ». […] Les mots dont il s’est servi nous offrent sans doute plus de sens qu’ils n’en avaient pour leur auteur.

1257. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Rabusson limite et réduit ce don en le définissant : Le duc de Trièves avait le don de la conversation, si précieux pour se faire bien venir des femmes, que l’on prend avec des mots chatoyants  comme on prend certains poissons avec des mouches artificielles et les grenouilles avec du drap rouge. […] Il y a là un mot brutal. […] Elles répètent, avec plus de grâce et moins de brutalité, l’horrible mot de Mme Campardon dans Pot-Bouille : « Tout excepté ça !  […] Rabusson ne croit pas beaucoup à la liberté humaine (pas la moindre trace de lutte morale dans ses histoires), ni au bonheur de vivre (tous ses romans pourraient finir, comme l’Amie, par ces mots : « Pourquoi la vie ?  […] Rabusson — pas toujours très pur ni exempt de toute phraséologie, mais fin, souple, aisé, élégant (c’est le mot auquel je reviens toujours).

1258. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Il balbutiait une naïveté et une pauvreté, le mot qui aurait pu dire tout le dédain de l’homme qui pense pour la société, la plus brutale des forces naturelles. […] Et le mot dieu est employé dans un sens précis, puisque tu compares, naïf, « la religion de l’innocent » à « la religion du Christ ». […] Il recommande : « Dites donc en peu de mots l’essence même des idées ». […] Les mots sont extraits de partout, du vieux français, des dialectes occitans, du latin surtout. […] Bergeret, ta phrase ne méprise pas tout à fait Napoléon quand tes mots le glorifient.

1259. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Un coquin de plus, c’est le dernier mot de la comédie de M.  […] Le dialogue veut être gai à tout prix ; les mots pleuvent, les reparties grêlent ; souvent même, les personnages, pour égayer le sujet, parlent l’argot des coulisses et imitent le cri des rapins. […] Cependant, l’action s’engage, au milieu de mots mordants, sifflants, acérés. […] Je n’y trouve guère qu’un mot à reprendre, quoique ce mot ait été fort applaudi. […] Les mots frappent juste, si l’action est fausse : le plan de la bataille est vicieux, mais le tir en est admirable.

1260. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

ce qu’on appelle un enfant bien né ; il a un penchant au vice et à des vices bas ; il a des convoitises honteuses et cachées qui ne sentent pas le gentilhomme ; il a de ces longues timidités qui se retournent tout d’un coup en effronteries de polisson et de vaurien comme il s’appelle ; en un mot, il n’a pas cette sauvegarde de l’honneur, que M. de Chateaubriand eut, dès l’enfance, comme une sentinelle vigilante à côté de ses défauts. […] Les mots de polisson, de vaurien, de gueux, de fripon, n’ont rien qui l’arrête, et il semble même qu’ils reviennent avec une certaine complaisance sous sa plume. […] Il ne hait ni le mot ni la chose. […] Les mots, en ce chef-d’œuvre de l’art, ont pris une magie nouvelle ; ce sont des mots pleins de lumière et d’harmonie. […] Par cet aspect on le définirait d’un mot : il est le premier qui ait mis du vert dans notre littérature.

1261. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Dans cette même lettre à sa mère, il y a, sur la fin, un mot de sensibilité ; il regrette la vie tranquille et douce qu’il menait sous le toit domestique : Babil de femmes, folies de jeunesse, s’écrie-t-il, qu’êtes-vous en comparaison ? […] Un de ses camarades de ce temps, qui a donné depuis un récit, quelque peu arrangé, de ses souvenirs, nous le montre alors, grand, mince et maigre ; avec une bouche largement fendue, de grosses lèvres, un visage marqué de petite vérole, fort laid en un mot, mais d’une laideur animée et réparée par la gaieté et l’esprit de la physionomie ; se piquant de bonnes fortunes, amoureux d’une danseuse, Mlle Simonnette, et écrivant en grec ses dépenses secrètes sur son calepin. […] Tranchons le mot : il y a un héroïsme et une géométrie qui s’entraident l’une l’autre, et qu’il n’entend pas. […] Courier se défendait fort de l’être : Si j’entends bien ce mot, qui, je vous l’avoue, m’est nouveau, vous dites un helléniste comme on dit un dentiste, un droguiste, un ébéniste ; et, suivant cette analogie, un helléniste serait un homme qui étale du grec, qui en vit, qui en vend au public, aux libraires, au gouvernement. […] Pure chicane de mots !

1262. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Cette diverse et joyeuse bande prit tout d’une voix de Brosses pour secrétaire, le chargeant d’écrire les détails du voyage aux amis de Dijon, à toute une aimable et franche coterie bourguignonne, le gros Blancey, le bon Quintin et d’autres encore, même d’aimables dames, qui savaient, comme autrefois, être de très honnêtes femmes et entendre le mot pour rire. […] Nous voyions près de nous des montagnes couvertes de neige, qui nous faisaient frais aux yeux… On a dit du président de Brosses qu’il savait peu écrire ; le fait est qu’il n’y songe pas ; son style en lui-même n’est rien, mais l’esprit lui donne à tout moment de ces expressions heureuses, pittoresques, qui disent tout en deux mots. Par exemple, quand il passe en Dauphiné, il dira de l’Isère : « Nous passâmes ensuite à l’embouchure de l’Isère, rivière infâme s’il en fut jamais : c’est une décoction d’ardoise. » Et à Marseille : « On trouve en cette province, à chaque pas, l’agréable et jamais le nécessaire ; aussi, à vous parler net, la Provence n’est qu’une gueuse parfumée . » À propos d’une danseuse qu’il voit à Vérone, et qui surpasse tous les maîtres en entrechats : « De sorte, ajoute-t-il, qu’à l’égard de la légèreté, la Camargo est auprès d’elle une danseuse de pierre de taille. » Parlant du Giorgione à Venise, et le comparant, pour le coloris, à ce qu’est Michel-Ange pour le dessin, il dira : « Ces deux maîtres sont les czars Pierre de la Peinture, qui en ont banni la barbarie ; mais ce n’a pas été sans férocité. » Et en débarquant à Livourne : « Figurez-vous une petite ville de poche, toute neuve, jolie à mettre dans une tabatière, voilà Livourne. » Je cite ces mots au hasard, non comme des mots (car quelques-uns pourraient sembler maniérés, s’ils étaient faits pour être détachés et mis en relief), mais comme faisant partie du mouvement et du pétillement d’esprit ordinaire au président de Brosses. […] Mais ne pourrait-on pas ajouter un dernier mot ? […] Dans tout ce qui précède, c’est à dessein que je n’ai fait que nommer Voltaire et que je n’ai pas dit un mot de la grosse querelle qu’il fit à de Brosses, querelle de locataire à propriétaire, d’acheteur à vendeur, à l’occasion du château de Tourney, que le président lui avait cédé à bail sa vie durant.

1263. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

venait de me dire Pélagie, quand la petite a mis sur la table une dépêche, qui contenait ces deux mots : Flaubert mort !  […] * * * — Dans cette vie de succulence, qui est, en cette maison, le dernier mot de la cuisine provinciale, et peut-être son chant du cygne, il me vient un doux hébétement, qui me rend incapable d’écrire une ligne. […] Alphonse Rothschild a un beau mot pour se défendre, dans le premier instant, contre un objet qu’on lui fait trop cher : « Non, non, dit-il, c’est immoral à ce prix !  […] » * * * — Un mot de physiologiste psychologue, un mot de Charcot sur Gambetta : « Certainement, c’est là, un homme doué, mais il lui manque… il lui manque la mélancolie !  […] * * * — Un terrible mot pour peindre la marche des gens, attaqués d’une maladie de la moelle épinière : « Oui il commence à stepper ! 

1264. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

Il y a telle page où vous pouvez dire hardiment : « Ici la plume a tremblé, — et le mot que voilà a été mouillé d’une larme. » Avez-vous jamais rencontré Murger ? […] Le mot, qui est de Balzac, accuse fortement la raideur et la pose chez ces Catons de vingt ans dont la tête a tué le cœur. […] Je crois inutile d’attendre le bon plaisir du Dictionnaire de l’Académie, qui se hâtera sans doute de définir le mot quand la chose n’existera plus. […] En ce glorieux siècle de lumière, nous voyons si clair dans le sens des mots que personne n’y voit de la même façon. […] Un dernier mot.

1265. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

Avec ce mot de diminution, vous avez expliqué tout Renan. […] À la page 92 de son ouvrage, on trouve ces mots, qui auraient dû soulever la Critique d’indignation : « Concevoir le bien ne suffit pas, il faut le faire réussir parmi les hommes. […] On s’est étalé et vautré avec délices dans les grands mots, et les grands noms de l’érudition contemporaine, et même ceux-là qui ne sont pas de l’avis de ce… comment l’appellerais-je ? […] Sans cela, croyez bien que, malgré sa vocation de gratte-papier, Renan ne passerait pas tout son temps à gratter et à sous-peser des mots ; mais la haine du miracle le soutient dans le travail d’insecte auquel il a condamné sa patience. […] Athé, sceptique, philosophe, ou savant (ce qui comprend tout cela dans sa langue féline et traîtresse), Renan, comme je l’ai dit plus haut, n’est qu’un protestant, armé de la méthode protestante, cherchant avec sa lanterne individuelle — ce falot falot, passez-moi le mot !

1266. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Ses malheurs même et la bataille de Pavie, où, à des fautes trop réelles, il mêla de la grandeur de caractère, durent ajouter à sa célébrité, en fixant sur lui les yeux de l’Europe, et devaient surtout intéresser un peuple qui pardonne tout pour le courage, et se rallie toujours au mot de l’honneur. […] Qu’on ne s’étonne pas de ce mot : tous les peuples désirent que leur maître, soit grand, et aiment à se le persuader. […] On connaît de lui ce mot employé dans une de nos plus belles tragédies : « Ta religion t’a ordonné de m’assassiner ; la mienne m’ordonne de te pardonner et de te plaindre. » Ce mot, dont on se souvient, est fort au-dessus d’une oraison funèbre qu’on oublie. […] Sa gaieté au milieu des combats, ses bons mots dans la pauvreté et le malheur, toutes ces saillies d’une âme vive et d’un caractère généreux, cette foule de traits que l’on cite, et qui sont à la fois d’un homme d’esprit et d’un héros, semblaient peindre en même temps l’imagination française, et le genre d’esprit avec le caractère national. […] Celle d’Auguste fut la bonté d’un politique qui n’a plus d’intérêts à commettre des crimes ; celle de Vespasien fut souillée par l’avarice et par des meurtres ; celle de Titus est plus connue par un mot à jamais célèbre, que par des actions ; celle des Antonins fut sublime et tendre, mais une certaine austérité de philosophie qui s’y mêlait, lui ôta peut-être ces grâces si douces auxquelles on aime à la reconnaître ; parmi nous, celle de Louis XII, à jamais respectée, manque pourtant un peu de la dignité des talents et des grandes actions : car, il faut en convenir, nous sommes bien plus touchés de la bonté d’un grand homme que de celle d’un prince qui a de mauvais succès et des fautes à se faire pardonner.

1267. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Marsolleau, Louis (1864-1935) »

Avec des mots ingénieux, M.  […] Paul Zahori Louis Marsolleau, c’est l’auteur des Baisers perdus  ; c’est le chansonnier de la Bataille ; c’est le « patronet » de la Petite République ; c’est un Breton absolument parisianisé et pourvu du don rare : il démolit — en riant et d’un mot — les imbéciles les plus graves.

1268. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Morhardt, Mathias (1863-1939) »

Charles Morice Il a fait de très beaux vers, d’une étrange et métallique sonorité, vers bardés de grands mots inflexibles, adverbes et verbes préférés, qui prêtent à la page de vers une attitude raide qui est un caractère. […] Le poète s’est émerveillé de vivre en mots qui le confessent délicat et doux, ayant la pudeur de sa joie, la reconnaissance d’aimer ; ce livre est une parole basse, dite pour une seule et dont le hasard d’une surprise involontaire nous a fait le confident indulgent.

1269. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Il vous a écrit à Aix ; j’ai mis un petit mot dans cette lettre-là. […] (Fouché), un mot qui est revenu au Premier Consul. […] C’était, en un mot, partie gagnée et pour le poëte et pour la cause. […] Le mot est de Benjamin Constant. […] C’est le mot si fier de Byron dans Childe-Harold, chant iii, stance 113.

1270. (1886) Le naturalisme

plus de mot roturier ! […] Ils sont, avant tout, — inventons, à leur exemple, un mot nouveau, —sensationnistes. […] Car, les mots nouveaux ne leur suffisant pas, ils songèrent à les placer d’une manière inaccoutumée, pourvu qu’ils exprimassent ce que l’auteur désirait leur faire exprimer. […] Ce roman surprenant ne manque pas seulement d’intrigue au sens usuel du mot, il manque aussi de dialogue. […] Zola a été le premier peut-être à les supprimer, comme le confesseur, lorsque le pénitent, par pudeur ou par désir de rendre sa conduite plus honorable, cherche des détours et choisit des phrases ambiguës et des mots obscurs, déchire les voiles dont l’âme s’enveloppe et dit le mot propre que le pécheur n’osait employer.

1271. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIX. De la littérature pendant le siècle de Louis XIV » pp. 379-388

Dans tous les pays, mais principalement en France, les mots ont chacun, pour ainsi dire, leur histoire particulière ; telle circonstance frappante a pu les ennoblir, telle autre les dégrader. […] Je sais bien que ce mot la vulgarité n’avait pas encore été employé ; mais je le crois bon et nécessaire. Je développerai dans une note de la seconde Partie de cet ouvrage quelles règles il me semble raisonnable d’adopter aujourd’hui relativement aux mots nouveaux.

1272. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVI »

Selon notre virtualité jaillit de nous le style : il est notre conscience projetée au dehors de nous dans le miroir sonore des mots. […] Albalat aurait dû s’appuyer sur une base absolument psychologique pour ensuite tenter de nous montrer comment les sensations arrivent à s’incarner, visuelles quand même, à travers les sons du Verbe humain, groupés en tous sens au hasard des mots et des comparaisons.‌ […] Albalat pourrait avantageusement prendre place dans la collection des Manuels Roret‌ Malheureusement, de même que le fond ne saurait être distrait de la forme, (démonstration qui constitue l’un des meilleurs chapitres de l’ouvrage), de même on ne saurait faire agir le cerveau en vue d’écrire, s’il n’est d’avance sollicité par l’éveil de quelque passion, au sens pur du mot. »‌ Voilà bien des railleries inutiles !

1273. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le voltairianisme contemporain »

Comme tous les écrivains actuels qui ont parlé avec enthousiasme de Voltaire (et ils sont nombreux), Houssaye n’a pas dit le mot suprême, l’éloge suprême, auquel strictement, pour ceux qui l’aiment, Voltaire a droit. […] Le mot est inexact : Voltaire n’était pas mort ; il n’a jamais été parti. […] Qu’on nous permette un dernier mot.

1274. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Jean-Jacques Rousseau »

Mais ces enfants, perdus ou trouvés, d’un tel père n’en sont pas pour cela (qu’on nous passe le mot !) […] c’est ce Contrat, l’emphytéose du xixe  siècle, hors duquel il n’y a de salut philosophique pour personne parmi ceux qui s’appellent de la libre pensée, mais que nous appelons, nous, de la très servile ; c’est ce Contrat social que nous demandons la permission d’analyser en quelques mots. […] Je conçois le mot lâche de Voltaire, qui disait : « La vie des hommes littéraires n’est que dans leurs écrits. » Il voulait y cacher la sienne.

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