La route est battue ; y faire remarquer, chemin faisant, deux ou trois points de vue nouveaux, les montrer, non point les créer, je ne prétends pas à plus. […] Quand on montrait à Malherbe de méchants vers pour en avoir son avis, il demandait à ceux qui les avaient faits « s’ils étaient condamnés à faire ces vers ou à être pendus », et il ajoutait « qu’à moins de cela, ils n’en devaient point faire, et qu’il ne fallait jamais hasarder sa réputation que pour sauver sa vie. » Il avait le silence même impitoyable et grondeur ; il n’employa pas d’autre réprimande avec Racan, un jour qu’entendant parler de la Cassandre de Lycophron, cet aimable ignorant avait demandé si Lycophron était le nom de la ville où était née Cassandre : ce jour-là, Malherbe ne répondit à Racan que par un silence qu’à vingt ans de distance Racan entendait encore (acre süentium). […] Sa leçon à Balzac nous l’a montré supérieur aux misères du métier : s’il avait quelques-unes des nobles ivresses du poëte, il n’avait aucune des petitesses de l’homme de lettres. […] Il y aurait un dernier chapitre à écrire sur lui, et je l’ai esquissé ailleurs ; c’est celui où l’on montrerait son influence directe et la continuation de sa veine, à la fois noble et épurée, chez ses meilleurs disciples, Racan et Maynard. […] Valerius Flaccus avait montré la Gloire en personne qui appelle Jason aux bords du Phase : … Tu sola animos mentesque peruris, 138.
Mercredi 17 février Ce soir, le nouvel académicien a cherché à se montrer simple mortel, à écraser le moins possible de son succès ses confrères. […] C’est la réflexion que je faisais aujourd’hui devant les boiseries du xviiie siècle, que me montrait le comte de ***, boiseries très artistement travaillées, et très bien ramassées. […] Et longtemps, il nous décrit le pays avec une mémoire qui a le souvenir du jour, du vent, du nuage : une mémoire locale inouïe, mettant avec la couleur de sa parole, sous nos yeux, les tournants du Nil, les aspects des pylônes, les silhouettes des petits villages, les lignes cahotées de la chaîne Libyque — comme s’il nous en montrait les esquisses. […] Il s’est montré causeur, fin, délicat, ténu, argutieux presque, et parlant des choses, avec le tour d’une pensée qui a cessé d’être française et qui s’est faite italienne. […] Il ne faut pas me montrer plus fort que je ne le suis.
Je voudrais qu’on établît un album qui montrerait ce qu’était Paris, non pas dans les siècles lointains, mais seulement de 1820 à 1830, à la naissance du romantisme. […] On avait alors, dans les milieux officiels, si peu de considération pour ce qu’on appelait des antiquailles que presque personne ne se montra ému de tant de vandalisme. […] Et si le fluide existe, il s’est montré bienfaisant ; s’il n’existe pas, il ne saurait nuire. […] La pratique même de la médecine ne montrait-elle pas qu’il est dangereux de supprimer tout d’un coup une mauvaise habitude, fût-ce l’alcool pur, fût-ce le tabac, et même l’éther ou l’opium ? […] Le livre de M. van Gennep me l’a montrée.
L’un, timide et silencieux, un peu froid d’aspect, était celui qui se montrait d’ordinaire dans la première jeunesse, même après le tapage de ses débuts. […] Vous me dites qu’il se porte bien et qu’il n’a montré aucun chagrin. […] Quelques jours après, il lui écrivit une lettre où il lui rappelait cette anecdote, s’accusant de ne lui avoir montré qu’Octave et sollicitant la permission de laisser parler Cœlio. […] L’année suivante, Alfred Tattet montra à Sainte-Beuve un chiffon de papier qu’il avait surpris le matin même, à la campagne, sur la table de Musset. […] Au printemps de 1843, l’enthousiasme excité par la médiocre Lucrèce de Ponsard montrait combien on était las du romantisme.
Selon le témoignage non suspect de M. de Dampmartin, les cœurs des vieux guerriers furent ulcérés ; cette discipline austère que jusqu’alors ils chérissaient leur pesa, et ils montraient avec amertume leurs cheveux blancs, auxquels on imprimait une si solennelle flétrissure.
Cette indifférence a été favorisée par le progrès de l’analyse et de la critique, qui ont montré l’erreur au sein de toute vérité, la vérité mêlée encore à toute erreur : si rien n’est absolument, éternellement vrai ou faux, bon ou mauvais, si rien de ce que nous voyons n’est tel que nous le voyons, si même rien peut-être n’est, à quoi bon se peiner pour chercher le vrai, pour l’exprimer ?
Chez la plupart, un dédain de la Nature se montra visiblement, dédain justifié, il est vrai, par la décadence réaliste, mais dédain quand même.
Leur opposer des raisonnements est inutile ; il faut des faits ; il faut pouvoir leur montrer des portions de vérité, qui restent acquises une fois pour toutes ; il faut construire pierre à pierre un monument auquel on puisse incessamment ajouter, mais où l’on ne puisse plus rien retrancher.
C’est à cette occasion que notre jeune Négociateur, qui avoit toujours montré le plus grand désir d’entrer dans l’état militaire, & qui s’étoit rendu habile dans tous les genres d’exercice que cet état exige, obtint une Lieutenance de Dragons.
Les causes de la grandeur & de l’abaissement des Romains se trouvent dans leur Histoire ; mais il n’y avoit qu’un homme de génie consommé dans la politique & la connoissance de l’esprit humain, qui pût les y découvrir, les lier ensemble, en former un tissu historique, qui prouve, d’une maniere lumineuse, ce qu’on s’est proposé de montrer.
Ils s’en accablent mutuellement, se reprochent d’employer d’indignes ressorts pour captiver les suffrages, de ne pas sçavoir manier les passions, de ne montrer aucune intelligence du théâtre.
Il a traité tous les sujets, et il a montré dans tous une capacité d’un ordre élevé, quand ce n’a pas été une capacité de premier ordre.
Ce fut avec une satisfaction enfantine que Balzac nous montra ce boudoir pris dans un salon carré, et laissant nécessairement des vides aux encoignures de la moitié arrondie. […] Madame de Girardin professait pour Balzac une vive admiration à laquelle il était sensible et dont il se montrait reconnaissant par de fréquentes visites, lui si avare à bon droit de son temps et de ses heures de travail. […] Ém. de Girardin, il nous raconta une anecdote sur son père, pour montrer à quelle forte race il appartenait. […] Il avait l’air souvent distrait, mais il ne fallait pas trop s’y fier, car un mot fin ou moqueur montrait qu’il n’avait rien perdu de la conversation ; mais le fond de son caractère était la bienveillance. […] On a bien voulu nous montrer les études et les tableaux que Marilhat a laissés à sa mort, ou plutôt dès le commencement de sa funeste maladie, à un état d’ébauche plus ou moins avancé.
Jouffroy, de les revoir et de les montrer ; pour M. […] Jouffroy, entré à la Chambre depuis deux ans, a montré peu d’inclination pour la politique, et s’est à peine efforcé d’y réussir. […] Allez, osez, ô Vous dont le drame est déjà consommé au dedans ; remontez un jour en idée cette Dôle avec votre ami vieilli ; et là, non plus par le soleil du matin, mais à l’heure plus solennelle du couchant, reposez devant nous le mélancolique problème des destinées ; au terme de vos récits abondants et sous une forme qui se grave, montrez-nous le sommet de la vie, la dernière vue de l’expérience, la masse au loin qui gagne et se déploie, l’individu qui souffre comme toujours, et le divin, l’inconsolé désir ici-bas du poëte, de l’amant et du sage !
La Restauration fut notre mère ; est-ce à nous de lui arracher son manteau après sa mort et de montrer sa nudité à ses ennemis pour leur donner la mauvaise joie de ses ridicules et de ses fous rires ? […] Vous voulez que le capital, qui appartient à tous, et qui n’est que le réservoir du nécessaire et du superflu de tout le monde, soit libre comme le travail, car, s’il n’est pas libre, il se cachera, il ne se montrera plus, il ne consommera plus, et par là même il fera mourir de faim le travailleur, en cessant de se répandre en salaires, et de s’accumuler en économies nouvelles, qui forment à leur tour des capitaux, et qui, en se dépensant, reforment des salaires, de manière que tout le monde jouisse et travaille à la fois pour jouir à son tour. » « — Oui ! […] « Resplendissant d’éclairs, de rayons, d’auréoles, « Dieu vous montrera vos idoles, « Et vous demandera : “Qui donc est le Seigneur ?
Ce qu’il serait bon de montrer, c’est combien ces prix, loin de leur être favorables, sont funestes aux nouveaux auteurs. […] Mais voilà-t-il pas un bien beau résultat et dont les fondateurs et les distributeurs de prix peuvent se montrer fiers ? […] Les fondateurs et les distributeurs des prix peuvent se montrer fiers du résultat obtenu , s’écrie M.
Dans un poëme allégorique que Bertaut fit à l’occasion de sa mort, la France, étant allée se plaindre à Jupiter du malheur de Pavie, le dieu, qui dînait chez Thétis, sous un roc, près de Toulon, la console par ces mots : Cependant, pour montrer qu’ici-bas je n’envoie Nulle pure douleur ni nulle pure joie, Sache que ce mesme an qui maintenant escrit D’un encre si sanglant son nom en ton esprit, Ce mesme an qui te semble à bon droit deplorable, Te sera quelque jour doucement mémorable, D’autant que dans le sein du terroir vendosmois Avant que par le ciel se soient tournés sept mois, Un enfant te naistra, dont la plume latine Egalera ta gloire la gloire divine. […] Jean Dorat, un des poètes de la Pléiade, avait donné les premières leçons de grec à Ronsard ; il nous a laissé un détail intéressant de l’ardeur qu’y montrait son élève. […] Mais montrez-moi quelqu’un qui ait changé de vie Après avoir suivi vostre belle folie.
Montrons, autant qu’il sera en nous, par des documents d’ordre privé, des souvenirs, des notes familières, ce qui fut l’homme en ce créateur prodigieux qui a tiré de soi-même un art complet, à jamais vivant ; racontons s’il se peut, la genèse de ses ouvrages, de la conception première au plein épanouissement de l’exécution et, tout au moins, efforçons-nous d’en traduire le frisson particulier ; descendons à l’examen des procédés techniques — surtout des moyens expressifs ; répandons, enfin, notre admiration profonde et raisonnée pour ce génie hors de pair qui a ramené le Théâtre musical à l’humanité, à la vérité, à la musique. […] Audret, plutôt que de me montrer cette chose, tu aurais dû me cacher qu’elle fût possible. » Nous voici revenus au drame wagnérien ; mais dans le roman l’histoire ne finit pas si promptement. […] Au bout de quelque temps d’une vie sauvage adoucie seulement par l’amour et la harpe de Tristan, qui est poète et musicien, Iseult est rappelée par son mari qui s’ennuie d’être veuf : la bonté de Marc’h ne va cependant pas jusqu’à rappeler son coupable neveu, et il reçoit ordre de ne plus se montrer à la cour.
L’art plastique recrée les sensations ; l’art littéraire recrée les notions : j’ai montré que les procédés de ces deux arts pouvaient encore, par un détournement de leur destin premier, traduire certaines émotions d’origine sensuelle ou notionnelle. […] Les monuments de l’Egypte, de l’Assyrie, nous montrent l’emploi considérable, chez ces peuples, d’instruments à percussion, marquant les rythmes. […] Puis les grecs Ctesibius et Hiéron créèrent un instrument déjà plus complexe, l’Orgue, dont les médaillons conformâtes nous montrent les naïves fuselures.
L’amiral Codrington, alors simple aspirant de marine, ne put être tiré d’un profond sommeil que par le mot « signal. » Ces faits, auxquels bien d’autres ressemblent, montrent qu’il peut y avoir sensation sans perception et sensation accompagnée de perception. […] Lewes nous introduit dans un autre monde, et cet exemple nous paraît propre à montrer ce que nous avons essayé d’établir dans l’introduction ; c’est qu’en psychologie, la méthode subjective et la méthode objective sont aussi nécessaires l’une que l’autre. […] « On a essayé de montrer ici que l’esprit est l’aspect psychique de la vie ; qu’il est la somme de l’organisme sensible, tout comme la vie est la somme de l’organisme vital ; que les divers organes peuvent produire séparément des fonctions spéciales, soit vitales, soit mentales, mais qu’on ne peut pas dire qu’il existe un organe exclusif de la vie.
Il le sera en faveur de la physiologie, un peu aux dépens de la psychologie ; le but sera de montrer que le souvenir conscient est une simple « efflorescence », dont les racines plongent bien avant dans la vie organique ; « la mémoire est, par essence, un fait biologique ; par accident, un fait psychologique ». […] L’être vivant est, en réalité, une société d’êtres vivants et plus ou moins sentants, comme l’ont montré Schæffie, de Lilienfeld et Espinas. […] Les amnésies partielles montrent que des séries entières d’idées et de connaissances peuvent disparaître alors que le reste demeure intact, ce qui suppose qu’elles sont attachées au fonctionnement régulier de certaines parties du cerveau et à la division du travail entre les cellules diverses.
Et il se mit même à découper une carte pour nous montrer l’exacte silhouette de son corps. […] Je n’oublie pas le très bénin Jupiter de notre bande, le roi constitutionnel de nos jeux, « le père Pourrat », le précepteur de Louis, qui avait l’intelligence de nous montrer parfaitement à jouer et le bon esprit de s’amuser avec nous, autant que nous, — affligé du seul défaut de nous lire sa fameuse tragédie intitulée : Les Celtes. Et donc, les petites demoiselles : Jenny qui montrait déjà un si joli petit museau de soubrette, Berthe qui embrassait le fond de mes casquettes et collectionnait, dans une boîte, les noyaux des pêches mangées par moi, Marie qui avait les plus beaux cheveux et les plus beaux yeux du monde.
Les auteurs se sont préoccupés, avant tout, de montrer le jeune homme moderne ; tel que le font au sortir du collège, depuis l’avènement du roi Louis-Philippe, la fortune des doctrinaires, le règne du parlementarisme. […] Une épouvante nous a pris du double fond de son âme, de la faculté puissante, de la science, du génie consommé, que tout son être a du mensonge… * * * Ces notes, je les extrais de notre journal : Journal des Goncourt (Mémoires de la vie littéraire) ; elles sont l’embryon documentaire sur lequel, deux ans après, mon frère et moi composions Germinie Lacerteux, étudiée et montrée par nous en service chez notre vieille cousine, Mlle de Courmont, dont nous écrivions une biographie véridique à la façon d’une biographie d’histoire moderne. […] Joubert, l’auteur des Pensées, n’avait pas cette servile préoccupation du suffrage universel en matière de style, quand il adjurait Mme de Beaumont de recommander à Chateaubriand « de garder avec soin les singularités qui lui étaient propres » et « de se montrer constamment ce que Dieu l’avait fait », corroborant ce brave conseil par cette curieuse phrase : « Les étrangers… ne trouveront que frappant, ce que les habitudes de notre langue nous portent machinalement à croire bizarre dans le premier moment. » Et parmi le déchaînement de la critique, c’est encore Joubert, qui engage l’écrivain, attaqué dans les modernités de sa prose nouvelle, à persister à chanter son propre ramage 17.
Il a montré Faust qui, après s’être élevé peu à peu dans l’échelle de l’humanité par sa conscience, par son goût du travail, par le goût de l’activité féconde et productrice qui lui est venu, il l’a montré ayant cependant une grave défaillance de conscience, toute naturelle, du reste, de la part du puissant et du victorieux. […] Je ne vois à retenir, et il faut que vous reteniez, dans la Captivité de saint Malc, que ce passage cité un peu partout, et il n’est pas nécessaire d’avoir lu la Captivité de saint Malc pour le connaître ; il est brillant, charmant, et il vous montrera comment, dans un poème où il se sent mal à l’aise et où il n’est pas inspiré, La Fontaine retrouve son inspiration.
Je vois encore Pocquelin suivre exactement les représentations des comédiens italiens, qui, de temps en temps, se montraient à Paris, et puiser, dans leurs canevas informes, les matériaux les plus précieux. […] Habits d’été, d’hiver, de printemps, de cour, de ville, de campagne, de deuil, tous ont pris l’air : Montrez-nous des talents, et non pas des habits. […] L’endroit surtout dans lequel il s’est montré le plus comédien, c’est au moment où Dorine lui dit : Ah ! […] Euclion trouve un esclave auprès de son trésor, le fouille, l’oblige à montrer ses deux mains, et lui demande à voir la troisième. […] Jusques à quand, cher peuple, toi, qui parais si poli, si raisonnable, si paisible lorsque tu es seul ; jusques à quand, enfin, te montreras-tu en public le plus imbécile des vieillards ?
L’hôtel de Rambouillet montrait une belle solennité à faire porter la queue-envoi des princières ballades par les rondeaux, pages de Cour ! […] Mais à quel génie revient l’honneur d’avoir montré, par la leçon et l’exemple, la voie nouvelle ? […] Ici, Paul Verlaine s’adonise encore, se farde encore, n’ose pas montrer librement la toute candeur, la divine puérilité qui fut son vrai génie. […] Mais ses yeux montraient la pureté des yeux des tout petits enfants, une pureté de lointaine transparence, et sa voix, avec un peu de fait exprès dans la fluidité de l’accentuation, caressait. […] Une autre montrait le petit signe noir qu’elle a dans de la chair de lys, près de l’aisselle.
C’est goût naturel, ou habitude d’école une fois prise, ou coquetterie et désir de montrer aux sophistes qu’il est aussi capable qu’eux de sophistique et qu’il est vraiment aussi sophiste qu’eux, ce qui me paraît démontré au-delà du nécessaire. […] Je viens de montrer qu’à prendre ce nouveau biais, nous n’avons pas changé de place. […] Nous lui montrons qu’il la sait. […] Eh bien, je vais vous montrer des hommes qui feront des actes ridicules. […] À la vérité, cela me gêne parce que cela n’est pas vrai : il y a de très honnêtes gens qui sont ridicules, et c’est ce que vous ne me permettez pas de vous montrer.
Son esprit ne doit pas plus se montrer dans ses peintures que le fond d’un miroir qui disparaît sous les justes images réfléchies par tous ses points rayonnants. […] Les intérêts de l’église et des états n’entrent dans les discussions de littérature que relativement aux ouvrages dont ils sont le fondement, et ce qu’on en dit alors ne doit pas noyer, ensevelir la matière qu’on se propose de montrer. […] Toujours son habileté particulière fut de se montrer finement sous un dehors impartial, en déjouant sans cesse, dans l’estime du lecteur, par le sarcasme et la parodie des mots, toute espèce de grandeur qu’il s’avouait peut-être inaccessible. […] L’invention toute entière, appartenant à Sophocle, est un témoignage de la profonde connaissance que ce poète grec avait de son art ; le traducteur, en le suivant pas à pas, s’est montré une fois, non son égal, mais son estimable interprète : inférieur à l’original que distingue une naïveté parfaite dans les choses et dans le style, il n’est pas au-dessous de lui par la marche unie de l’action. […] Les circonstances de leurs vies, plus certaines, et publiquement constatées, ne se laissent manier ni altérer au gré du poète ; et gêné par les historiens, il est réduit à se montrer moins inventeur que translateur.
Il apprit le grec pour le montrer à son fils ; plus avancé en âge, il apprit même du sanscrit, et il avait des livres en cette langue, ce qui était alors fort rare. […] Littré, qui s’est montrée égale à l’interprétation du plus grand médecin de l’Antiquité et à l’intelligence de cette royale nature d’Hippocrate, se rabat volontiers à n’être qu’un des derniers de son Ordre, un officier de santé, pendant ses mois d’été à la campagne. […] Je ne puis cependant omettre de signaler quelques-uns de ces beaux articles qui montraient dès lors en M. […] Une affreuse catastrophe, où elle avait montré toute sa force d’âme, dominait ses souvenirs de jeunesse.
Le 11 juin, ils se montrèrent non moins nombreux sur les îles de la Madeleine, et je ne me rendais pas trop compte de quelle manière ils avaient pu venir jusque-là ; mais les habitants me dirent qu’il n’y en paraissait aucun de tout l’hiver. […] Je courus à la place où ils venaient de se montrer, sans la perdre une minute de vue, et remarquai une protubérance couverte de mousse et de lichen, assez semblable à ces excroissances qui poussent sur les arbres de nos forêts, sauf cette différence qu’elle présentait une ouverture parfaitement ronde, propre et tout à fait lisse. […] me demanda-t-il, car vous ne vous trompez pas. — Simplement, lui répondis-je, parce que j’ai entendu le chant du pewee, et que cela m’annonce que, non loin, il doit y avoir une caverne ou quelque crique aux roches profondes. » Nous avançâmes ; les pewees s’élevèrent en troupe de dessous le pont ; je le lui montrai du doigt, et de cette manière gagnai mon pari. […] Alors les hirondelles se montrent aussi délicates pour le choix d’un arbre qu’elles le sont ordinairement dans nos villes pour le choix de la cheminée où elles veulent fixer temporairement leur demeure : des sycomores d’une taille gigantesque et que ne soutient plus qu’une simple couche d’écorce et de bois, sont ceux qui semblent leur convenir le mieux.
Était-il bien utile de découvrir la « folie » de Jésus et l’« hystérie » de Chateaubriand, et de montrer la « niaiserie » de Lamartine, et de crever la « baudruche » du père Hugo, et de dévoiler l’« artifice » de Baudelaire ? […] Ces excellents compilateurs et classificateurs sont fort capables de se recopier les uns les autres, d’user jusqu’à la corde les vieux habits laissés dans l’armoire par leurs prédécesseurs ; ils ne se montrent hésitants qu’à l’égard des adoptions nouvelles. […] Le but inavoué de ce procès est de ravaler et de salir une période illustre à qui l’on reproche son idéal, ses élans, sa foi, ses ambitions généreuses… Mais pour satisfaire les passions d’un moment ou les intérêts d’un parti est-il bien utile de traiter Hugo « d’abruti lyrique » et de « Tartuffe », de comparer la gloire de Renan à la vogue du chansonnier Béranger, de présenter Leconte de Lisle comme un « frigide crétin » ou de montrer Flaubert « comme une boule de jardin où apparaissent grandies toutes les sottises et les niaiseries d’une époque ». […] Et ce sont ces hommes, dont les traits, aux yeux de l’univers, représentent la France moderne, que l’on voudrait montrer aujourd’hui dans une sorte de fresque grotesque, brossée avec des fards et des tons cadavériques, à la Van Dongen, comme une troupe de bouffons noirs, de canailles emphatiques, de gâteux grandiloquents, de diaboliques gredins, je ne crains pas de le dire, ceux qui agissent ainsi font, au regard de la vérité critique, une œuvre impie et méprisable, et, si l’on se place au point de vue national, une besogne de malfaiteurs.
C’est plus qu’un homme de génie qui trouve sa voie, et un grand écrivain qui crée sa langue : c’est la France elle-même, qui, après avoir montré dans Descartes tout ce qu’elle a de puissance intellectuelle, dans Pascal tout ce qu’elle a d’âme, dans Bossuet toutes ses grandes qualités à la fois dans leur force native et leur culture la plus achevée, apparaît dans Montesquieu découvrant les vérités premières et créant la langue de la science sociale. […] Le précieux galant et le précieux énigmatique se montrent en plus d’une page des Lettres persanes. […] Les précieux et les précieuses du dix-septième siècle n’y avaient cherché qu’un tour d’esprit à imiter ; l’abbé de Lyonne y montrait à Lesage la vie humaine dont les peintures, aux beaux temps de l’Espagne, ont la solidité et le coloris des tableaux de ses grands peintres. […] Il est tout uni, modeste dans le ton et dans les mots ; aimant mieux, au besoin, n’être pas vu que de se trop montrer.
Il fallait dès le début nous rendre visible, palpable, ce fait qu’on ne peut posséder l’Amour et l’Or en même temps ; il fallait nous faire voir de nos yeux le conflit intérieur entre le désir de l’Or et la soif de l’Amour ; et il fallait nous montrer la Mort, que ce conflit entraîne inévitablement. […] Mais à mesure que le désir de le faire s’accentuait, il s’apercevait « que l’œuvre, dans cette forme-là, n’était point viable sur la scène » (iv, 416). — Pour essayer ce parer autant que possible aux défauts de cette pièce, il imagina, dans les premiers mois de 1851, de mettre sur la scène la jeunesse ce Siegfried (telle qu’il l’avait déjà conçue dans son Esquisse de drame), et de montrer dans cet autre opéra quelques-uns des exploits dont on parlait dans le premier ; il écrivit donc un poème d’opéra intitulé le Jeune Siegfried, qu’il termina le 24 juin 1851. […] Voici, par exemple, quelques détails intéressants, mais qui viendront à l’appui de ce que j’avance. — Déjà en 1848, plusieurs mélodies qui aujourd’hui sont une partie importante de la charpente symphonique du Ring existaient. — Le thème principal de la Chevauchée des Walküres, par exemple, et la mélodie que le jeune Siegfried joue sur son cor sont de cette époque (Tappert), quoique les drames dans lesquels ils apparaissent maintenant pour la première fois et dans lesquels ils acquièrent leur caractère particulier et leur signification poétique n’existassent point à ce moment. — Des lettres de 1849 et 18 50 nous montrent Wagner impatient de se mettre à la partition de sa Mort de Siegfried, dont, dit-il, « la musique lui démange les doigts ». — De suite après avoir écrit son Jeune Siegfried, en 1851, il se mit à la musique, et nul doute que de nombreuses parties du premier acte et du second de notre Siegfried sont, pour la déclamation et pour le dessin mélodique général ; de cette année. […] Cette seule phrase de l’avant-propos, page ix, suffirait à montrer l’extraordinaire ignorance de Wagner dont témoigne M.
Je ne lus ces vers qu’à mes deux amis, Aymon de V… et Louis de V… Ils se récrièrent sur mon prétendu talent ; ils copièrent mon chef-d’œuvre pour le montrer à leurs parents ; mais nous nous gardâmes bien de le laisser voir à nos maîtres, car on nous interdisait avec raison de composer des vers français avant d’avoir des idées ou des sentiments à exprimer dans cette langue. […] ………………………………………………… ………………………………………………… ………………………………………………… XV Je montrai un jour, en revenant à la ville, ce petit cantique au vieux prêtre. […] Les nuages, obéissant aux lois de la pesanteur, tomberaient perpendiculairement sur la terre ou monteraient en pyramides dans les airs ; l’instant d’après, l’atmosphère serait trop épaisse ou trop raréfiée pour les organes de la respiration ; la lune, trop près ou trop loin de nous, tour à tour serait invisible, tour à tour se montrerait sanglante, couverte de taches énormes, ou remplissant seule de son orbe démesuré le dôme céleste. […] Le divers langage des hôtes du désert nous paraît calculé sur la grandeur ou le charme du lieu où ils vivent et sur l’heure du jour à laquelle ils se montrent.
Sans doute il est possible, comme nous le montrerons plus loin, de concevoir les moments successifs du temps indépendamment de l’espace ; mais lorsqu’on ajoute à l’instant actuel ceux qui le précédaient, comme il arrive quand on additionne des unités, ce n’est pas sur ces instants eux-mêmes qu’on opère, puisqu’ils sont à jamais évanouis, mais bien sur la trace durable qu’ils nous paraissent avoir laissée dans l’espace en le traversant. […] On croit alors ajouter quelque chose à la représentation de deux ou plusieurs objets en disant qu’ils ne sauraient occuper le même lieu : comme si la représentation du nombre deux, même abstrait, n’était pas déjà, comme nous l’avons montré, celle de deux positions différentes dans l’espace ! […] Il y a en effet, comme nous le montrerons en détail un peu plus loin, deux conceptions possibles de la durée, l’une pure de tout mélange, l’autre où intervient subrepticement l’idée d’espace. […] Mais nous n’insisterons pas, pour le moment, sur ce point : qu’il nous suffise d’avoir montré que, dès l’instant où l’on attribue la moindre homogénéité à la durée, on introduit subrepticement l’espace.
Du temps de Louis XIV, on décachetait les lettres à la poste et on les lisait ; on en faisait des extraits qu’on montrait au roi et quelquefois à Mme de Maintenon. […] — Je ne sais si, en formant son cabinet de médailles, Madame avait une vue si haute et si sévère ; du moins, par ce plus remarquable de ses goûts, elle se montrait bien la mère du Régent, c’est-à-dire du plus brillant et du plus instruit des amateurs.