d’Alembert s’est abusé, en avançant d’un ton dogmatique, que les pensées font le premier mérite des Vers.
) On a, de nos jours, comme sans doute on a eu de tout temps, la manie de grossir la vie et les mérites des hommes qui sont morts appartenant à une école, à un parti ou à une communion.
La plus grande place où son mérite l’éleva, fut celle de professeur de morale, à Padoue.
On peut cependant tirer quelque fruit de la lecture de ces ouvrages : le David surtout mérite d’être parcouru.
M. d’Alembert mérite le même éloge, & nous citerions ses ouvrages avec plaisir ; mais, quoique dignes de tous les éloges, ils ne sont à la portée que de ceux qui sont initiés dans la Géométrie sublime.
Malgré l’intelligence qu’il lui reconnaît, il n’a pas fait héroïque et fulminant cet athée qui voudrait tuer Dieu pour avoir la paix, comme il a tué l’homme pour avoir l’argent ; car on a beau se dessiner en Ajax contre le ciel, le poing dont on menace Dieu est toujours un poing canaille et qui mérite d’être abattu sur le billot !
Au cours de cette nuit qui mérite de demeurer comme une cime dans l’histoire religieuse de l’humanité, l’âme déploya ses ailes au-dessus du corps sacrifié.
. — Il semble s’élever jusqu’au ciel par le sublime de la pensée ; nous avons expliqué déjà ce mérite d’Homère, livre II, page 225.
Puisqu’en effet, à l’analyse, la comédie de Térence, par exemple, ou l’épopée de Virgile se trouvent plaire pour et par de certains mérites, bien et dûment ’étiquetés, on tâche de trouver des moyens, des recettes, ou des procédés pour reproduire à son tour ces mérites ; et, ainsi, pour faire entrer dans les œuvres les beautés avec les règles. […] Certes, Desportes n’est pas sans mérite, et si je voulais vous citer d’admirables vers de lui, je n’en serais pas embarrassé. […] Comme ils y sont trop compétents, pour ainsi dire, ils ont une tendance, qui peut devenir aisément dangereuse, à louer dans les œuvres des mérites de facture qui ne vont pas toujours avec la solidité du fond. […] Mais ce que je constate, c’est que par là encore, il n’enrichissait pas seulement l’art et la poésie, mais il obligeait la critique à les suivre, à compter dans les œuvres avec des mérites pour lesquels elle n’avait encore ni poids, comme on dit, ni mesure, ni vocabulaire. […] Je n’examinerai point ici lequel de ces deux genres de poésie mérite la préférence : il suffit de montrer que la diversité des goûts à cet égard dérive non seulement de causes accidentelles, mais aussi des sources primitives de l’imagination et de la pensée.
Autre mérite, à nos yeux, et mérite qu’on chercherait en vain dans les proverbes de Musset ou dans les comédies mêmes de Marivaux, — car que signifie Arlequin poli par l’amour et à quoi dirons-nous bien que riment les Caprices de Marianne ? […] Mais c’est bien là le point de départ, et les Fleurs du mal, à défaut d’autre mérite ou d’autre intérêt littéraire, auraient celui de l’avoir indiqué. […] Mais elle a pour nous un dernier avantage encore : c’est de dire avec exactitude ce qui fait le mérite essentiel du dernier roman de M. […] Si je comprends que l’on n’ait pas d’idées, je ne comprends pas que l’on s’en fasse un mérite, — et bien moins encore que l’on se moque de ceux qui en ont. […] Mais elle répond surtout à une transformation, pour ne pas dire à un renversement de la méthode des sciences sociales, et c’est à ce titre qu’elle mérite ici qu’on la signale.
Monsieur Bois le sait, et de là vient son mérite. […] Mais je n’ai point signalé encore le principal mérite de Monsieur Bois, penseur. […] Il lui reste d’autres mérites ; son ironie a une saveur vraiment inédite. […] Et il convient de parler enfin du principal mérite de M. […] En l’espèce, cependant, Félix ne mérite pas toutes les indulgences.
Ceci n’est pas pour ôter à Montaigne rien de ce qui constitue son mérite. […] Son mérite principal c’est d’avoir rappelé son siècle, en beaucoup de choses, au bon sens et à la nature. […] « Nul ne mérite d’être loué de sa bonté, s’il n’a pas la force d’être méchant. […] Son mérite principal, à part toutefois ses sentiments honnêtes et élevés, est plutôt un mérite d’écrivain que de philosophe. […] Son chapitre De la Mode mérite d’être étudié sous ce rapport.
Aussi quiconque a du mérite peut attendre du Chevalier quelques moments de sensibilité. […] Sans miséricorde pour les vices et sans indulgence pour les ridicules, il est la terreur des méchants et des sots ; ils croient se venger de lui en l’accusant de sévérité outrée et de vertus romanesques ; mais l’estime et l’amour des gens d’esprit et de mérite le défendent bien de pareils ennemis. […] il mène la vie de campagne, surtout il ne lit guère : « Le brave Julien, dit-il, m’a totalement abandonné : il ne m’envoie ni livres, ni nouvelles, et il faut avouer qu’il me traite assez comme je le mérite, car je ne lis aujourd’hui que comme d’Ussé, qui disait qu’il n’avait le temps de lire que pendant que son laquais attachait les boucles de ses souliers. […] L’imprimé de 1809 donne ici une version différente et qui mérite d’être reproduite, parce qu’elle ne laisse pas d’être heureuse et qu’elle semble de la plume même de l’auteur : « … Alors le Chevalier n’est plus le même homme : toutes ses lumières s’éteignent ; enveloppé de ténèbres, s’il parle, ce n’est plus avec la même éloquence ; ses idées n’ont plus la même justesse, ni ses expressions la même énergie, elles ne sont qu’exagérées ; on voit qu’il se recherche sans se trouver : l’original a disparu, il ne reste plus que la copie. » Cette expression : il se recherche sans se trouver, nous paraît d’une trop bonne langue pour ne pas provenir de Mme du Deffand. […] Le caractère apathique et nul de Louis XV ne paraît jamais plus méprisable que lorsqu’il lui mérite le mépris de Mme de Tencin.
. — Mérites de ce style. — Inconvénients de ce style. — Addison critique. — Son jugement sur Le Paradis perdu. — Accord de son art et de sa critique. — Limites de la critique et de l’art classiques. — Ce qui manque à l’éloquence d’Addison, de l’Anglais et du moraliste. […] Toutes ses fautes en spéculation deviennent des mérites en pratique. […] La rotondité des phrases est un misérable mérite et nuit aux autres. […] C’est que le bel ajustement d’un poëme en est pour lui le premier mérite. […] Elles sont les demeures des hommes de bien après leur mort… Ne sont-ce point là, ô Mirza, des asiles dont la possession mérite des efforts ?
Est-ce parce qu’il a plu aux hommes d’attacher la plus grande gloire de l’art au mérite de représenter l’objet de leurs plus chères complaisances ? […] Ils ne m’en paraissaient que plus beaux ; mais, au lieu d’admirer la main qui les a écrits, je sentais le cœur qui les inspirait ; et cette harmonie racinienne, dont on lui fait un mérite exclusif, ne m’y semblait plus que l’effet général de toutes les convenances réunies. […] Dans ces subtilités, il perdit jusqu’au sentiment du mérite relatif de ses pièces. […] J’ai vu des gens de mérite que leur admiration pour Corneille, qui est hors de pair dans les endroits de force, rendait injustes pour Racine. […] Ne faisons pas de comparaisons, pour n’exciter pas de disputes ; disons seulement que ce mérite d’harmonie et de douceur est l’effet de tous les autres réunis, et que ce qu’entendent par là ceux qui y regardent de près, c’est la perfection.
Pour les places militaires, les nobles seront préférés, et pour la magistrature, ils passeront avant les roturiers, à mérite égal, avec le droit de garder l’épée. […] En religion, beaucoup lui font un tort du mérite même que Fénelon sut tirer de sa défaite. […] Quel dessein plus élevé, plus religieux, que de montrer dans l’élève de Mentor, quoique si bien doué par les dieux, fils d’une telle mère et d’un tel père, si accoutumé aux grands exemples, combien le secours des dieux lui est nécessaire pour ne point manquer à sa naissance ni à ses devoirs, et quel peu de mérite nous avons dans les actions qui nous honorent le plus aux yeux des hommes ? […] Ce mérite de discrétion est commun à tout l’ouvrage. […] C’est ce même ciel dont tout le Télémaque est éclairé, c’est cette présence du génie grec à toutes les pages, ce sont toutes ces images agréables ou sérieuses par lesquelles l’antiquité nous a initiés à la connaissance de la vie, qui donnent un mérite d’éternelle nouveauté à ce livre charmant, espèce de vase antique où la main de Fénelon semble avoir composé un bouquet des plus belles fleurs de la Grèce.
— M. de Ravignan, jésuite et prédicateur célèbre, vient de publier une brochure qui obtient un grand succès et qui le mérite : c’est le premier écrit sorti des rangs catholiques, durant toute cette querelle, qui soit digne d’une grande et sainte cause.
L’ouvrage entier lui-même ressemble à une conversation animée et entraînante ; il a les mérites et les défauts d’une improvisation arrachée par l’indignation et l’enthousiasme.
que la menace de sa femme à son égard s’accomplisse et qu’il soit trompé par elle comme il le mérite, et il le sera, j’en réponds, le jour où elle trouvera quelqu’un d’un peu plus consistant qu’Octave.
Les mots n’ont qu’un mérite : la simplicité, qui vient de leur propriété.
Il les remplit d’illusions sur leur propre mérite ; il les emprisonne ; il risque de leur enlever à jamais le sens et l’intelligence de la réalité et de faire d’eux, pour toute la vie, des écoliers, — tout flambants du prestige emprunté de l’École, mais des écoliers.
Car il tient que la clarté est le premier mérite de tout ce qu’il écrit.
Ii avait ramassé, chez Théophile Gautier, le petit marteau avec lequel on martèle les vers, par dehors… Le mérite de M.
Sa fonction principale est, en effet, de renseigner et de guider la foule, d’opérer pour elle un premier triage dans la masse de la production courante, de lui désigner ce qui mérite d’être mis à part.
« En attaquant [dit-il] dans mes Satires les défauts de quantité d’Ecrivains de notre Siecle, je n’ai pas prétendu pour cela ôter à ces Ecrivains le mérite qu’ils peuvent avoir d’ailleurs.
Mais, puisqu’il n’en soutient pas la dignité par une vie règlée, il ne mérite aucun égard.
Il y a un autre mérite que peu d’artistes auroient eu et que beaucoup moins de spectateurs auroient senti ; c’est dans une multitude de figures, toutes debous, toutes vêtues de même, toutes rangées autour d’une table quarrée, toutes les yeux attachés vers le même point de la toile, des positions naturelles, des mouvements de bras, de jambes, de tête, de corps si variés, si simples, si imperceptibles, que tout y contraste, mais de ce contraste, inspiré par l’organisation particulière de chaque individu, par sa place, par son ensemble ; de ce contraste non étudié, non académique, de ce contraste de nature.
Gustave Kahn Qui fut directeur de La Vogue, revue morte l’an dernier et dont la collection mérite, d’être relue, me semble avoir dépassé le but visé dans ses récents Palais nomades et avoir, en dégageant son style de toutes les coupes poétiques habituelles, façonné sous le nom de vers rythmiques une prose cadencée qui ne justifie pas la disposition typographique du volume ; — mais la pensée reste d’un poète.
C’est là son mérite le plus net.
La philosophie qui enlève à Dieu un tel attribut, mérite moins le nom du philosophie et de sagesse que celui de folie.
Ces divers mérites devaient faire de lui un collaborateur des plus utiles et des plus essentiels dans la combinaison présente. […] Sur Shakespeare, il eut le mérite de suppléer et de remplacer M. […] En le louant selon son mérite, il ne le surfait pas du moins ; il nous le montre le meilleur produit du genre, non l’unique.
Nous disons qu’il a eu tort pour sa gloire, mais c’est un rare mérite moral que de faire ainsi ; toute sagesse ici-bas est plus ou moins une contrition. […] Leroux ne se fit d’ailleurs au Globe, jusqu’en 1830, qu’une position bien inférieure à ses rares mérites et à sa portée d’esprit ; par modestie, par fierté, cachant des convictions entières sous une bonhomie qu’on aurait dû forcer, il s’effaça trop ; quatre ou cinq morceaux de fonds qu’il se décida à y écrire frappèrent beaucoup, mais ne l’y assirent pas au rang qu’il aurait fallu. […] On lit dans une lettre de Ninon vieillie au vieux Saint-Évremond : « S’il (votre recommandé) est amoureux du mérite qu’on appelle ici distingué, peut-être que votre souhait sera rempli ; car tous les jours on me veut consoler de mes pertes par ce beau mot. » Il paraît toutefois que ce mot distingué pris absolument, et sans être déterminé par rien, ne fit alors qu’une courte fortune, et il n’était pas encore pleinement autorisé à la fin du xviiie siècle.
« Oui, il mourut après tous les autres, mon cher et unique frère André, lui qui m’aimait plus que lui-même, et qui m’en avait prodigué de si nombreuses et de si incontestables preuves ; lui, un miroir de toutes les vertus ; lui, religieux, humble, modeste, désintéressé, bienfaisant, courtois et aimable ; lui, plein de talents, de savoir, et dont l’esprit était cultivé plus qu’aucun autre ; lui, tout mon soutien, toute ma consolation et mon bonheur ; lui, enfin, dont je ne pourrai jamais faire assez l’éloge pour égaler les mérites. […] Pendant l’espace de cinq mois je vis se succéder des jours plus sombres les uns que les autres, précurseurs de l’irruption des armées françaises venant à Rome pour renverser ce gouvernement dont je faisais partie, quoique sans mérite de ma part. […] « Et d’abord je recommande humblement et chaleureusement mon âme au Seigneur très clément, en le priant, par les mérites de son divin Fils Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui m’a racheté au prix immense de son très précieux sang, par l’intercession de la très sainte Vierge Marie et des Saints, mes patrons, de la conduire en un lieu de salut, et de me pardonner dans sa miséricorde infinie mes très graves péchés.
Mais, quand on lit ses grands poèmes, on est trop pénétré par leur étonnante poésie, pour songer à jouir de leurs mérites techniques. […] On y trouve déjà quelquefois l’image originale, qui sera un des deux grands mérites de Boissier. […] Il m’est pourtant impossible de passer sous silence l’autre grand mérite d’Émile Boissier : il est poète par la musique autant que par l’imagination.
… Si on me défiait, je pourrais multiplier des citations pareilles, — qui montreraient ce que devient Hugo quand il se livre à ses visions par trop cornues, et combien ce visionarisme dont on lui a fait un mérite poétique décompose son regard, sa pensée et sa langue. […] C’est un des privilèges de la Gloire de forcer le monde à s’occuper d’elle, même quand l’homme de cette gloire ne la mérite plus. […] Cela mérite-t-il de s’appeler une œuvre, cet almanach poétique de cent vingt-neuf pages, sans compter les blancs ?
Il est d’autant plus utile d’insister sur ce point que, parmi tous les mérites dont on fait honneur à ce poème, on lui refuse généralement chez nous le mérite de l’originalité. […] Je voudrais effacer de son livre bien des scènes sinistres qui n’ont même pas le mérite de la vraisemblance. […] Quiconque a le mérite de l’orthodoxie a tous les mérites ensemble. […] Mais Hippus, qui connaît son Itzig, ne lui a jamais accordé qu’une confiance sagement mesurée sur ses mérites. […] Il s’est même organisé dans ces derniers temps, de l’autre côté du Rhin, toute une littérature juive avec des écrivains juifs d’un rare mérite.