Rien ne nous prouve mieux que Portalis ne dévia de sa ligne mixte à aucun moment, qu’il n’eut point à revenir plus tard après s’être égaré d’abord, et qu’il était de ceux qui, comme d’Aguesseau, sont nés tout tempérés. […] Portalis, en entrant dans les Conseils avec Siméon, dont il avait épousé la sœur, vit tout d’abord Thibaudeau, qui s’était honoré dans les derniers temps de la Convention par sa résistance aux mesures exceptionnelles et révolutionnaires trop prolongées : « Nous vous prenons pour chef de file, lui dirent-ils, nous voulons marcher sur votre ligne. » Cette ligne était celle aussi qui aurait fait marcher la Constitution sans violence, sans infraction aux lois, et en y faisant entrer le plus possible les idées de régularité et de justice.
Du reste, le ministère de la justice d’alors, qui nous faisait poursuivre, n’avait-il pas eu, vingt-quatre heures, l’idée de poursuivre en police correctionnelle, dans un article de je ne sais qui du Paris, une ligne de points, paraissant avoir un sens obscène à M. […] Il tire de sa poche un petit album, grand comme un carnet de visite, et sur lequel il nous fait voir une vingtaine de lignes géométrales qui sont les plans des terrains, les lignes des horizons, qu’il est en train de prendre depuis une dizaine de jours.
Ce qui nous fait sortir de la vie où nous sommes, ce n’est ni la littérature, si romanesque ou si poétique qu’elle puisse être, ni la peinture, ni la sculpture, c’est l’architecture et la musique, aux deux pôles, pour ainsi dire, de l’art : l’architecture qui, tout compte fait et quoiqu’on ait pu dire, ne copie rien et n’est que combinaison de belles lignes tout abstraites et tirées de notre conception intime et pure des belles lignes ; la musique qui ne copie rien et qui ne peint que des états d’âme et qui ne suggère que des états d’âme. Encore l’architecture ramène la pensée à la vie civile, en ce sens qu’un monument est fait pour recevoir une foule en vue de tel ou tel acte et doit jusqu’à un certain point avoir le caractère qui convient à cet acte, comme il a la forme qui s’y prête, et une école ne doit pas présenter les mêmes combinaisons de lignes qu’une église ; — et la musique seule est tout à fait l’art qui permet qu’on échappe à la vie et qui aide à en sortir ; et c’est l’expression même de la rêverie.
Et c’est moi, presque vieux, malade, infirme, et vaguement découragé de vivre, qui écris aujourd’hui ces lignes tristes, bien tristes je vous l’assure. […] Il descend celui-ci, en ligne droite de notre moyen âge, de notre Renaissance, de notre époque classique, du romantisme et des suprêmes parnassiens. […] triomphe sur toute ma ligne. […] Leur cœur s’attachait de préférence aux nobles lignes que les beaux éphèbes déployaient dans les exercices du gymnase. […] Leur sens de la ligne et de l’ornementation ne s’éveille pas, si jamais il s’éveille, avant la douzième année.
En effet, à l’exception de ce passage, je ne vois pas dans L’Argent une ligne qui puisse offenser le plus délicat. […] Sous ce masque de mort, je revoyais les lignes, les nuances dont le sortilège m’avait surpris et gardé si longtemps. […] Dès les premières lignes, il entre dans le débat : Que les géomètres sont heureux. […] Mais, de moins en moins long, il marche encore, dans le crépuscule assombri, par lignes de trois. […] À Eylau, le 14me de ligne était écrasé par le nombre.
Ces quelques lignes seront peut-être plus tard consultées comme documents pour la biographie du poète. […] Les grands yeux de l’artiste s’étaient illuminés, et déjà le tableau se composait dans sa tête, et son doigt levé, suivant le contour des choses, en esquissait les principales lignes. […] L’homme fait des projets sans compter sur la mort, et nul n’est sûr d’achever la ligne commencée. […] La composition d’une statue se borne à des eurythmies d’attitude, à des pondérations de lignes, à des balancements de contours, et le soin de la beauté en exclut toute violence caractéristique. […] Elles ont celle tranquillité de lignes et cette sérénité monumentale qui conviennent à la statuaire quand elle est liée à l’architecture.
Mais point du tout, on a continué machinalement en ligne droite. […] Si régulière que soit une physionomie, si harmonieuse qu’on en suppose les lignes, si souples les mouvements, jamais l’équilibre n’en est absolument parfait. […] Pour citer encore une fois Pascal, nous définirons volontiers ici la marche de l’esprit par la courbe que ce géomètre étudia sous le nom de roulette, la courbe que décrit un point de la circonférence d’une roue quand la voiture avance en ligne droite : ce point tourne comme la roue, mais il avance aussi comme la voiture. […] Nous allons les suivre l’une après l’autre, puis nous reprendrons notre chemin en ligne droite. I. — D’abord, cette vision du mécanique et du vivant insérés l’un dans l’autre nous fait obliquer vers l’image plus vague d’une raideur quelconque appliquée sur la mobilité de la vie, s’essayant maladroitement à en suivre les lignes et à en contrefaire la souplesse.
Il est alors dans l’Assemblée sur la même ligne que Royer-Collard, avec lequel il noue alliance au nom de la justice, que tous deux défendent et dont ils voudraient inaugurer le règne à la place des audaces de toute sorte, des coups d’État en sens contraires et des proscriptions sans cesse menaçantes. […] Mon père a dit en parlant de cette traduction : « Elle met le traducteur sur la première ligne des écrivains. » Croyez-moi, c’est ainsi que tous les hommes dignes de vous vous jugeront. — À présent, parlons des moyens de faire connaître en Allemagne cette belle imitation de leur premier poète. […] — Je ne vous demande que deux lignes ou plutôt qu’un bulletin » — Auguste est à Châlons depuis quinze jours134. […] Je vous demande deux lignes sur votre nomination, votre acceptation et vos collègues. […] Après tout, quand on le considère de près et qu’on l’étudie, on reconnaît qu’il suivit toujours la même ligne de principes, le même ordre d’inspirations, puisées aux mêmes sources morales ; mais il était en progrès.
Daunou avait deux regrets qui seront partagés inégalement, mais qu’il semblait mettre sur la même ligne : il regrettait de n’avoir pas écrit l’histoire de Boulogne-sur-Mer et celle de l’Oratoire. […] Cette histoire-là est au moins à mettre sur la même ligne que celle de l’Oratoire ou de Boulogne-sur-Mer, qu’il regrettait de n’avoir pas retracées. […] Son rôle de député et d’opposant, durant toute la Restauration, fut des plus honorables et des plus utiles, sur la seconde ligne, celle de réserve. […] A la mort de M. de Tracy, on avait naturellement pensé à lui, et quelques journaux en avaient parlé : il en fut presque effrayé, et se hâta d’écrire une lettre de deux lignes pour démentir sèchement. […] Il était prêt, par exemple, à mettre un bon sujet qui se soigne sur la même ligne qu’un beau génie qui se néglige, et peut-être il était à craindre qu’il ne le préférât à ce dernier.
Puisse-t-il sous cette forme nouvelle leur être encore utile, servir aussi à leurs camarades de France et d’ailleurs, et, manié, perfectionné par leurs mains juvéniles, les aider tous à dégager de la gaine de pierre où elle est ci demi emprisonnée les lignes pures et harmonieuses de la Vérité !
Cette image n’est pas celle d’une toile faite, mais d’un tableau qui se fait, la direction d’un regard qui vibre avec une ligne de la terre. […] Sans lui appliquer les lignes légères que M. […] Lanson, ainsi que dix lignes de M. […] Qu’une « source » d’une ligne de la Prière soit faite d’une de ces images arctiques, cela dut probablement figurer sur une des fiches de M. […] Quelle main à la fois assez experte et assez légère fera sortir du bloc commun les lignes mêlées des trois déesses ?
Depuis quelques années pourtant, l’unité de cette belle vie de M. de Chateaubriand s’était suffisamment dessinée ; sauf quelques brusques détails, la ligne entière du monument était appréciée et applaudie. […] Le corps intermédiaire du récit, les trente années de l’Empire et de la Restauration ne sont encore tracées que par endroits et ne présentent pas, à l’heure qu’il est, une ligne ininterrompue et définitive. […] L’effet est souvent heureux, de ces mots gaulois rajeunis, mêlés à de fraîches importations latines, et encadrés dans des lignes d’une pureté grecque, au tour grandiose, mais correct et défini. […] Il y a un épisode développé sur les États de Bretagne, sur la constitution et les troubles de cette province : les lignes majestueuses de l’histoire apparaissent.
Moi-même, très-indigne que mon nom soit prononcé après de pareils noms, moi qui n’oserais pas me comparer comme écrivain en prose à M. de Chateaubriand, je lisais, il y a peu de jours, dans un critique célèbre de mon temps, quelques lignes où mes vers avaient l’avantage sur sa prose, et j’en étais non pas convaincu, mais frappé. […] Mignet, beau jeune homme, qui devait suivre fidèlement son ami dans la vie, mais sans affronter les mêmes orages ; ils s’assirent, et, voyant sur ma table des lignes inégales annonçant des vers, ils me demandèrent de leur en lire quelques-uns. […] Les lignes ébauchées dans Atala et dans René sont, dès le premier jour, une révolution littéraire. […] LXXVI Aussi voyez comme, à ses premières lignes, tout se bouleverse dans la littérature de la France et de l’empire !
Son front droit, bien construit, que les sourcils coupent d’une ligne horizontale, est couronné d’une chevelure blonde démesurée, frisée naturellement, et longue comme une perruque à la Louis XIV. […] ………………………………………………………………………… J’écrivais ces lignes l’an dernier. […] C’est en effet, au mois de mai 1895, que Mendès publia son premier compte rendu dramatique : un compte rendu qui fut un compte réglé à je ne sais plus quelle opérette dont la célébrité égalait la niaiserie, en vingt lignes qui riaient comme des folles, faisaient des blagues comme des rapins et montraient leurs derrières comme des femmes mariées. […] Cent fois digne du grand artiste qui l’emplit non seulement de sa verve charmante, mais encore de son radieux, de son lumineux bon sens, il m’apparaît comme une des expressions les plus définitives de son génie et de sa noblesse, car il n’en est pas une page, il n’en est pas une ligne, un mot, qui ne hurle, ne chante, ne proclame le triomphe et la gloire des Lettres !
Le but de ces lignes est, simplement, de faire un peu mieux connaître Parsifal, en rassemblant les données historiques et critiques précises qui se rapportent à ce drame, et qui sont propres à en éclairer la signification. […] Le Ring n’était pas terminé, les préparatifs pour les solennelles représentations de Tristan devaient commencer, le roi avait ordonné d’élaborer, immédiatement, les projets pour l’école d’art dramatique et pour le Théâtre de Fête qu’il voulait ériger à Munich … : avant tout il s’agissait, pour le maître, de fixer les lignes et de tracer l’esquisse de ce que lui-même appela toujours « sa dernière œuvre ». […] Les lecteurs de la Revue Wagnérienne auront rectifié l’erreur typographique de la page 178 de notre dernier numéro (3e ligne de la note) : il faut supprimer la date « 18 » et lire seulement « 16, 17, 19, 21 », ainsi que ces chiffres sont donnés dans les annonces du même numéro (1re page) [NdA] 33. Errata : page 182, 25e et 26e lignes, lire Hedinger et Kauer, au lieu de Ledinger et Kaner [NdA] 34.
Les quelques lignes citées plus haut nous permettent de l’entrevoir. […] Nous avons dû résumer en quelques lignes très imparfaites la transformation la plus profonde peut-être de la pensée moderne. […] Je crois qu’Emile Zola pourrait méditer longuement et avec profit ces quelques lignes du poète américain Walt Whitman, cette vérité des vérités dont la révélation suffirait à la gloire d’un homme : En acceptant joyeusement de marcher sous la conduite de la science moderne, je n’en reconnais pas moins un fait supérieur à tous les faits quelle peut mettre en lumière. […] Les méthodes littéraires de Zola sont celles d’un « parvenu », qui s’est efforcé de pénétrer les choses de l’extérieur, qui ne s’est jamais assis à la table de la vie et qui n’a jamais réellement vécu… » Et le critique ajoute quelques lignes plus loin : « Le jeune homme famélique dont les yeux étaient concentrés avec un désir ardent sur le monde visible a tiré un certain bénéfice de sa chasteté intellectuelle ; il a préservé des choses matérielles sa clarté de vision, une vision avide, insatiable, impartiale… La virginale fraîcheur de sa soif de vie, donne à son œuvre son souffle de vigueur et de jeunesse, son indomptable énergie ».
Lorsque nous traversons les champs en chemin de fer ou en voiture, la silhouette courbée de ces hommes et de ces femmes qui travaillent est si voisine du sol et si bien mêlée à ses lignes que le paysan peut sembler un accessoire du paysage, une chose qui se meut à peine entre des choses immobiles. […] Madame X., si elle avait été peintre, aurait probablement été un grand dessinateur, car elle a un œil merveilleux pour les formes, la ligne, l’harmonie, ses teintes sont généralement fondues, rien de heurté. […] À peine s’est-elle formulée dans la pensée, et déjà les lignes générales du roman sont arrêtées. […] Il voit, avec une netteté qui ne laisse rien dans l’ombre, toute l’œuvre dont il n’a pas tracé une ligne, il l’aperçoit achevée, avec les portraits, les dialogues, les paysages, avec la beauté de rêve qu’il espère traduire.
La phrase se développe comme une ligne ; elle n’a plus de corps, de modelé ; rien que des contours, ou des arêtes. […] Toutes les forces révolutionnaires — les forces intellectuelles, s’entend — entrent en ligne, et la victoire est complète.
Il y brille dès les premières lignes et jusqu’à la dernière, ne cesse d’y pétiller. […] Certes, ce n’est pas Mme Sand, par exemple, qui aurait écrit une seule ligne de ce roman de Dosia ; ce n’est pas elle qui aurait fait partir une seule de ces fusées !
Il y a, dans ces lettres de Doudan, deux lignes dénigrantes et insolentes sur Balzac, et il passe… Il fait à Balzac cet honneur de passer, après avoir déjà passé devant Bonald et devant de Maistre ! […] Cousin avait la magnanimité de ne lui demander que les deux lignes qu’il fallait d’un homme autrefois pour le faire pendre.
On en retombe à chaque fois que l’on s’écarte de la ligne de feu ; on en retombera davantage à mesure qu’on s’éloignera dans le temps. […] Je ne pouvais guère recueillir que des paroles d’intellectuels, mais ils ne valent pas moins, ceux qui se taisent depuis le commencement de la guerre, ce bourgeois, ce paysan, qui y vont avec courage, sans écrire trois lignes, et qui n’éprouvent pas le besoin de se demander pourquoi ils se font tuer.
Nadaud, lui, se tient à l’écart de la mêlée ; sa poésie, aux goûts calmes, pêche à la ligne, prend les goujons et regarde sans trouble passer le fleuve des révolutions… La joie n’est pas le chant complet du monde, le plaisir n’est pas l’amour, l’esprit n’est pas la liberté.
Tandis qu’une mine d’or, une ligne de chemin de fer, une usine d’irrigation travaillent, produisent pour l’humanité tout entière qui a besoin d’or, besoin de transports, besoin du blé que produit la terre fécondée. […] Ce qu’on a démoli de merveilles sous Louis-Philippe et surtout sous Napoléon IIl est presque inimaginable et je n’ai pas la prétention d’en donner une idée en quelques lignes. […] C’est que la tête de la femme n’est pas faite pour plaire par son caractère, mais seulement par une certaine rectitude de lignes, qui ne doit pas être trop individualisée. […] On lui dit que cela se payait vingt-cinq centimes la ligne, mais il y en avait si peu qu’il n’osa pas les toucher. […] L’État, lui-même, est bien obligé de diviser ses lignes en lignes de Normandie, de Bretagne et du Sud-Ouest.
C’est donc tout à fait par erreur que l’idéalisme des mauvais écrivains classiques a fait consister le beau dans le petit nombre et la pauvreté des idées ou des images, dans la rigidité des lignes, dans la symétrie exagérée, dans l’altération de toutes les courbes et sinuosités de la nature. […] … » — Rentrer dans la terre tandis que d’autres rêvent de monter au ciel, voilà bien les deux conceptions opposées de l’art et de la vie ; mais cette opposition est aussi conventionnelle que celle du nadir et du zénith, placés tous deux sur le prolongement de la même ligne. […] Tersite manqué blesse le regard, et Adonis manqué offre encore, à défaut de la vie, un certain charme primitif de lignes courbes, régulières, de contours que le regard suit sans effort. […] Représentez-vous par la pensée une de ces cannes de Provence avec lesquelles on fait des pêches à la ligne ou des mirlitons pour les enfants, voilà une image qui pourra encore sembler triviale ; quittez nos jardins, allez en Grèce, et, dans le creux d’un roseau tout pareil, vous verrez les paysannes d’Olympie transporter un peu de braise d’une chaumine à l’autre. […] La caractéristique de la littérature gréco-latine, c’était de peindre les choses en évoquant en nous les perceptions nettes de l’ouïe et surtout de la vue : les descriptions classiques sont merveilleuses pour le rendu de la ligne et de la forme.
Paul Leclercq un court poème, Ibis, à quoi j’eusse reproché pour ma part quelque affectation d’ironique psychologie ; les pages nouvelles qu’il rassembla récemment ne sont pas écrites en lignes inégales, et cependant elles me valent le plaisir de les louer, pour l’harmonie rythmique de la langue et la grâce ingénieuse des images qui les assimilent à de véritables petits poèmes.
Ces lignes précèdent, dans le IVe vol. des Œuvres et des Hommes (1re série : Les Romanciers, 1865), trois chapitres : Edgar Poe, G.
François Coppée Je fais grand cas de l’auteur de : Dans la rue , et je le tiens pour un descendant, en ligne directe, de notre Villon.
Peu d’œuvres possèdent à un plus haut degré une telle richesse de coloris, une plus fine pureté de lignes, une plus délicate originalité dans les idées.
. ; toutes scènes domestiques ou champêtres, peu variées, ou qui ne semblent guère que des variantes d’un même fond de tableau, mais toutes d’un ton juste, d’une couleur un peu grise ou crayeuse, mais saine, où rien ne dépasse d’une ligne la stricte réalité, et où elle nous est livrée encore plus que rendue dans son jour habituel, dans son uniformité même et sa rusticité. […] Trop rejetés en seconde ligne, trop négligés, même de leur vivant, totalement éclipsés durant l’époque radieuse de Louis XIV, les Le Nain ont commencé peu à peu à reparaître quand la splendeur du règne académique diminua. […] je laisse maintenant ces trouvailles à d’autres ; mais ce qui ne sera jamais démenti, c’est qu’ils étaient pleins de compassion pour les pauvres, qu’ils aimaient mieux les peindre que les puissants, qu’ils avaient pour les champs et les campagnards les aspirations de La Bruyère, qu’ils croyaient en leur art, qu’ils l’ont pratiqué avec conviction, qu’ils n’ont pas craint la bassesse du sujet, qu’ils ont trouvé l’homme en guenilles plus intéressant que les gens de cour avec leurs broderies, qu’ils ont obéi au sentiment intérieur qui les poussait, qu’ils ont fui l’enseignement académique pour mieux faire passer sur la toile leurs sensations : enfin, parce qu’ils ont été simples et naturels, après deux siècles ils sont restés et seront toujours trois grands peintres, les frères Le Nain. » J’honore le critique qui trouve de tels accents, et quand il aurait excédé un peu, comme c’est ici le cas, dans ses conjectures ou dans son admiration pour les trois frères indistinctement, il n’aurait fait que réparer envers ces bons et dignes peintres un long arriéré d’oubli et d’injustice, leur rendre avec usure ce que près de deux siècles leur avaient ôté ; il n’aurait pas fait d’eux un portrait faux, car il reconnaît et relève en toute rencontre leurs inégalités et leurs défectuosités originaires, il n’aurait donné en définitive qu’un portrait un peu idéal, ou du moins un portrait un peu plus grand que nature, un peu plus accusé et accentué de physionomie, mais toujours dans les lignes de la ressemblance et de l’individualité.
que l’histoire littéraire est donc difficile à établir et à maintenir dans ses lignes délicates, et qu’il y aura d’à-peu-près et de contresens qui s’y glisseront de plus en plus ! […] À la page 252, dans les Maximes, il manque à la sixième ligne de la CCLVIIe, inédite un membre de phrase qu’on suppléerait au besoin : le copiste ne s’est pas relu. À la page 267, ligne 22, dans un article sur les vieillards, il faut rectifier la phrase ainsi : « Les plus heureux sont encore soufferts, les autres sont méprisés. » Mais je suis bien bon, vraiment, de faire ainsi l’errata de M. de Barthélemy.
Évidemment ce qu’on a retrouvé et ce qu’on publie aujourd’hui doit déranger et contrarier un peu les anciens amis et admirateurs de Mme Roland, ceux du moins qui étaient restés à son égard dans la ligne correcte et pure, dans la ligne girondine étroite. […] Formé par la double lecture de Plutarque et de Jean-Jacques, admirant également Montesquieu et Mably et les mettant sur la même ligne, Buzot a tous les nobles préjugés, toutes les lumières incomplètes de son époque : il est, lui aussi, de Rome et de Sparte plutôt qu’un législateur moderne ; mais de près, dans la familiarité sérieuse, il pouvait avoir un certain charme contenu et voilé, et Mme Roland le subit.
Le roi est pour moi d’une attention de mère… » C’est d’elle, c’est de cet enfant son premier-né, que quelques années après, Marie-Antoinette, dont on a déjà vu la justesse de coup d’œil en ce genre d’observations familières, écrivait (25 décembre 1784) : « Ma fille qui a six ans fait beaucoup de progrès ; elle a le caractère un peu difficile et d’une fierté excessive ; elle sent trop qu’elle a du sang de Marie-Thérèse et de Louis le Grand dans les veines ; il faut qu’elle s’en souvienne pour être digne de son sang, mais la douceur est une qualité aussi nécessaire et aussi puissante que la dignité, et une nature orgueilleuse éloigne les affections… » On sent dans ce peu de lignes le trait de nature et la ligne primitive qui fera de la plus vertueuse et de la plus respectable des princesses une personne moins aimable qu’on n’aurait voulu. […] Je viens d’écrire trois lignes à M.
On est sûr, en le lisant, si l’affectation de l’étrange ne vous repousse pas d’abord, de trouver abondance d’esprit, de verve, des aperçus fins, des saillies heureuses, mille traits d’irrévérence et des bouffées d’impiété ; je mets le tout sur la même ligne, car se sont là autant d’éloges avec lui. […] I, p. 156) comme le plus charmant endroit et comme le plus adorable morceau de Théophile une page de prose qui devient parfaitement inintelligible telle qu’il la transcrit, et dans laquelle des lignes indispensables au sens (ligne 16, page 157) ont été omises.
La lutte s’anima : chaque parti mettait toutes ses forces en ligne ; si La Fontaine vengeait négligemment les anciens dans son exquise Épître à Huet, Fontenelle apportait au secours de Perrault sa finesse charmante et ses airs séduisants d’homme impartial et détaché, dans son Discours sur l’Églogue et sa Digression sur les anciens et les modernes. […] On voit combien Boileau améliorait la théorie de Perrault, en substituant à cette loi de fer du progrès constant, universel, qui fait violence aux faits par la régularité mécanique et monotone de son jeu hypothétique, un principe infiniment plus flexible, plus voisin de la réalité, et qui s’y adapte sans peine pour l’exprimer : distinguer dans le mouvement général du monde intellectuel une pluralité de petits mouvements, des séries partielles ascendantes ou descendantes, se succédant, s’enchevêtrant, s’ajoutant, se contrariant, se figurer la marche de la littérature, non plus comme offrant la rigidité d’une ligne droite, mais comme une quantité de lignes brisées ou courbes du dessin le plus capricieux, c’était prendre la notion du rythme ondoyant des choses, et ni plus ni moins qu’introduire dans la critique la doctrine de l’évolution.
Le juif, au contraire, grâce à une espèce de sens prophétique qui rend par moments le sémite merveilleusement apte à voir les grandes lignes de l’avenir, a fait entrer l’histoire dans la religion. […] À chaque ligne des simples écrits de l’Ancien Testament, on voyait l’assurance et en quelque sorte le programme du règne futur qui devait apporter la paix aux justes et sceller à jamais l’œuvre de Dieu. […] Encore faut-il remarquer que l’auteur de ce dernier traité ne fait valoir qu’en seconde ligne le motif de rémunération personnelle.
C’est que, sans doute, le Journal paie à la ligne. […] Et puis, vous savez, ici l’épisode fleurit librement et les aventures de Brout de Chandeilles, dit Bout-de-Chandelle, et de Mlle Mouche font des lignes parmi les aventures d’Hartevel, de Soulières, et du fils à Soulières, et de la fille à Hartevel. […] Mais l’architecte, qui aime la solidité et qui voit à chaque instant que ça tombe à droite ou que ça croule à gauche, apporte inlassable d’autres aiguilles, multiplie indéfiniment contreforts ridicules et lignes lucratives.