Les arrestations se multipliaient ; c’est alors que l’Espagnol Marchena, venu chercher la liberté en France, n’y trouva que la prison. […] Jusque-là on tenait fort mal les registres d’écrou ; on appréhendait et on enfermait dans les maisons de force ; sans indiquer la cause de ces atteintes à la liberté individuelle. […] C’est là que nous trouverons Les Peupliers, Les Faucheurs, Les Esclaves, Les Jumeaux, qui célèbrent le travail, la liberté, le bonheur dans l’amour et la maternité. […] rendez-moi la liberté ! […] Et je me permets de le dire en passant, de tous ces traîtres à la patrie — ce grand mot n’est pas de moi et je le tiens pour quelque peu exagéré, les seuls vraiment excusables sont encore les Ligueurs et Coligny qui, de bonne foi et dans des camps opposés, se battaient pour la plus sacrée de toutes les libertés, la liberté de leur conscience.
« La poésie répondit : “Laissez-moi : vos efforts me sont suspects ; vous prétendez affranchir la vie et vous n’accordez pas à l’art la liberté ! […] Si cela me plaît, je cueillerai ici des fleurs ; si cela me plaît, je vouerai à la liberté un chant, mais jamais je ne me laisserai enrôler par vous.” […] Comme l’école romantique était venue revendiquer les libertés de la passion, et que l’auteur de Lucrèce réclamait contre ces libertés les droits supérieurs de la raison, du devoir et de la conscience publique, on appelait le groupe militant de ses amis l’école du bon sens. […] L’art est libre ; il n’y a pas beaucoup à craindre de sa liberté. […] Prenez-y garde : il faut du temps, même à la liberté, pour produire des merveilles.
L’Angleterre était au fort de sa guerre avec la France, et croyait combattre pour la morale et la liberté. […] Un homme ou un million d’hommes, il n’importe ; c’est l’esprit de liberté qu’il faut répandre. […] Chez lui, la liberté métaphysique a péri sous les préoccupations utilitaires, et la rêverie panthéistique sous les préoccupations morales. […] … » Du décorum et de la débauche ; des tartufes de mœurs, Qui mettent leurs vertus en mettant leurs gants blancs1299 ; une oligarchie qui, pour garder ses dignités et ses sinécures, déchire l’Europe, dévore l’Irlande et ameute le peuple avec les grands mots de vertu, de christianisme et de liberté : il y avait des vérités sous ces invectives1300. […] En Angleterre, la dureté du climat, l’énergie militante de la race et la liberté des institutions prescrivent la vie active, les mœurs sévères, la religion puritaine, le mariage correct, le sentiment du devoir et l’empire de soi.
Les coups redoublés du malheur n’ont pu dompter la liberté ni éteindre la lumière de cette âme magnanime et joyeuse. […] Ainsi notre liberté n’arrive à son point culminant que pour se détruire, et l’homme ne cherche la sagesse que pour apprendre à s’oublier. […] Cette liberté lui ouvre deux routes entre lesquelles il doit faire son choix : l’une sûre et qui respectera son indépendance, l’autre plus glorieuse, mais pleine de périls. […] L’immense liberté académique moderne de l’Allemagne abuse notre jugement sur un passé encore bien récent. […] Le pouvoir protecteur dont Luther avait jadis armé les princes au nom de la liberté se retournait maintenant contre la liberté, et l’oppression politique secondait l’intolérance religieuse.
Certes, la société nous donne la liberté· Ah ! quelle pauvre part pour ma liberté personnelle, étouffée par toutes les libertés que les autres s’arrogent. […] Aussi l’essence de l’art c’est la liberté, tandis que la science cherche la détermination. […] ne sauront plus regagner la liberté qu’il voudrait leur rendre. […] Et le pis, c’est que dans notre pays de liberté on n’ose pas dire franchement ce qu’il y a de mieux en soi.
N’est-il pas, ce catholicisme, le maître et le guide de cette émancipation intérieure, de cette liberté de détermination, qui est la seule liberté permise et concevable ici-bas, en ce qu’elle échappe à la chaîne des événements, comme au contrôle de la collectivité, comme à la tyrannie des tissus organiques ! […] C’est d’ailleurs une singulière illusion d’optique que de penser que le célibat (non religieux), procure plus de liberté que le mariage. Il n’est de vraie liberté, intellectuelle et morale, que dans une règle et une discipline. […] Il a obscurci la liberté intérieure, qui permet de discerner et d’éviter les chimères sanglantes. […] Il en est de la charité au XIXe comme de la liberté.
Et d’après cette réplique, voilà nos raisonneurs enfoncés dans les ténèbres de la liberté de l’homme et de la prescience des dieux. […] Le stoïcisme n’est autre chose qu’un traité de la liberté prise dans toute son étendue. […] Je me rendrai agréable à mes amis, je serai indulgent pour mes ennemis, j’irai au-devant des demandes honnêtes, je saurai que l’univers est ma patrie ; je vivrai, je mourrai sans crainte, parce que j’aurai toujours chéri la vertu, et que je n’aurai nui à la liberté de personne, ni à la mienne. […] Puissent ces braves Américains, qui ont mieux aimé voir leurs femmes outragées, leurs enfants égorgés, leurs habitations détruites, leurs champs ravagés, leurs villes incendiées, verser leur sang et mourir, que de perdre la plus petite portion de leur liberté, prévenir l’accroissement énorme et l’inégale distribution de la richesse, le luxe, la mollesse, la corruption des mœurs, et pourvoir au maintien de leur liberté et à la durée de leur gouvernement ! […] Vois ce précipice : c’est par là qu’on descend à la liberté ; vois cette mer, ce fleuve, ce puits : la liberté est cachée au fond de leurs eaux ; vois cet arbre : elle est suspendue à chacune de ses branches ; porte ta main à ta gorge, pose-la sur ton cœur : ce sont autant d’issues à la servitude ; il n’y a pas une de tes veines par laquelle ton malheur ne puisse s’échapper… » Cette morale, elle est inspirée à un Sénèque par un Caligulal LXXXVI.
Sublimes idées de tolérance, de liberté, d’égalité, la génération de 1660 ne vous entrevoyait même pas ! […] Sa liberté nous est un gage qu’elle saura tout peindre, mais non pas qu’elle s’interdira de rien défigurer. […] Par un goût passionné pour la liberté, l’école de la Restauration la rejeta : quelques-uns même, alors, par une préférence hautement avouée pour le désordre, la violèrent sans autre dessein que de la violer. […] Aspirations vers la liberté de conscience, mépris du clergé, harangues assidues contre l’ambition romaine, cela ne suffit point encore pour être affilié, même de loin, à l’Encyclopédie. […] S’il reproche une fois à la Grande Charte de n’être pas une barrière assez forte à l’ambition des ministres, et de fonder, sous couleur de liberté, un despotisme hypocrite, il lui reproche plus souvent de consacrer l’anarchie.
Le protestantisme c’était déjà la liberté dépensée ; c’était déjà le débordement et le déchaînement du philosophisme. […] Nous n’avons pas même de liberté pour les choses indifférentes, et qui ne sont ni bien ni mal ? […] Adam vivait dans la liberté, les hommes vivent sous la nécessité. « Origène déclare hérétiques ceux qui ôtent à l’homme le libre arbitre ». […] Si l’homme peut s’endurcir, comme en collaboration avec Dieu, il y a partage et encore, il y a liberté, partielle au moins, de l’homme ; et l’homme est libre comme était Adam. […] La liberté de conscience lui paraît un monstre exécrable qu’il faut exterminer de la terre.
En fait, notre effort a sans cesse tendu vers la plus grande liberté. […] Il ne se comporte qu’avec liberté ; tous ses modes lui sont inspirés par je ne sais quelle indépendance. […] Cette liberté leur donne une agilité vertigineuse et presque comique. […] Mais il l’appelle liberté ; et du même coup s’aperçoit que cette liberté nous fait cruellement défaut. […] je souffre de cette liberté sans emploi312.
C’est ce qu’a senti Shakespeare ; il n’a songé qu’à rehausser Brutus et non à le singulariser ; placés dans une sphère inférieure, les autres personnages reprennent un peu la liberté de leur caractère individuel, affranchi de cette règle de perfection que le devoir impose à Brutus. […] Le reproche de liberté, adressé par quelques critiques à Molière, qui cependant écrivait pour une cour jalouse des convenances jusqu’à la pruderie, prouve combien il était difficile de conserver le décorum dans un sujet aussi épineux ; et Shakespeare, favori de la cour, était encore plus le poëte du peuple. […] Que d’originalité dans leurs dialogues, où l’on trouve quelquefois, il est vrai, un peu trop de liberté ! […] Il a ainsi donné à sa pièce, sauf la liberté de quelques expressions, une couleur beaucoup plus morale que celle des récits où il a pu puiser, et où le mari finit toujours par être dupe, et l’amant heureux. […] Le désir de plaire à Élisabeth, ou peut-être même l’ordre donné par cette princesse de composer une pièce dont sa naissance fût en quelque sorte le sujet, ne pouvait suppléer à cette liberté qui est l’âme du génie.
Tu es un homme fait pour faire des consuls129. » — Ailleurs le sénateur Latiaris amène chez lui son ami Sabinus, et s’indigne devant lui contre la tyrannie, souhaite tout haut la liberté, le provoque à parler. […] On le charge d’injures : « Hors d’ici, — au cachot, — il le mérite. — Couronnons toutes nos portes de lauriers, — qu’on prenne un bœuf aux cornes dorées, avec des guirlandes, et qu’on le mène sur-le-champ au Capitole, — et qu’on le sacrifie à Jupiter pour le salut de César. — Qu’on efface les titres du traître. — Jetez à bas ses images et ses statues. — Liberté, liberté, liberté !
Peintures et descriptions : elle décrit à Abeilard le monastère et le paysage, « les dômes moussus couronnés de fines tourelles, les arches majestueuses qui changent en nuit la clarté du grand jour, les vitraux qui versent sur les dalles une clarté solennelle1106 », puis « les rivières errantes qui luisent entre les collines, les grottes dont l’écho répète le bruissement des ruisseaux, les brises mourantes qui viennent expirer sur les feuillages1107. » — Tirades et lieux communs : elle envoie à Abeilard des dissertations sur l’amour et la liberté qu’il réclame, sur le cloître et la vie paisible qu’il peut donner, sur l’écriture et les avantages de la poste aux lettres1108. — Antithèses et contrastes : elle les expédie à Abeilard par douzaines : contraste entre le monastère illuminé par sa présence et le monastère désolé par son absence, entre la tranquillité de la religieuse pure et l’anxiété de la religieuse coupable, entre le rêve du bonheur humain et le rêve du bonheur céleste. — En somme, c’est un air de bravoure, avec oppositions de forte et de piano, avec variations et changements de ton ; Héloïse exploite son motif, et s’occupe à y insérer toutes les habiletés et les réussites de sa voix. […] Comme lui, il combattait la frivolité contemporaine et mettait en regard les anciennes républiques, « dont les désirs héroïques planaient si fort au-dessus de la petite sphère égoïste de notre vie sceptique. » Comme lui, il louait le sérieux, le patriotisme, la liberté, la vertu, s’élevait du spectacle de la nature à la contemplation de Dieu et montrait à l’homme par-delà le tombeau les perspectives de la vie immortelle. […] C’est pourquoi on voit fourmiller en ce moment, parmi les poëtes, les philosophes attendris et les académiciens pleurards : Gray, le solitaire morose de Cambridge et le noble penseur Akenside, tous deux imitateurs savants de la haute poésie grecque ; Beattie, le métaphysicien moraliste, qui eut des nerfs de jeune femme et des manies de vieille fille ; l’aimable et affectueux Goldsmith, qui fit le Ministre de Wakefield, la plus charmante des pastorales protestantes ; le pauvre Collins, jeune enthousiaste qui se dégoûta de la vie, ne voulut plus lire que la Bible, devint fou, fut enfermé, et, dans ses intervalles de liberté, errait dans la cathédrale de Chichester, accompagnant la musique de ses sanglots et de ses gémissements ; Glover, Watts, Shenstone, Smart, et d’autres encore. Les titres de leurs ouvrages indiquent assez leurs caractères : l’un écrit un poëme « sur les plaisirs de l’imagination », l’autre des odes sur les passions et la liberté, celui-ci une élégie sur un cimetière de campagne et un hymne à l’adversité, celui-là des vers sur un village ruiné et sur le caractère des civilisations voisines, son voisin une sorte d’épopée sur les Thermopyles, un autre encore l’histoire morale d’un jeune ménestrel.
… Je pleure ma liberté, ma santé, hélas ! […] Le duc de Ferrare n’hésita pas à consentir à la liberté et au départ du poète pour la cour de Mantoue. […] Le Tasse s’enivra de cette liberté, de ce respect et de ce bien-être si différents des chaînes, des hontes, des peines d’esprit et de corps qu’il venait de supporter pendant six ans de captivité. […] « Je ne jouis, écrit-il au cardinal Albano, que d’une ombre de liberté ; je n’aurai de repos qu’à Rome. » La mort du vieux duc de Mantoue et l’élévation au trône du jeune prince de Mantoue, son ami, le rappelèrent encore dans cette ville.
Retiré pendant neuf années dans la belle solitude de Vatolla, il suivit en liberté la route que lui traçait son génie, et se partagea entre la poésie, la philosophie et la jurisprudence. […] Mais le réel, ouvrage de la liberté de l’individu, est incertain de sa nature. […] Le prince établit l’égalité, au moins dans l’obéissance ; il humilie les grands, et leur abaissement est déjà une liberté pour les petits. […] Ainsi les hommes isolés encore veulent le plaisir brutal, et il en résulte la sainteté des mariages et l’institution de la famille ; — les pères de famille veulent abuser de leur pouvoir sur leurs serviteurs, et la cité prend naissance ; — l’ordre dominateur des nobles veut opprimer les plébéiens, et il subit la servitude de la loi, qui fait la liberté du peuple ; — le peuple libre tend à secouer le frein de la loi, et il est assujetti à un monarque ; — le monarque croit assurer son trône en dégradant ses sujets par la corruption, et il ne fait que les préparer à porter le joug d’un peuple plus vaillant ; — enfin quand les nations cherchent à se détruire elles-mêmes, elles sont dispersées dans les solitudes… et le phénix de la société renaît de ses cendres.
Je ne l’eus pas longtemps habitué à ce goût de liberté sans qu’il commençât à se montrer impatient de voir revenir l’heure d’en jouir. […] Lui aussi, il fut malade, et dans sa maladie il eut également part à mes soins et à mon attention ; mais si, après sa guérison, je prenais la liberté de le caresser de la main, il grognait, frappait des pieds de devant, s’élançait ou mordait.
Moyennant toutes ces conditions, et « un peu de cette hardiesse et de cette liberté anglaise qui nous manque », Voltaire promettait au François II de valoir mieux que toutes les pièces de Shakespeare : c’était là une pure gaieté. […] En un mot, par une certaine liberté de goût et un dégagement de pensée, le président Hénault tenait à quelques égards de l’école littéraire de Fontenelle plus que de celle de Voltaire et de Despréaux : il y avait des commencements de novateur dans cet amateur.
… » Comme Voltaire l’avait dénoncé d’emblée aux puissances et signalé comme un calomniateur de Louis XIV, de Louis XV et du roi de Prusse, La Beaumelle le rappelait à l’ordre et lui faisait toucher son inconséquence : « Apprenez qu’il est inouï que le même homme ait sans cesse réclamé la liberté de la presse, et sans cesse ait tâché de la ravir à ses confrères15. » Il y a même une lettre assez éloquente, la xiiie , dans laquelle l’auteur suppose un baron allemand de ses amis, qui s’indigne de l’espèce de défi porté par Voltaire, dans son enthousiasme pour le règne de Louis XIV : « Je défie qu’on me montre aucune monarchie sur la terre, dans laquelle les lois, la justice distributive, les droits de l’humanité, aient été moins foulés aux pieds… que pendant les cinquante-cinq années que Louis XIV régna par lui-même. » La réponse est d’un homme qui a souffert dans la personne de ses pères et qui sort d’une race odieusement violentée dans sa conscience, opprimée depuis près de quatre-vingts ans16 et traquée. […] Si ce procédé consistait seulement à corriger les fautes de français de Frédéric, les impropriétés d’expression, on le concevrait, on l’excuserait presque ; on se rappellerait que ce sont là des libertés que se sont permises presque tous les éditeurs de son temps et même du nôtre, si l’on excepte ceux des dernières années.
Il n’avait du premier rang que ce qu’il en voulait et d’ailleurs tous les avantages du second plan, même la liberté et l’intimité. […] La dignité même de votre caractère, aux yeux du monde, reprend son lustre, puisque les hommes voient le juste prix que vous mettez à votre liberté, et que, quelles que soient les passions de jeunesse qui vous aient séduite, vous ne voulez plus maintenant faire le sacrifice de votre temps, là où vous n’êtes pas jugée digne de tout honneur25.
Outre le droit qu’elle a sur mon admiration et ma reconnaissance, elle en a un tout particulier sur cet agréable travail33, entrepris sous ses auspices : je lui en fais l’hommage avec mystère, parce que je ne puis le faire à découvert ; ceux qui ont éprouvé le doux transport qu’excite dans l’occasion le souvenir d’un bienfait signalé, ne désapprouveront pas que mon cœur cherche à se soulager lorsqu’il ne peut se satisfaire ; ils ne seront pas surpris de me voir ajouter que dans mes regrets d’être obligé de taire l’illustre Objet de sentiments si légitimes, si naturels, et qui ne demandent qu’à se produire, je me console quelquefois par l’espérance qu’on le devinera, sans que j’aie couru le risque de tomber dans le malheur de lui déplaire. » On me dira que c’est là une Épître dédicatoire ; mais cette Épître ne portant aucun nom, elle n’est évidemment pas pour la montre ; c’est la reconnaissance toute pure qui s’épanche, et tout ce que nous savons, c’est que l’humble auteur anonyme, du temps qu’il était moine, ayant été rencontré par Mme de Boufflers dans le jardin d’un couvent où elle était entrée par hasard, avait profité de l’occasion pour l’intéresser au récit de ses malheurs ; il lui avait dit tous les dégoûts qu’il avait à essuyer dans sa profession ; et elle, touchée de son sort, l’avait fait relever de ses vœux, avait pris soin de sa fortune et, avec la liberté, lui avait rendu le bonheur. […] Elles échappèrent toutes deux au sort fatal qui en atteignit tant d’autres aussi innocentes qu’elles37, et les deux prisonnières furent mises en liberté deux mois après le 9 thermidor, à la date du 14 vendémiaire an III (5 octobre 1794).
Il portait, d’ailleurs, sur les choses publiques un jugement excellent ; il sentait les périls intérieurs là où ils étaient ; partisan déclaré de la liberté de la presse, il ne fut pas des derniers à prédire où mènerait la censure. […] Telle est, messieurs, la liberté de la presse. » Il y disait encore : « La société, dans sa marche progressive, est destinée à subir de nouvelles nécessités ; je comprends que les gouvernements ne doivent pas se hâter de les reconnaître et d’y faire droit ; mais quand ils les ont reconnues, reprendre ce qu’on a donné, ou, ce qui revient au même, le suspendre sans cesse, c’est une témérité dont, plus que personne, je désire que n’aient pas à se repentir ceux qui en conçoivent la commode et funeste pensée.
D’autres jeunes gens se sont amusés à faire arrêter la voiture d’un pair de France, et ils l’ont tourmenté pour lui faire crier : Vive la liberté ! — “Je le veux bien, répondit-il, mais à la condition que vous me donnerez la liberté de passer.”
Quand le despotisme existe, il faut consoler les esclaves, en flétrissant à leurs yeux le sort de tous les hommes ; mais l’exaltation nécessaire à la liberté républicaine doit inspirer de l’éloignement pour tout ce qui peut tendre à dégrader la nature humaine. […] Ce secret sert puissamment contre l’orgueil et les préjugés ; mais il faut que la liberté, il faut que la vertu patriotique se soutiennent par un intérêt très actif pour le bonheur et la gloire de la nation, et vous flétrissez la vivacité de ce sentiment ; si vous inspirez aux hommes distingués cette sorte d’appréciation dédaigneuse de toutes les choses humaines, qui porte à l’indifférence pour le bien comme pour le mal.
197 C’est la liberté et la hardiesse de la conversation familière. […] Sous cette discipline des sons et de la mesure, elles perdent leur mouvement spontané et leur liberté native.
IX La révocation de l’édit de Nantes venait de frapper la liberté de conscience en rompant le traité de paix, entre les religions, promulgué avec Henri IV. […] Ce cri des victimes commençait à importuner la cour ; on voulait l’apaiser, non par des libertés rendues à la conscience des peuples, mais par des ministres plus insinuants et plus humains.
Elle y réussit par mille petits artifices et bons offices d’amitié, et par une liberté et une sévérité qui semble être sa seule fin en tirant le monde à elle ; car elle ne cesse de gronder ceux qu’elle a une fois enjôlés. […] Elle avait fait graver sur ses jetons cette maxime : « L’économie est la source de l’indépendance et de la liberté. » Et cette autre : « Il ne faut pas laisser croître l’herbe sur le chemin de l’amitié. » Son esprit était de ces esprits fins dont Pascal a parlé, qui sont accoutumés à juger au premier abord et tout d’une vue, et qui ne reviennent guère à ce qu’ils ont une fois manqué.
Il en fit là où un homme de son opinion le pouvait avec le plus de liberté et de sincérité, il entra à La Quotidienne sous M. […] Si donc, comme cela est probable, vous réimprimez jamais cette étude, croyez-moi, jetez-y un rayon de plus, et atténuez, dans le sens que je prends la liberté de vous indiquer, ce que votre jugement a d’un peu trop rigoureux.
Mlle Anne de Lenclos (car Ninon n’est qu’un diminutif galant), née à Paris, le 15 mai 1616, d’un père gentilhomme, grand duelliste, cabaleur, esprit fort, musicien et homme de plaisir, et d’une mère exacte et sévère, se trouva orpheline à quinze ans, et très disposée à jouir de sa liberté avec une hardiesse assaisonnée d’esprit et tempérée de goût, qui allait rappeler l’existence des courtisanes de la Grèce. […] Montaigne et Charron étaient alors les auteurs à la mode, et leur esprit aidait à cette liberté d’opinion.
monsieur, vous proposez à ma muse, qui aime tant le grand air et sa liberté, de s’enfermer dans une chambre close, gardée par quatre sentinelles qui ne laisseraient passer que des vivres, et, là, de traiter trois sujets donnés, en vingt-quatre heures ! […] Elle vend sa maison, et, légère, elle court porter au curé la somme complète : « Monsieur le curé, lui dit Marthe à genoux, je vous porte tout ce que j’ai ; maintenant vous pourrez écrire ; achetez sa liberté, puisque vous m’êtes si bon ; ne dites pas qui le sauve ; oh !
Bientôt, et après le passage de Chateaubriand au ministère, dans les luttes de 1826-1827, les discussions sur la liberté de la presse amenèrent entre lui et Bonald une rupture ouverte, dans laquelle le vieil athlète porta au brillant transfuge des coups acérés, directs, et qui auraient paru des blessures profondes si on y avait pris garde : mais dès lors le bruit et le triomphe de l’opinion couvraient tout. […] Ernest Renan, inséré dans la revue La Liberté de penser, 1848.)
Dans cette agréable discussion qu’elle soutint par lettres avec la Grande Mademoiselle sur les conditions d’une vie parfaitement heureuse, elle lui écrivait : « Je n’avais que vingt ans quand la liberté me fut rendue ; elle m’a toujours semblé préférable à tous les autres biens que l’on estime dans le monde, et, de la manière que j’en ai usé, il semble que j’ai été habitante du village de Randan », — un village d’Auvergne où les veuves ne se remariaient pas. […] L’amour de la liberté, ajoute-t-elle, est fortement imprimé dans la nature.
Il y arriva extrêmement fatigué et désolé, je feignis de le consoler ; et, ayant traité de sa liberté, je convins à quarante mille livres, à condition qu’il ferait venir cette somme à Verdun, et qu’après qu’on l’aurait apportée à Damvillers, il aurait sa liberté.
Les hommes, selon lui, ne font le bien que quand ils ne peuvent faire autrement : « Mais, dès qu’ils ont le choix et la liberté de commettre le mal avec impunité, ils ne manquent jamais de porter partout la confusion et le désordre. » Machiavel est très persuadé que les hommes ont beau avoir l’air de changer pendant des jurées de régime, qu’au fond ils ne changent pas, et que, certaines occasions se reproduisant, on les retrouve absolument les mêmes. […] » Partout, à ces beaux endroits si souvent cités, on sent l’homme qui désire la liberté véritable, la véritable vertu du citoyen, toutes choses dont il n’avait vu nulle part l’image parfaite chez les modernes, et dont il achevait de se former l’idée dans l’étude du cabinet et devant les bustes des anciens.
Marmontel, dans ses Mémoires, a dit : « Grimm, alors secrétaire et ami intime du jeune comte de Friesen, neveu du maréchal de Saxe, nous donnait chez lui un dîner toutes les semaines, et, à ce dîner de garçon, régnait une liberté franche ; mais c’était un mets dont Rousseau ne goûtait que très sobrement. » Tout en travaillant à se faire Français et Parisien, Grimm avait un fonds de romanesque allemand qu’il dut recouvrir et étouffer. […] « Paris, a-t-on dit très justement, est le lieu du monde où l’on a le moins de liberté sur les ouvrages des gens qui tiennent un certain coin. » Cela était vrai alors, et l’est encore aujourd’hui.
Je pourrais, en citant, donner de jolis mots qui s’y rencontrent ; mais c’est le sens même et la suite qui fait le prix de ce délicieux morceau ; voici quelques traits pourtant : Son esprit, dit-il de Montaigne, a cette assurance et cette franchise aimable que l’on ne trouve que dans ces enfants bien nés, dont la contrainte du monde et de l’éducation ne gêna point encore les mouvements faciles et naturels… Les vérités (dans son livre) sont enveloppées de tant de rêveries, si j’ose le dire, de tant d’enfantillages, qu’on n’est jamais tenté de lui supposer une intention sérieuse… Sa philosophie est un labyrinthe charmant où tout le monde aime à s’égarer, mais dont un penseur seul tient le fil… En conservant la candeur et l’ingénuité du premier âge, Montaigne en a conservé les droits et la liberté. […] » Dans sa doctrine essentiellement aristocratique, il pensait encore que la vérité et la liberté, telles qu’il les entendait, n’appartiennent en ce monde qu’à un petit nombre, à une élite, et encore « sous la condition expresse d’en jouir sans trop s’en vanter ».
Necker, qui eut du succès malgré le choix du sujet ou plutôt à cause du sujet qui était alors de mode, fut son ouvrage Sur la législation et le commerce des grains, qui parut en 1775 ; c’était une attaque contre les théories absolues du ministère de Turgot et contre les économistes qui voulaient une entière liberté d’exportation. […] Pour bien connaître les hommes, pensait-il, il faut avoir traversé trois états de la vie absolument différents : « l’état d’infériorité qui vous donne le besoin de plaire aux autres, le besoin de les étudier ; l’état d’égal à égal, qui vous appelle à les connaître dans toute la liberté de leurs passions ; l’état de supériorité qui vous donne l’occasion de les observer dans leur marche circonspecte, dans leurs tâtonnements et dans leurs manèges ».