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678. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Millevoye, Charles (1782-1816) »

Bernard Jullien Millevoye, poète digne à plusieurs égards de l’attention de la postérité, s’est exercé assez souvent dans la narration poétique, et malheureusement il l’a toujours fait sans le moindre succès ; tellement que si l’on voulait juger de son mérite par ses travaux dans ce genre, on le mettrait avec raison au rang de ceux dont le nom est devenu ridicule.

679. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Normand, Jacques (1848-1931) »

Adolphe Brisson Il ne faudrait pas juger M. 

680. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 548-551

Au reste, si nous jugeons cet Orateur avec sévérité, c’est pour préserver de ses défauts M. l’Abbé Boulogne, un des ses Eleves & son Compatriote, qui semble l’avoir pris pour modele dans sa composition, & dont les talens, mieux dirigés, nous paroissent propres à le surpasser.

681. (1856) Cours familier de littérature. I « Épisode » pp. 475-479

Il ne sied pas à un poète de juger l’œuvre d’un poète, son contemporain et son ancien ami.

682. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Chardin » pp. 128-129

Chardin et Vernet voient leurs ouvrages à douze ans du moment où ils peignent, et ceux qui les jugent ont aussi peu de raison que ces jeunes artistes qui s’en vont copier servilement à Rome des tableaux faits il y a cent cinquante ans ; ne soupçonnant pas l’altération que le temps a faite à la couleur, ils ne soupçonnent pas davantage qu’ils ne verraient pas les morceaux des Carraches tels qu’ils les ont sous les yeux, s’ils avaient été sur le chevalet des Carraches tels qu’ils les voient.

683. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Sauzet est un homme d’une haute portée… » Ainsi jugent ces grands historiens, de près et à bout portant. […] CXLI Continuons de nous donner cette vue : les rivaux jugés par les rivaux. […] M. de Musset qui est un poète de grand talent a jugé à propos d’affecter, à un certain moment, la négligence : cela peut être une grâce de plus chez lui, mais il faut la lui laisser et, en général, imiter le moins possible les défauts des autres, et même leurs qualités… CLXII Les amis jugés par les amis. — Au sortir d’une conférence de l’abbé Lacordaire, M. de Montalembert disait : « Quand on vient d’entendre ces choses, on sent le besoin de réciter son Credo !  […] Depuis lors, nos relations étaient muettes et à distance, lorsque, à propos des scènes du Sénat des 29 mars et 21 juin 1867, il jugea à propos de m’adresser une sorte d’encyclique (14 et 15 août) dans son journal L’Univers, qu’il avait ressuscité depuis peu. […] J’ai refusé les réparations que ce régime m’offrait, comme par exemple d’aller, en compagnie de mon ami Ampère, faire des examens en province pour l’École administrative, fondée au Collège de France : j’ai jugé plus digne de me passer de ces témoignages publics de confiance.

684. (1925) Dissociations

On aurait jugé par là, s’il ne s’était pas trompé, de ses qualités d’observateur. […] Vous l’eussiez jugée sévèrement exigeante et destinée à être peu observée, car étant magistrat vous n’ignorez pas toute la psychologie humaine. […] Mais n’est-il pas bien comique aussi qu’on occupe des magistrats surchargés de besogne à juger des causes à ce point saugrenues ? […] Nous confions bien au jury criminel le soin de juger les crimes, mais nous avons gardé et même perfectionné une magistrature de carrière qui est appelée à connaître, des délits. […] Ensuite, je voudrais que l’on jugeât des faits et non des intentions, la plupart du temps imaginaires.

685. (1896) Le livre des masques

Il doit se créer sa propre esthétique, — et nous devrons admettre autant d’esthétiques qu’il y a d’esprits originaux et les juger d’après ce qu’elles sont et non d’après ce qu’elles ne sont pas. […] Le roman de mœurs (je laisse en dehors trois ou quatre maîtres que je n’ai pas à juger ici) est tombé plus bas que jamais depuis un siècle et demi qu’il fut importé d’Angleterre. […] Alors, rejetant le bâton souvent changé, coupé en des taillis si divers, il s’appuiera sur son propre génie et nous le pourrons juger, si cela nous amuse, avec une certaine sécurité. […] Le plus distrait, ayant lu cette liste jugera que M.  […] Si l’on veut, joyau ou caillou, le livre sera jugé en soi, sans souci de la mine, de la carrière ou du torrent dont il sort, et le diamant ne changera pas de nom, qu’il vienne du Cap ou de Golconde.

686. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Les règles que Geoffroy s’était prescrites pour juger les acteurs, il les applique de même aux théâtres ; il les jugeait toujours d’une manière relative et d’après leur importance dans l’ordre de la littérature. […] On peut juger d’après ces détails que la musique qui doit plaire à ces spectateurs doit être molle et gracieuse ; tout ce qui aurait un caractère d’énergie tragique, de prétention dramatique, fatiguerait des auditeurs déjà fatigués. […] Lorsqu’il s’agit de juger le mérite d’un tableau, ne consulte-t-on pas MM.  […] L’Académie ne fut d’abord qu’une espèce de commission établie pour juger ceux qui entreprendraient d’avoir plus d’esprit et de talent que lui. […] Corneille a très bien jugé que la bienséance du théâtre commandait impérieusement d’écarter toute image de débauche grossière, et tout ce qui aurait pu avilir le caractère principal.

687. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Les indifférents vont en juger comme les autres. […] Sans trop pousser l’application et sans voir d’allusion trop particulière, il m’est évident que La Boétie jugeait que Montaigne à cet âge y était un peu trop enclin, et il le conviait de toutes ses forces à la chasteté domestique et aux mœurs graves qui sont le fondement de la sagesse. […] [NdA] Des hommes bien distingués en ont jugé pareillement de nos jours : « Notre époque manque de grands hommes », a dit M. de Rémusat

688. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Il y en a peu néanmoins qui aient le courage de lutter contre la multitude : ils attendent à juger d’un ouvrage que le public ait prononcé ; ils recueillent les voix et se rangent du parti dominant. […] L’abbé de Pons comme La Motte, en tenant la traduction de Mme Dacier, se disait : « Osons juger à présent L’Iliade. » On avait beau leur représenter, à ces juges si empressés, et Mme Dacier toute la première : « Mais prenez garde ! […] On cite de lui ce joli mot à quelqu’un qui l’abordait en croyant le reconnaître, et qui le prenait pour un autre : « Monsieur, je ne suis pas le bossu que vous croyez. » Et toutefois, dans la querelle présente, il ne devait pas tout à fait oublier qu’il lui était échappé, à lui tout le premier, d’appeler les érudits stupides ; et il avait beau dire qu’il ne l’avait fait qu’en général et sans application à personne, le pavé était gros, le compliment peu mince. — Convenons aussi que, sans être Gacon, il fallait se tenir à quatre dans ce débat pour ne pas dire de La Motte (ce qui était vrai au pied de la lettre) qu’il jugeait d’Homère comme un aveugle des couleurs.

689. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Benjamin Constant, quoi qu’il en dît, savait très bien où placer cet enthousiasme que, d’ailleurs, dès ce temps-là, il n’avait plus du tout et qu’il n’avait même jamais eu ; mais il possédait des lumières, de l’activité, des talents à produire, il avait des préférences libérales (je ne le conteste pas) ; il jugea que ce gouvernement du Directoire était bon à appuyer ; il s’y rallia publiquement ; il le défendit par des brochures, par des discours dans des cercles politiques, avant et après le 18 fructidor : preuve que Benjamin Constant, n’en déplaise à son commentateur, admettait très bien qu’il y a des moments et des cas où, à la rigueur, les principes absolus doivent fléchir devant la nécessité et le salut de l’État. […] Bazire, a jugé convenable, pour me mettre en opposition avec moi-même, de vous lire un assez long passage extrait d’un livre que j’ai publié il y a longtemps. […] Et cependant, aujourd’hui encore, si l’on avait à juger en dernier ressort Benjamin Constant, il ne serait que naturel et légitime de faire entrer la considération de sa vie privée jusque dans l’examen de sa vie publique, parce que l’une, en effet, influa sur l’autre et y pénétra sans cesse.

690. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Bien parler a été de tout temps un don assez généralement dispensé aux hommes, et les orateurs, chez aucun peuple ni à aucune époque, n’ont jamais manqué : écrire était chose plus réservée, plus redoutée et jugée vraiment difficile. […] Il est vrai qu’on s’en dispense trop souvent pour les juger ; toutefois, en voyant un tableau, en entendant un beau morceau, tout le monde ne se croit pas capable plus ou moins d’en faire un pareil. […] Mais je passe outre, n’ayant point ici à discuter ni à juger.

691. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Sous la Restauration, à le juger par ses œuvres, M. […] La Calomnie aurait peut-être été mieux jugée s’il l’avait intitulée les Échos ; il a donc pris son titre de biais, comme il prend la comédie elle-même. […] Mais au même moment l’échauffourée de Boulogne73 avait lieu, et on la jugeait au Luxembourg.

692. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Il renonce assez volontiers à la prétention littéraire de juger les œuvres, de caractériser le talent, et s’en tient d’ordinaire là-dessus aux conclusions que le temps et le goût ont consacrées. […] Il se mit en relation avec les beaux esprits et les poëtes du temps, surtout avec ceux de son âge, Mairet, Scudery, Rotrou : il apprit ce qu’il avait ignoré jusque-là, que Ronsard était un peu passé de mode, et que Malherbe, mort depuis un an, l’avait détrôné dans l’opinion ; que Théophile, mort aussi, ne laissait qu’une mémoire équivoque et avait déçu les espérances, que le théâtre s’ennoblissait et s’épurait par les soins du cardinal-duc ; que Hardy n’en était plus à beaucoup près l’unique soutien, et qu’à son grand déplaisir une troupe de jeunes rivaux le jugeaient assez lestement et se disputaient son héritage. […] il faut juger de la sorte sa dédicace à Montauron, la plus attaquée de toutes, et ridicule même lorsqu’elle parut.

693. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

. — Tant mieux, dira-t-on, on est jugé par ses pairs. — En littérature, je ne suis pas tout à fait de cet avis constitutionnel, je ne crois pas absolument au jury des seuls confrères, ou soi-disant tels, en matière de goût. […] Il en résulte (pour me juger en beau) que je ne suis propre qu’à la perfection. […] « Leurs philosophes même n’étaient que de beaux écrivains dont le goût était plus austère. » Paul-Louis Courier les jugeait ainsi.

694. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Au milieu de cette vie d’excitation et d’élourdissement, se voyant atteinte de crises nerveuses et menacée d’une maladie de poitrine, Mme de Krüdner part pour Paris au mois de mai 1789 ; elle n’y était venue que tout enfant, à l’âge de treize ans : c’est donc pour la première fois qu’elle va juger de cette ville, qui était bien véritablement alors la capitale du monde. […] Dussé-je me juger moi-même et trahir mon faible, ce n’est pas précisément la sainte que je m’étais accoutumé à aimer dans Mme de Krüdner : la sainte, chez elle, je ne voudrais ni la railler ni la serrer de trop près, mais je ne puis non plus la prendre tout à fait au sérieux ; la part d’illusion y est trop manifeste. […] Grâce à lui, on sait maintenant à point nommé le dessous de cartes, car il y en avait un, et chacun va en juger.

695. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Voltaire ne renonce pas, du reste, à juger la religion par ses effets, dont le plus odieux est l’intolérance548. […] Mais il a eu pourtant l’intelligence la plus alerte, la plus curieuse : une intelligence toujours en éveil, débrouillarde, lucide, merveilleux filtre d’idées ; personne n’a possédé plus que cet homme-là le don de réduire un gros système à une courte phrase, et de choisir le petit échantillon sur lequel on peut juger d’une vaste doctrine. […] Toujours son intelligence se révèle curieuse avant tout du vrai, du vrai rationnel : il juge toutes les actions de ses personnages ; il ne les a prises même que pour les juger, comme exemplaires de tous les préjugés ou sottises qu’il combat.

696. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Il serait injuste de juger comme une œuvre achevée le roman posthume de Bouvard et Pécuchet (1881). […] Dans cette vue de l’homme, rien de systématique, aucun parti-pris : Maupassant s’est regardé, jugé dans sa soif de bien-être, de jouissances, d’active expansion de son être physique et sensible ; il a regardé, jugé nombre d’individus, paysans et bourgeois, en qui il n’a rien trouvé aussi de plus.

697. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Jugez quelle force d’âme il exige et de quel tremblement intérieur il doit être accompagné ! […] Un de mes amis qui a fait la campagne de 1870 en qualité de lieutenant, qui depuis est entré dans l’Université, et que je n’hésitais point à juger beaucoup plus intelligent que les trois quarts de nos commandants de corps, me disait l’autre jour : « Je n’ai jamais commandé plus de deux cents hommes. […] Il y faut un génie particulier qu’il serait puéril de juger inférieur, par la qualité, à celui du grand peintre ou du grand écrivain.

698. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

On croit d’abord qu’il suffiroit de connoître les diverses sources de nos plaisirs, pour avoir le goût, & que quand on a lu ce que la Philosophie nous dit là-dessus, on a du goût, & que l’on peut hardiment juger des ouvrages. […] Polixene & Apicius portoient à la table bien des sensations inconnues à nous autres mangeurs vulgaires ; & ceux qui jugent avec goût des ouvrages d’esprit, ont & se sont fait une infinité de sensations que les autres hommes n’ont pas. […] L’exacte proportion de la fameuse église de Saint Pierre, fait qu’elle ne paroît pas d’abord aussi grande qu’elle l’est ; car nous ne savons d’abord où nous prendre pour juger de sa grandeur.

699. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Rousseau est tombé des qualifications de grand poète, de grand Rousseau, d’Orphée de la France, qui lui sont prodiguées par les menus lyriques du dix-huitième siècle, et il mérite à peine les louanges modérées que lui donne Voltaire, plus près de bien juger le poète par cela seul qu’il n’aimait pas l’homme. […] » il était plus près de la bien juger que Marmontel qui lui promet l’immortalité, ou la Harpe qui ne trouve au-dessus de la Henriade que l’Iliade et l’Énéide. […] Tous ces ouvrages sont pleins de sa personne ; personne très diversement jugée, qui n’a guère moins mérité le mal que le bien qu’on en a dit, mais, après tout, personne si naturelle, si française et de tant d’esprit, que pour en avoir plus que lui il faut, comme on l’a dit, être tout le monde.

700. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

Le colonel Fabvier, qui avait accompagné le maréchal à Lyon, et qui avait été son chef d’état-major dans cette mission délicate et ferme, jugea à propos de rétablir les faits et de justifier par un écrit public ces actes que le ministère ne défendait que faiblement. […] Il jugea ces mesures comme tout homme sensé les appréciait alors ; il en parla ainsi à toutes les personnes qu’il vit dans la journée, et à l’Institut même : « Jamais insulte plus grande n’avait été faite au bon sens d’une nation. » Et j’irai ici au-devant de toute méprise. […] On a vu depuis de grandes mesures de salut, et que les prudents eussent jugées impossibles, réussir et se réaliser.

701. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Suard en jugeait comme Napoléon, et La Harpe écrivait : « Il est facile de concevoir les jouissances et les joies d’un public charmé de s’amuser aux dépens de l’autorité, qui consent elle-même à être bernée sur les planches. » Mais, où le rire général se mêle et où l’ivresse éclate, que peuvent les prévisions et les réserves de quelques esprits ? […] Quelques jours après, c’était une lettre de lui qui courait et qu’on disait adressée à un duc et pair qui lui aurait demandé une petite loge grillée, d’où quelques femmes de la Cour voulaient voir la pièce sans être vues : Je n’ai nulle considération, monsieur le duc (disait Beaumarchais dans la lettre qui courait le monde), pour des femmes qui se permettent de voir un spectacle qu’elles jugent malhonnête, pourvu qu’elles le voient en secret ; je ne me prête point à de pareilles fantaisies. […] On peut juger de l’éclat et de l’étonnement que produisit cette nouvelle dans le public.

702. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

Mon ami, lorsque vous aurez des tableaux à juger, allez les voir à la chute du jour. […] Conservez aux figures de son tableau du démoniaque les caractères qu’il leur a donnés ; introduisez-y plus de mouvement, et jugez si vous ne le gâtez pas. […] Car à juger du progrès de l’art par la perfection de ces figures, il avoit été poussé fort loin, et l’on a de l’expression longtems avant que d’avoir de l’exécution et du dessein.

703. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Ils avaient jugé et montré l’immoralité de la Révolution française. […] Dans le grand procès refait une fois de plus à la Révolution française, et jugé par Granier de Cassagnac de manière à ce que désormais l’arrêt ne soit plus cassé par personne, j’ai dit qu’après les institutions, appréciées, on l’a vu, pour ce qu’elles valent, il y avait les hommes, à leur tour démasqués aussi de leur gloire, également triés et diminués au jour cruel de l’examen. […] Malheureusement, resserré dans les bornes de ce chapitre, je ne puis qu’indiquer les choses, qu’il faudrait montrer dans tous leurs détails pour faire mieux juger de leur valeur et de leur puissance.

704. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

Souvent les causes étaient mêlées à des affaires d’état ; souvent il s’agissait de juger des hommes qui avaient gouverné une partie du monde : des députés de l’Afrique et de l’Asie sollicitaient au nom de l’univers. […] C’est là, en effet, que les hommes réunis et opposés s’essaient, s’observent et se jugent ; là, en comparant toutes les manières de juger, on apprend à réformer la sienne ; là, les teintes rudes s’adoucissent, les nuances se distinguent, les esprits se polissent par le frottement, l’âme acquiert par l’habitude une sensibilité prompte ; elle devient un organe délicat, à qui nulle sensation n’échappe, et qui, à force d’être exercée, prévoit, ressent et démêle tous les effets.

705. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Puis j’ai continué à vivre dans ma famille avec mon secret ; mais ce petit fantôme m’obsède, tue mes jours et mes nuits, ma conscience m’entraîne ; je viens me livrer, jugez-moi !  […] Quand leurs peintraillons viennent à toi, tu les juges, en bonne rosse que tu es ; quand tu vas à eux, ils te jugent. […] Hervieu a peint, lui aussi, le monde qu’il connaît, qu’il aimé, et qu’il sait cependant impartialement juger. […] Après mon départ, le mal s’aggravant et sa santé demeurant débile, Nitajyé jugea que l’enfant ne serait jamais fort ni en état de lui être utile, et il résolut de s’en débarrasser. […] Celui-ci lui demanda même de l’accompagner dans une promenade qu’il voulut faire, pour juger par ses yeux de l’état des choses.

706. (1881) Le roman expérimental

Mais si nous voulons juger les actes d’un autre homme et savoir les mobiles qui le font agir, c’est tout différent. […] Et encore ne faut-il jamais juger l’avenir sur le passé. […] Aussi faut-il le juger dans l’ensemble colossal de son œuvre. […] Elle est arrêtée, jugée, guillotinée. […] Je sais bien que leur mission est de tout savoir et de juger.

707. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Chateaubriand, François René de (1768-1848) »

Un jour, sans doute, on pourra juger ses compositions et son style d’après les principes de cette poétique nouvelle, qui ne saurait manquer d’être adoptée en France du moment qu’on y sera convenu d’oublier complètement la langue et les ouvrages des classiques.

708. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre premier. La question de fait et la question de goût » pp. 30-31

Ou bien l’on peut émettre sur cette même œuvre des appréciations personnelles, la louer ou la blâmer, en un mot la juger.

709. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre premier. Musique. — De l’influence du Christianisme dans la musique. »

Platon a merveilleusement défini la nature de la musique : « On ne doit pas, dit-il, juger de la musique par le plaisir, ni rechercher celle qui n’aurait d’autre objet que le plaisir, mais celle qui contient en soi la ressemblance du beau. » En effet, la musique, considérée comme art, est une imitation de la nature ; sa perfection est donc de représenter la plus belle nature possible.

710. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Réponse à une lettre de M. Grimm » pp. 205-206

Je ne le connais point, et quand je le connaîtrais, je ne l’en jugerais pas moins sévèrement.

711. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Marsillac, au moment où il s’attacha à Mme de Longueville, voulait, avant tout, se pousser à la cour et se venger de l’oubli où on l’avait laissé : il la jugea propre à son dessein. […] Le bon sens est au comble quand on n’a plus qu’à juger ceux qui n’en ont pas. […] Le petit avis au lecteur y répond bien mieux d’un seul mot : « Il faut prendre garde…, il n’y a rien de plus propre à établir la vérité de ces Réflexions que la chaleur et la subtilité que l’on témoignera pour les combattre141. » Voltaire, qui a jugé les Maximes en quelques lignes légères et charmantes, y dit qu’aucun livre ne contribua davantage à former le goût de la nation : « On lut rapidement ce petit recueil ; il accoutuma à penser et à renfermer ses pensées dans un tour vif, précis et délicat. […] » Je ne puis rien voir d’admirable en toute cette destinée du duc de La Rochefoucauld, et, si elle prouvait quelque chose, c’est que son aïeul n’avait pas si tort en définitive de juger les hommes comme il l’a fait.

712. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

On a réfléchi sur ces façons de sentir et de penser, et on a jugé que c’étaient là des faits de premier ordre. […] Notre grand souci doit être de suppléer, autant que possible, à l’observation présente, personnelle, directe et sensible, que nous ne pouvons plus pratiquer : car elle est la seule voie qui fasse connaître l’homme ; rendons-nous le passé présent ; pour juger une chose, il faut qu’elle soit présente ; il n’y a pas d’expérience des objets absents. […] Vous écoutez sa conversation, et vous notez ses inflexions de voix, ses changements d’attitudes ; c’est pour juger de sa verve, de son abandon et de sa gaieté, ou de son énergie et de sa roideur. […] À cause de tout cela, on l’a jugé sec et excentrique, et il est demeuré isolé, écrivant des romans, des voyages, des notes, pour lesquels il souhaitait et obtenait vingt lecteurs.

713. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

le bargello et sa femme, me dit l’enfant, ils ne nous appelleront pas de la journée, ils viennent de sortir tous les deux pour aller au tribunal entendre l’accusateur de ce scélérat de montagnard qui est ici couché, comme un louveteau blessé dans sa caverne, et pour demander aux juges à quelle heure ils devront le faire conduire demain devant eux, pour le juger par demandes et par réponses. […] Je pâlis sans qu’il s’en aperçût, et je me doutais qu’on avait peut-être jugé à mort celui qu’ils appelaient le meurtrier. […] dis-je avec peine, tant le désespoir me serrait la gorge, le meurtrier a été jugé ? […] Alors, il nous raconta qu’il avait frappé à toutes les portes de Lucques pour savoir si l’on avait entendu parler d’un homicide commis dans la montagne, sur un brigadier de sbires, et si l’on savait quelque chose du sort qu’on réservait au jeune montagnole ; qu’on lui avait répondu qu’il serait jugé prochainement par un conseil de guerre, et qu’en attendant il était renfermé dans un des cabanons de la prison, sous la surveillance du bargello ; que le bargello était incorruptible, mais très humain, et qu’il n’aggraverait certainement pas jusqu’à l’échafaud les peines du pauvre criminel.

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