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472. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre II. Enfance et jeunesse de Jésus. Ses premières impressions. »

Enfance et jeunesse de Jésus. […] Ses sœurs se marièrent à Nazareth 118, et il y passa les années de sa première jeunesse.

473. (1912) L’art de lire « Chapitre VI. Les écrivains obscurs »

Par jeu, je disais dans ma jeunesse : « Je n’admire que ce que je ne comprends pas, que ce que je me sens incapable de comprendre, et il me semble que c’est tout naturel. […] J’ai connu dans ma jeunesse des hommes lettrés qui déclaraient le Second Faust inintelligible et qui trouvaient Victor Hugo obscur.

474. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Louis Bouilhet. Festons et Astragales. »

Très souvent, dans la jeunesse, le talent n’est que le caméléon du génie. […] Nous nous disions : L’originalité, retardée par la jeunesse et les admirations, va peut-être éclater dans les vers de ce jeune homme qui a l’art des vers ; elle va remplir les larges moules de son rythme, qui semblent préparés pour elle.

475. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Paul Bourget »

IV Je n’ai pas cité tout ce que j’aurais voulu mais tout ce que j’ai pu de La Vie inquiète, mais j’en ai cité assez pour juger le livre et la tendance du poète Les poètes, quoi qu’en disent les jeunes gens, qui ne se contentent pas des seuls profits de la jeunesse mais qui veulent jusqu’aux profits de ceux qui ne sont plus jeunes, les gloutons ! […] L’Enfant sublime n’était qu’un enfant· Celui qui, dans l’ordre de la Poésie, représente le mieux la jeunesse interrompue d’Achille, Byron lui-même, Byron dont je viens de tant parler, n’a pas été poète du soir au matin.

476. (1898) Essai sur Goethe

D’où la connaîtrions-nous, nous, qui dès notre jeunesse avons appris à sentir d’une manière amphigourique et gênée et à voir à travers les autres ? […] Le mouvement puissant des flots se tourne en écume, l’activité puissante de la jeunesse se tourne en jeu. […] Il est sûr qu’il y va de bonnes intentions ; cependant trop de jeunesse et peu d’expérience, mais attendons la fin. […] Goethe n’avait plus, sur l’art dramatique et ses interprètes, les fraîches illusions de sa jeunesse, qu’il rappelle avec tant de charme dans son Wilhelm Meister. […] Il eut pu trouver, dans sa jeunesse, une épouse qui l’eût aimé ; et combien son existence serait différente aujourd’hui !

477. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Demain où sera ma jeunesse ? […] Au souvenir de ma jeunesse, à présent je gémis et je répète le vers de Bou Tahir Khosravani : Je revois ma jeunesse jusqu’à mon enfance. […] ma jeunesse ! […] où est ma jeunesse ? […] Une jeunesse anémiée serait fâcheuse : ce serait tomber de Charybde en Scylla que de la remplacer par une jeunesse sanguinaire.

478. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gaud, Auguste (1857-1924) »

Charles Fuster Ces « poèmes de jeunesse », comme les appelle l’auteur lui-même, ont des violences d’expression, mais aussi du pittoresque et un parfum de rusticité sincère.

479. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fabrègue, Aimée »

Frédéric Mistral Je ne doute pas de voire victoire, car vous avez une flamme de jeunesse et de foi capable de mettre le feu aux quatre coins de la ville, ou de la vie, si vous aimez mieux.

480. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article »

Arnoult, [Jean-Baptiste] Abbé, mort à Besançon en 1753, Auteur de huit Traités sur l’Education de la Jeunesse, assez mal écrits, mais pleins de réflexions utiles pour la culture de l’esprit & du cœur.

481. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 170

Il remporta dans sa jeunesse plusieurs prix à l’Académie Françoise & à celle des Jeux floraux, ce qui ne signifie pas qu’il ait eu de grands talens.

482. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » p. 411

On sent assez généralement le prix de sa Géographie moderne, pour l’instruction de la Jeunesse.

483. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Voilà que je revis mon enfance bruyante et tranquille, querelleuse et bonne, avec ses joies hâtives et ses rapides chagrins ; puis ma jeunesse confuse, étrange, bizarre, pleine d’amour-propre, avec toutes ses fautes et ses aspirations, son travail désordonné et son inaction agitée. […] Que la jeunesse se montre inhabile à produire, passe encore ; mais c’est toujours un spectacle pénible que celui de la vieillesse impuissante et débile, surtout quand elle ne sait pas mesurer le moment où ses forces l’abandonnent. […] Tout reposait et, dans ce repos, la vie se montrait pleine de sève et de jeunesse. […] Ce n’est pas que toute cette jeunesse se réjouît beaucoup de l’arrivée d’un parent éloigné et presque oublié, mais elle saisissait avec empressement la moindre occasion de s’agiter et de manifester sa joie. […] Ce banc avait noirci et s’était recourbé ; mais il le reconnut, et son âme éprouva ce sentiment que rien n’égale, ni dans sa douceur, ni dans sa tristesse, ce sentiment de vif regret qu’inspire la jeunesse passée, le bonheur dont on a joui autrefois.

484. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gérard, André = Foulon de Vaulx, André (1873-1951) »

Sa jeunesse est franche, douce, amoureuse, et se rit dans un décor de camaïeu Watteau, jonché quelquefois de fleurs moroses du jardin d’ennui.

485. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Courtois, Pierre (18..-19.. ; poète) »

Pierre Courtois me semble avoir réuni ce que toute sa jeunesse lui inspira de pensées, de sentiments et de rêves.

486. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nardin, Georges »

Il s’est fait connaître dans le monde poétique par un recueil de vers, les Horizons bleus (1880), volume plein de promesses, où nous avons particulièrement remarqué les Digitales et les Violettes, strophes de jeunesse d’un sentiment pur et d’une heureuse allure.

487. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 121

Il ne jugea pas à propos de poursuivre la carriere du Théatre, à laquelle il s’étoit livré pendant sa jeunesse.

488. (1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Nattier »

Nattier Voici une Vestale de Natier ; et vous allez imaginer de la jeunesse, de l’innocence, de la candeur, des cheveux épars, une draperie à grands plis, ramenée sur la tête et dérobant une partie du front ; un peu de pâleur ; car la pâleur sied bien à la piété (et à la tendresse).

489. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Elle était bien plus célèbre à nos yeux par la petite maison des Charmettes, cette thébaïde de l’amour et de la jeunesse de J. […] Il n’y en avait qu’un alors auquel nous donnions ce nom, parce que c’était un grand homme de jeunesse, un grand séducteur d’imagination, un grand enivreur d’esprit, M. de Chateaubriand. […] Il me parut beau comme la jeunesse jouant sa vie avec la mort, ou comme la sibylle évoquant les éléments en fureur pour leur arracher l’inspiration. […] J’ai vu ce spectacle deux fois dans ma jeunesse. […] Cette pensée de son âge mûr était alors celle de ma jeunesse.

490. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Les chansons de table ou de jeunesse dont ce premier volume est enrichi suivant les uns, maculé selon nous, ne sont pas de la compétence de la critique ; elles sont de la compétence de la morale. […] Nous n’offensons pas sa chère mémoire en l’avouant ici, car lui-même, quand il eut généreusement déposé les armes après la victoire, reconnaissait devant nous que la sainte colère de la liberté l’avait emporté quelquefois, dans sa jeunesse, au-delà du juste. […] On a enseveli avec lui les passions de sa jeunesse, mais on n’a pas enseveli sa vertu publique : elle percera les pierres de son tombeau, et elle refleurira tant qu’il y aura une âme du peuple en France pour la recueillir ! […] Et Solon, donc, qui avait rétabli un moment la liberté d’Athènes, sa patrie, n’avait-il pas fait des chansons pendant toute sa jeunesse ? […] Nous n’y représenterons ni la démocratie en goguette, ni la jeunesse en orgie, ni l’armée de 1815 venant imposer les lois de la baïonnette à une nation libre et pacifiée, ni le trône tombé sous les chansons de 1830.

491. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hubert, Lucien (1868-1938) »

Frédéric Bataille Je viens de lire les jolis vers tout alertes et pleins de fraîcheur, de jeunesse et de charme naïf, où vous chantez d’une voix si chaude, si sincère et vibrante, l’amour et la patrie — la chanson des roses et celle des épées.

492. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article »

La Traduction des Colloques d’Erasme, celle de l’Economique de Xénophon, & de son Traité des revenus de la Grece, font honneur à sa plume, & prouvent qu’il est en état de former la jeunesse dans la Langue des Grecs & des Latins, aussi bien que dans la nôtre.

493. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guiard, Théodore (1814-1855) »

Charles Asselineau Ce qui appartient bien en propre à Guiard, c’est, de certaines pièces légères de forme et de sentiment, empreintes d’une naïveté de jeunesse campagnarde, la Cordelle, Noël, la Promenade à l’étang, et un charmant paysage du hameau de Saint-Père en Auxois, avec sa vieille église en ruines… Le succès des Lucioles ne dépassa point le cercle des amis et des camarades du poète.

494. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — E. — article »

Un mélange heureux de morale & d’intérêt, d’instruction & de sentiment, de chaleur & de simplicité, rend cet Ouvrage très-propre à faire sentir les égaremens d’une jeunesse trop passionnée, & à la rappeler aux loix de la sagesse & de la raison.

495. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 469

Madame Guibert a joint, dit-on, dans sa premiere jeunesse, les agrémens de la figure à la prétention de l’esprit : elle a dû, sans doute, l’accueil de ses Poésies à l’empire de ses charmes.

496. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Piédagnel, Alexandre (1831-1903) »

Piédagnel est un poète idyllique de beaucoup de talent ; son Avril est plein de poésie, de jeunesse et de grâce.

497. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 110

Des commencemens foibles ne doivent pas toujours tirer à conséquence ; mais quand le génie poétique manque de vigueur dans la jeunesse, c’est un triste préjugé pour la suite.

498. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome xviii » pp. 84-92

Tant que cette histoire dure, il y règne, il y circule un souffle de jeunesse, d’espérance, celui même de l’aurore de la Révolution, celui de 89 et de 91, et c’est ce qui en fait l’unité et la vie. […] Raynouard, nommé rapporteur, présente à la Chambre le résultat du travail de la Commission l’historien a là une page que je mettrais volontiers à côté de telle de ses pages de jeunesse sur la mort des Girondins, sur les victoires encore républicaines des jeunes et brillants généraux de l’an V.

499. (1874) Premiers lundis. Tome I « J. Fiévée : Causes et conséquences des événements du mois de Juillet 1830 »

« La vieillesse des rois est un malheur public parce qu’elle les isole ; les passions de leur jeunesse les mettent du moins en communication avec les idées de leur temps. […] Je ne sais quel jeune gentilhomme on plaignait d’avoir été blessé dans une partie de chasse, et qui répondit : « C’est toujours un coup de fusil. » Voilà ce qu’éprouvait la jeunesse parisienne de toutes les classes, qui, pendant deux jours et livrée à elle-même, harcela les militaires avec une tactique et une audace dont ceux qui n’en ont pas été les témoins n’auront jamais une juste idée.

500. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre IV. De la religion. »

Sans doute, le plus efficace des repentirs, serait des actions vertueuses ; mais à la fin de la vie, mais même dans la jeunesse, quel coupable peut espérer de faire autant de bien qu’il a causé de mal ? […] Si ce siècle est l’époque où les raisonnements ont le plus ébranlé la possibilité d’une croyance implicite, c’est dans ce temps aussi que les plus grands exemples de la puissance de la religion ont existé ; on a sans cesse présent à sa pensée, ces victimes innocentes qui, sous un régime de sang, périssaient, entraînant après elles ce qu’elles avaient de plus cher ; jeunesse, beauté, vertus, talents, une puissance plus arbitraire que le destin, et non moins irrévocable, précipitait tout dans le tombeau.

501. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dumas, Alexandre (1802-1870) »

. — La Jeunesse des Mousquetaires, drame (1849). — Louis XV (1849). — La Régence (1849). — Louis XVI (1850). — Le Drame de 93 (1850). — La Femme au collier de velours (1851). — Le Comte de Morcerf et Villefort (1851) […] — Le Pasteur d’Ashbourn (1853). — Et Salteador (1853). — Conscience d’innocent (1853). — Souvenirs de 1830 à 1842 (1854). — Catherine Blum (1854). — Ingénue (1854). — Les Mohicans de Paris (1854-1858). — Romulus, comédie en un acte, en prose (1854). — L’Arabie heureuse (1855). — L’Orestie, tragédie en trois actes et en vers (1856). — Le Verrou de la reine, trois actes (1856). — L’Invitation à la valse, comédie en un acte (1857). — Les Compagnons de Jéhu (1857). — Les Grands hommes en robe de chambre (1857). — L’Honneur est satisfait, un acte (1858). — Salvator (1855-1859). — Les Louves de Machecoul (1869). — Le Caucase (1869). — La Dame de Montsoreau, drame en cinq actes (1860). — De Paris à Astrakan (1860). — La Route de Varennes (1860). — Le Père Gigogne (1860). — Les Baleiniers, journal d’un voyage aux antipodes (1861). — Madame de Chambly (1863). — La Jeunesse de Louis XIV, comédie en cinq actes et en prose (1864). — Les Mohicans de Paris, drame en cinq actes (1864). — La San-Felice (1864-1865). — Les Blancs et les Bleus (1867-1868).

502. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « F.-A. Cazals » pp. 150-164

Elles marquent une époque curieuse dans l’histoire des lettres depuis le moment où tout Saint-Denis, révolutionné, se mettait aux fenêtres pour voir passer les « décadents » jusqu’au moment où le vagabond Verlaine recevait, dans un galetas du quartier Saint-Jacques, au milieu de l’élite de la Jeunesse, par l’organe du comte Robert de Montesquiou-Fézensac, les hommages de la Noblesse de France. […] Il tomba foudroyé en pleine jeunesse, en pleine fougue de travail.

503. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Japonisme » pp. 261-283

Dès sa jeunesse, il se fit remarquer par son dévouement au maître, tel qu’il n’y en a pas deux. […] Otaka, plus tard, comme marchand d’objets de bambou, aurait utilisé le talent d’agrément de sa jeunesse.

504. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 9, des obstacles qui retardent le progrès des jeunes artisans » pp. 93-109

Quand la force du génie ramenera notre jeune peintre à une étude plus sérieuse de son art, parce que l’yvresse de la jeunesse sera passée, sa main et ses yeux ne seront plus capables d’en bien profiter. […] De tous les poëtes qui se sont acquis un grand nom, Lucain est le seul, autant qu’il m’en souvient, qui dès sa jeunesse ait pû vivre dans l’abondance.

505. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Laïs de Corinthe et Ninon de Lenclos » pp. 123-135

Ainsi Diane de Poitiers, qui fut aimée de deux générations, et avec une passion plus folle à la seconde qu’à la première ; ainsi madame de Maintenon, qui, sans jeunesse, inspira à Louis XIV blasé un amour durable, et fut plus forte dans ce cœur qui avait tout éprouvé que le spleen de la toute-puissance, sont des exemples éclatants de ce pouvoir étrange que les moralistes cherchent à expliquer, mais qui leur résiste et les étonne. […] « Ôtez le père, — a dit suprêmement bien un moraliste religieux, — nous autres hommes, nous sommes tous des jeunes gens. » Il faut, en effet, tout le trouble de la jeunesse, pour ne pas s’apercevoir de l’immense bêtise qu’il y a au fond de ces empires qui ont des flatteurs et des poètes à des siècles de distance.

506. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Marie-Antoinette » pp. 171-184

— s’écrie Bossuet, dans l’oraison funèbre de Madame Henriette, quand il nous dépeint toute cette belle jeunesse coupée aussi dans sa fleur, — tu m’offusques tout de ton ombre !  […] Dans la Marie-Antoinette d’avant l’échafaud, d’avant la prison, et même d’avant la calomnie ; dans la Marie-Antoinette de la jeunesse et du bonheur, dans celle-là que Prudhon aurait peinte, que Goujon et Canova auraient sculptée ; dans cette idéale reine aux cheveux d’or, pour qui non-seulement un diadème pesait trop, mais une simple guirlande ; dans celle-là, enfin, la Marie-Antoinette à la robe de linon qui semblait ressortir plus particulièrement de leur art, à ces historiens de la Vie, il y avait une femme qu’ils ont oubliée, un génie de femme qu’ils auraient dû dégager et qu’ils n’ont pas vu, comme s’il était dans le destin de la divine Malheureuse d’être méconnue par l’Histoire autant qu’elle avait été calomniée.

507. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XII. Marie-Antoinette, par MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 283-295

— s’écrie Bossuet, dans l’oraison funèbre de Madame Henriette, quand il nous dépeint toute cette belle jeunesse coupée aussi dans sa fleur, — tu m’offusques tout de ton ombre !  […] Dans la Marie-Antoinette d’avant l’échafaud, d’avant la prison, et même d’avant la calomnie ; dans la Marie-Antoinette de la jeunesse et du bonheur, dans celle-là que Prudhon aurait peinte, que Goujon et Canova auraient sculptée ; dans cette idéale reine aux cheveux d’or, pour qui non seulement un diadème pesait trop, mais une simple guirlande ; dans celle-là, enfin, la Marie-Antoinette à la robe de linon, qui semblait ressortir plus particulièrement de leur art, à ces historiens de la Vie, il y avait une femme qu’ils ont oubliée, un génie de femme, qu’ils auraient dû dégager, et qu’ils n’ont pas vu, comme s’il était dans le destin de la divine Malheureuse d’être méconnue par l’histoire, autant qu’elle avait été calomniée !

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