Il est clair qu’en ces moments-là poètes et poètereaux, romanciers et conteurs, littérateurs de tout genre écrivent surtout en vue du soi-disant sexe faible qui a su adoucir et amollir à son image le prétendu sexe fort.
Supposons connu jusque dans ses nuances cet état moral si malaisé à démêler : la littérature le reflète comme un miroir qui peut l’embellir, l’enlaidir ou le reproduire tel quel, mais qui en donne toujours une image plus ou moins ressemblante.
Sans doute l’expérience ne donne de cette vérité qu’une connaissance actuelle, et par là ne semble pas suffisante à fonder un axiome ; mais, qu’on le remarque, l’imagination y supplée ; nous nous formons une image mentale des deux lignes, et nous voyons que, dès qu’elles se rencontrent de nouveau, elles cessent d’être droites.
Oui, je suis Abbé [je veux dire, tonsuré], & je lis les Pieces de Théatre : je les lis, non pas comme ces Esprits superficiels à qui une légere broderie fait oublier les défauts du fond ; non pas comme ces Lecteurs humoristes que quelques pensées aussi fausses que hardies transportent, & qui ne peuvent être émus que par la bizarrerie & la surcharge ; non pas comme ces Panégyristes aveugles qui transforment en beautés les défauts, & immolent à leur prévention le goût & le bon sens ; non pas comme ces Journalistes à gages, qui ravalent des Grands Maîtres de la Scene, pour célébrer les intrus qui y rampent loin d’eux ; non pas enfin comme tant de petits Abbés frivoles, dignes échos des fatuités du siecle, comme ils en sont les parfaites images.
Il est temps que l’histoire se proportionne à la réalité, qu’elle donne à chaque influence sa mesure constatée, et qu’elle cesse de mettre aux époques faites à l’image des poètes et des philosophes des masques de rois.
Il lui avait refusé cette beauté des vases et des statues que le temps peut détruire ; mais il l’avait ornée de la beauté qui ne passe point, de celle dont elle disait : « Quelle que soit la forme, l’image de Dieu est là-dessous.
Que de réflexions nous suggère ce vaillant soldat, quand du milieu de la dure guerre il trouve un joyeux réconfort dans la perspective du combat qu’il livrera, aussitôt la paix venue, à ceux de ses compatriotes dont il se compose une image qu’il déteste !
L’évolution de la vie, depuis ses origines jusqu’à l’homme, évoque à nos yeux l’image d’un courant de conscience qui s’engagerait dans la matière comme pour s’y frayer un passage souterrain, ferait des tentatives à droite et à gauche, pousserait plus ou moins avant, viendrait la plupart du temps se briser contre le roc, et pour tant, dans une direction au moins, réussirait à percer et reparaîtrait à la lumière.
Nos Droits, à l’image du Droit romain, n’aiment à traiter qu’avec des individus, et font difficulté pour accorder la personnalité aux groupements.
Alors tous ces consuls sans faisceaux, ces magistrats sans magistratures, ces orateurs sans tribune, ces généraux sans soldats, qu’on voit s’agiter dans la curieuse correspondance de Cicéron, ne rappelèrent pas mal ces héros des Champs-Élysées qu’Énée, dans sa descente aux enfers, rencontra prêts à se livrer, sur leurs chars vides, à des simulacres de combats, vaines images de leurs occupations pendant leur vie, stérile amusement de leurs loisirs éternels ! […] qui, après avoir fait l’homme à votre image, lui avez donné pour aide inséparable la femme, que vous avez formée de lui-même, pour nous apprendre qu’il n’est jamais permis de séparer ce qui n’a jamais été qu’une même chose dans l’institution que vous en avez faite ! […] La fantaisie et la rêverie y dominent avec une nuance de mélancolie et d’inquiétude qui s’assombrit quelquefois jusqu’à prendre la teinte du désespoir ; on y reconnaît le goût de l’honnête, le sentiment des beautés de la nature, une sensibilité exaltée, l’aspiration vers le calme et la paix des champs, image de la paix de l’Ame.
C’est le ton qui convient à un courtisan qui ne connaît d’autre temple que la cour, d’autre religion que le culte du prince ; mais cette distinction entre le service de Dieu et le service du monarque est en elle-même insensée, absurde et contradictoire : car le service du monarque est appuyé et fondé sur le service de Dieu ; le monarque est sacré pour les peuples, parce qu’il est pour eux l’image de Dieu sur la terre ; s’ils ne servent pas bien Dieu, ils serviront mal le monarque. […] Voici ce qu’il dit de David et de Bethsabée, pour prouver qu’on peut, sans blesser le respect du aux livres sacrés, en retrancher ce qui pourrait déplaire sur la scène : « Si j’avais, dit-il, à y exposer l’histoire de David et de Bethsabée, je ne décrirais pas comme il en devint amoureux en la voyant se baigner dans une fontaine, de peur que l’image de cette nudité ne fît une impression trop chatouilleuse dans l’esprit de l’auditeur ; mais je me contenterais de le peindre avec de l’amour pour elle, sans parler aucunement, de quelle manière cet amour se serait emparé de son cœur. » Il n’y a pas tant de distance que l’on s’imagine de ces naïvetés aux chefs-d’œuvre de Corneille ; ce grand homme a répandu dans ses ouvrages les plus sublimes une foule de traits d’un naturel presque familier, qui sont précieux pour les connaisseurs, quoiqu’ils paraissent au-dessous de la dignité tragique : la simplicité est le caractère du vrai génie ; le bel-esprit, la finesse, le charlatanisme et le clinquant sont l’apanage de la médiocrité. […] Ces deux âmes paraissent faites l’une pour l’autre : Corneille a puisé dans l’histoire celle de César ; mais, rival de la nature, il a fait lui-même, à l’image de César, l’âme de Cornélie. […] Corneille a très bien jugé que la bienséance du théâtre commandait impérieusement d’écarter toute image de débauche grossière, et tout ce qui aurait pu avilir le caractère principal.
Première vue sur l’œuvre de Molière Lisons les pièces de Molière et de chacune donnons-nous, s’il se peut une image exacte pour tirer de toutes, plus tard, des conclusions générales. […] Un vers, que Fou a toutes les raisons du inonde de croire de Boileau, est de Molière et se trouve dans la Gloire du Val-de-Grâce : Et plein de son image, il se peint en tous lieux ; Ce que dit Boileau du poète ou du romancier, Molière le dit du peintre : … un peintre commun trouve une peine extrême, À sortir, dans ses airs, de l’amour de soi-même ; De redites sans nombre il fatigue les yeux, Et plein de son image, il se peint et tous lieux. […] C’est ce que tout de suite fait Chrysalde : Mettez-vous dans l’esprit qu’on peut du cocuage Se faire en galant homme une plus douce image, Que des coups du hasard aucun n’étant garant, Cet accident de soi doit être indifférent ; Et qu’enfin tout le mai, quoi que le monde glose, N’est que dans la façon de recevoir la chose ; Et pour se bien conduire en ces difficultés, Il y faut, comme en tout, fuir les extrémités, N’imiter pas ces gens un peu trop débonnaires Qui tirent vanité de ces sortes d’affaires, De leurs femmes toujours vont citant les galants, En font partout l’éloge et prônent leurs talents, Témoignent avec eux d’étroites sympathies, Sont de tous leurs cadeaux, de toutes leurs parties, Et font qu’avec raison les gens sont étonnés De voir leur hardiesse à montrer là leur nez. […] Comme Néron dit : Je me fais de leur peine une image charmante […] J’aimais jusqu’à ces pleurs que je faisais couler.
Je ne sais quelle opinion le public prendra de mon talent dramatique et je ne m’en soucie guère, mais je voulais qu’on vît un homme qui porte au fond de son cœur l’image de la vertu et le sentiment de l’humanité profondément gravés, et on l’aura vu. […] L’une représente la Souveraineté appuyée sur son faisceau, l’autre la Gloire qui entoure d’une guirlande un médaillon où l’image de Catherine sera très-bien placée. […] La déclamation d’un morceau, quel qu’il soit, est l’image et l’expression du génie qui l’a composé : il commande à ma voix, il dicte mes accents, il les affaiblit, il les enfle, il les ralentit, il les suspend, il les accélère. […] Toutes les fois que je voudrai me faire une juste image de la sagesse, de la modération, de la raison, je penserai à lui. […] Diderot a fait, en se promenant dans le palais de l’impératrice de Russie, l’impromptu que l’on va transcrire et l’on n’oubliera pas que ce philosophe et ses sectateurs ont toujours eu en horreur tout ce qui pouvait être suspect de flatterie : Ils sont bien vastes, ces palais, Mais ils le seraient davantage, S’il fallait y placer l’image De tous les heureux qu’elle a faits. »
Notre héros est descendu dans un puits où l’on voyait l’image de la lune. […] Sa maison est l’image de son esprit et de sa vie, par ses disparates, sa mesquinerie et sa prétention.
Dans la chambre froide 12 qui se trouvait à droite de celle où nous étions entrés, deux autres paysannes étaient occupées à disposer le local en toute hâte ; elles en tiraient une foule de vieilleries, des cruches vides, des touloupes 13 dont la peau était durcie à force d’usage, des pots à beurre, un berceau rempli de chiffons de toute couleur, et contenant un enfant à la mamelle : elles balayaient avec les paquets de branches dont on se sert au bain14 les ordures qui couvraient le plancher… Arcadi Pavlitch les chassa et alla s’établir sur le banc près des images 15. […] Pendant que vous suivez la lisière du bois, les yeux fixés sur votre chien, le souvenir des personnes que vous aimez, tant mortes que vivantes, vous revient à l’esprit ; des impressions depuis longtemps oubliées se raniment soudainement ; l’imagination voltige et plane comme un oiseau et vous croyez voir toutes les images que vous évoquez ainsi.
Il ne trouvait pas, en eux, une image assez violente, une métaphore assez forte, qui pût surpasser en chaleur ou en charme la plus fugitive, la plus éphémère de ses impressions. […] la vie où nous baignons, la vie aux courants infinis et contraires, toujours mouvante et immense comme une mer sans borne. » Ainsi, l’époque des Rougon-Macquart se termine par la riante image de la maternité !
je ne connais pas de tableau défigurant le christianisme par une plus grosse image matérielle, et je ne connais pas de toile l’ayant représenté dans une prose plus commune, dans un beau plus vulgaire. […] Et par moments, il nous semblait marcher dans une image peinte du Japon, autour de ce palais infini, sous ce toit avancé comme celui d’une bonzerie, éclairé par des globes de verre dépoli, tout pareils aux lanternes de papier d’une Fête des Lanternes ; ou bien sous le flottement des étendards et des drapeaux de toutes les nations, il nous venait l’impression d’errer dans les rues de l’Empire du Milieu, peintes par Hildebrand dans son Tour du monde, sous les zigzags claquants de leurs enseignes et de leurs oriflammes.
La chanson, dit-on encore, dérida César : dans ce grotesque miroir il ne reconnut pas son image renversée. […] Dans nos hameaux quelle image brillante Nous nous faisions d’un souverain !
Représentez-vous une armée, dont les soldats refuseraient l’obéissance à leurs officiers, comme différant avec eux d’opinion sur une question de discipline ou de service : telle est l’image du protestantisme. […] C’est pourquoi nous démontrerons, si nous le voulons, et autant que nous le pourrons « les beautés » de l’hellénisme en général et du stoïcisme en particulier ; nous établirons que les dogmes du christianisme ne sont qu’une greffe hellénique entée sur un tronc judaïque ; après quoi, si le tronc est judaïque, cela suffit d’abord à changer la qualité de la sève ; et il reste à déterminer non seulement comment, dans quelle mesure, pour quelle raison, le christianisme s’est approprié quelques-unes des idées de la philosophie grecque, mais en vertu de quel principe intérieur il les a organisées et refondues à son usage ou à son image.
De plus, il faut admettre qu’il existe un pouvoir intelligent, et ce pouvoir intelligent, c’est la sélection naturelle, constamment à l’affût de toute altération accidentellement produite dans les couches transparentes, pour choisir avec soin celle d’entre ces altérations qui, sous des circonstances diverses, peuvent, de quelque manière et en quelque degré, tendre à produire une image plus distincte. […] Si nous voulons essayer de nous représenter ces formes intermédiaires, n’évoquons pas l’image d’un être exclusivement adapté pour une respiration ni aquatique ni aérienne, ni pour un vol puissant, ni pour une puissance supérieure de natation, mais figurons-nous au contraire des êtres à respiration mixte ou plutôt double, mais doublement imparfaite, capable de s’effectuer tour à tour dans l’eau à l’aide de branchies de plus en plus rudimentaires et dans l’air au moyen d’une vessie natatoire en voie de se transformer en poumons.
je te croisai en un fiacre au galop, moi, et tu courais et je ne pus t’appeler ni te faire signe ; mais j’ai gardé à jamais ton image tragiquement cordiale de ce jour, dans cette rue en pente du quartier Latin. […] Et cela continue ainsi : analyses adéquates aux œuvres, on dirait d’œuvres anciennes, bijoux inappréciables d’avares et prodigues musées, soudains retours à de chers tristes souvenirs qu’évoque quelque « bleu soir immaculé auquel la rougeur du couchant prête une profondeur douce », l’image si gentiment obsédante d’une petite fille, l’avenante petite bossue, mille scènes muettes, éloquentes de leur seule émotion adorablement, exprimées et cela finit à Genève, en face du Rhône déjà trop du midi français, par un retour de regret vers le Rhin : « Sur ses rives, la mémoire dure du passage miraculé, glorieusement modeste de Saint-Bernard, et cette voie d’eau et cette voix de Saint se convenaient, formidables et sages. » Souvenirs Sur Leconte de l’Isle Je n’ai pas eu l’honneur, dans les derniers temps, de compter parmi les amis de M. […] Comme le mobilier modeste mais touffu, point milliardaire, mais chaud et frais d’objets gentils, courtepointe et dessus de meubles au crochet, tableautins et statuettes ingénus, avec le portrait du père Hugo sur le marbre, comme il sied, d’un secrétaire, le meuble important de la chambre haute et trois miennes images, photos et lithos, aux murs, en point trop mauvaise place. […] Gosse, Image, Lane, Frank Harris, le sympathique éditeur de la Revue « Fortnightly », je m’embarquai de nouveau, par une mer unie, cette fois, comme un miroir.
L’image de Mlle P…, embellie par le désespoir, me poursuivait partout. […] A peine arrivé à Brunswick, il lui adresse l’épître suivante, que nous donnons dans toute sa longueur, et qui ressemble à un journal, ou plutôt à un heural141, comme ils disaient ; c’est une image intéressante et fidèle, et très-curieuse pour la rareté, de ce qu’était l’âme de Benjamin Constant à ses meilleurs moments. […] Comme explication nécessaire toutefois, comme image complète de sa situation malheureuse en ces années de Brunswick, il faut savoir que ce premier mariage qu’il venait de contracter si à la légère tourna le plus fâcheusement du monde ; que, dès juillet 1791, il en était à reconnaître son erreur ; qu’il résumait son sort en deux mots : l’indifférence, fille du mariage, la dépendance, fille de la pauvreté ; que l’indifférence bientôt fit place à la haine ; qu’après une année de supplice, il prit le parti de tout secouer : « On se fait un mérite de soutenir une situation qui ne convient pas ; on dirait que les hommes sont des danseurs de corde. » Le divorce était dans les lois, il y recourut ; ce n’avait été qu’à la dernière extrémité : « Si elle eût daigné alléger le joug, écrivait-il, je l’aurais traîné encore ; mais jamais que du mépris !
image terrible ! […] Bulwer eût seulement lu une seule des tragédies de Racine, il eût appris comment pleuraient, comment s’enveloppaient dans leur chaste douleur, comment mouraient les femmes de Louis XIV ; il se fût dit que toutes les femmes de Racine étaient faites à l’image de mademoiselle de La Vallière et de quelques âmes d’élite qui ont honoré ce siècle, afin que rien ne manquât à sa beauté, comme rien ne manque à son génie ; il eût respecté à la fois Louis XIV et mademoiselle de La Vallière, et comme tout respect bien placé porte sa récompense, M. […] Ces deux échos d’une poésie plus remplie d’idées que d’images ont été bien étonnés de n’avoir rien à dire en tant de grands vers, et, charmantes l’une et l’autre, elles sont restées, comme on dit, le bec dans l’eau, sans doute pour mieux ressembler aux deux statues de la fontaine Molière.
Sismondi, tout d’abord, et comme par précaution, le lui avait rendu quand il disait, — avant de le connaître personnellement, il est vrai, et sur la simple annonce de l’Histoire de France que Chateaubriand se proposait d’écrire : « J’ai une grande admiration pour son talent, mais il me semble qu’il n’en est aucun moins propre à écrire l’histoire : il a de l’érudition, il est vrai, mais sans critique, et je dirais presque sans bonne foi ; il n’a ni méthode dans l’esprit, ni justesse dans la pensée, ni simplicité dans le style : son Histoire de France sera le plus bizarre roman du monde ; ce sera une multiplicité d’images qui éblouiront les yeux ; la richesse du coloris fait souvent papilloter les objets, et je me représente son style appliqué aux choses sincères comme le clavecin du Père Castel, qui faisait paraître des couleurs au lieu de sons. » Sismondi ne voyait et ne prédisait là que les défauts.
» — L’orateur lui-même imitait « le rugissement du lion ; tout l’auditoire était ému, et moi, qui passais si souvent à la barrière Saint-Victor, je m’étonnais que cette image horrible ne m’eût pas frappé.
Rousseau, dès qu’il n’a plus besoin de tutelle physique, adhère par justice et reconnaissance au sein qui l’a nourri, à la main qui le protège dans sa faiblesse, et leur rend ce culte filial, image du culte que tout être émané doit à tout être dont il émane.
On voyait du premier coup d’œil que c’était écrit à la manière hébraïque, où chaque verset porte avec lui son idée ou son image.
Comment remplacerait-on une image aussi expressive ?
C’était trop peu d’avoir été plus retenu que Ronsard ; il s’agissait, non de se préserver de ses excès en l’imitant, mais de rétablir l’image même de la poésie, que ses doctrines et ses exemples avaient si étrangement défigurée.
Balancement de toute chose, tissu intime, vaste équation où la variable oscille sans cesse par l’accession de données nouvelles, telles sont les images par lesquelles j’essaie de me représenter le fait, sans me satisfaire.
Cette littérature, fondamentalement Wagnérienne, est née, où réellement vit une pleine sensation de l’être, — où, dans les mots, des visions tout plastiques éclatent, ces musiques sonnent, — où, obsédé d’images, obsédé de sonorités, et décrivant littérairement, le poète a senti son idée vue, et en a oui les harmoniques accordances, — où flottent, étrangement, à travers les rayonnements et les enchantements des phrases, les paysages et les mélodies que le Wagner de l’avenir aurait dites en dessins et en orchestrations : une littérature Wagnérienne, cette littérature, absolument suggestive, — moins simple, moins précise, moins large, moins grandiose que l’art de Wagner, — plus hermétique !
VIII Ainsi le morne Dieu connaissant la Fin proche, Entrevoyant la fin des grands Ors superflus, S’acheminait vers les achèvements voulus ; — Ainsi Tristan criait au Jour son long reproche, Et son désir au Jour mauvais plus ne s’accroche, Aspiration à des hymens absolus ; — Ainsi le Pur, en qui les Mondes ne sont plus, Planait, extatique Colombe, sur la Roche… Ô mépriseur, nieur serein, ô attesté Blasphémateur de l’Ordinaire, en l’Unité Vivant, ô découvreur des réels récifs, Mage, — À nous, ainsi, l’esprit hautain et le pervers Génie, ainsi le rêve et la non-vaine image Et l’idée où se meut l’autre et l’autre univers !
L’Art joue dans son système un rôle important : « L’Art, dit-il, a connaissance de la véritable essence du monde, des idées (I, 217)… Il résout, mais d’une façon différente de la philosophie, le problème de l’existence… Dans les œuvres d’art toute sagesse est contenue, mais virtuellement ou implicitement (II, 461, 463)… » Et dans la Musique plus spécialement : « Les autres arts ne nous montrent que l’ombre, la Musique nous révèle l’essence des choses… La Musique est l’image de la Volonté elle-même (1, 303, 310)… Aucun autre art n’exerce sur l’homme une action aussi immédiate, aussi profonde, car nul ne nous fait pénétrer aussi profondément dans l’essence même du monde (Fragments, 373)… etc. » Ce sont là les propres pensées de Wagner avant qu’il ne connût Schopenhauer.
Wagner lui-même, du reste, a pris soin de fixer les symboles en de parlantes images.
J’y vois l’image d’un monsieur et d’une dame dans leur lit, la conjonction corporelle par-dessus les blonds petits cheveux de l’enfant ; et l’enfant arrive à me faire l’effet d’un phallus dessiné sur les murs.
* * * Je l’ai vu disparaître dans le caveau, où sont mon père, ma mère, et où il y a encore une place pour moi… * * * En rentrant, je me suis couché et, couvrant mes draps de ses portraits, je suis resté avec son image jusqu’à la nuit.