Après lui, on ne travailla pas davantage dans le même genre, mais pour d’autres raisons. […] Dans la première époque, l’éloquence s’était quelquefois glissée dans des genres qui n’étaient pas faits pour elle ; dans la seconde, elle craignit presque de se montrer dans les genres qui semblaient être le plus de son ressort. […] L’éloge funèbre des officiers est d’un genre différent : le style en est plus oratoire, et la philosophie plus forte.
L’analogie est d’un grand usage en Grammaire pour tirer des inductions touchant la déclinaison, le genre & les autres accidens des mots. […] alors on dit que ces sortes de noms appellatifs sont des noms de genre. […] Enfin des sert pour les deux genres au pluriel, & se dit pour de les, des rois, des reines. […] Animal est donc un nom de genre, puisqu’il est commun à chaque individu de toutes les différentes especes d’animaux. […] Et que deviendra alors le nom d’animal, sera-t-il encore un nom de genre ?
Les règles d’un genre sont les lois de ce genre, telles qu’on tâche à les induire de la nature et de l’histoire de ce genre. […] de quel genre de mort ? […] Peut-on nier qu’il y ait des lois des genres ? […] Il y a là une condition ou une convention nécessaire du genre. […] Qu’est-ce que nous devons à Hugo en ce genre ?
Quatre-vingt-neuf, en éclatant, vint couper court à ce genre de vie modérément animé, le rendre impossible en même temps que le faire sembler insuffisant. […] Nous n’en voudrions d’autre preuve que ce qui en est sorti d’effets en plus d’un genre. […] C’est assez indiquer ce que chacun sent, car nous ne péchons point par un tel genre d’excès aujourd’hui. […] Van-Praët, et particulièrement sur M. de Sacy, chef-d’œuvre d’un genre où le ton général est d’avance indiqué. […] Il ne perdit depuis lors aucune occasion de renouveler ce genre un peu usé de plaisanteries.
D’autres scènes du même genre, auxquelles le vieil auteur s’est complu, sont singulièrement entremêlées et entrelacées à des scènes respectables et augustes, — aux plus augustes même, telles que la Transfiguration de Jésus sur le Thabor. […] Et ici, je ne craindrai pas, si j’ai été sévère ailleurs, d’insister sur le genre d’intérêt et sur les qualités de ce vieux Mystère. […] Ce sont des estampes, des peintures de genre, qui comptent à leur place dans la collection totale et qui, à ce titre, ont leur prix. […] Ils ne l’ont pas jugé, par ce dernier côté, au-dessus de ce qui se faisait à l’entour dans le même genre. […] Les spectateurs d’alors se contentaient à moins. » Quand des érudits des plus compétents parlent avec cette modestie et cette bonne foi de l’objet de leurs études, on se sent d’autant plus porté à leur accorder ce qui est juste, et on est tout prêt à placer avec eux leur vieux Mystère à son rang dans la série des anneaux intermédiaires qui permettent de mesurer les lents efforts, en tout genre, de l’esprit humain.
Doré, son Don Quichotte est classé désormais, qu’il est allé rejoindre son Rabelais et son Dante, et que je ne pourrai que répéter faiblement ce que les juges du genre, ces maîtres du camp, les Gautier et les Saint-Victor en ont écrit avec la vivacité et le relief qui les distinguent. […] Certes, quand nous nous apitoyons sur ces premières années de campagnes comiques et de caravanes de Molière, parcourant le midi de la France avec sa troupe, et de temps en temps chassé d’une ville, molesté par le magistrat et obligé de porter ailleurs ses tréteaux, il n’est pas de comparaison à faire entre ce genre de tracasserie et de souffrance (si souffrance il y a) et les épreuves auxquelles fut soumise la jeunesse de Cervantes, cet autre inimitable rieur, et un rieur sans amertume. […] Il fit bien, du reste, de se retirer à temps du théâtre quand Lope de Vega allait y régner ; il lui arriva un peu à cet égard la même chose qu’à Walter Scott qui, d’abord poëte, se retira peu à peu devant l’astre de Byron et se détourna vers le genre de roman où il fut créateur. […] Honneur avant tout aux génies inventeurs et féconds, à ceux qui ont réellement enfanté, qui ont augmenté d’un fils ou d’une fille de plus la famille poétique du genre humain ! […] Ce livre, l’un des plus récréatifs et des plus substantiels qui existent, commencé d’abord presque au hasard, ne visant qu’à être une moquerie des romans de chevalerie et d’un faux genre littéraire à bout de vogue est devenu vite en avançant, sous cette plume fertile, au gré de cette intelligence égayée, un miroir complet de la vie humaine et tout un monde.
Est-ce parce que les directeurs de journaux ont le sentiment de la déchéance de la critique comme « genre » littéraire, qu’ils lui refusent la place — ou bien est-ce à cause de ce refus que la critique ne forme plus d’adeptes sérieux ? […] Brunetière est le critique tel que le genre lui-même l’exige. […] Jules Lemaître a été le révélateur du genre, et sa fortune a décidé de la direction de toute une série de normaliens. […] * * * La juste irritation soulevée par les abus, la pédanterie, le manque de tact de bien des critiques contemporains ne doit pas faire oublier que l’esprit humain comporte la faculté critique, et que par conséquent ce genre littéraire a droit à être représenté. […] Un organisme critique véritable ne peut plus se compromettre et se gaspiller en des articulets hâtifs ; il lui faut ou se taire, ou aborder de suite les hautes régions contemporaines de l’essai, de ce genre admirable, presque abandonné en France, et que la force des choses va y remettre en honneur.
Mais, pour être littéraire} il faut qu’une œuvre, quelle qu’elle soit, provoque ce genre de plaisir particulier qu’on a nommé le plaisir esthétique ; il faut qu’elle éveille, de façon forte ou légère, un sentiment qui a mille formes et mille degrés, le sentiment du beau. […] § 1. — Comme toutes les impressions qu’un homme peut recevoir du dehors passent nécessairement par ses sens, pi est bon de se demander tout d’abord à quels sens une œuvre parle, quel genre de sensations elle traduit. […] Ils font, en écrivant, des « transpositions d’art » d’un genre différent. […] D’autres disent tour à tour blanc et noir, s’amusent à se contredire et se gardent presque toujours de conclure : Renan fut un maître en ce genre. […] S’il est des genres littéraires voués ainsi à l’action par leur nature même, tous peuvent à l’occasion prendre ce caractère militant.
Cet éloge ne paroîtra point excessif, si on fait attention que Ségrais, encore aujourd'hui, est presque le seul de nos Poëtes qui ait réussi dans le genre pastoral. […] Sa Traduction en Vers des Géorgiques & de l'Enéide, est très-inférieure à ses Eglogues & à ses Idylles ; aussi n'étoit-ce pas son genre.
On cite de lui un poëme héroï-comique, où il y a, dit-on, de la gaieté de collége, la Guéliade, imitation du Lutrin, et qui célèbre sans doute quelque démêlé avec le guet ; il rima encore quelques autres riens du même genre. […] Plusieurs discours, notamment les deux qui ont pour titre : l’Étude sans terme, sont des modèles de ce genre, mi-partie de dissertation et d’éloquence, de cette psychologie chrétienne qui forme comme une branche nouvelle dans la prédication réformée. […] Je ne puis trouver exact qu’on représente André Chénier dans l’idylle comme agrandissant le genre de Léonard et de Berquin ! […] Ce genre mixte, plus psychologique qu’oratoire, me représente assez ce que des hommes comme MM. […] A part le discours sur la Foi d’autorité, où encore ce genre de foi est ménagé par des expressions si générales, et où la vérité se réserve comme pouvant habiter dessous, on va en tous sens dans cette lecture en n’apercevant jamais que le chrétien.
Chaque tableau est un sujet, et chaque sujet provoque un genre de curiosité particulière que Voltaire satisfait. […] Prenons un second tableau, d’un genre tout différent, celui où Voltaire nous peint la France sortant, sous l’impulsion puissante de Louis XIV, du chaos de la Fronde. […] En fait de genre d’esprit, il n’est guère plus aisé de trouver celui qui manque à Voltaire que de définir tous ceux qu’il a. […] Les genres sont sentis plutôt que définis, et leurs limites plutôt indiquées comme des convenances de l’esprit humain que jetées en travers des auteurs comme des barrières. […] Tous les genres d’esprit de la Correspondance brillent dans les Lettres, sauf l’esprit de se faire louer, dont Voltaire donne plus volontiers la commission aux autres, et dont Cicéron se charge lui-même.
Et véritablement, il est aisé de faire voir, par de bons exemples, que les prétendus Philosophes du siecle, en se disant les zélateurs de l’humanité, en s’annonçant pour la lumiere des Peuples & les vengeurs de la raison, ont trouvé moyen de se faire croire & de se faire bénir, tandis que la plupart de leurs maximes ne respirent que trouble, sédition, renversement, & ne sont propres qu’à rendre le genre humain plus malheureux. […] Lecteur Citoyen, les Ouvrages des Philosophes de ce siecle fourmillent de déclamations du genre de celles que je viens de vous citer ; & pas un Prince pour les envoyer aux Petites-Maisons, pas un Ecrivain préposé pour les combattre, pas un Médecin nommé pour les traiter selon les saines regles de la Thérapeutique. […] J’aime à voir encore les Philosophes se dire les amis du genre humain, & se déchaîner contre tous les états de la Société civile. […] Les prédications des Prêtres, s’il faut l’en croire, n’ont pour objet que la perversité du genre humain Système social, l’art. […] Ce n’est pas le désir de la célébrité qui m’a fait écrire contre les Philosophes ; c’est l’amour des Lettres qu’ils dégradent, l’amour de la Morale qu’ils corrompent, l’amour de la Religion qu’ils calomnient, l’amour de la Nation qu’ils insultent publiquement, qu’ils déshonorent par leurs Libelles en tout genre, l’amour de l’Humanité entiere qu’ils affligent par leurs systêmes désolans.
Fleury mérite de ne pas être passé sous silence, et que des biographies de ce genre, une fois faites, coupent court à bien des impostures historiques et à de fausses peintures. […] Il y mêle des considérations politiques qui sont toutes dans le sens de l’ordre et de la défense sociale : mais, même quand il serait plus sobre de ce genre de discussions, le seul tableau des faits, la suite même des textes, les pièces à l’appui qu’il produit avec étendue, fournissent une base de jugement irréfragable, et tout lecteur, en se laissant conduire par le biographe, peut statuer à son tour en connaissance de cause et en sûreté de conscience. […] Il méprisait l’homme, ce « vil roi de l’univers » ; il le croyait sot, destiné de tout temps à toutes les sottises, et il jouissait de le lui dire en face ; il prenait plaisir à salir le genre humain, à la veille de le vouloir régénérer. […] Du talent, il y en a dans ses discours ; je dirai de quel genre. […] Mais le nom de Saint-Just, même quand il s’y joindrait plus de preuves dans ce genre, ne peut convenablement se rapprocher d’aucun des noms estimés qu’enregistre l’histoire ; il a trop décidément commencé par le crime.
Il aurait peut-être créé des genres, trouvé des veines que nous ne soupçonnons pas, qu’il n’a pas soupçonnées lui-même. […] Plus tard les poètes, les historiens, les orateurs, les grammairiens, les sophistes, les auteurs de tout genre nous présentent, tant dans la Grèce qu’à Rome, des analogies moins paradoxales et non moins honorables avec ce que nous appelons aujourd’hui homme de lettres. […] Sous cet abri puissant, les lettres sont libres dans leur sphère : les idées générales, immortel héritage du genre humain, se revêtent de la majesté d’un beau et simple langage : toute vérité peut se faire jour, si elle demeure en dehors d’une application immédiate. […] Pas un événement qui ne lui donne sa secousse : il semble qu’un fil électrique, vaste ceinture du globe, joint non seulement les lieux, mais les âmes ; et que, comme un corps organisé, le genre humain se sent tout entier dans chacune de ses parties. […] Toutefois, en supposant qu’une administration éclairée et bienveillante jugeât à propos de protéger les hommes qui écrivent, on conçoit, d’après ce que nous venons de dire, quel genre de bienfaits il faudrait lui demander pour eux.
Elle étoit très-jalouse de la société des Beaux-Esprits ; & quiconque prétendoit à ce genre de gloire, devoit, avant toutes choses, un tribut à sa vanité. […] La finesse de ce mot consistoit à faire entendre au Ministre qu’elle conservoit les jours de son Eminence en l’égayant, genre de flatterie plus fait pour plaire à celui qui en étoit l’objet, qu’au Lecteur, qui n’en jugera pas de même.
Ses Madrigaux sont si délicats, si naïfs, l'expression en est si aisée, si naturelle, qu'ils ont garanti son nom de l'oubli, & nous l'ont transmis avec éloge : tant il est vrai qu'il vaut beaucoup mieux ne s'attacher qu'à un seul genre, fût-il d'une classe inférieure, & y exceller, que de traiter un objet au dessus de ses forces, ou d'en traiter plusieurs avec des talens & des succès médiocres. […] Mais si Sapho, Anacréon, Catulle, Chapelle, Chaulieu, la Sabliere, se sont immortalisés par un petit nombre de Vers heureux, il seroit absurde de confondre leur gloire avec celle qui n'appartient qu'à ces Génies supérieurs qui ont excellé dans des genres plus élevés & plus difficiles.
Ce fut Voiture cultivant des genres sérieux, un Gresset qui avait tout à fait réussi. […] Le genre d’Hésiode, de Lucrèce, et de Virgile dans les Géorgiques, a chez eux sa simplicité, sa grandeur philosophique, sa beauté pittoresque. Le didactique et le descriptif ne sont que l’abus et l’excès de ce genre dans sa décadence, et quand l’esprit poétique s’en est retiré. […] Au moyen âge, le genre dans son aridité s’étendit et foisonna. […] Ce sont d’agréables madrigaux, de faciles et ingénieuses bagatelles, mais qui n’approchent pas du tour vif et galant des chefs-d’œuvre de Voltaire en ce genre.
Trait charmant, le sublime du genre. […] La question du mélange des deux genres paraissait résolue. […] Des trois genres de comédie où Molière a excellé, ils ont imité le moins difficile, la comédie d’intrigue. […] Qui verra la fin d’un genre de comédie dont les conditions seront le fond ? […] Ce genre d’esprit abonde dans Beaumarchais.
Il m’a semblé cependant qu’il y avait ici une opportunité véritable à renouveler ce genre ancien. […] Enfin un genre de sport fut quelque temps très en faveur dans les bons coins de la presse littéraire, — peut-être l’est-il encore — il consistait à accoler invariablement ces deux noms jusqu’à donner l’illusion d’une sorte de meilhacalévy poétique, tandis qu’un contresport les plaçait alternativement au-dessus et au-dessous l’un de l’autre.
Ce ne sont pas les seules qui méritent cet éloge ; plusieurs ont droit chacune dans leur genre, à un tribut de louange particulier. […] L’esprit ne plaît que quand il brille dans son vrai genre, & la chaleur fantastique de quelques-uns de nos Poëtes ne supplée point au défaut de naturel & de fécondité qu’on a raison de leur reprocher.
De ce dernier genre est celle de Sylla, honorée des éloges du grand Corneille. […] Nous ne parlons pas du Recueil de ses Poésies fugitives, dont Barbou a donné une édition magnifique, où les Connoisseurs trouvent plus d’esprit, de délicatesse & de sentiment, qu’il n’en faudroit pour faire une grande réputation à quiconque se seroit borné à ce seul genre.
Le genre lyrique est pour l’art romantique le type fondamental. […] Car il n’y a que ces deux moments principaux de l’action qui puissent, dans la division de la poésie dramatique, s’opposer l’un à l’autre comme genres différents. […] Molière, en particulier, dans celles de ses fines comédies, qui ne sont nullement du genre purement plaisant, est dans ce cas. […] Par compensation, la supériorité dans ce genre se révèle surtout par la finesse et l’habileté à dessiner les caractères, ou à développer une intrigue bien imaginée. […] Richard III appartient à ce genre.
Les arts plastiques obtiennent un effet du même genre par la fixité qu’ils imposent soudain à la vie, et qu’une contagion physique communique à l’attention du spectateur. […] On soumettrait les sentiments moraux à une étude du même genre. […] Et non seulement le lourd et le léger constituent pour notre conscience des genres différents, mais les degrés de légèreté et de lourdeur sont autant d’espèces de ces deux genres. […] Nous ne ferons d’ailleurs aucune difficulté pour admettre l’existence probable d’une loi de ce genre. […] Que si, pour couper court à toute question de ce genre, on distingue deux espèces de quantité, l’une intensive, qui comporte seulement le plus et le moins, l’autre extensive, qui se prête à la mesure, on est bien près de donner raison à Fechner et aux psychophysiciens.
Les sonnets étaient arrivés en France à la suite et dans le cortège de Catherine de Médicis, femme de Henri II, laquelle avait mis en honneur le tour d’esprit subtil et la galanterie de tête qui fait le fond de ce genre. […] Par lui la poésie française s’essaya pour la première fois dans le genre lyrique ; par lui fut créé le beau nom d’ode, dont Boileau ne se savait sans doute pas redevable à Ronsard. […] Il n’y avait pas de genre si haut chez les anciens dont l’école de Ronsard ne voulût doter notre poésie. […] N’oublions pas que Ronsard s’est le premier essayé dans l’ode ; qu’il y fut le prédécesseur de Malherbe, qui perfectionna ce qu’il avait inventé qu’il eut la gloire d’indiquer le genre qui devait régénérer la poésie française. […] D’autres imperfections empêchent de lire certaines pièces d’un genre élevé qui appartiennent plus à Ronsard, et que lui ont inspirées les événements de son temps.
Je sçais que de grands hommes ont supposé à presque tous les genres de poësie, des vûës plus hautes et plus solides : ils ont cru que le but du poëme épique étoit de convaincre l’esprit d’une vérité importante ; que la fin de la tragédie étoit de purger les passions, et celle de la comédie de corriger les moeurs. […] Le public qui outre tout, et qui n’entre jamais dans aucun détail, croit d’ordinaire que l’ouvrage qui lui plaît le plus dans un genre, est la perfection de ce genre-là, et il ne veut plus rien approuver dans la suite, que sur le modéle de ce qui a saisi une fois son admiration. […] J’ai choisi les poëtes les plus célébres dans ce genre, Anacréon, Pindare et Horace. […] J’ai mieux aimé, pour faire au moins quelque chose de nouveau, imaginer quelques fictions du genre de celles d’Anacréon, les traiter à sa maniére, et chercher selon mes forces, cette douceur et cette facilité de style, qui sont un de ses plus grands charmes. […] Ainsi il ne me reste qu’à dire un mot de l’ode françoise, et des auteurs qui ont acquis le plus de réputation dans ce genre.
Ainsi quand on voit, dans notre moyen âge, nos chansons de geste se former comme les poèmes homériques, puis les trois grands genres littéraires, (épique, lyrique, dramatique) se succéder dans le même ordre que dans la Grèce ancienne, comme il est impossible d’attribuer à l’ignorance de nos ancêtres une imitation voulue ou même inconsciente de la civilisation hellénique, il faut bien convenir que la marche de l’évolution en France a dû être déterminée par une similitude des conditions ambiantes ou par une loi générale gouvernant le développement intellectuel des nations dans leur âge primitif. […] Au xvie siècle, le français doit se défendre contre un terrible assaut des langues anciennes et des modernes ; le latin essaie d’abord de le supplanter ; puis, débouté de cette prétention, il réussit du moins à pénétrer en masse dans le vocabulaire, à compliquer l’orthographe, à changer pour un temps ou pour toujours le genre de certains substantifs, la forme de quelques comparatifs et superlatifs, le système de la versification. […] Il faut donc plonger au cœur des écrits de tout genre, pour y saisir le genre étranger qui a pu les vivifier ou les gâter ; après quoi, l’attention doit se porter sur les formes dont les écrivains ont revêtu leurs sentiments et leurs pensées. […] Pendant que des Français, soucieux de ranimer la sève nationale par d’habiles greffages, importaient des théories, des procédés d’éducation et d’organisation militaire ayant cours en territoire germanique, d’autres Français, patriotes exclusifs et craignant de voir amoindrie la personnalité de leur pays, combattaient à outrance tout ce qui provenait d’une source suspecte et détestée, dénigraient de parti pris les gloires allemandes, sifflaient Wagner coupable d’avoir insulté la France, célébraient par réaction Roland, Jeanne d’Arc et les volontaires de la première République, faisaient des succès exagérés à l’opéra-comique, sous prétexte que c’est un genre éminemment français, ou à des poésies dont le principal mérite était de relever le courage et la confiance des battus de la veille. […] Émile Augier fut arraché à la comédie romanesque en vers par les triomphes retentissants qu’Alexandre Dumas fils obtenait près de lui dans la comédie réaliste et bourgeoise et il lui disputa bientôt le prix dans le genre où il se fit son concurrent.
Hors de là, la pièce est dans ce genre roide, rude, tendu et emphatique, qui rappelle parfois le ton et le tic, mais non le génie de Corneille. […] Il n’inventa rien, mais il rompit cette ennuyeuse lignée des tragédies antiques et mythologiques, et il eut l’air, comme de Belloy, d’ouvrir une veine et de créer un genre, le genre historique national. […] » Après le succès des Templiers, Raynouard crut avoir trouvé un genre, et n’avoir plus qu’à en diversifier les exemples et les applications. […] C’est que le succès prolongé au théâtre n’appartient point à tel ou tel genre qu’on croit neuf, mais au talent seul qui anime et fertilise les genres et les sujets.
J’ai lu autrefois ces volumes avec beaucoup de profit et d’intérêt : en y revenant aujourd’hui, je n’y chercherai aucun genre d’allusion, mais je suis sûr du moins de ne pas tomber dans un contretemps. […] Pour expliquer le succès et la vogue de ce petit livre, il faut se rappeler qu’on commençait à être las des monstrueux romans anglais dans le genre d’Anne Radcliffe, qui se succédaient depuis trois ou quatre ans, et où les souterrains, les spectres, les chaînes jouaient un grand rôle. […] Pour s’exalter, les hommes n’ont besoin que d’un point de réunion : quand ils l’ont, ils bravent, ils dominent l’opinion publique… Les héros de ces rassemblements finissent trop souvent par être plus amis du genre humain que de leur patrie, plus amis de leurs systèmes que du genre humain. […] Lors de la première Restauration, en 1814, on le voit en entretenir une du même genre avec le comte de Blacas, ministre et favori de Louis XVIII. […] Veut-on que j’en cite quelques-uns au hasard : « Faire du pouvoir » (6 janvier 1831). — « Le système politique qui règne aujourd’hui est tout à fait dans le genre classique, etc. » (12 janvier 1831). — « Commerce, crédit public, amortissement » (14 janvier). — « L’opposition doit vouloir rester minorité » (18 janvier). — « Juste milieu » (10 février). — « Qu’est-ce qu’un député sans mandat ?
Necker en eut un d’un autre genre, et plus digne de son objet. […] J’ai prononcé le mot de sermonnaire ; c’est celui qui convient le mieux au genre de talent que déploie M. […] L’auteur, encore tout ému de sa chute et de l’ingratitude de l’Assemblée, ne prévoyant pas que, dans les malheurs qui s’apprêtent à fondre sur toutes les têtes, cette retraite prématurée deviendra pour lui un salut et un bienfait, l’auteur se laisse aller à toutes ses pensées ; il nous livre son âme au vif, toute saignante et gémissante ; il la montre dans sa sensibilité, dans ses étonnements, dans ses douleurs de tout genre, dans ses passions naturelles, honnêtes, droites, humaines et un peu débonnaires. […] Sa prétention singulière et qui le juge déjà, c’est de n’y avoir commis aucune faute : Dans une pareille situation, dit-il, et au milieu des plus ardentes passions, au centre de toutes les inimitiés et de toutes les haines, il y avait occasion chaque jour de faire quelque faute, et quelque faute d’un genre éminent. […] Ces sortes d’examens sont hors de ma portée et dépassent le genre d’études que je me suis proposé ici.
C’est une raison qui ne rompt jamais en visière avec le sens commun, sans être esclave cependant d’aucun préjugé ; qui cherche dans le beau l’idéal et le général, sans se payer cependant du servile et du banal, qui met au-dessus de tout intérêt l’homme et le genre humain, et qui obéit à la règle, sans jamais décourager la liberté. […] Nul peuple n’a conçu ce genre de drame, dont l’action est toute morale, qui néglige tous les accidents secondaires de la vie, tous les événements extérieurs, toutes les formes changeantes de l’humanité, pour peindre l’homme en général et surtout l’homme aux prises avec lui-même dans ce grand combat de la passion et de la vertu. […] C’est encore un excès du même genre que je trouve dans ce jugement de l’auteur sur l’Académie française. […] Je suppose que c’est un scrupule de ce genre, et la remarque faite après coup, que, pour avoir voulu trop louer Bossuet, il ne l’avait pas assez loué, qui a déterminé M. […] Ainsi nulle tradition en aucun genre, excepté en histoire ecclésiastique : hors de là, on sautait directement de Rome à Louis XIV.
Lasserre, mais, dans son genre de composition, Hello est sibyllin. […] On peut signaler le genre d’esprit qu’ils eurent, leur manière, la moralité plus ou moins élevée, plus ou moins profonde de leur œuvre ; mais quand on a fait cela, tout est fini de la critique qu’on leur doit. […] Henri Lasserre, ce Fâcheux de l’admiration, qui se tient à la porte du livre avec ses grands coups de chapeau, genre de fâcheux que n’avait pas deviné Molière. […] Les choses du ciel ont donné à son genre d’imagination des teintes célestes. […] Il y reste sur les bases de sa personnalité, — avec le genre particulier d’esprit que nous lui connaissions.
Il y avait quatre-vingts ans environ que le sonnet italien avait détrôné le rondeau gaulois, les ballades et les chants royaux : Voiture, Sarasin, Benserade, y revinrent, et cherchèrent de plus à reproduire le style des maîtres du genre. […] Dès lors le jeune Champenois fit des vers, d’abord lyriques et dans le genre de Malherbe, mais il s’en dégoûta vite ; puis galants et dans le goût de Voiture, et il y réussit mieux. […] Qu’il nous suffise d’avoir rappelé que, durant les vingt ans écoulés depuis l’aventure de l’ode jusqu’à la publication de Joconde (1662), il ne cessa de cultiver son art ; qu’il composa, dans le genre et sur le ton à la mode, un grand nombre de vers dont très-peu nous sont restés, et que s’il y porta depuis 1664, c’est-à-dire depuis les débuts de Boileau et de Racine, plus de goût, de correction, de maturité, et parut adopter comme une seconde manière, il garda toujours assez de la première pour qu’on reconnût en lui le commensal du vieux Colletet, le disciple de Voiture, et l’ami de Saint-Évremond. […] C’était, il est vrai, un vieux poëte unique en son genre, et par mille endroits ne ressemblant à nul autre, ni à maître Vincent, ni à maître Clément, ni à maître François ; un vieux poëte, adorateur de Platon, fou de Machiavel, entêté de Boccace, qui chérissait Homère et l’Arioste, oubliait de dîner pour Tite-Live, goûtait Térence en profitant de Tabarin, qu’une ode de Malherbe transportait presque à l’égal de Peau d’Ane, et dont l’admiration vive et mobile, comme celle d’un enfant, embrassait toutes les beautés, s’ouvrait à toutes les impressions, en recevait indifféremment du nord ou du midi, et trouvait place même pour le prophète Baruch, quand Baruch il y avait199.
« S’il réussissait, au contraire, l’auteur, dès ce moment homme à la mode, prenait un rang dans la société ; un seul genre de place pouvait lui convenir : il devenait le commensal plutôt que le secrétaire d’un grand seigneur. […] La pleine décadence du Théâtre-Français, le décri absolu où est tombé surtout l’ancien genre tragique, l’ennui profond que causent à la scène, non pas seulement tant de plates amplifications de notre temps, non pas même ces tragédies de Voltaire décorées du nom de chefs-d’œuvre, mais jusqu’aux pièces si belles et si accomplies de Racine, tout cela peut se déplorer avec plus ou moins d’affliction et d’amertume, mais à coup sûr ne saurait plus se nier. […] Quoi qu’il en soit, si l’on pouvait encore, il y a quelques années, se méprendre aux symptômes généraux d’ennui et de refroidissement, si l’on pouvait n’y voir qu’une fièvre passagère d’anglomanie ou de germanisme, et crier de bonne foi à la cabale, il n’est plus permis aujourd’hui de mettre en doute l’antipathie prononcée, ou du moins la profonde indifférence du public pour notre grand genre dramatique. […] On a osé comprendre que dans le genre secondaire de la comédie-vaudeville, il y avait de nos jours plus de vérité piquante et de nouveauté qu’en de froides et ennuyeuses comédies de caractères ou qu’en des compositions trivialement sentimentales et romanesques ; on a osé le dire d’abord à l’oreille, puis haut, et en conséquence on n’a pas cru déroger en laissant la rue de Richelieu pour le boulevard.
De bonne heure, ils annoncèrent des espérances illimitées, et quand le peuple, en partie victime de leurs conseils impolitiques, eut été écrasé par la puissance assyrienne, ils proclamèrent qu’un règne sans bornes lui était réservé, qu’un jour Jérusalem serait la capitale du monde entier et que le genre humain se ferait juif. Jérusalem et son temple leur apparurent comme une ville placée sur le sommet d’une montagne, vers laquelle tous les peuples devaient accourir, comme un oracle d’où la loi universelle devait sortir, comme le centre d’un règne idéal, où le genre humain, pacifié par Israël, retrouverait les joies de l’Éden 85. […] Jusqu’au temps des Macchabées, le judaïsme, malgré sa persistance à annoncer qu’il serait un jour la religion du genre humain, avait eu le caractère de tous les autres cultes de l’antiquité : c’était un culte de famille et de tribu. […] Ces rêves étaient ordinaires et formaient comme un genre de littérature, que l’on couvrait du nom des Sibylles.
C’est là un genre de religion qui s’est trop affaibli dans les âmes comme les autres religions, et dont le défaut se traduit dans la pratique en un seul fait trop évident : parmi ceux qui écrivent, combien en est-il qui cherchent à faire de leur mieux aujourd’hui ? […] Dans le genre du tableau littéraire proprement dit, où il excelle, et dans le tableau qu’il a donné du xviiie siècle en particulier, je me permettrai seulement de faire une remarque, de relever un trait de caractère qu’on ne saurait omettre en parlant du critique célèbre qui a été le maître de notre âge. […] La bibliographie, convenons-en, n’était pas accoutumée à être traitée avec une inspiration de ce genre. […] L’ancien genre de l’éloge académique est détrôné ; il a fait place décidément à la notice érudite, à la dissertation et à la dissection presque grammaticale de chaque auteur.
Xavier Aubryet (que je sache) n’a jamais pratiqué la chronique, ce genre à part dans le journalisme contemporain, destructif, dans un temps donné, de toute littérature. […] Ce qui distingue particulièrement et toujours davantage son genre de talent, lequel se développe dans le sens de ses premiers ouvrages et de sa native personnalité, c’est l’éclat à tout prix et l’aperçu à tout prix, et pour les avoir, à tout prix, il met souvent à la vérité des atournements pour lesquels elle n’est point faite, et il va même parfois jusqu’à la renverser la tête en bas, pour la montrer par où on ne l’avait pas vue encore. […] Grave inconvénient — je ne le dirai jamais assez — que de se bastionner ainsi dans des genres de littérature si restreinte. […] en Angleterre, où il y a aussi des littératures restreintes à côté de la grande littérature, vous avez vu ce qu’est devenu le roman de high life qui eut, au commencement du siècle, un tel succès, que Pelham commença la fortune politique de Bulwer… Rien n’est resté de ce genre de roman.