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740. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Que l’on considère la pratique ou la spéculation, c’est toujours l’esprit fin, adroit, ingénieux, qui se manifeste. […] » — Et les fils sont dignes du père : à la fin comme au commencement de la civilisation, ce qui domine en eux, c’est l’esprit ; il a toujours primé le caractère, maintenant il lui survit. […] On lui donne gratis son entrée au théâtre : à la fin des Dionysiaques on lui distribue l’argent qui reste en caisse sur les contributions des alliés. […] Philoctète blessé a été abandonné dans une île avec ses armes ; on vient le chercher parce qu’on a besoin de ses flèches ; il s’indigne, il refuse, et à la fin, sur l’ordre d’Hercule, il se laisse fléchir. […] On peut comparer l’Olympe grec à un olivier vers la fin de l’été.

741. (1876) Romanciers contemporains

Mais un tel orgueil devait rester jusqu’à la fin indomptable. […] C’était là, au point de vue réaliste, la seule fin digne de ce triste corps. […] Là, comme dans toute œuvre d’art, est un commencement, un milieu et une fin. […] Zola ne sait ou ne veut pas employer les armes fines de l’ironie et du persiflage. […] Claretie, et il leur doit ses peintures les plus fines.

742. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

La brise était silencieuse, l’horizon brumeux et borné ; les nuages confondaient avec les flots endormis leurs couleurs fines et vaporeuses, un peu pâles, presque effacées. […] Dans sa correspondance, où il appuie moins, il réussit mieux. — Il fit aussi à cette fin d’automne (1848), avec Émile Burnouf et Hanriot, une pointe jusqu’en Béotie et à Thèbes. […] Des peintures d’une vérité et d’une énergie saisissantes, une fin sublime ; mais quel rôle ! […] Il ne fit guère que passer dans la Conférence, ayant été nommé suppléant à la Faculté des lettres dès la fin de cette année 1861. […] Sa première leçon d’ouverture, du 8 janvier 1862, avait été sur Pascal, dont il s’occupa jusqu’à la fin de l’année.

743. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

« Le discernement du Chevalier est éclairé et fin, son goût très-juste ; il ne peut rester simple spectateur des sottises et des fautes du genre humain. […] Un mot d’une lettre de Voltaire à d’Argental, qu’on range à la date du 2 février 1761, indique que sa mort n’eut lieu en effet que sur la fin de 1760. […] Ces vers sont placés à la fin des Lettres de Mlle Aïssé, dans la première édition de 1787. […] Mourer ; et Paris, La Grange, 1788) : d’abord au bas du portrait, puis à la fin du volume. […] « A la fin du mois de may dernier, je fus attaqué d’une espèce d’apoplexie dont la vapeur a occupé ma teste pendant quelques jours.

744. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Il n’y a pas de cas de conscience pour les âmes simples ; au contraire, pour des esprits fins et instruits, la vie ne présente guère que des cas de conscience ; rarement la loi morale prononce de ces brèves sentences dont l’évidence s’impose et qui brillent dans l’âme comme des éclairs ; presque toujours elle inspire une discussion calme, méthodique ; elle est comme la lumière douce et constante d’un soleil surnaturel. […] La fin de l’année approchait… Le mot de gratification se planta dans son esprit comme le premier jalon d’une histoire étourdissante. » Suit un dialogue, tout intérieur, du caissier avec son patron : «… Oh ! […] Je ne pus trouver dans mes souvenirs aucun jeu d’enfant auquel ces paroles pussent convenir. » [Le « célèbre Sume, lege de saint Augustin » (plus exactement d’ailleurs « tolle lege »), c’est-à-dire « Prends, lis » renvoie à la scène du jardin de Milan à la fin du livre VIII des Confessions (XII, 28-30), où Augustin fait le récit de la crise finale qui le mène à se convertir et à ne plus rechercher « ni épouse, ni rien de ce qu’on espère dans ce siècle » (Œuvres de Saint Augustin, ed. […] Lemoine, article Hallucination du Dictionnaire des sciences philosophiques, à la fin ; et De la physionomie et de la parole, p. 169. […] La phrase citée s’achève plus exactement ainsi : « … il préparait ses mots fins, ses phrases à la Talleyrand, en supposant de petites circonstances favorables à la déclaration sur laquelle il fondait son avenir. »] 231.

745. (1924) Critiques et romanciers

L’ennui, c’est que la perpétuelle injure, à la fin, cesse de porter coup. […] Il en soutirait, du moins, à la fin du siècle dernier. […] S’ils le lâchaient, « c’est que leur fin serait proche, ou la sienne ; et la fin de l’Angleterre ne serait pas loin ». […] La tristesse a des nuances très fines que la gaîté ne paraît point avoir. […] Est-ce la fin de cet ouvrage ?

746. (1921) Esquisses critiques. Première série

On pourrait continuer sans fin ces agaçantes critiques. […] Il y eut des époques où l’on ne pouvait impunément conter sans fin des histoires parfaitement immorales. […] Un esprit cocasse plutôt que fin, abondant en drôleries saugrenues et ahurissantes, s’y déverse sans fatigue. […] Marcel Boulenger se plaît à de si fines études, et y excelle. […] Marcel Boulenger tendent donc à la même fin que ses chroniques : il les rencontrent, il les recoupent.

747. (1932) Les idées politiques de la France

On imagine le romantisme décoratif de la Fin de Satan suscitant, de celles-là, Jeanne d’Arc. […] La gratuité, qui gagne chaque année une classe de plus, n’est pas une fin, c’est un moyen. […] vivement la fin de la guerre, pour qu’on la retrouve, la vraie vie militaire — ?!  […] Le socialisme tient seul la paix pour une fin en soi. […] Elle mettait fin au plus dur procès de races de l’Europe.

748. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Ce mot a du rapport avec finir : de-là viennent les finesses de l’art ; ainsi l’on dit la finesse du pinceau de Vanderwerf, de Mieris ; on dit un cheval fin, de l’or fin, un diamant fin. Le cheval fin est opposé au cheval grossier ; le diamant fin au faux ; l’or fin ou affiné, à l’or mêlé d’alliage. […] Ce fil s’est cassé, il étoit trop fin ; cette étoffe est trop fine pour la saison. […] Le proverbe des finesses cousues de fil blanc, prouve que ce mot au sens figuré, vient du sens propre de couture fine, d’étoffe fine. […] L’infini est-il autre chose que l’image de cette même mesure que vous prolongez sans fin ?

749. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Cette critique est fine, courtoise, parfois spirituelle. […] Les lettrés les plus fins le partagent. […] On désapprend aussi les secrets de la peinture, de la sculpture et de la construction ; l’art perd ses instruments les plus fins, et cette perte, il ne la sent pas. […] Il leur arriva de ne donner à leurs livres ni commencement, ni milieu, ni fin. […] Rien ne fatigue à la fin comme un idéal d’emprunt.

750. (1890) Dramaturges et romanciers

Où a-t-on vu que des passions soudaines eussent jamais une fin heureuse ? […] Son originalité, qui est des plus fines et des plus subtiles, se trouve en même temps des plus solides et des plus vraies. […] Feuillet s’est emparé et dont il a fait la matière de ses délicats et fins bijoux. […] Non, et nous défierions bien l’esprit le plus ingénieux de mener à fin une telle gageure sans puérilité et sans emphase. […] Il n’a point renoncé cependant à ces qualités, seulement il les a détournées de leur fin et les a réduites à l’état de moyens.

751. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mort de M. Vinet »

Profondément estimé en France de tous ceux qui avaient lu quelques-uns de ses morceaux de morale et de critique dans lesquels une pensée si forte et si fine se revêtait d’un style ingénieux et savant, il laisse un vide bien plus grand que la place même qu’il occupait, et il serait impossible de donner idée de la nature d’une telle perte à quiconque ne l’a pas vu au sein de ce monde un peu extérieur à la France, mais si étendu et si vivant, dont il était l’une des lumières. […] Toutes ses qualités précises et fines ont passé dans ses écrits, mais il restera de lui une plus haute encore et plus chère idée à ceux qui l’ont entendu.

752. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 4. Physionomie générale du moyen âge. »

Pauvre et triste temps que cette fin du xe  siècle où se fait entendre à nous la voix grêle qui dit la vie et la mort de saint Léger. […] Même tout l’art dont est capable ce moyen âge qui lut les chefs-d’œuvre de la poésie antique sans y remarquer la fine splendeur des formes, cet art sortira de là : il manifestera l’énergie de son individualisme par ses châteaux, et la vivacité de sa foi par ses églises.

753. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre V. Suite des précédents. — Héloïse et Abeilard. »

Julie, sans le savoir, approche de sa fin, et les ombres du tombeau, qui commencent à s’entrouvrir pour elle, laissent éclater à ses yeux un rayon de l’Excellence divine. […] Héloïse aime, Héloïse brûle ; mais là s’élèvent des murs glacés ; là tout s’éteint sous des marbres insensibles ; là des flammes éternelles, ou des récompenses sans fin, attendent sa chute ou son triomphe.

754. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

la physionomie, à la fin, ressortira. […] Au fait, il aimait la France, quoiqu’il ne dût jamais venir à Paris que quelques jours sur la fin. […] Le Consulat surtout en tint compte et s’y fonda ; l’Empire à la fin la méconnut tout à fait et se perdit. […] Voir ci-après l’Appendice, à la fin du présent volume. […] J’en donne un extrait dans l’Appendice ci-après, à la fin de ce volume.

755. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Pour exprimer une telle doctrine, il faut une langue souple et mobile, fine et flottante, quelque peu nuageuse. […] Pourquoi écarter d’abord par une fin de non-recevoir toutes les solutions pour choisir ensuite celle qui vous convient ? […] Tout au plus pourra-t-on dire que, s’il y a une cause prévoyante qui poursuit des fins, cette cause n’a pas su et n’a pas pu toujours trouver les meilleurs moyens d’arriver à ses fins. » Telle serait la seule conclusion légitime de l’expérience (j’entends au point de vue positiviste). […] C’est que la propriété de s’accommoder à des fins, de s’ajuster, comme il dit, est une des propriétés de la matière organisée. […] Littré appelle la propriété de s’ajuster à des fins ?)

756. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Vers l’âge de douze ans, il jouait la tragédie en grec à sa pension, dans les exercices de la fin de l’année ; il sait encore et récite aujourd’hui à nos oreilles un peu déconcertées tout son rôle d’Ulysse, de la tragédie de Philoctète. […] Delille, qui vient de mourir, y reçoit de fines critiques s’exhalant dans des hommages, et cet habile et inexprimable mélange dénotait bien celui qui saurait, sans refuser l’admiration, maintenir la dignité et la malice délicate de la critique devant les poëtes. […] Villemain, un jour d’été de 1827, vers la fin du ministère Villèle, un auditeur s’était glissé dans la foule, quelques instants avant l’entrée du maître ; mais il s’était mal dérobé aux regards, en s’asseyant bien vite sous la statue de Fénelon. […] Villemain, professeur, a toujours aimé toucher vers la fin du discours, comme on arrivait avec joie près du temple de Delphes, sur ce terrain sacré où cessaient les guerres. […] On peut apprécier par lui certaines qualités fines de M.

757. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

. — État de divers domaines à la fin de Louis XV. — Prélèvements du décimateur et du fisc. — Ce qui reste au propriétaire. […] Jugez de la part exorbitante que s’adjugent l’Église et l’État, puisque, avec des frais de culture si minimes, le propriétaire trouve dans sa poche, à la fin de l’année, 6 ou 8 sous par arpent, sur quoi, lorsqu’il est roturier, il doit encore payer les redevances à son seigneur, mettre pour la milice à la bourse commune, acheter son sel de devoir, faire sa corvée, et le reste. Vers la fin du règne de Louis XV, en Limousin, dit Turgot, le roi, à lui seul, tire « à peu près autant de la terre que le propriétaire658 ». […] Naturellement, « les habitants emploient les ruses les plus fines et les mieux combinées pour se soustraire » à des droits si forts. […] Ainsi, tout l’impôt porte sur le peuple, et l’évêque, le marquis, le président, le gros négociant payent moins pour leur dîner de poisson fin et de becfigues que le calfat ou le porte-faix pour ses deux livres de pain frotté d’ail !

758. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Le visiteur se résignant à attendre la fin de la chasse d’Hokousaï, il obtenait le dessin qu’il désirait. […] Et, jusqu’au bout, jusqu’à la fin de la neuvième série, toujours des images différentes ne se répétant pas. […] A la fin, la mère se doute de cet amour et charge un mauvais prêtre d’enlever « l’Assiette cassée » et de la noyer. […] A la fin de l’édition en noir l’éditeur annonçait la publication de trois volumes qui devaient suivre et qui n’ont pas paru. […] A la fin de cet album est une lettre d’Hokousaï signée : Gwakiôjin.

759. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française, par M. D. Nisard. Tome iv. » pp. 207-218

Il ne se contenterait même pas volontiers d’entremêler de réflexions judicieuses, saines ou fines, les beaux endroits des auteurs qu’il étudie et dont il offrirait des exemples choisis à ses lecteurs. […] Le dernier volume qui comprend bien des périodes, bien des successions d’écoles et des révolutions de goût, depuis la fin du xviie  siècle jusques et y compris le commencement du xixe , offre un intérêt très vif : la manière seule dont les questions sont posées pique mon attention et m’arrête à chaque pas. […] Sur Fontenelle, sur Lamotte, que de vues fines, de distinctions précises et pénétrantes !

760. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « À M. le directeur gérant du Moniteur » pp. 345-355

Je me fais ces questions, je reste ouvert et attentif aux réponses qui m’arrivent de temps en temps du dehors, et je ne me laisse pas détourner par cette fin de non recevoir très à la mode depuis quelques années, la morale et le beau. […] Eh bien, à la longue, elle n’a pas échappé au vice littéraire le plus commun et le plus triste : l’envie, vers la fin, s’y était nichée, et, un jour, mon cher directeur, ma probité même et ma conscience d’écrivain y ont été incriminées… Pourquoi ? […] Baudelaire est un des plus anciens parmi ceux que j’appelle mes jeunes amis : il sait le cas que je fais de son esprit fin, de son talent habile et curieux.

761. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers (suite) »

Dès cinq heures, Napoléon se trouva privé ainsi de cette réserve qu’il avait toujours eu soin de garder disponible pour la fin des batailles. […] « Une bataille », a dit à ce propos Napoléon, « est une action dramatique qui a son commencement, son milieu et sa fin. […] C’est à regret et à mon corps défendant que je me suis vu forcé de toucher ce point littéraire et de goût, à la fin d’un récit où toute littérature s’oublie et cesse, où ce serait le triomphe de la peinture elle-même de ne point paraître une peinture, où l’histoire doit à peine laisser apercevoir l’historien, et où la page la plus belle, la plus digne du héros tombé et de la patrie vaincue avec lui, ne peut se payer que d’une larme silencieuse.

762. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

Cela était plus vrai de l’homme même, aimable, imprévu, d’un sourire fin, parfois d’une malice gracieuse et qui n’altérait en rien l’exquise courtoisie ni la parfaite bienveillance. […] Molé a cru qu’il était à propos de commencer par quelques considérations sur la puissance de l’esprit en France, et il a trouvé à cette puissance des raisons fines. […] » — Soumet était, caressant et malin, un peu creux d’idées, voulant par moments faire croire à je ne sais quelle métaphysique qu’il ne possédait pas, très-aimable quand il ne parlait que de vers, pourtant très-comédien toujours, même dans les moindres circonstances de la vie, ne s’étant jamais consolé de la fuite de la jeunesse, et en prolongeant l’illusion jusqu’à la fin.

763. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — I »

Sans remonter si haut, si de nos jours le vénérable Goethe, dérogeant une fois à cet esprit de sagesse et d’à-propos qu’il sait porter en toutes choses, s’avisait sur la fin de sa carrière d’un effort malencontreux, qui de nous aurait le courage ou plutôt la lâcheté de relever sans pitié l’illusion du grand poëte, et de rompre par de rudes et inutiles vérités le calme religieux dans lequel il jouit de sa gloire ? […] Sous ce rapport ils dépassèrent bientôt toutes les bornes, et manifestèrent, jusque dans le salon de leurs patrons, un fanatisme d’opinion, une hauteur dogmatique, et un langage qui obligea le vieux Fontenelle lui-même à confesser qu’il était épouvanté de cet excès de suffisance que l’on remarquait partout dans la société. » L’auteur a bien raison de dire le vieux Fontenelle : car aux sombres couleurs qu’il emploie, nous, nous pensions déjà à la fin du XVIIIe siècle, et la longévité de Fontenelle aurait peine à y atteindre. […] Et d’abord, le jour de la première séance, il nous montre « tous les yeux fixés sur les représentants du tiers état, vêtus  d’un habit modeste, conformes à leur humble naissance et à leurs occupations habituelles. » Il nous apprend que, parmi ces représentants, si modestement vêtus, se trouvaient beaucoup de gens de lettres « qu’on a y avait appelés, parce qu’on les savait partisans de  systèmes, la plupart incompatibles avec l’état présent  des choses ; que, dans le principe, ces gens de lettres avaient été tenus à l’écart par les avocats et les  financiers, leurs collègues ; mais qu’à la fin ils avaient  repris le dessus et s’étaient faits républicains décidés » ; — que pourtant ces républicains décidés, lesquels étaient« d’un ordre plus élevé et de sentiments plus honorables » — que les jacobins de club, avaient surnommé ceux-ci « les enragés » ; — que néanmoins il y avait dans l’Assemblée de furieux démagogues, désignés sous le nom de Montagne ; et que, « quand les jacobins de la Montagne s’efforçaient d’interrompre Mirabeau par leurs rugissements, celui ci s’écriait d’une voix de tonnerre : Silence aux trente voix !

764. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

La masse, à la fin, s’est irritée d’être en spectacle et en jeu ; elle s’est ruée ; elle a crié à son tour aux rois et aux puissants, tout pâles devant elle, de l’amuser du balcon ; ç’a été dans le premier moment une parade sanglante ; depuis lors il n’y a plus, à vrai dire, que de la foule et du peuple. […] L’Irlande est désormais la question vitale pour l’Angleterre ; l’Irlande opprimée et martyrisée depuis des siècles, l’Irlande traitée en conquête, pressurée sans relâche par le Saxon, par le Normand, par Jacques Ier, par Cromwell, par Guillaume d’Orange ; l’Irlande, cette noble et sainte Pologne de l’Océan, inépuisable en douleur comme en espérance ; l’inextinguible Irlande, un moment voisine de l’émancipation à la fin du dernier siècle, se lève aujourd’hui en armes pour regagner ses droits, pour faire sa révolution étouffée en 98 ; elle ne connaît plus Guillaume IV, ni ses officiers, ni ses prélats, ni le parlement britannique ; elle n’obéit qu’à son O’Connell, qui chargé de plaider pour elle à Westminster, s’y montre moins à l’aise, il faut le dire, que sur la terre nationale, au milieu de son peuple. […] Des scènes vraies, habiles, du comique de situation, des détails fins et de jolis mots en abondance, des endroits mêmes d’un pathétique assez naturel, tout cela monté à merveille et joué avec ensemble, remplit délicieusement deux heures de soirée, et ne laisse pas jour à la critique qui s’endort sur une agréable impression.

765. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Troplong : De la chute de la République romaine »

Les Romains de la fin de la République avaient des institutions qui mettaient en jeu les mêmes facultés, les mêmes passions que nous avons vues à l’œuvre ; ils assistaient à des révolutions analogues ; les caractères soumis aux mêmes épreuves prenaient les mêmes formes ; et, en se transportant parmi eux au siècle de Cicéron, on pourrait, au premier abord, se croire encore parmi nous. […] Troplong s’est appliqué à rassembler les notions les plus précises pour faire voir où était, après tout, le salut et l’homme nécessaire de Rome à cette fin de la République. […] j’appelle girondinisme en politique vouloir imprudemment les moyens, accumuler les motifs, les émotions et les impulsions, sans vouloir la fin.

766. (1895) Histoire de la littérature française « Avant-propos »

La littérature est, dans le plus noble sens du mot, une vulgarisation de la philosophie : c’est par elle que passent à travers nos sociétés tous les grands courants philosophiques, qui déterminent les progrès ou du moins les changements sociaux ; c’est elle qui entretient dans les âmes, autrement déprimées par la nécessité de vivre et submergées par les préoccupations matérielles, l’inquiétude des hautes questions qui dominent la vie et lui donnent sens ou fin. […] Le xixe  siècle littéraire est actuellement fini : il est très vraisemblable que les œuvres considérables de la fin du siècle, s’il s’en produit, seront le commencement d’une nouvelle période de notre littérature. […] Je ne pouvais, en aucune partie de ce travail, perdre de vue ni laisser oublier que tous les secours de l’érudition et de la critique, toute l’écriture amassée autour des textes, celle des autres comme la mienne, ont pour fin dernière la lecture personnelle des textes.

767. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La Plume » pp. 129-149

Ce fut à la fin de l’été de 1889, six mois après la naissance de la Plume, que Léon Deschamps s’avisa de réunir, chaque samedi soir, les artistes et les poètes, pour, dit amusamment Maillard, « ajouter une note d’art vrai aux bruits cosmopolites de l’Exposition universelle ». […] C’est le nouveau Tyrtée, c’est le fougueux poète Laurent Tailhade pour qui la littérature n’était jadis qu’une bague au doigt, et qui prélude aujourd’hui à la phase héroïque de sa destinée, abominant le mufle ; il offre un mélange d’onction et de morgue castillane ; il fait chatoyer, avec des gestes menus, aux feux de son débit avisé, les joyaux de fine orfèvrerie de ses ballades précieuses. […] Les voici : Jacques Ferny, beaucoup plus spi    rituel que Roqu’laure, Sait, avec art, tirer parti    Des chroniqu’s de Roch’fore… Dreling, dreling, dreling, dreling… Marcel Legay s’enflamme, Et tendre ou fougueux, son refrain Fait un bruit d’grelots ou d’tocsin Mais c’est la fin.

768. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XI. Le royaume de Dieu conçu comme l’événement des pauvres. »

A la fin du IIe siècle, ces bons sectaires, demeurés en dehors du grand courant qui avait emporté les autres églises, sont traités d’hérétiques (Ébionîtes), et on invente pour expliquer leur nom un prétendu hérésiarque Ébion 515. […] François d’Assise, l’homme du monde qui, par son exquise bonté, sa communion délicate, fine et tendre avec la vie universelle, a le plus ressemblé à Jésus, fut un pauvre. […] » Jésus avait alors de fines réponses, qui exaspéraient les hypocrites : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin 521 » ; ou bien : « Le berger qui a perdu une brebis sur cent laisse les quatre-vingt-dix-neuf autres pour courir après la perdue, et, quand il l’a trouvée, il la rapporte avec joie sur ses épaules 522 » ; ou bien : « Le fils de l’homme est venu sauver ce qui était perdu 523 » ; ou encore : « Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs 524 » ; enfin cette délicieuse parabole du fils prodigue, où celui qui a failli est présenté comme ayant une sorte de privilège d’amour sur celui qui a toujours été juste.

769. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Œuvres littéraires de M. Villemain (« Collection Didier », 10 vol.), Œuvres littéraires de M. Cousin (3 vol.) » pp. 108-120

Les diverses phases par lesquelles la prose a passé depuis la fin du xvie  siècle s’éclairent avec précision ; les moindres variations de régime dans les formes et les vogues successives du langage viennent se fixer avec une sorte de méthode et de rigueur, non seulement par l’étude de quelques écrivains célèbres, mais aussi par celle de beaucoup d’écrivains secondaires et pourtant agréables, auxquels on avait peu songé. […] Villemain, large et fin, avance comme un flot ; il ne laisse aucun point de la pensée sans l’embrasser et la revêtir. […] Villemain a des teintes plus fines, M. 

770. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XX. Mme Gustave Haller »

Quand il parut, c’est ainsi que je le traitai, en n’en parlant pas, je le traitai comme une chose légère et manquée… manquée par une femme, jolie peut-être, et qui, si elle est jolie, n’a pas besoin d’être bas-bleu… Je laissai les galantins de la Critique se ruer aux compliments, selon leur usage, dès que la moindre femme écrit la moindre chose ; et elle, je la laissai aussi faire sa compote de tous leurs compliments, entassés à la fin de son volume. […] On s’attendait à une audace, à quelque paradoxe hardi sous ce pavillon de Vertu, si fastueusement étalé et qui ne dit rien, s’il ne dit beaucoup ; car, excepté dans les romans, marqués à la sale patte du Réalisme contemporain, où l’on abolit la loi d’art des contrastes et où l’on vous sert du vice tout pur, sans aucun mélange ; excepté dans ces monstrueuses compositions qui sont la fin de toute littérature, il y a toujours dans les livres vrais comme dans les plus faux, une prétention à la vertu quelconque, depuis l’admirable Clarisse de Richardson qui pourrait aussi s’appeler Vertu, jusqu’à l’impossible Jacques de Mme Sand, qui a de la vertu, selon elle, puisqu’il se sacrifie héroïquement à l’amant de sa femme et se tue pour, lui donner son lit. […] La vertu du roman de Mme Gustave Haller est le contrepied du vice de la femme de La Fontaine, qui fait de l’œuf pondu le matin par son mari, cent œufs au moins pondus par lui, à la fin de la journée.

771. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Jacques Cœur et Charles VII »

Pour cette raison, sans nul doute, la littérature anglaise, plus qu’aucune autre littérature, abonde en biographies, en vies historiques précises, tranchées, prises plus profond et plus fin que l’histoire même. […] Les bêtes errant dans les campagnes, entendant le tocsin, prenaient la fuite et gagnaient d’elles-mêmes leurs retraites… » Ce fut le temps des Retondeurs et des Écorcheurs, plus terribles au pays que l’Anglais même… En l’an 1000, on avait cru généralement à la fin du monde, mais sous les premières années du règne de Charles VII, on aurait pu croire à la fin de la France, infailliblement perdue sans Jeanne d’Arc, et l’on peut ajouter aussi : sans Jacques Cœur.

772. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

Nonobstant ces causes d’insuccès actuel, Didier n’a pas hésité à réimprimer un livre qui n’a pas eu son jour encore et qui n’a réussi que parmi les esprits fins, choisis, connaisseurs, antidatés, mais qui sont les véritables précurseurs des succès durables. […] Critique fin comme un lynx, — trop fin peut-être, — ayant ce ton détaché qui est à cent lieues en l’air du pédantisme et que Beyle aurait aimé plus que personne, spirituel, incisif, pénétrant, mais pénétrant comme une pointe, ayant sous chaque mot dont il se sert une aiguille d’or qu’il enfonce délicatement dans la tête des sots, Paulin Limayrac devait comprendre ce mélange de dandy, d’officier, d’artiste, d’homme du monde, de penseur original, d’humoriste, de touriste, d’excentrique et d’ironique que fut cette Chimère fabuleuse qui répondait au nom de Beyle… ou plutôt qui n’y répondait pas.

773. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

I Voici un roman dont le succès a été rapide et… inquiétant pour la Critique, qui sait trop les causes du succès… Publié vers la fin de l’année, il était déjà, avant que l’année soit révolue, à sa seconde édition. […] La Louise 10 d’Édouard Gourdon est, au contraire, une œuvre courte, fine, passionnée, sans grands événements extérieurs, un de ces livres dont le sens se perd un jour mais se retrouve l’autre, car il est éternel comme le cœur ; livres brefs, mais pleins, qui n’ont besoin pour intéresser le lecteur que d’une seule situation profondément creusée ou d’un seul sentiment éloquemment exprimé. […] Édouard Gourdon, dont le talent est ongle, n’a pourtant pas eu le coup d’ongle de la fin qui fait tourner l’œuvre et la lance.

774. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVI. Des sophistes grecs ; du genre de leur éloquence et de leurs éloges ; panégyriques depuis Trajan jusqu’à Dioclétien. »

Tout homme qui veut être applaudi, dénature sa pensée ; ou il en cache une partie pour faire davantage briller l’autre, ou il saisit un rapport qui étonne et qui est plus singulier que vrai ; ou il détache ce qui devrait être fondu dans l’ensemble, et le met en saillie, ou pour avoir l’air de s’élever et de voir de plus haut, il généralise un sentiment qui ne conserve sa force qu’autant qu’il est lié à une situation ; ou il ajoute au sentiment même, et pour étonner il exagère, ou par une expression recherchée il veut donner une tournure fine à ce qui devrait être simple, ou il tâche d’unir la finesse à la force pour surprendre par l’assemblage de deux qualités contraires, ou enfin pour arrêter et fixer partout l’attention, il multiplie les détails et néglige la grandeur et la marche de l’ensemble. […] La fin de ce discours est une fiction moitié poétique et moitié morale, dans le goût de celles de Lucien. […] Telle est la fin de ce discours qui est adressé à Trajan même, et où l’on reconnaît par tout le héros qu’il a voulu peindre ; on peut dire que c’est une espèce d’éloge allégorique.

775. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. De Mascaron et de Bossuet. »

Il est alors plus ingénieux que vrai, plus fin que naturel. […] Mais la partie la plus éloquente de cet éloge, c’est la fin. […] le digne sujet de nos louanges et de nos regrets, vous vivrez éternellement dans ma mémoire ; … agréez ces derniers efforts d’une voix qui vous fut connue ; vous mettrez fin à tous ces discours.

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