Il avait le plus grand talent pour les négociations, comme on le voit dans les mémoires de Dalrimple imprimés de nos jours ; mais de son temps, il ne passait que pour un homme de beaucoup d’esprit et un homme de plaisir.
Grandes, petites circonstances, affaires publiques, affaires domestiques, en tout il dispose ouvertement ou clandestinement des esprits, selon sa pusillanimité ou son audace.
L’homme qui l’a écrit a une idée ; mais Dieu, qui a la sienne aussi, lui fait dire ce qu’il ne comprend pas, même en le disant ; et ce n’en est que plus frappant et plus sublime… Il combattit jusqu’à l’aurore… Et c’était l’Esprit du Seigneur !
Il n’est, ni naturellement, ni archaïquement, d’esprit gaulois.
Partout le peuple reconnaissait les images de ses grands hommes ; et sous le plus beau ciel, dans les plus belles campagnes, parmi des bocages ou des forêts sacrées, parmi les cérémonies et les fêtes religieuses les plus brillantes, environnés d’une foule d’artistes, d’orateurs et de poètes, qui tous peignaient, modelaient, célébraient ou chantaient des héros, marchant au bruit enchanteur de la poésie et de la musique, qui étaient animées du même esprit, les Grecs victorieux et libres ne voyaient, ne sentaient, ne respiraient partout que l’ivresse de la gloire et de l’immortalité.
Et je vis dans cette anxiété jusqu’au dîner, où je trouve toute la maison Charpentier, dans la tranquillité la plus parfaite d’esprit. […] * * * — Saint-Simon jugé par Mme du Deffand : « Le style est abominable, les portraits mal faits, l’auteur n’était point un homme d’esprit. » Jeudi 11 octobre Il y a chez moi une aversion telle de la politique, qu’aujourd’hui, où c’est vraiment un devoir de voter, je m’abstiens… J’aurais passé toute ma vie, sans voter une seule fois !
S’il suffit d’une médiocre culture pour le comprendre, il faut avoir l’esprit raffiné pour le goûter entièrement.
Mais cette race élue portait en elle des divinités qui devaient conquérir le monde : les génies de la beauté, de la civilisation, de l’éducation, du progrès ; une religion ouverte à toutes les hardiesses et à toutes les conceptions de l’esprit, le sens unique et parfait des arts, le culte des idées pures, un don de perfectionnement qui transformait tout ce qu’elle touchait.
Michel Bréal est un esprit trop littéraire pour songer à le contester.
En effet, tel que le voilà, s’il est creux, il est grave ; et la gravité est une tartufferie de l’esprit qui réussit toujours, avec ce peuple d’Orgons intellectuels dont le monde est fait.
·… Mais, avec le Paradis perdu, voilà que tout change d’aspect, en un instant, dans les passions de l’esprit humain.
pendant que le député radical, enlevant ses chevaux d’un coup de fouet, lui crie : Eh bien, ma bonne femme, il faut p… Samedi 18 février Raffaëlli, un esprit inquiet, bouleverseur du travail de la veille, tourmenté par la trouvaille d’intentions littéraires et psychiques en peinture. […] Samedi 15 septembre Ce soir, Daudet dit qu’il n’y a pas de livre, sur le compte duquel son jugement ne change pas, quand il le relit au bout de dix ans, et plaisante un peu l’immuabilité des religions littéraires de sa femme, restant constamment et fidèlement attachée à Leconte de Lisle, aux Goncourt, etc., et se servant du mot manie, pour caractériser ce manque d’évolution de l’esprit de sa femme. […] Lundi 15 octobre Avoir besoin de rationner ses lectures dans un moment d’oisiveté de l’esprit, où l’on voudrait lire tout ce qu’on n’a pas lu. […] Rosny, après avoir aujourd’hui vanté la solidité de sa santé et déploré le manque d’une maladie, en général attestatrice du talent, chez un écrivain, confesse cependant qu’il est un angoisseux, que son esprit se forge des ennemis qu’il n’a pas, et qu’en tisonnant au coin du feu, dans la flambée de sa cheminée, parfois il voit, comme des êtres chimériques, lui voulant du mal.
Telle qu’elle se peint dans le récit de l’historien, la seconde moitié de la Convention ne dépare pas la première, elle en est digne, et quoique le jugement dans notre esprit ne soit pas pleinement un éloge, c’est encore moins une injure.
Par exemple, près de Liancourt, le duc de la Rochefoucauld avait un terrain inculte ; « dès le commencement de la Révolution800, les pauvres de la ville déclarent que, puisqu’ils font partie de la nation, les terrains incultes, propriété de la nation, leur appartiennent », et tout de suite, « sans autre formalité », ils entrent en possession, se partagent le sol, plantent des haies et défrichent. « Ceci, dit Arthur Young, montre l’esprit général… Poussées un peu loin, les conséquences ne seraient pas petites pour la propriété dans ce royaume. » Déjà, l’année précédente, auprès de Rouen, les maraudeurs, qui abattaient et vendaient les forêts, disaient que « le peuple a le droit de prendre tout ce qui est nécessaire à ses besoins » On leur a prêché qu’ils sont souverains, et ils agissent en souverains.
Les horizons mal fermés de ces scènes lointaines incitent au rêve mieux qu’une pièce bien close d’Émile Augier ; et les esprits les plus incurablement classiques se souviendront que les régents qui gardent devant les lycéens les chefs-d’œuvre nationaux situent le charme décisif et supérieur du Misanthrope dans l’incertitude, presque l’inexistence du dénouement.
Les danseurs eux-mêmes n’entrerent qu’avec peine dans l’esprit des nouveaux airs, et souvent il arriva que Lulli fut obligé de composer lui-même les entrées qu’il vouloit faire danser sur les airs dont je parle.
Comme ils ont beaucoup de justesse d’esprit, ils en concluent que ce ne sont pas les vers, en tant que vers, qui font bâiller tant de lecteurs, mais les vers vides de choses et d’idées, qui ne disent rien, qui n’expriment rien, où il n’y a rien ni à retenir, ni à remarquer, où l’on ne trouve, si je puis parler de la sorte, que les haillons usés de la poésie, et Zéphyre et Flore, et les ailes de l’Amour, et la montagne au double sommet, et l’Hippocrène où il faudrait noyer tous les mauvais vers, et peut-être aussi les mauvais poètes.
Dans le domaine de l’action comme dans celui de la pensée, Guizot est un esprit qui ne fut jamais sûr de rien.
Inconséquent à tout quand il s’agit de Dieu, dédiant à Dieu son livre, dans une pose naïve de gladiateur enfant, au milieu du cirque de l’athéisme contemporain qui le nie de toutes parts, déiste d’un déisme involontaire et fatal, à travers lequel l’idée chrétienne coule, sans qu’il s’en doute peut-être, comme le sang dans la chair humaine ; déiste malgré lui, qui eût fait effacer à Bossuet sa phrase célèbre : « Le déisme n’est qu’un athéisme déguisé », voilà, en quelques mots, ce poète nouveau, à son début, qui lave les sottises de son esprit dans l’émotion de sa poésie, ce jouvenceau de vingt-trois ans qui s’en vient orgueilleusement demander à la Critique de l’égorger, si elle l’ose… et celle-ci, comme vous le voyez, ne l’égorge pas !
L’aube, ici, c’est l’apparition de la mort, qui hante déjà l’esprit de la poétesse. […] Mais la femme, pour l’excitation mentale et sexuelle des hommes, se drape en un double mensonge ; par la déformation artistique de la ligne féminine, qu’est son vêtement, quelle que soit la forme imposée par la mode, elle se crée physiquement autre ; mais son esprit réclame une déformation identique. […] Ils ont de la boue au fond de l’âme, et malheur à eux, si leur boue a de l’esprit. […] L’esprit français, quoi qu’on en ait dit, est imperméable à certaines idées allemandes ; c’est une question de race, d’espèce : et ce que nous aimons dans les littératures du Nord, c’est toujours notre propre littérature. […] Ce qui a pu faire croire au nietzschéisme de ce roman, c’est qu’il remonte, par-dessus le romantisme, à la vraie tradition du roman français, l’esprit de ces xviie et xviiie siècles, si chers au philosophe allemand.
» Si nous tentions d’y répondre, nous ne parviendrions qu’à prouver une fois de plus l’insuffisance de l’esprit humain à rien expliquer et rien définir. […] Les règles mêmes de la composition entraient dans sa frêle intelligence ; avant de comprendre les lettres il lisait les notes et comprenait la grammaire des sons ; à l’âge de quatre ans et quelques mois il jouait du petit violon de poche à la proportion de sa taille, et il étudiait par imitation le doigté de l’orgue sur les genoux de l’organiste ; semblable aux anges du tableau de Raphaël, accoudés aux pieds de sainte Cécile, esprits enfantins qui savent tout sans avoir rien appris. […] La première lettre du père de Wolfgang, datée du 16 octobre 1762, rend parfaitement compte de l’esprit et des incidents de ce voyage d’artiste ambulant, montrant pour un peu d’argent ou pour quelques cadeaux son phénomène vivant aux bourgeois, aux grands et aux princes.
« Le bon châtelain envoyait souvent en secret savoir ce que je faisais ; et comme, le dernier du mois de juillet, me réjouissant en moi-même de cette grande fête qui se célèbre tous les ans à Rome, le premier d’août, je me disais : Jusqu’ici j’ai fait cette fête avec un esprit mondain ; cette année, je la ferai avec un cœur tout en Dieu : combien j’y trouverai plus de plaisir ! […] La nuit je faisais les songes les plus agréables ; et il me semblait être toujours avec cet esprit invisible qui me donnait de si salutaires avertissements. » Le pape Clément VII, protecteur de Benvenuto, meurt en admirant ses chefs-d’œuvre. […] Lorsque j’eus fini mon modèle, je l’enfermai dans une petite boîte, et je dis au duc : Que Votre Excellence soit tranquille, je lui ferai une médaille plus belle que celle du pape Clément, parce que la sienne était la première que j’eusse faite ; et Mgr Laurent, qui a de l’esprit et de la science, me donnera l’idée d’un revers qui soit digne de vous.
— J’aurais pu traiter des instincts dans le chapitre précédent, mais j’ai pensé qu’il était préférable de leur consacrer un chapitre spécial ; d’autant plus que l’instinct merveilleux qui porte l’Abeille à construire ses cellules se sera présenté à l’esprit de beaucoup de lecteurs comme une objection suffisante pour renverser toute ma théorie. […] Smith, j’ai voulu constater les faits par mes propres yeux, et c’est même avec une disposition d’esprit un peu sceptique que j’en abordai l’examen. […] En somme, et lors même que ce ne serait pas en vertu d’une déduction rigoureusement logique, il me paraîtrait encore plus satisfaisant pour l’esprit de considérer des instincts, tels que celui du jeune Coucou, qui repousse-hors du nid ses jeunes frères d’adoption, celui des Fourmis esclavagistes, ou celui des larves de l’Ichneumon qui se nourrissent dans le corps de la Chenille, non pas comme le résultat d’autant d’actes créateurs spéciaux, mais comme de petites conséquences contingentes d’une seule loi générale ayant pour but le progrès de tous les êtres organisés, c’est-à-dire leur multiplication, leur transformation, et enfin la condamnation des plus faibles à une mort certaine, mais généralement prompte, et la sélection continuelle des plus forts pour une vie longue et heureuse, continuée par une postérité nombreuse et florissante.
La diversion fait l’intérêt des yeux et de l’esprit, car nous ne nous plaisons qu’en curiosité. […] Le contact avec le monde, qui pénètre dans sa solitude avec son frère et les amis de son frère, leur doute, leur changement d’opinion, même quand ils habitent avec ce féroce esprit, l’abbé de Lamennais, qui avait des fanatismes éloquents pour toutes les causes et qui ne permettait le doute à personne, parce qu’il ne permettait de douter de rien pendant qu’il affirmait lui-même, génie de l’expression, né pour être le prophète de toutes les persécutions comme saint Paul, ou pour le christianisme ou contre lui ; tout cela avait évidemment agi sur Mlle de Guérin.
Les esprits impartiaux rendront justice aux sentiments de convenances personnelles et politiques qui lui imposent désormais le devoir de ne répondre aux fausses interprétations que par le silence, aux injures littéraires que par l’oubli, aux insultes personnelles que par la mesure et la fermeté que tout homme doit retrouver en soi, quand on en appelle de son talent à son caractère. […] C’était un homme d’un esprit très expert et d’un caractère très agréable, mais d’autant plus hostile à la France que, étant lui-même Français d’origine, il avait plus à cœur de paraître servir son souverain allemand par une opposition innée à tout ce qui pouvait rappeler la constitution semi-révolutionnaire dans le gouvernement de Louis XVIII.
non, dit-il, nous étions assez de monde à la maison sans lui pour soigner les animaux et pour servir de valets de ferme au père ; mon frère aîné était entré depuis deux ans, comme porte-clefs de la prison, dans la maison du bargello ; notre aïeule l’avait ainsi voulu, pour que sa filleule, la fille du bargello, et son petit-fils, mon frère, eussent l’occasion de se voir tous les jours et de s’aimer ; car elle avait toujours eu ce mariage dans l’esprit, voyez-vous, et les grand-mères, qui n’ont plus rien à faire dans la maison, ça voit de loin et ça voit mieux que les autres. […] Et cependant, pendant ce moment qui me parut si long à l’esprit, je n’eus pas le temps de reprendre seulement ma respiration.
Voici un passage du texte original : « Odin chanta devant cette tombe l’évocation des morts, regarda le Nord et traça des runes ; il demanda une réponse, Wola se leva enfin, et chanta les paroles de mort : Wola « Quel est parmi les hommes cet homme à moi inconnu qui répand la tristesse dans mon esprit ? […] Un autre écrivain belge d’esprit et de talent, M.
Il sert son génie au lieu d’abaisser son esprit à servir ses besoins matériels et les fantaisies de sa sensibilité ou de sa vanité. […] Synthèse vivante, union mystérieuse du subjectif et de l’objectif, le symbole dit à la fois la nature avec sa poésie immanente et l’émotion de cœur et d’esprit du poète, son « immense extase de conviction », sa « compréhension véritablement affective ».
Il était d’une grande taille, portant la tête haute, surtout devant l’ennemi ; d’une tenue irréprochable ; doué d’un esprit fin et juste, d’un courage et d’une bravoure incontestables et incontestés ; il aurait figuré dans le nombre de ces nobles et vaillants chevaliers cités dans l’histoire et dans les poèmes épiques, qui ne comptaient leurs ennemis que quand ils avaient mordu la poussière.
Cette étude, qui nous a servi d’ailleurs à vérifier nos précédentes vues sur le roman, est inappréciable pour faire suivre à la trace et mettre à nu le travail intérieur qui s’est opéré dans l’esprit du poëte.
Divin esprit dont la France Adorera l’excellence Mille ans après son trépas, (Paris vaut bien l’Italie) L’assistance te supplie Que tu ne t’en ailles pas.
Un villageois, une villageoise, amoureux l’un de l’autre, font semblant d’être sans cesse en querelle devant leur tante, qui, par esprit de contradiction, consent à les marier.
Jésus les avait surnommés avec esprit « Fils du tonnerre », à cause de leur zèle excessif, qui, s’il eût disposé de la foudre, en eût trop souvent fait usage 444.
Là arrivent, tous les soirs, — car la bière vient du Grand Balcon, et la femme a le don capiteux de produire autour d’elle une certaine excitation de l’esprit et de mettre les imaginations en verve, — là arrivent le peintre Hafner, le plus bredouilleur des Alsaciens ; Valentin, le dessinateur de L’Illustration ; Deshayes, le petit maître aux tonalités grises, et le blond coloriste Voillemot, avec sa tignasse d’Apollon roussi, et Galetti, et le tout jeune Servin, et d’autres, et d’autres, et c’est toute la soirée un tapage et une débauche de paroles, que de temps en temps, solennellement, le maître de la maison réprime par un « Où te crois-tu !
Déjà les médecins qui ont de l’esprit n’osent plus guère appeler carpe le poignet ni décrire une écorchure au pouce en termes destinés sans doute à rehausser l’état de duelliste, mais aussi à ridiculiser l’état de chirurgien.
Dans la discussion brillante, mais un peu confuse, à laquelle elle a donné lieu, ce qui nous a paru le plus intéressant, ce sont les faits psychologiques mis en lumière par les divers observateurs, et qui ont révélé une indépendance remarquable entre diverses opérations de l’esprit, que l’on serait tenté de croire liées ensemble d’une manière indissoluble.