Turgot et moi qui aimions le peuple. » — « Ce discours est très vrai », écrivait Condorcet à Voltaire à cette date, en lui rapportant le mot de Louis XVI. […] Il serait curieux d’un autre côté de voir Mme Roland accueillir Condorcet, à son entrée dans le parti, avec méfiance malgré ses mérites, et l’estimer médiocrement recommandable, et Robespierre ensuite le foudroyer avec sévérité du haut de son puritanisme farouche (discours du 7 mai 1794).
» Ce simple mot devint le signal de l’applaudissement universel, et, à partir de là, tout le discours de Marmontel fut pris comme un persiflage, et tourné contre le nouvel élu : « L’homme de lettres que vous remplacez, — pacifique, — indulgent, — modeste, — ou du moins attentif à ne pas rendre pénible aux autres l’opinion qu’il avait de lui-même, — s’était annoncé par des talents heureux… » À chacun de ces mots flatteurs pour le défunt, on interrompait Marmontel, qui devenait malin à son tour, plus malin encore sans doute qu’il n’avait pensé l’être, et qui, par ses pauses marquées, se laissait très bien interrompre. […] On trouva en effet, dans les papiers saisis chez Robespierre, une lettre, pleine de flagorneries, que lui avait adressée La Harpe à l’occasion du discours prononcé, le 20 prairial an II, en l’honneur de l’Être suprême.
Ce n’est qu’à l’âge de cinquante-neuf ans, qu’à l’occasion d’un discours latin prononcé par lui dans une solennité universitaire, et où il insistait sur la nécessité de joindre à l’étude des lettres le soin des mœurs et l’esprit de la religion, ses collègues le pressèrent de développer ce qu’il n’avait pu qu’esquisser trop brièvement. […] Ce fut un bonheur du moins que, dans une des dernières occasions publiques où il se produisit, un discours latin qu’il prononça avec applaudissement ait fait naître un désir unanime de ses collègues de la faculté des arts, et qu’on l’ait engagé à écrire son Traité des études, par lequel il se rouvrit cette carrière de l’enseignement qu’on lui fermait.
« Vous étiez, lui disait Rivarol (ou l’auteur quelconque de la lettre satirique dont j’ai parlé), vous étiez l’un des plus éloquents orateurs muets de l’Assemblée nationale. » Un jour, dans la discussion où il s’agissait de savoir si la religion catholique serait déclarée religion de l’État (13 avril 1790), Volney, fidèle à son animosité, se tenait, un discours à la main, près de la tribune. « Montrez-moi, lui dit Mirabeau qui y montait, ce que vous avez à dire. » Et jetant les yeux sur le discours, il y saisit une phrase dont il tira parti l’instant d’après, et qui est devenue le mouvement célèbre : « Je vois d’ici cette fenêtre d’où partit l’arquebuse fatale qui a donné le signal du massacre de la Saint-Barthélemy. » Il paraît que l’idée première était de Volney : Mirabeau, s’en emparant et la mettant en situation, en fit un foudre oratoire.
Le rapsode est devenu citoyen, et le conte épique devient un discours : l’histoire est une tribune où un homme, doué de cette harmonie des pensées et du ton que les Latins appelaient uberté, vient plaider la gloire de son pays et témoigner des grandes choses de son temps. […] Nota. — Cet ouvrage sera précédé d’une Correspondance de divers particuliers de distinction avec Bélanger, puis d’un Discours sur l’architecture et sur les arts en général par Bélanger, et de différentes lettres du même à divers personnages.
Un tel classique a pu être un moment révolutionnaire, il a pu le paraître du moins, mais il ne l’est pas… il n’a renversé ce qui le gênait que pour rétablir l’équilibre “au profit de l’ordre et du beau”… » C’est aussi : « Les écrivains d’un ordre moyen, justes, sensés, élégants, toujours nets, d’une passion noble et d’une force légèrement voilée… écrivains modérés et accomplis… Cette théorie dont Scaliger a donné le premier signal chez les modernes est la théorie latine à proprement parler et elle a été aussi pendant longtemps la théorie française… Le chef-d’œuvre que cette théorie aimait à citer c’est Athalie. » En somme, c’est ici la théorie de l’unité soutenue par Buffon dans le Discours sur le style, et Sainte-Beuve conclut : « Il n’y a pas de recettes pour faire des classiques : ce point doit être enfin reconnu évident. […] Discours sur la mort de Narcisse (St-G. de Bouhélier.)
Son discours, bien loin de couler avec cette douceur agréable, avec cette égalité tempérée que nous admirons dans les orateurs, paraît inégal et sans suite à ceux qui ne l’ont pas assez pénétré ; et les délicats de la terre, qui ont, disent-ils, les oreilles fines, sont offensés de la dureté de son style irrégulier. […] Le discours de l’Apôtre est simple, mais ses pensées sont toutes divines.
De ce désir naissent des idées d’honneur et de gloire, et ces deux sentiments qui élèvent l’âme et qui l’agrandissent, répandent en même temps une teinte de délicatesse sur les mœurs, les procédés et les discours. […] Est-ce d’après * le discours d’un professeur que vous discernerez un pouls fort ou faible, lent ou vite, large ou serré, régulier ou sautillant, élevé ou concentré ?
Changez seulement l’instant et prenez le discours de Denis à sa péroraison, lorsqu’il a embrasé toute la populace de son fanatisme, lorsqu’il lui a inspiré le plus grand mépris pour ses dieux. […] D’où je conclus que le véritable imitateur de nature, l’artiste sage étoit oeconome de groupes, et que celui qui, sans égard au moment et au sujet, sans égard à son module et à sa nature, cherchoit à les multiplier dans sa composition ressembloit à un écolier de rhétorique qui met tout son discours en apostrophes et en figures ; que l’art de groupper étoit de la peinture perfectionnée ; que la fureur de groupper étoit de la peinture en décadence, des tems non de la véritable éloquence, mais des tems de la déclamation qui succèdent toujours ; qu’à l’origine de l’art le grouppe devoit être rare dans les compositions ; et que je n’étois pas éloigné de croire que les sculpteurs qui grouppent presque nécessairement, en avaient peut-être donné la première idée aux peintres.
Les pauvres réponses des ministres au ferme et sagace discours de M. […] Relisez les discours de Marat, de Robespierre et de Saint-Just. […] Dès ses premiers discours, — on sait qu’il a le verbe facile et brillant, — la surcharge était visible, et l’insincérité, ou plutôt l’attitude, la complaisance à se poser. […] Le Premier Anglais l’a reconnu dans un de ces discours comme les orateurs britanniques en prononcent dès qu’ils se meuvent dans la grande ligne de leur histoire. […] » s’est-il écrié dans un de ses discours, « non, chers soldats, non, chers exilés, ce n’est pas l’enfer… Dites plutôt que c’est le calvaire de Verdun !
Ainsi nous avons fait pour Lamartine dans ce discours de réception à l’Académie en 1830 ; ainsi nous faisons pour Victor Hugo en retrouvant par hasard et en détachant cette lettre intime de 1832 qui tranche par le ton sur toutes les autres.
Le mouvement de ses artères n’était pas aussi calme et aussi régulier que l’ordonnance de ses discours.
Bossuet n’avait point paru encore ; le Discours sur l’histoire universelle n’était pas là pour apprendre au disciple de Descartes quel immense parti l’on pouvait tirer même de Josèphe et d’Eusèbe, et comment, si l’on voulait de gré ou de force tout faire rentrer en Dieu, il ne coûtait pas plus de voir en lui des actions que des idées.
Les traducteurs, surtout ceux de Tacite, n’ont rien à quoi ils doivent plus s’attacher qu’à cette continuité du discours.
Ils ne s’informent jamais si un arc de triomphe est bâti en pierre ou en bois, si un écusson est de métal solide ou s’il n’est que doré, et si un discours dont le but est de flatter la vanité nationale contient une véritable éloquence ou seulement une enflure extravagante. » Et tout cela, parce que les soldats français en 96 ne savaient pas ce qu’étaient les Tarquins !
Si vous rencontrez Almont, quand votre âme est découragée, sa vive attention à vos discours vous persuade que vous êtes dans une situation qui captive l’intérêt, tandis que, fatigué de votre peine, vous étiez convaincu, avant de le voir, de l’ennui qu’elle devait causer aux autres ; vous ne l’écouterez jamais sans que son attendrissement pour vos chagrins, ne vous rende l’émotion dont votre âme desséchée était devenue incapable ; enfin, vous ne causerez point avec lui, sans qu’il ne vous offre un motif de courage, et qu’ôtant à votre douleur ce qu’elle a de fixe, il n’occupe votre imagination par un différent point de vue, par une nouvelle manière de considérer votre destinée ; on peut agir sur soi par la raison, mais c’est d’un autre que vient l’espérance.
Il publia dans ce but « La Supplica, discours familier de Nicolo Barbieri dit Beltrame, adressée à ceux qui, en écrivant ou en parlant, s’occupent des acteurs pour obscurcir les mérites de leurs actions vertueuses ; lecture destinée à ces galants hommes qui ne sont pas critiqueurs de parti pris ni tout à fait sots (1634)27 ».
Ils se plaignoient amèrement de ce que ses gestes & ses discours en imposoient, & de ce que ses jugemens étoient repétés, comme autant d’oracles, par une foule de subalternes totalement subjugués.
Les noms d’athée, d’impie, de faux frere, d’homme sans foi, sans mœurs, sans probité, sans principes, étoient le refrein ordinaire de ses discours & de ses écrits.
Le discours du renard n’a que cinq vers, et n’en est pas moins un chef-d’œuvre.
Un discours méthodique d’une heure, quelqu’attention que nous voulussions y donner, ne nous le feroit pas entendre aussi-bien que nous le concevons, pour ainsi dire, sur un coup d’oeil.
Ils se piquoient de composer eux-mêmes leurs discours, et l’on remarque que Neron est le premier des empereurs romains qui ait eu besoin qu’un autre lui fit ses harangues.
Aussi Tertullien dit-il, que ce geste étoit aussi séduisant que le discours du serpent qui tenta la premiere femme.
Si ce danger était danger pour toi, tu prêterais ta gentille oreille à mes discours.
Paul Bourget réunit des préfaces, des discours, des articles, qui se rapportent en général aux thèses politiques et sociales du « traditionalisme ». […] Pas de discours sans composition. […] Composition et discours sont presque synonymes. Composition latine ou française, en langue scolaire, équivaut à discours latin et discours français. […] La composition, la distribution des matières, le plan, sont, pour un discours ou pour un drame, un travail préparatoire indispensable.
Le Discours sur le style est un discours de réception à l’Académie, et il a recueilli, dit-il courtoisement à ses trente-neuf auditeurs, ses observations en lisant leurs ouvrages. […] Relisons du Banquet le discours d’Agathon et la critique qu’en fait Socrate, ce commentaire anticipé du : Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais trouvé. […] Même cette forme extrême de l’imparfait narratif, qui en fait l’équivalent du discours indirect, se rencontre au xviie siècle. […] C’est même une des raisons qui lui font employer souvent l’imparfait du discours indirect, lorsqu’il ne veut ni des guillemets du discours direct, ni des que du discours indirect proprement dit. […] En France, le Discours sur l’Histoire universelle et l’Essai sur les Mœurs n’avaient été accompagnés, au xviie et au xviiie siècle, d’aucun « discours » sur l’histoire littéraire.
Son discours de réception contenait des allusions sanglantes contre l’Empereur. […] Le détail caractéristique, qui met l’objet en plein relief, et y ramasse la lumière, et y appelle le regard, est son premier moyen pour faire luire et briller le discours. […] La rêverie solitaire, ou le monologue inspiré, le discours au sénat et au peuple, lui convenaient seuls. […] Il fait une Harmonie, comme il se laisse aller à une longue rêverie devant les étoiles ; il prononce un discours, d’un seul mouvement emporté et magnifique, comme il fait un temps de galop. […] Dans un très brillant discours à rassemblée législative, il est interrompu par les cris de la droite avec laquelle il siégeait un an auparavant, et il s’écrit : « Quoi !
Au verso de la page du Temps, où je voyais ces consolantes descriptions de fêtes, ce beau discours de M. […] MA CHÈRE COUSINE, Je viens de lire le discours de M. de Vogüé et celui de M. […] L’un de ces deux discours est fort beau. […] Je passe au discours de M. […] Point de discours ni de flonflons, point de vain appareil ni de futiles divertissements.
Estimez ce qu’a de flatteur pour la raison de l’homme cet habile discours du Tentateur à Adam qui lui objecte que Dieu le punira de mort s’il mange les fruits de l’arbre défendu : « Chers enfants ! […] Bourget les célébra dans son discours de réception à l’Académie, après avoir raconté l’anecdote fameuse des lunettes de Maxime Du Camp. […] Vous connaissez peut-être celui-ci : « C’était un homme grand, sec, froid, dont la bouche pincée ne laissait échapper les mots qu’à regret et qui considérait avec assiduité la pointe de ses pieds où il trouvait sans doute le meilleur de son discours. […] Rebell nous montre, dans la « Saison à Baïa », riant des discours d’un certain Paulus. […] Écoutez cette façon de discours indirect, empruntée aux ratiocinations d’un vieux jurisconsulte.
Prévère ouvre la Bible et y lit ces mots comme texte du discours qu’il va prêcher : Quiconque reçoit ce petit enfant en mon nom, il me reçoit. […] Toutefois l’admirable discours de M. […] On a réimprimé ses discours en deux volumes (in-8°, Genève, 1829), sous le titre de la Voix du Pasteur ; mais, pour les mieux accommoder à l’édification des fidèles réformés, on en a souvent modifié le texte.
De là cette excellence et cette originalité de la satire politique, du discours parlementaire, de l’essai solide, du roman moral, et de tous les genres qui exigent un bon sens attentif, un bon style correct, et le talent de conseiller, de convaincre ou de blesser autrui. […] Il se résignera aisément à écouter quinze discours de suite sur le même sujet, à demander vingt ans de suite la même réforme, à compulser des statistiques, à étudier des traités moraux, à faire des classes le dimanche, à élever une douzaine d’enfants. […] Jusque dans ses dehors, sauf un rabat passager, et la perpétuelle cravate blanche, il vous ressemble ; au premier aspect vous le prendriez pour un professeur, un magistrat ou un notaire, et les discours qu’il prononce sont d’accord avec sa personne.
Cet extérieur était un des plus séduisants qu’on pût rencontrer dans les salons de l’Europe : une taille svelte, le buste en avant, comme le cœur, attribut des races militaires, un mouvement d’encolure de cheval arabe dans le port de la tête, des cheveux blonds à belles volutes de soie sur les tempes, des yeux grands, bleus et clairs, qui n’auraient pas pu cacher une mauvaise pensée, l’ovale et le teint d’une éternelle jeunesse, un sourire où le cœur nageait sur les lèvres, un geste accueillant, une parole franche, l’âme à fleur de peau ; seulement une certaine légèreté de physionomie, une certaine distraction d’attitude et de discours interrompus qui n’indiquaient pas une profondeur et une puissance de réflexion égale à la grâce de l’homme. […] Le républicanisme théorique et libéral pouvait s’y produire comme une excentricité honorable ou comme une grâce sévère du discours. […] Les lettres confidentielles, si neuves, si intimes, si historiques, de M. de Chateaubriand à madame Récamier, sont l’envers de ces brochures et de ces discours dont il agitait la France et l’Europe.
Une image champêtre ou un sentiment pastoral de Virgile, une strophe gracieuse d’Horace ou d’Anacréon, un discours de Thucydide, une mâle réflexion de Tacite, une période intarissable et sonore de Cicéron, me ravissaient malgré moi vers d’autres temps, d’autres lieux, d’autres langues, et me donnaient une jouissance un peu âpre mais enfin une jouissance précoce, de ce qui devait enchanter plus tard ma vie. […] Je ne répéterai pas son long discours, bien qu’il soit aussi présent à mon souvenir que le timbre un peu caverneux de sa voix l’est encore à mes oreilles. […] Je vous la ferais apparaître du même aspect si les limites de cet entretien me permettaient de reproduire ici le sublime discours de M. de Valmont.
Le second chant s’ouvre par le discours sublime, touchant et sentencieux de la femme, qui, à l’inverse des amis de Job, cherche à consoler son époux, et à le convaincre qu’elle seule doit mourir à sa place. […] Le soleil et la lune, le feu et le vent, la terre et le firmament, et la vaste étendue des eaux, le jour et la nuit, les deux crépuscules du matin et du soir, tous les éléments sont les témoins des actions les plus secrètes de l’homme : s’il n’a point agi contre la voix intérieure de sa conscience, le juge incorruptible le fait jouir d’une félicité éternelle ; mais si en étouffant cette voix il s’adonne au crime, il est condamné aux plus terribles châtiments. » Un tel discours, dans un tel moment, est déplacé ; on voit que dans ces poèmes les situations les plus pathétiques servent moins au développement des passions qu’au développement de la haute morale qui domine dans l’âme des poètes les passions elles-mêmes. […] Ma chère, quel peut donc être cet étranger qui, tant par ses traits profondément empreints d’une majesté calme, que par ses discours où règne la politesse la plus aimable, se montre digne d’occuper le plus haut rang ?
C’est au sujet du discours qu’Arnolphe fait à sa pupille, au troisième acte de l’École des Femmes. […] Pour qu’il fût orateur, il suffisait qu’il joignît à ce don celui d’exprimer aisément ce qu’il pense, car la démarche habituelle de sa pensée muette est précisément la démarche du discours. […] Le poète façonne la bouche tendre et balbutiante des enfants ; il ferme leur oreille aux discours grossiers ; il forme leur cœur par de belles maximes, leur communique l’humanité et la douceur. […] Le poète a mis dans la bouche de son Socrate beaucoup de vers très fleuris ou très sonores qu’on pouvait être tenté de déclamer avec un peu d’emphase ; sauf le discours sur Athènes, qui devait être, en effet, jeté à pleine voix, M. […] Il y a, çà et là, je ne dirai pas du « je ne sais quoi », mais plutôt de « l’on ne sait pourquoi » dans leurs discours.
Elles sont capables, malgré tout, de donner la sagesse à nos pensées, la dignité à notre conduite, la grâce à nos discours. […] Ce fut un discours plein de sève, de droiture et de colère. […] Quant au fond du discours, presque tout y était juste. […] Quelle erreur on a commise en retirant des mains de nos écoliers le Conciones et en remplaçant le discours latin par d’insipides exercices ! […] Les discours de ces jeunes pontifes étaient aussi ennuyeux que les propos du quadragénaire jovial étaient risibles.