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723. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

I Apparemment il n’est pas inutile, pour voir dans la réalité ce qui vaut la peine d’y être vu, d’avoir commencé par ne pas la regarder de trop près, par être un poète, un rêveur sans plus, un être à sensations délicates, vibrant pour des riens, et qui se contente de souffrir ou de jouir démesurément des choses sans avoir souci de les photographier. […] S’ils commencent par là, par où finiront-ils ? […] Le petit Chose commence donc par la fantaisie et le rêve.

724. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

Le jour où elle paraît dans une nation comme une des branches de sa littérature, ce jour-là l’esprit particulier de cette nation commence à soupçonner qu’il est l’esprit humain. […] La société française connaissait toutes choses ; elle commençait à jouir d’elle-même sous un gouvernement qu’elle croyait dans l’ordre de Dieu, et sous un prince digne de ce gouvernement. […] Distribuez en partis toute cette foule d’ennemis de Mazarin, en factions tous ces partis, en rivalités personnelles toutes ces factions : voilà des formes à l’infini, voilà « le pays où il y aura toujours à découvrir des terres inconnues. » La première édition des Maximes commençait par une longue et subtile analyse de l’amour-propre C’était plus qu’un portrait chargé, où beaucoup de traits portent à faux ; c’était une sorte d’accusation où se trahissait une main passionnée.

725. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Ici le roman commence, ou plutôt mille romans à la fois. […] (Et ici commence le portrait en forme, dans le goût du temps :) Madame avait l’esprit solide et délicat, du bon sens, connaissant les choses fines, l’âme grande et juste, éclairée sur tout ce qu’il faudrait faire, mais quelquefois ne le faisant pas, ou par une paresse naturelle, ou par une certaine hauteur d’âme qui se ressentait de son origine, et qui lui faisait envisager un devoir comme une bassesse. […] Madame aimait l’esprit, le distinguait en lui-même, l’allait chercher, le réveillait chez les vieux poètes, comme Corneille, le favorisait et l’enhardissait chez les jeunes, comme Racine ; elle avait pleuré à Andromaque, dès la première lecture que le jeune auteur lui en fit : « Pardonnez-moi, madame, disait Racine en tête de sa tragédie, si j’ose me vanter de cet heureux commencement de sa destinée. » Dans toutes les cours qui avaient précédé de peu celle de Madame, à Chantilly, à l’hôtel Rambouillet et à l’entour, il y avait un mélange d’un goût déjà ancien, et qui allait devenir suranné : avec Madame, commence proprement le goût moderne de Louis XIV ; elle contribua à le fixer dans sa pureté.

726. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre I : Principe de la métaphysique spiritualiste »

C’était le moment où de toutes parts commençait à éclater un évident besoin d’émancipation à l’égard de la philosophie régnante. […] Si nous remontons encore plus loin dans cette vie obscure et parasite qui précède la naissance, ce n’est plus par le témoignage des hommes, c’est par l’induction et l’analogie que nous sommes autorisés à croire que la sensibilité n’a jamais été complètement absente, et que les premiers instincts accompagnés d’une conscience confuse ont dû coïncider avec l’éclosion même de l’être nouveau ; mais enfin à ce dernier moment ou plutôt à ce point initial où a dû commencer, s’il a commencé, l’être qui plus tard dira je ou moi, à ce moment tout fil conducteur nous fait défaut : la conscience, le souvenir, le témoignage, l’induction, l’analogie, tout vient à nous manquer, et l’œil se perd dans un immense inconnu.

727. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

Dans l’état actuel de la science, nous ne savons véritablement pas ce que sont même les principales institutions sociales, comme l’État ou la famille, le droit de propriété ou le contrat, la peine et la responsabilité ; nous ignorons presque complètement les causes dont elles dépendent, les fonctions qu’elles remplissent, les lois de leur évolution ; c’est à peine si, sur certains points, nous commençons à entrevoir quelques lueurs. […] De telles définitions ne sauraient donc servir à déterminer l’objet de l’investigation qui commence. […] En vain des expériences répétées lui ont appris que cette toute-puissance, dans l’illusion de laquelle il s’entretient avec complaisance, a toujours été pour lui une cause de faiblesse ; que son empire sur les choses n’a réellement commencé qu’à partir du moment où il reconnut qu’elles ont une nature propre, et où il se résigna à apprendre d’elles ce qu’elles sont.

728. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

commence l’inutile excès d’analyse ? […] Non ; là commencerait un abus tout à fait condamnable, destructeur de la sincérité, de la beauté, de l’art lui-même. […] À supposer même que l’esprit n’en reçoive aucune flétrissure, est-il souhaitable que les jeunes filles commencent à entrevoir la vie à travers le roman ?

729. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Voici, par exemple, comme il ouvre l’histoire de Jacqueline Pascal : « Commençons par deux documents authentiques, inédits ou peu connus. […] Au moment où la douce figure de Mme de Longueville commence à se reformer sous les yeux du lecteur, il entend un fracas d’in-folio qui tombent ; c’est une dissertation qui arrive et efface la charmante image sous son appareil démonstratif. […] Au reste, le jeune homme suivit tous les pas de son maître ; il fut comme lui théologien et philosophe ; il voulut comme lui allier la raison et la foi ; il accabla de superbes paroles les matérialistes qui commençaient à lever la tête ; il aima la liberté pour lui-même, et défendit contre Rome les privilèges français, qui étaient les siens.

730. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — I » pp. 143-149

C’était un poète d’humeur bizarre que Crébillon : il avait promis à Du Fresny, pour son Mercure, une critique, faite par lui, de sa propre tragédie, et il l’avait en effet commencée de bonne foi sans se ménager. […] C’était une vanité de plus, car le succès, enlevé d’emblée, allait son train et ne dépendait plus des critiques : il s’était fait deux éditions de la tragédie en huit jours, et les représentations, commencées longtemps avant le carnaval, devaient franchir avec vigueur le carême tout entier, ce qui était alors la plus glorieuse épreuve.

731. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre V. Des trois ordres de causes qui peuvent agir sur un auteur » pp. 69-75

Il en est ainsi pour toute science qui commence. […] Voici, pour commencer, la famille, l’école, maîtres et camarades, l’église, les gens du village ou du quartier.

732. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le marquis de Grignan »

Il a tiré son marquis de Grignan de sa poussière de marquis, et il nous a montré le rien historique de cet homme, qui ne fut rien par lui-même, quoique par sa naissance, son éducation, tout son être, et par la plénitude de son dévouement au roi du monde d’alors, il fût parfaitement apte à être tout, et qui vécut si peu, a dit éloquemment Frédéric Masson dans les admirables pages qui commencent son livre, qu’on ne peut pas dire qu’il mourut, mais qu’il décéda : une manière silencieuse de s’en aller et de disparaître ! […] Tous ils commençaient par être comme lui, ce petit Grignan, de simples volontaires dans quelque régiment de l’armée, ces jeunes gens qui naissaient colonels !

733. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Notre critique et la leur »

Nous dirons pourquoi tout à l’heure ; mais nous commençons par l’affirmer, sans craindre qu’on le nie ou qu’on le conteste : la critique vraie, — sympathique et sévère, — qui s’adresse au public de tous les lieux et de tous les temps, et non plus au petit public du carrefour ou du quart d’heure ; la critique, ce symbole d’ordre universel, est complètement étrangère à notre temps de mœurs lâches et d’individualités mesquines. […] Eh bien, pour commencer par les revues, qui restent plus longtemps que les autres journaux sous l’œil du public et dont la gravité et les développements touchent au livre, la Revue des Deux Mondes et la Revue Contemporaine, ces deux solitaires, nous offrent-elles le modèle et l’exemple de la critique que nous cherchons ?

734. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre IV. Conclusion. — D’une république éternelle fondée dans la nature par la providence divine, et qui est la meilleure possible dans chacune de ses formes diverses » pp. 376-387

Excités ensuite par les plus puissants aiguillons d’une passion brutale, et retenus par les craintes superstitieuses que leur donnait toujours l’aspect du ciel, ils commencèrent à réprimer l’impétuosité de leurs désirs et à faire usage de la liberté humaine. […] Avec ces premières unions humaines, c’est-à-dire conformes à la pudeur et à la religion, commencèrent les mariages qui déterminèrent les rapports d’époux, de fils et de pères.

735. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Celui-ci continua avec moi la conversation commencée, comme s’il m’eût connu depuis longtemps. […] Je commençai à me sentir embarrassé de l’honneur que me faisait un aussi grand personnage en m’entretenant avec tant de familiarité, et j’allais perdre contenance lorsque la pluie commença à tomber. […] Avec lui commencent les épigrammes contre les mœurs allemandes. […] Près de monuments des siècles écoulés commencent maintenant à s’élever les monuments d’un autre âge. […] Il commença par réformer le costume en le simplifiant et en le conformant à la vérité historique.

736. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Maintenant nous commençons à nous l’expliquer. […] Il s’est mis en présence de la nature et a commencé à peindre. […] C’est ici que commence le symbolisme. […] Et déjà son imagination commence à fonctionner. […] Ici comme toujours il faut commencer par l’observation.

737. (1908) Jean Racine pp. 1-325

C’est pour cela que beaucoup ont commencé par ne le goûter que modérément, et ont fini par le chérir. […] Augustin Gazier, je commence cette dix millième étude sur Racine. […] Il continue l’immense travail de lectures, de résumés et d’annotations commencé à Port-Royal. […] à commencer par l’inceste et le poison. […] Il n’a plus grand’chose à désirer ; et il semble qu’une sorte de détachement commence à s’opérer en lui.

738. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

  Le roman commence un soir d’été en 1872. […] J’entre dans le cercle et je commence : Une, je glisse. […] Il commença à mourir durant la guerre du Mexique. […] J’ajouterai même qu’il faut toujours commencer sa pièce par le dénouement, c’est-à-dire ne commencer l’œuvre que lorsqu’on a la scène, le mouvement et le mot de la fin. […] tu commences à comprendre.

739. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Et ici commence l’histoire de ma rébellion. […]commençait à lui donner du dégoût. […] J’ai commencé par les Phéniciens. […] Et ce mouvement de bas en haut ne fuit que commencer. […] Sur ce point on commence à s’entendre.

740. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Il commence par se mettre à l’école de Ponsard. […] Commencés en arguments, il arrive qu’ils se terminent en symboles. […] Comme tous les illettrés, il fait commencer l’histoire de la littérature aux contemporains. […] « Que d’heures terribles, dès le jour où je commence un roman ! […] Les Lettres de mon moulin commencèrent à paraître dès l’année 1866.

741. (1922) Gustave Flaubert

tu vas faire de saint Antoine un savant, et ce n’était qu’un naïf. » Pendant que Flaubert commence Saint Antoine, Bouilhet commence Melænis. […] Et pourtant, qui dira où elle commence et où elle finit ? […] Aussi la deuxième partie commence-t-elle par une ample description d’Yonville, à la manière de Balzac. […] Et les affres de la phrase commenceront, les supplices de l’assonance, les tortures de la période. […] J’ai vu naître la vie, j’ai vu le mouvement commencer.

742. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Ici, le livre commence en nous donnant une édition très peu améliorée de la courtisane purifiée par l’amour. […] Par où commencer notre étude ? […] Mais là, il se sent un peu affaibli ; sa tête remuée par les fumées du vin du Rhin, avait déjà commencé à compromettre le calme de son estomac. […] Alors il prend son livre ou sa comédie et il commence… Ah ! […] Ici commence la tâche et la gloire de M. 

743. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Vous penserez que je pourrais commencer par la fin et m’en tenir là. […] Je commence donc mon enquête, en priant M.  […] Pour comprendre Racine, il faut commencer par oublier Versailles. […] Brunetière n’a commencé à penser un peu de bien de la Révolution que le jour où M.  […] Il se préoccupe, comme il convient, de bien commencer et de bien finir.

744. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [Note de l’auteur] »

[Note de l’auteur] C’est ici la fin des premières Causeries du Lundi qui, commencées au Constitutionnel et continuées sans interruption au Moniteur, ont tenu bon chaque semaine pendant cinq années accomplies ; on vient de voir le dernier article de cette série que j’aie donné au Moniteur. — Le morceau suivant, sur Werther, a été inséré dans la Revue contemporaine en juin 1865, et les autres l’ont été, vers le même temps, dans L’Athenaeum.

745. (1894) Critique de combat

Le roman commence largement. […] Et bravement il commence. […] Il commence par délimiter son sujet. […] Qui dira où la vie commence ? […] Elle commence ou recommence, comme vous voudrez.

746. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Alors la vache Andhumbla, née aussi de la neige fondante, mit à nu, en léchant le givre des rochers, un homme, Bur, dont les petits-fils tuèrent Ymer. « De sa chair ils firent la terre, de son sang le sol et les fleuves, de ses os les montagnes, de sa tête le ciel, et de son cerveau enfin les nuées. » Ainsi commença la guerre entre les monstres de l’hiver et les dieux lumineux, fécondants, Odin, le fondateur, Balder, le doux et le bienfaisant, Thor, le tonnerre d’été qui épure l’air et par les pluies nourrit la terre. […] Ici des mains rudes entassent et froissent les idées dans un mètre étroit ; s’il y a une sorte de mesure, on ne la garde qu’à peu près ; pour tout ornement ils choisissent trois mots qui commencent par la même lettre. […] Alors les gens commencèrent à dire de ce joueur de harpe, qu’il savait si bien jouer de la harpe que les bois dansaient et que les pierres se remuaient au son, et que les bêtes sauvages accouraient à lui et restaient là comme si elles eussent été apprivoisées, si tranquilles que, quand même des hommes ou des chiens venaient contre elles, elles ne les évitaient pas. […] Ils y ajoutaient l’obligation de commencer chaque vers par la même lettre que le précédent. […] En effet, c’est un scalde qui latinise, et transporte dans son nouveau langage les ornements de la poésie scandinave, entre autres la répétition de la même lettre, tellement que, dans une de ses épîtres, il y a quinze mots de suite qui commencent de même, et que, pour compléter ce nombre de quinze, il met un barbarisme grec parmi les mots latins73.

747. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

Maintenant les verres : à droite, celui du bordeaux pour commencer ; au milieu, celui du rudesheim, et ensuite celui du des johannisberg capucins. […] « Alors, tout reverdit là-bas, reprit Fritz ; est-ce qu’on a commencé le jardinage ? […] — Attends, dit Fritz, je vais te jouer quelque chose de gai pour te réjouir. » Il était heureux de montrer son talent à Sûzel, et commença la Reine de Prusse. […] Iôsef commença sa valse par trois coups d’archet. […] Fritz, à cette vue, voulut parler ; mais il ne put dire un mot, et c’est le père Christel qui commença : « Monsieur Kobus, s’écria-t-il d’un accent de stupéfaction profonde, ce que le rebbe David vient de nous dire est-il possible ?

748. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Didot, épousa sa fille, et commença sa vie de père de famille ; il en eut deux enfants auxquels il donna les noms immortels de Paul et de Virginie. […] Aussi Bernardin de Saint-Pierre, mécontent de la lenteur avec laquelle le roi Louis XVI, devenu révolutionnaire modéré, admettait dans les lois ses paradoxes absolus de sa théorie de perfectionnement qui commençaient tous par des destructions du pouvoir royal, s’impatientait contre son disciple couronné. […] Il eut un succès qui commença sa renommée. […] Nous désirons que ce qui a commencé par Paul et Virginie finisse par les Méditations poétiques. […] C’est en présence de cet auditoire que Bernardin de Saint-Pierre commença la lecture de son rapport.

749. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Peu à peu, on commence à toucher le vilain de la guerre. […] La famine est à l’horizon, et les Parisiennes élégantes commencent à transformer leurs cabinets de toilette en poulaillers. […] En dépit des Prussiens, Paris commence à élever ses baraques du jour de l’an. […] Il s’agit d’un dépôt de bois, avec lequel on fait du charbon, et qu’on avait commencé à piller. […] Le premier journal que j’achète, m’apprend que le bombardement est commencé.

750. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Lélia (1833) »

On peut plus ou moins aimer cette œuvre, selon qu’on y reconnaît plus ou moins les pensées et la situation de son âme, selon qu’on est plus ou moins facile à la vibration poétique ; on peut la réprouver plus ou moins vivement, selon qu’on est plus ou moins sûr d’avoir trouvé le remède moral et la vérité ; mais on ne peut qu’être émerveillé de ces ressources infinies dans une femme qui a commencé, il y a environ dix-huit mois, à écrire. […] L’auteur de Lélia n’a point de ces oublis : il m’a semblé que quelquefois même son talent seul achevait un développement qui était commencé avec l’âme.

751. (1874) Premiers lundis. Tome I « J. Fiévée : Causes et conséquences des événements du mois de Juillet 1830 »

Fiévée commence par nous parler de lui, de ses articles au Temps, et pourquoi il a cessé d’en faire, et pourquoi il pourra bien reprendre, toutes particularités fort curieuses et fort agréablement assaisonnées sans doute, mais qui tiennent d’assez loin en apparence aux questions politiques tranchées ou soulevées par les événements de juillet, il y a des gens d’esprit qui ont une manière de causer à eux ; ils débutent à leur façon, ils parlent d’eux-mêmes, ils ont peine à se dégager de leur personnalité ; avant de vous exposer les résultats de leurs réflexions, ils ont besoin d’établir où et comment ces réflexions leur sont venues. […] Trois jours de combat, et les ateliers se rouvrirent avec la certitude d’une longue sécurité ; c’est ce que voulait un peuple qui craint le joug du besoin, mais qui a accepté la nécessité du travail depuis qu’il jouit d’un peu d’aisance et d’un peu d’instruction qui doivent tendre à s’accroître, dès que des habitudes nouvelles lui ont fait comprendre qu’il n’y a rien de plus moral que le travail pour ceux qui ont leur fortune à commencer, et que la vie publique pour ceux dont la fortune est faite. » Après ce qui s’est passé dans les rues, l’auteur de la brochure comprend et indique très-bien ce qui doit se passer dans le gouvernement par rapport à la société.

752. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XI. De la littérature du Nord » pp. 256-269

Les ouvrages anglais, les ouvrages allemands, et quelques écrits des Danois et des Suédois doivent être classés dans la littérature du Nord, dans celle qui a commencé par les bardes écossais, les Fables islandaises, et les Poésies scandinaves. […] La philosophie, à la renaissance des lettres, a commencé par les nations septentrionales, dans les habitudes religieuses desquelles la raison trouvait à combattre infiniment moins de préjugés que dans celles des peuples méridionaux.

753. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

Une réaction commence, en faveur du culte des idées, contre le culte des faits. […] On ne voit pas bien en quoi elle consiste, jusqu’où elle doit aller, où elle commence à devenir étroitesse, dans quelles limites elle peut se concilier avec la largeur.

754. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre V. Des personnages dans les récits et dans les dialogues : invention et développement des caractères »

Elle a commencé par se la faire à elle seule, puisqu’on ne l’y aidait pas, et puis elle a vu qu’elle avait fait une œuvre qui trompe, et, comme un bon esprit qu’elle était, elle a cherché sa part ailleurs, d’un air un peu triste et sombre, comme une personne fatiguée qui a beaucoup et inutilement travaillé. […] Vous vous estimerez heureux de commencer par imiter les naïfs imagiers qui, désespérant de rendre par l’attitude des corps les mouvements des âmes, faisaient sortir de la bouche de leurs personnages une bandelette où ils inscrivaient ce qu’ils se sentaient impuissants à exprimer.

755. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Régnier, Henri de (1864-1936) »

que le vers acquit une plus totale fermeté, qu’un labeur patient achevât ce que les dons innés commencèrent, que l’artiste arrachât les quelques négligences laissées par le poète. — Que ce fût, par exemple, la trame élastique et indéchirable des vers de Stéphane Mallarmé ou l’infrangible et sonore métal trappé du sceau de Heredia ; que ce fût aussi l’impeccable et classique syntaxe des Trophées, ou cette autre syntaxe d’une intellectuelle logique, souple, fuyante mais impressive, étroitement serrée et pourtant impalpable, qui étonne et séduit dans l’Après-Midi d’un faune ou dans Hérodiade. […] Il a commencé par subir la discipline parnassienne, et il s’en souvient jusque dans son dernier recueil, où telle vision antique fait songer à quelque pastiche de Ronsard.

756. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) Au printemps de 1668, commence une nouvelle époque dans l’histoire de l’ancien théâtre italien. […] Mais la grande innovation qu’il faut remarquer et qui nous oblige de fixer à cette date le point de départ d’une nouvelle période dans l’histoire de la comédie italienne à Paris, c’est que ces acteurs commencent alors à insérer dans leurs pièces des scènes en français, des chansons en français, ce qui amène peu à peu une transformation complète dans leur répertoire.

757. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « F.-A. Cazals » pp. 150-164

Il se console, avec un bon conseil, du lien peu sûr des amitiés courantes : Si vous avez besoin d’amis, Commencez par avoir des louis. […] Au-dessus de la file des dos courbés, c’est, en tête, l’éternel cahot du corbillard et la danse obstinée d’une énorme couronne dont le vent pille les fleurs, au point qu’elle commence à montrer des coins de carcasse nue.

758. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’Âge héroïque du Symbolisme » pp. 5-17

Oui, dans ce Paris de 1891, au ciel inclément, dans ce Paris, dévasté de cyclones, où l’on gèle en mai ; et où l’excès de la sécheresse, en juin, force la municipalité à substituer, dans plusieurs arrondissements, l’eau de Seine à l’eau potable ; dans ce Paris, où les troubles atmosphériques semblent expliquer l’effervescence des esprits ; dans ce Paris, désemparé, en proie à la fièvre et aux orages politiques, aux rues barrées d’agents et encombrées de tumultueuses manifestations démagogiques ou chauvines, de cortèges de grèves incessants (garçons de cafés, employés d’omnibus et de chemin de fer) ; dans ce Paris, où l’année a commencé par l’exécution de Michel Eyraud et où chaque soir des camelots hurlent un crime retentissant (Assassinats de Cholet et de la petite Neut, affaires Bemicat, Souffrain, Doré et Berlant, Pezon, Sorré, de Moor. […] Cela avait commencé vers 1887 à l’hôtel de la rue Royer-Collard, sorte de table d’hôte, « fréquentée de Moldo-Valaques ».

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