Est-ce dans leur propre cœur qu’ils l’auroient étudiée ? Quel doit donc être un cœur philosophe, à en juger par l’odieuse morale qui en découle ? […] A chaque pas elle offre tout ce qui peut attacher un cœur généreux, & remplir les vœux d’une ame sensible.
« Quelque mépris, quelque disgrâce qu’il puisse encourir, il n’en est pas moins vrai que l’artiste pauvre et ignoré vaut souvent mieux que les conquérants du monde, et qu’il y a de plus nobles cœurs sous les mansardes où l’on ne trouve que trois chaises, un lit, une table et une grisette, que dans les gémonies dorées et les abreuvoirs de l’ambition domestique. […] « Si enfin un artiste obéit au mobile qu’on peut appeler le besoin naturel du travail, peut-être mérite-t-il plus que jamais l’indulgence : il n’obéit alors ni à l’ambition ni à la misère, mais il obéit à son cœur ; on pourrait croire qu’il obéit à Dieu… « Bien que j’aie médit de la critique, je suis loin de lui contester ses droits, qu’elle a raison de maintenir, et qu’elle a même solidement établis. […] Il faudrait se souvenir que Boileau lisait toujours dans l’original et que Racine savait par cœur le Sophocle et l’Euripide grecs.
Le mauvais goût, quand il est incorrigible, est une fausseté de jugement, un biais naturel dans les idées ; or, comme l’esprit agit sur le cœur, il est difficile que les voies du second soient droites, quand celles du premier ne le sont pas. […] Que la patrie se lasse d’être ingrate, avant que nous nous lassions de l’aimer ; ayons le cœur plus grand que ses injustices. Si l’homme religieux aime sa patrie, c’est que son esprit est simple, et que les sentiments naturels qui nous attachent aux champs de nos aïeux sont comme le fond et l’habitude de son cœur.
Ils parlent le langage du coeur. […] Où j’apperçois de l’affectation, je ne reconnois plus le langage du coeur. […] Je m’imagine qu’ils sont attendris par la nouvelle qu’il leur annonce, et le sentiment qu’il leur prête fait naître dans mon coeur un sentiment approchant du leur.
Elle tomba dans le cœur du Pape qui gouvernait alors l’Église, et tout à coup elle y leva ! […] À dater de ce moment, la Béatification de Christophe Colomb fut résolue… Pour s’être rencontré avec l’intuition latente au cœur mystique de Pie IX, le comte Roselly de Lorgues fut solennellement désigné pour être, en style de chancellerie romaine, « le postulateur de la cause auprès de la Sacrée Congrégation des Rites ». […] Il recommença d’attendre, avec le poids de son talent méconnu et refoulé sur son cœur, l’occasion favorable où il pourrait prouver, à ses amis comme à ses ennemis, qu’il en avait.
Il a son cœur humain, lui, et il s’inquiète peu de celui des autres. […] Mérimée, à comprendre le beau mieux que Pradier, à pénétrer le cœur des femmes mieux que M. de Balzac ? […] Le rôle d’initié a ses douceurs ; la vanité y trouve son compte la vanité, cette clef du cœur de l’homme ! […] C’est au Temple (15 août 1792) que M. de Beauchesne entre, avec la famille royale, dans le cœur même de son sujet. […] Tout est prêt, la délivrance est proche, les cœurs palpitent, l’heure va sonner.
Bref, de tout cœur, il recommande à Dieu l’âme du bon feu maître Jehan Cotart. […] S’il a changé d’objet, du moins donnait-il « chaque fois tout son cœur ». […] Le cœur, qui a été dupe, ne l’est pas éternellement. […] On le dira ; d’autres le diront : le cœur épris le niera. […] Maffio dit : « L’amitié ne remplit pas tout le cœur… » Et elle, en répliquant : « Mon Dieu, qu’est-ce qui remplit tout le cœur ?
Pour cela nous prendrons du sang dans le cœur droit d’abord. […] Or, le sang arrivé dans le cœur gauche est plus éloigné du foie que le sang du cœur droit ; de plus, il s’est mis en contact avec l’air froid introduit par la respiration. […] Quand on a observé autrefois que le sang artériel du cœur gauche était plus chaud que le sang veineux du cœur droit, on a souvent opéré sur des animaux récemment morts. […] Mais il est facile de démontrer que, dans ce cas, où le sang ne circule plus dans le cœur, cette différence tient à un refroidissement plus facile dans le cœur droit que dans le cœur gauche. […] On s’aperçoit que l’on est dans le cœur lorsque le thermomètre transmet les battements du ventricule dans lequel il se trouve.
« Ne croyez pas, écrit-il au duc de Chevreuse, que ce soit l’effet de l’indisposition du cœur d’un homme disgracié. » Aussi insiste-t-il : « J’ai le cœur déchiré par nos malheurs, mais mon fond ne peut consentir à aucun succès. […] Ailleurs il l’engage à s’accoutumer à rentrer souvent au dedans de lui-même, « pour y renouveler la possession que Dieu doit avoir de son cœur. » Six ans auparavant il lui écrivait : « Au nom de Dieu, que l’oraison nourrisse votre cœur comme les repas nourrissent votre corps. […] Et pourtant, admirable fruit de la science reçue dans un cœur pur ! […] Ce qui se voit du chrétien dans ce traité, c’est un désir plus vif et plus tendre de persuader ceux qui le liront, et un choix de preuves qui s’adressent au cœur. […] Homère et Virgile avaient trouvé les traits de leurs dieux, comme Raphaël l’ineffable beauté de ses Vierges, au fond des esprits et des cœurs de leurs contemporains.
Non, le romancier a toujours pris pour sujet, sinon le cerveau, du moins le cœur, c’est-à-dire l’ensemble des émotions et des sentiments humains ; le romancier, qu’il le veuille ou non, sera toujours un psychologue ; seulement, il peut faire de la psychologie complète ou incomplète, il peut rapetisser le cœur humain ou le voir de grandeur naturelle. […] Rousseau, on l’a remarqué souvent, introduit quelque chose de nouveau dans la littérature ; ce quelque chose, c’est tout simplement le cœur. Son défaut fut d’avoir le cœur emphatique. […] Ses cris sincères, quoique trop oratoires par moments, ne pouvaient manquer d’aller au cœur des hommes. […] Mon cœur, comme de la poussière, se soulevait derrière vos pas.
L’auteur était un jeune homme de beaucoup de cœur et d’esprit, qui avait su inspirer à notre cher directeur Eugène Yung une vive sympathie, et qui mourut peu après, à vingt-sept ans, Mme Paul Chalon vient de réunir en volume les essais de son mari. […] De loin, leur jeunesse paraît plus fleurie, plus avide de vie et de lumière parce qu’ils ne jouissent plus du soleil ; et leur tendresse paraît plus tendre parce que leur cœur ne bat plus.
. — Le Chevalier du cœur saignant (1862). — Les Buveurs de cendre (1866). — Les Forces perdues (1867). — L’Orient et l’Italie (1868). — Paris, ses organes, ses fonctions et sa vie (1869) […] Du Camp exprime avec cœur des sentiments affectueux ; il y porte toutefois la marque de l’imitation.
Regrets et espérance, c’est tout le cœur de l’adolescent, et c’est tout ce livre, où s’avoue avec une ingénuité qui fait penser à Verlaine, en hésitant, mais avec de beaux éclats soudains, une âme à la fois simple et romanesque, mélancolique et ardente. […] Ivanhoé Rambosson… Mais il ne déteste pas les vers affligés d’une certaine boiterie mélancolique : Des cloches et des hymnes chantent dans mon cœur… ………………………………………………………… Dans les agrès allègres voltige un vol blanc D’hirondelles amies, et la frêle chaloupe Berce à la vague les fleurs lasses de sa poupe Dans un cortège impérial de goélands… M.
Si l’on avoit besoin d’exemple pour prouver qu’un esprit juste & un cœur droit ne peuvent long-temps persister dans l’erreur & l’impiété, celui de M. de Ramsay viendroit à l’appui de cette vérité. […] Il étoit de bonne foi, & l’amour de la vérité subsistoit encore dans son cœur au milieu des pénibles accès du doute & de l’incertitude.
Ces cœurs français, italiens, russes, que l’art échauffe, fraternisent. […] « Des désirs impétueux, nous dit l’organe du wagnérisme, grandissent en elle … Les deux héros (érotiques vaudrait mieux) se regardent en face suffoqués d’émotion … Tristan porte la main à son front », « Iseult porte la main à son cœur ». […] Partez pour Bayreuth vous rasséréner le cœur et vous rafraîchir les oreilles au spectacle de l’art de Wagner, un honnête homme, allez ! […] La musique, le plus vague des arts, ne peut, en fait de mouvements de l’âme ou du cœur, exprimer que des généralités. […] Au moment, dans le grand prologue, où le héros quitte le royaume des Esprits souterrains et abdique, sa royauté pour se vouer corps et âme à l’amour humain, il jure à sa mère de retourner auprès d’elle si jamais « sa couronne serait défleurie, son cœur brisé » ; et c’est !
Il avait donné son cœur et sa vie à l’humanité. […] Sursum corda, tenez en haut votre cœur, voilà toute la philosophie.” […] Heine, c’est le cœur diaboliquement embrasé de Faust, que rafraîchit et rachète incessamment une larme de Marguerite. […] L’Allemagne est le cœur, la France est la tête. […] Cette fois c’était l’amour le plus pur qu’il plaçait dans le cœur d’une femme galante.
L’esprit qui parle de plain-pied à l’esprit et quelquefois te cœur qui parle au cœur. […] Un compliment, c’est un peu d’amour dans beaucoup d’esprit ; c’est juste la mesure du cœur et de l’esprit de Marot. […] Sans peur ni soin, où mon cœur me disait. […] Il a l’esprit théologique, et un cœur qui n’a pas le goût du divin. […] Et nous voici au fond même et comme au cœur de la doctrine Ronsardienne.
Vous n’avez point un assez grand cœur pour tant de monde ; ah ! quel cœur réclame de nous un nombreux roman réaliste ! […] Il n’y a pas eu d’intelligence plus chaude, ni de cœur plus bouillant. […] Il joue un rôle ; et il sait qu’il le joue, mais il le joue de tout son cœur. […] C’est le secret divers et nombreux des cœurs.
Le Cocu imaginaire, ayant eu près de cinquante représentations, ne devait pas être imprimé, quand un amateur de comédie, nommé Neufvillenaine, s’aperçut qu’il avait retenu par cœur la pièce tout entière ; il en fit une copie et la publia en dédiant l’ouvrage à Molière. […] Il s’y jetait d’ironie à la fois et de gaieté de cœur, le grand homme, au milieu de ses amertumes journalières, comme dans une acre et étourdissante ivresse. […] On le retrouve tel encore, et l’un de nous tous, dans ses passions de cœur, dans ses tribulations domestiques. […] que la différence est connue aisément De toutes ces faveurs qu’on fait avec étude, A celles où du cœur fait pencher l’habitude ! […] Toutes les choses du monde ont du rapport avec elle dans mon cœur.
. — Crâneries et Dette de cœur (1842). — Colères, poésies (1844). — Sonnets sur le Salon (1851). — L’Enfer, poème catholique (1853). — Les Russes (1854). — Colifichets et Jeux de rimes (1860). […] Alphonse Daudet Amédée Pommier, un merveilleux artisan en mots et en rimes, l’ami des Dondey et des Pétrus Borel, l’auteur de l’Enfer , de Crâneries et Dette de cœur, beaux livres aux titres flamboyants, régal des lettrés, effroi des académies, et pleins de vers bruyants et colorés comme une volière d’oiseaux des tropiques… C’est en collaboration avec Amédée Pommier que Balzac, toujours tourmenté de l’idée d’écrire une grande comédie classique, avait entrepris Orgon, cinq actes en vers, faisant suite à Tartuffe.
Le cœur gros de soupirs, les yeux noyés de larmes, Plus triste que la Mort dont je sens les larmes, Jusque dans le tombeau je vous suis, cher époux ; Comme je vous aimai d’une ardeur sans seconde, Comme je vous louai d’un langage assez doux, Pour ne plus rien aimer, ni rien louer au monde, J’ensevelis mon cœur & ma plume avec vous.
Le Peintre de Saltzbourg, journal des émotions d’un cœur souffrant, suivi des Méditations du Cloître, 1803. […] Ainsi l’Estelle de Florian ou la Lina de Droz, les Fragments de Ballanche ou les Nuits Élyséennes de Gleizes, peuvent toucher un cœur adolescent autant et bien plus qu’une Iliade. […] Ces années ne furent donc pas absolument malheureuses, les sentiments consolants de la jeunesse les embellissaient, et de fréquentes tournées au village de Quintigny, qui recélait pour son cœur une espérance charmante, lui décoraient l’avenir. […] Tout effort est contraire au bien, Et la parole en vain foisonne, Sitôt que le cœur ne dit rien. […] Je donnerais un long poème Pour un cri du cœur que j’entends.
La philosophie est la pensée du cœur humain, dont la littérature n’est que la parole ; la pensée est le fond de l’homme, la littérature n’est que la forme. […] Ils pensent pour nous, et ils nous rapportent les conquêtes de leurs pensées ; prêtons-leur l’oreille et ouvrons-leur nos cœurs. […] Cette onction d’esprit, cette compatissance, cette clémence de cœur, doivent se manifester dans les leçons du sage à ses frères par un mode d’argumentation qui l’abaisse vers ses auditeurs pour les élever jusqu’à lui. […] Il lui serra ensuite les jambes, et, portant ses mains plus haut, il nous fit voir que son corps se glaçait et se roidissait, et, le touchant lui-même, il nous dit que, dès que le froid gagnerait le cœur, alors Socrate nous quitterait. […] Quant au mahométisme, c’est l’insurrection même de l’unité de Dieu, dans le cœur des Arabes, contre les idolâtries qui infectaient leurs ancêtres, ou qui tenteraient d’infecter de nouveau l’esprit humain.
Léopold Robert avait des besoins de cœur de plus en plus timides et de plus en plus profonds avec l’âge : « Je ne peux m’expliquer, pensait-il, comment on peut trouver dans ce monde des êtres qui paraissent n’éprouver aucun besoin de nourrir le cœur. » Il craignait avec les années le refroidissement graduel de ce qui fait la vie morale : « En vieillissant, on devient d’un froid de cœur ! […] Un coin de roman et de haute ambition de cœur s’était secrètement logé en lui, et, recouvert en silence, lui rendait fastidieux tout le reste. […] Accroissons le plus possible le nombre de ces livres naturels, où des esprits et des cœurs vivants se montrent avec sincérité et apportent une expérience de plus dans le trésor de l’observation humaine.
Villars n’est pas seulement brave et brillant, il a les instincts de la grande stratégie, de celle dont notre siècle a vu les développements et les merveilles : en deux ou trois occasions, s’il avait été maître de ses mouvements, il frappait au cœur de l’Allemagne de ces coups agressifs auxquels on n’était pas accoutumé alors ; il se lançait, par exemple, jusqu’aux portes de Vienne, et très probablement il y entrait. […] et l’on se dit : Quel général de la Révolution aux années du Directoire, ou mieux encore quel maréchal d’Empire c’eût été que Villars, et de ceux qui aspiraient de tout leur cœur à être rois ! […] On sera donc peu étonné que le maréchal sût lui-même par cœur quantité de vers de Racine, de Corneille, et jusqu’à des vers d’opéra, et qu’il les citât à tout propos. […] Réduit à la nécessité de se faire un mérite qui forcât la Fortune en sa faveur, et d’être pour ainsi dire lui-même sa créature, son cœur lui suggéra le seul parti que la raison elle-même lui laissait à prendre, de servir et de surmonter les obstacles, ou de périr. […] Le mérite de Villars et le trait dominant de son tempérament militaire fut de rester jeune de cœur et entier de zèle pendant ces ennuis et ces retardements, qui en eussent usé ou fatigué d’autres ; et il se trouva le plus entreprenant des maréchaux, à cinquante ans, c’est tout simple, et à soixante, ce qui est plus rare, — j’allais dire, et à quatre-vingts —, car il garda jusqu’à l’extrême vieillesse, et quand il prenait Milan en 1734, la vivacité de son feu et de son allure.
Ces deux esprits éminents avaient, évidemment, rencontré l’un dans l’autre la forme d’idéal qui leur était la plus chère, et ils y abondent ; ils s’en donnent à cœur joie ; ils sont si naturellement à leur hauteur, qu’ils ne semblent pas se douter qu’ils se guindent. Le noble vieillard était flatté de se voir si compris et si adoré par une femme d’esprit et de vertu, qui avait encore des restes de beauté, et dont le mari, ne l’oublions point (car Buffon était sensible à ces choses), tenait une si grande place dans l’État : « Mon âme, lui écrivait-il galamment, prend des forces par la lecture de vos lettres sublimes, charmantes, et toutes les fois que je me rappelle votre image, mon adorable amie, le noir sombre se change en un bel incarnat. » Il a le cœur en presse, dit-il, la veille du jour où il doit l’aller voir ; mais s’il l’attend chez lui, elle, en visite, à Montbard, que sera-ce ? les expressions lui manquent, et la langue elle-même, qu’il possède si bien, lui fait défaut : Je n’écris jamais de sang-froid, s’écrie-t-il, dès qu’une fois mon cœur a prononcé le nom de ma grande amie ; mais aujourd’hui c’est une émotion, un transport, par l’espérance qu’elle me donne d’une faveur prochaine qui mettrait le comble à mon bonheur. « J’irai en pèlerinage à cette tour. […] Le jeune magistrat, fort instruit des choses littéraires, a pris à cœur cette gloire domestique dont il relève, et s’est fait une piété et une ambition d’y ajouter. Il aura du moins réussi à faire valoir en Buffon et à mettre de plus en plus en lumière l’honnête homme, l’homme de cœur, de sagesse et de sens.
Bayle lui-même, le Voltaire anticipé du genre, l’esprit le plus émancipé du calvinisme, n’a rien qui sente le Français de pure race, du milieu et du cœur de la France. […] Les écrivains de Port-Royal font une tribu distincte dans la littérature française et au cœur du grand siècle : Pascal seul a éclaté pour tous ; si l’on veut bien connaître les autres, il faut y regarder de très près et les suivre longtemps dans leur monotonie apparente, dans leur demi-obscurité. […] Mais le prix que l’auteur y met au bien et au mal, au bien surtout, paraît moins partir du cœur que de la tête, comme aussi l’effet que ses satires font va plus à la tête qu’au cœur. […] Il semble souvent employer son bon sens et son esprit séparément, et l’un au défaut de l’autre, plutôt que de se servir de l’un et de l’autre conjointement, pour mettre dans leur jour les sentiments du cœur qui font le poète.
Il le voudrait tel ; il lui voudrait souffler le feu sacré, et il sent trop bien que le jeune homme trop morigéné ne l’a pas ; il voudrait lui élargir les vues et lui dilater le cœur, et il sent que cela ne se peut pas. […] Cette question de la comédie lui tenait à cœur. […] Il semble qu’il grossisse sa voix pour l’obliger d’avoir du cœur. […] Là il exagère ou confond ; car son cœur charitable n’eut nul mépris du peuple… « C’est du reste l’adresse instinctive des dévots de se dispenser de réforme en s’accusant, s’humiliant ; ils esquivent par l’humilité. […] Au reste, je ne chicane pas et volontiers je dis de lui, comme de tous ceux qui auprès de lui et depuis lors, au début ou dans le courant du siècle, proposèrent ou rêvèrent une réforme partielle : Honneur à leur cœur, à leurs intentions, à leurs vues même incomplètes, enchevêtrées et confuses !
faut-il que celles que l’on a le plus admirées et plaintes, le plus exaltées et célébrées, nous fassent faute à quelques années de là, nous donnent le regret, la confusion et presque le remords de nos espérances, et que cette misérable vie qui, passé une certaine heure, se compose pour nous d’une suite d’affronts secrets et d’échecs individuels, ne puisse s’achever sans que nous ayons vu coucher l’un après l’autre tous nos soleils, s’abîmer dans l’Océan toutes nos constellations, pâlir au fond du cœur toutes nos lumières ? […] Quelle source inépuisable de jets lyriques les plus puissants et les plus fougueux qui soient sortis d’un cœur moderne de poète ! […] Grenier, quand il fera réimprimer son excellent livre, nous doit, ce me semble, un court résumé historique de tout ce passé, un chapitre narratif où se dessineraient quelques figures originales de philhellènes : je vois d’ici sous sa plume trois beaux portraits aussi peu semblables entre eux que possible, mais dignes d’être réunis et rapprochés sous une même invocation et à un même titre de pieuse reconnaissance : lord Byron, le banquier genevois Eynard et le colonel Fabvier, trois types de cœurs passionnés, dévoués et sans réserve aucune au service de la même cause. […] , tous ses maîtres lui avaient dit et répété bien des fois, avant de partir, ce que Pline le Jeune disait à un de ses amis qui était envoyé de Rome pour être quelque chose comme préfet à Sparte ou à Athènes : « Souviens-toi bien et ne perds pas un moment de vue que c’est en Grèce que tu vas, et au cœur de la plus pure Grèce, là où d’abord la civilisation, les lettres, toute culture, celle même du blé, passent pour être nées… Respecte les dieux fondateurs et instituteurs de toutes ces belles choses, et jusqu’au nom des dieux. […] Après l’habile Capo d’Istria, trop homme de cabinet pourtant, trop habit noir pour la Grèce, et si odieusement frappé au début de sa mission pacificatrice, il n’y a eu d’homme d’État que Coletti, celui-ci tout à fait selon le cœur et le génie du pays et du peuple, le seul Grec de ce temps-ci qui, selon la parole de M.
Il y avait de quoi ramener les cœurs les plus durs à des sentiments de pitié et de sympathie ; décidément, il y avait rachat : les tortures morales et physiques du prisonnier, les épreuves et les mérites de sa famille avaient dépassé et couvraient les fautes. […] Trois généraux s’y succédèrent, sous lesquels le comte de Gisors eut à servir, le maréchal d’Estrées, le maréchal de Richelieu et le comte de Clermont : le premier seul (sauf un peu d’humeur et de rudesse en paroles) était selon son cœur et emportait son estime. […] Je vous aime et vous respecte de tout mon cœur. » Quand l’armée dut évacuer Neuss, ce qui eut lieu le surlendemain de la défaite, il était hors d’état d’être transporté. […] Son cœur seul put être rapporté en France, Le major du régiment de Champagne, M. de Vignolles, appelé par le mourant, et qui avait reçu ses derniers soupirs, écrivait du camp près de Cologne, le 28 juin 1758 : « Nous venons de perdre le meilleur sujet du royaume et la plus belle âme ; il était doué de trop de vertus pour vivre dans un siècle aussi corrompu. […] Dans une lettre du 18 juin à son père, cinq jours avant la bataille de Crefeld, M. de Gisors écrivait : « Je n’ai pu jusqu’ici vous parler à cœur ouvert ; vous verrez avec amertume que, si les choses demeurent dans l’état où elles sont, il n’y a pas le moindre succès à se promettre ; les plus grands malheurs sont à craindre, au contraire M. le comte de Clermont, dépourvu de toute connaissance du pays, incapable de former aucun projet par lui-même, ne veut être constamment gouverné par personne, et cependant se rend toujours l’avis du dernier.
En montrant leurs fronts cicatricés, en comptant le nombre des ennemis dont ils avaient versé le sang, ils croyaient captiver le cœur des femmes. […] Si quelque goût inné pour les lettres, les arts et la philosophie, se trouvait encore dans le Midi, il était dirigé principalement vers les subtilités métaphysiques ; l’esprit sophistique mettait en doute les vérités du raisonnement, et l’insouciance, les affections du cœur. […] Les aperçus de l’esprit, les nuances senties par le cœur se multiplièrent avec les idées et les impressions de ces âmes nouvelles, qui s’essayaient à l’existence morale, après avoir longtemps langui dans la vie. […] La pitié pour la souffrance devait exister de tous les temps au fond du cœur : cependant une grande différence caractérise la morale des anciens, et la distingue de celle du christianisme ; l’une est fondée sur la force, et l’autre sur la sympathie. […] Une morale toute sympathique était singulièrement propre à faire connaître le cœur humain ; et quoique la religion chrétienne commandât, comme toutes les religions, de dompter ses passions, elle était beaucoup plus près que le stoïcisme de reconnaître leur puissance.
J’appelle philosophie, l’investigation du principe de toutes les institutions politiques et religieuses, l’analyse des caractères et des événements historiques, enfin l’étude du cœur humain, et des droits naturels de l’homme. […] Ils sont esclaves des femmes, et néanmoins étrangers aux sentiments profonds et durables du cœur. […] L’art d’exciter la terreur et la pitié par le seul développement des passions du cœur, est un talent dont la philosophie réclame une grande part ; mais l’effet du merveilleux sur la crédulité est d’autant plus puissant, que rien de combiné ni de prévu ne prépare le dénouement, que la curiosité ne peut se satisfaire à l’avance par aucun genre de probabilité, et que tout est surprise dans les récits que l’on entend. […] Il y a quelque rapport entre l’amour et la dévotion ; mais il n’en existe point assurément entre la langue théologique et celle des sentiments du cœur ; et néanmoins c’était souvent avec le même genre d’esprit qu’on disputait à Constantinople, sur la nature de la Trinité ; et qu’on analysait, en Italie, les préférences et les rigueurs de sa maîtresse33. […] Leurs comédies ont beaucoup de cette gaieté bouffonne qui tient à l’exagération des vices et des ridicules ; mais on n’y trouve point, si l’on en excepte quelques pièces de Goldoni, la peinture frappante et vraie des vices du cœur humain, comme dans les comédies françaises.
Plaise aux dieux que ma colère et mon coeur me poussent à déchirer et à manger ta chair crue, tant tu m’as fait de mal. »209 C’est l’âme la plus violente et la plus douce, la plus généreuse et la plus sauvage, mobile et tempétueuse, mais vivante parce qu’elle est complexe et multiple, et poétique, parce qu’elle vit. […] Ainsi, descriptions, récits, discours, tout s’est reformé, tout s’est ranimé de soi-même ; une fois rentrée au coeur, la vie a couru dans tous les membres. — Elle a pénétré d’abord dans les expressions. […] Telle est la très-vraie noblesse Qui nobles moeurs en coeur adresse Le noble coeur trétout surmonte. Le noble coeur les membres dompte », etc.
Personne, dans aucun camp d’idées, je l’espère bien, ne croira à la bonne petite femme artiste, qui ne se doute de rien, quand elle inspire la haine du mariage, dans des romans comme Valentine, Indiana et Jacques, et sème l’adultère dans les cœurs ! […] Voyez si vous trouvez pour exprimer les choses du cœur et de la pensée, plus que les vieilles images surannées, « d’autels renversés dans la fange, d’orages, de ruines qui croulent, de par vis, de feuilles sèches que disperse le vent de la mort, de la colombe qui construit son nid solitaire (pour dire le célibat), de volcans à peine fermés du sol (pour dire les passions apaisées), du forum (pour dire comme les avocats, là vie publique), de l’ange de la destinée, de la lampe de la foi, du vent, de la pluie, mais sur-« tout du vent, et pourquoi ? […] (l’horizon, cette place du ciel dont raffolent les bourgeois et où ils voient tout, même des règnes), du volcan, de l’éternel volcan qui vomit par ses mille cratères de la lave et de la fange, et enfin du bouclier (en parlant à une femme qui n’est pas Clorinde, pour dire le sentiment qui défend son cœur !). […] Mme Sand y met la main sur son cœur, comme Louis-Philippe, et comme Léopold à son balcon, y prit un jour ses enfants dans ses bras. […] Confidences, déclarations de simplicité, main sur le cœur, enfants dans les bras, tout cela c’est la vérité de la dernière heure.
. — Bonne ; elle nous prouve à quel point un cœur jaloux peut égarer l’imagination. […] ne devrait-il pas au moins payer d’un soupir tant d’expressions tendres, tant de traits délicats échappés successivement du cœur de son amante ? […] Ce mouvement subit de générosité, fût-il involontaire, peint, mieux qu’un long discours, un amant tout entier aux intérêts de son cœur ; et je félicite le comédien qui l’imagina. […] Nous y voyons encore que, si son cœur était sensible aux bienfaits de son roi, il ne l’était pas moins à l’injustice des critiques ; et ceux-ci vont en avoir de nouvelles preuves. […] Molière, en homme qui connaissait le cœur humain, a-t-il voulu intéresser au succès de sa pièce l’amour-propre du souverain qui en avait le plus ?
Je ne suis qu’un débauché sans cœur. […] C’est encore un moyen de découvrir la réalité humaine que de la chercher dans son cœur : « J’ai mon cœur humain, moi ! […] C’est lui qui a dit : « Elle serait bien belle et bien utile à faire cette part du cœur dans le progrès des sciences. » La part du cœur est très large dans son œuvre. […] La lecture de Byron enflamma les cœurs bas-normands. […] La vanité et la haine habitaient le cœur de ce poète de la douceur.