/ 2930
2823. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Les Prisonniers du Caucase, par la singularité des mœurs et des caractères si vivement exprimés, semblent déceler, dans ce talent d’ordinaire tout gracieux et doux, une faculté d’audace qui ne recule au besoin devant aucun trait de la réalité et de la nature, même la plus sauvage.

2824. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

D’ordinaire, en effet, il se pose le christianisme comme une limite absolue, comme un horizon au delà duquel il ne remonte pas, pénétré surtout qu’il est, avec raison, de sa haute grandeur, de son caractère sans pareil dans l’ensemble, de son opposition essentielle au paganisme enfin, plutôt que de quelques rapports secondaires.

2825. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Ce que ne gardèrent pas moins, en général, les personnages de cette époque et de ce rang qui survécurent et dont la vieillesse honorée s’est prolongée jusqu’à nous, c’est une fidélité remarquable, sinon à tous les principes, du moins à l’esprit des doctrines et des mœurs dont s’était imbue leur jeunesse ; c’est le don de sociabilité, la pratique affable, tolérante, presque affectueuse, vraiment libérale, sans ombre de misanthropie et d’amertume, une sorte de confiance souriante et deux fois aimable après tant de déceptions, et ce trait qui, dans l’homme excellent dont nous parlons, formait plus qu’une qualité vague et était devenu le fond même du caractère et une vertu, la bienveillance.

2826. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Seulement, à voir les excès de dévouement et de charité auxquels s’épuisait de plus en plus en vieillissant cette femme fragile, il faudrait, pour être juste, conclure avec Montesquieu : « J’appelle la dévotion une maladie du cœur qui donne à l’âme une folie dont le caractère est le plus aimable de tous. » Le livre de M. 

2827. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

Jamais peut-être sur cette terre, à aucune époque, sauf l’ère de l’incarnation de l’idée chrétienne, un pays ne produisit, en un si court espace de temps, une pareille éruption d’idées, d’hommes, de natures, de caractères, de talents, de crimes, de vertus.

2828. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

L’abbé Bossuet ne cessait de répandre à Rome, sur les doctrines et le caractère de Fénelon, les ombres de la calomnie.

2829. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

À travers les vicissitudes de ce conflit, une donnée toutefois reste constante : un mètre d’évaluation impersonnel qui donne au luxe lui-même, dans notre civilisation, ton caractère de banalité et d’anonymat.

2830. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

Le Roy n’est pas seulement nominaliste ; elle a encore un autre caractère qu’elle doit sans doute à l’influence de M. 

2831. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Comme s’il avait voulu se targuer d’un joug secoué, son nom, sur la couverture jaune, s’étalait en plus gros caractères, mais la France littéraire rendit l’âme après trois ou quatre numéros !

2832. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

N’ont-ils point, ces admirables Mémoires d’outre-tombe, par rapport avec le Chateaubriand classique des Martyrs, le caractère dont Théophile Gautier, dans sa belle étude sur Baudelaire, définit le style de décadence ?

2833. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Les lettres du roi de Bavière sont admirables de grandeur et de finesse ; elles expliquent merveilleusement son caractère resté pour nous mystérieux.

2834. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Entre ses mains, l’ancienne chanson française, légère, moqueuse, satirique, non contente de se revêtir d’un rythme plus sévère, s’est transformée en esprit et s’est élevée ; ceux qui en aimaient avant tout la gaieté franche, malicieuse en même temps et inoffensive, ont pu trouver qu’elle perdait chez lui de ce caractère.

2835. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

En un mot, on ne connaît jamais mieux un esprit, un talent, un caractère ou un amour-propre, que quand on l’a vu quelque temps à ce jeu-là.

2836. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Pourtant il ne fallait pas le contrarier à certains moments ; caractère violent et despotique, il s’irritait aisément de la contradiction, même quand il ne s’agissait que des ouvrages de l’esprit.

2837. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Il fut très longtemps à la lire ; je le fixais avec la plus grande attention : son visage pâlissait et se décomposait de temps à antre ; il se remettait, il continuait à lire, ensuite soupirait, toussait, crachait, et finissait par affecter du caractère.

2838. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Il me semble pourtant que, généralement, on ne se fait pas de l’abbé Maury, comme écrivain et comme littérateur, une idée très nette, et que son caractère politique également laisse dans l’esprit quelque chose de louche.

2839. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Il fait voir d’une manière très sensible comment les questions changèrent bien vite de caractère dans cette mobilité, une fois soulevée, des esprits : « Ceux qui élèvent des questions publiques devraient considérer combien elles se dénaturent en chemin.

2840. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

N’ayant en tout ceci d’autre désir que d’être vrai et d’autre rôle que d’exposer fidèlement un caractère auquel le mot de traître ne convient pas, un de ceux auxquels il s’applique le moins, je demande à bien définir la question politique d’alors, telle que nos souvenirs calmés nous la laissent voir à cette distance, et je veux d’abord l’élever à sa juste hauteur.

2841. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

À chaque coup de tonnerre, il survenait, sur la grasse et rubiconde figure du moribond, une épouvante d’un caractère particulier.

2842. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Un type ne reproduit aucun homme en particulier ; il ne se superpose exactement à aucun individu ; il résume et concentre sous une forme humaine toute une famille de caractères et d’esprits.

2843. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

C’est un choix particulier d’expressions, une certaine distribution de syllabes longues ou brèves, dures ou douces, sourdes ou aiguës, légères ou pesantes, lentes ou rapides, plaintives ou gaies, un enchaînement de petites onomatopées analogues aux idées qu’on a et dont on est fortement occupé, aux sensations qu’on ressent et qu’on veut exciter, aux phénomènes dont on cherche à rendre les accidens, aux passions qu’on éprouve, et au cri animal qu’elles arracheraient, à la nature, au caractère, au mouvement des actions qu’on se propose de rendre, et cet art-là n’est pas plus de convention que les effets de l’arc-en-ciel ; il ne se prend point ; il ne se communique point ; il peut seulement se perfectionner.

2844. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

La chronique de Duthuit, qui fait là son apparition, est essentiellement consacrée à la peinture, mais évoque également le cinéma, la musique et le théâtre, et se fait l’écho du Festival Dada, qui a eu lieu salle Gaveau (45, rue de la Boétie) le 26 mai 1920, dont Duthuit souligne le caractère décevant.

2845. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

On n’y trouve pas, sur son caractère et sur son génie, dont les diverses influences s’exercèrent en sens si contraires, l’opinion définitive que tout homme qui écrit l’histoire a pour prétention de faire accepter à l’avenir ; et cette faillance de cœur contre Châteaubriand n’est pas la seule qu’on puisse reprocher à l’auteur.

2846. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Les caractères réellement aperçus ont donc servi à évoquer un souvenir.

2847. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Il m’entretient d’une série de romans qu’il veut faire, d’une épopée en dix volumes, de l’histoire naturelle et sociale d’une famille, qu’il a l’ambition de tenter, avec l’exposition des tempéraments, des caractères, des vices, des vertus, développés par les milieux, et différenciés, comme les parties d’un jardin, « où il y a de l’ombre ici, du soleil là ». […] ……………………………………………………………………………………………………… Par toute la longue et infinie rue de Vaugirard, par toute cette rue à la fois champêtre et industrieuse ; rien du caractère guerrier des autres quartiers, devenus tout militaires. […] En allant, ce soir, chez Burty, dans les endroits ombreux, mon regard est attiré par les caractères de feu, avec lesquels le gaz écrit dans la découpure du zinc des colonnes : spectacles. […] Le noir de cette ville, dont je retrouvais, à plus de dix lieues, l’emplacement par la réverbération qu’elle mettait dans la partie du ciel qui lui servait de plafond, de cette ville qui gardait presque le jour, dans la nuit, avec le flamboiement de ses boutiques, de ses cafés, de ses cent milliers de becs de lumière : ce noir, ces ténèbres toutes nouvelles, changent Paris, impriment à ses quartiers les plus neufs un caractère de vieillesse, les reculent, les enfoncent dans le passé.

2848. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

— J’ai désobéi à mon évêque… — Votre évêque, indulgent à des manies qui ne portent, en définitive, nulle atteinte sérieuse à votre caractère sacerdotal, vous pardonne… Toutefois, je mets une condition à ce pardon que je vous accorde entier : c’est qu’à l’avenir vous édifierez votre paroisse, non seulement par la pratique de vertus auxquelles je me plais à rendre justice, — je me souviens encore de l’abbé Cyprien Coupiac, un des bons sujets de mon grand séminaire, — mais aussi par une correction, une hauteur de tenue dignes du saint ministère que vous exercez… Vous me comprenez, n’est-ce pas ? […] Il a, le premier, éveillé en moi ces violences soudaines qui devaient faire partie de mon caractère d’homme et que rien ne laissait prévoir chez l’enfant plutôt patient et doux que j’étais. […] Mais lequel d’entre ces gouapeurs, attelés en passives bêtes de somme à la besogne quotidienne et dans les laps de repos ne pensant qu’à jouir, eût consenti à le croire, eût compris un pareil renoncement, une telle force de caractère ? […] La personne physique du peintre lui apparaissait elle-même sous un jour nouveau ; elle était frappée de la dignité naturelle de sa démarche, qui la faisait penser à l’allure puissante et souple des grands fauves : elle était frappée de l’éclat lumineux de son front, du caractère énergique de ses traits calmes, auxquels ses cheveux légèrement blanchis et comme à demi poudrés prêtaient alors une douceur étrange. […] Il s’agit de nous apprendre un mariage du grand monde et d’indiquer en peu de mots le caractère, les habitudes des personnages.

2849. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

Mais la scène du souper surpasse tout et achève d’imprimer à cette journée son entier caractère de noblesse chevaleresque, et au tableau qui nous est retracé toute sa grandeur, j’ai presque dit sa sublimité.

2850. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Quelques-unes de ces romances sont d’un grand caractère : la première entre autres, dans laquelle on voit don Diègue, tristement inconsolable de l’outrage qu’il a reçu du comte et qui cette fois est bien un soufflet, trop vieux et trop débile pour en tirer vengeance par lui-même, et se demandant si l’un de ses fils est de force et de cœur à le suppléer.

2851. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

. — « Si cela est, repartit l’évêque, vous ne pouvez mieux faire que de vous adresser à moi ; je connois ces montagnes, j’y ai passé souvent en faisant mes visites : j’y sais des endroits si affreux et si éloignés de tout commerce, que, quelque difficile que vous puissiez être, vous aurez lieu d’en être content. » Rancé, avec sa vivacité naturelle, prenant cette parole à la lettre, pressait déjà M. de Comminges de les lui montrer : « Je m’en garderai bien, lui répondit le prélat en souriant, ces endroits sont si tentants, que, si vous y étiez une fois, il n’y auroit plus moyen de vous en arracher. »  C’était en vain que cet évêque aimable et d’autres amis conseillaient à Rancé, jusque dans son repentir, « cette juste médiocrité qui fut toujours le caractère de la véritable vertu. » Cette médiocrité était précisément ce qu’il y avait de plus contraire à son humeur et de plus insupportable à ses pensées.

2852. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Puis vint Louis XIV, qui lui rendit le caractère fanatique et somptueux de la Gaule et de l’Espagne.

2853. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Il ne me paraît pas qu’il eût un très grand caractère.

2854. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Par l’esprit, où Frédéric n’était pas loin d’égaler Voltaire ; par le caractère, où il lui est supérieur ; par l’ascendant de la puissance, qui fait que ce qu’un roi pense il le commande, le prince amène peu à peu l’écrivain à toutes ses opinions.

2855. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Fénelon démontrant l’existence de Dieu « par les merveilles de la création », indique par le mot de merveilles, le caractère indistinct de ses peintures.

2856. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

Le plus remarquable caractère des utopistes est de n’être pas historiques, de ne pas tenir compte de ce à quoi nous avons été amenés par les faits.

2857. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

L’effrayante unité de son caractère ne se dément pas ; la triple haine de la mère frappée dans sa fille, de la femme jalouse d’une rivale, de l’adultère qui veut que l’époux fasse place à l’amant, en noue les jointures.

2858. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Droz), on voit toujours l’honnête homme, mais on ne retrouve plus l’intrépide magistrat. » Malesherbes, comme tant d’hommes de sa race et de sa forme de caractère, n’était tout à fait grand et intrépide que sur les fleurs de lis, en attendant le jour où il fut si grand en présence de l’échafaud.

/ 2930