Ces peuples fondent des capitales improvisées, comme Pétersbourg ; des étapes d’un moment dans des climats inhabitables, aux bords de la mer, pour surveiller de là des voisins plus avancés qu’eux-mêmes dans les arts de la navigation ; puis, lorsque le péril est passé, ils passent dans de meilleurs climats et bâtissent, comme en Crimée, aux bords d’autres mers, des capitales d’avenir, pour porter leurs yeux et attirer leurs cœurs vers des empires croulants, qui offrent à leur espoir des capitales définitives, où le soleil et l’ambition les invitent. […] Il vint enfin en France, pays auquel il s’attacha par l’attrait du cœur et des arts. […] Les grands mots d’art, de poésie diapraient constamment son langage.
25 août Je regarde cette maison bourrée de livres, de gravures, de dessins, d’objets d’art, qui feront des trous dans l’histoire de l’art de l’École française, si tout cela brûle, — et ces choses, mes amours d’autrefois, — je n’ai pas l’énergique désir de les sauver. […] Il n’est pas étonnant que, dans l’art de la guerre, qui est après tout un art inférieur, mais compliqué, ils aient atteint à cette supériorité, que je constate dans toutes les choses, je vous le répète, que j’ai étudiées, que je sais… Oui, messieurs, les Allemands sont une race supérieure !
XXI Les gamins de ma bande m’avaient enseigné l’art, très important, de grimper aux arbres. […] Ce qu’étaient ces histoires, je n’en ai aucune idée, je me souviens seulement que l’art des transitions, dans le récit, me manquait complètement… Je n’avais qu’une seule formule : Et puis… Et puis ! […] Rien n’y amuse les yeux ; aucun ornement, aucune fantaisie d’art, ni peinture, ni sculpture ; ce ne sont que lignes sèches et rigides. […] Elle avait une âme romanesque et éprouvait une respectueuse et naïve admiration pour l’art et pour les artistes. […] Ils causaient de littérature ou discutaient des questions d’art, mais ne soufflaient mot de la pièce qu’on représentait : ils savaient bien que, même sans se rien dire, ils ne seraient que trop du même avis.
L’art du narrateur a été, dans ce vaste récit, tout en ne sacrifiant rien de l’action principale, de maintenir la part singulière de ces figures héroïques et de les détacher, de les ramener à temps ; il y a là un grand talent de composition sans qu’il y paraisse.
Il lui représentait avec force et douceur les inconvénients de cette versatilité, et il faisait tout pour l’en guérir : « Une honnête personne qui a tant fait que d’aimer et de le dire, ne doit pas imaginer qu’elle puisse jamais cesser d’aimer ; vous ne m’aimez point assez, et, à mesure que mon goût augmente pour vous, il me semble que le vôtre diminue. » Mlle de Châteaubriant paraît avoir été une personne romanesque qui voyait avant tout dans la passion la difficulté à vaincre, et dont la pensée était toujours ailleurs, en avant : Présentement que cet obstacle est levé, lui disait Lassay, vous en imaginerez d’autres… Vous n’aimez qu’à penser et à imaginer… Notre plus grand ennemi est votre esprit… — Il y a, lui disait-il encore en lui faisant voir son caractère à elle comme dans un miroir, il y a une bizarrerie dans votre humeur, à laquelle il est impossible de résister ; je comptais de passer des jours heureux avec une personne qui m’aimait, et que j’aimais plus que ma vie : vous me forcez à perdre cette espérance ; je ne sais plus comme vous êtes faite, mais je sais bien que vous trouvez moyen de faire que c’est un malheur d’aimer et d’être aimé de la personne du monde la plus aimable ; il y a bien de l’art à cela.
Et après cela, après tout hommage rendu à la fleur des érudits, au savant aimable et délicat, je m’adresserai aux nouveaux, à ceux qui s’élèvent : Jeunes érudits et savants qui lui succédez, vous le savez mieux que moi, si vous voulez maintenir l’Antiquité à son rang, dans toute son estime, et intéresser à elle les esprits des générations présentes et prochaines, ce n’est pas en l’abordant désormais à la Boissonade et en vous attaquant isolément à des points imperceptibles, c’est en traitant les questions qui la concernent, dans toute leur précision sans doute, mais aussi dans toute leur étendue et leur généralité, et en rattachant les anciens le plus possible au train moderne par une anse moderne aussi, par quelque agrafe puissante, en leur demandant tout ce qui se rapporte chez eux à l’histoire des idées, des mythes, des religions, de l’art, de la police et de la constitution des sociétés, à la marche enfin et au progrès de l’esprit humain et de la civilisation elle-même.
Il y a des actions qui nous arrivent si bien présentées, que l’on peut craindre que l’art et l’habileté du narrateur n’y soient pour quelque chose.
Le vice de l’ouvrage n’est pas dans tel chapitre en particulier, il est dans la monotonie du sujet et le peu d’art qui m’a empêché de combattre cette monotonie naturelle : on ne peut juger un semblable défaut qu’en lisant le livre d’une haleine.
Malheur à qui a reçu dès le berceau ce don de la Muse, cet art d’évocation et de poésie, l’incurable magie des mots harmonieux, cette magie, elle aussi, qui ensorcelle !
Du milieu de ses délices, il songeait à l’art et le pratiqua.
On sent l’art partout sous l’inspiration, dès le début de ses plus belles odes.
» C’est à la même image que Théophile Gautier offre son encens : Chimère ardente, effort suprême De l’Art et de la Volupté Monstre charmant, comme je t’aime, Avec ta multiple beauté !
XVIII La fin de l’humanité, et par conséquent le but que doit se proposer la politique, c’est de réaliser la plus haute culture humaine possible, c’est-à-dire la plus parfaite religion, par la science, la philosophie, l’art, la morale, en un mot par toutes les façons d’atteindre l’idéal qui sont de la nature de l’homme.
Un des traits caractéristiques des hommes dont je parle est d’affecter un profond mépris pour l’art idéal, la passion noble et pure.
La Ciguë Au point de vue de l’art pur, de la correction ornée de la forme, l’auteur n’a guère surpassé La Ciguë.
Il est mené avec un art rapide et serré qui le fait rebondir par-dessus les achoppements qu’il heurte, à chaque scène.
Remarquez avec quel art il saisissait le seul moyen de mettre les apparences de mon côté et de légitimer aux yeux de tant de témoins son entrée nocturne dans ma maison.
Ou il y a eu, en effet, une liasse de papiers jaunes et inégaux sur lesquels on a trouvé, enregistrées une à une, les dernières pensées d’un misérable ; ou il s’est rencontré un homme, un rêveur occupé à observer la nature au profit de l’art, un philosophe, un poëte, que sais-je ?
Étalages de princes, de « monarques », et de capitaines ; du peuple, des lois, des mœurs, peu de chose ; des lettres, des arts, des sciences, de la philosophie, du mouvement de la pensée universelle, en un mot, de l’homme, rien.
L’art de se débarrasser d’un cadavre gênant est pratiqué de la même façon dans Le tailleur et le bossu (1001 Nuits) et dans Le fils adoptif du guinnârou.
Mais quelle différence de ce plaisir estropié, si je puis parler de la sorte, à celui que le même air ferait éprouver, s’il était chanté dans le goût et l’esprit qui lui conviennent, et surtout exécuté par le compositeur même, et devant des auditeurs bien au fait des finesses de l’art musical ?
Sur certaines lignes d’évolution, celles du monde végétal en particulier, automatisme et inconscience sont la règle ; la liberté immanente à la force évolutive se manifeste encore, il est vrai, par la création de formes imprévues qui sont de véritables oeuvres d’art ; mais ces imprévisibles formes, une fois créées, se répètent machinalement : l’individu ne choisit pas.
En ce sens, l’humanisme de la Renaissance, créant, par l’amour des lettres et des arts, de précieux traits d’union entre gens de races et de conditions différentes, préparait l’avènement de la personne humaine171.
Ils ont beaucoup de dispositions aux sciences, aux arts libéraux et aux arts mécaniques.
Plein de feu, d’ardeur, d’une âme affectueuse et amicale, unissant à un fonds d’instruction solide les goûts les plus divers, ceux de l’art, de la curiosité et de la réalité, il semble ne vouloir faire usage de toutes ces facultés que pour en mieux servir ses amis ; il se transforme et se confond, pour ainsi dire, en eux ; et ce sont eux les premiers qui, de leur côté, sont obligés de lui rappeler qu’il y a aussi une propriété intellectuelle qu’il faut savoir s’assurer à temps par quelque travail personnel : il est naturellement si libéral et prodigue de lui-même envers les autres qu’on peut sans inconvénient lui conseiller de commencer un peu à songer à lui, de penser à se réserver une part qui lui soit propre, et, en concentrant ses études sur un point, de se faire la place qu’il mérite d’obtenir un jour.
C’est ainsi qu’ayant eu communication des Mémoires, alors manuscrits, de Mme de La Rochejacquelein, revus et en partie rédigés par M. de Barante, il déclarait y avoir trouvé « la jouissance la plus vive que livre puisse jamais procurer. » Il y voyait tout ce qui constitue un morceau accompli d’histoire, « l’harmonie et la justesse d’un style partout adapté à la chose, l’art pittoresque qui met toujours et la scène et les personnages devant les yeux, l’intérêt le plus vif, le plus enthousiaste, le plus vertueux, qu’aucune période de l’histoire moderne ait jamais présenté, un intérêt qui s’attache aux personnes et qui ne se perd jamais dans les masses et les nombres abstraits, comme il arrive trop souvent. » Les Lettres de Mlle de Lespinasse, nouvellement publiées (1809), lui faisaient un effet bien différent ; c’était, pour lui, une lecture singulière qui lui laissait des impressions contradictoires, et où il se sentait quelquefois rebuté par la monotonie de la passion, souvent blessé d’un manque de délicatesse et de dignité dans la victime, mais attaché en définitive par la vérité et la profondeur de l’étude morale : « Un rapprochement, dit-il, que je faisais à chaque page augmentait pour moi l’intérêt de cette Correspondance.
Des pères de famille égorgés au milieu de leurs enfants, parce que des malfaiteurs avaient tiré à leur insu de dessus leur toit ; des rues entières saccagées ; du sang et des morts, voilà tout ce qui reste : du deuil, des larmes, et la ruine d’un grand nombre de familles… « Mon cher enfant, jette-toi avec ardeur dans les arts ou dans les sciences : avec eux, jamais de remords… » (L’honnête homme qui parlait ainsi n’est autre que M.
La première curiosité épuisée, il n’a pas tardé à éprouver le vide de la patrie, le mal de l’absence : France, mère des arts, des armes et des lois, Tu m’as nourri longtemps du lait de ta mamelle Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois… Il se compare à d’autres plus heureux que lui, à des agneaux qui ne craignent ni le loup, ni le vent, ni l’hiver, et qui n’ont faute de pâture.
Les secousses souvent contradictoires, les espérances précipitées suivies de découragement, puis de nouveau reprises avec ferveur, les jugements excessifs, passionnés, lancés dans la colère, et que plus tard elle mitigera, le bon sens fréquent qui s’y mêle, la sincérité invariable, tout contribue à faire de ces pages sans art un témoignage bien honorable à celle qui les écrivit, en même temps qu’une utile leçon, suivant nous, pour ceux qui cherchent dans la réflexion du passé quelque sagesse à leur usage, quelque règle à leurs jugements en matière politique, quelque frein à leurs premiers et généreux entraînements.
On se plaint souvent que la littérature actuelle ne soit pas plus forte, plus élevée, plus semblable à celle des siècles précédents, des grandes époques précédentes : je ne sais ce que ces plaintes ont de fondé ; nous sommes trop juge et partie peur avoir voix au chapitre dans la question ; mais, en admettant le fondé du reproche, comment voulez-vous que la littérature, la véritable, celle qui a son inspiration propre, celle qui n’est animée ni du désir du gain ni de l’ambition des honneurs, mais qui a sa verve naturelle, originale, son goût de fantaisie ou de vérité, et d’une vérité piquante et parfois satirique (car ce ne sont pas les sujets qui manquent), comment voulez-vous que cette littérature qui sacrifie tout à elle-même, à sa propre satisfaction, au plaisir de rendre avec art, avec relief, et le plus excellemment possible ce qu’elle pense, ce qu’elle voit et dans le jour sous lequel elle le voit, comment voulez-vous qu’elle ait toute sa vigueur, sa joie, sa fierté et son indépendance, si, à tout moment, l’écrivain qui tient la plume a à se faire cette question : « Aurai-je affaire ou non à messieurs du parquet, à messieurs de la police correctionnelle ?
Quand je m’interroge sur les articles les plus importants et le plus définitivement acquis de mon symbole scientifique, je mets au premier rang mes idées sur la constitution et le mode de gouvernement de l’univers, sur l’essence de la vie, son développement et sa nature phénoménale, sur le fond substantiel de toute chose et son éternelle délimitation dans des formes passagères, sur l’apparition de l’humanité, les faits primitifs de son histoire, les lois de sa marche, son but et sa fin ; sur le sens et la valeur des choses esthétiques et morales, sur le droit de tous les êtres à la lumière et au parfait, sur l’éternelle beauté de la nature humaine s’épanouissant à tous les points de l’espace et de la durée en poèmes immortels (religions, art, temples, mythes, vertus, science, philosophie, etc.), enfin sur la part de divin qui est en toute chose, qui fait le droit à être, et qui convenablement mise en jour constitue la beauté.
Ici l’art disparaît, le son étouffe la parole, la poésie fait place à une musique déchirante qui tire de chaque mot la note du cri, l’éclat du sanglot.
Puis il s’est mis à confesser, avec une exaltation que je n’avais plus l’habitude de trouver chez lui, sa passion pour l’art de l’extrême Orient.
Ils savent en hiver élever leurs maisons, Passent les étangs sur des ponts, Fruit de leur art, savant ouvrage ; Et nos pareils ont beau le voir, Jusqu’à présent tout leur savoir Est de passer l’onde à la nage.
XI Si son roman avait été quelque chose de plus qu’une vignette dessinée pour la contemplation des jeunes filles innocentes, j’aurais dit qu’il aurait sacrifié le grand art au petit.
Nous sommes trop près des romantiques pour ne pas nous répandre en protestations contre leurs défauts, d’autant plus grands à nos yeux que nous craignons presque d’y tomber encore ; notre esprit est en réaction trop directe avec le leur pour que nous puissions clairement démêler le vrai du factice dans l’art romantique, pas plus d’ailleurs que nous ne saurions apprécier dans une exacte mesure les exagérations de l’art contemporain.