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1054. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Sa vie n’a été qu’une suite d’actes de dévouement destinés à rester ignorés. […] C’est l’histoire de la France, passionnée il est vrai, mais c’est de l’histoire que cette suite de protestations contre les actes de compression, de favoritisme et de despotisme qui se cachent sous notre belle devise : Liberté, Égalité, Fraternité. […] Mais l’acte en toi valait le rêve, Le beau toujours, le beau sans trêve ! […] » Mais ces trente jours, de quels actes héroïques, de quels dévouements sublimes ne furent-ils pas les témoins ? […] Puis, en me disant : “J’ai encore loin d’ici à Carcassonne”, il partit d’un pas si ferme que j’aurais eu peine à le suivre. » Qu’on ne s’étonne pas trop de pareils actes.

1055. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Mais il y a en nous certaines notions d’après lesquelles nous jugeons qu’un acte est bon ou mauvais. […] Jouira-t-il de ce bonheur acheté au prix d’un acte que sa conscience lui reproche comme un crime ? […] Est-ce qu’un homme agité d’impulsions maladives, envahi par des troubles génésiques, est responsable de ses actes ? Mais qu’est-ce qui dit que dans ces conditions-là on les lui impute là-haut, ses actes ? […] Idées artistiques et théories littéraires se résolvent en actes dans la vie sociale et s’y traduisent par des faits.

1056. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Je veux donner la fleur de mon âge aux actes et aux fruits du mariage… Je veux un mari, et je ne le lâcherai pas !  […] Il y a des gens sincèrement touchés de leurs fautes qui pourtant ne peuvent pleurer et faire acte de remords. […] On récite une leçon et on psalmodie un catéchisme ; même au paradis, même dans l’extase et dans les plus divins ravissements de l’amour, Dante se croit tenu de faire acte de mémoire exacte et d’orthodoxie scolastique. […] I wol bestow the flour of all myn age,  In th’ actes and the fruit of mariage… And husband wol I have, I wol not lette,  Which shall be both my dettour and my thrall,  And have his tribulation withall Upon his flesh, while that I am his wif.

1057. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers, Tome xix. (L’île d’Elbe, — L’acte additionnel. — Le champ de mai.) » pp. 275-284

(L’île d’Elbe, — L’acte additionnel. — Le champ de mai.)

1058. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française »

Cet homme de talent, modeste, lui aussi, autant que distingué, est connu au théâtre par de jolis actes en vers.

1059. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Hommes et dieux, études d’histoire et de littérature, par M. Paul De Saint-Victor. »

Le jour où il a écrit sur la Belle Hélène (26 décembre 1864), il a véritablement fait un acte de foi ; il a lancé l’anathème contre le burlesque, le grotesque, s’attaquant aux chefs-d’œuvre antiques et les profanant : le carquois résonnait ce jour-là sur son épaule ; on eût cru voir la colère d’Apollon.

1060. (1874) Premiers lundis. Tome I « J. Fiévée : Causes et conséquences des événements du mois de Juillet 1830 »

Parlera-t-on de la démocratie industrielle, de l’aristocratie territoriale, lorsque le plus grand propriétaire rural n’aurait pas pu disposer de quatre hommes, tandis que les industriels prétendus démocrates ont mis cinquante mille hommes sous les armes, par un seul acte de leur volonté ?

1061. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — I »

Si aucune religion ne satisfait complètement la raison des philosophes de nos jours, ils devraient voir aussi qu’aucune religion ne satisfait toutes leurs sympathies, ne règle tous les actes qu’ils doivent accomplir comme hommes et comme êtres sociaux.

1062. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre IV. De la religion. »

Les esprits ardents n’ont que trop de penchant à croire que le jugement est inutile, et rien ne leur convient mieux que cette espèce de suicide de la raison abdiquant son pouvoir par son dernier acte, et se déclarant inhabile à penser, comme s’il existait en elle quelque chose de supérieur à elle, qui put décider qu’une autre faculté de l’homme le servira mieux.

1063. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

Je ne crois pas qu’il y ait eu chez lui d’amour-propre, ni d’ambition, au-delà de ce que comportent les actes humains, jusque dans le plus désintéressé dévouaient à l’idée.

1064. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’Âge héroïque du Symbolisme » pp. 5-17

Les Veilleuses, un acte en prose de Paul Gabillard. — III.

1065. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre III. L’analyse externe d’une œuvre littéraire » pp. 48-55

De même encore, on s’apercevra bien vite que le quatrième acte de Ruy Blas est cousu au reste de la pièce par un fil si léger qu’on pourrait le supprimer tout entier sans que la clarté de l’action en souffrit.

1066. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 151-168

Le Philosophe marié est d’un autre genre de mérite : il prouve combien Destouches avoit de ressource dans l’imagination : conduire pendant cinq actes, sans langueur & sans inutilité, un sujet qui paroît capable de fournir tout au plus deux ou trois scènes, ne sauroit être l’Ouvrage que d’un esprit qui connoissoit les secrets du cœur & savoir tout ramener à l’action théatrale.

1067. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Japonisme » pp. 261-283

* * * Un curieux fait dans l’histoire de l’humanité que ce grand acte de dévouement accompli dans une société féodale par toute une famille de vassaux, et que, depuis deux siècles, le Japon célèbre par le théâtre, le roman55, l’image.

1068. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Crétineau-Joly » pp. 367-380

Les pires pamphlets, les plus sanglants, les plus terribles, ne sont pas ceux-là qu’écrivent les historiens, auraient-ils la plume de Tacite, mais bien ceux qu’écrivent avec leurs propres actes, dans l’Histoire, les hommes d’État coupables et les mauvais gouvernements !

1069. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Camille Desmoulins » pp. 31-44

Génie littéraire dépaysé dans une révolution populaire, mais dont il partagea l’ivresse, il eut en puissance et souvent en acte tous les vices de ce genre de génie qui mène les âmes faibles bien vite aux corruptions et les esprits les plus brillants au ridicule.

1070. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice Bouchor »

Mais on ne l’arrache pas quand on en a, et le talent donne alors ce qu’il a donné dans ce poème du Faust moderne, qui veut être athée, et que j’aime comme un acte de foi !

1071. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Banville. Les Odes funambulesques. »

Quand donc elle trouve sur son chemin, comme aujourd’hui, un livre qui sort par le relief, le mordant, la qualité, la solidité, le brochage vrai, la correction experte de la triste production contemporaine, elle en donne acte, avant de passer outre, à l’éditeur qui se permet cette nouveauté, ne dût-il être imité par personne dans ce temps d’extinction générale, de bon marché et d’égalité dans la misère !

1072. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Duranty » pp. 228-238

Qu’il suffise de savoir, pour l’heure, que malgré les actes d’adoration publics de M. 

1073. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Feuillet de Gonches »

Naïf scélérat, comme nous l’avons appelé, ce conteur de ruse aimable, Feuillet, en se servant avec tant d’habileté de la langue du xvie  siècle et en la fondant avec tant de goût avec celle du xixe n’a pas voulu seulement faire acte d’artiste, mais d’éducateur.

1074. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

La phrase naît, fleurit, s’éclaire, par le même acte de splendeur native qui fait éclore de la nuit l’Acropole. […] Faguet a commises sur le style de Taine, sans faire de son style sa contre-nature, il est visible qu’il l’a extrait de sa nature par un effort de discipline et par un acte de volonté. […] La distinction me semble fondée, j’en donne acte en gros à M.  […] Je veux dire la littérature, l’acte de mettre du noir sur du blanc et de publier, se prenant lui-même comme matière à approfondir et comme objet à réfléchir. […] Au contraire, la référence à l’antiquité, chez les critiques littéraires, existe en puissance plutôt qu’en acte.

1075. (1930) Le roman français pp. 1-197

Passionnément héroïque, et démesurée dans ses actes, la duchesse Sanseverina. […] Il n’en avait pas besoin : seulement, en vertu de son tempérament, tous ses actes prenaient un air de réclame. […] Il y adhéra pourtant, en paroles sonores, que certains de ses actes contredisaient. […] Il se dit : « Si l’auteur nous montre ses personnages comme cela, et accomplissant tels ou tels actes, c’est qu’il veut qu’il en soit ainsi. […] Alors, on dit à l’écrivain qui révèle des actes regrettables, parfaitement avérés : « Taisez-vous, pour l’amour de Dieu !

1076. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Dans le poème du Trappiste, publié en 1823 au bénéfice des Trappistes d’Espagne, il fit acte de poète royaliste au moment où il se croyait près de faire acte de soldat en faveur de la même cause de la légitimité espagnole. […] Encore une fois rien, si ce n’est faire acte de haute poésie.

1077. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Et pendant ce dialogue sublime, les accompagnements reproduisent les progressions chromatiques, les dissonances âcres et terribles qui ont été entendues au premier acte au moment du duel. […] « Le premier acte m’avait ravi ; mais, après ce merveilleux incident, la musique opéra sur moi un effet bien autrement puissant. […] On dit que, pendant tout l’entracte, elle est restée évanouie, et, après la scène du second acte, elle a eu des attaques de nerfs. » Un insignifiant. « Oh !

1078. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Tartufe, au cinquième acte, n’est pas plus dur que Faux-Semblant, et sa magnifique langue n’est pas plus forte ni plus précise que l’énergique bégaiement de son aïeul. […] En l’absence du coupable, qui ne peut être interrogé, le président demande s’il se trouve dans l’assemblée quelque avocat d’office qui veuille prendre sa défense, Une foule immense se lève en tumulte, jeunes, vieux, gens des deux sexes et de toutes conditions, les uns pour excuser le coupable, les autres pour renchérir sur l’acte d’accusation. […] Il relève le poëte de son serment par quittance dûment octroyée, et lui délivre un certificat de fidélité selon les formes judiciaires, avec la date, qui donne de l’authenticité aux actes : Le jour de la feste des Morts L’an mil quatre cent trente-sept, Au chastel de plaisant recept.

1079. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

« Il pensait, nous dit-il, faire acte de citoyen et de père, et se regardait comme un membre de la république de Platon. » On voudrait bien croire à une aberration d’esprit ; mais une lettre écrite longtemps avant les Confessions nous donne le vrai motif : « Il a voulu, dit-il, soustraire ses enfants à une société qui n’en eût fait que des décrotteurs ou des bandits, ou qui ne les eût protégés qu’au prix d’infamies. » Et il ajoute : « C’est l’état des riches, c’est votre état qui vole au mien le pain de nos enfants115. » Voilà bien l’utopiste essayant de cacher le père sans entrailles ; il y a, dans ces paroles sauvages, la mauvaise humeur d’un homme qui a conservé assez d’honnêteté pour s’attacher, avec une sorte de rage, à un sophisme qui lui voile sa faute. […] Parler de Dieu et de l’âme à ce siècle où, dans une foule qui n’y croyait plus guère que par respect humain, des esprits distingués faisaient profession d’athéisme, où Voltaire défendait Dieu comme une bonne institution de police, c’était une inspiration de génie et un acte d’homme de bien. […] Il est vrai qu’un hommage plus magnifique encore resterait infiniment au-dessous du plus simple acte de foi et d’amour d’une âme véritablement chrétienne ; mais puisqu’il y a des esprits qui ne peuvent pas devenir religieux par le cœur, ne faut-il pas remercier Dieu qu’il lui ait plu de se révéler à eux par la force de la logique dans les écrits d’un Descartes, par la force du sentiment dans ceux d’un Jean-Jacques Rousseau ?

1080. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

Ainsi, d’après les principes de Darwin, qu’avait entrevus un autre philosophe grec, Empédocle, la condition essentielle du développement de la vie à travers les âges, c’est que les actes agréables soient aussi, en général, les actes favorables à ce développement. […] Même dans l’acte de manger, le plaisir ressenti aiguillonne la dépense d’énergie, et l’équilibre n’est atteint que quand la satiété fait cesser l’action.

1081. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Son âme a reçu plus de part que celle des autres nations dans ce type éternel et ineffable de beauté qui est le modèle intérieur sur lequel se moulent les actes ou les œuvres de l’homme. […] La France a peu d’imagination poétique ; elle semble réserver cette qualité surhumaine de l’humanité, l’enthousiasme, pour ses actes plus que pour ses œuvres. […] Il avait de plus le mérite de ne jamais faire rougir ni la pudeur du front, ni la pudeur de l’esprit, et de conserver toujours, même dans ses débordements de verve et de fiel, cette pudicité des mots qui est la délicatesse du goût, comme la décence des actes est la délicatesse du cœur.

1082. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Si Manon revenait à lui comme à un pis-aller, si elle cherchait dans ses caresses confiantes l’oubli des tumultueuses aventures, il ferait plus qu’un acte de folie ; il s’avilirait. […] Ponsard une chicane puérile et sans fondement : l’analyse de sa tragédie, acte par acte et scène par scène, démontre surabondamment ce que j’avance. […] Au second acte, l’interdit est prononcé. […] Nous sommes arrivés à la fin du quatrième acte, et rien encore n’a permis au spectateur de deviner la véritable signification, le caractère réel de l’action dont il entend parler, mais qui ne s’accomplit pas sous ses yeux. […] Cette situation unique ne saurait suffire à défrayer les cinq actes d’une tragédie ; aussi ne sommes-nous point surpris que M. 

1083. (1899) Arabesques pp. 1-223

Éduqués par les Jésuites, ces opportunistes de l’Église qui leur disent : « Faites tout ce que vous voudrez mais venez nous rendre compte de vos actes », ils feignent d’accepter la Révolution. […] Dégageons-le, ouvrons-lui la voie par nos paroles et par nos actes, et nous connaîtrons la volupté sereine de créer en beauté. […] Où est le critérium qui permettrait d’apprécier, avec équité, les actes d’un individu que son tempérament porte à vivre en dehors des coutumes généralement admises ? […] On ne réfléchit pas que leurs actes sont conformes aux mœurs de notre époque. […] Voir, notamment, Empereur et Galiléen, surtout l’acte III de la première partie, p. 80 à 85 de la traduction Casanove.

1084. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Il l’a associée à tous ses sentiments et à tous ses actes ; il s’est apaisé et même engourdi en elle. […] « Ainsi le fidèle fait acte de foi implicite quand il dit : Je crois tout ce que croit ou enseigne l’Église, ou : Je crois tout ce que Dieu, vérité infinie, a révélé. […] Ainsi, un assentiment en bloc (chose infiniment commode), un mouvement du cœur, un acte de la volonté… Donc, Biré a raison, l’abbé Pailhès a raison, l’abbé Bertrin a raison, M.  […] Au début de ce chapitre, quelques traces de l’ancienne critique scolaire, comme cette assertion qu’il est moins difficile de faire les cinq actes d’Œdipe roi que de créer les vingt-quatre livres d’une Iliade, et que « Sophocle et Euripide étaient sans doute de beaux génies, mais au-dessous d’Homère et de Virgile ». […] Il affecte, du moins au commencement, la plus minutieuse et la plus implacable exactitude, adopte d’abord la forme d’un journal de voyage, nous rend compte de ses actes heure par heure.

1085. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Beaucoup de suicides ont lieu depuis quelque temps parmi les troupes du Ier corps ; « des actes trop nombreux de suicides », dit M. le maréchal. […] La première, comédie assez médiocre en cinq actes et en vers, reçue à l’unanimité par le comité du Théâtre-Français, ne fut jamais représentée, la censure ayant refusé son autorisation. […] Lady Tartufe est une comédie en cinq actes, et en prose, dont le succès a été très contesté. […] Quant à la Joie fait peur, c’est un petit acte qui est encore au répertoire et dont le titre dit le sujet. […] L’acte d’accusation, avec une présomption dont ce genre de documents ne fournit que trop d’exemples, y vit l’action directe de la Providence.

1086. (1923) Nouvelles études et autres figures

On rédigeait les actes publics dans les trois langues. […] Si le ballet qui termine la pièce, le Ballet des Nations, n’a aucun rapport avec le sujet, la Cérémonie turque, qui se place à la fin du quatrième acte et d’où M.  […] Consciemment ou non, Shelley tend de tout son être à se rapprocher par ses actes de ses personnages imaginaires. […] Entre temps, accompagné de sa femme et de sa belle-sœur, il était allé en Irlande faire campagne contre l’Acte d’Union et y prêcher la liberté. […] Le milieu nous livre la clef des événements et des actes précis.

1087. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Et puis, d’époque en époque, on rencontre dans la vie publique de M. de Chateaubriand de ces actes d’honneur désintéressé et de généreuse indignation qui font du bien au cœur parmi tant d’égoïsmes prudents et d’habiles indifférences. […] Mais ce que nous aimons sans réserve dans l’attitude actuelle de M. de Chateaubriand, ce qui nous le montre bien d’accord avec lui-même, avec son tempérament de loyauté et de liberté, c’est son irrémédiable dégoût de tout régime peureux, ou du moins étayé sur la peur, sans noblesse, qui suit sa cupidité sous l’astuce, et qui parfois devient même cynique dans ses actes ou dans ses aveux.

1088. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

Quoi qu’il en soit, il s’évade encore en accomplissant un acte de sauvetage sur un vaisseau de guerre ; puis, se laissant en apparence tomber à la mer et nageant entre deux eaux, il disparaît de nouveau. […] Il était comme s’il avait la tête pleine de fumée ; des éclairs lui passaient entre les cils ; ses idées s’évanouissaient ; il lui semblait qu’il accomplissait un acte religieux et qu’il commettait une profanation.

1089. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

En conséquence, les personnages dramatiques se maintiendront « tels qu’on les aura vus d’abord » ; l’inconstance même de leurs actes se rattachera sensiblement à leur permanente identité morale. — Chaque homme a sa physionomie singulière, ses nuances propres et particulières de caractère ; nous ne croyons pas qu’il y ait deux esprits exactement semblables ; la nature ne fait de ménechmes qu’au physique. […] De même, selon les idées de Boileau, déterminées par la tradition gréco-romaine, on ne doit pas écrire l’épopée, ni la tragédie, ni la comédie en prose : ne savons-nous pas les colères de Voltaire, quand il entendait parler d’un Maillard ou Paris sauvé, en prose, et qu’aussitôt après la mort de Molière, les comédiens firent mettre son Don Juan en méchants vers par Thomas Corneille, pour ne pas donner au public cinq grands actes d’admirable prose, à laquelle on fut cent cinquante ans à revenir ?

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