Le scandale de ces fêtes et de ces divertissements ruineux devenait d’autant plus grand, ou du moins plus criant, que les malheurs de la famille royale étaient venus s’ajouter à ceux de la France ; mais la mort des principaux héritiers directs rapprochait le duc du Maine du pouvoir, ou même du trône ; chaque échelon de moins dans l’ordre de succession légitime était un degré de plus dans l’échafaudage de sa fortune.
Mme de La Vallière est un de ces sujets et de ces noms qui ont toujours jeunesse et fraîcheur en France : elle représente l’idéal de l’amante avec toutes les qualités de désintéressement, de fidélité, de tendresse unique et délicate, qu’on se plaît à y rassembler ; elle ne représente pas moins en perfection la pénitence touchante et sincère.
Elle l’avait établi, comme malgré lui, son conseiller, son confident : elle voulait se marier, lui disait-elle, se marier décidément en France, faire la fortune de quelqu’un qui le méritât, et vivre avec cet honnête homme et cet ami dans une estime parfaite, avec douceur et tranquillité.
Fugitif ensuite et déjà hors de France, avec son audace et ses talents, avec son épée et sa plume, il avait mille ressources.
Tels sont Artamène ou le Grand Cyrus, où l’on trouve une partie considérable de la vie de Louis de Bourbon prince de Condé, et sa Clélie qui renferme quantité de traits qui ont du rapport à tout ce qu’il y avait alors de personnes illustres en France.
Beaumarchais répondit gaillardement que cette petite n’était autre qu’une pauvre enfant adoptive dont Figaro, à Séville, prenait soin par humanité ; que depuis lors elle avait passé en France, avait épousé à Paris « un pauvre honnête garçon, gagne-denier sur le port Saint-Nicolas, nommé L’Écluze, qui venait d’être écrasé misérablement, au milieu de tous ses camarades, par la machine qui sert à décharger les bateaux » : Il a laissé, ajoutait-il, sa pauvre femme, âgée de vingt-cinq ans, avec un enfant de treize mois et un de huit jours qu’elle allaite, quoiqu’elle soit très malade et qu’elle manque de tout.
Barbé-Marbois, de retour en France, fit bâtir à la pauvre folle, qui ne pouvait plus voir un homme, sans avoir une attaque de nerfs, une petite maison au bout de sa propriété, et de temps en temps, il allait voir sa femme par-dessus le mur, monté sur une échelle.
Un des plus bénins est celui-ci : « depuis nos malheurs », phrase doucereuse où on assimile la France à une vieille dame à cabas « qui a connu de meilleurs jours ».
Zola, avec Balzac, voit avec raison dans le roman une épopée sociale : « Les œuvres écrites sont des expressions sociales, pas davantage ; la Grèce héroïque écrit des épopées ; la France du dix-neuvième siècle écrit des romans. » Le roman, dit Guyau, raconte et analyse des actions dans leurs rapports avec le caractère qui les a produites et avec le milieu social ou naturel où elles se manifestent.
C’était Voltaire qui en France avait commencé le feu contre ce barbare.
Un bel ouvrage tombe entre leurs mains, c’est un premier ouvrage, l’auteur ne s’est pas encore fait un grand nom, il n’a rien qui prévienne en sa faveur, il ne s’agit point de faire sa cour ou de flatter les grands en applaudissant à ses écrits ; on ne vous demande pas, Zélotes , de vous récrier, C’est un chef-d’œuvre de l’esprit ; l’humanité ne va pas plus loin : c’est jusqu’où la parole humaine peut s’élever : on ne jugera à l’avenir du goût de quelqu’un qu’à proportion qu’il en aura pour cette pièce ; phrases outrées, dégoûtantes, qui sentent la pension ou l’abbaye, nuisibles à cela même qui est louable et qu’on veut louer : que ne disiez-vous seulement, Voilà un bon livre ; vous le dites, il est vrai, avec toute la France, avec les étrangers comme avec vos compatriotes, quand il est imprimé par toute l’Europe et qu’il est traduit en plusieurs langues ; il n’est plus temps.
Il est remarquable que la France a perdu, sur la fin du dernier siècle, trois beaux talents à leur aurore : Malfilâtre, Gilbert et André Chénier ; les deux premiers sont morts de misère, le troisième a péri sur l’échafaud.
Vien Saint Denis prêchant la foi en France.
Si nos peintres et nos sculpteurs étaient forcés désormais de puiser leurs sujets dans l’histoire de France moderne, je dis moderne, car les premiers francs avaient conservé dans leur manière de se vêtir quelque chose de la simplicité du vêtement antique, la peinture et la sculpture s’en iraient bientôt en décadence.
Il est vrai que cette uniformité de rithme n’a point empêché le succès de nos poëmes dramatiques en France et dans les pays étrangers ; mais ces poëmes qui n’ont que deux mille vers sont assez excellens pour le soutenir contre ce dégoût.
plusieurs raisons y ont contribué ; la grandeur où la France est parvenue sous le règne de Louis XIV ; la supériorité de nos bons écrivains en matière de goût sur ceux des autres nations ; et peut-être aussi cette destinée quelquefois bizarre, qui décide apparemment de la fortune des langues comme de celle des hommes.
S’il eût dû lire à la France assemblée, dans de nouveaux jeux olympiques, tout ce qu’il a écrit sur l’histoire, il n’aurait pas si souvent désolé la raison.
Critique, érudit, anecdotier, professeur de professeurs, sachant du grec autant qu’homme de France, il a fait jusque de l’André Chénier qui déjà imitait les autres !
Sumner Maine est obligé de le reconnaître : la théorie de la souveraineté nationale, substituant à la doctrine de l’État-maître la doctrine de l’État-serviteur, est pleinement acceptée en France, en Italie, en Espagne, en Portugal, en Hollande, en Belgique, en Grèce, en Suède, en Norvège ; et si ni l’une ni l’autre ne la professent expressément l’Allemagne la respecte, l’Angleterre la pratique8.
Est-ce au zèle inepte et farouche de la fameuse commission qui a forcé les directeurs de théâtre à bouleverser leurs salles, à dépenser inutilement des sommes considérables et à hausser le prix des places ; privé Paris de spectacles pendant deux ou trois mois, et tout fait pour hâter le déclin de l’art dramatique en France ? […] Voici le premier, rapporté par Segrais : « Étant une fois près de Corneille à une représentation du Bajazet, il me dit : “Je me garderais bien de le dire à d’autres que vous, parce qu’on dirait que j’en parlerais par jalousie ; mais prenez-y garde, il n’y a pas un seul personnage dans le Bajazet qui ait les sentiments qu’il doit avoir et que l’on a à Constantinople ; ils ont tous, sous un habit turc, le sentiment qu’on a au milieu de la France.” » Et voici le second : « Bajazet est une tragédie du second ordre, qui n’a pu être écrite que par un auteur du premier. » À vrai dire, ce jugement suppose, chez La Harpe, des lumières extraordinaires, et qu’il possédait une mesure, un étalon, une balance d’une précision bien remarquable, pour fixer le rang, non seulement des auteurs, mais des œuvres, — et cela sans embrouiller jamais les deux « cotes », en sorte qu’il eût pu dire avec sérénité : « Ceci est un ouvrage du troisième ordre écrit par un auteur du second ; cela est un ouvrage du second ordre écrit par un auteur du quatrième », etc. […] L’ingénieux Odéon, qui est peut-être en ce moment le plus intéressant des théâtres de Paris, nous a donné mercredi dernier ce qu’on n’avait jamais vu en France, une féerie de Shakespeare et la plus fantastique de toutes : Le Songe d’une nuit d’été. […] Là vivent des paysans plus primitifs, plus près de la terre, plus ignorants que les derniers paysans de France ; de pauvres créatures ne roulant dans leur cerveaux étroits qu’un très petit nombre d’idées, en proie aux instincts élémentaires, et sur qui règne vraiment « la puissance des ténèbres ». […] Il pourrait me répondre que, s’il est le premier en France qui ait parodié les dieux de l’Olympe sous cette jolie forme de l’opérette (Orphée est antérieur à la Belle Hélène), les plus spirituels des écrivains grecs lui avaient donné l’exemple de cette impertinence ; qu’Aristophane, ce conservateur, a, le premier « blagué » les dieux ; qu’Euripide nous montre Mes-Bottes à table sous la figure d’Hercule dans la plus touchante de ses tragédies (Alceste), et que tout l’Olympe est traité avec la plus complète irrévérence dans les dialogues voltairiens (déjà !)
Il s’affranchit d’abord, je crois, par la France et ensuite par la Grèce et peut-être par toutes les deux à la fois, et en tout cas, puisqu’il n’importe pas beaucoup, et qu’il faut un ordre, commençons par la France. Notons, du reste, qu’à la France comme à la Grèce il était conduit par son grand ami Goethe, qui aimait autant l’une que l’autre. […] Quoi qu’il en soit, il s’adressa à la France. […] La France le mena-t-elle à la Grèce ou la Grèce le ramena-t-elle plus tard à la France ? […] Il laisserait conquérir la France par l’Espagnol, l’Allemand ou l’Anglais, en disant : « Qu’est-ce que cela peut bien me faire ?
Il a son grand homme, un professeur du collège de France, payé pour se tenir à la hauteur de son auditoire. […] Parcourez ces cent volumes de ses œuvres jetés avec profusion de sa main jamais lasse, et concluez avec moi qu’un seul homme en France était capable d’exécuter ce qu’il avait conçu, la Comédie humaine, ce poème épique de la vérité !
C’est alors aussi que la Russie prend sa place dans la famille littéraire de l’Europe, avec une saveur de l’Asie que le comte de Maistre avait respirée à Moscou et qui lui a valu en France une popularité biblique. […] Il vint enfin en France, pays auquel il s’attacha par l’attrait du cœur et des arts. […] Quant aux vins de France, particulièrement les vins rouges, il ne pouvait les souffrir, et déclarait qu’il les trouvait trop aigres.
. : « Prosaïque est un mot nouveau qu’autrefois je trouvais ridicule, écrit Stendhal dans son livre : De l’Amour, en 1823, car rien de plus froid que nos poésies ; s’il y a quelque chaleur en France depuis cinquante ans, c’est assurément dans la prose. » Mais ce que j’essaie d’expliquer presque scientifiquement, les poètes l’accomplissent avec une merveilleuse inconscience. […] Larochefoucauld, Chamfort, Rivarol, qui sont en France comme s’ils n’avaient jamais existé, et qui nous reviennent revivifiés par une sensibilité étrangère, sont chassés de France, au nom de Kant.
L’antiquité fut fouillée avec un sens critique, une connaissance des textes, un génie d’interprétation que la France n’avait pas l’habitude de porter dans ces sortes de recherches. […] Caro, les principaux débats de la philosophie contemporaine en France. […] Taine aime les époques accusées, claires à l’imagination, les époques modernes et civilisées, la société de France et d’Angleterre du xviie ou du xviiie siècle ; M.
Nous, qui de toutes les provinces de la France sommes venus vers la capitale, c’est nous les vrais Parisiens ! […] Mais je m’y refusai absolument : j’avais appris en même temps le grec et le français et je ne séparais pas les deux langues ; je voulais voir la France ; enfant, déjà, j’avais la nostalgie de Paris. […] Quelle admirable idée a eue l’État de me loger ici dans l’Institut de France, à l’endroit le plus beau et le plus animé de Paris… ! […] Mais ne vous y trompez pas : ce n’était pas l’armée régulière qui agissait ainsi : c’étaient les hommes de recrue, les nouveaux arrivés des quatre coins de la France, qui jetaient leur gourme en tuant les misérables et en détruisant les maisons. […] « Je voudrais être tantôt le premier homme de lettres de France et tantôt le dernier homme des bois.
Tous les historiens de la minorité de Louis XIV n’approchent pas de ces Mémoires… Il y a bien des traits singuliers sur Christine, reine de Suède, et sur ses deux voyages en France.
En France, dans le pays de la sociabilité, il est tout simple, je le répète, que la plus aimable, la plus bienfaisante des vertus soit couronnée ; mais la vertu, sous ses formes réelles, elle est à chaque pas ; elle échappe aux couronnes, de même qu’elle se rencontre à qui la cherche, à qui sait l’observer, virile, courageuse, terrestre, travailleuse, contribuant à la civilisation et à la richesse générale, à la sueur de son front et par ses peines ; s’appliquant à tout, vaillante au progrès, servant la société dans l’humilité, la docilité et le silence, parfois aussi dans la lutte et le combat ; — oui, parfois (si l’on se transporte dans l’ordre de la pensée et des idées), sachant et osant protester contre la société même, lui résister en face, et résignée dès lors à tous les sacrifices, à toutes les privations et aux ignominies peut-être, en vue de la vérité.
Mme Valmore, avec ses deux filles, y accompagna son mari, ne laissant en France que son fils.
« Le roi de Prusse, l’impératrice de Russie, toutes les grandeurs, toutes les célébrités de la terre reçoivent à genoux, comme un brevet d’immortalité, quelques mots de l’écrivain qui vit mourir Louis XIV, tomber Louis XV et régner Louis XVI, et qui, placé entre le grand roi et le roi martyr, est à lui seul toute l’histoire de France de son temps.
Une des raisons qui expliquent encore la vogue rapide de M. de Balzac par toute la France, c’est son habileté dans le choix successif des lieux où il établit la scène de ses récits.
Avant de rendre compte des moyens et des résultats de son travail, il importe toutefois (c’est justice) de caractériser une phase nouvelle qui semble s’ouvrir en France pour la critique littéraire, et dont M.
L’hommage de toute la France lui était à peu près indifférent.
Il ne faut pas se faire illusion sur la valeur de ces attaques : elles n’étaient pas nouvelles, ni en France ni dans la chrétienté ; et il n’y avait pas longtemps que Rutebeuf, précisément pour les mêmes motifs, avait dit les mêmes choses.
Cette sorte d’esprit a de tout temps existé en France.
Il faut se rappeler que Saint-Pétersbourg, qui tire ses modes de Paris, est toujours un peu arriéré, en sorte que le poème impie de Pouchkine trouva des lecteurs à une époque où pareil ouvrage eût paru en France du plus mauvais goût.