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551. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Dès l’âge de dix ans, il marquait du penchant pour la boisson, et on avait peine à l’empêcher de se griser à table. […] Elle ne ressemblait pas à Frédéric qui se passait de lecture allemande et ne lisait que des ouvrages français ; elle en lisait aussi en russe et trouvait à cette langue adoptive, qu’elle s’appliquait à parler et à prononcer en perfection, « bien de la richesse et des expressions fortes. » Les Annales de Tacite qu’elle lut en 1754 seulement, c’est-à-dire à l’âge de vingt-cinq ans, opérèrent, dans sa tête une singulière révolution, « à laquelle peut-être la disposition chagrine de mon esprit à cette époque, nous dit-elle, ne contribua pas peu : je commençais à voir plus de choses en noir, et à chercher des causes plus profondes et plus calquées sur les intérêts divers, dans les choses qui se présentaient à ma vue. » Elle était alors dans des épreuves et des crises de cœur et de politique d’où elle sortit haute et fière, avec l’âme d’un homme et le caractère d’un empereur déjà. […] Je n’en fis pas secret à Mr Tchoglokoff qui le redit à l’oreille de deux ou trois personnes, et de bouche en bouche, au bout d’un quart d’heure à peu près, tout le monde le sut. » Avec une galanterie des ce genre et moyennant cette adroite flatterie pour un caprice souverain, la grande-duchesse réparait pour quelque temps, dans l’esprit futile d’Élisabeth, bien des préventions contre elle, qu’on lui avait inspirées. — Mais voici le mieux, et je ne crois pas qu’un peintre de femmes, fût-il un Hamilton, eût jamais pu mieux faire ni mieux dire, s’il s’était proposé de nous donner le portrait de Catherine, à l’âge de vingt et un ans : « Aux bals de la Cour, où le public n’assistait pas, je me mettais le plus simplement que je pouvais, et en cela je ne faisais pas mal ma cour à l’Impératrice, qui n’aimait pas beaucoup qu’on y parut fort parée.

552. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

Mais du jour où, dans une province de Judée éloignée de Jérusalem, sur une colline verdoyante, non loin de la mer de Galilée, au milieu d’une population de pauvres, de pêcheurs, de femmes et d’enfants, le Nazaréen, âgé de trente ans environ, simple particulier, sans autorité visible, nullement conducteur de nation, ne puisant qu’en lui-même le sentiment de la mission divine dont il se faisait l’organe inspiré comme un fils l’est par son père, se mit à parler en cette sorte, de cette manière pleine à la fois de douceur et de force, de tendresse et de hardiesse, « d’innocence et de vaillance », un nouvel âge moral commençait. […] Bien longtemps, et quand l’âge de sa prédominance la plus ferme et la plus altière n’était déjà plus, les luttes elles-mêmes et les déchirements partiels n’entamèrent en rien sa végétation luxueuse et sa majesté. […] Qu’est-ce à dire aujourd’hui que le cours des saisons et des âges a de plus en plus marché, que le sourd travail des ans et le ralentissement de la sève ont fait de l’arbre un tronc antique, noueux, moussu, à demi creusé et ne se soutenant plus en quelques-unes de ses parties qu’à l’aide de supports ?

553. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Si je voulais chercher quelques traces ou indices du talent de Veyrat à cet âge de vingt-deux ans, je les trouverais plutôt dans ses Italiennes, poésies politiques dont il ne se donnait que comme l’éditeur52. […] A cet âge d’enthousiasme, de colère, d’espérance illimitée, Veyrat, semblable à bien des hommes de sa génération et de celles qui ont succédé, rêvait l’émancipation universelle des peuples et leur délivrance par la révolution ; il s’irritait des retards et prenait ses impatiences pour des prophéties. […] J’ai vu la société à un âge où il est dangereux de la voir ; j’ai épousé ses passions les plus orageuses avant même d’en soupçonner les premières conséquences.

554. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Il est à la Cour pour obtenir une pension du roi pour lui et pour aider à élever les enfants qui sont encore en bas âge, et à mieux pourvoir ceux qui en sont en état. […] Je n’étais arrivé là qu’environ une heure après le corps, avec le fils qui avait eu à s’arrêter à Versailles. » Dans cette même lettre, les bontés de Louis XIV pour la famille Racine nous sont confirmées par le menu : « Depuis quelques jours le roi a accordé au fils une pension de mille francs (sic) et autant à la veuve pour elle et ses enfants encore en bas âge. […] Le Peletier aussi louable que je dois être honteux de n’avoir pas, à mon âge, le courage de l’imiter. » Racine était de cette famille d’esprits distingués et de cœurs tendres, que se disputaient, on l’a dit, l’amour du roi et l’amour de Dieu ; il se le reprochait lui-même.

555. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

Charles-Hubert Millevoye est né à Abbeville le 24 décembre 1782, et par conséquent, s’il vivait aujourd’hui, il aurait à peu près le même âge (un peu moins) que Béranger. […] Le jeune Millevoye perdit son père à l’âge de treize ans ; dix ans après, il célébrait cette douleur, encore sensible, dans l’élégie qui a pour titre l’Anniversaire. […] rien qu’un denier d’or marqué à mon nom, et qui s’ajouterait à cette richesse des âges, à ce trésor accumulé qui déjà comble la mesure !

556. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Tout change, tout meurt ou se renouvelle ; les races les plus antiques et les plus révérées ont leur fin ; les nations elles-mêmes, avant de tomber et de finir, ont leurs manières d’être successives et revêtent des formes diverses de gouvernement dans leurs divers âges ; ce qui était religion et fidélité dans un temps n’est plus que monument et commémoration du passé dans un autre ; mais à travers tout, tant que la dépravation n’est pas venue, il y a quelque chose qui reste : l’humanité et les sentiments naturels qui la distinguent, le respect pour la vertu, pour le malheur, surtout immérité et innocent, la pitié qui elle-même n’est que le nom de la piété envers Dieu en tant qu’elle se retourne vers les infortunes humaines. […] À cet âge, elle n’avait pas encore dans les traits du visage ces formes prononcées et un peu fortes sous lesquelles nous l’avons vue. […] Mme la duchesse d’Angoulême est morte à Frohsdorf le 19 octobre 1851, à l’âge de soixante-treize ans moins deux mois, et dans la vingt et unième année de son dernier exil.

557. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Pour s’expliquer qu’au milieu de ces pièges et de ces périls où elle se jouait, Madame n’ait point failli, pour qu’elle ait pu dire sincèrement à Monsieur, à l’article de la mort : « Monsieur, je ne vous ai jamais manqué », il faut se rappeler et les difficultés de sa situation si observée, et aussi son âge avec cette sorte d’innocence qui accompagne les imprudences de la première jeunesse. […] Quand le comte de Guiche fut exilé en 1664, Madame, qui avait vingt ans, était déjà devenue plus prudente : « Madame, nous dit Mme de La Fayette, ne voulait pas qu’il lui dît adieu, parce qu’elle savait qu’on l’observait, et qu’elle n’était plus dans cet âge où ce qui était périlleux lui paraissait plus agréable. » Tous ces aimables engagements, ces hasards, ces entrecroisements de désirs et d’intrigues de cœur se rapportent donc surtout à sa jeunesse d’avant vingt ans. […] Il n’y avait point de cabale ; mais Madame, parmi les personnes attachées au prince son mari, avait distingué un homme capable, un ambitieux généreux et de mérite, et elle se l’était acquis, elle avait voulu le faire servir à l’accomplissement de ses propres vues, qui devenaient plus sérieuses avec l’âge.

558. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

Mais le maître en ce genre, maître incomparable, du moins à considérer tous les auteurs français, et pour les autres je sens mon incompétence, c’est Molière, qui trace un caractère par le style même du personnage dès les premières répliques qu’il prononce, qui met des nuances de style sensibles entre des personnages à peu près semblables, et par exemple entre Philaminte, Armande et Bélise, peut-être et je le crois, entre Mademoiselle Cathos et Mademoiselle Madelon ; qui indique par des styles différents les différents âges, même, d’un même personnage ; car on sait parfaitement que Don Juan n’a pas le même âge au cinquième acte qu’au premier, malgré l’apparente observation de la règle des vingt-quatre heures, et qu’il change de caractère du commencement à la fin de la pièce ; or, observez le style, et vous verrez que de ces différences dans le caractère et de ces différences d’âge, le style même vous avertit.

559. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — V » pp. 123-131

C’était un jeune homme qui, dès l’âge de dix-huit ans, se trouva le plus grand poète de son temps, distingué par son poème de Henri IV, qu’il avait composé dans ses premiers voyages à la Bastille, et par plusieurs pièces de théâtre fort applaudies. […] Mais un désaccord s’étant prononcé entre le roi de Sardaigne et lui, et la fatigue de l’âge se faisant sentir, il dut retourner à Turin, où la maladie le prit et où il mourut le 17 juin.

560. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. LOUIS DE CARNÉ. Vues sur l’histoire contemporaine. » pp. 262-272

Un grand bon sens, joint à des convictions religieuses très-sincères et à des affections monarchiques très-profondes ; beaucoup d’études, beaucoup de modération, quoique dans la première et fervente jeunesse, une probité pleine de désintéressement et même d’esprit de sacrifice, à un âge et dans des situations facilement accessibles aux vues ambitieuses : tels étaient les mérites et la physionomie bien rare de cette école du Correspondant, qui poursuit encore aujourd’hui ses honorables travaux dans la Revue européenne. […] Je le reproduis ici pour montrer que nous n’étions pas seulement attentifs alors aux poëtes, aux peintres, aux artistes, mais aussi aux politiques de notre âge et de notre génération, et que nous avions les yeux ouverts de plus d’un côté.

561. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « EUPHORION ou DE L’INJURE DES TEMPS. » pp. 445-455

Les caprices, les passions de quelques-uns avaient de temps à autre dérangé les lois ou même avaient paru les faire : maladie d’enfance, convulsions du bas âge ! […] Tout est bien, tout est mieux, me disais-je ; mais à force de mieux et par la vertu même de ce progrès continu que rien désormais ne saurait enrayer, ne serait-il pas possible que l’équivalent de cette grande catastrophe et de ce grand naufrage d’oubli se retrouvât un jour pour nous aussi, pour nos âges si superbes ?

562. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française — II. La Convention après le 1er prairal. — Le commencement du Directoire. »

Vingt héros, divers de caractère et de talent, pareils seulement par l’âge et le courage, conduisaient ses soldats à la victoire. […] On pesait leurs mérites divers ; mais aucun œil encore, si perçant qu’il pût être, ne voyait dans cette génération de héros les malheureux ou les coupables : aucun œil ne voyait celui qui allait expirer à la fleur de l’âge, atteint d’un mal inconnu, celui qui mourrait sous le poignard musulman ou sous le feu ennemi, celui qui opprimerait la liberté, celui qui trahirait sa patrie ; tous paraissaient grands, purs, heureux, pleins d’avenir !

563. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre II. Enfance et jeunesse de Jésus. Ses premières impressions. »

Puis se déroulent le double sommet qui domine Mageddo, les montagnes du pays de Sichem avec leurs lieux saints de l’âge patriarcal, les monts Gelboé, le petit groupe pittoresque auquel se rattachent les souvenirs gracieux ou terribles de Sulem et d’Endor, le Thabor avec sa belle forme arrondie, que l’antiquité comparait à un sein. […] Si jamais le monde resté chrétien, mais arrivé à une notion meilleure de ce qui constitue le respect des origines, veut remplacer par d’authentiques lieux saints les sanctuaires apocryphes et mesquins où s’attachait la piété des âges grossiers, c’est sur cette hauteur de Nazareth qu’il bâtira son temple.

564. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre onzième. »

pourquoi lui donner cette mauvaise opinion des enfans de son âge ? […] Passe encor de bâtir ; mais planter à cet âge !

565. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 8, des plagiaires. En quoi ils different de ceux qui mettent leurs études à profit » pp. 78-92

Qu’un peintre se serve donc de l’Apollon de Belveder pour representer Persée ou quelque autre heros de l’âge de Persée, pourvû qu’il anime cette statuë, et qu’il ne se contente pas de la dessiner correctement pour la placer dans un tableau telle qu’elle est dans sa niche. […] Il seroit inutile cependant de vouloir engager de jeunes gens, pressez par l’émulation, excitez par l’activité de l’âge, et entraînez par un génie impatient de s’annoncer au public, d’attendre à se produire qu’ils eussent connu l’espece dont est leur talent, et qu’ils l’eussent perfectionné.

566. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Paul Bourget »

D’âge de Parnassien, M.  […] Il nous a rappelé cette torture sublime… Il ne l’aurait pas eue que sa Vie inquiète n’aurait plus été la Vie inquiète, au même degré du moins, et que sa poésie aurait manqué de ce qui touche le plus en elle : Heureux l’homme qui, jeune et le cœur plein de songes Meurt sans avoir douté de son cher Idéal, À l’âge où les deux mains n’ayant pas fait de mal Nos remords les plus vrais sont de pieux mensonges.

567. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VIII. De Platon considéré comme panégyriste de Socrate. »

« Et moi aussi, dit Socrate, j’ai une famille, j’ai trois fils, dont l’un est sorti de l’enfance et les deux autres ont encore besoin des secours de leur père ; je n’en ferai cependant paraître aucun pour vous attendrir, et ce n’est ni par mépris ni par orgueil, ces sentiments ne peuvent entrer dans le cœur de Socrate ; mais la gloire de ses juges, la sienne, celle de la république lui défendent de donner un tel exemple, à son âge surtout, et avec le nom qu’il porte ; car, dit-il, que ce nom soit mérité ou ne le soit pas, on est persuadé que Socrate est au-dessus des hommes ordinaires. […] Regardez mon âge ; je ne tiens presque plus à la vie, et déjà je touchais à ma tombe. » Socrate continue ; il parle tranquillement à ses juges ; il peint le plaisir qu’il aura de converser, dans un autre univers, avec les grands hommes de tous les temps, avec ceux qui ont été, comme lui, les victimes d’un jugement injuste, et il fait des vœux pour que ses enfants meurent un jour comme leur père, s’ils ont le bonheur d’importuner aussi les Anitus par leur vertu.

568. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Riom, Adine (1818-1899) »

Eugène Manuel C’est, à l’âge du recueillement, le long regard jeté en arrière, le salut attristé à tout ce qu’aima l’épouse, la mère, l’aïeule.

569. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Dès les premiers âges, ils étaient renommés pour ce don. […] Jusqu’à présent, les âges modernes n’en comptent que deux, l’Angleterre et la France. […] L’âge d’or du génie poétique de l’Angleterre fut aussi l’âge d’or de son génie social. […] Quel est l’âge propre avant tout autre à l’amour ? […] Sterne était déjà avancé en âge lorsque la fantaisie lui prit de devenir auteur.

570. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rivet, Fernand »

Charles Fuster Ce livre, on le sent, est d’un tout jeune homme, encore à l’âge des grands enthousiasmes.

571. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Monneron, Frédéric (1813-1837) »

Alphonse Lemerre Fils d’un pasteur vaudois, Frédéric Monneron est mort à l’âge de vingt-quatre ans, laissant des vers qui « ne sont que des fragments inachevés et comme des souffles épars de son âme », mais qui cependant dénotent qu’il y avait en lui le germe d’un vrai poète.

572. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Schaller, Elisabeth (Pseud. François Casale) »

Eugène Manuel Vous avez choisi, de préférence, les frais paysages, les légendes, les confidences de l’amitié, les rêveries émues de votre âge.

573. (1887) Essais sur l’école romantique

C’est même, historiquement parlant, ce concours simultané de tous les écrivains d’une époque qui amène une langue à son âge d’or. […] Le privilège de son âge est d’avoir des illusions dorées, une foi naïve au bien, un besoin d’estimer les hommes. […] Janin aura donc son emploi ; quelque jour, il trouvera son joint ; son style ira à l’idée qui lui est échue, et c’est parce que je l’espère de tout mon cœur que je dis que son talent serait déjà mort si, au lieu d’être à l’âge où l’on se réveille, où, comme le serpent, on peut encore changer sa vieille peau contre une nouvelle, il était à l’âge où l’on se continue sans s’accroître, et où, comme l’ours, on diminue sa graisse en la léchant ; — et cet âge n’est pas loin du premier, surtout dans ce temps si vite et si dévorant ; que Jules Janin y songe ! […] Peu de poètes, non seulement dans notre âge, mais dans les âges passés, ont été doués, à un si haut degré, de ce talent de peindre, de colorier avec des mots. […] L’enfant de génie, arrivé à l’âge mûr, a déjà perdu la première vivacité de sa mémoire et la première fraîcheur de son imagination.

574. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article »

Celui-ci a fait plusieurs Livres de Controverse, de Métaphysique, & d'Histoire, auxquels il survécut, quoiqu'il ne soit pas mort dans un âge avancé.

575. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Duchange, Jacques »

Francisque Sarcey Je me suis beaucoup moque, quand j’avais votre âge, des fausses élégances de Delille et des emphases d’Écouchard Lebrun ; vous pouvez railler de même mes scrupules, qui sentent leur vieux temps.

576. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 22

Sa mort, causée par la débauche, l’enleva dans la vigueur de l’âge, & l’empêcha de se faire une grande réputation dans la carriere dramatique.

577. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Lélia (1833) »

Vers l’âge de trente ans, combien n’est-il pas actuellement de femmes qui, belles encore, ayant devant elles, ce semble, un riant automne de jeunesse, sentent pourtant en leur cœur l’ennui, la mort, l’impuissance d’aimer et de croire ! […] Les jours où je me sentais agitée au point de ne pouvoir plus reconnaître la ligne de démarcation imaginaire tracée autour de ma prison, je l’établissais par des signes visibles ; j’arrachais aux murailles décrépites les longs rameaux de lierre et de clématite dont elles étaient rongées, et je les couchais sur le sol aux endroits que je m’étais interdit de franchir : alors, rassurée sur la crainte de manquer à mon serment, je me sentais enfermée dans mon enceinte avec autant de rigueur que je l’aurais été dans une bastille. » J’indiquerai encore dans le début toute cette promenade poétique du jeune Sténio sur la montagne, la description si animée de l’eau et de ses aspects changeants, et, au sein de la nature vivement peinte, les secrets surpris au cœur : « Couché sur l’herbe fraîche et luisante qui croît aux marges des courants, le poëte oubliait, à contempler la lune et à écouter l’eau, les heures qu’il aurait pu passer avec Lélia : car à cet âge tout est bonheur dans l’amour, même l’absence. » On pourrait, chemin faisant, noter dans Léliaune foule de ces douces et fines révélations, dont l’effet disparaît trop dans l’orage de l’ensemble. 

578. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

Tout le monde connaît la IVe églogue de Virgile adressée à Pollion : Sicelides Musæ… Le poète y célèbre la naissance d’un divin enfant qui doit ramener l’âge d’or. […] S’attachant particulièrement à la IVe églogue, et après en avoir déterminé le sens, selon lui, tout mystique, tout relatif aux traditions de l’oracle, après avoir assez bien démontré, ce me semble, que le poëte n’a fait qu’y prendre un thème, un prétexte à la description de l’âge d’or vers l’époque de la paix de Brindes, et que le mystérieux enfant promis n’était pas tel ou tel enfant des hommes, mais un de ces dieux épiphanes ou manifestés (præsentes divos) très-connus de l’antiquité entière, M. 

579. (1875) Premiers lundis. Tome III « L’Ouvrier littéraire : Extrait des Papiers et Correspondance de la famille impériale »

Si l’on est honnête, on garde, même dans les vivacités de cet âge, des réserves et des égards : on ne s’attaque dans les adversaires qu’aux travers de l’esprit, non à des ridicules extérieurs ou futiles que le plus souvent on serait réduit à inventer ; on s’abstient de la calomnie, cette chose odieuse ; du mensonge, cette chose honteuse ! […] Les difficultés augmentent d’ordinaire pour lui vers quarante ou quarante-cinq ans, c’est-à-dire à l’âge où bien des gens dans d’autres professions ont déjà fait leur fortune et où tous du moins sont casés.

580. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IV. De la philosophie et de l’éloquence des Grecs » pp. 120-134

C’est aux historiens des premiers âges de la Grèce, que ces observations s’appliquent. […] Les opinions stoïciennes n’unissaient point la sensibilité à la morale ; la littérature des peuples du Nord n’avait point encore fait aimer les images sombres ; le genre humain n’avait pas encore atteint, s’il est permis de s’exprimer ainsi, l’âge de la mélancolie ; l’homme luttant contre les souffrances de l’âme, ne leur opposait que la force, et non cette résignation sensible, qui n’étouffe point la peine et ne rougit point des regrets.

581. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Musset, Alfred de (1810-1857) »

Mais, d’abord, elle s’épuise très vite, et, d’autre part, pour arriver à l’expression artistique, il faut qu’elle se rencontre en nous avec des facultés, des ressources, des talents, qui, d’ordinaire, ne sont pas du même âge qu’elle. C’est dans la jeunesse qu’on sent très vivement et c’est dans l’âge mûr qu’on sait son métier de poète.

582. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

Aurelia quitta le théâtre en 1683 : elle vécut jusqu’à l’âge de quatre-vingt-dix ans et mourut en 1703, époque où Mademoiselle Belmont, femme de son petit-fils, se souvenait d’avoir vu, dans son lit, toujours et extrêmement parée, l’ancienne favorite de la reine Anne d’Autriche. […] Domenico Biancolelli mourut en 1688, à l’âge de quarante-huit ans, dans les circonstances suivantes : « Le sieur Beauchamp, maître à danser de Louis XIV et compositeur de ses ballets, avait dansé devant S. 

583. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’Âge héroïque du Symbolisme » pp. 5-17

L’Âge héroïque du Symbolisme 1891, c’est la date heureuse du Symbolisme. […] Par-là, se marquait l’apogée de l’âge d’or du Symbolisme et c’en fut comme l’apothéose.

584. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Abailard, et saint Bernard. » pp. 79-94

Il mourut de chagrin l’année 1142, dans la soixante-troisième année de son âge. […] Sa gloire n’étant plus balancée, il en jetta plus d’éclat : mais il mourut lui-même quelques années après, dans la soixante-troisième année de son âge.

585. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

Son nom fut Jean-Baptiste Poquelin ; il était Parisien, fils d’un Valet de Chambre Tapissier du Roi, et avait été reçu dès son bas âge en survivance de cette Charge, qu’il a depuis exercée dans son quartier jusques à sa mort. […] Enfin en 1673 après avoir réussi dans toutes les Pièces qu’il a fait représenter, il donna celle du Malade imaginaire, par laquelle il a fini sa carrière à l’âge de cinquante-deux ou cinquante-trois ans.

586. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Seconde partie. Émancipation de la pensée » pp. 300-314

Je ne veux parler que de la musique telle que nous la connaissons, parce qu’il paraît que la musique ancienne, celle qui opéra tant de prodiges, d’après le témoignage même des plus graves historiens ; celle qui pénétrait également tous les hommes et non point quelques hommes mieux organisés que d’autres ; celle qui agissait sur l’âme au lieu de n’ébranler que les sens ; il paraît, dis-je, que la musique des âges primitifs avait le secret d’une harmonie essentielle. Mais dans la musique des âges suivants, on reconnut l’impossibilité d’arriver à un accord parfait entre les quintes et les octaves.

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