Depuis il s’était loué aux théâtres secondaires, pour vivre en s’amusant du rire du public. […] Marie-Antoinette tourna la tête du côté de son ancien palais, et regarda quelques instants ce théâtre odieux et cher de sa grandeur et de sa chute.
Écrira-t-elle pour le théâtre ? […] C’était un théâtre domestique de vertu privée, servant à accréditer l’homme public.
Quelles acclamations devaient saluer au théâtre d’Athènes cette royale entrée ! […] Seulement les magistrats du théâtre les faisaient remanier au goût du jour, par des poètes en vogue : on rognait les ongles du lion et on peignait sa crinière, avant de le relancer dans l’arène.
Et il dit : « Non, ça m’est égal, mais ça change tout mon ordre de travail, Je vais être obligé de faire Nana… Au fond, ça dégoûte les insuccès au théâtre… La Curée attendra… Je veux faire du roman. » Et il continue à faire tourner son couteau. […] Le reste de la journée, je la passe dans les petits théâtres, ou avec mes amitiés, mes relations, mes trucs, j’arrive à être d’un quart, d’un sixième dans une pièce, et ça rapporte encore 50 francs ; pour la fin de la journée… Eh bien, cela me fait 36 000 francs par an, je n’en gagnais pas autant avant, quand j’étais à la Bourse. » Mercredi 20 novembre Un sculpteur, qui a passé des années en Angleterre, disait que là, il avait trouvé les plus belles poitrines, les plus charmants torses de femmes, mais que ces femmes n’avaient point la colonne vertébrale mobile, qu’il était impossible d’obtenir de ces corps, ce que vous donnait le premier modèle français venu, un hanchement, une torsion, un contournement, un mouvement de grâce féminin, le penchement d’une Hébé tendant la coupe à Jupiter.
Du bout de cordon noué, trouvé sur le théâtre du crime, l’analyste Dupin conclut qu’un de ses fauteurs est Maltais et marin. […] Ici tout l’art déductif de Poe s’est épuisé ; il prend pour base une solide assise scientifique, pose des axiomes, entrelace des causes, fait jaillir d’une proposition antérieure des conséquences déconcertantes, imprévues et rapides comme un coup de théâtre, se pose d’ascension en ascension à un sommet mystique où reparaît subitement le poète.
Combien de fois n’avons-nous pas vu dans ces dernières années la foule se porter en masse et en hâte dans les théâtres, dans les ateliers, chez les libraires, sur l’avis trompeur d’un farceur ou d’un intéressé ; et là, en présence du chef-d’œuvre, s’écarquiller les oreilles et les yeux, le cou tendu, la poitrine contenue, ne demandant qu’à se laisser violer dans son indifférence ! […] Faites-leur lire l’Histoire des Voyages ou les Lettres édifiantes ; abonnez-les aux bibliothèques paroissiales ; mais écartez d’elles tout livre qui a l’Art ou la passion pour but ; vers, romans, pièces de théâtre, le meilleur n’en vaut rien pour elles.
Il y avait là Pellisson bien entendu ; c’était le grand ami de Fouquet ; — il y avait le spirituel et bouffon Bois-Robert, il y avait Brébeuf, le très grand poète Brébeuf, le plus grand poète élégiaque, à mon avis, du dix-septième siècle, et le plus grand poète lyrique du dix-septième siècle après Malherbe ; il y avait Corneille, qui, précisément, à cette époque-là, après avoir boudé le théâtre pendant une très longue période de sa vie, y revenait, appelé par Fouquet lui-même, et écrivait l’Œdipe, qui eut un très grand succès. […] Vous savez que Racine enleva la Duparc à la troupe de Molière pour la faire entrer au théâtre concurrent, à l’Hôtel de Bourgogne.
Cela avait déjà été mis bien des fois dans des romans et au théâtre. […] À l’exception de deux têtes très finement dessinées (le duc de Mora meurt à moitié du roman) : l’artiste Félicia, élevée, comme elle le dit, par « ce papillon de danseuse », ce qui explique bien tous les envolements de sa vie, et le docteur Jenkins, un Tartuffe affreusement suave, de cette Philanthropie qui a remplacé les Tartuffes de Religion par les siens, nous connaissons, pour les avoir vus au théâtre, dans les romans, partout, ces Robert Macaire inférieurs qui se meuvent, s’agitent, intriguent et trahissent autour du Nabab, chenilles de sa fortune.
Mme de Staël et son école, tous ces esprits distingués qui concoururent à introduire en France de justes notions des théâtres étrangers ; qui, les premiers, nous expliquèrent ou nous traduisirent Shakespeare, Goethe, Schiller, ce sont relativement des romantiques ; en ce sens M. de Barante, M. de Sainte-Aulaire même, M. de Rémusat en seraient, et je ne crois pas que ces fins esprits eussent jamais désavoué le titre entendu de la sorte.
Hugo s’occupe de théâtre, on dirait que chez lui, même dans le lyrique, le théâtral a gagné.
De plus, sa thèse si copieuse m’indiqua tout ce qu’on ne m’avait pas appris, les instruments de travail, les sources d’information qui doivent servir à l’étude du théâtre du XVIIIe siècle : c’est sur ses pas que je montai les cinq ou six étages au sommet desquels M.
La naïveté est d’imaginer que des hectogrammes quotidiens de viande, de pain, de légumes, que deux vêtements « complets » par an, quelques musiques et un théâtre mensuel fournissent le bien-être.
D’ailleurs, la vie actuelle est le théâtre de cette vie parfaite que le christianisme reléguait par-delà.
Elle n’est pas assez simple, assez suivie ; elle fait trop de chemin en peu de temps ; comme le théâtre des romantiques, elle a ses perpétuels changements à vue.
Plus complexe apparaît le cas du romancier, comme aussi le cas de l’homme de théâtre — car il vaut mieux pour l’instant les confondre, et les opposer au poète ensemble.
Tout poëte est un critique ; témoin cet excellent feuilleton de théâtre que Shakespeare met dans la bouche d’Hamlet.
Il s’entasse, se presse, s’amalgame, se combine, se pétrit dans le théâtre ; pâte vivante que le poëte va modeler.
Plus on est enfant, plus on aime les incidens entassés les uns sur les autres ; le strapassé, le groupe, la masse, le tumulte, en peinture, en sculpture, au théâtre. ô Guyart !
En l’absence de William Shakespeare, trépassé il y a trois siècles, Beaumont-Vassy avait pensé à nous ressusciter le galbe imposant de cet halluciné sublime dans je ne sais quel drame, — ou plutôt dans je ne sais quelle scène historique de longue haleine comme ont imaginé d’en écrire les hommes qui ne savent pas remuer puissamment l’échiquier du théâtre, où les conceptions de la pensée se carrent et se cubent sous l’empire des plus difficiles combinaisons.
La Conférence, ce ridicule ou ce vice du xixe siècle, la Conférence, qui doit tuer le livre dans un temps donné, — comme cette immonde invention des cafés chantants est en train de tuer le théâtre, — dispense un homme de faire un livre, ce terrible labeur qui demande parfois des années !
, les meubles rocaille, les tapis et les châles turcs, le cigare, la mythologie païenne prise à la Renaissance, les Callipyges, comme dit le poète, et toutes les Vénus avec leurs noms grecs ; ôtez, enfin, l’univers de papier peint du théâtre de Pierrot, et c’est fini !
sur le tremplin du théâtre ; on lui a dit : « Danse aussi, toi !
Rousseau, chez Le Brun, lequel pourtant s’en est un peu affranchi en une ou deux occasions : quelques odes de lui, rencontrant le sentiment patriotique de l’époque, y ont fait écho directement et ont pu être chantées, réellement chantées, sur le théâtre, dans les cérémonies, comme la Marseillaise, ou le Chant du départ de M. […] Béranger le savait bien et, lui qui avait son auditoire chantant et son théâtre, il lui est arrivé de sourire de l’Ode, de la railler une fois comme un genre creux et vide. […] Corneille, vieil et amoureux, — amoureux de tête plus que d’autre chose ; il les a faits pour une certaine marquise qu’on assure n’avoir été qu’une marquise de théâtre (peu importe), et qui faisait mine de le dédaigner ; il y a mis une vigueur, une fierté, une gronderie, une braverie, une conscience de ce qu’il était, un orgueil légitime à la fois et qui fait légèrement sourirai Marquise, si mon visage A quelques traits un peu vieux, Souvenez-vous qu’à mon âge Vous ne vaudrez guère mieux.
Il avait vingt ans de prison pour avoir enlevé la femme d’un haut fonctionnaire, et il disait sa vie perdue, faute d’un Empereur qui aimât le théâtre, — se regardant tout à fait indispensable dans une vraie troupe impériale. » Nous voilà rue Pigalle, à inspecter dans les remises, l’entassement des objets qui arrivent de Pékin, à examiner dans les cachettes des greniers, les porcelaines, les jades, les bronzes, les curiosités de sélection, dissimulées au public, et gardées pour les Rothschild, les Camundo. […] Là-dessus, et dans ce milieu, Dalloz s’est mis à parler bêtement des choses psychologiques, toutes nouvelles, qu’avait apportées Dumas fils au théâtre. […] Sur la cheminée, préparée comme un théâtre pour la lecture, et où quatorze bougies, reflétées dans la glace et dans les appliques, font derrière lui, un brasier de lumière, sa figure, une figure d’ombre, comme il dirait, se détache cerclée d’une auréole, d’un rayonnement courant dans le ras rêche de ses cheveux, de son collier blanc, et transperçant de clarté rose ses oreilles fourchues de satyre.
Mais le phénomène inverse peut se produire ; et les mouvements moléculaires dont le système nerveux est le théâtre, se composant entre eux on avec d’autres, donneront souvent pour résultante une réaction de notre organisme sur le monde environnant : de là les mouvements réflexes, de là aussi les actions dites libres et volontaires. […] Dès lors il n’hésite plus à tenir la pièce qui se joue sur le théâtre de la conscience pour une traduction, toujours littérale et servile, de quelques-unes des scènes qu’exécutent les molécules et atomes de la matière organisée. […] Dire que les mêmes causes internes produisent les mêmes effets, c’est supposer que la même cause peut se présenter à plusieurs reprises sur le théâtre de la conscience.
Plus tard, en 1657, dans sa Pratique du théâtre, l’abbé d’Aubignac, d’accord avec le goût français de l’époque, écrira : « Je dis que les règles du théâtre ne sont pas fondées en autorité, mais en raison. » C’est avouer que l’emploi de ces fameuses règles n’est nullement arbitraire, mais s’impose despotique par une prescription des lois de la nature. […] Dans ses Entretiens sur le Fils naturel (1757) et dans sa Poésie dramatique (1758), il critique le théâtre de Racine au nom du naturel.
Les gens de théâtre, qui rêvent de la supprimer, avouent ainsi l’incompatibilité de leurs visées commerciales avec les mœurs d’un pays libre. […] Nos frivoles contemporains se sont passionnés pour ou contre l’auteur des Martyrs ; et un ouvrage de critique a figuré, au théâtre, dans les revues. […] Le théâtre l’a fréquemment tenté. […] Son œuvre publié atteint aujourd’hui près de cinquante volumes, où il y a de tout : des poèmes, des romans, des pièces de théâtre, des essais de critique, des impressions de voyage. […] Ce sont des artistes, mais l’abstraction est pour ainsi dire la matière de leur art, comme la nature concrète, les émotions, les caractères ou les mœurs constituent celle de la poésie, du théâtre ou du roman.
Quels sont les juges souverains au parterre de tous les théâtres et dans les librairies à un franc ? […] C’est encore la Grèce qui nous fournit le théâtre de cette évolution, dans son cours le plus rationnel, et de façon que l’on en tire plus facilement les lois et la formule générale. […] Aussi est-il dans les tendances de la littérature de théâtre, comme on peut le voir dans ce qui se passe chez nous depuis longtemps, de graviter perpétuellement vers les sphères et les sentiments les plus vulgaires. Le théâtre, né de la dernière dissolution de la poésie, devient l’agent littéraire le plus actif de la dissolution des sociétés. […] L’esprit n’est plus l’auteur du drame confus qui se joue en lui ; il n’en est que le théâtre.
— Son théâtre. — Son départ pour la Grèce et sa mort. […] Les journaux le couvrirent d’opprobre ; ses amis l’engageaient à ne plus aller au théâtre ni au Parlement, craignant qu’il ne fût sifflé ou insulté. […] Il y a un moyen sûr d’attirer la foule autour de soi, c’est de crier fort ; avec des naufrages, des siéges, des meurtres et des combats, on l’intéressera toujours ; montrez-lui des forbans, des aventuriers désespérés : ces figures contractées ou furieuses la tireront de sa vie régulière et monotone ; elle ira les voir comme elle va aux théâtres du boulevard et par le même instinct qui lui fait lire les romans à quatre sous. […] Sa sorcière, ses esprits, son Ahrimane ne sont que des dieux de théâtre.
Pour ce qui est de mon vers sans rime, quoiqu’il n’ait guère été d’usage en Provence et en France, j’ai cru pouvoir l’y acclimater, par les exemples que j’en vois dans les autres langues latines catalan, espagnol, italien, où ce genre de vers est assez usité, particulièrement pour la poésie du théâtre. […] Comme je me rendais au théâtre de l’Œuvre où l’on donnait Brand, je rencontre Clovis Hugues, Clovis Hugues le député, le Provençal, le poète… C’était le cas ou jamais de saisir l’occasion par les cheveux ! […] Ayant jeté un triste regard du côté du théâtre, le député-poète m’entraîna dans une brasserie silencieuse et put clamer à son aise : — L’influence de Mistral ? […] Vous me demandez des vers inédits, je n’en ai plus, si ce n’est des vers de théâtre dont je ne puis détacher rien.
Ils le déclarèrent sauvage, misanthrope, parce qu’il méprisait les enivrements de la vanité et fuyait le théâtre des vanités puériles. […] Quoi d’étonnant qu’avec cette vertu de projeter sur toutes choses comme une lumière de théâtre, il n’ait jamais été occupé que de lui-même ? […] Les personnages romantiques ne sauraient se produire au théâtre que dans un appareil dramatique fonctionnant par lui-même. […] Angelo n’est, après tout, qu’un surprenant agencement, un des mieux faits qui soient dans ce genre de théâtre, de chausse-trappes sinistres. […] Son théâtre est ennuyeux à la scène en proportion de la place qu’ils y occupent.
Il n’est personne qui n’ait éprouvé cette impression, ayant lu une pièce de théâtre et la voyant à la scène, d’être en un sens déçu. […] Il se trouve donc que si le dramaturge s’est laissé trop librement aller à sa fantaisie, il sera très difficile de réaliser au théâtre ses conceptions. Il devra s’en rendre compte d’avance, s’il est vraiment un homme de théâtre, qui voit toujours ses personnages en scène et compose au point de vue de l’effet scénique. […] Il est rare qu’au théâtre les beaux vers soient en situation et que les créatures poétiques nous semblent assez vivantes. […] Le Théâtre de R.
Pareille chose ne s’est vue qu’au théâtre de l’Opéra, il y a cinquante ans, à ces représentations mémorables d’Athalie, où Talma jouait le rôle du grand prêtre. […] Par lui, pendant un tiers de siècle, les petits théâtres avaient fait rire chaque soir, du rire de la raison en gaieté, les descendants de ce « Français né malin » qui, au dire de Boileau, « forma le vaudeville d’un trait de la satire ». […] Si bien qu’on eût pu se demander si c’était pour se délasser de ses travaux de théâtre que Dumersan composait des mémoires de numismatique, ou si c’était pour se dérider du commerce sévère des médailles antiques qu’il faisait de si amusants vaudevilles. […] Il m’approuva de rester fidèle à mon choix, s’étonnant sincèrement d’oser faire concurrence à des succès de théâtre avec un volume de littérature judiciaire, à de beaux vers avec des harangues de bâtonnier. […] Mêlé à tout, hommes et actes, par sa situation éminente, et comme aux premières loges de ce tragique théâtre de toutes les misères humaines, il ne s’y est rien produit de caractéristique que M.
Grec, son théâtre l’est aussi, et je n’ai pas l’honneur de m’en être avisé le premier. […] Le filon dramatique, qui depuis le moment où avait disparu le Petit Théâtre des Marionnettes, pouvait paraître abandonné, a été exploité, depuis 1897, avec un très rare bonheur. […] Dans ses études sur les contemporains ou sur les auteurs du passé, Jules Lemaître a déployé, légèrement et sans effort, une habileté infinie à s’exprimer lui-même avec son naturel flexible et onduleux, avec la délicatesse subtile de sa pensée et la grâce de son langage ; il a fait, on l’a dit souvent, de la critique d’impressions : qui pourrait s’étonner qu’elle ait, de bonne heure, abouti au roman, au théâtre ? […] Il serait presque plus exact de déclarer qu’en quittant les vers pour la critique, le roman et le théâtre — quelque succès qui l’ait payé, d’ailleurs de cette désertion, — Paul Bourget a fait le sacrifice du poème philosophique de ce temps-ci. […] Elle est tirée de la pièce Twelfth night or what you will (Le soir des Rois), dans laquelle ce thème, cher au dramaturge, l’éloge de la musique, prend plus de place et présente plus de profondeur qu’en aucun autre endroit de son théâtre.
J’ajoute que le théâtre de ces aventures couvre tout le pourtour de la Méditerranée, ce qui nous montre bien l’importance de l’aire d’expansion, aux premiers siècles après Jésus-Christ, de la civilisation gréco-latine : tout le monde avait entendu parler, même en Gaule ou en Espagne, depuis des siècles, de la Cyrénaïque, de la Cappadoce, de l’Égypte, de l’Asie Mineure. […] Ce fut une révélation pour les écrivains français : on pouvait dire, mieux qu’au théâtre, plus qu’au théâtre, ce qu’on avait à dire, et encore d’autres choses. […] Chose à remarquer : il a fallu, pour Morte la Bête, que Sacha Guitry transportât cette brève nouvelle au théâtre pour qu’un public nombreux s’aperçût de la profondeur d’émotion et de vérité dont elle est pleine. […] Gide lui-même l’a dit dans une conférence sur le théâtre insérée dans Nouveaux prétextes : « L’art est toujours le résultat d’une contrainte. » Ce n’est pas un aveu ; c’est une profession de foi. […] … Ainsi donc, c’est une hypothèse acceptable que le renouveau littéraire actuel, s’il n’est pas, pour le roman, tout ce qu’on peut désirer, peut provoquer un renouveau du théâtre — et qu’alors celui-ci, à son tour ?
À Bologne également, il s’éprit de Marianna Brighenti : fille d’un avocat, lettrée, remarquablement belle, douée d’une voix admirable, Marianna appartenait au théâtre, où sa réputation demeura sans tache. […] Les réalistes sont venus protester contre les habitudes académiques, contre les poses de théâtre, les sujets tirés de la mythologie, l’imitation de la statuaire antique. […] La nature extérieure n’est pas pour lui comme elle est pour beaucoup d’autres, le grand Tout dont l’homme n’est qu’une parcelle, qui le domine, qui lui impose ses sensations, qui tyrannise sa volonté, — décor immense dans lequel se fond tout le théâtre. […] Tronconi, — s’était peut-être trompé en choisissant le roman pour défendre des idées auxquelles aurait mieux convenu la tribune retentissante du théâtre ou le moule plus libre du pamphlet. […] Quand ils vont à l’Opéra, dans leurs théâtres organisés bien plus en vue de la conversation que du spectacle, ce n’est pas pour suivre d’un bout à l’autre le développement d’une savante œuvre d’art, c’est pour entendre un morceau favori ou un chanteur à la mode, l’air de bravoure du ténor ou la cavatine de la prima donna.
Elle se cacha tout de son mieux sous une grande coiffe de taffetas, et au lieu d’entrer par la porte du théâtre, comme elle avait accoutumé de faire, elle entra par la porte des loges et s’alla placer au fond des secondes loges, car toutes les autres étaient remplies. […] Quant au moral, j’y mets tout ce que j’ai… Le duc de Nivernais dut sentir à chaque instant que, pour être un grand ambitieux et un premier acteur sur le théâtre de ce monde, le zèle, l’esprit ne suffisent pas : il faut encore une machine, des organes, une trempe de tempérament.
Ils ne sont qu’une flatterie publique des passions régnantes. « Plus la comédie est agréable et parfaite, plus son effet est funeste », et le théâtre, même chez Molière, est une école de mauvaises mœurs, « puisqu’il excite les âmes perfides à punir, sous le nom de sottise, la candeur des honnêtes gens ». […] Elle est le mal dans l’espèce humaine, et, quand le mal sera supprimé, il ne restera plus que du bien. « Il arrivera donc ce moment424 où le soleil n’éclairera plus sur la terre que des hommes libres, ne reconnaissant pour maîtres que leur raison ; où les tyrans et les esclaves, les prêtres et leurs stupides ou hypocrites instruments n’existeront plus que dans l’histoire et sur les théâtres ; où l’on ne s’en occupera plus que pour plaindre leurs victimes et leurs dupes, pour s’entretenir par l’horreur de leurs excès dans une utile vigilance, pour savoir reconnaître et étouffer sous le poids de la raison les premiers germes de la superstition et de la tyrannie, si jamais ils osaient reparaître. » — Le millénium va s’ouvrir, et c’est encore la raison qui doit le construire.
Le duc de Weimar lui avait donné, indépendamment du ministère de l’instruction publique dans ses États, la direction absolue des théâtres et des nobles plaisirs de sa cour. […] La cour de Weimar, sous les auspices de ces deux amis, dont l’un prêtait sa gloire, l’autre sa puissance à une pensée commune, devint en peu d’années le foyer de l’art, du théâtre, de la renommée en Allemagne.
Dans ce dernier volume, par exemple, — qui nous reporte aux événements dont la Chine fut le théâtre après la prise de Pékin, et tandis que les batailles finissaient dans l’effondrement des pagodes ou dans les sinistres lueurs d’incendies grandioses, — apparaissent un laisser-aller plein d’art, une ordonnance savante dans son apparent désordre, des impressions qui ont l’air d’être fugitives et dont la mémoire demeure obsédée. […] Sans doute, puisqu’il s’agit d’un roman à thèse, la composition n’est pas absolument pure de tout alliage, et bien qu’il soit facile de justifier individuellement chacun des coups de théâtre qui s’y succèdent, une critique pointilleuse pourrait trouver dans leur assemblage quelque chose de conventionnel.
Visiblement destiné à l’éloquence de la chaire et à l’action de l’orateur, on ne lui laissa pas complètement ignorer l’action même du théâtre : il vit donc des spectacles dans sa jeunesse, mais sans s’y attacher ; et après en avoir profité pour ce qui le concernait, il n’en fut que plus sévère ensuite contre la Comédie, jusqu’à nous sembler violent même et cruellement injuste : son jugement sur Molière restera une des taches, une des inintelligences comme des duretés de Bossuet.
On vit au jour le jour ; l’or coule par flots, puis il tarit ; mais aussi, comme l’ouvrier parisien, on a l’heureuse faculté de l’imprévoyance : on a sa guinguette, on a ses soirées ; on a le théâtre ; on rencontre, on échange de prompts et faciles sourires ; on nargue la famille ; on est en dehors des gouvernements ; même si on les sert, on sent qu’on n’en est pas.
Mais dans le bourg d’Aignay, comme ailleurs, les luttes commencèrent : l’étendue et la hauteur du théâtre n’y font rien ; c’étaient sous d’autres noms les mêmes hommes, les mêmes passions et les mêmes mobiles, les mêmes défections d’amitié, les mêmes arriérés de haine, les mêmes envies d’humilier, les mêmes besoins d’arriver à son tour, que sur la scène principale et centrale ; et Frochot eut à déployer les mêmes qualités de modération et de fermeté dont il aurait eu à faire preuve, s’il avait été de la Législative ou de la Convention. — Louis XIV demandait un jour au cardinal de Janson, aussi bon négociateur qu’habile courtisan, où il en avait tant appris : « Sire, répondit le cardinal, c’est en courant la nuit avec une lanterne sourde, tandis que j’étais évêque de Digne, pour faire les consuls d’Aix. » Et Lisola, le célèbre diplomate franc-comtois, disait qu’il s’était très bien trouvé, dans les grandes affaires, des subtilités qu’il avait apprises « dans le ménage municipal de Besançon. » Une seule maison quelquefois suffit à qui veut observer les variétés des passions humaines : un seul bourg peut suffire, en un temps d’agitation populaire, pour soulever et faire sortir toutes les variétés d’ambitions et de haines, et pour exercer d’autre part toutes les vertus civiques ; Frochot eut de quoi en faire de plus en plus l’apprentissage : il s’honora par toute sa conduite durant ces temps calamiteux ; il y montra une fermeté qui tenait encore chez lui au premier mouvement et à l’impulsion du sang dans la jeunesse.
les actions sont toujours plus en relief que les commentaires, et ce qu’on a dit sur le théâtre n’est jamais effacé par ce qu’on écrit dans la retraite.
Que Malebranche et Pascal vous éclairent sur Montaigne ; que Bossuet vous fasse comprendre Corneille et Racine, et la nature du poème dramatique ; anathème à part, il y a peu de critiques qui aient mieux entendu le théâtre que Bossuet.
C’est l’hiver ; la toile est baissée, le théâtre est fermé.
Quelques-unes ont été supérieures dans le roman ; aucune ne l’a été dans la poésie, ni au théâtre, ni dans l’histoire, la critique ou la philosophie.
La religion ne lui est point une règle de vie, mais un costume historique et un habit de théâtre où il se drape en Scapamonte.
Il y a du mouvement, de la variété, des coups de théâtre qui, pour être facilement prévus, n’en font pas moins de plaisir, des fins d’actes qui sont toutes « à effet », des scènes tumultueuses à personnages nombreux et qui sont très bien réglées.
Quand j’ai, comme dit Sarcey, débuté dans la critique, c’est de théâtre que je me suis occupé d’abord.
Peu d’artistes partageraient aujourd’hui l’espoir un peu naïf de Mme de Staël qui croyait que la littérature pourrait trouver dans les nouvelles conditions sociales des causes de renouvellement, que le théâtre, la philosophie et l’éloquence seraient appelée à un éclat imprévu46.
Cette Italie, qui devançait alors l’Europe dans les voies de la civilisation, était le théâtre de guerres barbares, telles que l’avenir, il faut l’espérer, n’en verra plus.
Jean avait fixé le théâtre de son activité dans la partie du désert de Judée qui avoisine la mer Morte 289.
Une végétation abondante tempérait autrefois ces ardeurs excessives ; on comprendrait difficilement qu’une fournaise comme est aujourd’hui tout le bassin du lac, à partir du mois de mai, eût jamais été le théâtre d’une prodigieuse activité.
Quand la pauvreté est venue, il n’a pas eu le cœur de la suivre, et d’aller travailler dans son âpre champ ; il a préféré flâner en comparse, sur le théâtre de la richesse où il a toujours ses entrées, mais dont il ne peut plus même porter le costume.
C’était le seul théâtre que la jeune femme jugeât digne de ses triomphes.
Guizot L’un des plus nobles spectacles que présente notre temps si décrié est celui de l’indomptable vitalité de quelques hommes illustres qui, sur des théâtres et à des titres divers, occupent encore le premier rang, quoique par leur âge ils semblent appartenir à une autre époque.
C’est comme nos poètes de théâtre qui n’ont jamais su tirer aucun parti du lieu de la scène.
Quels sont les personnages le plus ordinairement drapés dans le théâtre de Molière ?
Il ne fut pas circonscrit dans les limites de la France, qui était alors comme un grand théâtre sur lequel tous les peuples avaient les yeux attachés. […] Il le comprenait si bien que, s’il faut en croire les traditions contemporaines, lorsque, dans les entr’actes de paix, il était moins bien reçu qu’à l’ordinaire à son entrée au théâtre, il lui arrivait de dire aux confidents qui l’entouraient : « Messieurs, il faudra bientôt rentrer en campagne. » Le véritable titre de sa toute-puissance, c’était sa supériorité. […] L’église des Carmes de la rue de Vaugirard, qui avait été le théâtre des massacres de septembre 1792, et dont M. de Pancemont, curé de Saint-Sulpice, avait fait son église paroissiale, en attendant qu’il eût été remis en possession de l’ancienne, occupée par le clergé constitutionnel, recevait encore en 1801 les catholiques dans sa modeste enceinte. […] La veille, c’est l’empereur avec sa toute-puissance, sa grandeur solitaire qui remplit le théâtre, sa voix qui parle seule, son activité incessante qui absorbe tout le mouvement de la vie nationale ; lelendemain, il y a de la place sur ce théâtre, vide parce qu’un seul homme en est tombé. […] Toutes les discussions endormies, ou du moins assoupies pendant quinze ans, se réveillaient ; on entrait dans une polémique universelle, qui pouvait porter en même temps sur le passé, sur le présent, sur l’avenir, sur les idées et sur les faits, sur la religion, sur la philosophie, la littérature, la politique, l’histoire, et qui retentissait du haut de la tribune, dans les journaux, dans les livres, au théâtre.
Elle vous représente tel que vous étiez au théâtre de Berlin vers 1780. […] Il était laborieux et sage, mais il dormait au théâtre. […] Ils ne mettaient pas leur morale en pièces de théâtre, ayant de bonnes raisons pour ne point faire de comédies. […] Néanmoins il entrait comme un jeune loup dans le bercail des théâtres à la mode. […] On ne s’aperçoit par aucune secousse des changements de théâtre et de personnages ; car l’historien, toujours rapide, n’est jamais brusque.
J’étais au théâtre de Covent-Garden, qui tire son nom, comme on sait, du jardin d’un ancien couvent où il est bâti. […] Je vais vous dire une chose hasardée, mais vraie : c’est que le mérite de cet auteur a perdu le théâtre anglais. […] On ne se délasse au théâtre anglais des monstruosités de Shakspeare que par les horreurs d’Otway. […] Mais cela ne prouve pas qu’on doive introduire sur notre théâtre les monstruosités de cet homme, que Voltaire appelait un sauvage ivre. […] On les voit errer dans les places publiques, et remplir les théâtres comme s’ils n’avaient qu’à se reposer des travaux d’une longue vie.
Une actrice anglaise, mistress Bellamy, raconte dans ses Mémoires le fait suivant : « Un spectateur, qui était sur le théâtre, usa d’un moyen très peu convenable pour me montrer sa satisfaction. […] Mistress Inchbald a fait quinze pièces de théâtre et deux romans, dont l’un passe pour un chef-d’œuvre ; ne rappelons que celui-là. […] Pourquoi, chez ces peuples si divers de races, de mœurs, de religions, les classes élevées imitent-elles dans leurs vêtements, dans leurs usages, dans leur théâtre, dans leur langage, les modèles qui viennent de Paris ? […] En votre propre moi, ne distinguez-vous pas l’homme du matin et l’homme du soir, l’homme de la raison et l’homme de la sensation, l’homme des affaires et l’homme des plaisirs, l’homme d’étude et l’homme du monde, l’homme de sang-froid et l’homme d’enthousiasme (après qu’il a pris un peu de café et entendu un peu de bonne musique), l’homme des livres et l’homme des théâtres, l’homme de la solitude et l’homme de la foule, l’homme en robe de chambre et l’homme en habit ? […] Pour te donner une idée de cette surdité incroyable, je te dirai qu’au théâtre je suis obligé de me placer tout près de l’orchestre pour entendre ce que dit le chanteur ; les sons bas ou moyens des instruments, des voix, je ne les entends, pas quand je suis un peu éloigné ; et, chose étrange, il y a des gens qui, dans la conversation, ne s’aperçoivent pas de mon infirmité.
Sur Phèdre et la décision que prit l’auteur de renoncer au théâtre, M. […] Ce retour à la dévotion est incontestable, et c’est sûrement ce qui l’a détourné du théâtre comme Pascal des mathématiques. […] Il faut que les critiques et professeurs qui méprisent le théâtre de Victor Hugo soient imperméables à toute poésie. […] Flaubert méprisait le théâtre de Dumas fils et se révolta lorsque certains critiques comme Sainte-Beuve et J. […] Tolstoï ne fait pas de théâtre, et psychologiquement il est dans le vrai.
Des scènes dramatiques viennent rappeler que l’auteur est un habitué du théâtre. […] Je reconnais le procédé du Théâtre libre, le mot cruel qui n’est ni vraisemblable ni vrai, mais qui doit tirer l’œil et produire un effet. […] Et s’il fallait citer tous les écrivains qui, au théâtre ou dans le roman, ont consacré leur talent à la peinture des diverses professions, la liste remplirait aisément plusieurs colonnes. […] On aura si bien fouillé la Russie, la Norvège, la Suède, la Hollande, l’Allemagne, que nos directeurs de théâtre ne sauront plus où trouver des pièces étrangères à monter. […] L’amour, le tyran du roman et du théâtre, le souverain qu’aucune révolution n’a détrôné, il le traite avec une sévérité que bien des gens, bien des femmes surtout, auront peine à lui pardonner.
Bourget ignorerait-il que c’est par les exemples concrets qu’un écrivain peut agir sur l’esprit de son temps ; que les héros du roman et du théâtre entraînent toujours après eux une foule d’imitateurs ; que plus ils sont malsains, plus leur action s’étend, parce que la maladie est toujours plus contagieuse que la santé ? […] Il a continué, c’est vrai, à exposer les deux, quatre ou six façons (toujours un nombre pair, pour ne pas conclure) qu’il y a d’expliquer ou de justifier les actions des héros de théâtre, de concevoir leur caractère, de sortir des situations compliquées que les auteurs ont créées. […] Mais aucun doute ne saurait subsister, l’auteur s’étant chargé de le lever lui-même, sur l’idée qu’il se fait de la littérature et du théâtre, de leur rôle et de leurs fins. […] Dumas nous dira qu’il n’a pas eu l’intention de faire entrer le monde entier dans son théâtre. […] Telle que l’ont faite nos plus récents écrivains et depuis les Lundis de Sainte-Beuve, la critique est aussi précieuse, aussi significative pour l’étude des mœurs que le roman ou le théâtre.
Il a voulu voir, de ses yeux, le théâtre du drame qu’il nous raconte. […] Le Théâtre de l’Impératrice amusait le public avec la comédie des Lunettes cassées. […] À Moscou, il perdit son temps à s’occuper de théâtres, à nommer des commissaires de police et des maires. […] On a bâti des théâtres. […] Villetard de Laguérie nous montrerait, à travers le clayonnage des vérandas coréennes, quelques beaux drames que nous verrons peut-être un jour représentés sur le théâtre de la Porte-Saint-Martin, lorsque M.
Je ne sais si Dieu voulut lui accorder cette grâce ; mais je vis avec horreur le bourreau, effrayé sans doute du premier coup qu’il avait porté, le frapper sur le haut de la tête, où le malheureux jeune homme porta la main ; le peuple poussa un long gémissement, et s’avança contre le bourreau : ce misérable, tout troublé, lui porta un second coup, qui ne fit encore que l’écorcher et l’abattre sur le théâtre, où l’exécuteur se roula sur lui pour l’achever. […] Il songea au théâtre. […] La vanité la plus vaine est peut-être celle des théâtres littéraires.
On doit encore à l’auteur quelques autres nouvelles et plusieurs pièces de théâtre qui ont été accueillies avec faveur ; mais les Récits d’un Chasseur sont toujours le plus beau fleuron de sa couronne littéraire, et jusqu’à présent, je le répète, aucun écrivain n’a dépeint le paysan russe avec plus de talent et de vérité. […] La Pologne, ce théâtre habituel de toutes les déclamations contre les Russes, avait des droits légitimes à revendiquer de trois puissances, la Russie, l’Autriche et la Prusse. […] Ayant rassemblé toutes ses forces, il se mit à me parler de Moscou, des amis qu’il y avait laissés, de Pouchkine, du théâtre, de la littérature russe ; il me rappela nos petites bombances d’autrefois, les discussions ardentes que nous engagions à cette époque, et prononça avec attendrissement les noms de plusieurs de nos amis qui n’étaient plus… — Te souviens-tu de Dacha ?
Ce temps-là, la campagne d’Éragny, près de Paris, fut le théâtre de leur félicité. […] Quand il lui réserve une réputation illustre, il l’élève sur un grand théâtre, et la met aux prises avec la mort ; alors son courage sert d’exemple, et le souvenir de ses malheurs reçoit à jamais un tribut de larmes de la postérité. […] Dieu a-t-il besoin, comme l’homme, du petit globe de notre terre pour servir de théâtre à son intelligence et à sa bonté ; et n’a-t-il pu propager la vie humaine que dans les champs de la mort ?
En outre, si Victor Hugo, ayant toujours voulu que son théâtre fût une tribune, une sorte de chaire d’où l’enseignement moral pût être donné au plus grand nombre, semblait méconnaître ainsi la nature essentielle de l’art qui est son propre but à lui-même, du moins n’a-t-il jamais oublié que si le juste et le vrai ont droit de cité en poésie, ils ne doivent y être perçus et sentis qu’à travers le beau. Les Burgraves, dont l’insuccès fit prendre au grand Poète la résolution de renoncer pour toujours au théâtre, sont d’un tout autre ordre, et d’un ordre supérieur. […] Seuls, les Burgraves sont encore écartés de la scène, bien que l’auteur n’ait jamais fait preuve au théâtre de plus puissantes facultés créatives.
Un tel critique doit se lire, même s’il s’agit de théâtre et du vaudeville de la semaine, « comme un philosophe ». […] Qu’importe, reprend Voltaire : « On chantait publiquement sur le théâtre de Rome : Post mortem nihil est… et ces sentiments ne rendaient les hommes ni meilleurs ni pires. […] Vous avez peut-être entendu au printemps dernier ou au début de cette saison les « Deux Écoles » dans un théâtre de genre ? […] Peut-être avec moins de lettres ne se fût-il pas élevé beaucoup au-dessus de la chronique boulevardière et des petits théâtres. […] — et qui porte toutefois ; des bouts de dialogues, souvent spirituels et selon la mode du théâtre d’aujourd’hui, sont les ornements « condamner par lui en des mots qu’elle comprenait… » De pareilles touches ne sont point rares dans le « Chemin montant ».
Un de ses meilleurs et derniers biographes, le baron Walckenaer raconte en ces termes un acte de charité de Montesquieu, devenu célèbre, et que le théâtre a même reproduit, d’après Fréron, sous le titre de : le Bienfait anonyme. » « Il allait souvent à Marseille, dit le baron Walckenaer dans la Biographie universelle, visiter madame d’Héricourt. […] Le public des théâtres ressemblait à des passagers qui se seraient amusés de la représentation de scènes pastorales, tandis que la tempête grondait autour de leur vaisseau et le soulevait sur les flots.
Au début, cependant, il avait trouvé le temps d’écraser un théatin qui défendait le théâtre : le P. […] Tandis que Bourdaloue procède à la façon des psychologues positifs du roman et du théâtre classiques, Bossuet a le tempérament des lyriques de notre siècle, qui enveloppent de leurs visions individuelles les plus larges lieux communs.
En général, il est plus pathétique ; il a mis plus d’action sur le théâtre ; le sujet de ses tragédies est d’un intérêt plus général ; le moment de la catastrophe a quelque chose de plus imposant ; il peint avec un coloris plus brillant ; il est plus sententieux & chacune de ces maximes exprime une grande vérité. […] Le sujet de Didon avoit toujours paru peu dramatique ; cependant M. le Franc l’a mis sur le théâtre avec un succès distingué.
Avant de nous peindre, de nous raconter le jeune homme, il nous exprime le vieillard tel qu’il se montre encore aujourd’hui à la postérité dans les austères et magnifiques portraits qui le font reconnaissable entre tous : Qui que tu sois qui regardes l’image de ce grand homme, s’écrie Saumaise, ne te semble-t-il pas, à la voir seulement, que la vertu vient au-devant de toi, et qu’elle descend des rides de ce front comme des degrés d’un théâtre ou d’un magnifique palais ?
Il médite un coup de théâtre.
, de veiller à la liberté du théâtre (mais cela regarde l’administration publique et non l’Académie !)
À travers les doux éclats de la musique, les tendresses des vibrations assourdies dont il ne se souciait guère, il me parla de chasse, de théâtre, de chevaux, que sais-je !
M. de Tocqueville s’isola un peu trop, même dans l’opposition ; il eut jusqu’en 1848 un rôle des plus honorables, mais peu efficace, peu étendu, un de ces rôles d’Ariste ou de Cléante au théâtre, et qui, le faisant estimer dans les deux camps, ne lui procura dans aucun une action proportionnée à ses lumières et en rapport avec l’énergie de ses sentiments.
En poésie, au théâtre, en tout comme à la guerre, les uns n’ont qu’un jour, une heure brillante, une victoire qui reste attachée à leur nom et à quoi le reste ne répond pas : c’est comme Augereau, qui aurait mieux fait de mourir le soir de Castiglione.
Voilà la façon de penser du plus sincère ami que vous ayez et qui s’appelle Louis de Bourbon. » Nous aurions dès ce moment, si c’était le lieu, à faire quelques remarques sur le style particulier de ce prince du sang, style médiocre, délayé, imagé pourtant, mais d’images volontiers basses et communes, comme de quelqu’un qui use avec un parfait sans gêne des plaisanteries courantes dans le populaire et jusque sur le théâtre de la Foire.
J’entends surtout parler en ceci des poëtes lyriqués ou du moins non dramatiques ; je laisse le théâtre à part ; on verra tout à l’heure pourquoi.
Sur le drame ou la comédie des vingt dernières années, cette face pâle de mime n’a cessé de pencher sa grimace immuable, et qui paraît automatique, comme ces masques que l’on peint au-dessus des rideaux de théâtre, et qui semblent railler tout ce qui s’agite sur les planches.
Tandis que les notoires qui les précédèrent étaient éclos dans l’atmosphère des journaux gais et des théâtres légers, eux apprirent il penser dans les gymnastiques supérieures de Hume, de Bossuet, de Schopenhauer, de Claude Bernard.
On sait assez que le théâtre devint pour Voltaire une [tribune publique du haut de laquelle il attaquait ses adversaires et prêchait des idées neuves.
Au théâtre, une situation heureuse, un dialogue fin, ne suffisent pas ; il faut de l’invention, de la fertilité, du développement, de l’action surtout, pour consommer, comme on l’a dit, cette œuvre du démon.
C’est un petit roman corrompu, ratatiné et idiot, dont le théâtre est dans les Pyrénées et qui ne devrait pas s’appeler les Derniers Marquis, car il n’y en a qu’un, et pas plus le Dernier Marquis que le Dernier Bourgeois, — la Dernière Actrice — le Dernier Écolier, — le Dernier Aubergiste, car il y a un bourgeois, — une actrice, — un écolier et un aubergiste dans ce pauvre roman, et tout aussi insignifiants et aussi plats que le marquis de carton, dont l’auteur tire les fils !
On comprend facilement la portée prodigieuse de cette révolution dont la conscience de l’homme fut le théâtre.
C’était les armes à la main, c’était à Hochstet, à Malplaquet, à Turin, et non sur un théâtre d’opéra, qu’il était beau au prince Eugène de se venger de Louis XIV.
Il en est des ouvrages d’éloquence comme d’une pièce de théâtre ; si l’illusion ne gagne, le ridicule perce, et l’on rit.
Là, dans l’enceinte du temple, vaste comme un théâtre, se célébraient les Mystères. […] Paraître sur un théâtre avec Néron était aussi dangereux que de jouer à la main chaude avec le léopard de la fable. […] Sur un signe de Néron, les autres acteurs, le poussant contre une colonne du théâtre, lui percèrent la gorge à coups de stylet. […] Un personnage de théâtre dit : « Bien-aimée cité de Cécrops ! […] Après la mort du roi, elle sortit en reine du théâtre où elle avait rogné si longtemps.
Il allait au théâtre entendre les pièces de Corneille et s’y former à l’art de prononcer ; la grandeur dont Corneille a marqué ses personnages, les mâles beautés de sa langue, avertissaient le futur orateur de son propre génie. […] En le nommant à l’évêché de Condom, en lui confiant l’éducation du dauphin, Louis XIV le plaça sur le seul théâtre où son génie pût recevoir sa perfection. […] Changez le théâtre et le sujet ; à des sectes religieuses, à des opinions de théologie, substituez des partis politiques et des questions de gouvernement ; les uns vous apprendront à démêler les autres. […] Ce fut un autre tort de la doctrine du pur amour d’avoir pour champion le protecteur de Pradon contre Racine, le duc de Nevers, qui avait loué les deux théâtres où se donnaient les deux Phèdres, afin de remplir la salle où se jouait la pièce de Pradon et de tenir vide celle où se jouait la Phèdre de Racine.
Alfred Dedreux a cela pour lui qu’il sait peindre, et que ses peintures ont l’aspect vif et frais des décorations de théâtre. […] Les commis étalagistes et les habilleurs de théâtre ont aussi le goût des tons riches ; mais cela ne fait pas le goût de l’harmonie. […] Ainsi la tragédie, — ce genre oublié des hommes, et dont on ne retrouve quelques échantillons qu’à la Comédie-Française, le théâtre le plus désert de l’univers, — la tragédie consiste à découper certains patrons éternels, qui sont l’amour, la haine, l’amour filial, l’ambition, etc., et, suspendus à des fils, de les faire marcher, saluer, s’asseoir et parler d’après une étiquette mystérieuse et sacrée. […] J’entends souvent les gens se plaindre du théâtre moderne ; il manque d’originalité, dit-on, parce qu’il n’y a plus de types.
Dieu ne descend pas du ciel pour frapper le téméraire : nul coup de théâtre. […] Chesterton (traduction), dans la Nouvelle Revue Française, Août 1910 Dédicace, dans l’Art Libre, Septembre 1910 Cinq Grandes Odes suivies d’un Processionnal pour saluer le siècle nouveau, Bibliothèque de l’Occident, 1910 L’Irréductible, dans l’Hommage à Verlaine, Librairie Léon Vanier-Messein, 1911 Théâtre. […] Tête d‘Or (Première et seconde versions), Librairie du Mercure de France, 1911 L’Otage, drame, Édition de la Nouvelle Revue Française, 1911 Théâtre. […] L’esprit de Gide est le théâtre d’un drame incessant et minutieux : appels et réponses innombrables, chaînes d’idées toutes voisines les unes des autres, et qui, pourtant, se défendent l’une d’être l’autre ; grand déroulement de la pensée qui soudain s’arrête, et en voici un autre en sens contraire. […] Théâtre (Première Série).
Leurs théâtres, à tous deux, impliquent, celui de Shakespeare l’Angleterre Elisabethéenne, celui de Molière la France de Louis XIV. […] Il est directeur de théâtre. […] Il veut l’éprouver, cette force, sur un théâtre plus vaste, hors de la retraite où il s’était d’instinct renfermé. […] Il a publié plus de quinze volumes de romans et de nouvelles, autant de pièces de théâtre, d’innombrables articles de journaux, poursuivi de retentissantes campagnes de conférences et donné les six grands recueils de poésie qui le placent au premier rang des lyriques contemporains. […] De lyrique, la poésie se fait analytique, comme le roman, comme le théâtre.
Cela le conduisit à insérer dans le Globe, en 1827, une série d’articles qui furent recueillis en 1828 sous ce titre : Tableau historique et critique de la Poésie française et du Théâtre français au xvie siècle (Paris, in-8°). […] Dubois), et s’approchait autant que possible du théâtre de l’insurrection pour avoir des nouvelles.
Les Essais d’un jeune Barde sont dédiés par Nodier à Nicolas Bonneville ; c’est à lui surtout, à ses âpres et sauvages, mais fières et vigoureuses traductions, comme il les appelle, qu’il avait dû d’être initié au théâtre allemand. […] Les années qui suivent, et où se rassemble avec redoublement son reste de jeunesse, suffisent à peine, ce semble, à tant d’emplois divers d’une verve continuelle et en tous sens exhalée : journaliste, romancier, bibliophile toujours, dramaturge quelque peu et très-assidu au théâtre, témoin aux cartels, tout aux amis dans tous les camps, improvisateur dès le matin comme le neveu de Rameau.
Ce rival est un Scapin chevaleresque, et la maîtresse de Griffon est une Colombine, qui transportent dans un poème épique les scènes grotesques du théâtre italien. […] Roland, en courant une de ses aventures, arrive au vallon naguère habité par Angélique et Médor, sans se douter que ce beau lieu a été le théâtre de son infortune amoureuse.
Dans tous ces incidents, la scène est faite pour la scène même, pour ce qu’elle donne à rire, et le comique y est poussé aux limites qui au théâtre font dégénérer la comédie en farce. […] L’inanimé et l‘irresponsable, la nature, les cieux et la mer, les drames changeants que jouent en ce théâtre la lumière, les nuages et la nuit, n’ont pas d’attrait pour lui.
Pourquoi ce genre de poésie, qui comparaît le plus souvent sur nos théâtres devant le peuple, est-il inférieur aux deux autres ? […] Il faut au poète dramatique, pour émouvoir de toute sa puissance le cœur humain, un théâtre, une scène, des décorations, des musiciens, des peintres, des acteurs, des costumes, des gestes, des paroles, des larmes feintes, des déclamations, des cris simulés, du sang imaginaire, mille moyens étrangers à la poésie elle-même.
J’avais encore cinq ou six ans à aimer le théâtre, la musique, la table ; il faut vivre de privations et d’économies ; je saurai me passer de ce que je ne puis avoir sans m’enchaîner, je suis un philosophe également éloigné de la superstition et de l’impiété, un voluptueux qui n’a pas moins d’aversion pour la débauche que de goût pour le plaisir. […] Ce charme ne tombait pas avec ses parures ou ses couronnes de théâtre, il s’endormait et se réveillait avec elle.
Tout se passait donc au mieux pour Renart : le roi penchait à la paix, et Ysengrin, tout dolent, ne sachant plus comment s’en tirer avec sa colère, restait assis à terre entre deux bancs, sa queue entre les jambes, lorsqu’un coup de théâtre vient tout changer.
Il l’accompagnait, en le publiant, d’une lettre explicative qui peut faire juger des hardiesses et des espiègleries littéraires du temps : Je vous envoie, madame, disait Dorat, l’extrait (il aurait pu dire la presque totalité) de cette singulière brochure, que le hasard a fait tomber entre mes mains, et qui, malgré la confusion des idées, l’oubli de tous les principes et de toutes les règles du théâtre, m’a paru mériter votre attention.
Bonstetten, disons-le bien vite pour nos Français qui savent si bien ignorer et sitôt oublier (quand ils l’ont su un moment) tout ce qui ne figure pas chez eux, sous leurs yeux et sur leur théâtre, était un aimable Français du dehors, un Bernois aussi peu Bernois que possible, qui avait fini par adopter Genève pour résidence et pour patrie, esprit cosmopolite, européen, qui écrivait et surtout causait agréablement en français, et qui semblait n’avoir tant vécu, n’avoir tant vu d’hommes et de choses que pour être plus en veine de conter et de se souvenir.
» — « Bien des gens, répondit le prince, prétendent que, s’il n’y en avait point, il y aurait encore de plus grands désordres à Paris : j’examinerais, je pèserais mûrement le pour et le contre, et je m’en tiendrais au parti qui aurait le moins d’inconvénients. » Et son biographe ajoute que ce parti eût été sans douté celui de laisser subsister le théâtre, en le réformant sur le modèle des pièces composées pour Saint-Cyr.
Combien de fois, après des journées et des semaines de retraite et d’étude, me trouvant là vers trois heures sur ces boulevards fourmillants, j’ai rencontré de ces hommes que M. de Pontmartin décrit si affreux, si terribles, qui sont de la littérature active, ou des théâtres ou des journaux grands et petits !
Il propose de remédier aux excès du théâtre à l’aide d’un censeur d’office ; il souhaiterait ce censeur pour les romans aussi, pour les livres de chevalerie : il est si sérieux en parlant de la sorte, qu’il trace d’après un canevas-modèle le plan d’un roman de chevalerie exemplaire qui aurait les mérites du genre sans les défauts, qui permettrait de personnifier dignement toutes les qualités morales, toutes les vertus, d’introduire dans une trame variée toutes les vicissitudes d’événements, toutes les aventures tragiques ou joyeuses, de décrire toutes les merveilles, y compris celles de la magie, de prendre tous les tons.
Il chercha, à un moment, des ressources dans le théâtre ; il fit des pièces en collaboration : Quérard en indique quelques-unes.
Elle est ici, Monsieur, d’une très-bonne odeur comme les vingt dernières années de sa vie : car c’est depuis tout ce temps-là qu’il avait renoncé si absolument à ce qu’il avait fait pour le théâtre dans sa jeunesse, que nulle puissance de la terre n’avait été capable de l’y faire retourner, quelque pressantes sollicitations qu’on lui en ait faites.
Lorsque de Londres il passa sur le théâtre de Potsdam, qu’il fut en présence de la famille royale de Prusse et du grand Frédéric, il eut fort à s’observer.
Si, des écrivains, des artistes proprement dits, nous passons aux professionnels du théâtre, nous accorderons dix-huit mois de service hospitalier à l’un de nos meilleurs « metteurs en scène » actuels, M.
Si l’on ne considère cette époque de la renaissance des lettres que sous le seul rapport des ouvrages de goût et d’imagination, l’on trouvera sans doute que près de seize cents ans ont été perdus, et que depuis Virgile jusqu’aux mystères catholiques représentés sur le théâtre de Paris, l’esprit humain, dans la carrière des arts, n’a fait que reculer vers la plus absurde des barbaries ; mais il n’en est pas de même des ouvrages de philosophie.
Les Italiens se moquent dans leurs contes, et souvent même sur le théâtre, des prêtres auxquels ils sont d’ailleurs entièrement asservis.
Il mêle ses sentiments à son récit ; il juge ses personnages, il a oublié qu’ils sont des fictions ; il les raille ou en prend pitié, les gourmande ou les admire ; il monte avec eux sur le théâtre, et devient lui-même le principal spectacle ; nous connaissons dorénavant ses goûts, ses habitudes, son histoire même ; nous suivons à chaque ligne les mouvements de son imagination ou de son âme.
Palissot, médiocre auteur et assez plat personnage, fit plus de bruit, ayant agi par le théâtre : instrument d’une pieuse coterie, il fit jouer en mai 1760 ses Philosophes, où Diderot, Rousseau, Mme Geoffrin étaient personnellement ridiculisés, où Helvétius, Duclos étaient attaqués dans leurs œuvres.
Mais, bien Française en cela, elle porte son effort principal sur le théâtre.
Actuellement elle ne songerait certes pas davantage à faire un praticable comme on dit au théâtre, pour inviter à prendre place parmi ses élus un noble esprit aussi vigoureux, aussi libéré, aussi clair que celui de Remy de Gourmont, un esthète et romancier aussi sain que Joséphin Péladan, un poète et critique tel que Paul Claudel, un prodigieux penseur comme André Suarès… Cela, avouons-le, est dans la norme.
Et il y a sur tout cet engouement, et cet entraînant arrangement à l’italienne d’un livre lugubre, plusieurs choses à dire, que le public ne s’est sans doute point dites en sortant de tous ces théâtres.
Quand je dis que je me rappelle l’incendie du théâtre de Drury-Lane ; dire que je me rappelle cet événement et que j’y crois, c’est dire la même chose : ce sont deux états de conscience indiscernables.
Dargaud a fait, à sa manière, bien des recherches touchant l’héroïne de son choix : il a fait exprès le voyage d’Angleterre et d’Écosse, visitant en pèlerin tous les lieux, théâtre des séjours de Marie Stuart et de ses diverses captivités.
Combien j’en retrouve en idée de ces chapitres piquants, de ces petits chefs-d’œuvre sur tous les auteurs du jour, sur tous les romanciers en vogue, sur tout ce qui a passé, chanté, jasé, voltigé au théâtre !
De là il décrit les collines, les monuments d’alentour ; il évoque, il recrée en idée l’antique cité, le théâtre retentissant d’applaudissements, les flottes sortant du Pirée, les jours de Salamine ou de Délos.
Le tableau n’est plus une rue, une place publique, un temple ; c’est un théâtre.
— Le voisinage de ton ménechme Sarcey ne me tente pas davantage : tu te rappelles sans doute l’éreintement de Champfleury et du Réalisme que ce critique publia, il y a quelques mois, dans le Figaro ; et voilà qu’aujourd’hui le même Sarcey demande — entre deux feuilletons du même Champfleury — l’avènement du Champfleurisme au théâtre !
La seule différence entre eux (avec celle du génie dont il ne peut pas être question ici), c’est que l’Hamlet du théâtre anglais est un sceptique désespéré qui n’a que mépris pour la vie humaine et pour le néant de l’humanité, et que l’Hamlet des Névroses n’a pour l’humanité et la vie que l’horreur, mais l’horreur la plus épouvantée !
Du reste, c’est bien quelque chose d’avoir été sans nul doute le premier poète et le premier homme de théâtre de son siècle. […] Je puis ne pas mettre les pieds dans les théâtres lyriques, n’en plus parler, n’en plus entendre parler, et ne pas même rire de ce qu’on cuit dans ces gargotes musicales ! […] Surtout, la musique n’existait alors à Rome ni dans les théâtres, ni dans les églises : c’était le dernier terme de l’abaissement et de la misère artistique. […] Observons cependant qu’il se publie et se joue presque quotidiennement des romans ineptes et des pièces insoutenables, sans que personne en tire une condamnation de principe contre l’art du roman ou celui du théâtre. […] Après cet unique succès, si ballotté, et pendant les vingt-trois ans qui lui restaient à vivre, jusqu’au 8 mai 1880, il n’eut plus que ce qu’en argot de théâtre on appelle des fours.
Il déplore aussi que le théâtre moderne n’ait point gardé la parabase et qu’il admette des personnages en habit noir ; il pense que la comédie sera lyrique ou ne sera pas ; il compose des odes dialoguées en rimes riches qu’il prend pour du théâtre ; et un beau jour il écrit une féerie pour le plaisir de mettre dans la bouche de Riquet à la Houppe et de la princesse Rose des stances imitées de Celles du Cid et de Polyeucte. […] Et il faut aussi se représenter le lieu, le théâtre, la mise en scène : un de ces catafalques lourds et somptueux, comme nous en décrit Mme de Sévigné, avec d’innombrables cierges et de hauts lampadaires et des figures allégoriques dans le genre « pompeux » ; les gentilshommes, les grandes dames en moire, velours et falbalas, en roides et opulentes toilettes ; tout l’appareil d’une cérémonie de cour et, sur les figures graves, un air de parade et de représentation. […] C’est un, lieu commun, qu’un personnage de théâtre ou de roman doit, pour être vivant, avoir quelque chose de particulier qui n’appartienne qu’à lui et à son temps, et quelque chose de général qui appartienne à tous ceux de la même espèce dans tous les temps. […] Zola (et sûrement dans tous les derniers) quelque chose d’analogue à cette prodigieuse maison de la rue de Choiseul, quelque chose d’inanimé, forêt, mer, cabaret, magasin, qui sert de théâtre ou de centre au drame ; qui se met à vivre d’une vie surhumaine et terrible ; qui personnifie quelque force naturelle ou sociale supérieure aux individus et qui prend enfin des aspects de Bête monstrueuse, mangeuse d’âmes et mangeuse d’hommes. […] Sept ou huit figures, toujours les mêmes, comme dans la comédie italienne : le moine ou le curé, le muletier ou le paysan, le bonhomme de mari marchand ou juge à Florence, le jouvenceau, la nonnain, la niaise, la servante et la bourgeoise, chacun ayant son rôle et sa physionomie immuable et ne faisant jamais que ce qui est dans ses attributions ; tous, sauf quelquefois les maris, contents de vivre, de belle et raillarde humeur, et tous, de la trogne enluminée au minois encadré dans la guimpe, occupés d’une seule chose au monde, d’une chose sans plus ; pour théâtre, un couvent, un jardin, une chambre d’auberge ou un vague palais d’Italie ; des tours pendables, déguisements, substitutions, quiproquos, des fables légères fondées sur des hasards et des crédulités invraisemblables ; un extrême naturel, une bonhomie délicieuse dans toute cette fantaisie, et çà et là un brin de réalité, des traits pris sur le vif, mais épars, accrochés à la rencontre ; quelquefois aussi un petit coin de paysage senti, un petit filet de vraie tendresse et une petite ombre de mélancolie… Voilà, dans leur ensemble, les contes de La Fontaine.
C’est Mérimée. » C’est à Madrid, dans l’été de 1830, que l’auteur du Théâtre de Clara Gazul avait connu la comtesse de Montijo, mère de l’Impératrice. […] La confiance d’un secrétaire d’État confère, paraît-il, à ceux qui en sont honorés, le droit d’entrer à toute heure dans les coulisses des théâtres. […] Elle fut attirée irrésistiblement par le théâtre, par le harem moderne où le peuple souverain applaudit ses sultanes. […] Le fracas des omnibus, les vociférations des camelots, le vacarme des théâtres et les flonflons des bastringues couvrent la voix des cloches. […] C’est-à-dire qu’il ne court pas les « vernissages », ni les boutiques, ni les théâtres, et qu’il ne va pas, aux « premières », recevoir ces poignées de main de confrères, qui vous font froid dans le dos… Provincial impénitent, il décentralise pour son propre compte, sans vaticiner sur la décentralisation.
Que l’on fasse maintenant une opération semblable sur les autres portions contemporaines de l’intelligence et de l’action humaine ; que l’on compare entre eux les résumés dans lesquels, sous forme maniable et portative, on aura déposé pareillement la substance de l’œuvre observée ; si, par cette sorte de chimie qu’on nomme l’analyse psychologique, on prend soin de reconnaître les ingrédients de chaque extrait, on découvrira que des éléments semblables se rencontrent dans les différentes fioles, que les mêmes facultés et les mêmes besoins qui ont produit la philosophie ont produit la religion et l’art, que l’homme auquel cet art, cette philosophie, cette religion, s’adressaient, était préparé par la société monarchique et par les bienséances du salon à les goûter et à les comprendre ; que le théâtre, la conversation, les jardins, les mœurs de famille, la hiérarchie de l’État, la docilité du sujet, la domesticité noble des grands, la domesticité humble des petits, tous les détails de la vie privée ou publique, s’accordaient pour fortifier les sentiments et les facultés régnantes, et que non seulement les diverses parties de cette civilisation si large et si complexe étaient jointes ensemble par des dépendances mutuelles, mais encore que ces dépendances avaient pour cause la présence universelle de certaines aptitudes et de certaines inclinations, toujours les mêmes, répandues sous des figures diverses dans les divers compartiments où s’était moulé le métal humain. […] Vous êtes au théâtre. […] Sur le devant du théâtre, Bossuet, Boileau, Racine, tout le chœur des grands écrivains, jouaient la pièce officielle et majestueuse.
On vient nous apporter le billet de la loge pour ce soir au théâtre Palliano. […] Chère tante, Hier soir au théâtre il y avait un jeune homme, qui m’a regardée et lorgnée comme un fou. […] Il y a du monde plus élégant qu’à Versailles, mais les loges sont un peu comme au théâtre, toutes pareilles, et celle du président dans laquelle nous sommes ne diffère en rien des autres. […] Enthousiasmée à fond, elle est allée demander au concierge du théâtre l’adresse de l’auteur pour lui exprimer son admiration. […] La table à thé est apportée toute servie comme au théâtre et il y a un moment où nous sommes toutes les six à le regarder boire son thé.
Il y avait aussi dans les villes des restes dégénérés du théâtre antique, des espèces de farces ou discours scéniques en latin, qui ne nous sont guère connus que par les déclamations et les invectives des écrivains ecclésiastiques qui les proscrivent : — petits théâtres où le peuple gallo-romain se précipitait avec fureur.
« Au lieu de tes palais, de tes théâtres, de tes portiques de Rome décorés de statues », lui dit-il, « nous n’avions ici que le chêne, le hêtre et le pin, répandant leur ombre sur l’herbe verte au déclin de la colline qui vient mourir dans la plaine ; nous descendions à pas lents en poétisant, et ces spectacles élevaient nos pensées vers le ciel. […] Au milieu s’élève un théâtre que la nature semble avoir fait exprès pour les poètes.
J’avais à peine terminé ce poème, que dans une de ses lettres toujours si fréquentes et si chères, mon amie, comme par hasard, me raconta qu’elle venait d’assister au théâtre à une représentation du Brutus de Voltaire, et que cette tragédie lui avait plu souverainement. […] XIV Au sein de ce repos, Alfieri, devenu plus royaliste que républicain, depuis le triomphe de ses opinions républicaines en France, s’occupait à élever, à l’exemple de Voltaire, un théâtre dans sa maison pour y jouer ses tragédies.
Le siècle qui compte des poètes comme Vigny, Lamartine, Hugo, Musset, Gautier, Baudelaire, Banville, sans excepter les grands symbolistes, Verlaine et Mallarmé, des romanciers comme Balzac, Stendhal, Flaubert, les Goncourt, Zola, des critiques comme Sainte-Beuve et Taine, des écrivains scientifiques et des philosophes comme Claude Bernard, comme Auguste Comte, de suprêmes intelligences comme Ernest Renan, — et combien d’autres princes de lettres, encore, dans le lyrisme, la prose ou au théâtre ! […] Dumas fils, Henry Becque, Rostand, Lemaître, Henri Bataille le font triompher au théâtre.
Il avait fait placer son trône au sommet d’un tertre, et il s’y était assis comme sur un siège de théâtre, attendant un spectacle plutôt qu’une bataille. […] Le Théâtre, cette grande invention du génie attique, aurait été interrompu dans ses fondements.
L’une des dépositions tombe dans le silence ému de l’auditoire, celle de sa maîtresse, une pauvre et laide actrice du théâtre des Batignolles, toute maigriotte dans sa petite robe noire des répétitions, élevant pour le serment une main rouge d’engelures, et parlant avec une voix modeste et brave, et confessant tout haut son amour pour l’homme qui est entre les gendarmes, — misérable cabotine, grandie de la grandeur que les douleurs de la femme prennent sur ce théâtre tragique.
On a le droit de se reposer quand on a produit pour l’esprit humain cent poèmes, dix théâtres, dix philosophies et cinq religions ; quand on a été l’Inde, la Chine, l’Arabie, la Perse, l’Égypte, la Grèce, la Judée, l’école et le sanctuaire de l’univers. […] Cependant, après quelques jours de vagabondage solitaire dans les rues, dans les campagnes et dans les théâtres de Florence, je me souvins que j’avais quelques lettres de recommandation dans ma malle.
Le progrès n’est selon lui que l’apparition successive, sur le théâtre de l’histoire, des trois idées qui sont le fond même de la raison : l’idée de l’infini, celle du fini, celle du rapport entre le fini et l’infini. […] Rien de plus ingénieux encore que le parallélisme établi par Victor Cousin entre la conformation géographique de l’Asie, de la Grèce, de l’Europe occidentale, et les caractères des trois grandes civilisations dont ces contrées furent le théâtre.
ce sont les manières du temps. » — Le duc de Richelieu, ce jeune fat qui tournait alors toutes les têtes et que des gens d’esprit aux abois ont cherché de notre temps à remettre à la mode dans le roman et au théâtre, est pour Madame l’objet d’une aversion singulière : il est peint par elle de main de maître (notamment pages 203, 221), parfaitement méprisable, avec ses charmes équivoques et légers, son vernis de politesse et tous ses vices.
Le théâtre est ordinairement la littérature des gens du monde qui n’ont pas le temps de lire.
Ce joli lieu de Marans, qui nous a été dépeint tout à l’heure comme un séjour enchanté et tout propre à la félicité des amants, est devenu le théâtre de la guerre.
Il était là sur un théâtre où rien de lui n’était perdu, et où il figurait au premier rang.
L’esprit de Voiture était toujours en action et en mouvement comme pour un théâtre de société.
Pendant que je la lisais, je me rappelais bien souvent cette autre correspondance récemment publiée, si étonnante, si curieuse, si pleine de lumière historique et de vérité, entre deux autres frères, couronnés tous deux, le roi Joseph et l’empereur Napoléon ; et, sans prétendre instituer de comparaison entre des situations et des caractères trop dissemblables, je me bornais à constater et à ressentir les différences : — différence jusque dans la précision et la netteté même, poussées ici, dans la correspondance impériale, jusqu’à la ligne la plus brève et la plus parfaite simplicité ; différence de ton, de sonoréité et d’éclat, comme si les choses se passaient dans un air plus sec et plus limpide ; un théâtre plus large, une sphère plus ample, des horizons mieux éclairés ; une politique plus à fond, plus à nu, plus austère, et sans le moindre mélange de passe-temps et de digression philosophique ; l’art de combattre, l’art de gouverner, se montrant tout en action et dans le mécanisme de leurs ressorts ; l’irréfragable leçon, la leçon de maître donnée là même où l’on échoue ; une nature humaine aussi, percée à jour de plus haut, plus profondément sondée et secouée ; les plaintes de celui qui se croit injustement accusé et sacrifié, pénétrantes d’accent, et d’une expression noble et persuasive ; les vues du génie, promptes, rapides, coupantes comme l’acier, ailées comme la foudre, et laissant après elles un sillon inextinguible54.
Au reste, il est bien naturel qu’avec le talent qu’elle se sentait pour la politique, elle ait tout fait pour se procurer un théâtre où elle aurait lieu de le développer.
Au milieu de ce cercle presque entièrement aristocratique, un pauvre homme et sa femme qui avaient un petit théâtre de marionnettes aux Champs-Élysées furent amenés un matin, pour avoir exposé une figure en cire de Charlotte Corday. « Ces pauvres gens étaient bons et honnêtes, et quoique nous ne pussions leur être utiles en rien, ils nous rendaient tous les services qui étaient en leur pouvoir.
Par certaines pensées de lui sur l’ambition, il est évident que La Bruyère, témoin inaperçu et très présent à la Cour, placé dans les coulisses de ce théâtre d’intrigues et de compétition, s’était dit maintes fois, en voyant les élévations journalières de gens dont il mesurait le mérite : « Pourquoi pas moi ?
. — Dans la leçon orale qu’il débita pour cette même agrégation, il avait à parler d’un traité de saint Augustin sur la Vie heureuse ; il commença vivement, a peu près en ces termes et dans cette donnée (je ne réponds que du trait) : « Saint Augustin était jeune, brillant, amoureux, entouré d’amis ; il avait remporté des prix de poésie et s’était vu applaudi en plein théâtre ; il était professeur de rhétorique à vingt-deux ans, et sans concours ; et cependant il n’était pas heureux !
Peut-on s’étonner pourtant qu’il en ait été d’un tel talent comme de celui des improvisateurs et des orateurs ; que ce qu’on a d’elle par écrit ne la représente pas entièrement, et qu’il faille, pour être fidèle, y ajouter en idée un ensemble et une spontanéité d’impressions qui n’était que dans la personne et sur son théâtre ?
. — Je n’oublierai point, parmi les personnes présentes, une habituée et une amie de la maison, Mme de Bawr, l’auteur d’une jolie pièce de théâtre et d’agréables romans.
Mais, si on l’interrogeait sur les vrais talents, sur Béranger, sur Mérimée, auteur dès lors du théâtre de Clara Gazul, Gœthe faisait aussitôt la distinction, et il reconnaissait en eux la vraie marque, l’originalité : « Je les excepte, disait-il : ce sont de vrais talents qui ont leur base en eux-mêmes et qui se maintiennent indépendants de la manière de penser du jour. » Avoir sa base et son fondement en soi, c’était la chose qu’il estimait le plus ; il a parlé quelque part de ces faux talents, qui n’en ont que le semblant et le premier jet : « Nous vivons dans un temps, disait-il, où il y a tant de culture répandue qu’elle s’est, pour ainsi dire, mêlée à l’atmosphère qu’un jeune homme respire.
Mais pour des talents de tribune et prédestinés par la nature aux triomphes de la parole, ces difficultés, ces périls ne sont qu’un attrait et un ressort de plus : aussi cette Chambre introuvable fut-elle un théâtre d’éclatant début et de succès, et pour M.
Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.)
Lebrun publiait les deux premiers volumes de ses Œuvres, contenant ses tragédies et pièces de théâtre : Ulysse, Marie Stuart, et ce Cid d’Andalousie dont l’insuccès même fut un honneur ; son poème de la Grèce, et aussi cet autre poème lyrique sur la Mort de Napoléon.
Ces hommes de talent et d’ambition qui, la plupart, depuis l’Assemblée législative avaient déjà tâté de la vie politique et étaient chaque jour en scène, avaient des engagements pris, des liaisons, des antipathies vives, des amis et des ennemis déclarés : lui, il arrivait sur le grand théâtre, à l’état abstrait, pour ainsi dire, neuf, pur du moins de toute prévention personnelle, et l’on peut dire qu’à cet égard il offrait table rase.
Pouvait-il ainsi livrer cette seconde patrie, ce théâtre brillant et cher de ses premiers triomphes ?
Dans l’édition qu’il donna, en 1664, de son Théâtre revu et corrigé, il mit en tête un Avertissement où il exposait ses raisons à l’appui de certaines innovations qu’il avait cru devoir hasarder, afin surtout, disait-il, de faciliter la prononciation de notre langue aux étrangers.
D’abord, par exemple, on étudiait peu ou du moins on entendait mal le théâtre grec ; on l’admirait pour des qualités qu’il n’avait pas ; puis, quand, y jetant un coup d’œil rapide, on s’est aperçu que ces qualités qu’on estimait indispensables manquaient souvent, on l’a traité assez à la légère : témoin Voltaire et La Harpe.
Étienne ; l’attention publique au dedans n’était alors distraite par rien, et les journaux n’avaient le champ libre que sur ces choses du théâtre.
Ni la prospérité, ni la décadence, ni le despotisme, ni la liberté ne sont des coups de dés amenés par les vicissitudes de la chance, ou des coups de théâtre improvisés par l’arbitraire d’un homme.
Lemercier, Du second théâtre français.
Les écrivains qui se sont senti le don de l’observation morale ont émigré en masse vers le roman et le théâtre, pour mettre en action et en drame leur expérience.
Ses Caresses sont assurément, de tous les poèmes qu’on ait écrits, ceux où les reins jouent le rôle le plus considérable Puis il tente le théâtre, et ce mâle nous montre une femelle, la Glu, une goule qui mange un pêcheur breton.
Les farces et sotties du seizième siècle, ces origines du théâtre, sont des satires du présent dialoguées.
Les combats dont nous sommes le théâtre sont des combats de l’âme contre elle-même.
En 1892, le procès de Ravachol, à Paris, montre, par les discussions de presse, que la majorité des intellectuels est sinon acquise, du moins sympathique à la doctrine anarchiste et l’effet s’en produit par l’ouverture en 1893, du Théâtre d’art social où les militants du parti se donnent rendez-vous pêle-mêle avec les écrivains nouveaux.
Il se met alors à rêver d’une poésie éducatrice des foules, par le théâtre, mais dont la danse et la pantomime constitueraient les seuls moyens d’expression.
Elle devient pour Joseph de Maistre le théâtre d’une éternelle entre-mangerie.
Vous êtes au théâtre : on joue un drame intéressant et l’on en est à une scène capitale, la réconciliation du héros et de l’héroïne après de longs et affligeants malentendus.
Mais transportez sur le théâtre cette physiologie crue et saignante, animez-la du mouvement de la scène, de la réalité des acteurs ; multipliez son impression par la diversité des mille spectateurs qui s’en remplissent l’esprit et les yeux ; servez, pêle-mêle, les fruits de l’Arbre du bien et du mal à cette foule souvent incapable de les discerner : qui peut affirmer la moralité d’un pareil spectacle ?
Une lecture bien faite d’un beau morceau d’éloquence ou d’une pièce de théâtre est une sorte de représentation au petit pied, une réduction, à la portée de tous, de l’action oratoire ou de la déclamation dramatique, et qui, tout en les rapprochant du ton habituel, en laisse encore subsister l’effet.
Là, sans quitter le théâtre, il rapporte ses observations, toujours fines et quelquefois profondes.
Nos trois illustres maîtres, en s’épargnant ce retour sur un théâtre où ils avaient tant donné, mais où ils avaient à terminer encore, ont fait, selon moi, comme Turenne s’il avait manqué ses deux dernières campagnes, ou comme Racine s’il s’était retranché Esther et Athalie.
« Votre très dévouée, « *** » Et ces vers de Tahureau, nous ne les avions pas pris dans Tahureau, dont les éditions originales sont de la plus grande rareté, nous les avions pris dans le Tableau historique et critique de la poésie française et du théâtre français au xvie siècle de Sainte-Beuve, — oui, dans ce livre couronné par l’Académie.
Je veux bien que l’auditeur bercé par un grand discours en vers, surtout déclamé au théâtre par des gens qui disent mal, se raccroche aux rimes, pour distinguer si l’on entend des vers ou de la prose, et c’est vrai pour le vers pseudo-classique.
Ce qu’il a fait de mieux, les volumes sur Shakespeare, l’Arétin et le Théâtre espagnol, sont de ces feuilles-là.
Mais ceux d’Alfieri valent mieux que son théâtre !
Dardées par ce visage net et par cette bouche expressive, les pensées prenaient un corps, devenaient visibles, pénétraient dans l’auditeur, le domptaient, le possédaient, le livraient aux coups de théâtre, aux effets de style, aux mouvements de passion, aux surprises de méthode.
Le théâtre des poètes a pour nous un charme incomparable. […] Elle a renouvelé le roman comme Hugo la poésie et le théâtre, et en même temps, par une exhortation incessante, sous forme fictive, rajeuni, rasséréné l’âme humaine. […] Quel besoin en effet n’aurions-nous pas, pour sortir un peu de la vie affairée et lourde du monde moderne et nous revivifier au contact de nos semblables, de ces fêtes qu’imagine Michelet, avec un théâtre populaire où ressusciteraient les héros, où la tradition nationale prendrait en quelque sorte une chair et des os pour arriver par nos yeux jusqu’à nos cœurs. […] » C’est par ces fêtes, ce théâtre populaire, cet agrandissement de la vie, que Michelet conclut au Banquet universel, c’est-à-dire au rapprochement définitif de tous les citoyens, de toutes les nations, dans l’intelligence de la justice et la communion de l’amour. […] Voilà bien les vers de théâtre, le carillon joyeux de la muse allègre, les rimes de cristal qui devraient par la bouche de Coquelin sonner sur les planches du Théâtre-Français assourdi par tant de languissantes syllabes.
Il reviendra là-dessus dans le Journal des Faux monnayeurs, et s’y déclarera pour le théâtre pur, le roman pur, et la pureté en tout. Mais le théâtre pur, c’est Scribe ; le roman pur, c’est Dumas père ou Pierre Benoit ; M. l’abbé Bremond a fini par conclure que la poésie pure n’existait pas et qu’elle était impossible. […] Coup de théâtre et stupeur générale dans la classe c’est Gide qui est premier, et Louÿs seulement second.
Si la liberté du théâtre existait, nous ne verrions pas un Rouvrière obligé de jouer Hamlet devant des paysans, dans une grange, faisant sourire l’ombre du vieux Shakespeare, qui se croirait, au dix-neuvième siècle, à Londres, représentant ses pièces dans un bouge de la Cité. […] C’était bien la première fois qu’on voyait apparaître dans le roman français le peuple des campagnes, non plus comme une utilité de théâtre plus ou moins margoton, mais le peuple des campagnes occupant à lui seul toute la scène, et le drame ne tirant ses péripéties que de la vie campagnarde. Tout cela, sous les auspices du grand nom de Lélia, a certainement bien les proportions d’un événement, et au théâtre, les applaudissements du public l’ont assez prouvé. […] Supposez-vous que c’est en les mettant au régime de toutes ces nudités sans naïveté ni passion, les deux seules excuses que la nudité puisse avoir dans les arts, aussi bien que dans la vie ; au régime de ces ratatouilles au haschiche, de ces fanfreluches de théâtre, de ces spleens plus ou moins postiches qui ont si largement défrayé jusqu’ici la littérature ?
Rome est un échafaud public, une scène, un théâtre où se voit le jeu de la fortune, où chacun, malgré sa prudence, se montre à la fin tel qu’il est ; où les courtisans font l’amour et trament l’intrigue, où l’ambition et la duplicité abondent, où l’oisiveté rend le bon vicieux, où le vil faquin discourt des faits du monde. […] Jodelle allait mourir lorsque Robert Garnier prit possession de la scène et préluda au théâtre classique en France. […] Rotrou Rotrou débuta au théâtre à dix-sept ans, et peu après, il obtint un grand succès avec sa seconde pièce, La Bague de l’oubli, sujet tiré de Lope de Vega. […] Maurice Albert a publié un livre intitulé : Les Théâtres du boulevard de 1789 à 1848. […] Ainsi, nous savons à présent toute sorte de choses sur l’histoire du pré-romantisme au théâtre, sur les origines du drame romantique.
Son teint est d’une délicatesse et d’une fraîcheur bien rares : on dirait une rose thé qui vient de s’ouvrir… » C’est ainsi qu’elle est dans la vie réelle ; mais lorsqu’il la voit au théâtre, dans l’éblouissement des lumières, incarnant les types rêvés, il prend la lyre pour la chanter : « Comme elle vole, comme elle s’élève, comme elle plane ! […] Louis de Cormenin, le parrain de ma sœur, venait souvent nous chercher, et nous conduisait au théâtre de Séraphin, ou bien nous promenait en voiture ; mais, à moi, campagnarde, puis recluse, la voiture ne me plaisait guère, je n’y étais pas très rassurée et je vois encore le regard de surprise et de dédain suprême, que ma sœur, Parisienne déjà blasée, laissa tomber sur moi, un jour où j’avais peur d’un cheval, que je trouvais trop grand, et qui se cabrait ! […] L’auteur de Mademoiselle de Maupin n’était probablement pas en odeur de sainteté ; de plus, ma mère chantait au théâtre ; ma tante dansait ; Julia Grisi était ma cousine ; tout cela m’entourait d’une atmosphère particulière, qui avait, pour les unes, l’attrait du fruit défendu et inspirait aux autres la réprobation et l’horreur. […] Ma sœur et moi, nous savions très bien remplir les heures et la journée agréablement, à ne rien faire, quand Marianne ne nous emmenait pas jouer devant le théâtre du Gymnase, avec des camarades de rencontre. […] Ils évitaient, cependant, de se faire part de leurs impressions, quand ils se rencontraient au théâtre.
Et, par exemple, en voyant Voltaire jouer de sa personne la tragédie à Lausanne où il était en ces années, et tout en convenant que sa déclamation était plus emphatique que naturelle, Gibbon sentit se fortifier son goût pour le théâtre français : « et ce goût, confesse-t-il, a peut-être affaibli mon idolâtrie pour le génie gigantesque de Shakespeare, laquelle nous est inculquée dès l’enfance comme le premier devoir d’un Anglais ».
Car des quatre grands hommes, c’était Molière surtout qui aimait à le consulter non seulement dans ses ennuis de cœur, mais dans ses embarras de directeur de théâtre (deux sortes de peines qui se mêlaient en lui volontiers) : il avait dans sa troupe trois principales actrices entre lesquelles il s’agissait de distribuer les rôles et dont il importait de mener à bien les rivalités ; et Chapelle, de la campagne, lui écrivait : Il faut être à Paris pour en résoudre ensemble, et, tâchant de faire réussir l’application de vos rôles à leur caractère, remédier à ce démêlé qui vous donne tant de peine.
On voit qu’il est en garde contre le xviiie siècle de la France et qu’il s’en méfie : « Point de ces livres, scandale des tablettes, où d’impudents sensualistes se produisent eux-mêmes » ; point de ces livres non plus où le théâtre offre de trop près le vice qu’il croit guérir ; point de Voltaire, il le dit expressément, en le désignant comme « celui qui a bâti à Dieu une église et qui a raillé son nom. » Dans sa définition de ce qu’il veut qu’on évite et de ce qu’il conseille en fait de lecture, Cowper a des paroles qui sont encore à recueillir aujourd’hui : Une vie de dérèglement et de mollesse, dit-il, donne à l’âme un moule puéril, et, en le polissant, pervertit le goût.
Il ne crut point non plus devoir se rendre de sa personne à Soleure pour y lutter d’intrigue et d’argent, et travailler à faire casser le décret : « La chose était possible, dit-il ; mais, indépendamment de ce que je trouvais le théâtre un peu petit pour me donner la peine d’y préparer cette scène, elle m’aurait demandé du temps que je ne pouvais prendre qu’au détriment de ma machine militaire qui commençait à se monter, et qui voulait ma présence pour tendre à sa perfection. » Après avoir écrit une lettre de soumission respectueuse, il s’en remit donc au cours naturel des choses.
Scribe, quand il faisait une coupure dans ses pièces de théâtre, et pour s’y encourager, disait : « Tout ce qu’on coupe, il n’y a pas de danger qu’on le siffle. » Mais on ne l’applaudit pas non plus.
Andrieux, dont on vient de publier les Œuvres, est un élève de Voltaire, ingénieux, spirituel et sans force ; tel il s’est toujours montré dans ses comédies, dont une seule est restée au théâtre, les Étourdis et dans ses poésies légères.
Sur un moindre théâtre, il se montra un aussi grand politique que lui, moins honnête parce qu’il était plus faible.
Après avoir été l’un des beaux du Directoire, il est encore un type d’élégance et de distinction ; exclusif dans les relations du monde, il ne fréquente guère cependant que les femmes de théâtre : aussi dans les salons a-t-il une réputation de cynisme, et les vérités hardies qu’il lance parfois dans la conversation sont traitées de paradoxes.
Il a excellé à nous rendre le théâtre anglais du xvie siècle, cette scène et cet auditoire tumultueux, mélangés, faits l’un pour l’autre, cette pléiade de vigoureux dramaturges dont Shakespeare n’a été que le plus grand et qui compte les Marlowe, les Massinger, les Ford, les Webster et autres.
Elle avait été liée d’assez bonne heure avec Linguet, le maître de Mallet, et avec bien des Genevois de sa connaissance ; il l’avait vue à Paris à l’œuvre, sur le théâtre de l’action, et il eût été curieux de l’entendre motiver ce jugement si plein, mais trop sommaire.
Et puis toutes les grandes dames de ce temps, les plus honnêtes et les plus vertueuses, avaient dans leur bibliothèque ces livres en vogue, ces romans à la mode qui nous paraissent aujourd’hui scandaleux et qui alors ne produisaient pas cet effet. » — De son côté, le bibliophile Paul Lacroix, qui a publié le catalogue des livres du Petit-Trianon, et qui a mis en tête une préface sous forme de lettre adressée à Jules Janin, ne dit pas autre chose : « Car pour être reine, on n’en est pas moins femme, et les femmes, avant la Révolution, ne lisaient guère que des romans, des poésies et des pièces de théâtre. » Si tout le monde est à peu près d’accord, on se demande pourquoi donc tout ce bruit et cette querelle.
c’est ce que chacun bientôt se répéta et qui retentit en tous lieux et tout d’un cri comme dans un écho ; c’est ce que Bonfflers et Catinat lui-même, dans leurs lettres à Louvois, ne purent s’empêcher de relever avec admiration comme pour un coup de théâtre où ils avaient joué leur rôle sans en sentir d’abord tout l’étonnant et toute la grandeur.
Elles assiègent la fortune à la sape, quand les hommes d’un vrai mérite perdent la leur par des orages ; et s’il arrive que quelques-uns de ces grands seigneurs se fassent une réputation d’application et de bons mots, on les charge d’affaires, et on en fait les premiers personnages du théâtre.
Michelet, qu’admirent MM. de Goncourt, et qui le leur rend, a très-bien dit dans son œuvre récente114 : « Cherchons le cœur du xviiie siècle, il est double : Voltaire, Diderot. » Pour moi, je ne considérerai la moyenne des esprits comme tout à fait émancipée en France et la raison comme bien assise, même à Paris, que lorsque Voltaire aura sa statue, non pas dans le vestibule ou dans le foyer d’un théâtre, mais en pleine place publique, au soleil.
Les véhémences et les splendeurs de ce talent, il les a autant que jamais et au même degré ; son théâtre oratoire lui manquant, il les a retrouvés et ressaisis par sa plume ; il les applique diversement et avec une vigueur égale dans ses grands morceaux de considérations politiques et dans ses livres.
Il laisse transpirer, plutôt qu’il ne le témoigne, son mépris intérieur contre un peuple assez vil pour regretter son tyran : « La vile multitude, dit-il, celle qui assiège le cirque et les théâtres gratuits, et la lie des esclaves, et tous ceux qui, ayant dévoré leur patrimoine, vivaient des honteuses munificences de Néron, se montraient tristes et avides de nouvelles.
Je ne suis rien ; un si petit intervalle n’est pas capable de me distinguer du néant ; on ne m’a envoyé que pour faire nombre, encore n’avait-on que faire de moi, et la pièce n’en aurait pas moins été jouée, quand je serais demeuré derrière le théâtre.
Reliquaire (1866) ; Intimités (1868) ; la Grève des forgerons (1869) ; les Humbles (1872) ; Promenades et intérieurs (1872) ; Poésies (1879) ; Contes en vers (1881 et 1887) ; dans le théâtre de M.
Je sais bien que l’optique de la chaire, dans une aussi vaste basilique, exige, comme l’optique du théâtre, une sorte de grossissement ; mais la mesure me paraît quelquefois dépassée.
Il était du petit nombre de ces oisifs parisiens qui retiennent des spectacles multiples auxquels les convie la mode, de ce long et ininterrompu défilé de tableaux, de statues, de morceaux de musique, de pièces de théâtre, de cérémonies et de fêtes, des couleurs, des sons, voire des idées, qu’ils cataloguent, au fur et à mesure, dans leur mémoire et dont l’ensemble constitue pour eux une mine féconde, inépuisable d’impressions et de souvenirs, lesquels, habilement mis en œuvre et adaptés aux exigences du moment, leur fournissent toujours à propos le thème inutilement cherché par tant d’autres… III Il y a apparence, après tout cela, que vous ne rencontrerez ici ni les grandes passions, ni les héroïsmes, ni les crimes, ni le romanesque tour à tour délicieux et tragique des romans de M.
Il a dépouillé ses oripeaux de théâtre, il s’est regardé dans sa nudité risible et, avec sous les yeux ce modèle excellent, il a tracé, d’un pinceau exact jusqu’à la caricature, des âmes basses, des prétentions têtues, des conceptions étroites.
Pourvu que l’avocat vibre, les bons boutiquiers qui sont venus au Palais un peu comme à un devoir et un peu comme à un plaisir ; un peu comme à leur boutique, mais un peu comme au théâtre ; disposés sans doute à défendre la chère société faite à leur ignoble ressemblance, mais prêts aussi à applaudir l’acteur habile, oublient un instant leur morale utilitaire, se laissent entraîner à l’ivresse romantique.
On s’étonnait un jour que Geoffroy pût revenir à diverses reprises et faire tant d’articles sur la même pièce de théâtre.
Est-ce un acteur encore en scène, qui continue avec hauteur et dignité un rôle de théâtre ?
Je ne sais pourtant s’il voudrait changer de méthode et de procédé, même sur un plus vaste théâtre.
Dans le Cours de littérature, c’est le xviiie siècle surtout qui a été le théâtre et comme l’arène des luttes et des combats de La Harpe lorsqu’il se convertit un jour et qu’il se retourna contre lui-même.
Émile Augier ont formé une sorte d’école ou l’élégie grecque et latine est venue s’essayer et faire épisode au théâtre.
Devenue veuve une seconde fois, et sans enfants, il ne semblait pas que ses qualités bien appréciées de ses amis dussent s’exercer sur un plus vaste théâtre que celui d’une brillante société, lorsqu’une nécessité imprévue vint la produire.
Mme des Ursins, entière et franche dans son rôle, accueille tout ce qui se présente sur ce théâtre du grand monde et de la Cour, et y fait son discernement : pour pénétrer jusqu’à Mme de Maintenon, il faut être déjà du sanctuaire.
Il eut une dernière jouissance d’amour-propre, lorsque, le Théâtre-Français ayant repris son drame de La Mère coupable qu’il avait fait en 1791, il se vit appelé à grands cris et entraîné sur le théâtre, où il lui fallut paraître entre Molé, Fleury et Mlle Contat.
Le thème de Hugo avec le directeur de théâtre était simple.
Cette immense Seine, sur laquelle les mâts des bateaux, qu’on ne voit pas, passent comme dans un fond de théâtre ; ces grands arbres aux formes tourmentées par les vents de la mer ; ce parc en espalier ; cette longue allée-terrasse en plein midi, cette allée péripatéticienne, en font un vrai logis d’homme de lettres — le logis de Flaubert, après avoir été au xviiie siècle, la maison conventuelle d’une société de Bénédictins.
C’est pour se débarrasser d’eux qu’il organisa au bénéfice de Paul Verlaine, dit-il, la représentation du Théâtre d’Art, en réalité pour se tailler un triomphe facile et humilier ces derniers en ne leur donnant au programme qu’une place dérisoire.
Quant à Clive et Hastings, les faits y sont et y roulent, exagérés comme le théâtre indien sur lequel ils se produisent avec la grandeur qui leur est propre, mais nous ne voyons ni se bomber ni se creuser ces deux individualités énormes, Clive et Hastings, que l’on peut montrer de deux manières : par le relief ou par l’intaille, selon qu’on est un artiste ou un penseur !
., et confessez qu’il y a là une somme de comique à défrayer une pièce de théâtre, et souhaitons même que L’Ivrogne, qui sera le prochain drame de Baudelaire, soit aussi gai, sous couleur noire, que ses Paradis artificiels.
Elle est le théâtre, et non le principe des phénomènes qu’elle manifeste.
Vainement, poëte de théâtre et de cour, Voltaire prétendait-il à la palme de l’opéra.
On le vit un jour, à Moscou, en plein théâtre, dans un accès de jalousie, mordre à l’épaule la femme du gouverneur général, la comtesse Z…, dont il était alors occupé. […] Le premier n’a laissé qu’une comédie, mais cette comédie est le chef-d’œuvre du théâtre russe et l’une des plus fortes œuvres du théâtre universel. […] Il se croyait un grand talent d’acteur, il offrit ses services à la direction des théâtres ; on ne lui trouva pas assez de voix. […] Quand on étudie le théâtre russe, il est facile de deviner pourquoi cette forme de l’art est bien moins développée que les autres. […] L’aveu est fondé : cette voix contenue et nuancée, si éloquente dans l’intimité du livre, n’était pas faite pour les sonorités du théâtre.
Il possède, à son service, le temps nécessaire à ces préparations dont Dumas fils disait qu’elles sont la moitié de l’art du théâtre. […] Toute l’histoire de la poésie, du théâtre et du roman depuis cent ans n’est qu’une oscillation entre ces deux termes qui semblent bien s’exclure l’un l’autre, car si vous imaginez la vie dans son mouvement et dans sa couleur, vous ne la comprenez pas, et si vous la comprenez, vous ne l’imaginez pas. […] Il lui reprochait un style trop écrit, une facture dans le récit trop différente de la sensibilité des gens mis en scène. « Cela empêche l’atmosphère. » Cette formule m’est restée, comme aussi l’illuminisme qui passait dans ces yeux clairs et sur ce large visage pour prophétiser au roman un avenir illimité. « Il absorbera tout », disait-il. « Ce sera lui le vrai théâtre, la vraie poésie, le véritable essai, la véritable histoire. » Cette conversation m’est revenue à l’esprit en fermant le nouveau volume de M. […] Qu’aurait-il dit, s’il avait suivi cette carrière, de coups de théâtre et « d’effets » sensationnels, cette représentation perpétuelle et sans cesse en quête de costumes, de décors, de gestes nouveaux. […] Par la lecture, par la conversation, par le théâtre, par les examens, par tous les plaisirs et tous les devoirs de leur jeunesse amusée ou studieuse, beaucoup de ces soldats s’étaient accoutumés à s’étudier, à s’analyser constamment.
Écritures folles ou ingénieuses, dessins charmants ou caricatures échevelées, peinture à l’aquarelle ou à la colle, maquettes de tout genre, études de fleurs d’après nature, à la lampe, croquis de chic ou souvenirs de la promenade du matin, préparations entomologiques, cartonnage, copie de musique, prose épistolaire de l’un, vers burlesques de l’autre, amas de laines et de soies de toutes couleurs pour la broderie, appliques de décors pour un théâtre de marionnettes, costumes ad hoc, parties d’échecs ou de piquet, que sais-je ? […] Il y a presque toutes les qualités d’un drame propre à la représentation scénique, et on conçoit qu’en donnant moins d’extension au monologue, et en ne faisant du sabbat qu’une scène de ballet, les théâtres aient pu s’en emparer.
Considérez ces trois avenues qui se réunissent sur la grande place, larges de quarante toises, longues de quatre cents, et qui n’étaient point trop vastes pour la multitude, le déploiement, la vitesse vertigineuse des escortes lancées à fond de train et des carrosses courant « à tombeau ouvert144 » ; voyez, en face du château, les deux écuries, avec leurs grilles de trente-deux toises, ayant coûté, en 1682, trois millions, c’est-à-dire quinze millions d’aujourd’hui, si amples et si belles que, sous Louis XIV lui-même, on en faisait tantôt un champ de cavalcades pour les princes, tantôt une salle de théâtre, et tantôt un salle de bal ; suivez alors du regard le développement de la gigantesque place demi-circulaire, qui, de grille en grille et de cour en cour, va montant et se resserrant, d’abord entre les hôtels des ministres, puis entre les deux ailes colossales, pour s’achever par le fastueux encadrement de la Cour de Marbre, où les pilastres, les statues, les frontons, les ornements multipliés et amoncelés d’étage en étage portent jusque dans le ciel la raideur majestueuse de leurs lignes et l’étalage surchargé de leur décor. […] Le repas qu’il a donné à Versailles au premier conseil qu’il a tenu a coûté 6 000 livres, et il lui faut toujours à Versailles et à Paris une table d’environ vingt couverts » À Chambord207 le maréchal de Saxe a tous les jours deux tables, l’une de 60, l’autre de 80 couverts, 400 chevaux dans ses écuries, une liste civile de plus de 100 000 écus, un régiment de hulans pour sa garde, un théâtre qui a coûté plus de 600 000 livres, et la vie qu’il mène ou qu’on mène autour de lui ressemble à une bacchanale de Rubens Quant aux gouverneurs généraux ou particuliers en province, on a vu que, lorsqu’ils y résident, ils n’ont d’autre emploi que de recevoir ; à côté d’eux, l’intendant qui fait seul les affaires, reçoit aussi et magnifiquement, surtout dans les pays d’États.
Laputa est le théâtre décourageant et ridicule de nos sciences, de nos inventions, de nos efforts pour rendre le séjour de la terre plus supportable, et abaisse les plus nobles occupations de l’esprit humain. […] Ce que Lucrèce appelle les Postscenia vitæ, voilà le théâtre où Swift nous conduit et nous enferme, et la vue prolongée de cette moitié de la réalité nous remplit d’horreur et de pitié sur nous-mêmes.
En vain m’objectera-t-on les honneurs rendus à Corneille, qui avait, dit-on, sa place au théâtre, et qui était salué dès qu’il se montrait, par toute l’assemblée ; je réponds ou que ce fait est exagéré, ou qu’on faisait acquitter à ce grand homme dans le particulier la préférence que la nation lui accordait en public. […] Il est à désirer encore que ceux de nos écrivains qui entreprennent, soit dans une pièce de théâtre, soit dans un autre ouvrage, la peinture de leur siècle, ne se bornent pas à en emprunter le jargon.
. — Dans Le Drame de la jeunesse, où il reprit l’idée d’Aimée (l’influence des livres et du théâtre sur la pensée et la moralité modernes, l’altération du naturel par les réminiscences littéraires, la pose, la comédie éternelle jouée entre nous et Dieu, et qui nous empêche d’avoir l’originalité même de nos vices et de nos douleurs), il poussa au comble du suraigu cette ironie15 qui est le caractère de son esprit et le symptôme de sa force, et qui pourrait faire de Paul Féval, s’il la développait dans des sujets de cœur, un romancier d’un comique amer de la plus poignante originalité. […] Mis rondement à la porte, avec neuf livres dans sa poche, par son oncle, monsieur Polduc Le Bihan, sur lequel je reviendrai, le chevalier de Kéramour, qui n’a que sa beauté et sa bravoure, — un vrai chevalier des Contes de fées, — trouve sur la route devers Paris un pauvre diable de pendu dans une forêt, et il a l’idée de faire une bague avec quelques fils de sa corde, entrelacés aux cheveux de sa cousine Vivette ; et c’est alors que commence de se dérouler le ruban bariolé de ses aventures, qui vont, jusqu’à la fin du livre, de surprises en surprises, comme on les entend et comme on les pratique au théâtre, où l’on marche d’ordinaire, comme sur un tapis, sur toutes les invraisemblances et toutes les impossibilités.
Ce sera là sa plainte continuelle pendant sa faveur, et son excuse après la chute ; car, même quand il fut entré au ministère, il se trouva constamment contrarié par ceux ou, pour mieux dire, par celle qui ne voulait de lui que comme instrument : « On m’a fait danser sur un grand théâtre avec des fers aux pieds et aux mains.
Mais le lieu commun est grandement traité ; il y est même rehaussé vers la fin ; et, allant au-delà d’Horace, Maynard, pour détacher son ami des ambitions périssables, montre que ce ne sont pas seulement les hommes, ni les cités, ni les empires qui doivent finir ; ce ne sont là que de petits débris : ce ciel physique lui-même, ce théâtre de tant de splendeurs, dit-il, finira, et il aura son jour de ruine : Le grand astre qui l’embellit Fera sa tombe de son lit.
. — « L’homme, a dit admirablement Cowper dans un de ses meilleurs poèmes, est une harpe dont les cordes échappent à la vue, chacune rendant son harmonie lorsqu’elles sont bien disposées ; mais que la clef se retourne (ce que Dieu, s’il le veut, peut faire en un moment), dix mille milliers de cordes à la fois se relâchent, et jusqu’à ce qu’il les accorde de nouveau, elles ont perdu toute leur puissance et leur emploi. » La convalescence se soutenant, Cowper résolut de changer tout son train de vie, et renonçant pour jamais à Londres qu’il appelait le théâtre de ses abominations, et qui l’était plutôt de ses légèretés, il chargea son frère de lui trouver une retraite de campagne dans quelque petite ville, non éloignée de Cambridge.
Le prince embellissait ses jardins, y créait des accidents heureux, y fondait des monuments commémoratifs avec des inscriptions longuement méditées pour les guerriers qui lui étaient chers ; il dessinait, peignait quelquefois, s’amusait à faire des vers, à écrire des pièces de théâtre qu’on jouait devant lui, ou inspirait les motifs de leurs opéras les plus applaudis aux compositeurs de sa petite cour.
C’était le théâtre auquel il aspirait le plus et où son ambition allait trouver tout son emploi ; car c’est là que se portaient les grands coups et que se jouait le sort du royaume.
qu’avait Marolles d’être seul de son bord et d’aller toujours, d’être le maître et l’écolier de son école unique, le licencié et le docteur de sa propre université, et de s’applaudir tout seul et souriant dans son théâtre vide : Vacuo laetus sessor plausorque theatro.
M. de Pontmartin a bien soin, en passant, de nous faire remarquer que c’est là un marquis véritable et comme on n’en rencontre pas au théâtre et dans les romans du jour.
Il avait le Temple pour son Palais-Royal et son Louvre, l’Ile-Adam pour son Chantilly, le Parlement pour théâtre d’influence et foyer de demi-opposition ; chez lui, au Temple ou à l’hôtel de Conti, homme d’esprit et de plaisir, il avait l’abbé Prévost pour aumônier (in partibus), Le Brun-Pindare pour poète, Mme de Boufflers pour amie, et toutes les femmes pour maîtresses.
Je laisse les souvenirs de Rouen comme trop lointains et trop vagues ; mais, depuis sa translation au siège de Paris, depuis qu’il avait changé de théâtre, comme il lui était échappé un jour de le dire, il n’avait pas changé de jeu, et les chansons n’avaient cessé de pleuvoir : À Paris comme à Rouen, il fait tout ce qu’il défend ; et bien d’autres refrains qu’il faut chercher dans le Recueil de Maurepas et qu’on ne peut redire.
La lettre de réponse de Sismondi, à ce sujet, contient une page de critique excellente, et d’où il résulte qu’il ne faut pas juger le théâtre d’une nation avec la poétique d’une autre.
Ainsi il a fait à El-Aghouat, ainsi à Aïn-Mahdy : et du haut de cette station dominante, promenant partout le regard, pensant aussi aux luttes sanglantes dont ces villes ignorées furent le théâtre, à ces sièges qu’elles soutinrent, et aux scènes humaines émouvantes qui durent se passer autour de ces murailles, il dira : « De ma terrasse, en m’accoudant sur un mur crénelé qui fait partie du rempart, j’embrasse une grande moitié de l’oasis et toute la plaine, depuis le sud où le ciel enflammé vibre sous la réverbération lointaine du désert, jusqu’au Nord-Ouest où la plaine aride, brûlée, couleur de cendre chaude, se relève insensiblement vers les montages.
La patrie suisse exceptée, le pays d’ailleurs et le théâtre n’y font rien ; la belle école (comme il la conçoit), l’école de la grande guerre, est partout où il y a des capitaines capables de la comprendre et de la pratiquer. — C’est trop d’indifférence, dira-t-on. — J’exprime le fait sans blâmer ni approuver.
Je vous remercie, monsieur, de ne m’avoir pas oubliée pour ces places de théâtre ; mais ce que je désire le plus, c’est de vous voir.
Harel, directeur de la Porte-Saint-Martin, qui exprima le regret de ne pouvoir l’adaptera son théâtre.
. — La nuance est plus aisément saisie au théâtre où toutes choses sont grossies.
Par suite, une juste proportion entre l’histoire et la réalité qu’elle veut retracer exige qu’on mette en pleine lumière la tragicomédie dont l’apparition est devenue une date du théâtre français en laissant dans la pénombre ses deux sœurs mal nées.
Elle fondait la Cité, inaugurait le Théâtre, inventait l’art, la science, la philosophie, l’éloquence : la fraîche aurore de son génie éclairait le monde.
Son oncle et son parrain, Thomas Corneille, dirigea ses premiers pas dans les journaux d’alors (le Mercure galant) et au théâtre.
Dans un Discours sur la théorie de la terre, il cherchait à déterminer au préalable la structure et le mode de formation de ce globe terrestre, théâtre de la vie des animaux et de la végétation des plantes ; il cherchait, d’après les grands faits géologiques alors connus, à en fixer les révolutions successives dès l’origine jusqu’à son état de consistance et de composition actuelle.
Lorsqu’il envoya un exemplaire de son ode au grand tragédien Le Kain, il lui disait : Quelle sensation n’eût point faite cette ode où parle l’Ombre de Corneille, si vous l’eussiez lue sur le théâtre après Cinna ou Les Horaces !
Je sais, Dieu merci, me gouverner et sais davantage comme ceux qui sont sous moi se doivent gouverner… Je trouve bon que vous m’avertissiez des désordres qui sont en mon diocèse ; mais il est besoin de le faire plus froidement, n’y ayant point de doute que la chaleur piquerait, en ce temps-ci, ceux qui ont le sang chaud comme moi, s’ils n’avaient quelques moyens de s’en garantir… Le théâtre est bien étroit encore ; Richelieu, au-dehors et dans ses relations avec le monde, est obligé à bien des civilités, à bien des révérences envers les puissants du jour, et à bien des souplesses.
Les premiers essais littéraires de Grimm furent en allemand : il fit une tragédie qui a été recueillie dans le théâtre allemand de ce temps-là.
et quel théâtre encore que celui-ci, pour une semblable entreprise !
L’Assommoir et Nana présentent en des pages connues tout le monde des ouvriers, tout le monde des filles et des petits théâtres.
Il n’était pas, comme eux, un calculateur d’effets et de mots préparés comme des coups de théâtre.
C’était au théâtre des Variétés, il y a quelques années.
Le puritain condamne le théâtre, les assemblées et les pompes du monde, la galanterie et l’élégance de la cour, les fêtes poétiques et symboliques des campagnes, les mai, les joyeuses bombances, les sonneries de cloches, toutes les issues par lesquelles la nature sensuelle ou instinctive avait cherché à s’échapper. […] Des lois violentes furent portées contre les paris, la galanterie fut taxée de crime, les théâtres furent démolis, les spectateurs mis à l’amende, les acteurs fouettés à la queue de la charrette, l’adultère puni de mort : pour mieux frapper le vice, ils persécutaient le plaisir. […] Voir le théâtre de Beaumont et Fletcher, les personnages de Bawder, Protalyce et Brunehaut dans Thierry et Théodoret. — Dans The custom of the country, plusieurs scènes représentent l’intérieur d’une maison de prostitution, chose fréquente du reste dans ce théâtre (Massinger, Shakspeare).
Cette colline est une vraie colline, d’où le poète revoit à ses pieds le théâtre de sa jeunesse ; mais c’est en même temps le sommet de l’âge mûr, l’arête qui sépare les deux versants de la vie, et cela, sans que ces correspondances soient formellement énoncées […] Sardou a été plusieurs fois, au théâtre, le roi de l’angoisse et de la torture. […] (Il serait facile de noter, en passant, plus d’une ressemblance entre la civilisation de Balbeck et celle de Carthage.) — Mais le fait est que, je ne sais comment, l’aventure horrifique d’Isnel et d’Ichmé ne nous émeut guère ; pas plus que ne nous émeuvent les autres atrocités qui s’étalent dans la dernière partie de la Chute d’un ange, et pas plus que ne parviennent à nous intéresser je veux dire à nous paraître vivants Nemphed, Arasfiel, Sérandyb, ces monstres de méchanceté que le poète innocent peine tant à nous décrire Et j’avoue sans doute que la petite pièce jouée devant les tyrans-dieux par des tragédiens sans le savoir n’est point un proverbe de paravent, et que ce mélodrame sommaire, corsé d’une boucherie de cirque, est même un spécimen assez plausible de ce que deviendrait le théâtre dans une société en proie, si je puis dire, à l’extrême civilisation industrielle et matérialiste. […] ces jeux d’arène, ce drame brutal, ces tableaux vivants et ces exhibitions toutes crues, je crains bien que notre théâtre ne s’y achemine tous les jours… Mais, je le répète, les cruautés lamartiniennes ne nous hérissent pas plus que les luxures lamartiniennes ne nous avaient troublés.
Avec quelle assurance aurions-nous marché sur ce théâtre sanglant où la liberté de l’univers est représentée expirante sous le glaive d’un parjure citoyen ? […] Ce nom, qui devait être bientôt répété de toutes les bouches, ce nom gravé dans tous les cœurs, était rayé de tous les écrits, biffé de tous les livres, supprimé par tous les censeurs de l’imprimerie, interdit sur tous les théâtres : le prononcer attirait les disgrâces, l’exil, ou les fers. […] De même l’auteur de la Divine Comédie est l’architecte qui sut bâtir l’immense théâtre, orné du relief de tant de figures chimériques, où l’auteur du Paradis perdu sut faire jouer hardiment une action principale entre les puissances des anges et des démons. […] « Viens ; dans ce grand sujet, plus digne encor de toi, « Un théâtre plus vaste est ouvert devant moi. […] Il franchit les distances à volonté, et s’ouvre toutes les régions où peut pénétrer la pensée : l’univers est son théâtre, et la durée du temps dont il est maître n’a d’autre limite que celle de son choix.
Tous les ans on voyait croître le nombre des tavernes, des théâtres, des salles où l’on fumait, où l’on jouait, où l’on donnait des combats d’ours. […] Cachée dans le dauphin, une troupe de musiciens chante avec le chœur des divinités marines les louanges de la puissante, de la belle, de la chaste reine d’Angleterre. — Vous voyez que la comédie n’est pas seulement au théâtre ; les grands et la reine elle-même deviennent acteurs. […] Les mœurs populaires ; — Pageants. — Théâtres. — Fêtes de village. — Expansion païenne. […] Ce qui avait frappé les hommes au sortir de l’oppression ecclésiastique et de l’ascétisme monacal, c’était l’idée païenne de la vie naturelle et librement épanouie ; ils avaient retrouvé la nature enfouie derrière la scolastique, et ils l’avaient exprimée dans des poëmes et des peintures, par de superbes corps florissants en Italie, par des âmes véhémentes et abandonnées en Angleterre, avec une telle divination de ses lois, de ses instincts et de ses formes, qu’on pouvait tirer de leurs tableaux et de leur théâtre une théorie complète de l’âme et du corps. […] Puis viennent des nouvelles de mariages, mascarades, fêtes, jubilés, ambassades, joutes et tournois, trophées, triomphes, galas, jeux, pièces de théâtre.
Quand les circonstances m’ont poussé comme malgré moi sur le grand théâtre, les lettres ont fait dire à tout le monde : « Au moins celui-là sait lire et écrire.
On n’en était pas là encore ; on était à l’affût de ses fautes, qui ne se faisaient jamais attendre ; on n’eût pas été fâché de voir qu’il baissât de talent et d’esprit, et à tout hasard on s’empressait de le dire ; l’ouvrage peu agréable intitulé : Annales de l’empire offrait un prétexte, et à ce propos d’Argenson écrivait (juillet 1754) : L’on m’avait dit qu’il paraissait fort baissé dans cet ouvrage, et véritablement il devrait l’être, Voltaire ayant soixante ans et son corps ayant été le théâtre de tant d’agitations.
Mécène n’a pas plus directement conseillé à Virgile d’entreprendre ses Géorgiques après les guerres civiles que Henri IV n’a inspiré Olivier de Serres, et ne l’a incité à donner son excellent, et plantureux ouvrage, le Théâtre de l’agriculture et ménage des champs.
Au restaurant comme à la promenade, au théâtre, partout enfin, je trouvais mon Allemand (il était de Hambourg) me faisant force politesses, il était même parvenu à engager la conversation en me parlant de l’un de mes frères établi à Bordeaux.
Qu’on ne lui oppose plus Gros, l’épique et le grandiose, avec ses deux ou trois héroïques figures militaires ; le théâtre comme la tactique a changé.
Ce n’est pas impunément qu’on se trouve sur le théâtre de si grands événements ; ce qui doit élever l’âme ne perd pas à être vu de près, et ce petit village en ruines parle bien plus au cœur que ces grandes Pyramides, qui n’étonnent que les yeux. ».
Baour mêmement ; il croyait au quatrain du marquis de Saint-Aulaire, à la jeunesse des ingénuités du théâtre, aux conversions de M.
Mais le soir au théâtre, le rencontrant et l’allant saluer dans sa loge, il n’y resta qu’un instant et parut vouloir sortir ; le maréchal lui demandant pourquoi il partait si tôt : « J’ai mon rapport à faire et à envoyer cette nuit même à Paris », répondit Jean-Bon.
Je sais qu’il y a des personnes qui trouvent cela théâtral ; mais, en vérité, il me semble que l’échafaud est bien réellement un théâtre aussi ; elle ne l’avait pas choisi, il lui échut par le sort ; elle y parut comme il sied, et y joua son personnage d’une manière à la fois aisée, courageuse et supérieure, décente et digne.
Tout rempli des projets de conquête qu’on lui préparait sur ce prochain théâtre, le roi s’en remettait à Catinat de tout ce qui était à faire dans la guerre restreinte qu’il désirait à cette autre frontière.
Il aurait voulu l’être en réalité, sur un si lointain théâtre que ce fût, pour donner carrière à sa forte et libre nature sans gêne aucune, sans assujettissement ni subordination à la volonté ou à la dignité d’autrui.
Maiouet, dans cette affaire et pour cette petite pièce montée à loisir, ne sut donc point se placer au vrai point de vue du public et du théâtre.
Je vous ai appelé près de moi parce que vous avez écrit les campagnes de Frédéric le Grand, que vous connaissez son armée, et que vous avez bien étudié le théâtre de la guerre.
Il fut ensuite à Paris, s’y laissa aller, bien qu’avec décence, à l’entraînement des amitiés et de la jeunesse, distrait de ses principes, obscurci dans ses croyances, jamais impie ni raisonneur systématique ; versifiant beaucoup dès lors, jusque dans ses lettres familières, songeant à la gloire poétique, à celle du théâtre en particulier ; d’ailleurs assez mécontent du sort et trouvant mal de quoi satisfaire à ses goûts innés de noble aisance et de grandeur.
Elle était déjà très-consolée ; elle revoyait peu à peu le monde, recommençait à danser cette danse du schall qu’elle dansait si bien, et ressongeait à Paris, son vrai théâtre.
V « Ainsi mourut en scène devant le peuple cet homme pour qui l’échafaud était encore un théâtre, et qui avait voulu mourir applaudi à la fin du drame tragique de sa vie, comme il l’avait été au commencement et au milieu.
Sa figure, sans être belle, était perçante ; il était impossible d’apercevoir dans un théâtre ou dans un salon cette figure de fils des preux, fière, gracieuse, accentuée, sans demander quel était ce jeune gentilhomme, et sans se souvenir de lui.
C’est surtout au milieu des complications de la guerre malheureuse dont son diocèse est le théâtre et la victime que sa figure devient la plus touchante personnification de la charité.
Cette première variété, propre à tous les chefs-d’œuvre du dix-septième siècle, est une des beautés du théâtre de Molière104.
À madame Gros, vous avez voulu associer dans vos récompenses mademoiselle Paula Gagny, qui a déployé sur le même théâtre, à Lyon, les ressources de l’esprit le plus fertile pour le bien.
Au sortir de là, tout averti qu’il était, il s’obstina à garder son habillement favori, à le promener en plein monde, en plein théâtre.
On dansa sur un grand théâtre éclairé ; au milieu et au fond il y avait un trône élevé de trois marches et surmonté d’un dais : Le roi (Louis XIV) ni le prince de Galles (depuis Charles II) ne se voulurent point mettre sur ce trône ; j’y demeurai seule, de sorte que je vis à mes pieds ces deux princes et ce qu’il y avait de princesses à la Cour.
Cependant, avec une faculté d’expression vive, expansive et affectueuse, il tâtonnait, il se disposait à tenter le théâtre ; il cherchait encore sa veine, lorsque le succès inespéré de la chanson des Bœufs, faite un jour au hasard, lui ouvrit toute une perspective : J’ai deux grands bœufs dans mon étable, Deux grands bœufs blancs marqués de roux, etc.
Le roman de d’Urfé, les lettres de Balzac, le grand succès des pièces de théâtre, de celles de Corneille et des autres auteurs en vogue, la protection un peu pédantesque, mais réelle et efficace, du cardinal de Richelieu, la fondation de l’Académie française, toutes ces causes avaient développé une grande curiosité, surtout chez les femmes, qui sentaient que le moment pour elles de mettre la société à leur niveau était venu.
À la veille de son début au théâtre, quand on allait représenter sa tragédie de Warwick (novembre 1763), il avait déjà, grâce à ses bons amis les auteurs, une réputation affreuse ; on racontait, en l’exagérant, l’histoire des couplets satiriques composés au sortir du collège : « Cette petite horreur, nous dit Collé dans son Journal, m’a déjà été confirmée par deux ou trois personnes, et je n’ai encore vu qui que ce soit qui ait contredit ou nié le fait. » Lorsque cette tragédie de Warwick, qui, malgré tout, avait fort bien réussi, fut reprise en janvier 1765, les ennemis s’arrangèrent si bien, que le cinquième acte fut hué : « Je n’ai jamais vu de ma vie, nous dit encore Collé, arriver un pareil échec à une reprise ; le contraire arrive plus ordinairement, les applaudissements redoublent au lieu de diminuer.
On les voit errer dans les places publiques et remplir les théâtres comme s’ils n’avaient qu’à se reposer des travaux d’une longue vie.
J’avais lu et entendu répéter que de tous les moyens d’orner l’esprit et de former le jugement, le plus efficace était de voyager : j’arrêtai le plan d’un voyage ; le théâtre me restait à choisir : je le voulais nouveau, ou du moins brillant.
Une esthétique de lampiste de théâtre : c’est l’esthétique de Sarcey.
Les gens simples pleurent au théâtre comme devant de véritables infortunes ; les chants guerriers soulèvent les masses ; et fort souvent cette émotion factice suffit à ceux qui l’éprouvent et leur ôte l’envie d’en éprouver de vraies de même ordre.
Ce tableau fait rire ; c’est en grand une assemblée de médecins et d’apothicaires, dignes du théâtre lorsqu’on y joue le médecin malgré lui.
Enfin, car voici le coup de théâtre final… et féminin de toutes ces petites médisances qui ressemblent à des turlututus d’un sou, il n’était pas laid, lord Byron !
Les autres pièces du recueil, celles qui paraissent moins un défi à la langue, défiée, mais comme une maîtresse qu’on adore et qu’on veut voir triompher, l’Ave Maria, si beau même après celui de lord Byron, la Petite ode aux petits oiseaux, Le Grand théâtre, la Musique, les Saisons en quatre chants, Pygmalion, les Trois crimes, Le Bain, etc., etc., moins longues sans doute, mais longues encore, sont d’une jointure d’ensemble qui ne permet d’en rien détacher.
. — En ce temps déjà lointain, il y avait à Paris une espèce de bouffon physionomane, nommé Léclaire, qui courait les guinguettes, les caveaux et les petits théâtres.
Tissié en cite deux exemples : « B… rêve que le théâtre d’Alexandrie est en feu ; la flamme éclaire tout un quartier.
Par une étonnante contrariété que nous avons déjà remarquée, l’Allemagne proscrit de son théâtre, à l’exemple de Shakespeare, sur lequel ses drames sont formés, les unités que la Grèce, l’Italie, et la France, ont si heureusement maintenues ; tandis que son poème épique les adopte avec la plus fatigante régularité, dans un genre qui ne les commande pas, et qui laisse une grande latitude aux voyages de l’imagination. […] Son théâtre, quoique astreint aux rigoureuses unités grecques, n’en a pas moins porté les leçons pathétiques de la vertu et de la philosophie chez toutes les nations vivantes. […] Pourtant ce vaste théâtre de fictions appartient à l’épopée qui doit, sans s’y perdre jamais, voyager dans son étendue. […] Transporté sur le bâtiment de Francisque Alvarès Cabral, il traverse les mers, et descend sur le théâtre des conquêtes portugaises dans les Indes. […] Il s’attendrit à ses adversités : son esprit paraît le confident du sien, son cœur, l’ami de son cœur ; il recueille jusqu’à ses fragments d’écrits, jusqu’à ses moindres lettres où Camoëns, malade dans un hôpital, exprime son étonnement que la nature fasse du lit d’un pauvre le théâtre de tant de divers supplices.
Il réprime la licence du peuple au théâtre, et défend aux usuriers de prêter aux enfants de famille. […] Le plus détestable des tyrans a toujours un puissant parti ; et certes, ce n’était pas sans raison que Pison balança si longtemps, qu’il prit tant de précautions funestes, et qu’il s’assura d’un si grand nombre de conjurés, lui qui avait tous les jours sa victime sous ses mains, lui qui fut tenté plusieurs fois de l’immoler en plein théâtre. […] On se plaît à opposer le rôle du militaire à celui du philosophe, et l’on oublie que le premier entendit des reproches sur le vif intérêt qu’il prenait à la police du théâtre de Syracuse, tandis que les objets d’une tout autre conséquence, la guerre, la paix, les lois, les impôts et les mœurs sollicitaient inutilement son attention. […] Néron, spectateur du haut de la tour de Mécène, en habit de théâtre, chante l’embrasement de Troie. […] Si Subrius eût écouté son courage, et qu’il eût poignardé le tyran en plein théâtre, à l’aspect d’un peuple entier témoin d’un si noble forfait, comme il en avait conçu le dessein, il ne laissait rien à faire à Vindex.
De là tant de petits employés qui sont des poètes et qui lisent leurs vers en famille et à leurs amis, en se disant qu’il ne leur a manqué que quelque loisir et une petite fortune indépendante pour être des Lamartine ; qui ont un système politique et toute une sociologie et qui gémissent de l’obscurité où ce système reste enseveli avec eux ; qui font des romans et des pièces de théâtre et poursuivent toute leur vie le rêve d’être imprimés ou d’être joués ; du reste, ponctuels à leur bureau, sinon zélés, et acceptant en maugréant, mais relativement avec patience, la vie terne que l’injuste destin leur a faite. […] La plupart au moins des idées chères au bourgeois français et des sentiments qui lui sont familiers forment l’esprit général du théâtre de Molière, et ici encore nous ne pouvons guère savoir si cet esprit général est son esprit à lui ou s’il se le donne pour plaire à son public et pour le servir selon son goût ; car, plus que tout écrivain, beaucoup plus, l’auteur dramatique a le public pour principal collaborateur et pour inspirateur essentiel ; mais encore l’esprit général du théâtre de Molière est bien celui-là. […] Encore une fois, je n’attache pas une grande importance à une observation si générale et d’ordre, pour ainsi parler, négatif ; mais enfin que Dieu, qui pouvait y tenir une place, si petite qu’elle fût et qu’elle dût être, soit absolument absent du théâtre courant de Molière, du théâtre de Molière, les deux pièces où la question religieuse est abordée mises à part ; et que tout ce théâtre courant soit dominé par la seule idée du bon sens humain se suffisant à lui-même et seul appui et seul recours : c’est une chose qui ne laisse pas d’avoir peut-être un peu de signification et qu’il fallait considérer un instant. […] C’est ainsi encore qu’à un certain moment, un peu plus tard, en 1862, on vit des préfets ultrabonapartistes protéger énergiquement ou imposer la représentation du Fils de Giboger sur les théâtres de province et y applaudir avec ostentation. […] Par habitude, les bourgeois daubent encore sur le théâtre la noblesse française ; mais cela a peu de retentissement.
Je sentais trop qu’à ce jeu de théâtre, sans autre but que des applaudissements de parterre, les légitimistes perdaient l’honneur et ne gagnaient aucune popularité sérieuse dans le fond du pays. […] Cette malheureuse prévention de poésie que je traînais dès cette époque après moi, comme un lambeau de pourpre qu’un roi de théâtre traîne en descendant de la scène dans la foule ébahie d’une place publique, me causait un immense embarras.
Un étudiant n’a pas trop de temps s’il veut connaître le répertoire de chaque théâtre, étudier les issues du labyrinthe parisien, savoir les usages, apprendre la langue et s’habituer aux plaisirs particuliers de la capitale ; fouiller les bons et les mauvais endroits, suivre les cours qui amusent, inventorier les richesses des musées. […] En venant les recevoir sur le théâtre au milieu des acclamations et des fanfares, je n’eus ni mon père ni ma mère pour me fêter, alors que le parterre était rempli par les parents de tous mes camarades.
Il s’admira rentrant chez lui, annonçant la nouvelle à ses filles, les conduisant le soir au théâtre, pour fêter cet heureux jour », etc223. […] Il rêve éveillé ; entre son rêve et ceux qu’il fait endormi, il n’y a d’autre différence que la vraisemblance ; les rêves du sommeil sont toujours incohérents, ils n’imitent pas vraiment la réalité, car, pendant la durée du sommeil, les lois de la nature sont suspendues ; tandis que les rêves de l’homme éveillé sont des drames analogues à ceux que le roman raconte ou que le théâtre représente aux yeux, avec cette différence que l’auteur même du drame y joue toujours le rôle principal.
— Victor Hugo — non pour toute son œuvre poétique, mais pour un volume, à faire, de poésies choisies et d’extraits de son théâtre. […] D’ailleurs j’exècre la quincaillerie de son théâtre que M.
La raison oratoire avait formé le théâtre régulier et la prédication classique ; la raison oratoire produit la Déclaration des Droits et le Contrat social. […] Voilà le sentiment profond qui, le dimanche, ferme les théâtres, interdit les plaisirs, remplit les églises ; c’est lui qui perce la cuirasse de l’esprit positif et de la lourdeur corporelle. […] La chaire avait le sans-façon et la rudesse du théâtre, et, dans cette peinture des braves gens énergiques que le monde taxe de mauvais caractères, on retrouvait la familiarité âcre du Plain-Dealer. « Certainement il y a des gens qui ont une mauvaise roideur naturelle de langue, en sorte qu’ils ne peuvent point se mettre au pas et applaudir ce vaniteux ou ce hâbleur qui fait la roue, se loue lui-même et conte d’insipides histoires à son propre éloge pendant trois ou quatre heures d’horloge, pendant qu’en même temps il vilipende le reste du genre humain et lui jette de la boue. — Il y a aussi certains hommes singuliers et d’un mauvais caractère qu’on ne peut engager, par crainte ni espérance, par froncement de sourcils ni sourires, à se laisser mettre sur les bras quelque parente de rebut, quelque nièce délaissée, mendiante, d’un lord ou d’un grand spirituel ou temporel. — Enfin il y a des gens d’un si mauvais caractère, qu’ils jugent très-légitime et très-permis d’être sensibles quand on leur fait tort et qu’on les opprime, quand on diffame leur bonne renommée et quand on nuit à leurs justes intérêts, et qui par surcroît osent déclarer ce qu’ils pensent et sentent, et ne sont point des bêtes de somme pour porter humblement ce qu’on leur jette sur le dos, ni des épagneuls pour lécher le pied qui les frappe et pour remercier le bon seigneur qui leur confère toutes ces faveurs d’arrière-train835. » Dans ce style saugrenu, tous les coups portent : on dirait un assaut de boxe où les ricanements accueillent les meurtrissures.
Nous marchions dans une rue, ayant une vague ressemblance avec la rue Richelieu, et j’avais le sentiment que nous portions une pièce chez un directeur de théâtre quelconque. […] Le plein air sent la poudre, ainsi que la vieille salle du théâtre du Cirque Franconi, les lointains s’effacent, et il monte, peu à peu, dans le paysage qui sombre lentement, un ensevelissement blanc, semblable à un gigantesque blutage de farine, que rosoient de petits incendies, allumés dans le bois. […] On vend de tout sur le bitume du trottoir : des tricots de laine, du chocolat, des tranches de coco, des pastilles du sultan, des piles de Châtiments de Victor Hugo, des armes qui semblent provenir des accessoires d’un théâtre, des boîtes à surprise où l’on voit celui ou celle qu’on aime. […] Après toutes sortes d’allées et de venues, de portes qui s’ouvrent et se ferment, de gens qui entrent et sortent, d’actrices qui viennent pour une pièce des Châtiments à dire au théâtre, après des choses mystérieuses qui se passent dans l’antichambre, Hugo se laisse tomber sur une chauffeuse, et, avec une parole lente, et qui semble sortir d’un long travail de réflexion, à propos de la photographie microscopique, il se met à parler de la Lune, de la curiosité grande qu’il a toujours eue d’être fixé sur le dessin de ses détails.
» — Son théâtre eût été bien ennuyeux, — mais c’est, ou je me trompe fort, un pessimiste inconscient. […] Le nombre de ceux qui ont répété comme nous-même le type monotone de la vie, qui ont eu en partage les mêmes joies et les mêmes douleurs dont nous disons qu’elles sont les nôtres, qui ont tressailli aux mêmes passions et tendu vers les mêmes buts, qui ont vécu, souffert, joui comme nous-mêmes, et qui sont morts comme nous mourrons après avoir été le théâtre d’un drame microscopique et s’être crus un instant le point central de l’univers, voilà certes, pour qui s’y prête, des compréhensions terrifiantes. […] L’école naturaliste arracha violemment ces oripeaux de théâtre, vieux restes du xviie siècle. […] Taine l’avait conduit à réclamer « une solution humaine de la vie humaine, une transcription mystique et surnaturelle de nos actes passagers, un monde éternel et immuable derrière ce chaos d’apparences fugitives, un Dieu paternel au cœur de la nature. » En étudiant le théâtre d’Alexandre Dumas fils il s’était écrié : « Est-ce qu’un désordre organique suffit à expliquer cet appétit déréglé du sublime ? […] Elle n’est que l’expression d’une œuvre graduelle de renouvellement et d’illumination intérieure dont son âme fut constamment le théâtre.
Un Victor Hugo, un Gautier, un Musset, un Balzac, un Dumas, les génies qui éclatent en 1830 comme une grande gerbe indivisée, ils peuvent et savent se dégager d’eux-mêmes, et de leur miroir, créer en poésie, dans le roman, dans le théâtre, des œuvres objectives, variées ; ils participent par là à la fécondité de la nature, à la multiplicité de ses ressources. […] En principe, tous trois sont les hommes de ce seul livre, comme Vigny était l’homme du journal d’un poète (en vers, en théâtre, en roman, en journal proprement dit). […] Non certes sur des affinités d’art, et cette répulsion était assez naturelle à Baudelaire : il n’y a aucun rapport entre la riche facilité oratoire de Musset, la grande nature créatrice qu’il a portée au théâtre au moins autant qu’en poésie, et cette inspiration avare qu’il plaît à Baudelaire de tourner en sobriété, en pureté et en condition de l’objet d’art. […] Il est une perfection de style (la perfection de Hugo par exemple, celui de nos poètes, avec Corneille, dont la maîtrise de style est la plus parfaite et la plus constante) que nous saluons et vénérons mais qui ne nous séduit pas : la Vénus de Milo, qui, en marbre, traîne toutes les intelligences après soi, vivante n’y traînerait pas tous les cœurs aussi bien que la Parisienne pourvue du je ne sais quoi ; et Corneille, le plus beau styliste de notre théâtre, est aussi celui qui a subi le plus vaste déchet. […] Ce n’est pas un artiste : on nous dit seulement que ce qu’il écrit ce sont des romans et des pièces de théâtre, et nous nous doutons bien que cela doit donner une littérature ennuyeuse.
Mais là-bas, au fond de sa province, dans sa maison du Pradel, Olivier de Serres écrit son Théâtre d’agriculture, et le mélancolique Honoré d’Urfé, marquis de Verromé, comte de Châteauneuf et baron de Châteaumorand, sur les bords du Lignon, dans son château de la Bâtie, compose lentement son Astrée. […] Traducteurs, grammairiens, critiques ou rhéteurs, le théâtre — genre commun, s’il en fut, dont l’existence même dépend de la bonne volonté du public — achèvera ce qu’ils ont commencé. […] Vers ou prose, roman ou théâtre, comédie, tragédie, madrigal, épopée, critique ou théologie même, il travaillait dans tous les genres ; et cette remarquable variété d’aptitudes lui avait valu d’être choisi par Richelieu pour l’un de ses auteurs à gages. […] Malplaquet, défaite héroïque, et Denain, glorieuse victoire ; le souvenir attirant de la duchesse de Bourgogne, les noms de Fénelon et de Beauvilliers, semblent plaider encore pour l’honneur, pour la grâce, et pour la vertu… Que fait-on cependant du témoignage et de l’accord unanime du théâtre et du roman, des Mémoires et des Correspondances, des moralistes et des prédicateurs ?
« Sachons mettre de la différence entre les applaudissements de l’école et ceux du théâtre. » Et pourquoi ? […] Au théâtre le spectateur, dans l’école le disciple ne rompent le silence que parce qu’ils ne peuvent plus le garder. […] la vieillesse ne m’empêchera pas d’aller au théâtre, et de me faire porter au cirque ? […] A Carthage, le théâtre continuel des dissensions ? […] Il obtient de temps en temps quelques larmes et quelques applaudissements au théâtre ; le jugement qu’il porte lui-même de ses autres ouvrages, c’est qu’ils attaquent les erreurs sans attaquer les personnes, et que, s’ils n’instruisent pas toujours, ils n’offensent jamais.
L’ouvrage se compose de deux parties fort distinctes : la première est d’un classique et d’un antiquaire : elle s’intitule : « Voyage sur la scène des six derniers livres de L’Énéide », et nous offre l’un des premiers exemples (sinon le premier) d’un critique homme de goût relisant en détail un poète sur les lieux mêmes qui sont le théâtre de ses chants, et qui en deviennent le plus lumineux commentaire.
Ce qu’on appelle les Romances du Cid, d’après lesquelles Guillem de Castro a fait la pièce de théâtre imitée par Corneille, est un assemblage de chants populaires, de date plus ou moins ancienne, qui ont été recueillis pour la première fois au commencement du xvie siècle et qu’on a légèrement modernisés ; mais il en est qui remontent à une haute antiquité et qui semblent presque contemporains, par le fond, du précédent poème.
Les libres jugements que j’v porte et sur mes contemporains et sur moi-même rendraient cette publication impraticable, quand même il serait dans mon goût de produire ma personne sur un théâtre littéraire quelconque, ce qui assurément n’est, pas. » Ainsi il y a de lui un livre commencé sur la Révolution de 1848 ; les Œuvres dites complètes aujourd’hui ne le sont que provisoirement : il restera encore beaucoup à y ajouter, et pour la Correspondance et pour les fragments d’histoire.
Il semble approuver complètement une brochure de M. de Bonald, de la Royauté en France, laquelle ne concluait à rien moins qu’au rétablissement de l’ancien régime autant que faire se pouvait : « Point de Constitution écrite, point de Chambres, le rétablissement des Parlements tels qu’ils existaient autrefois, sans quoi la France tombera rapidement au dernier degré de la faiblesse et du malheur et sera, avant un siècle, le théâtre d’une nouvelle révolution, semblable à la révolution d’Angleterre de 1688.
On raconte que tout alla très-bien pour l’abbé d’Aubignac, ce grand critique constituant, ce législateur prépondérant du théâtre, jusqu’à ce qu’il eùt composé sa Zénobie en prose sur les règles qu’il avait prescrites aux auteurs.
M hiers, indépendamment de son Éloge de Vauvenargues, dont nous avons raconté les vicissitudes piquantes et le succès75, remportait à Aix un autre prix sur l’Éloquence judiciaire, et M ignet était couronné à Nîmes pour l’Éloge de Charles VII ; mais son vrai début allait le porter sur un théâtre plus apparent.
— Quand l’heure de la comédie fut venue, elle se mit en négligé, avec une de ses amies, qui prit des billets ; elle se cacha tout de son mieux sous une grande coiffe de taffetas et au lieu d’entrer par la grande porte du théâtre comme elle avoit accoutumé de faire, elle entra par la porte des loges, et s’alla placer au fond des secondes loges, car toutes les autres étoient remplies.
Prévost avait étudié sur les lieux, et admirait sans réserve l’Angleterre, ses mœurs, sa politique, ses femmes et son théâtre.
Nicole un jour, écrivant au nom de Port-Royal, appela tous les romanciers et les auteurs de théâtres des empoisonneurs publics.
Chez Marmontel, Florian, dans toute la petite littérature qui précède ou accompagne la Révolution, dans tout le théâtre tragique ou comique, le personnage, quel qu’il soit, villageois inculte, barbare tatoué, sauvage nu, a pour premier fond le talent de s’expliquer, de raisonner, de suivre avec intelligence et avec attention un discours abstrait, d’enfiler de lui-même ou sur les pas d’un guide l’allée rectiligne des idées générales.
. — Illusion produite par le théâtre. — Illusions d’optique. — Illusion des amputés. — Illusion des hallucinés. — La condition suffisante de la croyance ou jugement affirmatif est la présence de la sensation ordinaire. — Il n’importe pas que la sensation soit pourvue de ses antécédents ordinaires. — Preuves. — Quand la condition du travail mental est donnée, il se poursuit aveuglément, comme le travail vital.
Pourquoi as-tu quitté les théâtres, les temples, les palais magnifiques de la ville ?
C’est la formule même du théâtre classique, des ridicules de Molière comme des héros de Racine.
Car la plupart des auteurs sont devenus des commerçants, et ils se ligueront demain avec les fabricants de pièces de théâtre pour écarter ce préjudice matériel que peut leur causer la fantaisie de ces juges sans mandat que sont les critiques littéraires.
C’est la civilisation, comme il la voulait pour lui et à sa main, une surface brillante, du luxe, des arts, des carrosses à glaces, de la politesse, des manières, une religion pour ceux qui n’ont pas le frein de l’éducation ou d’une modération naturelle, une justice douce par des magistrats qui ne se croient pas trop innocents ni les criminels trop pervers ; les lettres, les théâtres, et, pour tout dire, tous ses goûts satisfaits, toutes ses gênes supprimées ; une société où ses passions et ses fautes ne lui auraient pas donné plus d’embarras qu’ils ne lui donnaient de scrupules.
Émile Augier, Sardou ne se font pas faute d’étaler au théâtre ses perfidies et ses astuces et nous mettent en garde contre ses batteries sournoises.
Le roi au centre ; ici Condé et les princes ; là-bas, dans cette allée, Bossuet et les évêques ; ici au théâtre, Racine, Lulli, Molière et déjà quelques libertins ; sur les balustres de l’Orangerie, Mlle de Sévigné et les grandes dames ; là-bas, dans ces tristes murs de Saint-Cyr, Mme de Maintenon et l’ennui.
Une agitation sans principe et sans loi, un combat d’ambitions rivales, un vaste théâtre de cabales, de luttes toutes personnelles.
Mes feuilles sont mon théâtre, mon champ de bataille ; c’est là où j’attends mes ennemis et où je dois repousser leurs coups.
André Chénier a remarqué spirituellement qu’au théâtre on flagorne le peuple, depuis qu’il est souverain, aussi platement qu’on flagornait le roi, du temps que le roi était tout, et que le parterre, qui représente le peuple en personne, applaudit et fait répéter toutes les maximes adulatrices en son honneur aussi naïvement que Louis XIV fredonnait les prologues de Quinault à sa louange, pendant qu’on lui mettait ses souliers et sa perruque.
C’est le cabotin qui joue ses rôles à la ville, et, comme il tient au théâtre les rôles humanitaires, il se croit une mission sociale : il est Christ et sauveur.
Cette fin, d’une importance majeure, et qui dépasse infiniment les intérêts individuels légitime d’ailleurs la place exorbitante que cette passion de l’amour occupe dans la vie réelle, dans le roman, au théâtre et d’une façon générale, dans tous les arts.
» Oui, l’homme n’est pas un fauve pour l’homme, mais un dieu dont le cœur s’éveille ; pas plus que le monde n’est un théâtre où évoluent des formes solitaires, mais un enlacement d’organes vivants.
C’est au contraire de cette expérience, théâtre nécessaire de notre activité, qu’il faut partir.
Ainsi sur le théâtre de la civilisation, on voit souvent passer et repasser les mêmes figurants, mais diversement groupés, et changeant de costumes suivant les situations.
Dans cette Athènes, cependant, la poésie lyrique devait aussi bientôt jeter sa flamme, quand l’invasion et la défaite des Perses auraient animé l’ardeur des matelots du Pirée et de Salamine, et quand le théâtre, nouvellement créé, serait devenu avec Eschyle la représentation et comme la musique militaire des triomphes de la patrie.
La censure interdit au théâtre de traiter les grands sujets qui sont le plus souvent ceux que l’actualité amène ou auxquels le talent donnerait une portée générale. […] Qu’ils lisent donc une étude fort remarquable sur Henrik Ibsen et le Théâtre contemporain, par un professeur de l’Université, Auguste Erhard. […] Ce théâtre est révolutionnaire. […] Ses coups de théâtre sont toujours moraux. […] Aussi ne leur demande-t-il pas l’impossible, à ces pauvres filles de rue ou de chambre, ou de théâtre, ou de bourgeoisie ?
Renan, par exemple, se trouve ainsi accompagné d’une étude sur son théâtre philosophique et sur sa correspondance, si importante, avec M. […] Renan, que de servir de théâtre à un de ces mélanges et de raconter, avec une sincérité que nul n’a le droit de suspecter, l’issue particulière d’un de ces conflits ? […] Renan fait aller et venir dans cette espèce de théâtre métaphysique dont il est à la fois le poète, l’impresario et le public ne ressemblent guère à des créatures de sang et de muscles. […] Un même moment de l’esprit germanique a mis au jour Herder, Kant et Gœthe, comme un même moment du génie anglais a produit le théâtre brutal de Wycherley, les grossières satires de Rochester et le violent matérialisme de Hobbes. […] C’est alors, en effet, que le héros du roman et du théâtre cesse d’être le mélancolique, ou poitrinaire ou révolté, toujours en désaccord avec les circonstances, pour devenir le brutal et rude manieur de réalités que M.
* * * Le théâtre n’a rien donné le mois dernier, mais il a beaucoup reçu. — La partie n’est pas égale entre le public et les directeurs. […] Son esprit indépendant, son existence libre, réelle, en dehors des étouffoirs littéraires où la vie est presque aussi artificielle qu’au théâtre, lui ont donné des idées originales, précoces pour ainsi dire, mais fortement mélangées de romantisme, parce que le romantisme s’appelait vérité dans ce temps-là. […] « Pour qui sait lire, le théâtre perd son intérêt. […] Corrègeaa, habile peintre à faire une Antiope à chair ferme et éblouissante ; Raphaël, roide, sec, élégant, mathématique, ennuyeux, homme dont la jeunesse brillante, la beauté et la mort rapide ont plus consacré la renommée que n’aurait pu faire son talent seul ; le Dominiquin et ses Romains de théâtre ; le Guerchin, les Carrache, Vinci, Giorgioneab, qui se sauvera d’entre eux comme homme de pensée ou de sentiment ? […] M. de Laborde, le Café Ingres, la Salle de concert Delaroche, le Théâtre Delacroix, travaillez pour les pendules, les paravents, les tapis, et ne craignez rien, votre talent n’y perdra pas !
C’était au théâtre des Bouffes du Nord, dans une grande salle faubourienne et triste, perdue en plein quartier ouvrier, où s’entassait l’élite de tout un peuple. […] Quant à Musset, son théâtre, seul digne de sa mémoire, laisse le peuple indifférent, — tandis que ses mauvais vers feront pâmer longtemps les demi-vierges sentimentales, toujours plus rares, et les petits « don Juan » qui n’ont pas lu Tinan !
Il y a alors un tel changement à vue, que tous les rêves du somnambulisme s’abîment à la fois dans les sous-sols du théâtre cérébral, prêts à reparaître sur la scène par une nouvelle évocation. […] C’est même la tendance actuellement dominante en psychologie que de multiplier les personnages du drame intérieur, de représenter notre tête comme un théâtre où jouent une foule d’acteurs vraiment différents, ayant chacun un moi plus ou moins rudimentaire.
Je sais que les objets extérieurs impriment aux nerfs afférents des ébranlements qui se propagent aux centres, que les centres sont le théâtre de mouvements moléculaires très variés, que ces mouvements dépendent de la nature et de la position des objets. […] Mais ici s’accomplit un coup de théâtre.
La conscience même de Taine fut le théâtre d’une pareille lutte. […] Nous passerons des cavernes de voleurs aux prisons d’État et aux autodafés de l’Inquisition ; des intérieurs cossus et graves des bourgeois ou des solennelles demeures des grands seigneurs aux hôtels garnis, aux cabarets à la mode, et aux réduits galants, à doubles portes et à doubles visages ; des foyers et des loges du tripot comique aux cabinets des archevêques et des ministres ; des coulisses du théâtre à celles de la politique ; des bureaux d’esprit et des cafés littéraires aux sous-sols et aux galetas des grands hôtels, où les valets font ripaille et où riment les poètes à gages, en attendant que nous les retrouvions à l’hôpital… En la compagnie de Gil Blas picaro ou du seigneur de Santillane, nous aurons des confidences de toutes les espèces, depuis les gibiers de potence jusqu’aux grands dignitaires ; nous entendrons les cyniques fanfaronnades des bandits réfractaires à l’ordre social, et les humbles suppliques des capitaines ruinés au service et cousus de blessures ; le jargon des beaux-esprits et les turlupinades des petits-maîtres ; et aussi les creux propos des comédiens, dont l’insolence envers les auteurs ne sera égalée que par celle des laquais favoris du ministre envers les grands seigneurs. » Sainte-Beuve disait de ce livre : « C’est moral comme l’expérience. » Il faut s’entendre. […] Lintilhac, qui pourtant connaît le théâtre, ne semble pas distinguer comme il convient l’esprit proprement dit et le comique. […] Théâtre de l’épreuve humaine, la terre demande le labeur humain qui, en y mettant, fut-ce au plus humble degré, l’empreinte de l’intelligence, y laisse, en quelque mesure, la marque de Dieu. […] Mieux encore, ce bouddhiste s’enorgueillissait de servir de théâtre aux prestiges de la Maïa, de se sentir démis de son être, retourné à l’indétermination.
À parler franchement, l’amour, tel que nous le comprenons aujourd’hui, tel que nous le voyons, non seulement dans les romans et au théâtre, mais dans la vie réelle, paraît à peine dans les élégies d’André Chénier. […] Hugo affirme que le drame doit contenir la réalité tout entière, et à ce propos, il trouve bon de nier la valeur dramatique du théâtre grec en se fondant sur l’absence du grotesque. […] À quelle heure, en quelle occasion paraît-il sur le théâtre ? […] La partie vraiment intéressante de la tragédie, la partie vivante, animée, pathétique, n’est pas représentée sur le théâtre.
Ce sous-sol (les sous-sols sont à la mode sur les deux rives, témoins le Clou, les Roches-Noires, tant d’autres, puis la droite, les Alpes Dauphinoises, et si tellement d’analogues caves pour la gauche, — ce sous-sol, dis-je, du Soleil-d’Or avait été précédemment le Soleil, alors se voyait baptisé l’Avenir, le théâtre de bien des séances de « littératures » (littérature ! […] Et quel contraste avec le braconnier, le bonimenteur de théâtre, etc…, le fils d’un boucher qui, dès sa prime jeunesse, déjà précoce à quinze ans, « tuait ses bœufs, non sans une certaine pompe », dit un biographe. […] Enfin, mais trop tôt, vint le moment de quitter l’Angleterre ; après quelques jours de flânerie à travers les théâtres (un vrai pays de féerie), les music-halls (un vrai paradis) de Londres, après quelques bonnes visites reçues et rendues, après avoir serré tant de mains de vrais amis : William Heinemann, William Rothenstein, A. […] Le « Théâtre » de Verlaine consiste en deux piécettes, l’une en vers et l’autre en prose.
Combien de fois en 1909, sortant du théâtre de la Gaîté après avoir revu l’Isadora Duncan d’alors danser, sur l’Iphigénie de Gluck, la danse des osselets et la danse guerrière, n’a vais-je pas vainement cherché à faire passer en des mots cette libération sans analogue ! […] Restait à savoir si la traduction possédait également, selon l’argot du théâtre, cette qualité d’être « parlable ». […] À mon sens Claude Lothaire n’aurait pas dû être un homme de théâtre et de boulevard. (Oui, je sais, à un moment la Comédie-Française intervient ; mais qu’est-elle d’autre aujourd’hui que l’Académie des théâtres de boulevard ?) […] Le dialogue est ici l’agent dramatique essentiel, et puisque nous ne sommes point au théâtre le constater n’est pas qu’un truisme.
si de la foule autrefois séparé, Illustre dans les camps ou sublime au théâtre, Son nom charmait encor l’univers idolâtre, Aujourd’hui son sommeil en serait-il plus doux ? […] Le théâtre de l’Italie est déjà trop étroit pour la grandeur de vos vues. […] L’Empereur, dans ces libres entretiens, aimait fort à parler littérature, théâtre, et il attaquait volontiers Fontanes sur ces points.
A leur égard, et dans toute la force du terme, j’ai mis en application le principe d’hygiène morale que je recommandais dans une de mes Chroniques de Théâtre : « Un bon critique ne doit jamais dîner hors de chez lui. » Madame de Noailles On sait la force des arguments par lesquels l’Empereur Napoléon justifiait l’Adoption : le contrat artificiel, créé par une volonté qui tente de suppléer aux insuffisances de la Nature, est conçu à l’imitation de la Nature elle-même. […] Pareillement évoquons les images plastiques déposées en nous par la fréquentation des Musées et des Théâtres : si parfois je cherche à me représenter les sources vives d’émotion chez la Femme ayant cette ambition de la fixer, je la vois très exactement qui met la main sur son cœur pour en suivre les battements. […] le Théâtre… qui est de tous les temps, et le Roman presque entier.
J’ai vu, quand il s’agissait de certaine pièce de théâtre à couronner (la Gabrielle de M.
Nous la voyons, dédaignant les jeux du théâtre et les distractions du goût, courir droit à l’Assemblée, la trouver faible, puis corrompue, l’envisager avec sévérité d’abord, bientôt avec indignation et colère : 89 et les impartiaux, elle le déclare net, sont devenus les plus dangereux ennemis de la Révolution.
Eh bien, ce qu’il a fait dans son nom, il l’a fait dans ses œuvres ; il a traduit les pièces de théâtre que publiaient à Florence ou ailleurs ses parents les Giunti.
Un homme qui la connaît bien et qui dirige avec habileté un des plus importants recueils périodiques (la Revue des Deux Mondes) me le disait encore l’autre jour : « La littérature toute seule ne fait pas vivre son homme. » Je ne vois d’exception que pour les grands succès au théâtre.
— Pas encore, lui répondis-je, mais, comme Homère m’a guidé dans l’Archipel, je comptais prier les Argonautes de me conduire dans le canal de Thrace, théâtre de leurs exploits.
Il avait épousé l’actrice d’un petit théâtre, objet de sa passion, et elle n’avait pas hésité à suivre au bout d’un autre monde la destinée qui s’était perdue pour elle dans ce monde-ci.
N’est-ce pas le pays où tel qui a assisté sans émotion visible à la représentation d’une pièce de théâtre rit tout à coup, à quelques jours de là, d’un trait comique, ou s’attendrit au souvenir d’un trait de sentiment, laissé par le poëte dans la pénombre, et que le spectateur a emporté chez lui, pour en jouir par une sorte de rumination ?
Cette abbaye, flanquée aux quatre angles de quatre grosses tours bâtie en forme de forteresse avec chambres surbaissées, comme dans les donjons, qu’il fait habiter par des gens de goût et de savoir, qu’il orne d’une bibliothèque, de galeries de peintures, où il établit des lices à l’antique, un hippodrome, un théâtre, des jeux de paume et de grosse balle, c’est une naïve image du temps où vivait Rabelais.
Et le soir, qui était le jour de la première de Marion Delorme, cet ami modèle, amené au théâtre, faillit faire tomber la pièce.
Argot des théâtres.
Pareillement, « un même moment de l’esprit germanique a mis au jour Hegel et Gœthe, comme un même moment du génie anglais a produit le théâtre brutal de Wycherley, les grossières satires de Rochester et le violent matérialisme de Hobbes ».
Capefigue de la voix qu’on a quand on chante dans la nuit, trappistes de théâtre, puritains de spéculation et de Bourse, avons-nous bien le droit, au milieu de nos Thébaïdes de plaisir, de nous montrer si impitoyables pour le siècle de nos aïeux ?
Mais nous ne voulons aujourd’hui que dégager, en passant, un point de cet horizon étendu ; que signaler, comme un détail entre les mille autres qui viendront plus tard, les changements dont l’Angleterre est le théâtre depuis plusieurs années, et surtout appeler l’attention sur un homme qui aura toujours la gloire — si une meilleure ne le tente pas — d’avoir nommé de son nom ces changements précurseurs du changement définitif et radical qu’il nous est permis d’espérer.
Les expositions de tout genre, la multiplication des livres illustrés et des affiches, la fréquentation du théâtre, les voyages économiques répandent jusque dans la foule la science des formes et des couleurs.
La réflexion est le théâtre des combats que la raison soutient avec elle-même, avec le doute, le sophisme et l’erreur. […] Le comble de l’art pour une pièce de théâtre serait de vous persuader que vous êtes en présence de la réalité. […] Ainsi, dans l’intérêt de l’illusion, on a mis au théâtre un grand soin dans ces derniers temps à la vérité historique du costume. […] Le premier hôpital est plus rempli de pitié et de terreur que tous les théâtres du monde. […] Mais au théâtre, nous avons à peine des égaux.
Aujourd’hui elle édite ou réimprime chaque année plus de deux millions de volumes ou de pièces de théâtre. […] Aurélien Scholl vient de la retrouver tout entière dans l’Héritage fatal, drame en trois actes de Boulé et Eugène Fillion, représenté pour la première fois sur le théâtre de l’Ambigu le 28 décembre 1839. […] Nous ne l’entendrons plus nous dire avec une gaieté étincelante et délicate des aventures anciennes de lettres, d’amour et de théâtre et rappeler en longs propos, pleins de lyriques hyperboles, les funambules et Pierrot qu’il aimait plus que tout au monde. […] Il ne serait pas permis, même dans ces notes nécrologiques, d’oublier que M. de Banville a donné au théâtre des pièces qui ont été applaudies.