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1099. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Depuis il s’était loué aux théâtres secondaires, pour vivre en s’amusant du rire du public. […] Marie-Antoinette tourna la tête du côté de son ancien palais, et regarda quelques instants ce théâtre odieux et cher de sa grandeur et de sa chute.

1100. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Écrira-t-elle pour le théâtre ? […] C’était un théâtre domestique de vertu privée, servant à accréditer l’homme public.

1101. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

Quelles acclamations devaient saluer au théâtre d’Athènes cette royale entrée ! […] Seulement les magistrats du théâtre les faisaient remanier au goût du jour, par des poètes en vogue : on rognait les ongles du lion et on peignait sa crinière, avant de le relancer dans l’arène.

1102. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Et il dit : « Non, ça m’est égal, mais ça change tout mon ordre de travail, Je vais être obligé de faire Nana… Au fond, ça dégoûte les insuccès au théâtre… La Curée attendra… Je veux faire du roman. » Et il continue à faire tourner son couteau. […] Le reste de la journée, je la passe dans les petits théâtres, ou avec mes amitiés, mes relations, mes trucs, j’arrive à être d’un quart, d’un sixième dans une pièce, et ça rapporte encore 50 francs ; pour la fin de la journée… Eh bien, cela me fait 36 000 francs par an, je n’en gagnais pas autant avant, quand j’étais à la Bourse. » Mercredi 20 novembre Un sculpteur, qui a passé des années en Angleterre, disait que là, il avait trouvé les plus belles poitrines, les plus charmants torses de femmes, mais que ces femmes n’avaient point la colonne vertébrale mobile, qu’il était impossible d’obtenir de ces corps, ce que vous donnait le premier modèle français venu, un hanchement, une torsion, un contournement, un mouvement de grâce féminin, le penchement d’une Hébé tendant la coupe à Jupiter.

1103. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Du bout de cordon noué, trouvé sur le théâtre du crime, l’analyste Dupin conclut qu’un de ses fauteurs est Maltais et marin. […] Ici tout l’art déductif de Poe s’est épuisé ; il prend pour base une solide assise scientifique, pose des axiomes, entrelace des causes, fait jaillir d’une proposition antérieure des conséquences déconcertantes, imprévues et rapides comme un coup de théâtre, se pose d’ascension en ascension à un sommet mystique où reparaît subitement le poète.

1104. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Combien de fois n’avons-nous pas vu dans ces dernières années la foule se porter en masse et en hâte dans les théâtres, dans les ateliers, chez les libraires, sur l’avis trompeur d’un farceur ou d’un intéressé ; et là, en présence du chef-d’œuvre, s’écarquiller les oreilles et les yeux, le cou tendu, la poitrine contenue, ne demandant qu’à se laisser violer dans son indifférence ! […] Faites-leur lire l’Histoire des Voyages ou les Lettres édifiantes ; abonnez-les aux bibliothèques paroissiales ; mais écartez d’elles tout livre qui a l’Art ou la passion pour but ; vers, romans, pièces de théâtre, le meilleur n’en vaut rien pour elles.

1105. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Il y avait là Pellisson  bien entendu ; c’était le grand ami de Fouquet ; — il y avait le spirituel et bouffon Bois-Robert, il y avait Brébeuf, le très grand poète Brébeuf, le plus grand poète élégiaque, à mon avis, du dix-septième siècle, et le plus grand poète lyrique du dix-septième siècle après Malherbe ; il y avait Corneille, qui, précisément, à cette époque-là, après avoir boudé le théâtre pendant une très longue période de sa vie, y revenait, appelé par Fouquet lui-même, et écrivait l’Œdipe, qui eut un très grand succès. […] Vous savez que Racine enleva la Duparc à la troupe de Molière pour la faire entrer au théâtre concurrent, à l’Hôtel de Bourgogne.

1106. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Cela avait déjà été mis bien des fois dans des romans et au théâtre. […] À l’exception de deux têtes très finement dessinées (le duc de Mora meurt à moitié du roman) : l’artiste Félicia, élevée, comme elle le dit, par « ce papillon de danseuse », ce qui explique bien tous les envolements de sa vie, et le docteur Jenkins, un Tartuffe affreusement suave, de cette Philanthropie qui a remplacé les Tartuffes de Religion par les siens, nous connaissons, pour les avoir vus au théâtre, dans les romans, partout, ces Robert Macaire inférieurs qui se meuvent, s’agitent, intriguent et trahissent autour du Nabab, chenilles de sa fortune.

1107. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

Mme de Staël et son école, tous ces esprits distingués qui concoururent à introduire en France de justes notions des théâtres étrangers ; qui, les premiers, nous expliquèrent ou nous traduisirent Shakespeare, Goethe, Schiller, ce sont relativement des romantiques ; en ce sens M. de Barante, M. de Sainte-Aulaire même, M. de Rémusat en seraient, et je ne crois pas que ces fins esprits eussent jamais désavoué le titre entendu de la sorte.

1108. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) »

Hugo s’occupe de théâtre, on dirait que chez lui, même dans le lyrique, le théâtral a gagné.

1109. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

De plus, sa thèse si copieuse m’indiqua tout ce qu’on ne m’avait pas appris, les instruments de travail, les sources d’information qui doivent servir à l’étude du théâtre du XVIIIe siècle : c’est sur ses pas que je montai les cinq ou six étages au sommet desquels M. 

1110. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

La naïveté est d’imaginer que des hectogrammes quotidiens de viande, de pain, de légumes, que deux vêtements « complets » par an, quelques musiques et un théâtre mensuel fournissent le bien-être.

1111. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

D’ailleurs, la vie actuelle est le théâtre de cette vie parfaite que le christianisme reléguait par-delà.

1112. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Elle n’est pas assez simple, assez suivie ; elle fait trop de chemin en peu de temps ; comme le théâtre des romantiques, elle a ses perpétuels changements à vue.

1113. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

  Plus complexe apparaît le cas du romancier, comme aussi le cas de l’homme de théâtre — car il vaut mieux pour l’instant les confondre, et les opposer au poète ensemble.

1114. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre V. Les âmes »

Tout poëte est un critique ; témoin cet excellent feuilleton de théâtre que Shakespeare met dans la bouche d’Hamlet.

1115. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

Il s’entasse, se presse, s’amalgame, se combine, se pétrit dans le théâtre ; pâte vivante que le poëte va modeler.

1116. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Beaufort » pp. 308-316

Plus on est enfant, plus on aime les incidens entassés les uns sur les autres ; le strapassé, le groupe, la masse, le tumulte, en peinture, en sculpture, au théâtre. ô Guyart !

1117. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

En l’absence de William Shakespeare, trépassé il y a trois siècles, Beaumont-Vassy avait pensé à nous ressusciter le galbe imposant de cet halluciné sublime dans je ne sais quel drame, — ou plutôt dans je ne sais quelle scène historique de longue haleine comme ont imaginé d’en écrire les hommes qui ne savent pas remuer puissamment l’échiquier du théâtre, où les conceptions de la pensée se carrent et se cubent sous l’empire des plus difficiles combinaisons.

1118. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

La Conférence, ce ridicule ou ce vice du xixe  siècle, la Conférence, qui doit tuer le livre dans un temps donné, — comme cette immonde invention des cafés chantants est en train de tuer le théâtre, — dispense un homme de faire un livre, ce terrible labeur qui demande parfois des années !

1119. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

, les meubles rocaille, les tapis et les châles turcs, le cigare, la mythologie païenne prise à la Renaissance, les Callipyges, comme dit le poète, et toutes les Vénus avec leurs noms grecs ; ôtez, enfin, l’univers de papier peint du théâtre de Pierrot, et c’est fini !

1120. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

sur le tremplin du théâtre ; on lui a dit : « Danse aussi, toi ! 

1121. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Rousseau, chez Le Brun, lequel pourtant s’en est un peu affranchi en une ou deux occasions : quelques odes de lui, rencontrant le sentiment patriotique de l’époque, y ont fait écho directement et ont pu être chantées, réellement chantées, sur le théâtre, dans les cérémonies, comme la Marseillaise, ou le Chant du départ de M. […] Béranger le savait bien et, lui qui avait son auditoire chantant et son théâtre, il lui est arrivé de sourire de l’Ode, de la railler une fois comme un genre creux et vide. […] Corneille, vieil et amoureux, — amoureux de tête plus que d’autre chose ; il les a faits pour une certaine marquise qu’on assure n’avoir été qu’une marquise de théâtre (peu importe), et qui faisait mine de le dédaigner ; il y a mis une vigueur, une fierté, une gronderie, une braverie, une conscience de ce qu’il était, un orgueil légitime à la fois et qui fait légèrement sourirai Marquise, si mon visage A quelques traits un peu vieux, Souvenez-vous qu’à mon âge Vous ne vaudrez guère mieux.

1122. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Il avait vingt ans de prison pour avoir enlevé la femme d’un haut fonctionnaire, et il disait sa vie perdue, faute d’un Empereur qui aimât le théâtre, — se regardant tout à fait indispensable dans une vraie troupe impériale. » Nous voilà rue Pigalle, à inspecter dans les remises, l’entassement des objets qui arrivent de Pékin, à examiner dans les cachettes des greniers, les porcelaines, les jades, les bronzes, les curiosités de sélection, dissimulées au public, et gardées pour les Rothschild, les Camundo. […] Là-dessus, et dans ce milieu, Dalloz s’est mis à parler bêtement des choses psychologiques, toutes nouvelles, qu’avait apportées Dumas fils au théâtre. […] Sur la cheminée, préparée comme un théâtre pour la lecture, et où quatorze bougies, reflétées dans la glace et dans les appliques, font derrière lui, un brasier de lumière, sa figure, une figure d’ombre, comme il dirait, se détache cerclée d’une auréole, d’un rayonnement courant dans le ras rêche de ses cheveux, de son collier blanc, et transperçant de clarté rose ses oreilles fourchues de satyre.

1123. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

Mais le phénomène inverse peut se produire ; et les mouvements moléculaires dont le système nerveux est le théâtre, se composant entre eux on avec d’autres, donneront souvent pour résultante une réaction de notre organisme sur le monde environnant : de là les mouvements réflexes, de là aussi les actions dites libres et volontaires. […] Dès lors il n’hésite plus à tenir la pièce qui se joue sur le théâtre de la conscience pour une traduction, toujours littérale et servile, de quelques-unes des scènes qu’exécutent les molécules et atomes de la matière organisée. […] Dire que les mêmes causes internes produisent les mêmes effets, c’est supposer que la même cause peut se présenter à plusieurs reprises sur le théâtre de la conscience.

1124. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Plus tard, en 1657, dans sa Pratique du théâtre, l’abbé d’Aubignac, d’accord avec le goût français de l’époque, écrira : « Je dis que les règles du théâtre ne sont pas fondées en autorité, mais en raison. » C’est avouer que l’emploi de ces fameuses règles n’est nullement arbitraire, mais s’impose despotique par une prescription des lois de la nature. […] Dans ses Entretiens sur le Fils naturel (1757) et dans sa Poésie dramatique (1758), il critique le théâtre de Racine au nom du naturel.

1125. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Les gens de théâtre, qui rêvent de la supprimer, avouent ainsi l’incompatibilité de leurs visées commerciales avec les mœurs d’un pays libre. […] Nos frivoles contemporains se sont passionnés pour ou contre l’auteur des Martyrs ; et un ouvrage de critique a figuré, au théâtre, dans les revues. […] Le théâtre l’a fréquemment tenté. […] Son œuvre publié atteint aujourd’hui près de cinquante volumes, où il y a de tout : des poèmes, des romans, des pièces de théâtre, des essais de critique, des impressions de voyage. […] Ce sont des artistes, mais l’abstraction est pour ainsi dire la matière de leur art, comme la nature concrète, les émotions, les caractères ou les mœurs constituent celle de la poésie, du théâtre ou du roman.

1126. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Quels sont les juges souverains au parterre de tous les théâtres et dans les librairies à un franc ? […] C’est encore la Grèce qui nous fournit le théâtre de cette évolution, dans son cours le plus rationnel, et de façon que l’on en tire plus facilement les lois et la formule générale. […] Aussi est-il dans les tendances de la littérature de théâtre, comme on peut le voir dans ce qui se passe chez nous depuis longtemps, de graviter perpétuellement vers les sphères et les sentiments les plus vulgaires. Le théâtre, né de la dernière dissolution de la poésie, devient l’agent littéraire le plus actif de la dissolution des sociétés. […] L’esprit n’est plus l’auteur du drame confus qui se joue en lui ; il n’en est que le théâtre.

1127. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

—  Son théâtre. —  Son départ pour la Grèce et sa mort. […] Les journaux le couvrirent d’opprobre ; ses amis l’engageaient à ne plus aller au théâtre ni au Parlement, craignant qu’il ne fût sifflé ou insulté. […] Il y a un moyen sûr d’attirer la foule autour de soi, c’est de crier fort ; avec des naufrages, des siéges, des meurtres et des combats, on l’intéressera toujours ; montrez-lui des forbans, des aventuriers désespérés : ces figures contractées ou furieuses la tireront de sa vie régulière et monotone ; elle ira les voir comme elle va aux théâtres du boulevard et par le même instinct qui lui fait lire les romans à quatre sous. […] Sa sorcière, ses esprits, son Ahrimane ne sont que des dieux de théâtre.

1128. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Pour ce qui est de mon vers sans rime, quoiqu’il n’ait guère été d’usage en Provence et en France, j’ai cru pouvoir l’y acclimater, par les exemples que j’en vois dans les autres langues latines catalan, espagnol, italien, où ce genre de vers est assez usité, particulièrement pour la poésie du théâtre. […] Comme je me rendais au théâtre de l’Œuvre où l’on donnait Brand, je rencontre Clovis Hugues, Clovis Hugues le député, le Provençal, le poète… C’était le cas ou jamais de saisir l’occasion par les cheveux ! […] Ayant jeté un triste regard du côté du théâtre, le député-poète m’entraîna dans une brasserie silencieuse et put clamer à son aise : — L’influence de Mistral ? […] Vous me demandez des vers inédits, je n’en ai plus, si ce n’est des vers de théâtre dont je ne puis détacher rien.

1129. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Ils le déclarèrent sauvage, misanthrope, parce qu’il méprisait les enivrements de la vanité et fuyait le théâtre des vanités puériles. […] Quoi d’étonnant qu’avec cette vertu de projeter sur toutes choses comme une lumière de théâtre, il n’ait jamais été occupé que de lui-même ? […] Les personnages romantiques ne sauraient se produire au théâtre que dans un appareil dramatique fonctionnant par lui-même. […] Angelo n’est, après tout, qu’un surprenant agencement, un des mieux faits qui soient dans ce genre de théâtre, de chausse-trappes sinistres. […] Son théâtre est ennuyeux à la scène en proportion de la place qu’ils y occupent.

1130. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Il n’est personne qui n’ait éprouvé cette impression, ayant lu une pièce de théâtre et la voyant à la scène, d’être en un sens déçu. […] Il se trouve donc que si le dramaturge s’est laissé trop librement aller à sa fantaisie, il sera très difficile de réaliser au théâtre ses conceptions. Il devra s’en rendre compte d’avance, s’il est vraiment un homme de théâtre, qui voit toujours ses personnages en scène et compose au point de vue de l’effet scénique. […] Il est rare qu’au théâtre les beaux vers soient en situation et que les créatures poétiques nous semblent assez vivantes. […] Le Théâtre de R.

1131. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Pareille chose ne s’est vue qu’au théâtre de l’Opéra, il y a cinquante ans, à ces représentations mémorables d’Athalie, où Talma jouait le rôle du grand prêtre. […] Par lui, pendant un tiers de siècle, les petits théâtres avaient fait rire chaque soir, du rire de la raison en gaieté, les descendants de ce « Français né malin » qui, au dire de Boileau, « forma le vaudeville d’un trait de la satire ». […] Si bien qu’on eût pu se demander si c’était pour se délasser de ses travaux de théâtre que Dumersan composait des mémoires de numismatique, ou si c’était pour se dérider du commerce sévère des médailles antiques qu’il faisait de si amusants vaudevilles. […] Il m’approuva de rester fidèle à mon choix, s’étonnant sincèrement d’oser faire concurrence à des succès de théâtre avec un volume de littérature judiciaire, à de beaux vers avec des harangues de bâtonnier. […] Mêlé à tout, hommes et actes, par sa situation éminente, et comme aux premières loges de ce tragique théâtre de toutes les misères humaines, il ne s’y est rien produit de caractéristique que M. 

1132. (1913) Poètes et critiques

Grec, son théâtre l’est aussi, et je n’ai pas l’honneur de m’en être avisé le premier. […] Le filon dramatique, qui depuis le moment où avait disparu le Petit Théâtre des Marionnettes, pouvait paraître abandonné, a été exploité, depuis 1897, avec un très rare bonheur. […] Dans ses études sur les contemporains ou sur les auteurs du passé, Jules Lemaître a déployé, légèrement et sans effort, une habileté infinie à s’exprimer lui-même avec son naturel flexible et onduleux, avec la délicatesse subtile de sa pensée et la grâce de son langage ; il a fait, on l’a dit souvent, de la critique d’impressions : qui pourrait s’étonner qu’elle ait, de bonne heure, abouti au roman, au théâtre ? […] Il serait presque plus exact de déclarer qu’en quittant les vers pour la critique, le roman et le théâtre — quelque succès qui l’ait payé, d’ailleurs de cette désertion, — Paul Bourget a fait le sacrifice du poème philosophique de ce temps-ci. […] Elle est tirée de la pièce Twelfth night or what you will (Le soir des Rois), dans laquelle ce thème, cher au dramaturge, l’éloge de la musique, prend plus de place et présente plus de profondeur qu’en aucun autre endroit de son théâtre.

1133. (1930) Le roman français pp. 1-197

J’ajoute que le théâtre de ces aventures couvre tout le pourtour de la Méditerranée, ce qui nous montre bien l’importance de l’aire d’expansion, aux premiers siècles après Jésus-Christ, de la civilisation gréco-latine : tout le monde avait entendu parler, même en Gaule ou en Espagne, depuis des siècles, de la Cyrénaïque, de la Cappadoce, de l’Égypte, de l’Asie Mineure. […] Ce fut une révélation pour les écrivains français : on pouvait dire, mieux qu’au théâtre, plus qu’au théâtre, ce qu’on avait à dire, et encore d’autres choses. […] Chose à remarquer : il a fallu, pour Morte la Bête, que Sacha Guitry transportât cette brève nouvelle au théâtre pour qu’un public nombreux s’aperçût de la profondeur d’émotion et de vérité dont elle est pleine. […] Gide lui-même l’a dit dans une conférence sur le théâtre insérée dans Nouveaux prétextes : « L’art est toujours le résultat d’une contrainte. » Ce n’est pas un aveu ; c’est une profession de foi. […] … Ainsi donc, c’est une hypothèse acceptable que le renouveau littéraire actuel, s’il n’est pas, pour le roman, tout ce qu’on peut désirer, peut provoquer un renouveau du théâtre — et qu’alors celui-ci, à son tour ?

1134. (1888) Études sur le XIXe siècle

À Bologne également, il s’éprit de Marianna Brighenti : fille d’un avocat, lettrée, remarquablement belle, douée d’une voix admirable, Marianna appartenait au théâtre, où sa réputation demeura sans tache. […] Les réalistes sont venus protester contre les habitudes académiques, contre les poses de théâtre, les sujets tirés de la mythologie, l’imitation de la statuaire antique. […] La nature extérieure n’est pas pour lui comme elle est pour beaucoup d’autres, le grand Tout dont l’homme n’est qu’une parcelle, qui le domine, qui lui impose ses sensations, qui tyrannise sa volonté, — décor immense dans lequel se fond tout le théâtre. […] Tronconi, — s’était peut-être trompé en choisissant le roman pour défendre des idées auxquelles aurait mieux convenu la tribune retentissante du théâtre ou le moule plus libre du pamphlet. […] Quand ils vont à l’Opéra, dans leurs théâtres organisés bien plus en vue de la conversation que du spectacle, ce n’est pas pour suivre d’un bout à l’autre le développement d’une savante œuvre d’art, c’est pour entendre un morceau favori ou un chanteur à la mode, l’air de bravoure du ténor ou la cavatine de la prima donna.

1135. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Elle se cacha tout de son mieux sous une grande coiffe de taffetas, et au lieu d’entrer par la porte du théâtre, comme elle avait accoutumé de faire, elle entra par la porte des loges et s’alla placer au fond des secondes loges, car toutes les autres étaient remplies. […] Quant au moral, j’y mets tout ce que j’ai… Le duc de Nivernais dut sentir à chaque instant que, pour être un grand ambitieux et un premier acteur sur le théâtre de ce monde, le zèle, l’esprit ne suffisent pas : il faut encore une machine, des organes, une trempe de tempérament.

1136. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

Ils ne sont qu’une flatterie publique des passions régnantes. « Plus la comédie est agréable et parfaite, plus son effet est funeste », et le théâtre, même chez Molière, est une école de mauvaises mœurs, « puisqu’il excite les âmes perfides à punir, sous le nom de sottise, la candeur des honnêtes gens ». […] Elle est le mal dans l’espèce humaine, et, quand le mal sera supprimé, il ne restera plus que du bien. « Il arrivera donc ce moment424 où le soleil n’éclairera plus sur la terre que des hommes libres, ne reconnaissant pour maîtres que leur raison ; où les tyrans et les esclaves, les prêtres et leurs stupides ou hypocrites instruments n’existeront plus que dans l’histoire et sur les théâtres ; où l’on ne s’en occupera plus que pour plaindre leurs victimes et leurs dupes, pour s’entretenir par l’horreur de leurs excès dans une utile vigilance, pour savoir reconnaître et étouffer sous le poids de la raison les premiers germes de la superstition et de la tyrannie, si jamais ils osaient reparaître. » — Le millénium va s’ouvrir, et c’est encore la raison qui doit le construire.

1137. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Le duc de Weimar lui avait donné, indépendamment du ministère de l’instruction publique dans ses États, la direction absolue des théâtres et des nobles plaisirs de sa cour. […] La cour de Weimar, sous les auspices de ces deux amis, dont l’un prêtait sa gloire, l’autre sa puissance à une pensée commune, devint en peu d’années le foyer de l’art, du théâtre, de la renommée en Allemagne.

1138. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Dans ce dernier volume, par exemple, — qui nous reporte aux événements dont la Chine fut le théâtre après la prise de Pékin, et tandis que les batailles finissaient dans l’effondrement des pagodes ou dans les sinistres lueurs d’incendies grandioses, — apparaissent un laisser-aller plein d’art, une ordonnance savante dans son apparent désordre, des impressions qui ont l’air d’être fugitives et dont la mémoire demeure obsédée. […] Sans doute, puisqu’il s’agit d’un roman à thèse, la composition n’est pas absolument pure de tout alliage, et bien qu’il soit facile de justifier individuellement chacun des coups de théâtre qui s’y succèdent, une critique pointilleuse pourrait trouver dans leur assemblage quelque chose de conventionnel.

1139. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Visiblement destiné à l’éloquence de la chaire et à l’action de l’orateur, on ne lui laissa pas complètement ignorer l’action même du théâtre : il vit donc des spectacles dans sa jeunesse, mais sans s’y attacher ; et après en avoir profité pour ce qui le concernait, il n’en fut que plus sévère ensuite contre la Comédie, jusqu’à nous sembler violent même et cruellement injuste : son jugement sur Molière restera une des taches, une des inintelligences comme des duretés de Bossuet.

1140. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

On vit au jour le jour ; l’or coule par flots, puis il tarit ; mais aussi, comme l’ouvrier parisien, on a l’heureuse faculté de l’imprévoyance : on a sa guinguette, on a ses soirées ; on a le théâtre ; on rencontre, on échange de prompts et faciles sourires ; on nargue la famille ; on est en dehors des gouvernements ; même si on les sert, on sent qu’on n’en est pas.

1141. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

Mais dans le bourg d’Aignay, comme ailleurs, les luttes commencèrent : l’étendue et la hauteur du théâtre n’y font rien ; c’étaient sous d’autres noms les mêmes hommes, les mêmes passions et les mêmes mobiles, les mêmes défections d’amitié, les mêmes arriérés de haine, les mêmes envies d’humilier, les mêmes besoins d’arriver à son tour, que sur la scène principale et centrale ; et Frochot eut à déployer les mêmes qualités de modération et de fermeté dont il aurait eu à faire preuve, s’il avait été de la Législative ou de la Convention. — Louis XIV demandait un jour au cardinal de Janson, aussi bon négociateur qu’habile courtisan, où il en avait tant appris : « Sire, répondit le cardinal, c’est en courant la nuit avec une lanterne sourde, tandis que j’étais évêque de Digne, pour faire les consuls d’Aix. » Et Lisola, le célèbre diplomate franc-comtois, disait qu’il s’était très bien trouvé, dans les grandes affaires, des subtilités qu’il avait apprises « dans le ménage municipal de Besançon. » Une seule maison quelquefois suffit à qui veut observer les variétés des passions humaines : un seul bourg peut suffire, en un temps d’agitation populaire, pour soulever et faire sortir toutes les variétés d’ambitions et de haines, et pour exercer d’autre part toutes les vertus civiques ; Frochot eut de quoi en faire de plus en plus l’apprentissage : il s’honora par toute sa conduite durant ces temps calamiteux ; il y montra une fermeté qui tenait encore chez lui au premier mouvement et à l’impulsion du sang dans la jeunesse.

1142. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre II. De l’ambition. »

les actions sont toujours plus en relief que les commentaires, et ce qu’on a dit sur le théâtre n’est jamais effacé par ce qu’on écrit dans la retraite.

1143. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

Que Malebranche et Pascal vous éclairent sur Montaigne ; que Bossuet vous fasse comprendre Corneille et Racine, et la nature du poème dramatique ; anathème à part, il y a peu de critiques qui aient mieux entendu le théâtre que Bossuet.

1144. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

C’est l’hiver ; la toile est baissée, le théâtre est fermé.

1145. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

Quelques-unes ont été supérieures dans le roman ; aucune ne l’a été dans la poésie, ni au théâtre, ni dans l’histoire, la critique ou la philosophie.

1146. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

La religion ne lui est point une règle de vie, mais un costume historique et un habit de théâtre où il se drape en Scapamonte.

1147. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

Il y a du mouvement, de la variété, des coups de théâtre qui, pour être facilement prévus, n’en font pas moins de plaisir, des fins d’actes qui sont toutes « à effet », des scènes tumultueuses à personnages nombreux et qui sont très bien réglées.

1148. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

Quand j’ai, comme dit Sarcey, débuté dans la critique, c’est de théâtre que je me suis occupé d’abord.

1149. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre V. L’antinomie esthétique » pp. 109-129

Peu d’artistes partageraient aujourd’hui l’espoir un peu naïf de Mme de Staël qui croyait que la littérature pourrait trouver dans les nouvelles conditions sociales des causes de renouvellement, que le théâtre, la philosophie et l’éloquence seraient appelée à un éclat imprévu46.

1150. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Cette Italie, qui devançait alors l’Europe dans les voies de la civilisation, était le théâtre de guerres barbares, telles que l’avenir, il faut l’espérer, n’en verra plus.

1151. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VI. Jean-Baptiste  Voyage de Jésus vers Jean et son séjour au désert de Judée  Il adopte le baptême de Jean. »

Jean avait fixé le théâtre de son activité dans la partie du désert de Judée qui avoisine la mer Morte 289.

1152. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

Une végétation abondante tempérait autrefois ces ardeurs excessives ; on comprendrait difficilement qu’une fournaise comme est aujourd’hui tout le bassin du lac, à partir du mois de mai, eût jamais été le théâtre d’une prodigieuse activité.

1153. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XI »

Quand la pauvreté est venue, il n’a pas eu le cœur de la suivre, et d’aller travailler dans son âpre champ ; il a préféré flâner en comparse, sur le théâtre de la richesse où il a toujours ses entrées, mais dont il ne peut plus même porter le costume.

1154. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

C’était le seul théâtre que la jeune femme jugeât digne de ses triomphes.

1155. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre I : Philosophie religieuse de M. Guizot »

Guizot L’un des plus nobles spectacles que présente notre temps si décrié est celui de l’indomptable vitalité de quelques hommes illustres qui, sur des théâtres et à des titres divers, occupent encore le premier rang, quoique par leur âge ils semblent appartenir à une autre époque.

1156. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

C’est comme nos poètes de théâtre qui n’ont jamais su tirer aucun parti du lieu de la scène.

1157. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

Quels sont les personnages le plus ordinairement drapés dans le théâtre de Molière ?

1158. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Il ne fut pas circonscrit dans les limites de la France, qui était alors comme un grand théâtre sur lequel tous les peuples avaient les yeux attachés. […] Il le comprenait si bien que, s’il faut en croire les traditions contemporaines, lorsque, dans les entr’actes de paix, il était moins bien reçu qu’à l’ordinaire à son entrée au théâtre, il lui arrivait de dire aux confidents qui l’entouraient : « Messieurs, il faudra bientôt rentrer en campagne. » Le véritable titre de sa toute-puissance, c’était sa supériorité. […] L’église des Carmes de la rue de Vaugirard, qui avait été le théâtre des massacres de septembre 1792, et dont M. de Pancemont, curé de Saint-Sulpice, avait fait son église paroissiale, en attendant qu’il eût été remis en possession de l’ancienne, occupée par le clergé constitutionnel, recevait encore en 1801 les catholiques dans sa modeste enceinte. […] La veille, c’est l’empereur avec sa toute-puissance, sa grandeur solitaire qui remplit le théâtre, sa voix qui parle seule, son activité incessante qui absorbe tout le mouvement de la vie nationale ; lelendemain, il y a de la place sur ce théâtre, vide parce qu’un seul homme en est tombé. […] Toutes les discussions endormies, ou du moins assoupies pendant quinze ans, se réveillaient ; on entrait dans une polémique universelle, qui pouvait porter en même temps sur le passé, sur le présent, sur l’avenir, sur les idées et sur les faits, sur la religion, sur la philosophie, la littérature, la politique, l’histoire, et qui retentissait du haut de la tribune, dans les journaux, dans les livres, au théâtre.

1159. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Elle vous représente tel que vous étiez au théâtre de Berlin vers 1780. […] Il était laborieux et sage, mais il dormait au théâtre. […] Ils ne mettaient pas leur morale en pièces de théâtre, ayant de bonnes raisons pour ne point faire de comédies. […] Néanmoins il entrait comme un jeune loup dans le bercail des théâtres à la mode. […] On ne s’aperçoit par aucune secousse des changements de théâtre et de personnages ; car l’historien, toujours rapide, n’est jamais brusque.

1160. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

J’étais au théâtre de Covent-Garden, qui tire son nom, comme on sait, du jardin d’un ancien couvent où il est bâti. […] Je vais vous dire une chose hasardée, mais vraie : c’est que le mérite de cet auteur a perdu le théâtre anglais. […] On ne se délasse au théâtre anglais des monstruosités de Shakspeare que par les horreurs d’Otway. […] Mais cela ne prouve pas qu’on doive introduire sur notre théâtre les monstruosités de cet homme, que Voltaire appelait un sauvage ivre. […] On les voit errer dans les places publiques, et remplir les théâtres comme s’ils n’avaient qu’à se reposer des travaux d’une longue vie.

1161. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Une actrice anglaise, mistress Bellamy, raconte dans ses Mémoires le fait suivant : « Un spectateur, qui était sur le théâtre, usa d’un moyen très peu convenable pour me montrer sa satisfaction. […] Mistress Inchbald a fait quinze pièces de théâtre et deux romans, dont l’un passe pour un chef-d’œuvre ; ne rappelons que celui-là. […] Pourquoi, chez ces peuples si divers de races, de mœurs, de religions, les classes élevées imitent-elles dans leurs vêtements, dans leurs usages, dans leur théâtre, dans leur langage, les modèles qui viennent de Paris ? […] En votre propre moi, ne distinguez-vous pas l’homme du matin et l’homme du soir, l’homme de la raison et l’homme de la sensation, l’homme des affaires et l’homme des plaisirs, l’homme d’étude et l’homme du monde, l’homme de sang-froid et l’homme d’enthousiasme (après qu’il a pris un peu de café et entendu un peu de bonne musique), l’homme des livres et l’homme des théâtres, l’homme de la solitude et l’homme de la foule, l’homme en robe de chambre et l’homme en habit ? […] Pour te donner une idée de cette surdité incroyable, je te dirai qu’au théâtre je suis obligé de me placer tout près de l’orchestre pour entendre ce que dit le chanteur ; les sons bas ou moyens des instruments, des voix, je ne les entends, pas quand je suis un peu éloigné ; et, chose étrange, il y a des gens qui, dans la conversation, ne s’aperçoivent pas de mon infirmité.

1162. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Sur Phèdre et la décision que prit l’auteur de renoncer au théâtre, M.  […] Ce retour à la dévotion est incontestable, et c’est sûrement ce qui l’a détourné du théâtre comme Pascal des mathématiques. […] Il faut que les critiques et professeurs qui méprisent le théâtre de Victor Hugo soient imperméables à toute poésie. […] Flaubert méprisait le théâtre de Dumas fils et se révolta lorsque certains critiques comme Sainte-Beuve et J. […] Tolstoï ne fait pas de théâtre, et psychologiquement il est dans le vrai.

1163. (1894) Critique de combat

Des scènes dramatiques viennent rappeler que l’auteur est un habitué du théâtre. […] Je reconnais le procédé du Théâtre libre, le mot cruel qui n’est ni vraisemblable ni vrai, mais qui doit tirer l’œil et produire un effet. […] Et s’il fallait citer tous les écrivains qui, au théâtre ou dans le roman, ont consacré leur talent à la peinture des diverses professions, la liste remplirait aisément plusieurs colonnes. […] On aura si bien fouillé la Russie, la Norvège, la Suède, la Hollande, l’Allemagne, que nos directeurs de théâtre ne sauront plus où trouver des pièces étrangères à monter. […] L’amour, le tyran du roman et du théâtre, le souverain qu’aucune révolution n’a détrôné, il le traite avec une sévérité que bien des gens, bien des femmes surtout, auront peine à lui pardonner.

1164. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Bourget ignorerait-il que c’est par les exemples concrets qu’un écrivain peut agir sur l’esprit de son temps ; que les héros du roman et du théâtre entraînent toujours après eux une foule d’imitateurs ; que plus ils sont malsains, plus leur action s’étend, parce que la maladie est toujours plus contagieuse que la santé ? […] Il a continué, c’est vrai, à exposer les deux, quatre ou six façons (toujours un nombre pair, pour ne pas conclure) qu’il y a d’expliquer ou de justifier les actions des héros de théâtre, de concevoir leur caractère, de sortir des situations compliquées que les auteurs ont créées. […] Mais aucun doute ne saurait subsister, l’auteur s’étant chargé de le lever lui-même, sur l’idée qu’il se fait de la littérature et du théâtre, de leur rôle et de leurs fins. […] Dumas nous dira qu’il n’a pas eu l’intention de faire entrer le monde entier dans son théâtre. […] Telle que l’ont faite nos plus récents écrivains et depuis les Lundis de Sainte-Beuve, la critique est aussi précieuse, aussi significative pour l’étude des mœurs que le roman ou le théâtre.

1165. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Il a voulu voir, de ses yeux, le théâtre du drame qu’il nous raconte. […] Le Théâtre de l’Impératrice amusait le public avec la comédie des Lunettes cassées. […] À Moscou, il perdit son temps à s’occuper de théâtres, à nommer des commissaires de police et des maires. […] On a bâti des théâtres. […] Villetard de Laguérie nous montrerait, à travers le clayonnage des vérandas coréennes, quelques beaux drames que nous verrons peut-être un jour représentés sur le théâtre de la Porte-Saint-Martin, lorsque M. 

1166. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Je ne sais si Dieu voulut lui accorder cette grâce ; mais je vis avec horreur le bourreau, effrayé sans doute du premier coup qu’il avait porté, le frapper sur le haut de la tête, où le malheureux jeune homme porta la main ; le peuple poussa un long gémissement, et s’avança contre le bourreau : ce misérable, tout troublé, lui porta un second coup, qui ne fit encore que l’écorcher et l’abattre sur le théâtre, où l’exécuteur se roula sur lui pour l’achever. […] Il songea au théâtre. […] La vanité la plus vaine est peut-être celle des théâtres littéraires.

1167. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

On doit encore à l’auteur quelques autres nouvelles et plusieurs pièces de théâtre qui ont été accueillies avec faveur ; mais les Récits d’un Chasseur sont toujours le plus beau fleuron de sa couronne littéraire, et jusqu’à présent, je le répète, aucun écrivain n’a dépeint le paysan russe avec plus de talent et de vérité. […] La Pologne, ce théâtre habituel de toutes les déclamations contre les Russes, avait des droits légitimes à revendiquer de trois puissances, la Russie, l’Autriche et la Prusse. […] Ayant rassemblé toutes ses forces, il se mit à me parler de Moscou, des amis qu’il y avait laissés, de Pouchkine, du théâtre, de la littérature russe ; il me rappela nos petites bombances d’autrefois, les discussions ardentes que nous engagions à cette époque, et prononça avec attendrissement les noms de plusieurs de nos amis qui n’étaient plus… — Te souviens-tu de Dacha ?

1168. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Ce temps-là, la campagne d’Éragny, près de Paris, fut le théâtre de leur félicité. […] Quand il lui réserve une réputation illustre, il l’élève sur un grand théâtre, et la met aux prises avec la mort ; alors son courage sert d’exemple, et le souvenir de ses malheurs reçoit à jamais un tribut de larmes de la postérité. […] Dieu a-t-il besoin, comme l’homme, du petit globe de notre terre pour servir de théâtre à son intelligence et à sa bonté ; et n’a-t-il pu propager la vie humaine que dans les champs de la mort ?

1169. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

En outre, si Victor Hugo, ayant toujours voulu que son théâtre fût une tribune, une sorte de chaire d’où l’enseignement moral pût être donné au plus grand nombre, semblait méconnaître ainsi la nature essentielle de l’art qui est son propre but à lui-même, du moins n’a-t-il jamais oublié que si le juste et le vrai ont droit de cité en poésie, ils ne doivent y être perçus et sentis qu’à travers le beau. Les Burgraves, dont l’insuccès fit prendre au grand Poète la résolution de renoncer pour toujours au théâtre, sont d’un tout autre ordre, et d’un ordre supérieur. […] Seuls, les Burgraves sont encore écartés de la scène, bien que l’auteur n’ait jamais fait preuve au théâtre de plus puissantes facultés créatives.

1170. (1902) Le critique mort jeune

Un tel critique doit se lire, même s’il s’agit de théâtre et du vaudeville de la semaine, « comme un philosophe ». […] Qu’importe, reprend Voltaire : « On chantait publiquement sur le théâtre de Rome : Post mortem nihil est… et ces sentiments ne rendaient les hommes ni meilleurs ni pires. […] Vous avez peut-être entendu au printemps dernier ou au début de cette saison les « Deux Écoles » dans un théâtre de genre ? […] Peut-être avec moins de lettres ne se fût-il pas élevé beaucoup au-dessus de la chronique boulevardière et des petits théâtres. […] — et qui porte toutefois ; des bouts de dialogues, souvent spirituels et selon la mode du théâtre d’aujourd’hui, sont les ornements « condamner par lui en des mots qu’elle comprenait… » De pareilles touches ne sont point rares dans le « Chemin montant ».

1171. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

Un de ses meilleurs et derniers biographes, le baron Walckenaer raconte en ces termes un acte de charité de Montesquieu, devenu célèbre, et que le théâtre a même reproduit, d’après Fréron, sous le titre de : le Bienfait anonyme. » « Il allait souvent à Marseille, dit le baron Walckenaer dans la Biographie universelle, visiter madame d’Héricourt. […] Le public des théâtres ressemblait à des passagers qui se seraient amusés de la représentation de scènes pastorales, tandis que la tempête grondait autour de leur vaisseau et le soulevait sur les flots.

1172. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Au début, cependant, il avait trouvé le temps d’écraser un théatin qui défendait le théâtre : le P. […] Tandis que Bourdaloue procède à la façon des psychologues positifs du roman et du théâtre classiques, Bossuet a le tempérament des lyriques de notre siècle, qui enveloppent de leurs visions individuelles les plus larges lieux communs.

1173. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

En général, il est plus pathétique ; il a mis plus d’action sur le théâtre ; le sujet de ses tragédies est d’un intérêt plus général ; le moment de la catastrophe a quelque chose de plus imposant ; il peint avec un coloris plus brillant ; il est plus sententieux & chacune de ces maximes exprime une grande vérité. […] Le sujet de Didon avoit toujours paru peu dramatique ; cependant M. le Franc l’a mis sur le théâtre avec un succès distingué.

1174. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Avant de nous peindre, de nous raconter le jeune homme, il nous exprime le vieillard tel qu’il se montre encore aujourd’hui à la postérité dans les austères et magnifiques portraits qui le font reconnaissable entre tous : Qui que tu sois qui regardes l’image de ce grand homme, s’écrie Saumaise, ne te semble-t-il pas, à la voir seulement, que la vertu vient au-devant de toi, et qu’elle descend des rides de ce front comme des degrés d’un théâtre ou d’un magnifique palais ?

1175. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Il médite un coup de théâtre.

1176. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

, de veiller à la liberté du théâtre (mais cela regarde l’administration publique et non l’Académie !)

1177. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

À travers les doux éclats de la musique, les tendresses des vibrations assourdies dont il ne se souciait guère, il me parla de chasse, de théâtre, de chevaux, que sais-je !

1178. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

M. de Tocqueville s’isola un peu trop, même dans l’opposition ; il eut jusqu’en 1848 un rôle des plus honorables, mais peu efficace, peu étendu, un de ces rôles d’Ariste ou de Cléante au théâtre, et qui, le faisant estimer dans les deux camps, ne lui procura dans aucun une action proportionnée à ses lumières et en rapport avec l’énergie de ses sentiments.

1179. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

En poésie, au théâtre, en tout comme à la guerre, les uns n’ont qu’un jour, une heure brillante, une victoire qui reste attachée à leur nom et à quoi le reste ne répond pas : c’est comme Augereau, qui aurait mieux fait de mourir le soir de Castiglione.

1180. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

Voilà la façon de penser du plus sincère ami que vous ayez et qui s’appelle Louis de Bourbon. » Nous aurions dès ce moment, si c’était le lieu, à faire quelques remarques sur le style particulier de ce prince du sang, style médiocre, délayé, imagé pourtant, mais d’images volontiers basses et communes, comme de quelqu’un qui use avec un parfait sans gêne des plaisanteries courantes dans le populaire et jusque sur le théâtre de la Foire.

1181. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

J’entends surtout parler en ceci des poëtes lyriqués ou du moins non dramatiques ; je laisse le théâtre à part ; on verra tout à l’heure pourquoi.

1182. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Sur le drame ou la comédie des vingt dernières années, cette face pâle de mime n’a cessé de pencher sa grimace immuable, et qui paraît automatique, comme ces masques que l’on peint au-dessus des rideaux de théâtre, et qui semblent railler tout ce qui s’agite sur les planches.

1183. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

Tandis que les notoires qui les précédèrent étaient éclos dans l’atmosphère des journaux gais et des théâtres légers, eux apprirent il penser dans les gymnastiques supérieures de Hume, de Bossuet, de Schopenhauer, de Claude Bernard.

1184. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

On sait assez que le théâtre devint pour Voltaire une [tribune publique du haut de laquelle il attaquait ses adversaires et prêchait des idées neuves.

1185. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

Au théâtre, une situation heureuse, un dialogue fin, ne suffisent pas ; il faut de l’invention, de la fertilité, du développement, de l’action surtout, pour consommer, comme on l’a dit, cette œuvre du démon.

1186. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

C’est un petit roman corrompu, ratatiné et idiot, dont le théâtre est dans les Pyrénées et qui ne devrait pas s’appeler les Derniers Marquis, car il n’y en a qu’un, et pas plus le Dernier Marquis que le Dernier Bourgeois, — la Dernière Actrice — le Dernier Écolier, — le Dernier Aubergiste, car il y a un bourgeois, — une actrice, — un écolier et un aubergiste dans ce pauvre roman, et tout aussi insignifiants et aussi plats que le marquis de carton, dont l’auteur tire les fils !

1187. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Les deux cathédrales »

On comprend facilement la portée prodigieuse de cette révolution dont la conscience de l’homme fut le théâtre.

1188. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

C’était les armes à la main, c’était à Hochstet, à Malplaquet, à Turin, et non sur un théâtre d’opéra, qu’il était beau au prince Eugène de se venger de Louis XIV.

1189. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

Il en est des ouvrages d’éloquence comme d’une pièce de théâtre ; si l’illusion ne gagne, le ridicule perce, et l’on rit.

1190. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Là, dans l’enceinte du temple, vaste comme un théâtre, se célébraient les Mystères. […] Paraître sur un théâtre avec Néron était aussi dangereux que de jouer à la main chaude avec le léopard de la fable. […] Sur un signe de Néron, les autres acteurs, le poussant contre une colonne du théâtre, lui percèrent la gorge à coups de stylet. […] Un personnage de théâtre dit : « Bien-aimée cité de Cécrops !  […] Après la mort du roi, elle sortit en reine du théâtre où elle avait rogné si longtemps.

1191. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Il allait au théâtre entendre les pièces de Corneille et s’y former à l’art de prononcer ; la grandeur dont Corneille a marqué ses personnages, les mâles beautés de sa langue, avertissaient le futur orateur de son propre génie. […] En le nommant à l’évêché de Condom, en lui confiant l’éducation du dauphin, Louis XIV le plaça sur le seul théâtre où son génie pût recevoir sa perfection. […] Changez le théâtre et le sujet ; à des sectes religieuses, à des opinions de théologie, substituez des partis politiques et des questions de gouvernement ; les uns vous apprendront à démêler les autres. […] Ce fut un autre tort de la doctrine du pur amour d’avoir pour champion le protecteur de Pradon contre Racine, le duc de Nevers, qui avait loué les deux théâtres où se donnaient les deux Phèdres, afin de remplir la salle où se jouait la pièce de Pradon et de tenir vide celle où se jouait la Phèdre de Racine.

1192. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Alfred Dedreux a cela pour lui qu’il sait peindre, et que ses peintures ont l’aspect vif et frais des décorations de théâtre. […] Les commis étalagistes et les habilleurs de théâtre ont aussi le goût des tons riches ; mais cela ne fait pas le goût de l’harmonie. […] Ainsi la tragédie, — ce genre oublié des hommes, et dont on ne retrouve quelques échantillons qu’à la Comédie-Française, le théâtre le plus désert de l’univers, — la tragédie consiste à découper certains patrons éternels, qui sont l’amour, la haine, l’amour filial, l’ambition, etc., et, suspendus à des fils, de les faire marcher, saluer, s’asseoir et parler d’après une étiquette mystérieuse et sacrée. […] J’entends souvent les gens se plaindre du théâtre moderne ; il manque d’originalité, dit-on, parce qu’il n’y a plus de types.

1193. (1911) Études pp. 9-261

Dieu ne descend pas du ciel pour frapper le téméraire : nul coup de théâtre. […] Chesterton (traduction), dans la Nouvelle Revue Française, Août 1910 Dédicace, dans l’Art Libre, Septembre 1910 Cinq Grandes Odes suivies d’un Processionnal pour saluer le siècle nouveau, Bibliothèque de l’Occident, 1910 L’Irréductible, dans l’Hommage à Verlaine, Librairie Léon Vanier-Messein, 1911 Théâtre. […] Tête d‘Or (Première et seconde versions), Librairie du Mercure de France, 1911 L’Otage, drame, Édition de la Nouvelle Revue Française, 1911 Théâtre. […] L’esprit de Gide est le théâtre d’un drame incessant et minutieux : appels et réponses innombrables, chaînes d’idées toutes voisines les unes des autres, et qui, pourtant, se défendent l’une d’être l’autre ; grand déroulement de la pensée qui soudain s’arrête, et en voici un autre en sens contraire. […] Théâtre (Première Série).

1194. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Leurs théâtres, à tous deux, impliquent, celui de Shakespeare l’Angleterre Elisabethéenne, celui de Molière la France de Louis XIV. […] Il est directeur de théâtre. […] Il veut l’éprouver, cette force, sur un théâtre plus vaste, hors de la retraite où il s’était d’instinct renfermé. […] Il a publié plus de quinze volumes de romans et de nouvelles, autant de pièces de théâtre, d’innombrables articles de journaux, poursuivi de retentissantes campagnes de conférences et donné les six grands recueils de poésie qui le placent au premier rang des lyriques contemporains. […] De lyrique, la poésie se fait analytique, comme le roman, comme le théâtre.

1195. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Cela le conduisit à insérer dans le Globe, en 1827, une série d’articles qui furent recueillis en 1828 sous ce titre : Tableau historique et critique de la Poésie française et du Théâtre français au xvie  siècle (Paris, in-8°). […] Dubois), et s’approchait autant que possible du théâtre de l’insurrection pour avoir des nouvelles.

1196. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Les Essais d’un jeune Barde sont dédiés par Nodier à Nicolas Bonneville ; c’est à lui surtout, à ses âpres et sauvages, mais fières et vigoureuses traductions, comme il les appelle, qu’il avait dû d’être initié au théâtre allemand. […] Les années qui suivent, et où se rassemble avec redoublement son reste de jeunesse, suffisent à peine, ce semble, à tant d’emplois divers d’une verve continuelle et en tous sens exhalée : journaliste, romancier, bibliophile toujours, dramaturge quelque peu et très-assidu au théâtre, témoin aux cartels, tout aux amis dans tous les camps, improvisateur dès le matin comme le neveu de Rameau.

1197. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Ce rival est un Scapin chevaleresque, et la maîtresse de Griffon est une Colombine, qui transportent dans un poème épique les scènes grotesques du théâtre italien. […] Roland, en courant une de ses aventures, arrive au vallon naguère habité par Angélique et Médor, sans se douter que ce beau lieu a été le théâtre de son infortune amoureuse.

1198. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Dans tous ces incidents, la scène est faite pour la scène même, pour ce qu’elle donne à rire, et le comique y est poussé aux limites qui au théâtre font dégénérer la comédie en farce. […] L’inanimé et l‘irresponsable, la nature, les cieux et la mer, les drames changeants que jouent en ce théâtre la lumière, les nuages et la nuit, n’ont pas d’attrait pour lui.

1199. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

Pourquoi ce genre de poésie, qui comparaît le plus souvent sur nos théâtres devant le peuple, est-il inférieur aux deux autres ? […] Il faut au poète dramatique, pour émouvoir de toute sa puissance le cœur humain, un théâtre, une scène, des décorations, des musiciens, des peintres, des acteurs, des costumes, des gestes, des paroles, des larmes feintes, des déclamations, des cris simulés, du sang imaginaire, mille moyens étrangers à la poésie elle-même.

1200. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

J’avais encore cinq ou six ans à aimer le théâtre, la musique, la table ; il faut vivre de privations et d’économies ; je saurai me passer de ce que je ne puis avoir sans m’enchaîner, je suis un philosophe également éloigné de la superstition et de l’impiété, un voluptueux qui n’a pas moins d’aversion pour la débauche que de goût pour le plaisir. […] Ce charme ne tombait pas avec ses parures ou ses couronnes de théâtre, il s’endormait et se réveillait avec elle.

1201. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Tout se passait donc au mieux pour Renart : le roi penchait à la paix, et Ysengrin, tout dolent, ne sachant plus comment s’en tirer avec sa colère, restait assis à terre entre deux bancs, sa queue entre les jambes, lorsqu’un coup de théâtre vient tout changer.

1202. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Il l’accompagnait, en le publiant, d’une lettre explicative qui peut faire juger des hardiesses et des espiègleries littéraires du temps : Je vous envoie, madame, disait Dorat, l’extrait (il aurait pu dire la presque totalité) de cette singulière brochure, que le hasard a fait tomber entre mes mains, et qui, malgré la confusion des idées, l’oubli de tous les principes et de toutes les règles du théâtre, m’a paru mériter votre attention.

1203. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Bonstetten, disons-le bien vite pour nos Français qui savent si bien ignorer et sitôt oublier (quand ils l’ont su un moment) tout ce qui ne figure pas chez eux, sous leurs yeux et sur leur théâtre, était un aimable Français du dehors, un Bernois aussi peu Bernois que possible, qui avait fini par adopter Genève pour résidence et pour patrie, esprit cosmopolite, européen, qui écrivait et surtout causait agréablement en français, et qui semblait n’avoir tant vécu, n’avoir tant vu d’hommes et de choses que pour être plus en veine de conter et de se souvenir.

1204. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

» — « Bien des gens, répondit le prince, prétendent que, s’il n’y en avait point, il y aurait encore de plus grands désordres à Paris : j’examinerais, je pèserais mûrement le pour et le contre, et je m’en tiendrais au parti qui aurait le moins d’inconvénients. » Et son biographe ajoute que ce parti eût été sans douté celui de laisser subsister le théâtre, en le réformant sur le modèle des pièces composées pour Saint-Cyr.

1205. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Combien de fois, après des journées et des semaines de retraite et d’étude, me trouvant là vers trois heures sur ces boulevards fourmillants, j’ai rencontré de ces hommes que M. de Pontmartin décrit si affreux, si terribles, qui sont de la littérature active, ou des théâtres ou des journaux grands et petits !

1206. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Il propose de remédier aux excès du théâtre à l’aide d’un censeur d’office ; il souhaiterait ce censeur pour les romans aussi, pour les livres de chevalerie : il est si sérieux en parlant de la sorte, qu’il trace d’après un canevas-modèle le plan d’un roman de chevalerie exemplaire qui aurait les mérites du genre sans les défauts, qui permettrait de personnifier dignement toutes les qualités morales, toutes les vertus, d’introduire dans une trame variée toutes les vicissitudes d’événements, toutes les aventures tragiques ou joyeuses, de décrire toutes les merveilles, y compris celles de la magie, de prendre tous les tons.

1207. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Il chercha, à un moment, des ressources dans le théâtre ; il fit des pièces en collaboration : Quérard en indique quelques-unes.

1208. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Elle est ici, Monsieur, d’une très-bonne odeur comme les vingt dernières années de sa vie : car c’est depuis tout ce temps-là qu’il avait renoncé si absolument à ce qu’il avait fait pour le théâtre dans sa jeunesse, que nulle puissance de la terre n’avait été capable de l’y faire retourner, quelque pressantes sollicitations qu’on lui en ait faites.

1209. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

Lorsque de Londres il passa sur le théâtre de Potsdam, qu’il fut en présence de la famille royale de Prusse et du grand Frédéric, il eut fort à s’observer.

1210. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Si, des écrivains, des artistes proprement dits, nous passons aux professionnels du théâtre, nous accorderons dix-huit mois de service hospitalier à l’un de nos meilleurs « metteurs en scène » actuels, M. 

1211. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

Si l’on ne considère cette époque de la renaissance des lettres que sous le seul rapport des ouvrages de goût et d’imagination, l’on trouvera sans doute que près de seize cents ans ont été perdus, et que depuis Virgile jusqu’aux mystères catholiques représentés sur le théâtre de Paris, l’esprit humain, dans la carrière des arts, n’a fait que reculer vers la plus absurde des barbaries ; mais il n’en est pas de même des ouvrages de philosophie.

1212. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

Les Italiens se moquent dans leurs contes, et souvent même sur le théâtre, des prêtres auxquels ils sont d’ailleurs entièrement asservis.

1213. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

Il mêle ses sentiments à son récit ; il juge ses personnages, il a oublié qu’ils sont des fictions ; il les raille ou en prend pitié, les gourmande ou les admire ; il monte avec eux sur le théâtre, et devient lui-même le principal spectacle ; nous connaissons dorénavant ses goûts, ses habitudes, son histoire même ; nous suivons à chaque ligne les mouvements de son imagination ou de son âme.

1214. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Palissot, médiocre auteur et assez plat personnage, fit plus de bruit, ayant agi par le théâtre : instrument d’une pieuse coterie, il fit jouer en mai 1760 ses Philosophes, où Diderot, Rousseau, Mme Geoffrin étaient personnellement ridiculisés, où Helvétius, Duclos étaient attaqués dans leurs œuvres.

1215. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Mais, bien Française en cela, elle porte son effort principal sur le théâtre.

1216. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Actuellement elle ne songerait certes pas davantage à faire un praticable comme on dit au théâtre, pour inviter à prendre place parmi ses élus un noble esprit aussi vigoureux, aussi libéré, aussi clair que celui de Remy de Gourmont, un esthète et romancier aussi sain que Joséphin Péladan, un poète et critique tel que Paul Claudel, un prodigieux penseur comme André Suarès… Cela, avouons-le, est dans la norme.

1217. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Et il y a sur tout cet engouement, et cet entraînant arrangement à l’italienne d’un livre lugubre, plusieurs choses à dire, que le public ne s’est sans doute point dites en sortant de tous ces théâtres.

1218. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

Quand je dis que je me rappelle l’incendie du théâtre de Drury-Lane ; dire que je me rappelle cet événement et que j’y crois, c’est dire la même chose : ce sont deux états de conscience indiscernables.

1219. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Dargaud a fait, à sa manière, bien des recherches touchant l’héroïne de son choix : il a fait exprès le voyage d’Angleterre et d’Écosse, visitant en pèlerin tous les lieux, théâtre des séjours de Marie Stuart et de ses diverses captivités.

1220. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Combien j’en retrouve en idée de ces chapitres piquants, de ces petits chefs-d’œuvre sur tous les auteurs du jour, sur tous les romanciers en vogue, sur tout ce qui a passé, chanté, jasé, voltigé au théâtre !

1221. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

De là il décrit les collines, les monuments d’alentour ; il évoque, il recrée en idée l’antique cité, le théâtre retentissant d’applaudissements, les flottes sortant du Pirée, les jours de Salamine ou de Délos.

1222. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Le tableau n’est plus une rue, une place publique, un temple ; c’est un théâtre.

1223. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

— Le voisinage de ton ménechme Sarcey ne me tente pas davantage : tu te rappelles sans doute l’éreintement de Champfleury et du Réalisme que ce critique publia, il y a quelques mois, dans le Figaro ; et voilà qu’aujourd’hui le même Sarcey demande — entre deux feuilletons du même Champfleury — l’avènement du Champfleurisme au théâtre !

1224. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

La seule différence entre eux (avec celle du génie dont il ne peut pas être question ici), c’est que l’Hamlet du théâtre anglais est un sceptique désespéré qui n’a que mépris pour la vie humaine et pour le néant de l’humanité, et que l’Hamlet des Névroses n’a pour l’humanité et la vie que l’horreur, mais l’horreur la plus épouvantée !

1225. (1929) La société des grands esprits

Du reste, c’est bien quelque chose d’avoir été sans nul doute le premier poète et le premier homme de théâtre de son siècle. […] Je puis ne pas mettre les pieds dans les théâtres lyriques, n’en plus parler, n’en plus entendre parler, et ne pas même rire de ce qu’on cuit dans ces gargotes musicales !  […] Surtout, la musique n’existait alors à Rome ni dans les théâtres, ni dans les églises : c’était le dernier terme de l’abaissement et de la misère artistique. […] Observons cependant qu’il se publie et se joue presque quotidiennement des romans ineptes et des pièces insoutenables, sans que personne en tire une condamnation de principe contre l’art du roman ou celui du théâtre. […] Après cet unique succès, si ballotté, et pendant les vingt-trois ans qui lui restaient à vivre, jusqu’au 8 mai 1880, il n’eut plus que ce qu’en argot de théâtre on appelle des fours.

1226. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Il déplore aussi que le théâtre moderne n’ait point gardé la parabase et qu’il admette des personnages en habit noir ; il pense que la comédie sera lyrique ou ne sera pas ; il compose des odes dialoguées en rimes riches qu’il prend pour du théâtre ; et un beau jour il écrit une féerie pour le plaisir de mettre dans la bouche de Riquet à la Houppe et de la princesse Rose des stances imitées de Celles du Cid et de Polyeucte. […] Et il faut aussi se représenter le lieu, le théâtre, la mise en scène : un de ces catafalques lourds et somptueux, comme nous en décrit Mme de Sévigné, avec d’innombrables cierges et de hauts lampadaires et des figures allégoriques dans le genre « pompeux » ; les gentilshommes, les grandes dames en moire, velours et falbalas, en roides et opulentes toilettes ; tout l’appareil d’une cérémonie de cour et, sur les figures graves, un air de parade et de représentation. […] C’est un, lieu commun, qu’un personnage de théâtre ou de roman doit, pour être vivant, avoir quelque chose de particulier qui n’appartienne qu’à lui et à son temps, et quelque chose de général qui appartienne à tous ceux de la même espèce dans tous les temps. […] Zola (et sûrement dans tous les derniers) quelque chose d’analogue à cette prodigieuse maison de la rue de Choiseul, quelque chose d’inanimé, forêt, mer, cabaret, magasin, qui sert de théâtre ou de centre au drame ; qui se met à vivre d’une vie surhumaine et terrible ; qui personnifie quelque force naturelle ou sociale supérieure aux individus et qui prend enfin des aspects de Bête monstrueuse, mangeuse d’âmes et mangeuse d’hommes. […] Sept ou huit figures, toujours les mêmes, comme dans la comédie italienne : le moine ou le curé, le muletier ou le paysan, le bonhomme de mari marchand ou juge à Florence, le jouvenceau, la nonnain, la niaise, la servante et la bourgeoise, chacun ayant son rôle et sa physionomie immuable et ne faisant jamais que ce qui est dans ses attributions ; tous, sauf quelquefois les maris, contents de vivre, de belle et raillarde humeur, et tous, de la trogne enluminée au minois encadré dans la guimpe, occupés d’une seule chose au monde, d’une chose sans plus ; pour théâtre, un couvent, un jardin, une chambre d’auberge ou un vague palais d’Italie ; des tours pendables, déguisements, substitutions, quiproquos, des fables légères fondées sur des hasards et des crédulités invraisemblables ; un extrême naturel, une bonhomie délicieuse dans toute cette fantaisie, et çà et là un brin de réalité, des traits pris sur le vif, mais épars, accrochés à la rencontre ; quelquefois aussi un petit coin de paysage senti, un petit filet de vraie tendresse et une petite ombre de mélancolie… Voilà, dans leur ensemble, les contes de La Fontaine.

1227. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

C’est Mérimée. » C’est à Madrid, dans l’été de 1830, que l’auteur du Théâtre de Clara Gazul avait connu la comtesse de Montijo, mère de l’Impératrice. […] La confiance d’un secrétaire d’État confère, paraît-il, à ceux qui en sont honorés, le droit d’entrer à toute heure dans les coulisses des théâtres. […] Elle fut attirée irrésistiblement par le théâtre, par le harem moderne où le peuple souverain applaudit ses sultanes. […] Le fracas des omnibus, les vociférations des camelots, le vacarme des théâtres et les flonflons des bastringues couvrent la voix des cloches. […] C’est-à-dire qu’il ne court pas les « vernissages », ni les boutiques, ni les théâtres, et qu’il ne va pas, aux « premières », recevoir ces poignées de main de confrères, qui vous font froid dans le dos… Provincial impénitent, il décentralise pour son propre compte, sans vaticiner sur la décentralisation.

1228. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Que l’on fasse maintenant une opération semblable sur les autres portions contemporaines de l’intelligence et de l’action humaine ; que l’on compare entre eux les résumés dans lesquels, sous forme maniable et portative, on aura déposé pareillement la substance de l’œuvre observée ; si, par cette sorte de chimie qu’on nomme l’analyse psychologique, on prend soin de reconnaître les ingrédients de chaque extrait, on découvrira que des éléments semblables se rencontrent dans les différentes fioles, que les mêmes facultés et les mêmes besoins qui ont produit la philosophie ont produit la religion et l’art, que l’homme auquel cet art, cette philosophie, cette religion, s’adressaient, était préparé par la société monarchique et par les bienséances du salon à les goûter et à les comprendre ; que le théâtre, la conversation, les jardins, les mœurs de famille, la hiérarchie de l’État, la docilité du sujet, la domesticité noble des grands, la domesticité humble des petits, tous les détails de la vie privée ou publique, s’accordaient pour fortifier les sentiments et les facultés régnantes, et que non seulement les diverses parties de cette civilisation si large et si complexe étaient jointes ensemble par des dépendances mutuelles, mais encore que ces dépendances avaient pour cause la présence universelle de certaines aptitudes et de certaines inclinations, toujours les mêmes, répandues sous des figures diverses dans les divers compartiments où s’était moulé le métal humain. […] Vous êtes au théâtre. […] Sur le devant du théâtre, Bossuet, Boileau, Racine, tout le chœur des grands écrivains, jouaient la pièce officielle et majestueuse.

1229. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

On vient nous apporter le billet de la loge pour ce soir au théâtre Palliano. […] Chère tante, Hier soir au théâtre il y avait un jeune homme, qui m’a regardée et lorgnée comme un fou. […] Il y a du monde plus élégant qu’à Versailles, mais les loges sont un peu comme au théâtre, toutes pareilles, et celle du président dans laquelle nous sommes ne diffère en rien des autres. […] Enthousiasmée à fond, elle est allée demander au concierge du théâtre l’adresse de l’auteur pour lui exprimer son admiration. […] La table à thé est apportée toute servie comme au théâtre et il y a un moment où nous sommes toutes les six à le regarder boire son thé.

1230. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Il y avait aussi dans les villes des restes dégénérés du théâtre antique, des espèces de farces ou discours scéniques en latin, qui ne nous sont guère connus que par les déclamations et les invectives des écrivains ecclésiastiques qui les proscrivent : — petits théâtres où le peuple gallo-romain se précipitait avec fureur.

1231. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

« Au lieu de tes palais, de tes théâtres, de tes portiques de Rome décorés de statues », lui dit-il, « nous n’avions ici que le chêne, le hêtre et le pin, répandant leur ombre sur l’herbe verte au déclin de la colline qui vient mourir dans la plaine ; nous descendions à pas lents en poétisant, et ces spectacles élevaient nos pensées vers le ciel. […] Au milieu s’élève un théâtre que la nature semble avoir fait exprès pour les poètes.

1232. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

J’avais à peine terminé ce poème, que dans une de ses lettres toujours si fréquentes et si chères, mon amie, comme par hasard, me raconta qu’elle venait d’assister au théâtre à une représentation du Brutus de Voltaire, et que cette tragédie lui avait plu souverainement. […] XIV Au sein de ce repos, Alfieri, devenu plus royaliste que républicain, depuis le triomphe de ses opinions républicaines en France, s’occupait à élever, à l’exemple de Voltaire, un théâtre dans sa maison pour y jouer ses tragédies.

1233. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Le siècle qui compte des poètes comme Vigny, Lamartine, Hugo, Musset, Gautier, Baudelaire, Banville, sans excepter les grands symbolistes, Verlaine et Mallarmé, des romanciers comme Balzac, Stendhal, Flaubert, les Goncourt, Zola, des critiques comme Sainte-Beuve et Taine, des écrivains scientifiques et des philosophes comme Claude Bernard, comme Auguste Comte, de suprêmes intelligences comme Ernest Renan, — et combien d’autres princes de lettres, encore, dans le lyrisme, la prose ou au théâtre ! […] Dumas fils, Henry Becque, Rostand, Lemaître, Henri Bataille le font triompher au théâtre.

1234. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Il avait fait placer son trône au sommet d’un tertre, et il s’y était assis comme sur un siège de théâtre, attendant un spectacle plutôt qu’une bataille. […] Le Théâtre, cette grande invention du génie attique, aurait été interrompu dans ses fondements.

1235. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

L’une des dépositions tombe dans le silence ému de l’auditoire, celle de sa maîtresse, une pauvre et laide actrice du théâtre des Batignolles, toute maigriotte dans sa petite robe noire des répétitions, élevant pour le serment une main rouge d’engelures, et parlant avec une voix modeste et brave, et confessant tout haut son amour pour l’homme qui est entre les gendarmes, — misérable cabotine, grandie de la grandeur que les douleurs de la femme prennent sur ce théâtre tragique.

1236. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

On a le droit de se reposer quand on a produit pour l’esprit humain cent poèmes, dix théâtres, dix philosophies et cinq religions ; quand on a été l’Inde, la Chine, l’Arabie, la Perse, l’Égypte, la Grèce, la Judée, l’école et le sanctuaire de l’univers. […] Cependant, après quelques jours de vagabondage solitaire dans les rues, dans les campagnes et dans les théâtres de Florence, je me souvins que j’avais quelques lettres de recommandation dans ma malle.

1237. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Le progrès n’est selon lui que l’apparition successive, sur le théâtre de l’histoire, des trois idées qui sont le fond même de la raison : l’idée de l’infini, celle du fini, celle du rapport entre le fini et l’infini. […] Rien de plus ingénieux encore que le parallélisme établi par Victor Cousin entre la conformation géographique de l’Asie, de la Grèce, de l’Europe occidentale, et les caractères des trois grandes civilisations dont ces contrées furent le théâtre.

1238. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

ce sont les manières du temps. » — Le duc de Richelieu, ce jeune fat qui tournait alors toutes les têtes et que des gens d’esprit aux abois ont cherché de notre temps à remettre à la mode dans le roman et au théâtre, est pour Madame l’objet d’une aversion singulière : il est peint par elle de main de maître (notamment pages 203, 221), parfaitement méprisable, avec ses charmes équivoques et légers, son vernis de politesse et tous ses vices.

1239. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

Le théâtre est ordinairement la littérature des gens du monde qui n’ont pas le temps de lire.

1240. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Ce joli lieu de Marans, qui nous a été dépeint tout à l’heure comme un séjour enchanté et tout propre à la félicité des amants, est devenu le théâtre de la guerre.

1241. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Il était là sur un théâtre où rien de lui n’était perdu, et où il figurait au premier rang.

1242. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

L’esprit de Voiture était toujours en action et en mouvement comme pour un théâtre de société.

1243. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Pendant que je la lisais, je me rappelais bien souvent cette autre correspondance récemment publiée, si étonnante, si curieuse, si pleine de lumière historique et de vérité, entre deux autres frères, couronnés tous deux, le roi Joseph et l’empereur Napoléon ; et, sans prétendre instituer de comparaison entre des situations et des caractères trop dissemblables, je me bornais à constater et à ressentir les différences : — différence jusque dans la précision et la netteté même, poussées ici, dans la correspondance impériale, jusqu’à la ligne la plus brève et la plus parfaite simplicité ; différence de ton, de sonoréité et d’éclat, comme si les choses se passaient dans un air plus sec et plus limpide ; un théâtre plus large, une sphère plus ample, des horizons mieux éclairés ; une politique plus à fond, plus à nu, plus austère, et sans le moindre mélange de passe-temps et de digression philosophique ; l’art de combattre, l’art de gouverner, se montrant tout en action et dans le mécanisme de leurs ressorts ; l’irréfragable leçon, la leçon de maître donnée là même où l’on échoue ; une nature humaine aussi, percée à jour de plus haut, plus profondément sondée et secouée ; les plaintes de celui qui se croit injustement accusé et sacrifié, pénétrantes d’accent, et d’une expression noble et persuasive ; les vues du génie, promptes, rapides, coupantes comme l’acier, ailées comme la foudre, et laissant après elles un sillon inextinguible54.

1244. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Au reste, il est bien naturel qu’avec le talent qu’elle se sentait pour la politique, elle ait tout fait pour se procurer un théâtre où elle aurait lieu de le développer.

1245. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Au milieu de ce cercle presque entièrement aristocratique, un pauvre homme et sa femme qui avaient un petit théâtre de marionnettes aux Champs-Élysées furent amenés un matin, pour avoir exposé une figure en cire de Charlotte Corday. « Ces pauvres gens étaient bons et honnêtes, et quoique nous ne pussions leur être utiles en rien, ils nous rendaient tous les services qui étaient en leur pouvoir.

1246. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Par certaines pensées de lui sur l’ambition, il est évident que La Bruyère, témoin inaperçu et très présent à la Cour, placé dans les coulisses de ce théâtre d’intrigues et de compétition, s’était dit maintes fois, en voyant les élévations journalières de gens dont il mesurait le mérite : « Pourquoi pas moi ?

1247. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

. — Dans la leçon orale qu’il débita pour cette même agrégation, il avait à parler d’un traité de saint Augustin sur la Vie heureuse  ; il commença vivement, a peu près en ces termes et dans cette donnée (je ne réponds que du trait) : « Saint Augustin était jeune, brillant, amoureux, entouré d’amis ; il avait remporté des prix de poésie et s’était vu applaudi en plein théâtre ; il était professeur de rhétorique à vingt-deux ans, et sans concours ; et cependant il n’était pas heureux ! 

1248. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Peut-on s’étonner pourtant qu’il en ait été d’un tel talent comme de celui des improvisateurs et des orateurs ; que ce qu’on a d’elle par écrit ne la représente pas entièrement, et qu’il faille, pour être fidèle, y ajouter en idée un ensemble et une spontanéité d’impressions qui n’était que dans la personne et sur son théâtre ?

1249. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

. — Je n’oublierai point, parmi les personnes présentes, une habituée et une amie de la maison, Mme de Bawr, l’auteur d’une jolie pièce de théâtre et d’agréables romans.

1250. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

Mais, si on l’interrogeait sur les vrais talents, sur Béranger, sur Mérimée, auteur dès lors du théâtre de Clara Gazul, Gœthe faisait aussitôt la distinction, et il reconnaissait en eux la vraie marque, l’originalité : « Je les excepte, disait-il : ce sont de vrais talents qui ont leur base en eux-mêmes et qui se maintiennent indépendants de la manière de penser du jour. » Avoir sa base et son fondement en soi, c’était la chose qu’il estimait le plus ; il a parlé quelque part de ces faux talents, qui n’en ont que le semblant et le premier jet : « Nous vivons dans un temps, disait-il, où il y a tant de culture répandue qu’elle s’est, pour ainsi dire, mêlée à l’atmosphère qu’un jeune homme respire.

1251. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

Mais pour des talents de tribune et prédestinés par la nature aux triomphes de la parole, ces difficultés, ces périls ne sont qu’un attrait et un ressort de plus : aussi cette Chambre introuvable fut-elle un théâtre d’éclatant début et de succès, et pour M. 

1252. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.)

1253. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

Lebrun publiait les deux premiers volumes de ses Œuvres, contenant ses tragédies et pièces de théâtre : Ulysse, Marie Stuart, et ce Cid d’Andalousie dont l’insuccès même fut un honneur ; son poème de la Grèce, et aussi cet autre poème lyrique sur la Mort de Napoléon.

1254. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Ces hommes de talent et d’ambition qui, la plupart, depuis l’Assemblée législative avaient déjà tâté de la vie politique et étaient chaque jour en scène, avaient des engagements pris, des liaisons, des antipathies vives, des amis et des ennemis déclarés : lui, il arrivait sur le grand théâtre, à l’état abstrait, pour ainsi dire, neuf, pur du moins de toute prévention personnelle, et l’on peut dire qu’à cet égard il offrait table rase.

1255. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Pouvait-il ainsi livrer cette seconde patrie, ce théâtre brillant et cher de ses premiers triomphes ?

1256. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

Dans l’édition qu’il donna, en 1664, de son Théâtre revu et corrigé, il mit en tête un Avertissement où il exposait ses raisons à l’appui de certaines innovations qu’il avait cru devoir hasarder, afin surtout, disait-il, de faciliter la prononciation de notre langue aux étrangers.

1257. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

D’abord, par exemple, on étudiait peu ou du moins on entendait mal le théâtre grec ; on l’admirait pour des qualités qu’il n’avait pas ; puis, quand, y jetant un coup d’œil rapide, on s’est aperçu que ces qualités qu’on estimait indispensables manquaient souvent, on l’a traité assez à la légère : témoin Voltaire et La Harpe.

1258. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Étienne ; l’attention publique au dedans n’était alors distraite par rien, et les journaux n’avaient le champ libre que sur ces choses du théâtre.

1259. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre I. Composition de l’esprit révolutionnaire, premier élément, l’acquis scientifique. »

Ni la prospérité, ni la décadence, ni le despotisme, ni la liberté ne sont des coups de dés amenés par les vicissitudes de la chance, ou des coups de théâtre improvisés par l’arbitraire d’un homme.

1260. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre II. L’éloquence politique »

Lemercier, Du second théâtre français.

1261. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Les écrivains qui se sont senti le don de l’observation morale ont émigré en masse vers le roman et le théâtre, pour mettre en action et en drame leur expérience.

1262. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Ses Caresses sont assurément, de tous les poèmes qu’on ait écrits, ceux où les reins jouent le rôle le plus considérable  Puis il tente le théâtre, et ce mâle nous montre une femelle, la Glu, une goule qui mange un pêcheur breton.

1263. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre quatrième »

Les farces et sotties du seizième siècle, ces origines du théâtre, sont des satires du présent dialoguées.

1264. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Les combats dont nous sommes le théâtre sont des combats de l’âme contre elle-même.

1265. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

En 1892, le procès de Ravachol, à Paris, montre, par les discussions de presse, que la majorité des intellectuels est sinon acquise, du moins sympathique à la doctrine anarchiste et l’effet s’en produit par l’ouverture en 1893, du Théâtre d’art social où les militants du parti se donnent rendez-vous pêle-mêle avec les écrivains nouveaux.

1266. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

Il se met alors à rêver d’une poésie éducatrice des foules, par le théâtre, mais dont la danse et la pantomime constitueraient les seuls moyens d’expression.

1267. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

Elle devient pour Joseph de Maistre le théâtre d’une éternelle entre-mangerie.

1268. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

Vous êtes au théâtre : on joue un drame intéressant et l’on en est à une scène capitale, la réconciliation du héros et de l’héroïne après de longs et affligeants malentendus.

1269. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Mais transportez sur le théâtre cette physiologie crue et saignante, animez-la du mouvement de la scène, de la réalité des acteurs ; multipliez son impression par la diversité des mille spectateurs qui s’en remplissent l’esprit et les yeux ; servez, pêle-mêle, les fruits de l’Arbre du bien et du mal à cette foule souvent incapable de les discerner : qui peut affirmer la moralité d’un pareil spectacle ?

1270. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Une lecture bien faite d’un beau morceau d’éloquence ou d’une pièce de théâtre est une sorte de représentation au petit pied, une réduction, à la portée de tous, de l’action oratoire ou de la déclamation dramatique, et qui, tout en les rapprochant du ton habituel, en laisse encore subsister l’effet.

1271. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

Là, sans quitter le théâtre, il rapporte ses observations, toujours fines et quelquefois profondes.

1272. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Nos trois illustres maîtres, en s’épargnant ce retour sur un théâtre où ils avaient tant donné, mais où ils avaient à terminer encore, ont fait, selon moi, comme Turenne s’il avait manqué ses deux dernières campagnes, ou comme Racine s’il s’était retranché Esther et Athalie.

1273. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

« Votre très dévouée, « *** » Et ces vers de Tahureau, nous ne les avions pas pris dans Tahureau, dont les éditions originales sont de la plus grande rareté, nous les avions pris dans le Tableau historique et critique de la poésie française et du théâtre français au xvie  siècle de Sainte-Beuve, — oui, dans ce livre couronné par l’Académie.

1274. (1912) Le vers libre pp. 5-41

Je veux bien que l’auditeur bercé par un grand discours en vers, surtout déclamé au théâtre par des gens qui disent mal, se raccroche aux rimes, pour distinguer si l’on entend des vers ou de la prose, et c’est vrai pour le vers pseudo-classique.

1275. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Ce qu’il a fait de mieux, les volumes sur Shakespeare, l’Arétin et le Théâtre espagnol, sont de ces feuilles-là.

1276. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Mais ceux d’Alfieri valent mieux que son théâtre !

1277. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Dardées par ce visage net et par cette bouche expressive, les pensées prenaient un corps, devenaient visibles, pénétraient dans l’auditeur, le domptaient, le possédaient, le livraient aux coups de théâtre, aux effets de style, aux mouvements de passion, aux surprises de méthode.

1278. (1888) Portraits de maîtres

Le théâtre des poètes a pour nous un charme incomparable. […] Elle a renouvelé le roman comme Hugo la poésie et le théâtre, et en même temps, par une exhortation incessante, sous forme fictive, rajeuni, rasséréné l’âme humaine. […] Quel besoin en effet n’aurions-nous pas, pour sortir un peu de la vie affairée et lourde du monde moderne et nous revivifier au contact de nos semblables, de ces fêtes qu’imagine Michelet, avec un théâtre populaire où ressusciteraient les héros, où la tradition nationale prendrait en quelque sorte une chair et des os pour arriver par nos yeux jusqu’à nos cœurs. […] » C’est par ces fêtes, ce théâtre populaire, cet agrandissement de la vie, que Michelet conclut au Banquet universel, c’est-à-dire au rapprochement définitif de tous les citoyens, de toutes les nations, dans l’intelligence de la justice et la communion de l’amour. […] Voilà bien les vers de théâtre, le carillon joyeux de la muse allègre, les rimes de cristal qui devraient par la bouche de Coquelin sonner sur les planches du Théâtre-Français assourdi par tant de languissantes syllabes.

1279. (1927) André Gide pp. 8-126

Il reviendra là-dessus dans le Journal des Faux monnayeurs, et s’y déclarera pour le théâtre pur, le roman pur, et la pureté en tout. Mais le théâtre pur, c’est Scribe ; le roman pur, c’est Dumas père ou Pierre Benoit ; M. l’abbé Bremond a fini par conclure que la poésie pure n’existait pas et qu’elle était impossible. […] Coup de théâtre et stupeur générale dans la classe c’est Gide qui est premier, et Louÿs seulement second.

1280. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Si la liberté du théâtre existait, nous ne verrions pas un Rouvrière obligé de jouer Hamlet devant des paysans, dans une grange, faisant sourire l’ombre du vieux Shakespeare, qui se croirait, au dix-neuvième siècle, à Londres, représentant ses pièces dans un bouge de la Cité. […] C’était bien la première fois qu’on voyait apparaître dans le roman français le peuple des campagnes, non plus comme une utilité de théâtre plus ou moins margoton, mais le peuple des campagnes occupant à lui seul toute la scène, et le drame ne tirant ses péripéties que de la vie campagnarde. Tout cela, sous les auspices du grand nom de Lélia, a certainement bien les proportions d’un événement, et au théâtre, les applaudissements du public l’ont assez prouvé. […] Supposez-vous que c’est en les mettant au régime de toutes ces nudités sans naïveté ni passion, les deux seules excuses que la nudité puisse avoir dans les arts, aussi bien que dans la vie ; au régime de ces ratatouilles au haschiche, de ces fanfreluches de théâtre, de ces spleens plus ou moins postiches qui ont si largement défrayé jusqu’ici la littérature ?

1281. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Rome est un échafaud public, une scène, un théâtre où se voit le jeu de la fortune, où chacun, malgré sa prudence, se montre à la fin tel qu’il est ; où les courtisans font l’amour et trament l’intrigue, où l’ambition et la duplicité abondent, où l’oisiveté rend le bon vicieux, où le vil faquin discourt des faits du monde. […] Jodelle allait mourir lorsque Robert Garnier prit possession de la scène et préluda au théâtre classique en France. […] Rotrou Rotrou débuta au théâtre à dix-sept ans, et peu après, il obtint un grand succès avec sa seconde pièce, La Bague de l’oubli, sujet tiré de Lope de Vega. […] Maurice Albert a publié un livre intitulé : Les Théâtres du boulevard de 1789 à 1848. […] Ainsi, nous savons à présent toute sorte de choses sur l’histoire du pré-romantisme au théâtre, sur les origines du drame romantique.

1282. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Son teint est d’une délicatesse et d’une fraîcheur bien rares : on dirait une rose thé qui vient de s’ouvrir… » C’est ainsi qu’elle est dans la vie réelle ; mais lorsqu’il la voit au théâtre, dans l’éblouissement des lumières, incarnant les types rêvés, il prend la lyre pour la chanter : « Comme elle vole, comme elle s’élève, comme elle plane ! […] Louis de Cormenin, le parrain de ma sœur, venait souvent nous chercher, et nous conduisait au théâtre de Séraphin, ou bien nous promenait en voiture ; mais, à moi, campagnarde, puis recluse, la voiture ne me plaisait guère, je n’y étais pas très rassurée et je vois encore le regard de surprise et de dédain suprême, que ma sœur, Parisienne déjà blasée, laissa tomber sur moi, un jour où j’avais peur d’un cheval, que je trouvais trop grand, et qui se cabrait ! […] L’auteur de Mademoiselle de Maupin n’était probablement pas en odeur de sainteté ; de plus, ma mère chantait au théâtre ; ma tante dansait ; Julia Grisi était ma cousine ; tout cela m’entourait d’une atmosphère particulière, qui avait, pour les unes, l’attrait du fruit défendu et inspirait aux autres la réprobation et l’horreur. […] Ma sœur et moi, nous savions très bien remplir les heures et la journée agréablement, à ne rien faire, quand Marianne ne nous emmenait pas jouer devant le théâtre du Gymnase, avec des camarades de rencontre. […] Ils évitaient, cependant, de se faire part de leurs impressions, quand ils se rencontraient au théâtre.

1283. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Et, par exemple, en voyant Voltaire jouer de sa personne la tragédie à Lausanne où il était en ces années, et tout en convenant que sa déclamation était plus emphatique que naturelle, Gibbon sentit se fortifier son goût pour le théâtre français : « et ce goût, confesse-t-il, a peut-être affaibli mon idolâtrie pour le génie gigantesque de Shakespeare, laquelle nous est inculquée dès l’enfance comme le premier devoir d’un Anglais ».

1284. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Car des quatre grands hommes, c’était Molière surtout qui aimait à le consulter non seulement dans ses ennuis de cœur, mais dans ses embarras de directeur de théâtre (deux sortes de peines qui se mêlaient en lui volontiers) : il avait dans sa troupe trois principales actrices entre lesquelles il s’agissait de distribuer les rôles et dont il importait de mener à bien les rivalités ; et Chapelle, de la campagne, lui écrivait : Il faut être à Paris pour en résoudre ensemble, et, tâchant de faire réussir l’application de vos rôles à leur caractère, remédier à ce démêlé qui vous donne tant de peine.

1285. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

On voit qu’il est en garde contre le xviiie  siècle de la France et qu’il s’en méfie : « Point de ces livres, scandale des tablettes, où d’impudents sensualistes se produisent eux-mêmes » ; point de ces livres non plus où le théâtre offre de trop près le vice qu’il croit guérir ; point de Voltaire, il le dit expressément, en le désignant comme « celui qui a bâti à Dieu une église et qui a raillé son nom. » Dans sa définition de ce qu’il veut qu’on évite et de ce qu’il conseille en fait de lecture, Cowper a des paroles qui sont encore à recueillir aujourd’hui : Une vie de dérèglement et de mollesse, dit-il, donne à l’âme un moule puéril, et, en le polissant, pervertit le goût.

1286. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Il ne crut point non plus devoir se rendre de sa personne à Soleure pour y lutter d’intrigue et d’argent, et travailler à faire casser le décret : « La chose était possible, dit-il ; mais, indépendamment de ce que je trouvais le théâtre un peu petit pour me donner la peine d’y préparer cette scène, elle m’aurait demandé du temps que je ne pouvais prendre qu’au détriment de ma machine militaire qui commençait à se monter, et qui voulait ma présence pour tendre à sa perfection. » Après avoir écrit une lettre de soumission respectueuse, il s’en remit donc au cours naturel des choses.

1287. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Scribe, quand il faisait une coupure dans ses pièces de théâtre, et pour s’y encourager, disait : « Tout ce qu’on coupe, il n’y a pas de danger qu’on le siffle. » Mais on ne l’applaudit pas non plus.

1288. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Andrieux, dont on vient de publier les Œuvres, est un élève de Voltaire, ingénieux, spirituel et sans force ; tel il s’est toujours montré dans ses comédies, dont une seule est restée au théâtre, les Étourdis et dans ses poésies légères.

1289. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Sur un moindre théâtre, il se montra un aussi grand politique que lui, moins honnête parce qu’il était plus faible.

1290. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Après avoir été l’un des beaux du Directoire, il est encore un type d’élégance et de distinction ; exclusif dans les relations du monde, il ne fréquente guère cependant que les femmes de théâtre : aussi dans les salons a-t-il une réputation de cynisme, et les vérités hardies qu’il lance parfois dans la conversation sont traitées de paradoxes.

1291. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Il a excellé à nous rendre le théâtre anglais du xvie  siècle, cette scène et cet auditoire tumultueux, mélangés, faits l’un pour l’autre, cette pléiade de vigoureux dramaturges dont Shakespeare n’a été que le plus grand et qui compte les Marlowe, les Massinger, les Ford, les Webster et autres.

1292. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Elle avait été liée d’assez bonne heure avec Linguet, le maître de Mallet, et avec bien des Genevois de sa connaissance ; il l’avait vue à Paris à l’œuvre, sur le théâtre de l’action, et il eût été curieux de l’entendre motiver ce jugement si plein, mais trop sommaire.

1293. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Et puis toutes les grandes dames de ce temps, les plus honnêtes et les plus vertueuses, avaient dans leur bibliothèque ces livres en vogue, ces romans à la mode qui nous paraissent aujourd’hui scandaleux et qui alors ne produisaient pas cet effet. » — De son côté, le bibliophile Paul Lacroix, qui a publié le catalogue des livres du Petit-Trianon, et qui a mis en tête une préface sous forme de lettre adressée à Jules Janin, ne dit pas autre chose : « Car pour être reine, on n’en est pas moins femme, et les femmes, avant la Révolution, ne lisaient guère que des romans, des poésies et des pièces de théâtre. » Si tout le monde est à peu près d’accord, on se demande pourquoi donc tout ce bruit et cette querelle.

1294. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

c’est ce que chacun bientôt se répéta et qui retentit en tous lieux et tout d’un cri comme dans un écho ; c’est ce que Bonfflers et Catinat lui-même, dans leurs lettres à Louvois, ne purent s’empêcher de relever avec admiration comme pour un coup de théâtre où ils avaient joué leur rôle sans en sentir d’abord tout l’étonnant et toute la grandeur.

1295. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Elles assiègent la fortune à la sape, quand les hommes d’un vrai mérite perdent la leur par des orages ; et s’il arrive que quelques-uns de ces grands seigneurs se fassent une réputation d’application et de bons mots, on les charge d’affaires, et on en fait les premiers personnages du théâtre.

1296. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

Michelet, qu’admirent MM. de Goncourt, et qui le leur rend, a très-bien dit dans son œuvre récente114 : « Cherchons le cœur du xviiie  siècle, il est double : Voltaire, Diderot. » Pour moi, je ne considérerai la moyenne des esprits comme tout à fait émancipée en France et la raison comme bien assise, même à Paris, que lorsque Voltaire aura sa statue, non pas dans le vestibule ou dans le foyer d’un théâtre, mais en pleine place publique, au soleil.

1297. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Les véhémences et les splendeurs de ce talent, il les a autant que jamais et au même degré ; son théâtre oratoire lui manquant, il les a retrouvés et ressaisis par sa plume ; il les applique diversement et avec une vigueur égale dans ses grands morceaux de considérations politiques et dans ses livres.

1298. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

Il laisse transpirer, plutôt qu’il ne le témoigne, son mépris intérieur contre un peuple assez vil pour regretter son tyran : « La vile multitude, dit-il, celle qui assiège le cirque et les théâtres gratuits, et la lie des esclaves, et tous ceux qui, ayant dévoré leur patrimoine, vivaient des honteuses munificences de Néron, se montraient tristes et avides de nouvelles.

1299. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Je ne suis rien ; un si petit intervalle n’est pas capable de me distinguer du néant ; on ne m’a envoyé que pour faire nombre, encore n’avait-on que faire de moi, et la pièce n’en aurait pas moins été jouée, quand je serais demeuré derrière le théâtre.

1300. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Reliquaire (1866) ; Intimités (1868) ; la Grève des forgerons (1869) ; les Humbles (1872) ; Promenades et intérieurs (1872) ; Poésies (1879) ; Contes en vers (1881 et 1887) ; dans le théâtre de M. 

1301. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Je sais bien que l’optique de la chaire, dans une aussi vaste basilique, exige, comme l’optique du théâtre, une sorte de grossissement ; mais la mesure me paraît quelquefois dépassée.

1302. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Il était du petit nombre de ces oisifs parisiens qui retiennent des spectacles multiples auxquels les convie la mode, de ce long et ininterrompu défilé de tableaux, de statues, de morceaux de musique, de pièces de théâtre, de cérémonies et de fêtes, des couleurs, des sons, voire des idées, qu’ils cataloguent, au fur et à mesure, dans leur mémoire et dont l’ensemble constitue pour eux une mine féconde, inépuisable d’impressions et de souvenirs, lesquels, habilement mis en œuvre et adaptés aux exigences du moment, leur fournissent toujours à propos le thème inutilement cherché par tant d’autres… III Il y a apparence, après tout cela, que vous ne rencontrerez ici ni les grandes passions, ni les héroïsmes, ni les crimes, ni le romanesque tour à tour délicieux et tragique des romans de M. 

1303. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Il a dépouillé ses oripeaux de théâtre, il s’est regardé dans sa nudité risible et, avec sous les yeux ce modèle excellent, il a tracé, d’un pinceau exact jusqu’à la caricature, des âmes basses, des prétentions têtues, des conceptions étroites.

1304. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Pourvu que l’avocat vibre, les bons boutiquiers qui sont venus au Palais un peu comme à un devoir et un peu comme à un plaisir ; un peu comme à leur boutique, mais un peu comme au théâtre ; disposés sans doute à défendre la chère société faite à leur ignoble ressemblance, mais prêts aussi à applaudir l’acteur habile, oublient un instant leur morale utilitaire, se laissent entraîner à l’ivresse romantique.

1305. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

On s’étonnait un jour que Geoffroy pût revenir à diverses reprises et faire tant d’articles sur la même pièce de théâtre.

1306. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Est-ce un acteur encore en scène, qui continue avec hauteur et dignité un rôle de théâtre ?

1307. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Je ne sais pourtant s’il voudrait changer de méthode et de procédé, même sur un plus vaste théâtre.

1308. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Dans le Cours de littérature, c’est le xviiie  siècle surtout qui a été le théâtre et comme l’arène des luttes et des combats de La Harpe lorsqu’il se convertit un jour et qu’il se retourna contre lui-même.

1309. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Émile Augier ont formé une sorte d’école ou l’élégie grecque et latine est venue s’essayer et faire épisode au théâtre.

1310. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Devenue veuve une seconde fois, et sans enfants, il ne semblait pas que ses qualités bien appréciées de ses amis dussent s’exercer sur un plus vaste théâtre que celui d’une brillante société, lorsqu’une nécessité imprévue vint la produire.

1311. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Mme des Ursins, entière et franche dans son rôle, accueille tout ce qui se présente sur ce théâtre du grand monde et de la Cour, et y fait son discernement : pour pénétrer jusqu’à Mme de Maintenon, il faut être déjà du sanctuaire.

1312. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Il eut une dernière jouissance d’amour-propre, lorsque, le Théâtre-Français ayant repris son drame de La Mère coupable qu’il avait fait en 1791, il se vit appelé à grands cris et entraîné sur le théâtre, où il lui fallut paraître entre Molé, Fleury et Mlle Contat.

1313. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Le thème de Hugo avec le directeur de théâtre était simple.

1314. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

Cette immense Seine, sur laquelle les mâts des bateaux, qu’on ne voit pas, passent comme dans un fond de théâtre ; ces grands arbres aux formes tourmentées par les vents de la mer ; ce parc en espalier ; cette longue allée-terrasse en plein midi, cette allée péripatéticienne, en font un vrai logis d’homme de lettres — le logis de Flaubert, après avoir été au xviiie  siècle, la maison conventuelle d’une société de Bénédictins.

1315. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

C’est pour se débarrasser d’eux qu’il organisa au bénéfice de Paul Verlaine, dit-il, la représentation du Théâtre d’Art, en réalité pour se tailler un triomphe facile et humilier ces derniers en ne leur donnant au programme qu’une place dérisoire.

1316. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

Quant à Clive et Hastings, les faits y sont et y roulent, exagérés comme le théâtre indien sur lequel ils se produisent avec la grandeur qui leur est propre, mais nous ne voyons ni se bomber ni se creuser ces deux individualités énormes, Clive et Hastings, que l’on peut montrer de deux manières : par le relief ou par l’intaille, selon qu’on est un artiste ou un penseur !

1317. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

., et confessez qu’il y a là une somme de comique à défrayer une pièce de théâtre, et souhaitons même que L’Ivrogne, qui sera le prochain drame de Baudelaire, soit aussi gai, sous couleur noire, que ses Paradis artificiels.

1318. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Elle est le théâtre, et non le principe des phénomènes qu’elle manifeste.

1319. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

Vainement, poëte de théâtre et de cour, Voltaire prétendait-il à la palme de l’opéra.

1320. (1886) Le roman russe pp. -351

On le vit un jour, à Moscou, en plein théâtre, dans un accès de jalousie, mordre à l’épaule la femme du gouverneur général, la comtesse Z…, dont il était alors occupé. […] Le premier n’a laissé qu’une comédie, mais cette comédie est le chef-d’œuvre du théâtre russe et l’une des plus fortes œuvres du théâtre universel. […] Il se croyait un grand talent d’acteur, il offrit ses services à la direction des théâtres ; on ne lui trouva pas assez de voix. […] Quand on étudie le théâtre russe, il est facile de deviner pourquoi cette forme de l’art est bien moins développée que les autres. […] L’aveu est fondé : cette voix contenue et nuancée, si éloquente dans l’intimité du livre, n’était pas faite pour les sonorités du théâtre.

1321. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Il possède, à son service, le temps nécessaire à ces préparations dont Dumas fils disait qu’elles sont la moitié de l’art du théâtre. […] Toute l’histoire de la poésie, du théâtre et du roman depuis cent ans n’est qu’une oscillation entre ces deux termes qui semblent bien s’exclure l’un l’autre, car si vous imaginez la vie dans son mouvement et dans sa couleur, vous ne la comprenez pas, et si vous la comprenez, vous ne l’imaginez pas. […] Il lui reprochait un style trop écrit, une facture dans le récit trop différente de la sensibilité des gens mis en scène. « Cela empêche l’atmosphère. » Cette formule m’est restée, comme aussi l’illuminisme qui passait dans ces yeux clairs et sur ce large visage pour prophétiser au roman un avenir illimité. « Il absorbera tout », disait-il. « Ce sera lui le vrai théâtre, la vraie poésie, le véritable essai, la véritable histoire. » Cette conversation m’est revenue à l’esprit en fermant le nouveau volume de M.  […] Qu’aurait-il dit, s’il avait suivi cette carrière, de coups de théâtre et « d’effets » sensationnels, cette représentation perpétuelle et sans cesse en quête de costumes, de décors, de gestes nouveaux. […] Par la lecture, par la conversation, par le théâtre, par les examens, par tous les plaisirs et tous les devoirs de leur jeunesse amusée ou studieuse, beaucoup de ces soldats s’étaient accoutumés à s’étudier, à s’analyser constamment.

1322. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Écritures folles ou ingénieuses, dessins charmants ou caricatures échevelées, peinture à l’aquarelle ou à la colle, maquettes de tout genre, études de fleurs d’après nature, à la lampe, croquis de chic ou souvenirs de la promenade du matin, préparations entomologiques, cartonnage, copie de musique, prose épistolaire de l’un, vers burlesques de l’autre, amas de laines et de soies de toutes couleurs pour la broderie, appliques de décors pour un théâtre de marionnettes, costumes ad hoc, parties d’échecs ou de piquet, que sais-je ? […] Il y a presque toutes les qualités d’un drame propre à la représentation scénique, et on conçoit qu’en donnant moins d’extension au monologue, et en ne faisant du sabbat qu’une scène de ballet, les théâtres aient pu s’en emparer.

1323. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Considérez ces trois avenues qui se réunissent sur la grande place, larges de quarante toises, longues de quatre cents, et qui n’étaient point trop vastes pour la multitude, le déploiement, la vitesse vertigineuse des escortes lancées à fond de train et des carrosses courant « à tombeau ouvert144 » ; voyez, en face du château, les deux écuries, avec leurs grilles de trente-deux toises, ayant coûté, en 1682, trois millions, c’est-à-dire quinze millions d’aujourd’hui, si amples et si belles que, sous Louis XIV lui-même, on en faisait tantôt un champ de cavalcades pour les princes, tantôt une salle de théâtre, et tantôt un salle de bal ; suivez alors du regard le développement de la gigantesque place demi-circulaire, qui, de grille en grille et de cour en cour, va montant et se resserrant, d’abord entre les hôtels des ministres, puis entre les deux ailes colossales, pour s’achever par le fastueux encadrement de la Cour de Marbre, où les pilastres, les statues, les frontons, les ornements multipliés et amoncelés d’étage en étage portent jusque dans le ciel la raideur majestueuse de leurs lignes et l’étalage surchargé de leur décor. […] Le repas qu’il a donné à Versailles au premier conseil qu’il a tenu a coûté 6 000 livres, et il lui faut toujours à Versailles et à Paris une table d’environ vingt couverts »  À Chambord207 le maréchal de Saxe a tous les jours deux tables, l’une de 60, l’autre de 80 couverts, 400 chevaux dans ses écuries, une liste civile de plus de 100 000 écus, un régiment de hulans pour sa garde, un théâtre qui a coûté plus de 600 000 livres, et la vie qu’il mène ou qu’on mène autour de lui ressemble à une bacchanale de Rubens  Quant aux gouverneurs généraux ou particuliers en province, on a vu que, lorsqu’ils y résident, ils n’ont d’autre emploi que de recevoir ; à côté d’eux, l’intendant qui fait seul les affaires, reçoit aussi et magnifiquement, surtout dans les pays d’États.

1324. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Laputa est le théâtre décourageant et ridicule de nos sciences, de nos inventions, de nos efforts pour rendre le séjour de la terre plus supportable, et abaisse les plus nobles occupations de l’esprit humain. […] Ce que Lucrèce appelle les Postscenia vitæ, voilà le théâtre où Swift nous conduit et nous enferme, et la vue prolongée de cette moitié de la réalité nous remplit d’horreur et de pitié sur nous-mêmes.

1325. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

En vain m’objectera-t-on les honneurs rendus à Corneille, qui avait, dit-on, sa place au théâtre, et qui était salué dès qu’il se montrait, par toute l’assemblée ; je réponds ou que ce fait est exagéré, ou qu’on faisait acquitter à ce grand homme dans le particulier la préférence que la nation lui accordait en public. […] Il est à désirer encore que ceux de nos écrivains qui entreprennent, soit dans une pièce de théâtre, soit dans un autre ouvrage, la peinture de leur siècle, ne se bornent pas à en emprunter le jargon.

1326. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

. — Dans Le Drame de la jeunesse, où il reprit l’idée d’Aimée (l’influence des livres et du théâtre sur la pensée et la moralité modernes, l’altération du naturel par les réminiscences littéraires, la pose, la comédie éternelle jouée entre nous et Dieu, et qui nous empêche d’avoir l’originalité même de nos vices et de nos douleurs), il poussa au comble du suraigu cette ironie15 qui est le caractère de son esprit et le symptôme de sa force, et qui pourrait faire de Paul Féval, s’il la développait dans des sujets de cœur, un romancier d’un comique amer de la plus poignante originalité. […] Mis rondement à la porte, avec neuf livres dans sa poche, par son oncle, monsieur Polduc Le Bihan, sur lequel je reviendrai, le chevalier de Kéramour, qui n’a que sa beauté et sa bravoure, — un vrai chevalier des Contes de fées, — trouve sur la route devers Paris un pauvre diable de pendu dans une forêt, et il a l’idée de faire une bague avec quelques fils de sa corde, entrelacés aux cheveux de sa cousine Vivette ; et c’est alors que commence de se dérouler le ruban bariolé de ses aventures, qui vont, jusqu’à la fin du livre, de surprises en surprises, comme on les entend et comme on les pratique au théâtre, où l’on marche d’ordinaire, comme sur un tapis, sur toutes les invraisemblances et toutes les impossibilités.

1327. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Ce sera là sa plainte continuelle pendant sa faveur, et son excuse après la chute ; car, même quand il fut entré au ministère, il se trouva constamment contrarié par ceux ou, pour mieux dire, par celle qui ne voulait de lui que comme instrument : « On m’a fait danser sur un grand théâtre avec des fers aux pieds et aux mains.

1328. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Mais le lieu commun est grandement traité ; il y est même rehaussé vers la fin ; et, allant au-delà d’Horace, Maynard, pour détacher son ami des ambitions périssables, montre que ce ne sont pas seulement les hommes, ni les cités, ni les empires qui doivent finir ; ce ne sont là que de petits débris : ce ciel physique lui-même, ce théâtre de tant de splendeurs, dit-il, finira, et il aura son jour de ruine :             Le grand astre qui l’embellit             Fera sa tombe de son lit.

1329. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

. — « L’homme, a dit admirablement Cowper dans un de ses meilleurs poèmes, est une harpe dont les cordes échappent à la vue, chacune rendant son harmonie lorsqu’elles sont bien disposées ; mais que la clef se retourne (ce que Dieu, s’il le veut, peut faire en un moment), dix mille milliers de cordes à la fois se relâchent, et jusqu’à ce qu’il les accorde de nouveau, elles ont perdu toute leur puissance et leur emploi. » La convalescence se soutenant, Cowper résolut de changer tout son train de vie, et renonçant pour jamais à Londres qu’il appelait le théâtre de ses abominations, et qui l’était plutôt de ses légèretés, il chargea son frère de lui trouver une retraite de campagne dans quelque petite ville, non éloignée de Cambridge.

1330. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Le prince embellissait ses jardins, y créait des accidents heureux, y fondait des monuments commémoratifs avec des inscriptions longuement méditées pour les guerriers qui lui étaient chers ; il dessinait, peignait quelquefois, s’amusait à faire des vers, à écrire des pièces de théâtre qu’on jouait devant lui, ou inspirait les motifs de leurs opéras les plus applaudis aux compositeurs de sa petite cour.

1331. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

C’était le théâtre auquel il aspirait le plus et où son ambition allait trouver tout son emploi ; car c’est là que se portaient les grands coups et que se jouait le sort du royaume.

1332. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

qu’avait Marolles d’être seul de son bord et d’aller toujours, d’être le maître et l’écolier de son école unique, le licencié et le docteur de sa propre université, et de s’applaudir tout seul et souriant dans son théâtre vide : Vacuo laetus sessor plausorque theatro.

1333. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

M. de Pontmartin a bien soin, en passant, de nous faire remarquer que c’est là un marquis véritable et comme on n’en rencontre pas au théâtre et dans les romans du jour.

1334. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Il avait le Temple pour son Palais-Royal et son Louvre, l’Ile-Adam pour son Chantilly, le Parlement pour théâtre d’influence et foyer de demi-opposition ; chez lui, au Temple ou à l’hôtel de Conti, homme d’esprit et de plaisir, il avait l’abbé Prévost pour aumônier (in partibus), Le Brun-Pindare pour poète, Mme de Boufflers pour amie, et toutes les femmes pour maîtresses.

1335. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Je laisse les souvenirs de Rouen comme trop lointains et trop vagues ; mais, depuis sa translation au siège de Paris, depuis qu’il avait changé de théâtre, comme il lui était échappé un jour de le dire, il n’avait pas changé de jeu, et les chansons n’avaient cessé de pleuvoir : À Paris comme à Rouen, il fait tout ce qu’il défend ; et bien d’autres refrains qu’il faut chercher dans le Recueil de Maurepas et qu’on ne peut redire.

1336. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

La lettre de réponse de Sismondi, à ce sujet, contient une page de critique excellente, et d’où il résulte qu’il ne faut pas juger le théâtre d’une nation avec la poétique d’une autre.

1337. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Ainsi il a fait à El-Aghouat, ainsi à Aïn-Mahdy : et du haut de cette station dominante, promenant partout le regard, pensant aussi aux luttes sanglantes dont ces villes ignorées furent le théâtre, à ces sièges qu’elles soutinrent, et aux scènes humaines émouvantes qui durent se passer autour de ces murailles, il dira : « De ma terrasse, en m’accoudant sur un mur crénelé qui fait partie du rempart, j’embrasse une grande moitié de l’oasis et toute la plaine, depuis le sud où le ciel enflammé vibre sous la réverbération lointaine du désert, jusqu’au Nord-Ouest où la plaine aride, brûlée, couleur de cendre chaude, se relève insensiblement vers les montages.

1338. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

La patrie suisse exceptée, le pays d’ailleurs et le théâtre n’y font rien ; la belle école (comme il la conçoit), l’école de la grande guerre, est partout où il y a des capitaines capables de la comprendre et de la pratiquer. — C’est trop d’indifférence, dira-t-on. — J’exprime le fait sans blâmer ni approuver.

1339. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Je vous remercie, monsieur, de ne m’avoir pas oubliée pour ces places de théâtre ; mais ce que je désire le plus, c’est de vous voir.

1340. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Harel, directeur de la Porte-Saint-Martin, qui exprima le regret de ne pouvoir l’adaptera son théâtre.

1341. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

. — La nuance est plus aisément saisie au théâtre où toutes choses sont grossies.

1342. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Par suite, une juste proportion entre l’histoire et la réalité qu’elle veut retracer exige qu’on mette en pleine lumière la tragicomédie dont l’apparition est devenue une date du théâtre français en laissant dans la pénombre ses deux sœurs mal nées.

1343. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

Elle fondait la Cité, inaugurait le Théâtre, inventait l’art, la science, la philosophie, l’éloquence : la fraîche aurore de son génie éclairait le monde.

1344. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Son oncle et son parrain, Thomas Corneille, dirigea ses premiers pas dans les journaux d’alors (le Mercure galant) et au théâtre.

1345. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

Dans un Discours sur la théorie de la terre, il cherchait à déterminer au préalable la structure et le mode de formation de ce globe terrestre, théâtre de la vie des animaux et de la végétation des plantes ; il cherchait, d’après les grands faits géologiques alors connus, à en fixer les révolutions successives dès l’origine jusqu’à son état de consistance et de composition actuelle.

1346. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Lorsqu’il envoya un exemplaire de son ode au grand tragédien Le Kain, il lui disait : Quelle sensation n’eût point faite cette ode où parle l’Ombre de Corneille, si vous l’eussiez lue sur le théâtre après Cinna ou Les Horaces !

1347. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Je sais, Dieu merci, me gouverner et sais davantage comme ceux qui sont sous moi se doivent gouverner… Je trouve bon que vous m’avertissiez des désordres qui sont en mon diocèse ; mais il est besoin de le faire plus froidement, n’y ayant point de doute que la chaleur piquerait, en ce temps-ci, ceux qui ont le sang chaud comme moi, s’ils n’avaient quelques moyens de s’en garantir… Le théâtre est bien étroit encore ; Richelieu, au-dehors et dans ses relations avec le monde, est obligé à bien des civilités, à bien des révérences envers les puissants du jour, et à bien des souplesses.

1348. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Les premiers essais littéraires de Grimm furent en allemand : il fit une tragédie qui a été recueillie dans le théâtre allemand de ce temps-là.

1349. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

et quel théâtre encore que celui-ci, pour une semblable entreprise !

1350. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

L’Assommoir et Nana présentent en des pages connues tout le monde des ouvriers, tout le monde des filles et des petits théâtres.

1351. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Il n’était pas, comme eux, un calculateur d’effets et de mots préparés comme des coups de théâtre.

1352. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

C’était au théâtre des Variétés, il y a quelques années.

1353. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Le puritain condamne le théâtre, les assemblées et les pompes du monde, la galanterie et l’élégance de la cour, les fêtes poétiques et symboliques des campagnes, les mai, les joyeuses bombances, les sonneries de cloches, toutes les issues par lesquelles la nature sensuelle ou instinctive avait cherché à s’échapper. […] Des lois violentes furent portées contre les paris, la galanterie fut taxée de crime, les théâtres furent démolis, les spectateurs mis à l’amende, les acteurs fouettés à la queue de la charrette, l’adultère puni de mort : pour mieux frapper le vice, ils persécutaient le plaisir. […] Voir le théâtre de Beaumont et Fletcher, les personnages de Bawder, Protalyce et Brunehaut dans Thierry et Théodoret. —  Dans The custom of the country, plusieurs scènes représentent l’intérieur d’une maison de prostitution, chose fréquente du reste dans ce théâtre (Massinger, Shakspeare).

1354. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Cette colline est une vraie colline, d’où le poète revoit à ses pieds le théâtre de sa jeunesse ; mais c’est en même temps le sommet de l’âge mûr, l’arête qui sépare les deux versants de la vie, et cela, sans que ces correspondances soient formellement énoncées […] Sardou a été plusieurs fois, au théâtre, le roi de l’angoisse et de la torture. […] (Il serait facile de noter, en passant, plus d’une ressemblance entre la civilisation de Balbeck et celle de Carthage.) — Mais le fait est que, je ne sais comment, l’aventure horrifique d’Isnel et d’Ichmé ne nous émeut guère ; pas plus que ne nous émeuvent les autres atrocités qui s’étalent dans la dernière partie de la Chute d’un ange, et pas plus que ne parviennent à nous intéresser  je veux dire à nous paraître vivants  Nemphed, Arasfiel, Sérandyb, ces monstres de méchanceté que le poète innocent peine tant à nous décrire  Et j’avoue sans doute que la petite pièce jouée devant les tyrans-dieux par des tragédiens sans le savoir n’est point un proverbe de paravent, et que ce mélodrame sommaire, corsé d’une boucherie de cirque, est même un spécimen assez plausible de ce que deviendrait le théâtre dans une société en proie, si je puis dire, à l’extrême civilisation industrielle et matérialiste. […] ces jeux d’arène, ce drame brutal, ces tableaux vivants et ces exhibitions toutes crues, je crains bien que notre théâtre ne s’y achemine tous les jours… Mais, je le répète, les cruautés lamartiniennes ne nous hérissent pas plus que les luxures lamartiniennes ne nous avaient troublés.

1355. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Avec quelle assurance aurions-nous marché sur ce théâtre sanglant où la liberté de l’univers est représentée expirante sous le glaive d’un parjure citoyen ? […] Ce nom, qui devait être bientôt répété de toutes les bouches, ce nom gravé dans tous les cœurs, était rayé de tous les écrits, biffé de tous les livres, supprimé par tous les censeurs de l’imprimerie, interdit sur tous les théâtres : le prononcer attirait les disgrâces, l’exil, ou les fers. […] De même l’auteur de la Divine Comédie est l’architecte qui sut bâtir l’immense théâtre, orné du relief de tant de figures chimériques, où l’auteur du Paradis perdu sut faire jouer hardiment une action principale entre les puissances des anges et des démons. […] « Viens ; dans ce grand sujet, plus digne encor de toi, « Un théâtre plus vaste est ouvert devant moi. […] Il franchit les distances à volonté, et s’ouvre toutes les régions où peut pénétrer la pensée : l’univers est son théâtre, et la durée du temps dont il est maître n’a d’autre limite que celle de son choix.

1356. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Tous les ans on voyait croître le nombre des tavernes, des théâtres, des salles où l’on fumait, où l’on jouait, où l’on donnait des combats d’ours. […] Cachée dans le dauphin, une troupe de musiciens chante avec le chœur des divinités marines les louanges de la puissante, de la belle, de la chaste reine d’Angleterre. —  Vous voyez que la comédie n’est pas seulement au théâtre ; les grands et la reine elle-même deviennent acteurs. […] Les mœurs populaires ; — Pageants. —  Théâtres. —  Fêtes de village. —  Expansion païenne. […] Ce qui avait frappé les hommes au sortir de l’oppression ecclésiastique et de l’ascétisme monacal, c’était l’idée païenne de la vie naturelle et librement épanouie ; ils avaient retrouvé la nature enfouie derrière la scolastique, et ils l’avaient exprimée dans des poëmes et des peintures, par de superbes corps florissants en Italie, par des âmes véhémentes et abandonnées en Angleterre, avec une telle divination de ses lois, de ses instincts et de ses formes, qu’on pouvait tirer de leurs tableaux et de leur théâtre une théorie complète de l’âme et du corps. […] Puis viennent des nouvelles de mariages, mascarades, fêtes, jubilés, ambassades, joutes et tournois, trophées, triomphes, galas, jeux, pièces de théâtre.

1357. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Quand les circonstances m’ont poussé comme malgré moi sur le grand théâtre, les lettres ont fait dire à tout le monde : « Au moins celui-là sait lire et écrire.

1358. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

On n’en était pas là encore ; on était à l’affût de ses fautes, qui ne se faisaient jamais attendre ; on n’eût pas été fâché de voir qu’il baissât de talent et d’esprit, et à tout hasard on s’empressait de le dire ; l’ouvrage peu agréable intitulé : Annales de l’empire offrait un prétexte, et à ce propos d’Argenson écrivait (juillet 1754) : L’on m’avait dit qu’il paraissait fort baissé dans cet ouvrage, et véritablement il devrait l’être, Voltaire ayant soixante ans et son corps ayant été le théâtre de tant d’agitations.

1359. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Mécène n’a pas plus directement conseillé à Virgile d’entreprendre ses Géorgiques après les guerres civiles que Henri IV n’a inspiré Olivier de Serres, et ne l’a incité à donner son excellent, et plantureux ouvrage, le Théâtre de l’agriculture et ménage des champs.

1360. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Au restaurant comme à la promenade, au théâtre, partout enfin, je trouvais mon Allemand (il était de Hambourg) me faisant force politesses, il était même parvenu à engager la conversation en me parlant de l’un de mes frères établi à Bordeaux.

1361. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Qu’on ne lui oppose plus Gros, l’épique et le grandiose, avec ses deux ou trois héroïques figures militaires ; le théâtre comme la tactique a changé.

1362. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Ce n’est pas impunément qu’on se trouve sur le théâtre de si grands événements ; ce qui doit élever l’âme ne perd pas à être vu de près, et ce petit village en ruines parle bien plus au cœur que ces grandes Pyramides, qui n’étonnent que les yeux. ».

1363. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Baour mêmement ; il croyait au quatrain du marquis de Saint-Aulaire, à la jeunesse des ingénuités du théâtre, aux conversions de M. 

1364. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Mais le soir au théâtre, le rencontrant et l’allant saluer dans sa loge, il n’y resta qu’un instant et parut vouloir sortir ; le maréchal lui demandant pourquoi il partait si tôt : « J’ai mon rapport à faire et à envoyer cette nuit même à Paris », répondit Jean-Bon.

1365. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Je sais qu’il y a des personnes qui trouvent cela théâtral ; mais, en vérité, il me semble que l’échafaud est bien réellement un théâtre aussi ; elle ne l’avait pas choisi, il lui échut par le sort ; elle y parut comme il sied, et y joua son personnage d’une manière à la fois aisée, courageuse et supérieure, décente et digne.

1366. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Tout rempli des projets de conquête qu’on lui préparait sur ce prochain théâtre, le roi s’en remettait à Catinat de tout ce qui était à faire dans la guerre restreinte qu’il désirait à cette autre frontière.

1367. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Il aurait voulu l’être en réalité, sur un si lointain théâtre que ce fût, pour donner carrière à sa forte et libre nature sans gêne aucune, sans assujettissement ni subordination à la volonté ou à la dignité d’autrui.

1368. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Maiouet, dans cette affaire et pour cette petite pièce montée à loisir, ne sut donc point se placer au vrai point de vue du public et du théâtre.

1369. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

Je vous ai appelé près de moi parce que vous avez écrit les campagnes de Frédéric le Grand, que vous connaissez son armée, et que vous avez bien étudié le théâtre de la guerre.

1370. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Il fut ensuite à Paris, s’y laissa aller, bien qu’avec décence, à l’entraînement des amitiés et de la jeunesse, distrait de ses principes, obscurci dans ses croyances, jamais impie ni raisonneur systématique ; versifiant beaucoup dès lors, jusque dans ses lettres familières, songeant à la gloire poétique, à celle du théâtre en particulier ; d’ailleurs assez mécontent du sort et trouvant mal de quoi satisfaire à ses goûts innés de noble aisance et de grandeur.

1371. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Elle était déjà très-consolée ; elle revoyait peu à peu le monde, recommençait à danser cette danse du schall qu’elle dansait si bien, et ressongeait à Paris, son vrai théâtre.

1372. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

V « Ainsi mourut en scène devant le peuple cet homme pour qui l’échafaud était encore un théâtre, et qui avait voulu mourir applaudi à la fin du drame tragique de sa vie, comme il l’avait été au commencement et au milieu.

1373. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Sa figure, sans être belle, était perçante ; il était impossible d’apercevoir dans un théâtre ou dans un salon cette figure de fils des preux, fière, gracieuse, accentuée, sans demander quel était ce jeune gentilhomme, et sans se souvenir de lui.

1374. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

C’est surtout au milieu des complications de la guerre malheureuse dont son diocèse est le théâtre et la victime que sa figure devient la plus touchante personnification de la charité.

1375. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Cette première variété, propre à tous les chefs-d’œuvre du dix-septième siècle, est une des beautés du théâtre de Molière104.

1376. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

À madame Gros, vous avez voulu associer dans vos récompenses mademoiselle Paula Gagny, qui a déployé sur le même théâtre, à Lyon, les ressources de l’esprit le plus fertile pour le bien.

1377. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Au sortir de là, tout averti qu’il était, il s’obstina à garder son habillement favori, à le promener en plein monde, en plein théâtre.

1378. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

On dansa sur un grand théâtre éclairé ; au milieu et au fond il y avait un trône élevé de trois marches et surmonté d’un dais : Le roi (Louis XIV) ni le prince de Galles (depuis Charles II) ne se voulurent point mettre sur ce trône ; j’y demeurai seule, de sorte que je vis à mes pieds ces deux princes et ce qu’il y avait de princesses à la Cour.

1379. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Cependant, avec une faculté d’expression vive, expansive et affectueuse, il tâtonnait, il se disposait à tenter le théâtre ; il cherchait encore sa veine, lorsque le succès inespéré de la chanson des Bœufs, faite un jour au hasard, lui ouvrit toute une perspective : J’ai deux grands bœufs dans mon étable, Deux grands bœufs blancs marqués de roux, etc.

1380. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Le roman de d’Urfé, les lettres de Balzac, le grand succès des pièces de théâtre, de celles de Corneille et des autres auteurs en vogue, la protection un peu pédantesque, mais réelle et efficace, du cardinal de Richelieu, la fondation de l’Académie française, toutes ces causes avaient développé une grande curiosité, surtout chez les femmes, qui sentaient que le moment pour elles de mettre la société à leur niveau était venu.

1381. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

À la veille de son début au théâtre, quand on allait représenter sa tragédie de Warwick (novembre 1763), il avait déjà, grâce à ses bons amis les auteurs, une réputation affreuse ; on racontait, en l’exagérant, l’histoire des couplets satiriques composés au sortir du collège : « Cette petite horreur, nous dit Collé dans son Journal, m’a déjà été confirmée par deux ou trois personnes, et je n’ai encore vu qui que ce soit qui ait contredit ou nié le fait. » Lorsque cette tragédie de Warwick, qui, malgré tout, avait fort bien réussi, fut reprise en janvier 1765, les ennemis s’arrangèrent si bien, que le cinquième acte fut hué : « Je n’ai jamais vu de ma vie, nous dit encore Collé, arriver un pareil échec à une reprise ; le contraire arrive plus ordinairement, les applaudissements redoublent au lieu de diminuer.

1382. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

On les voit errer dans les places publiques et remplir les théâtres comme s’ils n’avaient qu’à se reposer des travaux d’une longue vie.

1383. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

J’avais lu et entendu répéter que de tous les moyens d’orner l’esprit et de former le jugement, le plus efficace était de voyager : j’arrêtai le plan d’un voyage ; le théâtre me restait à choisir : je le voulais nouveau, ou du moins brillant.

1384. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

Une esthétique de lampiste de théâtre : c’est l’esthétique de Sarcey.

1385. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

Les gens simples pleurent au théâtre comme devant de véritables infortunes ; les chants guerriers soulèvent les masses ; et fort souvent cette émotion factice suffit à ceux qui l’éprouvent et leur ôte l’envie d’en éprouver de vraies de même ordre.

1386. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Ce tableau fait rire ; c’est en grand une assemblée de médecins et d’apothicaires, dignes du théâtre lorsqu’on y joue le médecin malgré lui.

1387. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Enfin, car voici le coup de théâtre final… et féminin de toutes ces petites médisances qui ressemblent à des turlututus d’un sou, il n’était pas laid, lord Byron !

1388. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Les autres pièces du recueil, celles qui paraissent moins un défi à la langue, défiée, mais comme une maîtresse qu’on adore et qu’on veut voir triompher, l’Ave Maria, si beau même après celui de lord Byron, la Petite ode aux petits oiseaux, Le Grand théâtre, la Musique, les Saisons en quatre chants, Pygmalion, les Trois crimes, Le Bain, etc., etc., moins longues sans doute, mais longues encore, sont d’une jointure d’ensemble qui ne permet d’en rien détacher.

1389. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

. — En ce temps déjà lointain, il y avait à Paris une espèce de bouffon physionomane, nommé Léclaire, qui courait les guinguettes, les caveaux et les petits théâtres.

1390. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Tissié en cite deux exemples : « B… rêve que le théâtre d’Alexandrie est en feu ; la flamme éclaire tout un quartier.

1391. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Par une étonnante contrariété que nous avons déjà remarquée, l’Allemagne proscrit de son théâtre, à l’exemple de Shakespeare, sur lequel ses drames sont formés, les unités que la Grèce, l’Italie, et la France, ont si heureusement maintenues ; tandis que son poème épique les adopte avec la plus fatigante régularité, dans un genre qui ne les commande pas, et qui laisse une grande latitude aux voyages de l’imagination. […] Son théâtre, quoique astreint aux rigoureuses unités grecques, n’en a pas moins porté les leçons pathétiques de la vertu et de la philosophie chez toutes les nations vivantes. […] Pourtant ce vaste théâtre de fictions appartient à l’épopée qui doit, sans s’y perdre jamais, voyager dans son étendue. […] Transporté sur le bâtiment de Francisque Alvarès Cabral, il traverse les mers, et descend sur le théâtre des conquêtes portugaises dans les Indes. […] Il s’attendrit à ses adversités : son esprit paraît le confident du sien, son cœur, l’ami de son cœur ; il recueille jusqu’à ses fragments d’écrits, jusqu’à ses moindres lettres où Camoëns, malade dans un hôpital, exprime son étonnement que la nature fasse du lit d’un pauvre le théâtre de tant de divers supplices.

1392. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Il réprime la licence du peuple au théâtre, et défend aux usuriers de prêter aux enfants de famille. […] Le plus détestable des tyrans a toujours un puissant parti ; et certes, ce n’était pas sans raison que Pison balança si longtemps, qu’il prit tant de précautions funestes, et qu’il s’assura d’un si grand nombre de conjurés, lui qui avait tous les jours sa victime sous ses mains, lui qui fut tenté plusieurs fois de l’immoler en plein théâtre. […] On se plaît à opposer le rôle du militaire à celui du philosophe, et l’on oublie que le premier entendit des reproches sur le vif intérêt qu’il prenait à la police du théâtre de Syracuse, tandis que les objets d’une tout autre conséquence, la guerre, la paix, les lois, les impôts et les mœurs sollicitaient inutilement son attention. […] Néron, spectateur du haut de la tour de Mécène, en habit de théâtre, chante l’embrasement de Troie. […] Si Subrius eût écouté son courage, et qu’il eût poignardé le tyran en plein théâtre, à l’aspect d’un peuple entier témoin d’un si noble forfait, comme il en avait conçu le dessein, il ne laissait rien à faire à Vindex.

1393. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

De là tant de petits employés qui sont des poètes et qui lisent leurs vers en famille et à leurs amis, en se disant qu’il ne leur a manqué que quelque loisir et une petite fortune indépendante pour être des Lamartine ; qui ont un système politique et toute une sociologie et qui gémissent de l’obscurité où ce système reste enseveli avec eux ; qui font des romans et des pièces de théâtre et poursuivent toute leur vie le rêve d’être imprimés ou d’être joués ; du reste, ponctuels à leur bureau, sinon zélés, et acceptant en maugréant, mais relativement avec patience, la vie terne que l’injuste destin leur a faite. […] La plupart au moins des idées chères au bourgeois français et des sentiments qui lui sont familiers forment l’esprit général du théâtre de Molière, et ici encore nous ne pouvons guère savoir si cet esprit général est son esprit à lui ou s’il se le donne pour plaire à son public et pour le servir selon son goût ; car, plus que tout écrivain, beaucoup plus, l’auteur dramatique a le public pour principal collaborateur et pour inspirateur essentiel ; mais encore l’esprit général du théâtre de Molière est bien celui-là. […] Encore une fois, je n’attache pas une grande importance à une observation si générale et d’ordre, pour ainsi parler, négatif ; mais enfin que Dieu, qui pouvait y tenir une place, si petite qu’elle fût et qu’elle dût être, soit absolument absent du théâtre courant de Molière, du théâtre de Molière, les deux pièces où la question religieuse est abordée mises à part ; et que tout ce théâtre courant soit dominé par la seule idée du bon sens humain se suffisant à lui-même et seul appui et seul recours : c’est une chose qui ne laisse pas d’avoir peut-être un peu de signification et qu’il fallait considérer un instant. […] C’est ainsi encore qu’à un certain moment, un peu plus tard, en 1862, on vit des préfets ultrabonapartistes protéger énergiquement ou imposer la représentation du Fils de Giboger sur les théâtres de province et y applaudir avec ostentation. […] Par habitude, les bourgeois daubent encore sur le théâtre la noblesse française ; mais cela a peu de retentissement.

1394. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Je sentais trop qu’à ce jeu de théâtre, sans autre but que des applaudissements de parterre, les légitimistes perdaient l’honneur et ne gagnaient aucune popularité sérieuse dans le fond du pays. […] Cette malheureuse prévention de poésie que je traînais dès cette époque après moi, comme un lambeau de pourpre qu’un roi de théâtre traîne en descendant de la scène dans la foule ébahie d’une place publique, me causait un immense embarras.

1395. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Un étudiant n’a pas trop de temps s’il veut connaître le répertoire de chaque théâtre, étudier les issues du labyrinthe parisien, savoir les usages, apprendre la langue et s’habituer aux plaisirs particuliers de la capitale ; fouiller les bons et les mauvais endroits, suivre les cours qui amusent, inventorier les richesses des musées. […] En venant les recevoir sur le théâtre au milieu des acclamations et des fanfares, je n’eus ni mon père ni ma mère pour me fêter, alors que le parterre était rempli par les parents de tous mes camarades.

1396. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Il s’admira rentrant chez lui, annonçant la nouvelle à ses filles, les conduisant le soir au théâtre, pour fêter cet heureux jour », etc223. […] Il rêve éveillé ; entre son rêve et ceux qu’il fait endormi, il n’y a d’autre différence que la vraisemblance ; les rêves du sommeil sont toujours incohérents, ils n’imitent pas vraiment la réalité, car, pendant la durée du sommeil, les lois de la nature sont suspendues ; tandis que les rêves de l’homme éveillé sont des drames analogues à ceux que le roman raconte ou que le théâtre représente aux yeux, avec cette différence que l’auteur même du drame y joue toujours le rôle principal.

1397. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

— Victor Hugo — non pour toute son œuvre poétique, mais pour un volume, à faire, de poésies choisies et d’extraits de son théâtre. […] D’ailleurs j’exècre la quincaillerie de son théâtre que M. 

1398. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

La raison oratoire avait formé le théâtre régulier et la prédication classique ; la raison oratoire produit la Déclaration des Droits et le Contrat social. […] Voilà le sentiment profond qui, le dimanche, ferme les théâtres, interdit les plaisirs, remplit les églises ; c’est lui qui perce la cuirasse de l’esprit positif et de la lourdeur corporelle. […] La chaire avait le sans-façon et la rudesse du théâtre, et, dans cette peinture des braves gens énergiques que le monde taxe de mauvais caractères, on retrouvait la familiarité âcre du Plain-Dealer. « Certainement il y a des gens qui ont une mauvaise roideur naturelle de langue, en sorte qu’ils ne peuvent point se mettre au pas et applaudir ce vaniteux ou ce hâbleur qui fait la roue, se loue lui-même et conte d’insipides histoires à son propre éloge pendant trois ou quatre heures d’horloge, pendant qu’en même temps il vilipende le reste du genre humain et lui jette de la boue. —  Il y a aussi certains hommes singuliers et d’un mauvais caractère qu’on ne peut engager, par crainte ni espérance, par froncement de sourcils ni sourires, à se laisser mettre sur les bras quelque parente de rebut, quelque nièce délaissée, mendiante, d’un lord ou d’un grand spirituel ou temporel. —  Enfin il y a des gens d’un si mauvais caractère, qu’ils jugent très-légitime et très-permis d’être sensibles quand on leur fait tort et qu’on les opprime, quand on diffame leur bonne renommée et quand on nuit à leurs justes intérêts, et qui par surcroît osent déclarer ce qu’ils pensent et sentent, et ne sont point des bêtes de somme pour porter humblement ce qu’on leur jette sur le dos, ni des épagneuls pour lécher le pied qui les frappe et pour remercier le bon seigneur qui leur confère toutes ces faveurs d’arrière-train835. » Dans ce style saugrenu, tous les coups portent : on dirait un assaut de boxe où les ricanements accueillent les meurtrissures.

1399. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Nous marchions dans une rue, ayant une vague ressemblance avec la rue Richelieu, et j’avais le sentiment que nous portions une pièce chez un directeur de théâtre quelconque. […] Le plein air sent la poudre, ainsi que la vieille salle du théâtre du Cirque Franconi, les lointains s’effacent, et il monte, peu à peu, dans le paysage qui sombre lentement, un ensevelissement blanc, semblable à un gigantesque blutage de farine, que rosoient de petits incendies, allumés dans le bois. […] On vend de tout sur le bitume du trottoir : des tricots de laine, du chocolat, des tranches de coco, des pastilles du sultan, des piles de Châtiments de Victor Hugo, des armes qui semblent provenir des accessoires d’un théâtre, des boîtes à surprise où l’on voit celui ou celle qu’on aime. […] Après toutes sortes d’allées et de venues, de portes qui s’ouvrent et se ferment, de gens qui entrent et sortent, d’actrices qui viennent pour une pièce des Châtiments à dire au théâtre, après des choses mystérieuses qui se passent dans l’antichambre, Hugo se laisse tomber sur une chauffeuse, et, avec une parole lente, et qui semble sortir d’un long travail de réflexion, à propos de la photographie microscopique, il se met à parler de la Lune, de la curiosité grande qu’il a toujours eue d’être fixé sur le dessin de ses détails.

1400. (1891) Esquisses contemporaines

» — Son théâtre eût été bien ennuyeux, — mais c’est, ou je me trompe fort, un pessimiste inconscient. […] Le nombre de ceux qui ont répété comme nous-même le type monotone de la vie, qui ont eu en partage les mêmes joies et les mêmes douleurs dont nous disons qu’elles sont les nôtres, qui ont tressailli aux mêmes passions et tendu vers les mêmes buts, qui ont vécu, souffert, joui comme nous-mêmes, et qui sont morts comme nous mourrons après avoir été le théâtre d’un drame microscopique et s’être crus un instant le point central de l’univers, voilà certes, pour qui s’y prête, des compréhensions terrifiantes. […] L’école naturaliste arracha violemment ces oripeaux de théâtre, vieux restes du xviie  siècle. […] Taine l’avait conduit à réclamer « une solution humaine de la vie humaine, une transcription mystique et surnaturelle de nos actes passagers, un monde éternel et immuable derrière ce chaos d’apparences fugitives, un Dieu paternel au cœur de la nature. » En étudiant le théâtre d’Alexandre Dumas fils il s’était écrié : « Est-ce qu’un désordre organique suffit à expliquer cet appétit déréglé du sublime ? […] Elle n’est que l’expression d’une œuvre graduelle de renouvellement et d’illumination intérieure dont son âme fut constamment le théâtre.

1401. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Un Victor Hugo, un Gautier, un Musset, un Balzac, un Dumas, les génies qui éclatent en 1830 comme une grande gerbe indivisée, ils peuvent et savent se dégager d’eux-mêmes, et de leur miroir, créer en poésie, dans le roman, dans le théâtre, des œuvres objectives, variées ; ils participent par là à la fécondité de la nature, à la multiplicité de ses ressources. […] En principe, tous trois sont les hommes de ce seul livre, comme Vigny était l’homme du journal d’un poète (en vers, en théâtre, en roman, en journal proprement dit). […] Non certes sur des affinités d’art, et cette répulsion était assez naturelle à Baudelaire : il n’y a aucun rapport entre la riche facilité oratoire de Musset, la grande nature créatrice qu’il a portée au théâtre au moins autant qu’en poésie, et cette inspiration avare qu’il plaît à Baudelaire de tourner en sobriété, en pureté et en condition de l’objet d’art. […] Il est une perfection de style (la perfection de Hugo par exemple, celui de nos poètes, avec Corneille, dont la maîtrise de style est la plus parfaite et la plus constante) que nous saluons et vénérons mais qui ne nous séduit pas : la Vénus de Milo, qui, en marbre, traîne toutes les intelligences après soi, vivante n’y traînerait pas tous les cœurs aussi bien que la Parisienne pourvue du je ne sais quoi ; et Corneille, le plus beau styliste de notre théâtre, est aussi celui qui a subi le plus vaste déchet. […] Ce n’est pas un artiste : on nous dit seulement que ce qu’il écrit ce sont des romans et des pièces de théâtre, et nous nous doutons bien que cela doit donner une littérature ennuyeuse.

1402. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Mais là-bas, au fond de sa province, dans sa maison du Pradel, Olivier de Serres écrit son Théâtre d’agriculture, et le mélancolique Honoré d’Urfé, marquis de Verromé, comte de Châteauneuf et baron de Châteaumorand, sur les bords du Lignon, dans son château de la Bâtie, compose lentement son Astrée. […] Traducteurs, grammairiens, critiques ou rhéteurs, le théâtre — genre commun, s’il en fut, dont l’existence même dépend de la bonne volonté du public — achèvera ce qu’ils ont commencé. […] Vers ou prose, roman ou théâtre, comédie, tragédie, madrigal, épopée, critique ou théologie même, il travaillait dans tous les genres ; et cette remarquable variété d’aptitudes lui avait valu d’être choisi par Richelieu pour l’un de ses auteurs à gages. […] Malplaquet, défaite héroïque, et Denain, glorieuse victoire ; le souvenir attirant de la duchesse de Bourgogne, les noms de Fénelon et de Beauvilliers, semblent plaider encore pour l’honneur, pour la grâce, et pour la vertu… Que fait-on cependant du témoignage et de l’accord unanime du théâtre et du roman, des Mémoires et des Correspondances, des moralistes et des prédicateurs ?

1403. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

« Sachons mettre de la différence entre les applaudissements de l’école et ceux du théâtre. » Et pourquoi ? […] Au théâtre le spectateur, dans l’école le disciple ne rompent le silence que parce qu’ils ne peuvent plus le garder. […] la vieillesse ne m’empêchera pas d’aller au théâtre, et de me faire porter au cirque ? […] A Carthage, le théâtre continuel des dissensions ?  […] Il obtient de temps en temps quelques larmes et quelques applaudissements au théâtre ; le jugement qu’il porte lui-même de ses autres ouvrages, c’est qu’ils attaquent les erreurs sans attaquer les personnes, et que, s’ils n’instruisent pas toujours, ils n’offensent jamais.

1404. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

L’ouvrage se compose de deux parties fort distinctes : la première est d’un classique et d’un antiquaire : elle s’intitule : « Voyage sur la scène des six derniers livres de L’Énéide », et nous offre l’un des premiers exemples (sinon le premier) d’un critique homme de goût relisant en détail un poète sur les lieux mêmes qui sont le théâtre de ses chants, et qui en deviennent le plus lumineux commentaire.

1405. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Ce qu’on appelle les Romances du Cid, d’après lesquelles Guillem de Castro a fait la pièce de théâtre imitée par Corneille, est un assemblage de chants populaires, de date plus ou moins ancienne, qui ont été recueillis pour la première fois au commencement du xvie  siècle et qu’on a légèrement modernisés ; mais il en est qui remontent à une haute antiquité et qui semblent presque contemporains, par le fond, du précédent poème.

1406. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

Les libres jugements que j’v porte et sur mes contemporains et sur moi-même rendraient cette publication impraticable, quand même il serait dans mon goût de produire ma personne sur un théâtre littéraire quelconque, ce qui assurément n’est, pas. » Ainsi il y a de lui un livre commencé sur la Révolution de 1848 ; les Œuvres dites complètes aujourd’hui ne le sont que provisoirement : il restera encore beaucoup à y ajouter, et pour la Correspondance et pour les fragments d’histoire.

1407. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Il semble approuver complètement une brochure de M. de Bonald, de la Royauté en France, laquelle ne concluait à rien moins qu’au rétablissement de l’ancien régime autant que faire se pouvait : « Point de Constitution écrite, point de Chambres, le rétablissement des Parlements tels qu’ils existaient autrefois, sans quoi la France tombera rapidement au dernier degré de la faiblesse et du malheur et sera, avant un siècle, le théâtre d’une nouvelle révolution, semblable à la révolution d’Angleterre de 1688.

1408. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

On raconte que tout alla très-bien pour l’abbé d’Aubignac, ce grand critique constituant, ce législateur prépondérant du théâtre, jusqu’à ce qu’il eùt composé sa Zénobie en prose sur les règles qu’il avait prescrites aux auteurs.

1409. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

M hiers, indépendamment de son Éloge de Vauvenargues, dont nous avons raconté les vicissitudes piquantes et le succès75, remportait à Aix un autre prix sur l’Éloquence judiciaire, et M ignet était couronné à Nîmes pour l’Éloge de Charles VII ; mais son vrai début allait le porter sur un théâtre plus apparent.

1410. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

 — Quand l’heure de la comédie fut venue, elle se mit en négligé, avec une de ses amies, qui prit des billets ; elle se cacha tout de son mieux sous une grande coiffe de taffetas et au lieu d’entrer par la grande porte du théâtre comme elle avoit accoutumé de faire, elle entra par la porte des loges, et s’alla placer au fond des secondes loges, car toutes les autres étoient remplies.

1411. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Prévost avait étudié sur les lieux, et admirait sans réserve l’Angleterre, ses mœurs, sa politique, ses femmes et son théâtre.

1412. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Nicole un jour, écrivant au nom de Port-Royal, appela tous les romanciers et les auteurs de théâtres des empoisonneurs publics.

1413. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Chez Marmontel, Florian, dans toute la petite littérature qui précède ou accompagne la Révolution, dans tout le théâtre tragique ou comique, le personnage, quel qu’il soit, villageois inculte, barbare tatoué, sauvage nu, a pour premier fond le talent de s’expliquer, de raisonner, de suivre avec intelligence et avec attention un discours abstrait, d’enfiler de lui-même ou sur les pas d’un guide l’allée rectiligne des idées générales.

1414. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

. — Illusion produite par le théâtre. — Illusions d’optique. — Illusion des amputés. — Illusion des hallucinés. — La condition suffisante de la croyance ou jugement affirmatif est la présence de la sensation ordinaire. — Il n’importe pas que la sensation soit pourvue de ses antécédents ordinaires. — Preuves. — Quand la condition du travail mental est donnée, il se poursuit aveuglément, comme le travail vital.

1415. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Pourquoi as-tu quitté les théâtres, les temples, les palais magnifiques de la ville ?

1416. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

C’est la formule même du théâtre classique, des ridicules de Molière comme des héros de Racine.

1417. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Car la plupart des auteurs sont devenus des commerçants, et ils se ligueront demain avec les fabricants de pièces de théâtre pour écarter ce préjudice matériel que peut leur causer la fantaisie de ces juges sans mandat que sont les critiques littéraires.

1418. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

C’est la civilisation, comme il la voulait pour lui et à sa main, une surface brillante, du luxe, des arts, des carrosses à glaces, de la politesse, des manières, une religion pour ceux qui n’ont pas le frein de l’éducation ou d’une modération naturelle, une justice douce par des magistrats qui ne se croient pas trop innocents ni les criminels trop pervers ; les lettres, les théâtres, et, pour tout dire, tous ses goûts satisfaits, toutes ses gênes supprimées ; une société où ses passions et ses fautes ne lui auraient pas donné plus d’embarras qu’ils ne lui donnaient de scrupules.

1419. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Émile Augier, Sardou ne se font pas faute d’étaler au théâtre ses perfidies et ses astuces et nous mettent en garde contre ses batteries sournoises.

1420. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

Le roi au centre ; ici Condé et les princes ; là-bas, dans cette allée, Bossuet et les évêques ; ici au théâtre, Racine, Lulli, Molière et déjà quelques libertins ; sur les balustres de l’Orangerie, Mlle de Sévigné et les grandes dames ; là-bas, dans ces tristes murs de Saint-Cyr, Mme de Maintenon et l’ennui.

1421. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Une agitation sans principe et sans loi, un combat d’ambitions rivales, un vaste théâtre de cabales, de luttes toutes personnelles.

1422. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Mes feuilles sont mon théâtre, mon champ de bataille ; c’est là où j’attends mes ennemis et où je dois repousser leurs coups.

1423. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

André Chénier a remarqué spirituellement qu’au théâtre on flagorne le peuple, depuis qu’il est souverain, aussi platement qu’on flagornait le roi, du temps que le roi était tout, et que le parterre, qui représente le peuple en personne, applaudit et fait répéter toutes les maximes adulatrices en son honneur aussi naïvement que Louis XIV fredonnait les prologues de Quinault à sa louange, pendant qu’on lui mettait ses souliers et sa perruque.

1424. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

C’est le cabotin qui joue ses rôles à la ville, et, comme il tient au théâtre les rôles humanitaires, il se croit une mission sociale : il est Christ et sauveur.

1425. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre VI. Le Bovarysme essentiel de l’humanité »

Cette fin, d’une importance majeure, et qui dépasse infiniment les intérêts individuels légitime d’ailleurs la place exorbitante que cette passion de l’amour occupe dans la vie réelle, dans le roman, au théâtre et d’une façon générale, dans tous les arts.

1426. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

 » Oui, l’homme n’est pas un fauve pour l’homme, mais un dieu dont le cœur s’éveille ; pas plus que le monde n’est un théâtre où évoluent des formes solitaires, mais un enlacement d’organes vivants.‌

1427. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

C’est au contraire de cette expérience, théâtre nécessaire de notre activité, qu’il faut partir.

1428. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

Ainsi sur le théâtre de la civilisation, on voit souvent passer et repasser les mêmes figurants, mais diversement groupés, et changeant de costumes suivant les situations.

1429. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

Dans cette Athènes, cependant, la poésie lyrique devait aussi bientôt jeter sa flamme, quand l’invasion et la défaite des Perses auraient animé l’ardeur des matelots du Pirée et de Salamine, et quand le théâtre, nouvellement créé, serait devenu avec Eschyle la représentation et comme la musique militaire des triomphes de la patrie.

1430. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

La censure interdit au théâtre de traiter les grands sujets qui sont le plus souvent ceux que l’actualité amène ou auxquels le talent donnerait une portée générale. […] Qu’ils lisent donc une étude fort remarquable sur Henrik Ibsen et le Théâtre contemporain, par un professeur de l’Université, Auguste Erhard. […] Ce théâtre est révolutionnaire. […] Ses coups de théâtre sont toujours moraux. […] Aussi ne leur demande-t-il pas l’impossible, à ces pauvres filles de rue ou de chambre, ou de théâtre, ou de bourgeoisie ?

1431. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Renan, par exemple, se trouve ainsi accompagné d’une étude sur son théâtre philosophique et sur sa correspondance, si importante, avec M.  […] Renan, que de servir de théâtre à un de ces mélanges et de raconter, avec une sincérité que nul n’a le droit de suspecter, l’issue particulière d’un de ces conflits ? […] Renan fait aller et venir dans cette espèce de théâtre métaphysique dont il est à la fois le poète, l’impresario et le public ne ressemblent guère à des créatures de sang et de muscles. […] Un même moment de l’esprit germanique a mis au jour Herder, Kant et Gœthe, comme un même moment du génie anglais a produit le théâtre brutal de Wycherley, les grossières satires de Rochester et le violent matérialisme de Hobbes. […] C’est alors, en effet, que le héros du roman et du théâtre cesse d’être le mélancolique, ou poitrinaire ou révolté, toujours en désaccord avec les circonstances, pour devenir le brutal et rude manieur de réalités que M. 

1432. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

* *   * Le théâtre n’a rien donné le mois dernier, mais il a beaucoup reçu. — La partie n’est pas égale entre le public et les directeurs. […] Son esprit indépendant, son existence libre, réelle, en dehors des étouffoirs littéraires où la vie est presque aussi artificielle qu’au théâtre, lui ont donné des idées originales, précoces pour ainsi dire, mais fortement mélangées de romantisme, parce que le romantisme s’appelait vérité dans ce temps-là. […] « Pour qui sait lire, le théâtre perd son intérêt. […] Corrègeaa, habile peintre à faire une Antiope à chair ferme et éblouissante ; Raphaël, roide, sec, élégant, mathématique, ennuyeux, homme dont la jeunesse brillante, la beauté et la mort rapide ont plus consacré la renommée que n’aurait pu faire son talent seul ; le Dominiquin et ses Romains de théâtre ; le Guerchin, les Carrache, Vinci, Giorgioneab, qui se sauvera d’entre eux comme homme de pensée ou de sentiment ? […] M. de Laborde, le Café Ingres, la Salle de concert Delaroche, le Théâtre Delacroix, travaillez pour les pendules, les paravents, les tapis, et ne craignez rien, votre talent n’y perdra pas !

1433. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

C’était au théâtre des Bouffes du Nord, dans une grande salle faubourienne et triste, perdue en plein quartier ouvrier, où s’entassait l’élite de tout un peuple. […] Quant à Musset, son théâtre, seul digne de sa mémoire, laisse le peuple indifférent, — tandis que ses mauvais vers feront pâmer longtemps les demi-vierges sentimentales, toujours plus rares, et les petits « don Juan » qui n’ont pas lu Tinan !

1434. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

Il y a alors un tel changement à vue, que tous les rêves du somnambulisme s’abîment à la fois dans les sous-sols du théâtre cérébral, prêts à reparaître sur la scène par une nouvelle évocation. […] C’est même la tendance actuellement dominante en psychologie que de multiplier les personnages du drame intérieur, de représenter notre tête comme un théâtre où jouent une foule d’acteurs vraiment différents, ayant chacun un moi plus ou moins rudimentaire.

1435. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre I. De la sélection des images, pour la représentation. Le rôle du corps »

Je sais que les objets extérieurs impriment aux nerfs afférents des ébranlements qui se propagent aux centres, que les centres sont le théâtre de mouvements moléculaires très variés, que ces mouvements dépendent de la nature et de la position des objets. […] Mais ici s’accomplit un coup de théâtre.

1436. (1896) Études et portraits littéraires

La conscience même de Taine fut le théâtre d’une pareille lutte. […] Nous passerons des cavernes de voleurs aux prisons d’État et aux autodafés de l’Inquisition ; des intérieurs cossus et graves des bourgeois ou des solennelles demeures des grands seigneurs aux hôtels garnis, aux cabarets à la mode, et aux réduits galants, à doubles portes et à doubles visages ; des foyers et des loges du tripot comique aux cabinets des archevêques et des ministres ; des coulisses du théâtre à celles de la politique ; des bureaux d’esprit et des cafés littéraires aux sous-sols et aux galetas des grands hôtels, où les valets font ripaille et où riment les poètes à gages, en attendant que nous les retrouvions à l’hôpital… En la compagnie de Gil Blas picaro ou du seigneur de Santillane, nous aurons des confidences de toutes les espèces, depuis les gibiers de potence jusqu’aux grands dignitaires ; nous entendrons les cyniques fanfaronnades des bandits réfractaires à l’ordre social, et les humbles suppliques des capitaines ruinés au service et cousus de blessures ; le jargon des beaux-esprits et les turlupinades des petits-maîtres ; et aussi les creux propos des comédiens, dont l’insolence envers les auteurs ne sera égalée que par celle des laquais favoris du ministre envers les grands seigneurs. » Sainte-Beuve disait de ce livre : « C’est moral comme l’expérience. » Il faut s’entendre. […] Lintilhac, qui pourtant connaît le théâtre, ne semble pas distinguer comme il convient l’esprit proprement dit et le comique. […] Théâtre de l’épreuve humaine, la terre demande le labeur humain qui, en y mettant, fut-ce au plus humble degré, l’empreinte de l’intelligence, y laisse, en quelque mesure, la marque de Dieu. […] Mieux encore, ce bouddhiste s’enorgueillissait de servir de théâtre aux prestiges de la Maïa, de se sentir démis de son être, retourné à l’indétermination.

1437. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

À parler franchement, l’amour, tel que nous le comprenons aujourd’hui, tel que nous le voyons, non seulement dans les romans et au théâtre, mais dans la vie réelle, paraît à peine dans les élégies d’André Chénier. […] Hugo affirme que le drame doit contenir la réalité tout entière, et à ce propos, il trouve bon de nier la valeur dramatique du théâtre grec en se fondant sur l’absence du grotesque. […] À quelle heure, en quelle occasion paraît-il sur le théâtre ? […] La partie vraiment intéressante de la tragédie, la partie vivante, animée, pathétique, n’est pas représentée sur le théâtre.

1438. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Ce sous-sol (les sous-sols sont à la mode sur les deux rives, témoins le Clou, les Roches-Noires, tant d’autres, puis la droite, les Alpes Dauphinoises, et si tellement d’analogues caves pour la gauche, — ce sous-sol, dis-je, du Soleil-d’Or avait été précédemment le Soleil, alors se voyait baptisé l’Avenir, le théâtre de bien des séances de « littératures » (littérature ! […] Et quel contraste avec le braconnier, le bonimenteur de théâtre, etc…, le fils d’un boucher qui, dès sa prime jeunesse, déjà précoce à quinze ans, « tuait ses bœufs, non sans une certaine pompe », dit un biographe. […] Enfin, mais trop tôt, vint le moment de quitter l’Angleterre ; après quelques jours de flânerie à travers les théâtres (un vrai pays de féerie), les music-halls (un vrai paradis) de Londres, après quelques bonnes visites reçues et rendues, après avoir serré tant de mains de vrais amis : William Heinemann, William Rothenstein, A. […] Le « Théâtre » de Verlaine consiste en deux piécettes, l’une en vers et l’autre en prose.

1439. (1927) Approximations. Deuxième série

Combien de fois en 1909, sortant du théâtre de la Gaîté après avoir revu l’Isadora Duncan d’alors danser, sur l’Iphigénie de Gluck, la danse des osselets et la danse guerrière, n’a vais-je pas vainement cherché à faire passer en des mots cette libération sans analogue ! […] Restait à savoir si la traduction possédait également, selon l’argot du théâtre, cette qualité d’être « parlable ». […] À mon sens Claude Lothaire n’aurait pas dû être un homme de théâtre et de boulevard. (Oui, je sais, à un moment la Comédie-Française intervient ; mais qu’est-elle d’autre aujourd’hui que l’Académie des théâtres de boulevard ?) […] Le dialogue est ici l’agent dramatique essentiel, et puisque nous ne sommes point au théâtre le constater n’est pas qu’un truisme.

1440. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

si de la foule autrefois séparé, Illustre dans les camps ou sublime au théâtre, Son nom charmait encor l’univers idolâtre, Aujourd’hui son sommeil en serait-il plus doux ? […] Le théâtre de l’Italie est déjà trop étroit pour la grandeur de vos vues. […] L’Empereur, dans ces libres entretiens, aimait fort à parler littérature, théâtre, et il attaquait volontiers Fontanes sur ces points.

1441. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

A leur égard, et dans toute la force du terme, j’ai mis en application le principe d’hygiène morale que je recommandais dans une de mes Chroniques de Théâtre : « Un bon critique ne doit jamais dîner hors de chez lui. » Madame de Noailles On sait la force des arguments par lesquels l’Empereur Napoléon justifiait l’Adoption : le contrat artificiel, créé par une volonté qui tente de suppléer aux insuffisances de la Nature, est conçu à l’imitation de la Nature elle-même. […] Pareillement évoquons les images plastiques déposées en nous par la fréquentation des Musées et des Théâtres : si parfois je cherche à me représenter les sources vives d’émotion chez la Femme ayant cette ambition de la fixer, je la vois très exactement qui met la main sur son cœur pour en suivre les battements. […] le Théâtre… qui est de tous les temps, et le Roman presque entier.

1442. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

J’ai vu, quand il s’agissait de certaine pièce de théâtre à couronner (la Gabrielle de M. 

1443. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Nous la voyons, dédaignant les jeux du théâtre et les distractions du goût, courir droit à l’Assemblée, la trouver faible, puis corrompue, l’envisager avec sévérité d’abord, bientôt avec indignation et colère : 89 et les impartiaux, elle le déclare net, sont devenus les plus dangereux ennemis de la Révolution.

1444. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Eh bien, ce qu’il a fait dans son nom, il l’a fait dans ses œuvres ; il a traduit les pièces de théâtre que publiaient à Florence ou ailleurs ses parents les Giunti.

1445. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Un homme qui la connaît bien et qui dirige avec habileté un des plus importants recueils périodiques (la Revue des Deux Mondes) me le disait encore l’autre jour : « La littérature toute seule ne fait pas vivre son homme. » Je ne vois d’exception que pour les grands succès au théâtre.

1446. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

— Pas encore, lui répondis-je, mais, comme Homère m’a guidé dans l’Archipel, je comptais prier les Argonautes de me conduire dans le canal de Thrace, théâtre de leurs exploits.

1447. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Il avait épousé l’actrice d’un petit théâtre, objet de sa passion, et elle n’avait pas hésité à suivre au bout d’un autre monde la destinée qui s’était perdue pour elle dans ce monde-ci.

1448. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

N’est-ce pas le pays où tel qui a assisté sans émotion visible à la représentation d’une pièce de théâtre rit tout à coup, à quelques jours de là, d’un trait comique, ou s’attendrit au souvenir d’un trait de sentiment, laissé par le poëte dans la pénombre, et que le spectateur a emporté chez lui, pour en jouir par une sorte de rumination ?

1449. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Cette abbaye, flanquée aux quatre angles de quatre grosses tours bâtie en forme de forteresse avec chambres surbaissées, comme dans les donjons, qu’il fait habiter par des gens de goût et de savoir, qu’il orne d’une bibliothèque, de galeries de peintures, où il établit des lices à l’antique, un hippodrome, un théâtre, des jeux de paume et de grosse balle, c’est une naïve image du temps où vivait Rabelais.

1450. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

Et le soir, qui était le jour de la première de Marion Delorme, cet ami modèle, amené au théâtre, faillit faire tomber la pièce.

1451. (1899) Esthétique de la langue française « La métaphore  »

Argot des théâtres.

1452. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Pareillement, « un même moment de l’esprit germanique a mis au jour Hegel et Gœthe, comme un même moment du génie anglais a produit le théâtre brutal de Wycherley, les grossières satires de Rochester et le violent matérialisme de Hobbes ».

1453. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

Capefigue de la voix qu’on a quand on chante dans la nuit, trappistes de théâtre, puritains de spéculation et de Bourse, avons-nous bien le droit, au milieu de nos Thébaïdes de plaisir, de nous montrer si impitoyables pour le siècle de nos aïeux ?

1454. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

Mais nous ne voulons aujourd’hui que dégager, en passant, un point de cet horizon étendu ; que signaler, comme un détail entre les mille autres qui viendront plus tard, les changements dont l’Angleterre est le théâtre depuis plusieurs années, et surtout appeler l’attention sur un homme qui aura toujours la gloire — si une meilleure ne le tente pas — d’avoir nommé de son nom ces changements précurseurs du changement définitif et radical qu’il nous est permis d’espérer.

1455. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Les expositions de tout genre, la multiplication des livres illustrés et des affiches, la fréquentation du théâtre, les voyages économiques répandent jusque dans la foule la science des formes et des couleurs.

1456. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

La réflexion est le théâtre des combats que la raison soutient avec elle-même, avec le doute, le sophisme et l’erreur. […] Le comble de l’art pour une pièce de théâtre serait de vous persuader que vous êtes en présence de la réalité. […] Ainsi, dans l’intérêt de l’illusion, on a mis au théâtre un grand soin dans ces derniers temps à la vérité historique du costume. […] Le premier hôpital est plus rempli de pitié et de terreur que tous les théâtres du monde. […] Mais au théâtre, nous avons à peine des égaux.

1457. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Aujourd’hui elle édite ou réimprime chaque année plus de deux millions de volumes ou de pièces de théâtre. […] Aurélien Scholl vient de la retrouver tout entière dans l’Héritage fatal, drame en trois actes de Boulé et Eugène Fillion, représenté pour la première fois sur le théâtre de l’Ambigu le 28 décembre 1839. […] Nous ne l’entendrons plus nous dire avec une gaieté étincelante et délicate des aventures anciennes de lettres, d’amour et de théâtre et rappeler en longs propos, pleins de lyriques hyperboles, les funambules et Pierrot qu’il aimait plus que tout au monde. […] Il ne serait pas permis, même dans ces notes nécrologiques, d’oublier que M. de Banville a donné au théâtre des pièces qui ont été applaudies.

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