» Ainsi le premier sentiment que l’homme éprouve est le sentiment de l’existence d’un Être suprême ; le premier besoin qu’il manifeste est le besoin de Dieu ! […] Dieu se manifeste à Adam ; la créature et le Créateur s’entretiennent ensemble : ils parlent de la solitude. […] Dieu envoie son Fils pour juger les coupables ; le juge descend ; il appelle Adam : « Où es-tu ? […] Le Fils de Dieu remonte au ciel, après avoir laissé des vêtements aux coupables. […] si ce souffle de vie qu’il a reçu de Dieu ne pouvait périr ?
Être sentimental, intelligent et actif1, il n’est tout cela que par ses rapports avec l’humanité et la nature, c’est-à-dire avec Dieu. […] Du moment que Dieu n’est plus conçu comme un être à part et hors du monde, du moment qu’il est inséparable de la nature et de l’humanité, et qu’il se manifeste uniquement en elles et par elles, du moment enfin que le mal cesse d’être un principe positif ennemi du bien, dès lors l’homme n’a plus peur de Satan, de même qu’il n’a plus besoin de médiateur pour entrer en rapport avec Dieu ; la communication est directe, immédiate ; il sent l’influence divine dans chacune de ses relations avec les hommes et avec les choses ; il ne s’imagine aucunement devoir recourir à des envoyés mystérieux, à des anges ; et les anges, les envoyés mystérieux, les démons ne lui viennent pas. […] En effet, tout progrès nouveau est une révélation de Dieu à l’homme, une ascension de l’homme à Dieu ; le savant qui invente y est soumis comme l’artiste le plus sentimental ; il y a, dans toute conception nouvelle du génie, une sorte d’influence électrique, irrésistible, indéfinissable, un acte de foi de nous à Dieu, une volonté de Dieu en nous. […] Jouffroy a dit : « S’il y avait eu révélation de Dieu à l’homme, il serait plus sûr et plus commode sans doute de consulter cet oracle et de s’y tenir. Mais toutes les religions ont été inet complètes et passagères, et par conséquent Dieu n’a point parlé dans ces révélations ; car la véritable eût été infaillible et éternelle. » D’où M.
La terre est le marche-pied de ce grand Dieu, le ciel est son vêtement. […] Épargne, ô Dieu, ceux qui confessent leurs fautes. […] Elles l’appelaient le plus beau des dix mille, le Fils unique de Dieu, le prophète du Dieu très-haut, le Roi d’Israël, le Fils éternel de la justice, le Prince de la paix, Jésus, celui en qui l’espoir d’Israël réside. […] Il faut que Dieu lui impute la pureté du Christ et le sauve par un choix gratuit. […] L’idée du Dieu parfait, juge rigide. 2.
Dieu même est honnête homme et devant Dieu la thèse de Dieu même ne sera point avantagée. […] Le combat de Dieu étendu à Dieu même. […] Ni Dieu. […] C’est même le combat de Dieu entre celui qui tient pour Dieu et celui qui ne tient pas pour Dieu. […] Elle est donc tenant de Dieu dans un combat de Dieu, c’est-à-dire dans un combat régulièrement livré devant Dieu pour provoquer un jugement de Dieu.
La science de Dieu, ou la recherche de Dieu, remplaçant le sentiment de Dieu, c’est justement les temps modernes. Et avec le sentiment de Dieu, l’amour de Dieu s’affaiblissait. […] Place à Dieu ! […] Le Dieu des Juifs est un Dieu national et un Dieu humain. […] Dieu est toujours pour elle un Dieu.
Elle a bien raison de ne chercher plus rien dans les hommes, ayant trouvé Dieu, et de faire le sacrifice de ses meilleurs amis. […] L’idée de Dieu, c’est-à-dire d’une cause supérieure et première qui nous domine et nous environne, est une idée toute naturelle et selon la perspective humaine de tous les temps. […] Depuis que la nature physique est plus connue et que la science en observe et en expose successivement les lois, il serait à craindre que la pensée de Dieu, même auprès de ceux qui ne cessent de l’admettre et de s’incliner devant elle, ne reculât en quelque sorte aux confins de l’univers et ne s’éloignât trop de l’homme, jusqu’à ne plus être à son usage et à sa portée ; il serait à craindre que ce Dieu, tel qu’on a reproché à Bolingbroke de le vouloir établir, Dieu plus puissant que bon, plus souverainement imposant que présent et que juste, Dieu qu’on admet en un mot, mais qu’on n’adore point et qu’on ne prie point, il serait à craindre que ce Dieu-là ne prît place, et seulement pour la forme, dans les esprits, si la pensée chrétienne ne veillait tout à côté, si le Dieu du Pater ne cessait d’être présent matin et soir à chaque cœur, et si la prière ne maintenait cette communication invisible et continuelle de notre esprit borné avec l’Esprit qui régit tout. […] Après s’être écouté, on se répond, et, dans ce dialogue d’un subtil amour-propre, on fait taire Dieu. […] Sa voix n’est point quelque chose d’étrange : Dieu est dans notre âme, comme notre âme dans notre corps. » Et ce qui suit.
La trame est de tous les jours, la chaîne est éternelle, et Dieu seul la connaît. […] C’est que Dieu, lorsqu’il donne une mission à un peuple, lui donne le pressentiment de cette mission. […] Oui, il réussira, mais à accomplir ce que Dieu veut de lui. […] Et c’est encore la Providence de Dieu qui nous a donné cette langue dont tous les caractères affectent l’universalité. […] Dieu, dans l’Écriture, nomme Cyrus son Christ.
Dieu revêtit d’un nom tous les sentiments de l’homme et le lui enseigna. Dieu se donna à lui-même un nom pour que l’homme connût le nom de Dieu. […] La parole de Dieu est instantanée et éternelle : celle de l’homme est successive et limitée. […] Dieu a enfermé la liberté de l’homme dans une aire circonscrite par la parole. […] Dieu ne se communique aux hommes que par la parole vive.
Dieu t’a fait pour commander, elle pour obéir. […] Dieu ! […] De Dieu, on n’en connaît plus. […] Tu n’as ni Dieu, ni droit, ni loi. […] Il n’est athée que parce qu’il est de sa nature de croire en Dieu et d’aimer Dieu : donc il quittera l’athéisme et reviendra à Dieu.
Femme d’Abeilard, elle vit, et elle vit pour Dieu. […] Toi, l’épouse d’un Dieu, tu brûles pour un homme ? […] ………………………………………………… Le pourras-tu, grand Dieu ! […] il faut qu’elle choisisse entre Dieu et un amant fidèle, dont elle a causé les malheurs ! Et qu’elle ne croie pas pouvoir détourner secrètement, au profit d’Abeilard, la moindre partie de son cœur : le Dieu de Sinaï est un Dieu jaloux, un Dieu qui veut être aimé de préférence ; il punit jusqu’à l’ombre d’une pensée, jusqu’au songe qui s’adresse à d’autres qu’à lui.
Au fond, tel monde, telle idée de Dieu ; de sorte que l’idée de Dieu change avec les changements du monde. […] Le Dieu du dix-septième siècle fut une sorte de Louis XIV, image et suzerain de l’autre. […] Ce Dieu maintenant est raisonnable ; il a beaucoup appris. […] Ce Dieu administrateur, si éloigné de la nature, ne peut guère apparaître dans la nature ni dans la poésie. […] Et cependant nous avons besoin de voir Dieu dans la poésie comme dans la nature.
Aimez Dieu et gardez ses commandements, dit le précepte, et le reste vous sera donné comme par surcroît. […] Elle aime Dieu, avec quelle tendresse ! […] et elle a le reste, — le reste auquel elle ne tient peut-être que pour Dieu, pour le service de Dieu encore ! […] peut-être aurait-elle ramené à Dieu le grand poëte. […] Voilà le cercle dans lequel, pour ainsi dire, ce cœur qui ne veut pas mourir renferme le Dieu dont elle exige l’immortalité.
Fuerbach et à la jeune école hégélienne leur violence contre Dieu. […] Arranger l’athéisme dans un plat convenable, avec tous les ingrédients de l’érudition et le faire trouver bon, même aux hommes religieux, imposer la négation de Dieu au nom de Dieu même, joli tour de duplicité philosophique ! […] Dites-leur d’aimer Dieu, de ne pas offenser Dieu, ils vous comprendront à merveille. […] Quand on a déporté Dieu dans les culs de basse-fosse de l’intelligence, on se lave les mains et on affirme que l’on n’a rien fait contre lui. […] Ainsi, il suppose pour un jour à l’homme la puissance de Dieu, déplaçant le miracle pour ne pas voir le miracle.
Que dirons-nous donc d’un prêtre qui, outre la constante préoccupation de son salut, a encore celle de son miraculeux ministère, qui tous les jours fait descendre Dieu sur l’autel et condamne ou absout au nom de Dieu ? […] C’est Dieu qui vous y appelle, et c’est répondre à ses desseins que d’y aspirer. […] Ils sont à part ; ils sont, comme ils s’appellent eux-mêmes, les « hommes de Dieu ». […] Mon oreille a de singulières finesses pour entendre vibrer Dieu au fond de la voix humaine. Or je trouve que Dieu ne vibre pas au fond de votre voix.
Elles emportent avec elles bien des convictions d’hommes dont elles répondront devant Dieu. […] Dieu était au fond des cœurs anglais, au plus épais de leurs péchés et de leurs crimes. Ils avaient perverti en eux la vérité, mais l’empreinte de Dieu ne s’effaçait pas de ces consciences profondes, et, parmi eux, les plus passionnés de révolution appelaient leurs espérances effrénées le règne de Dieu. […] L’échafaud de Louis XVI, il aurait voulu le retourner contre Dieu. Dieu, c’est bien pis que le Roi : c’est le Roi des Rois.
Mais Dieu ne fait-il pas le beau pour tout le monde ? […] Bon voyage, petite créature, que Dieu te conduise où tu veux aller ! […] Nous devons leur être à peu près ce que les anges sont à Dieu ! […] que j’ai besoin de toi et de Dieu ! […] Dieu fait ses dons à tant de fins !
Elle-même a consigné les sentiments secrets de son cœur dans une suite de Réflexions sur la miséricorde de Dieu, qu’elle écrivait au sortir d’une grave maladie qu’elle fit en ces années. […] Ils s’attendrissent d’avance sur mon sort : je ne sais pas pourquoi l’on parle, car je n’ai rien fait qui soit marqué : je crois que c’est Dieu qui le permet pour m’attirer à lui plus vite. […] Vous jugez bien que, selon le monde, je dois être contente, et, selon Dieu, je suis transportée. […] Dieu veuille que j’y avance, comme j’y suis obligée, pour obtenir le pardon de mes fautes ! […] Ce grand Dieu, qui se vante de déraciner par son souffle les cèdres du Liban, tonne pour abattre les feuilles des arbres !
Lorsque nos parents nous ont donné la naissance, ils ont été ministres de Dieu, en ce sens qu’ils savaient ce qu’ils faisaient. […] L’état social, en un mot, ainsi que nous l’avons dit est une des limites naturelles assignées par Dieu même à la liberté de l’homme. […] Dieu n’abandonne pas plus la direction des êtres intelligents que celle de l’univers matériel. L’homme n’a pu naître que dans la société ; et les règles primitives de la société ont été faites par Dieu. […] Mais il ne faut point en conclure que le despotisme soit un gouvernement qui puisse ne pas déplaire à Dieu.
Lui, il s’est isolé du monde pour vivre davantage en Dieu, et parce qu’il aimait exclusivement Dieu. Il est vrai que l’amour de Dieu est l’amour que nous comprenons le moins de tous les amours mystérieux du cœur de l’homme… Mais voyons, messieurs les penseurs ! […] bien contre Dieu, et cela lavait tout. […] Il se déroba pour Dieu à sa mère. […] Pour eux, Balzac remplacerait Pie IX dans la justice tardive à rendre à ce grand Indigent volontaire et obscur, — lumineux seulement devant Dieu, — qui vécut dans la palpitation prolongée de l’amour sans bornes, et dont l’âme emporta le corps, émacié dans une étisie sublime, et le répandit devant Dieu comme une fumée d’encens… Au lieu de cela, ils continueront de ricaner, et peut-être le livre de M.
Ce commerce extraordinaire des mystiques avec Dieu, cette possession de Dieu qui emprunte son langage à la possession de la nature, le révoltent ; il ne veut pas d’une doctrine où Dieu sert de pâture à des imaginations affamées, et où sa grandeur et sa justice s’absorbent dans sa bonté115. […] Il n’y a pas de vérité d’un ordre bas, car la vérité fait partie de Dieu. […] Le premier qui lut le traité de la Connaissance de Dieu et de soi-même fut le dauphin. […] Si je résiste à Bossuet, c’est pour obéir à Dieu. […] Sur l’amour de Dieu.
Historiquement, cela est faux, poétiquement cela est banal : Mahomet, apôtre et martyr très-sincère du dogme de l’unité de Dieu, n’était que le seïde du Dieu unique contre les superstitions de cette partie alors barbare de l’Arabie. […] Le blasphème ne fut jamais en lui qu’un accident ou une manœuvre, la foi en Dieu était sa nature. […] Le théisme est la négation des symboles, mais il est l’affirmation de Dieu. […] le monde est visible et Dieu serait caché ? […] Elle n’a donc ni providence, ni juge, ni rémunérateur, ni vengeur dans le Dieu qui la crée ?
Le troisième et le quatrième étaient autant d’artifices salutaires que permettait la Providence, afin qu’il se formât des philosophes capables de la comprendre et de la reconnaître pour ce qu’elle est, un attribut du vrai Dieu. […] Les choses les plus sublimes en ce monde, sont les connaissances que l’entendement et le raisonnement peuvent nous donner relativement à Dieu ; les choses les meilleures sont celles qui concernent le bien de tout le genre humain ; les premières s’appellent divines, les secondes humaines ; la véritable sagesse doit donc donner la connaissance des choses divines pour conduire les choses humaines au plus grand bien possible. […] La muse fut donc proprement dans l’origine la science de la divination et des auspices, laquelle fut la sagesse vulgaire de toutes les nations, comme nous le dirons plus au long ; elle consistait à contempler Dieu dons l’un de ses attributs, dans sa Providence ; aussi, de divination, l’essence de Dieu a-t-elle été appelée divinité. […] Les Latins tirèrent de là l’usage d’appeler professeurs de sagesse ceux qui professaient l’astrologie judiciaire. — Ensuite la sagesse fut attribuée aux hommes célèbres pour avoir donné des avis utiles au genre humain ; tels furent les sept sages de la Grèce. — Plus tard la sagesse passa dans l’opinion aux hommes qui ordonnent et gouvernent sagement les états, dans l’intérêt des nations. — Plus tard encore le mot sagesse vint à signifier la science naturelle des choses divines, c’est-à-dire la métaphysique, qui cherchant à connaître l’intelligence de l’homme par la contemplation de Dieu, doit tenir Dieu pour le régulateur de tout bien, puisqu’elle le reconnaît pour la source de toute vérité41. — Enfin la sagesse parmi les Hébreux et ensuite parmi les Chrétiens a désigné la science des vérités éternelles révélées par Dieu ; science qui, considérée chez les Toscans comme science du vrai bien et du vrai mal, reçut peut-être pour cette cause son premier nom, science de la divinité. […] La philosophie qui enlève à Dieu un tel attribut, mérite moins le nom du philosophie et de sagesse que celui de folie.
Vous appelez Dieu à votre propre tribunal ; vous jugez en dernier ressort de la parole sainte ! […] On pourrait tout aussi bien compter l’existence de Dieu parmi les dogmes chrétiens. […] Comme Dieu est déchargé de la responsabilité du mal ! […] Je demande comment Dieu, dans sa bonté et dans sa justice, a pu permettre que les hommes pèchent. C’est, dites-vous, parce qu’Adam a péché ; mais pourquoi Dieu a-t-il permis qu’Adam péchât ?
C’est le secret de Dieu, ce n’est pas le nôtre. […] On ne peut rien contre le hasard ; Dieu seul voit l’avenir. […] Nous avons, Dieu merci, flotté entre les deux extrêmes. […] Dieu l’a rappelée auprès de lui. […] « Je priai Dieu d’y suffire, et voilà !
Enfin, voici ces mémoires, voici ce journal de Le Dieu qui paraissent ; et, avant tout, il faut remercier M. l’abbé Guettée d’avoir mis le public à même de s’en faire une exacte et complète idée. […] Toute cette partie des mémoires de Le Dieu, où il parle de l’éloquence première de Bossuet et des études par lesquelles il la nourrissait, est d’un grand charme. […] Dans toutes ces portions de son ouvrage, Le Dieu justifie bien les expressions par lesquelles il se définit lui-même à côté de Bossuet « un homme tout à lui, passionné pour sa gloire, et très curieux de recueillir les moindres circonstances qui peuvent orner une si belle vie ». […] Écoutons l’abbé Le Dieu, ou plutôt Bossuet lui-même, dont Le Dieu n’est sensiblement ici que l’interprète et le secrétaire : La considération actuelle des personnes, du lieu et du temps, le déterminait sur le choix du sujet. […] Bossuet, en un mot, reste de tout temps l’homme de la parole de Dieu ; il l’aime, il n’aime qu’elle essentiellement.
Un moment, le maître semble approuver ceux qui se mutileraient en vue du royaume de Dieu 873. […] La cité antique, la république, mère de tous, l’État, loi commune de tous, sont constitués en hostilité avec le royaume de Dieu. […] On imagine sans peine que pour Jésus, à l’heure où nous sommes arrivés, tout ce qui n’était pas le royaume de Dieu avait absolument disparu. […] La grande vision du royaume de Dieu, sans cesse flamboyant devant ses yeux, lui donnait le vertige. […] Sa notion de Fils de Dieu se troublait et s’exagérait.
Intérieure vis-à-vis de Dieu qu’elle savait porter et cacher dans son âme, au milieu de ce monde qu’elle n’a cessé de voir. […] Toujours, enfin, c’est la femme de bonne compagnie à son aise avec tout, avec ce qu’elle aime comme avec ce qu’elle respecte et qui même se permet de l’être avec Dieu ! […] Jolies têtes d’épingle noire, d’or ou d’ambre ; fines pointes d’aiguille, mailles d’un tricot perdues et rattrapées, Dieu sait avec quel mouvement languissant ou rapide, toutes ces observations sont femmes. […] Je connais un théologien mystique qui, autrefois, fut un poëte et qui l’est resté pour mettre encore cela dans l’encensoir d’or qu’il a allumé devant Dieu, et qui préfère, lui, le fragment sur la Résignation ; mais moi, non ! […] Franchement, quand une femme, pendant vingt ans, a été cela, il n’importe guère de savoir si elle eût réussi peu ou prou dans la littérature : elle a réussi devant Dieu !
Dans la plénitude de sa mission, elle fut tentée de se dire comme tous les voyants : Moi, c’est Dieu, c’est la voix de Dieu ! […] Et plût à Dieu que je fusse assez heureuse, quand je finirai mes jours, pour pouvoir être inhumée dans cette terre ! […] » À quoi Jeanne répondait en les déconcertant : « Pensez-vous donc que Dieu n’ait pas de quoi le vêtir ? […] J’ai pour moi la parole directe et l’ordre du grand Jupiter : c’est le seul Dieu dont la volonté compte. […] Comme lui, elle avait l’ordre direct et le conseil du Dieu suprême.
Il appartient au christianisme social, voisin du Sillon, qui veut rendre la vie terrestre possible et établir dans l’humanité le règne de Dieu. […] Il est tout optimisme, absolument convaincu que tout doit contribuer au bien de ceux qui aiment Dieu et qui veulent le réaliser. […] La morale des hommes n’est pas celle de Dieu… » Ce sergent du génie est un brave entre les braves. […] On peut prier Dieu » non pas, ce qui serait allemand, pour telle armée plutôt que pour telle autre, mais pour la sauvegarde de la justice8 ». […] On peut prier Dieu, non pas, ce qui serait allemand, pour telle armée plutôt que pour telle autre, mais pour la sauvegarde de la justice… Dans le même sentiment, les prédicateurs catholiques disent : « Non pas Dieu avec nous, mais nous avec Dieu.
Il croyait en Dieu au temps où l’on n’y croyait guère. […] Le nom de Dieu, dans tout ouvrage qui concourait à ses prix, était pour eux un signe de réprobation. […] On vous a proposé de ne jamais prononcer le nom de Dieu à l’Institut. […] Il n’est plus un prophète de Dieu, il est un homme qui veut être plus qu’un homme. […] Il y a un Dieu, mon fils: toute la nature l’annonce ; je n’ai pas besoin de vous le prouver.
Cela paraît bien d’après les mémoires et le journal de Le Dieu. […] Contentons-nous, il le faut bien, du journal de Le Dieu. […] Aussi suis-je revenu avec une plus grande envie qu’auparavant de retourner quelque jour, s’il plaît à Dieu, et si je puis en obtenir la permission, pour en apprendre davantage. […] À la date où le journal de Le Dieu commence, Bossuet est âgé de soixante et onze ans et n’a plus que trois ans et demi à vivre. […] Le journal de Le Dieu nous montre Bossuet à Meaux, dans le tous-les-jours de sa vie pastorale, et le plus paternel des évêques.
Si, à un certain moment, elle s’est convertie à Dieu, ce dut être au Dieu des chrétiens, au Dieu du crucifix, au seul Dieu enfin que confessât alors son amant. […] Dieu ! Dieu ! […] Dieu, c’est moi pour vous ! Dieu, c’est nous !
Simon est l’incompréhensibilité de Dieu. […] Si, selon lui, le Dieu philosophique n’est pas compréhensible même aux plus grands génies philosophiques, et si le Dieu de la révélation n’est pas digne d’occuper ces immenses esprits qui ne peuvent établir le leur par le raisonnement, eh bien ! […] C’est à ce Dieu excessivement peu compliqué du déisme libre qu’il faut revenir. C’est à ce Dieu marionnette dont chacun tire le fil comme il veut ou ne le tire pas du tout, que M. […] C’est le Dieu des bonnes gens, — sans l’excuse de la chanson et du cabaret !
Dieu ! […] Dieu ! […] Dieu ! […] — Mais, dit Marcia, où est-il, l’envoyé de Dieu qui allumera l’incendie ? Où est-il, celui que Dieu a choisi pour renverser cet empire sanglant ?
Nous nous contenterons d’observer que Dieu qui voit la lumière, et qui, comme un homme content de son ouvrage, s’applaudit lui-même et la trouve bonne, est un de ces traits qui ne sont point dans l’ordre des choses humaines ; cela ne tombe point naturellement dans l’esprit. Homère et Platon, qui parlent des dieux avec tant de sublimité, n’ont rien de semblable à cette naïveté imposante : c’est Dieu qui s’abaisse au langage des hommes, pour leur faire comprendre ses merveilles, mais c’est toujours Dieu. […] De plus, comme dans l’Écriture tout a un rapport final avec la nouvelle alliance, on pourrait croire que les élégies de Job se préparaient aussi pour les jours de deuil de l’Église de Jésus-Christ : Dieu faisait composer par ses prophètes des cantiques funèbres dignes des morts chrétiens, deux mille ans avant que ces morts sacrés eussent conquis la vie éternelle. […] Une troupe nombreuse de l’armée céleste chante pendant la nuit : Gloire à Dieu dans le ciel, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ! […] On peut peindre en quelques mots le caractère du style évangélique : c’est un ton d’autorité paternelle, mêlé à je ne sais quelle indulgence de frère, à je ne sais quelle considération d’un Dieu qui, pour nous racheter, a daigné devenir fils et frère des hommes.
En étudiant Dieu, l’art le prouve. […] Ne nous permettent-ils pas de voir Dieu face à face ? […] Ils n’ont qu’à les mettre à leur place auprès de Dieu. […] Dieu semble leur inspirer les cantiques qu’ils écrivent. […] Certains ouvrages sont si parfaits que Dieu ne l’est pas davantage.
Qu’est-ce que Dieu pour Platon ? […] Dieu ! […] Mais reprenons : Dieu qui ne peut pas se tromper, c’est Dieu-vérité, et Dieu qui ne peut pas nous tromper, c’est Dieu-bonté. […] Ne voir que parce que Dieu permet que nous voyons, c’est voir en Dieu ; voir par Dieu, c’est voir en Dieu. […] Vous réfléchissez là-dessus et vous vous dites : « Mais… plût à Dieu !
C’est du moins un sujet unique, car Dieu, qui met parfois des échos dans les circonstances, n’a pas permis aux événements de le répéter. […] Colomb est un révélateur du globe, envoyé à son heure et directement de Dieu, comme Moïse, dans un but de salut pour les hommes. […] Il y avait là deux justices à faire, l’une au nom d’un homme, l’autre au nom de Dieu. […] Une fois Colomb accepté comme l’Envoyé de Dieu, la logique est là, violence douce ! […] … Dans cette longue chronique sur Colomb, les miracles dont Dieu favorisa son navigateur sont racontés avec une sincérité impassible.
Le royaume de Dieu conçu comme l’événement des pauvres. […] Le royaume de Dieu est fait : 1° pour les enfants et pour ceux qui leur ressemblent ; 2° pour les rebutés de ce monde, victimes de la morgue sociale, qui repousse l’homme bon, mais humble ; 3° pour les hérétiques et schismatiques, publicains, samaritains, païens de Tyr et de Sidon. […] La pensée que Dieu est le vengeur du pauvre et du faible contre le riche et le puissant se retrouve à chaque page des écrits de l’Ancien Testament. […] Il les laissait dire, et quand on lui demandait s’il entendait, il répondait d’une façon évasive que la louange qui sort de jeunes lèvres est la plus agréable à Dieu 539. […] La sagesse des œuvres de Dieu n’est proclamée que par ses œuvres elles-mêmes. » Je lis [Greek : ergôn], avec le manuscrit B du Vatican, et non [Greek : teknôn].
« Nous sommes tous prêtres », disait Luther : c’était dire qu’il n’y a pas d’intermédiaires entre l’homme et Dieu pour l’administration des sacrements ; de même aussi dans le vrai protestantisme tout fidèle est pape, en d’autres termes il n’y a point d’intermédiaires entre l’homme et Dieu pour l’interprétation de la doctrine. […] Comme eux, nous croyons à Dieu et à l’âme ; mais pour eux la liberté de penser est un crime, pour nous c’est le droit et la vie, et nous aimons mieux l’erreur librement cherchée que la vérité servilement adoptée. […] Ce n’est pas tout de dire : L’âme n’est pas le corps, Dieu n’est pas le monde ; il faut encore rattacher l’âme au corps et Dieu au monde. […] Si Dieu et le monde sont hors l’un de l’autre, comme une chose est en dehors d’une autre chose, comment Dieu peut-il agir sur le monde et le gouverner ? […] Il a montré Dieu hors du monde et le monde hors de Dieu ; il n’a pas assez montré Dieu dans le monde et le monde en Dieu.
Quant aux avocats, lorsqu’ils ont eu leur règne dans un pays autrefois soldat et qui, grâce à Dieu ! […] Le sentiment de l’amour religieux de Dieu est un sentiment humain aussi, et c’est là véritablement le plus beau, c’est le premier. […] tant l’homme et Dieu sont sublimement consubstantiels ! […] Prêtre égaré par un bon motif, je le veux bien, mais égaré pourtant, il a spéculé sur le fond de la tendresse humaine pour faire aimer son Dieu, en montrant l’homme aux âmes déjà si pleines de l’homme, qu’elles s’en vont faiblissant dans leur ancien amour de Dieu ! […] c’est le Dieu qu’il nous faut d’autant plus maintenant !
Voilà le Dieu qui fait pleurer de tendresse et d’admiration le conventionnel. […] « Cette heure est celle de Dieu ! […] Hugo ; car, si la franchise est une vertu nécessaire, c’est envers Dieu et à cause de Dieu envers les hommes, et à cause de soi-même envers soi-même. […] Il n’étudiait pas Dieu ; il s’en éblouissait. […] Non, c’est Dieu ; ce n’est pas elle.
Dieu lui en avait donné la puissance. […] Dieu n’a créé que l’être impondérable. […] Donc Dieu fit l’univers. […] » Et vers Dieu par la main il conduira, ce frère ! […] Dieu soit loué, nous avons échappé à cette obligation funèbre.
Et n’y en aurait-il plus — tout serait-il fini dans le cœur humain — qu’il faudrait les publier encore, comme on élève un autel dans la solitude, pour l’honneur de Dieu ! […] Mademoiselle de Condé ne donna que Dieu pour rival à l’homme qu’elle aimait, mais elle emporta son amour pour cet homme jusque dans le sein de Dieu même… Sa vie, quand elle prit le parti héroïque de ne plus voir l’homme trop aimé qu’elle ne pouvait pas épouser, devint aussi héroïque que le parti qu’elle avait pris. […] Paul Viollet — que Dieu frappa le coup suprême… Mademoiselle de Condé entra aux capucines de Turin, — mais là comme ailleurs, ni nulle part, elle ne trouva ce qu’elle cherchait. […] Je n’ai à parler que de la sainte de cœur humain que fut cette délicieuse Condé, avant d’être la majestueuse Sainte qu’elle devint devant Dieu et devant l’Église. […] Il ne croyait guères à Dieu, et il acceptait en libre penseur les espérances imbéciles de tous les premiers salueurs de la Révolution.
Le Dieu que je sers est un Dieu clément, un père : ce qui me touche, c’est sa bonté : elle efface à mes yeux tous ses autres attributs ; elle est le seul que je conçois. […] Le Dieu vengeur est le Dieu des méchants. […] Ô Dieu de paix, Dieu de bonté ! […] Dieu, le Tout-Puissant, le Seigneur, vaudraient beaucoup mieux que la source de l’être, etc.
Il y a l’ubiquité d’un Dieu. […] Dieu les voyait. […] Mais le catholicisme a cela de beau qu’il peut, sans ingratitude, se décharger sur Dieu du soin de payer les services qu’on lui rend : Dieu reconnaîtra les siens ! […] Par Dieu ! […] Il n’y a, en effet, que Dieu ici.
Un Dieu, un Christ, un évêque, un roi, — voilà bien dans son entier la sphère lumineuse où la pensée de Bossuet se déploie et règne : voilà son idéal du monde. […] Bossuet veut y montrer à la fois la bonté et la rigueur de Dieu, la tendresse et la sévérité de Jésus. […] Ce sermon, prêché « selon que Dieu me l’a inspiré », dit Bossuet en le terminant, a quelque chose de jeune, de vif, de hardi, par endroits de hasardé et presque d’étrange. […] Et c’est alors que, tandis que Jésus descend le long de la montagne des Olives, il le présente touché au vif dans son cœur d’une tendre compassion, et pleurant sur la ville ingrate dont il voit d’avance la ruine ; puis, tout d’un coup, sans transition et par une brusque saillie qui peut sembler d’une érudition encore jeune, Bossuet s’en prend à l’hérésie des marcionites qui, ne sachant comment concilier en un seul Dieu la bonté et la justice, avaient scindé la nature divine et avaient fait deux Dieux : l’un purement oisif et inutile à la manière des épicuriens, « un Dieu sous l’empire duquel les péchés se réjouissaient », le Dieu qu’on a nommé depuis des bonnes gens ; et, en regard de ce Dieu indulgent à l’excès, ils en avaient forgé un autre tout vengeur, tout méchant et cruel : et aussi, poussant à bout la conséquence, ils avaient imaginé deux Christs à l’image de l’un et de l’autre Père. […] Il aime ces formes souveraines ; il étend la main sur les choses, et, durant le temps qu’il parle, il ne peut s’empêcher de faire l’office du Dieu son maître.
Dieu veut que les riches se sauvent en donnant leur bien, et les pauvres par n’en point avoir. […] C’est ainsi que nous contribuons au salut les uns des autres… Ne croyez pas qu’il suffise d’être pauvre et souffrant pour être sauvé ; il faut supporter patiemment cet état pour l’amour de Dieu. […] Priez Dieu qu’il inspire tous ceux qui s’en mêlent. […] Sans trop presser cette conjecture, il est du moins certain qu’il songea à combler un désir discret de la personne qu’il venait d’associer devant Dieu à sa destinée domestique. […] Dieu sait que j’ai voulu établir la vertu à Saint-Cyr, mais j’ai bâti sur le sable.
Dieu du pardon ! leur Dieu ! Dieu de leurs pères ! […] Dieu, tout espoir ! […] Dieu même n’est plus là pour lui tendre la main comme à un enfant ; Dieu, c’est le grand tout, c’est le flux et le reflux de vie universelle, c’est l’Océan de l’être.
Il n’y a nulle part l’autel du Dieu inconnu. […] En effet il ne s’agit point ici d’une parole transmise, mais de la parole même de Dieu, parole toujours vivante, qui ne peut ni s’affaiblir ni s’altérer. […] Une parole, mais c’est la parole même de Dieu, une parole rend la victime présente pour être immolée de nouveau. […] Le mouvement des esprits, qui est l’opinion, peut soulever la société, mais il faut que la religion reste immobile comme Dieu même. […] Ainsi le vénérable prisonnier fut sur le point d’y céder à son tour ; mais l’heure de la délivrance avait sonné de toutes parts ; et Dieu s’était fait juge de sa propre cause, car la cause de la civilisation est celle de Dieu même.
C’est la rêverie et l’illusion d’un homme qui croit plus à la nature qu’à Dieu·, et qui même a supprimé Dieu pour mettre à sa place la Nature ! Je sais bien que l’auteur de L’Année d’un Ermite n’est pas un négateur de Dieu à la manière insolente et nette des athées du temps. […] Le Dieu des déistes, puisqu’il n’est pas personnel, n’est plus que la Nature, et la Nature influe sur la conscience, — comme Dieu. […] L’idée chrétienne a dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul », et elle a condamné absolument la solitude quand l’homme n’y est pas avec Dieu. […] Il a oublié que les ermites, dans toutes les religions, placent toujours Dieu, un dieu personnel, — qu’il soit faux ou vrai, mythologique ou chrétien, — dans le fond de leurs ermitages.
Dieu, qui est un très grand peintre en arabesques et en toutes autres peintures, l’a composé d’entrelacements très contrastants et très singuliers… La force, en lui, — une force intellectuelle par moments immense, — tout à coup se fond en faiblesse. […] C’est enfin, toujours et partout, et essentiellement, le mystique chrétien du livre de l’Homme, des Physionomies de saints, de la Parole de Dieu, qui vit ici sous le conteur et qui dramatise sa pensée immuablement mystique. […] L’homme est confisqué au profit de Dieu, qui devient en revanche le profit de l’homme… Le livre de Hello, dit-il encore dans sa préface, commence et finit par le nom de Dieu. […] Mais le Dante de ce formidable conte descend dans l’âme de son avare les dix mille cercles de l’enfer d’une âme d’homme à qui Dieu, en le créant, avait mis de son infini dans la poitrine ! […] Mais rien donc ne saurait apprendre à ce Voyant quand il s’agit de Dieu, et à ce Visionnaire quand il s’agit des hommes, que quand on est un catholique, on ne doit compter que sur Dieu seul.
Comment l’expliquer sans mettre en péril la bonté et la justice de Dieu ? […] Ce remède, c’est Dieu fait homme. […] En même temps que l’incarnation témoigne de la puissance divine, la rédemption témoigne de la bonté de Dieu. […] L’existence du mal, dont Dieu ne peut pas être responsable, prouve le premier péché. […] Dieu, qui les a faites, peut les suspendre.
Et c’est toi, ô Dieu tout-puissant, qui par les miséricordes de ton fils, etc. […] Dieu éternel, mets fin à cette tempête de mon âme ! […] Mais puisque rien de ce qui est arrivé n’est arrivé sans la permission de Dieu, je me tairai, ô Dieu éternel, j’implorerai ton nom, et je le demanderai pour moi, pour tous les miens, des sentiments d’humilité profonde, etc. […] Que je commence bien ce jour et l’année, c’est ce que je te demande avec prière et supplication, Dieu éternel ! […] En une chose de cette importance, qui suivrons-nous, Dieu éternel ?
Voltaire lui-même ne se défend pas d’avoir cherché son succès dans la puissance de ce charme, puisqu’il écrit, en parlant de Zaïre : « Je tâcherai de jeter dans cet ouvrage tout ce que la religion chrétienne semble avoir de plus pathétique et de plus intéressant 17. » Un antique Croisé, chargé de malheur et de gloire, le vieux Lusignan, resté fidèle à sa religion au fond des cachots, supplie une jeune fille amoureuse d’écouter la voix du Dieu de ses pères : scène merveilleuse, dont le ressort gît tout entier dans la morale évangélique et dans les sentiments chrétiens : Mon Dieu ! […] Ton Dieu que tu trahis, ton Dieu que tu blasphèmes, Pour toi, pour l’univers, est mort en ces lieux mêmes, En ces lieux où mon bras le servit tant de fois, En ces lieux où son sang te parle par ma voix. Vois ces murs, vois ce temple envahi par tes maîtres : Tout annonce le Dieu qu’ont vengé tes ancêtres. […] Tu ne saurois marcher dans cet auguste lieu, Tu n’y peux faire un pas sans y trouver ton Dieu, Et tu n’y peux rester sans renier ton père… Une religion qui fournit de pareilles beautés à son ennemi mériterait pourtant d’être entendue avant d’être condamnée. […] La cause d’un père et celle d’un Dieu se confondent ; les vieux ans de Lusignan, les tourments des martyrs, deviennent une partie même de l’autorité de la religion : la Montagne et le Tombeau crient ; ici tout est tragique : les lieux, l’homme et la Divinité.
» M. de Rémusat, plus ou moins hégélien, avait pu lire dans Hegel : « Anselme, dans son célèbre argument de l’existence de Dieu, montra, le premier, la pensée dans son opposition à l’être, et chercha à en prouver l’identité. » Après un pareil hommage rendu par le grand théoricien de l’identité de la pensée et de l’être, qui semblait reconnaître dans le Saint métaphysicien une paternité éloignée, comment ne pas se préoccuper de cet homme qui, quoique saint, avait été philosophe, et qui, par Descartes, touchait à Hegel ? M. de Rémusat a beau nous dire, avec une intention qui ne trompe personne : « Descartes ne serait pas aisément convenu que saint Anselme fut un de ses maîtres. » Tout ce qui s’occupe de philosophie n’en sait pas moins que l’argument de saint Anselme, sur l’existence de Dieu (et l’existence de Dieu, c’est toutes les questions de la philosophie dans une seule), est le même dans le Monologium que dans les Méditations. […] Seulement, pour tous ceux qui ont touché à ces questions dévorantes, on sera suffisamment fondé à affirmer que Ce n’est pas la métaphysique, qu’elle s’appelle des plus beaux noms que le génie ait eus dans l’histoire, qui peut combler l’abîme existant entre l’homme et Dieu, et tracer pour l’homme un chemin, au-dessus de ce gouffre. Nous avons dit plus haut : Toute philosophie gît dans une seule question, l’existence de Dieu en face de l’existence du monde, et il serait aisé de montrer que, quelque solution qu’on adopte sur cette question, et toutes peuvent se ramener à deux principales ; en d’autres termes, soit que Dieu et la matière soit congénères, soit que Dieu l’ait tirée de lui-même, le panthéisme inévitable et menaçant revient toujours ! […] En se limitant dans l’ordre des choses naturelles, la science de Dieu n’existe pas, à proprement parler ; car, pour qu’une science soit, il faut en connaître tous les termes, et Dieu, c’est le terme infini ; mais la croyance en Dieu scientifiquement doit être, parce que, si cette croyance n’était pas, aucune explication ne serait possible, et que rien de ce qui ne serait pas Dieu ne s’entendrait.
Jésus-Christ devient pour lui comme le portique et le degré qui conduit à la partie vraiment supérieure des Conférences, c’est-à-dire encore au gouvernement de Dieu. […] Lacordaire, et c’est ici que je touche au plus pur et au plus profond d’un talent admirable, au meilleur des dons que Dieu a faits à son noble serviteur. […] Comme le Dieu dont il est le ministre, il a sondé les cœurs et les reins. […] Dieu lui a donné une organisation d’élite, un mélange de force et de tendresse, une expression poétique et spirituelle en même temps… Mais j’ai dit que je ne parlerais pas de l’orateur. […] Il faut prendre l’homme par quelque endroit de son esprit ou de son cœur, pour l’arracher à la terre et l’élever vers Dieu.
Ils sont toujours prêts à se dégrader à l’envi, dans une Cause que les hommes ne peuvent jamais dégrader, même en se dégradant : la Cause de Dieu ! […] C’est tout ce qui restait de l’antique foi chrétienne, de l’enthousiaste amour de Dieu, épousé par le cœur ardent du Moyen Age demeuré fidèle jusqu’au grand Adultère de la Renaissance, dont le XVIe siècle fut un des bâtards ! […] Le Protestantisme combattit pour Dieu, contre Dieu… Aux supplices atroces de Philippe II, les atroces supplices d’Élisabeth d’Angleterre répliquaient… L’auteur politique de l’histoire actuelle de Philippe II n’a pas regardé assez avant dans ce fanatisme religieux pour plonger au fond et voir clairement ce qu’il signifiait. […] même sans la foi religieuse qu’il n’a pas, l’historien n’a point le droit de n’en pas tenir compte dans la vie des hommes dont il écrit l’histoire ; car cette foi religieuse, même inconséquente, même violée et faussée par les passions qui entraînent hors de Dieu, fût-ce dans les voies les plus scélérates, cette foi religieuse, tombée et ravalée jusqu’au fanatisme de Philippe II, par exemple, est encore une grande chose, qui grandit l’homme par le Dieu qu’elle y ajoute, et qui, s’imposant au moraliste dans l’historien, doit le forcer à s’occuper d’elle. […] Le fanatisme religieux ôté de l’âme de Philippe II, il se fait à l’instant en lui le vide de l’homme qui a besoin de l’idée de Dieu pour être quelque chose, et Forneron, avec son regard exercé, voit, dans ce vide où l’idée de Dieu s’embrouillait avec les passions et les vices, ce qui reste de Philippe II, c’est-à-dire un des plus vulgaires despotes qu’ait corrompus la royauté.
Jésus-Christ attendu ou donné, voilà le tronc de l’arbre ; la religion toujours uniforme ou plutôt identique dès le commencement ; toujours le même Dieu. […] Créateur pur, il est infiniment supérieur au Dieu des philosophes, premier moteur et simple ordonnateur du monde, et qui avait trouvé une matière toute faite : le Dieu de nos pères et celui de Bossuet a tout fait, la matière et la forme, l’ordre et le fond : il ne lui en a coûté qu’un mot. […] Avec Bossuet on a affaire à un Dieu précis, le seul qui compte. […] Jamais Moïse n’a été conçu ni montré plus grand que chez Bossuet, jamais plus prophète, jamais plus poète : Moïse, de tous les mortels celui à qui il a été donné de voir Dieu de plus près. […] On sait la parole célèbre : « Tout était Dieu, excepté Dieu même. » Israël avait presque perdu ses titres ; Moïse les lui a rendus.
À Dieu ne plaise ! […] Qui leur a montré, par-delà les limites et sous le voile de l’univers, un Dieu caché, mais partout présent, un Dieu qui a fait le monde avec poids et mesure, et qui ne cesse de veiller sur son ouvrage, un Dieu qui a fait l’homme parce qu’il n’a pas voulu retenir dans la solitude inaccessible de son être ses perfections les plus augustes, parce qu’il a voulu communiquer et répandre son intelligence, et, ce qui vaut mieux, sa justice, et, ce qui vaut mieux encore, sa bonté ? […] La méthode prouve d’abord que Dieu existe, puis qu’il crée le monde avec sagesse, et enfin, qu’il couronne son ouvrage en faisant l’homme. En dernier lieu vient l’idée de l’immortalité de l’âme, et, pour calmer les incertitudes que laisse cette croyance, la résignation confiante aux mains d’un Dieu juste et bon. […] C’est alors qu’il s’écrie, sauf à s’en repentir plus tard : « Le Dieu de la conscience n’est pas un Dieu abstrait, un roi solitaire, relégué par-delà la création sur le trône désert d’une éternité silencieuse et d’une existence absolue qui ressemble au néant même de l’existence ; c’est un Dieu à la fois vrai et réel, un et plusieurs, éternité et temps, espace et nombre, essence et vie, indivisibilité et totalité, principe, fin et milieu, au sommet de l’être et à son plus humble degré, infini et fini tout ensemble, triple enfin, c’est-à-dire à la fois Dieu, nature et humanité. » Et combien le style vague et allemand convient à ces effusions lyriques !
Cela admis, tout homme qui réfléchit, ne s’étonnera-t-il pas que les philosophes aient entrepris sérieusement de connaître le monde de la nature que Dieu a fait et dont il s’est réservé la science, et qu’ils aient négligé de méditer sur ce monde social, que les hommes peuvent connaître, puisqu’il est leur ouvrage ? […] Si des idées uniformes chez des peuples inconnus entre eux doivent avoir un principe commun de vérité, Dieu a sans doute enseigné aux nations que partout la civilisation avait eu cette triple base, et qu’elles devaient à ces trois institutions une fidélité religieuse, de peur que le monde ne redevînt sauvage et ne se couvrît de nouvelles forêts. […] Toutes les nations ont cru un Dieu, une Providence. […] Aucune nation n’a cru à l’existence d’un Dieu tout matériel, ni d’un Dieu tout intelligence sans liberté. […] Bayle a sans doute été trompé par leurs rapports, lorsqu’il affirme, dans le Traité de la Comète, que les peuples peuvent vivre dans la justice sans avoir besoin de la lumière de Dieu .
Dans un autre endroit, combattant les athées, il dit, à propos des Sauvages qu’on croyait sans Dieu : « Mais on peut insister, on peut dire : Ils vivent en société, et ils sont sans Dieu ; donc on peut vivre en société sans religion. […] » Il dit plus haut, en parlant de ce même ouvrage : On dira que l’auteur veut qu’on ne soit gouverné ni par Dieu, ni par les hommes. […] Les hommes en seront-ils plus vertueux, pour ne pas reconnaître un Dieu qui ordonne la vertu ? […] Je veux que les princes et leurs ministres en reconnaissent un, et même un Dieu qui punisse et qui pardonne. […] À Dieu ne plaise, répond ce grand homme, que je mêle la sagesse humaine à la sagesse du Fils de Dieu ; c’est la volonté de mon maître, que mes paroles ne soient pas moins rudes, que ma doctrine paraît incroyable224 : Non in persuasibilibus humanæ sapientiæ verbis… Saint Paul rejette tous les artifices de la rhétorique.
C’est la force de sa personnalité qui l’excuse presque de son impiété, de ses blasphèmes, de ses attentats contre Dieu même. […] À nos yeux, à nous, c’est cette personnalité acharnée à vivre, quand elle meurt, qui empêche le blasphémateur et sacrilège Georges Caumont d’être tout à fait un impie ; car le blasphème implique la frémissante reconnaissance du Dieu qu’on blasphème : puisqu’on le blasphème ! et c’est dans le fond de cette personnalité violemment écumante que nous trouvons encore, malgré tout, quelque chose d’immortellement religieux qui nous émeut, nous qui prenons parti pour le Dieu qu’on outrage, contre un si outrageant désespoir ! […] — dit-il quelque part, bondissant sous elle, — l’écrasante et affolante pensée d’un Dieu tout-puissant, qui, non content de tyranniser nos corps, tyrannise nos cœurs, en nous ôtant la force même de nous plaindre, parce que nous savons que l’iniquité même sera juste si le caprice de celui qui peut tout l’a décidé ainsi… » Voilà Job et le poitrinaire qui meurent à Madère, — et c’est lui, Georges Caumont, fou des terreurs de Dieu, et qui, de la religion qu’il réprouve, n’a gardé que la croyance à l’enfer… « Non ! […] Seulement, n’y a-t-il pas, ne peut-il pas y avoir de la beauté dans l’éclat de voix, le geste et le regard d’un fou, et n’est-ce pas cette beauté-là, qu’on trouve en ces pages, écrites contre Dieu par un homme qui ne peut se débarrasser de l’enveloppante idée de Dieu qui l’enveloppe par-dessus toutes ses tortures physiques et morales, par cet athée à l’enfer qui croit à l’enfer, par ce damné d’avant la mort, qui, dans les courts moments de sa vie, a mangé en herbe l’affreux blé de sa damnation éternelle ?
Il en est à David, à la royauté établie chez le peuple de Dieu, à Salomon qui bâtit le Temple et qui ne fait en cela que revêtir en quelque sorte de matériaux précieux l’idée de Moïse, qu’ajouter à l’arche première et au tabernacle du désert la magnificence et la grandeur. […] Le vrai Dieu était généralement ignoré, bien que le désir et l’idée s’en fissent sentir à quelques âmes. […] On le voit plein des secrets de Dieu, mais on voit qu’il n’en est pas étonné comme les autres mortels à qui Dieu se communique : il en parle naturellement, comme étant né dans ce secret et dans cette gloire ; et ce qu’il a sans mesure, il le répand avec mesure, afin que notre faiblesse le puisse porter. » Ces pages sont de toute beauté. […] Attendons-nous que Dieu fasse toujours de nouveaux miracles, qu’il les rende inutiles en les continuant ? […] Son autorité, révérée autant par le mérite de sa personne que par la majesté de son sceptre, ne se soutient jamais mieux que lorsqu’elle défend la cause de Dieu.
Dieu et son règne visible. […] Ils sentent, aussi, disent-ils, passer sur eux le souffle de l’infini, mais ils ne veulent plus du Dieu local des Juifs, du Dieu limité de l’Évangile chrétien. […] Ce n’est pas le Dieu universel que cherchent les hommes nouveaux. […] En cessant de croire à Dieu, tous n’ont pas cessé de croire au diable. […] On dit alors que Dieu descend chez l’homme et visite sa créature, mais le Mage entend monter vers Dieu à sa fantaisie et s’installer dans sa familiarité.
C’est enfin un de ces sublimes Ennuyés de la vie, un de ces Antées de la jouissance humaine qui ont touché et mordu cette poussière, et, à cause de cela, doivent un jour remonter vers Dieu ! […] le pistolet de Werther aurait probablement raté, il s’est tiré ce coup de pistolet dans la tête, mais la balle de la philosophie était si creuse qu’elle ne l’a pas tué, Dieu merci ! […] il n’est pas vrai que la Critique de la raison par Kant, qui a anéanti les preuves de l’existence de Dieu telles que nous les connaissions depuis Anselme de Cantorbéry, ait anéanti en même temps l’idée même de l’existence de Dieu. […] Dans les toiles d’araignées de la dialectique berlinoise, une mouche même ne trouverait pas la mort, et d’autant moins un Dieu ! […] tous les sots de la création, si Dieu voulait bien nous les prendre… Et par parenthèse, quel bon débarras cela nous ferait !
Par exemple, lorsqu’il dit que la raison de l’homme seule ne peut arriver à une démonstration parfaite de l’existence de Dieu, on triomphe, on s’écrie qu’il est beau de voir Voltaire prendre le parti de Dieu contre Pascal. […] “Mon fils, me dit-elle, Dieu n’a pas voulu que je jouisse longtemps de la vertu de votre père. […] N’attirez pas sur vous l’indignation de Dieu, en causant une douleur si sensible à une mère qui ne l’a point méritée. […] S’il atteste Dieu, Dieu est pré sent sur les autels ; s’il annonce le néant de la vie, la mort est auprès de lui pour lui rendre témoignage, et montre à ceux qui l’écoutent qu’ils sont assis sur des tombeaux. […] comme ce seul mot anéantit tout ce qui n’est pas Dieu !
Mais, parmi ces lyriques, ceux qui chantent à Dieu l’hymne ou la prière sont les premiers de tous. L’amour est l’enthousiasme du cœur, la patrie est l’enthousiasme de la terre, mais la prière est l’enthousiasme de Dieu. […] La loi régnait seule ; fondée sur la volonté de Dieu, et soutenue par la voix unanime du peuple, elle avait son trône dans le temple national. Ce temple était la tente du Dieu du pays. […] Et si Dieu lui-même a voulu se façonner, dans un cœur d’homme, un instrument capable de crier, de chanter ou de pleurer pour l’humanité tout entière, Dieu lui-même aurait-il pu pétrir autrement le cœur de cet homme ?
Les bonnes œuvres n’étaient que des témoignages que Dieu habitait et régnait en nous ; les mauvaises, qu’il nous avait repoussés. […] Quant à ceux qui, ne croyant pas à la doctrine tâchaient néanmoins de vivre innocemment, il le leur interdisait ; car leur innocence, remarquait-il, eût été l’effet de l’élection de Dieu et n’étaient-ils pas hors de l’élection de Dieu, puisqu’ils ne croyaient pas à la doctrine ? […] Il égale les plus sublimes dans ses grandes pensées sur Dieu, dont l’expression a été soutenue, mais non surpassée, par Bossuet. […] N’étaient-ils pas condamnés d’avance par la juste réprobation de Dieu ? […] Il ne tire pas une seule image de cette magnifique nature où éclate la bonté de Dieu pour ces mêmes hommes que Calvin traitait comme des damnés.
La différence entre eux est que Lamartine remonta toujours vers Dieu du fond de son impiété et de ses blasphèmes, tandis que Richepin ne remonta jamais vers Dieu du fond des siens. […] Richepin, de ce bouillonnant contre Dieu, le plus volontaire et le plus roué des rhétoriciens. […] S’il n’avait été qu’un blasphémateur d’un talent médiocre, on n’aurait vu en lui qu’un Trissotin de plus contre Dieu. […] la poésie de Richepin n’est pas seulement de la furie et du vomissement d’ampleur de fleuve contre Dieu. […] On ne touche pas impunément à Dieu dans une société fortement réglée.
Voilà la lumière que Dieu a répandue sur tous les hommes. […] Ainsi nous aurons prouvé par le fait aux Épicuriens que leur hasard ne peut errer selon la folie de ses caprices, et aux Stoïciens que leur chaîne éternelle des causes à laquelle ils veulent attacher le monde, est elle-même suspendue à la main puissante et bienfaisante du Dieu très grand et très bon. […] Cela même montre encore que les preuves dont nous avons parlé sont d’une espèce divine, et qu’elles doivent, ô lecteur, te donner un plaisir divin : car pour Dieu, connaître et faire, c’est la même chose. […] Cette justice intérieure, fut pratiquée par les Hébreux que le vrai Dieu éclairait de sa lumière, et auxquels sa loi défendait jusqu’aux pensées injustes, chose dont les législateurs mortels ne s’étaient jamais embarrassés. Les Hébreux croyaient en un Dieu tout esprit, qui scrute le cœur des hommes ; les gentils croyaient leurs dieux composés d’âme et de corps, et par conséquent incapables de pénétrer dans les cœurs.
point de Dieu, point de Christ ! […] Est-ce la faute de Dieu ? […] Lorsque nous souffrons de n’être pas unis à Dieu, la guérison n’est pas de nous dire : Soyons unis à Dieu. […] Sera-ce Dieu ou l’homme ? […] Si c’est quelqu’un, ce sera Dieu.
Reniant Dieu, ils ont renié le pauvre, ils ont fatalement abandonné son âme. […] Les anges que Dieu commet à la visite des fanges humaines ne l’ignorent point. […] La cité de Dieu dont il rêve, il ne la rejette pas tout entière par-delà la mort. […] Et il n’est pas bien sûr que Dieu ait fait « les nations guérissables ». […] Que la volonté de Dieu soit faite !
« Le Dieu qui crée est aussi le Dieu qui conserve », le Dieu qui surveille, le Dieu qui guide. […] Qui dit Dieu créateur, en effet, dit père, et par conséquent un Dieu qu’on prie. La prière une fois admise et reconnue pour efficace et légitime, la religion existe : Dieu et l’homme sont unis par un lien. […] Jésus-Christ est annoncé, il est attendu : il paraît que Le Dieu selon la Bible se complète, se corrige, s’attendrit, s’abaisse, s’humanise, se civilise, si j’ose dire, se met à la portée de tous les hommes et de toutes les races par le Dieu selon l’Évangile. […] Il faut donc nier la Providence, il faut nier Dieu lui-même », qui n’aurait pu vouloir duper l’homme à ce point.
Mon fils, ajouta-t-il, je prie Dieu qu’il vous soit toujours favorable. […] » Le divin Ulysse, pardonnant à son fils, répondit : Je ne suis point un Dieu. […] Ce n’est point par votre conseil que j’ai été envoyé ici, mais par la volonté de Dieu. […] Tout est grand avec Dieu, tout est petit sans Dieu : cela s’étend jusque sur les sentiments. […] Nos cendres seront mêlées dans la même urne, et je ferai au Dieu qui vous accompagne toujours des sacrifices agréables.
Or, encore, comme, sans Dieu et sans Paradis, dont M. […] Tenez-vous-le pour dit : pas de Dieu ! […] … Car Dieu, c’est l’ennemi. […] Renan a commencé par nier le Dieu des chrétiens, il finit par nier le Dieu des déistes, et, à sa place, il met la science. […] … car, après la Vie de Jésus, — s’il n’est pas Dieu, tout est dit !
Boileau vieillissant rime une épître sur l’amour de Dieu. […] et elle montre la main du Dieu vivant venant frapper jusque sur les planches cet histrion qui fut l’auteur du Misanthrope. […] Voltaire disait109 : « Si Dieu nous a faits à son image, nous le lui avons bien rendu ». — Et, en effet, non seulement chaque civilisation, chaque siècle, se représente Dieu à sa façon et le modèle d’après son idéal ; non seulement on peut répéter en ce sens, après Renan : — Dieu n’est pas ; il devient ― ; mais encore le Dieu des catholiques, si bien défini qu’il paraisse par la théologie orthodoxe, s’est incessamment modifié. […] C’est un Dieu abstrait, qui parle à l’intelligence et peu au cœur. […] C’est un Dieu grand plus encore qu’un Dieu bon.
Quand un artiste introduit dans une composition un saint embrasé de l’amour de Dieu et prêchant sa loi à des peuples et qu’il lui met un bonnet carré à la main, comme à un homme qui entre dans une compagnie et qui la salue poliment, je lui dirais volontiers, Vous vous mêlez d’un métier de génie et vous n’êtes qu’un butor. […] Et puis croyez-vous qu’il fût indifférent de savoir, avant de prendre le crayon ou le pinceau, quel était le sujet du sermon ; si c’était ou l’effroi des jugements de Dieu, ou la confiance dans la miséricorde de Dieu, ou le respect pour les choses saintes, ou la vérité de la religion, ou la commisération pour les pauvres, ou un mystère, ou un point de morale, ou le danger des passions, ou les devoirs de l’état, ou la fuite du monde. […] Ne sentez-vous pas que si le sermon est des jugements de Dieu, votre orateur aura l’air sombre et recueilli, et que votre auditoire prendra le même caractère ; que si le sermon est de l’amour de Dieu, votre orateur aura les yeux tournés vers le ciel, et qu’il sera dans une extase que les peuples qui l’écoutent partageront ; que s’il prêche la commisération pour les pauvres, il aura le regard attendri et touché, et qu’il en sera de même de ses auditeurs. Allez sous le cloître des Chartreux ; voyez le tableau de la Prédication, et dites-moi s’il y a le moindre doute que le sermon ne soit de la sévérité des jugements de Dieu.
Dieu ne répète pas à chaque instant l’acte de sa toute-puissance par lequel il créa le monde ; et le monde cependant est une suite de créations successives, qui s’opèrent par l’effet toujours le même de cet acte de la volonté de Dieu. Lorsque Dieu tira les étoiles du néant, et qu’il les appela chacune par son nom, il leur marqua l’aire de l’espace qu’elles devaient parcourir jusqu’à la fin des temps ; depuis elles ont invariablement décrit leurs ellipses immenses. Dieu n’a donné qu’une fois à tous les êtres la faculté de se perpétuer ; et les espèces continuent leur vie immortelle. […] Si Dieu lui a retiré la puissance dont il l’avait revêtue, c’est sans doute parce que son ministère de création est accompli ; et qu’il ne lui reste plus qu’un ministère de développement. […] Mais, quoi qu’il en soit, j’ai besoin de le redire, et je voudrais faire passer dans mes lecteurs la conviction intime où je suis que Dieu ayant fait l’homme pour vivre en société, la providence de Dieu ne cessera point de veiller sur les sociétés humaines ; quoi qu’il en soit, répéterons-nous, s’il est vrai que jusqu’à présent Dieu se soit servi de la parole pour diriger les destinées du genre humain, si la parole enfin a été jusqu’à présent une révélation toujours subsistante au sein de la société, et que ce moyen ait cessé de lui paraître utile ou nécessaire, il saura bien en faire sortir un autre de la force même des choses, en supposant que celui-là manquât d’une manière absolue, ce que je suis loin d’admettre, ainsi qu’on a pu le voir, ou en supposant qu’il soit devenu insuffisant, ce qu’on sera beaucoup plus porté à croire.
Reléguer l’auteur de son âme et, pour éviter de nier Dieu, l’écarter de l’univers ? […] tout, excepté ce qui intéresse l’homme, la nature et Dieu. […] Il a agi, et il s’est caché dans l’éblouissement de sa toute-puissance, dans le mystère, cette ombre de Dieu ! […] La matière n’est pas Dieu, mais c’est l’esclave organisé dont les lois éternelles ou périssables sont créées pour recevoir et subir les lois de Dieu. […] Moi, je crois que la matière est vile, que la pensée est Dieu, et que Dieu pensant est tout le Cosmos !
Le christianisme est une religion pour ainsi dire double : s’il s’occupe de la nature de l’être intellectuel, il s’occupe aussi de notre propre nature : il fait marcher de front les mystères de la Divinité et les mystères du cœur humain : en dévoilant le véritable Dieu, il dévoile le véritable homme. […] Un Dieu montait sur son char, un prêtre offrait un sacrifice ; mais ni le Dieu ni le prêtre n’enseignaient ce que c’est que l’homme, d’où il vient, où il va, quels sont ses penchants, ses vices, ses fins dans cette vie, ses fins dans l’autre. […] L’Écriture nous apprend notre origine, nous instruit de notre nature ; les mystères chrétiens nous regardent : c’est nous qu’on voit de toutes parts ; c’est pour nous que le Fils de Dieu s’est immolé. Depuis Moïse jusqu’à Jésus-Christ, depuis les Apôtres jusqu’aux derniers Pères de l’Église, tout offre le tableau de l’homme intérieur, tout tend à dissiper la nuit qui le couvre : et c’est un des caractères distinctifs du christianisme d’avoir toujours mêlé l’homme à Dieu, tandis que les fausses religions ont séparé le Créateur de la créature.
Personne ne peut nier que Dieu ne soit en toutes choses d’une certaine manière. Des choses qui seraient absolument hors de Dieu seraient sans Dieu. Ainsi Dieu est partout, Dieu est en tout, est Deus in nobis. […] Si l’on n’admet pas cela, Dieu est tout ; si Dieu est tout, tout est Dieu ; si tout est Dieu, il n’y a pas de Dieu. […] comment, si Dieu est en tout et partout, peut-il y avoir quelque chose qui ne soit pas lui ?
Au secours des douleurs un Dieu clément le guide. […] Les rois sont comme des dieux, et Dieu est le Roi des rois. […] « Pour Dieu ! […] Comment concilier cela avec les idées d’un Dieu infiniment bon ? […] ou pour apprendre aux « cuisinières » quelque chose de plus que leur Croix de par Dieu !
Vous l’eussiez tenu pour un homme frappé de Dieu, touché de sa main. […] On sent d’avance que les résultats qui en sortiront seront d’ordre social, et non d’ordre politique, que l’œuvre à laquelle ce peuple travaille est un royaume de Dieu, non une république civile, une institution universelle, non une nationalité ou une patrie. […] L’idée qu’Israël est un peuple de Saints, une tribu choisie de Dieu et liée envers lui par un contrat, prend des racines de plus en plus inébranlables. […] Mais il croyait aussi que la religion du vrai Dieu n’était faite que pour lui seul. […] Il fournit la mise en scène et les termes techniques du nouveau messianisme, et on peut lui appliquer ce que Jésus disait de Jean-Baptiste : Jusqu’à lui, les prophètes ; à partir de lui, le royaume de Dieu.
Après Diderot qui voulait élargir Dieu, il veut élargir le christianisme. […] Spinosa, Voltaire, Hegel, tous ces insectes humains, enivrés de la goutte de génie que Dieu leur versa dans la télé et qu’ils ont rejetée contre Dieu, jouent leur rôlet de Titans-Myrmidons jusqu’au bout et visière levée. […] Dieu, l’âme, son essence et ses destinées, les hiérarchies spirituelles, etc., sont restées des questions pour M. […] Il semble ignorer que Dieu soit un acte pur et ce que c’est même qu’un acte pur ! Il s’imagine que Dieu, comme l’homme, a son chemin à faire et qu’il a besoin d’expérience !
On lui a pardonné d’aimer Dieu, en faveur de l’amour ! […] — au sortir de leurs rêveries, gardèrent en eux ce grand et précoce amour du Dieu qui les fit plus tard des Saints l’un et l’autre. Mais Térèse en particulier, Térèse surtout fut payée de ses premières folies pour Dieu, en recevant de lui le don de toutes les sagesses. […] Dans ses ardeurs vers Dieu, le feu qui la consume, ce feu mystique, est blanc comme la neige à force d’être concentré, et voilà pourquoi les âmes accoutumées à la grossièreté de la terre et à l’expression violente et morbide de ses passions peuvent trouver sans couleur et sans fulgurance cette flamme divinisée en Dieu et qui a perdu l’écarlate de la flamme humaine ! […] Dire que c’est la vie d’une âme éprise de Dieu et de perfection, qui a monté pendant quarante ans, chaque jour, une marche du ciel, le chrétien seul nous comprendrait, le chrétien qui sait à quel prix sanglant s’achète cette lente et magnifique Assomption de l’Amour !
Il fallait Proudhon, qui faisait mieux que de nier Dieu, car il le diffamait et l’appelait le mal. […] Et Dieu, qui se moque cruellement de nous, a voulu que ce fût une femme… Madame Ackermann, dont je ne sais guères que ceci : c’est qu’elle fut l’amie de Proudhon, est l’auteur de ces Poésies philosophiques. […] Est-ce qu’elle s’est gênée avec Dieu ? […] Elle aussi, la femme aveuglément athée, renverse tout dans sa douleur d’être sans Dieu, et elle périt comme raison, cette philosophe, sur son athéisme écrasé. […] Ce serait la vengeance de Dieu !
Cette fin, qui est aussi son origine, c’est Dieu. […] Donc Dieu est. […] L’humanité s’est soustraite à Dieu. […] Alors nous verrons Dieu face à face. […] Tu parles à Dieu pour nous.
Tels sont les desseins de Dieu. […] Plût à Dieu que ce fût en effet la fièvre ! […] c’était ma sœur qui priait Dieu en dehors sur le seuil de ma porte. […] Dieu ! […] Dieu vous préserve d’être jamais obligé de vivre seul !
L’homme, créature de Dieu livrée à sa merci, s’éleva vers son Créateur en un perpétuel élan d’actions de grâce et de prières. […] Pour l’un, il y a Dieu, la Vierge et les Saints, l’Église, gardienne de la Vérité, l’homme, créature pitoyable et pécheresse, sans espoir hors de l’obéissance à Dieu. […] Le paganisme avait divinisé les énergies cosmiques ; le christianisme immatérialise son Dieu dans un ciel fictif et jette l’anathème sur la nature. […] Il nous faut attendre, immobiles et en prières, que Dieu nous appelle à lui. […] Dieu, seule Volonté et seule Vérité, nous tient dans sa large main qu’il entr’ouvre ou referme suivant son infini caprice, et nous sommes sous son talon comme l’insecte du chemin, à la merci du plus fort.
Dans sa détresse, il s’est tourné vers Dieu. Quel Dieu ? […] Et pensez-vous qu’un saint ait jamais mieux parlé à Dieu que M. […] Car pensez : il faut que Dieu soit infini pour être Dieu, et il faut qu’il soit fini pour communiquer avec nous. […] On aurait peine à pardonner ces choses à un Dieu que l’on concevrait rationnellement et que, par suite, on n’aimerait point : on en remercie le Dieu que l’on conçoit tout de travers, mais qu’on aime.
Ils parlent deux langues inintelligibles, si la grâce de Dieu n’intervient entre eux comme interprète. […] Ô Dieu, aurai-je la force de lui préférer mon devoir ? […] … Dieu m’a trahi, monsieur ! […] Il faut du courage pour faire à Dieu cette générosité, en dépit de l’expérience. […] Plût à Dieu qu’il dépendît de moi de la supprimer !
Il ne fallait pas seulement obéir à cette double autorité combinée entre le roi et Dieu, il fallait l’adorer. […] Peut-être que Dieu vous fera revenir à Port-Royal. […] Dieu parle, et d’un mortel vous craignez le courroux ! […] N’est-elle pas à Dieu dont vous l’avez reçue ? […] Le chœur éclate en strophes d’admiration pour Esther et en reconnaissance au Dieu des Juifs.
II Et cette explication légère, facile, impertinente pour le Saint-Esprit, Paul Meurice, qui en a conscience, finit par en avoir un peu honte, et, redevenu modeste tout à coup : « Nous n’avons nulle prétention — dit-il agréablement — de fonder notre petite religion les pieds sur nos chenets. » Malheureusement, ce n’est pas bien long, cette modestie ; il reprend presque aussitôt le ton de sa maison, l’insupportable ton hugolâtre : « Dieu ! […] — il suffit du plus simple relatif entre la pensée et Dieu. » Et le voilà qui part de Shakespeare : On ne s’attendait guère À voir Shakespeare en cette affaire ! […] pour nous démontrer le Dieu en trois personnes : — Shakespeare est un homme et un créateur dans l’humanité, et l’humanité, c’est Dieu, et c’est l’humanité qui fait Dieu, dit Meurice, qui n’est, en somme, qu’un hégélien, comme vous voyez, tombé du baragouin d’Hegel dans le baragouin d’Hugo, deux effroyables baragouins ! Eh bien, ce sont ces intelligents messieurs, qui soutiennent que Shakespeare explique la Trinité, qui prétendent que l’humanité pond son Dieu, ce long Dieu du devenir qui ressemble à un câble et que l’humanité fait et augmente d’une spirale tous les jours ; ce sont ces messieurs, qui soutiennent les droits du corps autant que les droits de l’esprit, et qui, niant toutes les négations, nient le péché, le châtiment, la guerre, la mort et l’enfer ; ce sont eux, ces messieurs, que Paul Meurice appelle : « les Chevaliers de l’Esprit » ! […] Tous ces insurgés de l’heure présente, dans un aveuglement que Dieu permet et qu’ils ont mérité, retournent, croyant faire du nouveau, l’esprit chrétien faussé contre le Christianisme.
pas tous ceux qui, dans le xixe siècle, ont titanisé contre Dieu et maudit l’existence parce que la douleur y tient plus de place que le bien-être et que la joie… Il en cite quelques-uns, et se trompe sur d’autres. Par exemple, il se trompe sur Joseph de Maistre, qui n’a nullement maudit la vie parce qu’il a voulu que l’Expiation rachetât, aux yeux de Dieu, tout un monde en chute ! […] Pope aussi était contrefait, mais, pris dans l’étau de son corset de fer, il n’envoya jamais, du fond de cette torture, d’injure à Dieu et de crachat sur la vie, dont Dieu, qui veut qu’on se soumette à sa Providence, a toujours gardé le secret ! […] avait du moins quelque chose d’ardent dans le ventre et était violemment révoltée contre Dieu ! […] Il est, enfin, non moins épouvantablement certain que cette philosophie de lâche est aussi dans la sensation recherchée des peuples abêtis et énervés qui n’ont ni Dieu pour couronnement de leurs civilisations, ni devoir, ni sens moral, ni rien de la substance qui fut une âme, et qu’ils sont dégoûtés jusque de porter le poids de leurs dernières corruptions !
Dieu m’esprouve bien. […] Dieu m’ostera de ces misères bien tost. […] « Dieu vous veuille prospérer, vostre femme, enfants et frères, et cousins, et surtout nostre chef, mon bon frère et cousin, et tous les siens ; la bénédiction de Dieu et celle que je donnerois à mes enfants puisse estre sur les vostres, que je ne recommande moins à Dieu que le mien, mal fortuné et abusé. […] Dieu soit loué de tout cependant, puisqu’il me fait cet honneur de mourir pour lui et son Église ! […] Ne devriez-vous pas plutôt louer Dieu de ce qu’il inspire à votre maîtresse courage et résignation ?
Il paraît qu’on aime avec cela… Et c’est avec cela que Philippe II a aimé Dieu et son Église. […] Il a aimé Dieu et l’Église du premier amour de sa vie et à travers tous les sentiments de sa vie, s’il en eut d’autres, ce qui est douteux. En dehors de Dieu et de l’Église, il n’eut peut-être que des sensations. […] — qui puisse faire comprendre qu’il ait toute sa vie voulu la même chose : la gloire de Dieu, son triomphe, son règne, et qu’il ait vengé son honneur — l’honneur de Dieu outragé ! […] Le Protestantisme combattit pour Dieu, contre Dieu… Aux supplices atroces de Philippe II, les atroces supplices d’Élisabeth d’Angleterre répliquaient.
Dieu dilaté, c’est le monde. […] Il est le trépied de Dieu. […] La douleur, logique, mène à Dieu. […] L’homme libre sous Dieu souverain. […] Par ici, on va du côté de Dieu.
Fénelon fait tout pour corriger le duc de Chevreuse de cet excès intellectuel, et pour l’en guérir : Je crains toujours beaucoup, lui écrit-il (août 1699), votre pente excessive à raisonner : elle est un obstacle à ce recueillement et à ce silence où Dieu se communique. Soyons simples, humbles, et sincèrement détachés avec les hommes : soyons recueillis, calmes et point raisonneurs avec Dieu. […] C’est un approfondissement, un arrangement, une suite d’opérations, soit pour remonter aux principes, soit pour tirer les conséquences », Couper court, en finir, retrancher tout ce qui n’est pas essentiel, éviter un semblant d’exactitude éblouissante qui nuit au nécessaire par le superflu, c’est là le conseil qui revient sans cesse et qui ne s’applique pas moins aux choses de ce monde qu’à celles de Dieu. […] Au nom de Dieu, qu’il ne se laisse gouverner ni par vous, ni par moi, ni par aucune personne du monde. […] Il perd le duc de Beauvilliers : Pour moi qui étais privé de le voir depuis tant d’années, écrit-il à la duchesse sa veuve, je lui parle, je lui ouvre mon cœur, je crois le trouver devant Dieu ; et, quoique je l’aie pleuré amèrement, je ne puis croire que je l’aie perdu, qu’il y a de réalité dans cette société intime !
Qu’alors vienne le Sauveur (Dieu) revêtu d’une dalmatique, et que devant lui se tiennent Adam et Ève. […] et la première scène commence, un dialogue de Dieu avec Adam, puis avec Ève. Dieu les sermonne tous deux. Insistant avec Adam en particulier sur la félicité qui, lui est destinée, et lui montrant le jardin du Paradis, Dieu y introduit lui-même le couple humain. […] Après un petit chant du chœur qui succède, Dieu ou la Figure paraît, revêtue d’une étole « Adam, ubi es ?
Faites-moi voir qu’il y a un Dieu aussi clairement que je vois qu’il est jour, demandait le Timoléon des Dialogues à Théophile (c’est-à-dire Choisy à Dangeau). […] qu’aisément tout nous porte à Dieu, s’écrie-t-il encore avec un sentiment très vif et très sincère, quand on se voit au milieu des mers sur cinq ou six planches, toujours entre la vie et la mort ! […] Choisy n’a garde de l’oublier, car, après Dieu et à côté de Dieu, le roi a tous les honneurs : « On respecte beaucoup Sa Majesté sur la terre, mais on l’aime bien sur mer », ajoute-t-il avec une sorte de tendresse qui n’est pas jouée. […] Quoi qu’il arrive, pense-t-il, j’aurai toujours fait un beau voyage ; j’aurai appris bien de petites choses ; je n’aurai guère offensé Dieu pendant deux ans. […] comment ferions-nous pour offenser Dieu sur ce vaisseau ?
Il la hait et il l’écarte, parce que la légende, c’est le merveilleux dans l’histoire, c’est l’action de Dieu s’imprimant, fortement sur l’imagination des hommes. […] Il nous décrit le fléau de Dieu, — mais un fléau, c’est deux bâtons et une lanière. […] Dans l’histoire habituelle, dans le tous-les-jours de l’histoire, l’action de Dieu est latente. […] Si vous ne croyez pas à l’action personnelle de Dieu sur le monde, abandonnez cet accablant sujet d’Attila ! […] Si, dans une phrase de rhétorique assez heureuse, on a parlé des Gestes de Dieu par les Francks (Gesta Dei per Francos), les gestes de Dieu par les Barbares sont moins une phrase qu’un fait, bien plus visible encore.
Ils veulent être sans Dieu et ne pas souffrir. […] Il profane le langage humain — le langage que Dieu a parlé ! […] Renan, a pu être utilisée, grades à Dieu ! […] Le reste est devant lui comme le néant devant Dieu et vous savez que Dieu a tiré toutes choses du néant. […] Dieu ne fait donc plus pousser de bâtons sur la terre ?
Dieu l’a mis sur la terre en lui disant : Crée, et il crée. […] Or c’est là précisément ce que donnent les religions : elles jettent le pont entre nous et les autres hommes, entre l’Humanité et Dieu. […] Son esprit a plongé dans l’infiniment grand et dans l’infiniment petit, et partout il a rencontré Dieu. Or tout homme qui commence à sentir Dieu éprouve le besoin de se rapprocher de ceux qui l’ont senti avant lui. […] En cela ils sont l’un et l’autre en complet désaccord avec eux-mêmes, avec leur conception de la vie universelle et de Dieu.
Ne disait-on pas, dans la maison de son père, que Dieu lui-même l’avait directement annoncée aux hommes ? […] Descartes nous avait montré l’idée de Dieu dans l’idée de l’infini, avec laquelle nous naissons. […] C’est une argumentation passionnée, dans laquelle un homme mortel raisonne avec Dieu. […] Et pourtant nulle prière humaine n’a été plus assurée de monter jusqu’au trône de Dieu. […] Je n’ai besoin, par la grâce de Dieu, ni du bien ni de l’autorité de personne.
La prophétie est claire, Dieu nous préserve de l’accomplissement ! […] Mais que la volonté de Dieu se fasse ! […] La main de Dieu est sur l’Europe. […] Ce qu’on donne à Dieu est bien peu de chose, rien du tout, et la récompense est infinie. […] Dieu veuille en tirer sa gloire !
Dieu qui lui avait tant donné, devait lui épargner la douleur des créatures d’argile de y voir leur argile se fondre et tomber autour d’elles. […] Les années, ces degrés qui croulent à mesure qu’on les monte, étaient les marches du mystique escalier qui conduit à Dieu. […] Mais Dieu les préserva tous deux. […] Dieu lui ôta donc sa suprême espérance, et ce fut, dans l’ordre des douleurs de cette âme, quelque chose de pareil à la séparation, avec le couteau, du fil de chair saignante qui retient au tronc la tête coupée par la hache. […] Le doigt de Dieu, en s’y posant, le fit choir dans l’éternité.
C’est un décret de Dieu ; or, un décret de Dieu ne peut manquer de s’accomplir ; s’il ne s’accomplit pas ici-bas, il s’accomplira ailleurs ; puisque mes aspirations infinies seront contentées, et ne peuvent l’être dans la vie présente, elles le seront dans la vie future ; il y a donc une vie future. — D’autre part, Dieu est juste. […] Cela signifie maintenant : En créant un être, Dieu a eu quelque but en vue. » — Je n’en sais rien88, ni vous non plus. […] Malebranche est allé plus loin ; il a prouvé, et fort rigoureusement, que Dieu n’a point en vue le bien des créatures, mais sa gloire, qu’il fait tout pour lui et rien pour elles, et qu’il ne serait pas Dieu, s’il était humain. […] J’ai beau disséquer des moutons, je ne découvre pas ce que Dieu avait en vue en créant des moutons. […] Il considérait d’abord la destinée, en naturaliste, comme un fait, simple produit de l’organisation et des tendances ; il la considérait ensuite, en fidèle, comme un but et un décret de Dieu.
On lui a pardonné d’aimer Dieu, en faveur de l’amour ! […] — au sortir de leurs rêveries gardèrent en eux ce grand et précoce amour du Dieu qui les fît plus tard des Saints l’un et l’autre. Mais Térèse en particulier, Térèse surtout, fut payée de ses premières folies pour Dieu en recevant de lui le don de toutes les sagesses. […] Dans ses ardeurs vers Dieu, le feu qui la consume, ce feu mystique, est blanc comme la neige, à force d’être concentré, et voilà pourquoi les âmes accoutumées à la grossièreté de la terre et à l’expression violente et morbide de ses passions peuvent trouver sans couleur et sans fulgurance cette flamme divinisée en Dieu, et qui a perdu l’écarlate de la flamme humaine ! […] Dire que c’est la vie d’une âme éprise de Dieu et de perfection, qui a monté pendant quarante ans, chaque jour, une marche du ciel, le chrétien seul nous comprendrait, le chrétien qui sait à quel prix sanglant s’achète cette lente et magnifique Assomption de l’Amour !
Un Dieu qui n’est qu’un objet de raisonnement et la conclusion d’un syllogisme, un Dieu qui n’est rien dans la vie, et auquel on ne pense que lorsqu’il s’agit de réfuter les athées, un tel Dieu est une pure abstraction, et je m’étonne quelquefois que l’on mette tant d’ardeur à combattre ceux qui se trompent sur ces questions lorsque dans la vie on fait une part si faible à ces croyances d’où il semble que tout doit dépendre. Si Dieu n’est qu’un objet de pure spéculation, on ne voit pas pourquoi chacun ne pourrait pas penser là-dessus ce qui lui conviendrait et pourquoi telle hypothèse ferait plus scandale que telle autre ? […] Le miracle écarté, il reste encore l’idée de la Divinité et de son action incessante sur l’univers ; il reste le sentiment religieux qui unit l’homme à Dieu. Or il y a dans l’histoire certains hommes qui ont éprouvé au plus haut degré le sentiment de l’union de l’homme et de Dieu ; ceux-là sont les initiateurs religieux, ce sont des médiateurs. […] Soit ; mais si l’idée de Dieu est trop pauvre et trop froide pour réunir les hommes en un sentiment commun, avouez alors que c’est une idée vaine, et rendez les armes aux athées.
Elle pouvait exister sans honte, car c’était la peur du seul être avec lequel on puisse bien n’être pas brave : c’était là peur de Dieu ! […] « Rien de certain, rien qui se démontre, la philosophie radicalement impuissante, la raison, sotte, Dieu donc et Dieu, c’est-à-dire Jésus-Christ », tel est le fond : mais la forme et plus que la forme, — car, au point de vue extérieur, cette forme, c’est Montaigne, Montaigne, c’est l’écorce du style de Pascal, — mais l’âme inouïe qui circule dans tout cela, qui passe à travers ce fond de si peu d’invention et cette forme de tant de mémoire, voilà le Pascal en propre, voilà l’originalité qu’on n’avait pas vue et qu’on ne reverra peut-être jamais ! […] C’est un Hamlet, mort à trente ans passés, qui n’eut pas d’Ophélie, qui cause aussi, et dans quelle langue, grand Dieu ! […] Un Jésuite l’avait appelé athée, ce Pascal qui tue l’intelligence sous Dieu ; des philosophes l’appelèrent visionnaire. […] Voilà comme on traduisait cette terreur sainte du Dieu irrité et jaloux qui féconda Pascal et en fit un poëte incompréhensible aux pousseurs d’alexandrins de tragédie !
En ce temps-là, les études historiques et biographiques n’avaient pas le degré d’importance et de profondeur qu’elles ont acquis depuis cette époque, et que, grâce à Dieu ! […] Pour une fois, Dieu voulut qu’on pût être grand sans souffrir. […] Issu d’une famille profondément religieuse, qui l’avait destiné, dès son plus bas âge, au sacerdoce, il n’eut pas besoin pour aller à Dieu de passer, comme saint Colomban, par-dessus le corps de sa mère. Famille, vocation, facultés, mouvement naturel à son âme, tout était d’accord et le poussait du même côté, — du côté de Dieu. Dieu, qui l’attendait, ne lui envoya pas les épreuves qui auraient retardé sa venue vers lui.
Du moment où Dieu lui avait révélé divinement la parole et l’intelligence de la parole, il lui avait donné par là l’instrument nécessaire et facile de toute convention et de tout progrès. […] Un vermisseau, mais un vermisseau parlant, résumant l’univers et Dieu dans une pensée, voilà donc l’homme ! Ôtez-lui la parole ou la littérature, ce résumé de lui-même et de l’univers, ce n’est plus qu’un vermisseau ; ôtez-lui son enveloppe infime et matérielle, ce n’est plus un vermisseau, c’est un Dieu ! […] Mais Dieu, dans un dessein que nous ne pouvons pas connaître, a donné des bornes à la mémoire des hommes comme à toute chose ici-bas. […] Si Dieu avait voulu la perfectibilité indéfinie de l’esprit humain sur cette terre, il aurait créé une langue une et immortelle entre tous les peuples et toutes les générations.
Diego, il se nommait ainsi, s’écria en se voyant si beau : Oh Dieu ! […] Je prie Dieu qu’il m’arrache bientôt de ce lieu-ci. […] Il me semble que je lui répondis que je reconnaissais tous les bienfaits de Dieu. […] fais ta prière à Dieu, et crie fort ! […] Comment Dieu me pardonnera-t-il, si je ne pardonne moi-même ?
Dieu ! […] grand Dieu, je frémis ! […] — Dieu vous bénira, grand’mère ; Dieu vous bénira. […] Si je n’ai pas le bonheur d’avoir la religion du Dieu de la paroisse, j’ai toujours eu et j’ai de jour en jour davantage la religion du Dieu de l’univers. […] Que Dieu fasse donc pour le mieux », ajouta-t-il.
Mettons donc l’éternité au fond de l’histoire des temps ; rapportons tout à Dieu, comme à la cause universelle. Qu’on vante tant qu’on voudra celui qui, démêlant les secrets de nos cœurs, fait sortir les plus grands événements des sources les plus misérables : Dieu attentif aux royaumes des hommes ; l’impiété, c’est-à-dire l’absence des vertus morales, devenant la raison immédiate des malheurs des peuples : voilà, ce nous semble, une base historique bien plus noble, et aussi bien plus certaine que la première. […] L’esprit de Dieu s’étant retiré du milieu du peuple, il ne resta de force que dans la tache originelle qui reprit son empire, comme au jour de Caïn et de sa race. […] Mais Dieu vit l’iniquité des cours, et il dit au soldat étranger : Je briserai le glaive dans ta main, et tu ne détruiras point le peuple de saint Louis. […] De plus, il y a dans le nom de Dieu quelque chose de superbe, qui sert à donner au style une certaine emphase merveilleuse, en sorte que l’écrivain le plus religieux est presque toujours le plus éloquent.
. — Vers Dieu. […] Émile Trolliet Vers Dieu par la famille : voilà tout Achille Paysant. Son premier livre était intitulé : En famille ; le second, obligatoirement, doit s’appeler : Vers Dieu. D’autres vont à Dieu par la grande route métaphysique et lyrique.
C’est Dieu. […] Pour Spinoza, Dieu est l’unique substance : le monde est Dieu réalisé. […] Il cherche à montrer une contradiction entre la nature de Dieu et la liberté humaine. […] Il faut sacrifier la perfection de Dieu ou la liberté humaine ; les fatalistes sacrifient cette dernière. […] Quand je dis Dieu est bon, je ne fais rien de plus qu’affirmer que le prédicat « bon » convient au sujet « Dieu » toute idée d’existence mise à part.
On n’a pas eu la même susceptibilité pour ce qui touche Dieu et les idées religieuses : sur ces points l’opinion de Chateaubriand à cette date subsiste tout entière, inscrite de sa main en marge, dans des notes aggravantes et corroboratives du texte. […] Mais enfin ils ont bien renié le Dieu qui a fait le ciel et la terre, pourquoi ne renieraient-ils pas les hommes en qui ils voient reluire, comme en vous, les plus beaux attributs de cet Être puissant ? […] Oui, tout est chance, hasard, fatalité dans ce monde, la réputation, l’honneur, la richesse, la vertu même : et comment croire qu’un Dieu intelligent nous conduit ? […] Il y a peut-être un Dieu, mais c’est le Dieu d’Épicure ; il est trop grand, trop heureux pour s’occuper de nos affaires, et nous sommes laissés sur ce globe à nous dévorer les uns les autres. […] À côté de ces mots du texte imprimé (p. 609) : « Dieu, répondez-vous, vous a fait libre.
C’est le commandement de Dieu, c’est le devoir de tout fidèle ; prenez garde de badiner avec Dieu ou de temporiser avec la foi. […] Celui qui tue un homme tue une créature raisonnable, image de Dieu ; mais celui qui détruit un bon livre tue la raison elle-même, tue l’image de Dieu dans l’œil où elle habite. […] Si vous nous racontez les exploits de Dieu comme ceux de Cromwell, d’un ton soutenu et grave, nous n’apercevons point Dieu, et comme il fait toute votre œuvre, nous n’apercevons rien du tout. […] Il n’avait que refondu l’homme, il n’avait point recréé Dieu. […] De tous les personnages que l’homme puisse mettre en scène, Dieu est le plus beau.
Caractère du vrai Dieu. C’est une chose merveilleuse, que le Dieu de Jacob soit aussi le Dieu de l’Évangile ; que le Dieu qui lance la foudre soit encore le Dieu de paix et d’innocence. […] Nous croyons n’avoir pas besoin de preuves pour montrer combien le Dieu des chrétiens est poétiquement supérieur au Jupiter antique. […] Alors les eaux ont été dévoilées dans leurs sources ; les fondements de la terre ont paru à découvert, parce que vous les avez menacés, Seigneur, et qu’ils ont senti le souffle de votre colère. » « Avouons-le, dit La Harpe, dont nous empruntons la traduction, il y a aussi loin de ce sublime à tout autre sublime, que de l’esprit de Dieu à l’esprit de l’homme.
Le recueil s’ouvre par une ode à Dieu. […] Chrétien véritable et régénéré, il offrait d’ailleurs à Dieu son humiliation, et quelquefois avec une insigne douceur ; témoin la pièce qui a pour titre : Aimé de Dieu. […] Dieu vengeur, entends-moi ! […] Ils pèseront un jour, grand Dieu, dans ta balance ! […] Nature et Dieu, lequel est le vrai ?
C’est une question d’édification et d’âme, toute de lui à Dieu, et qui ne regarde en aucune sorte messieurs les journalistes contemporains. […] Cazalès n’a songé qu’à glorifier, devant Dieu et devant ceux qui l’aiment, une de ces âmes, rares parmi les Saints eux-mêmes, et comme on en peut compter une cinquantaine au plus, parmi ces milliers de Saints, nés au giron fécond de l’Église catholique, depuis dix-huit cent soixante-dix-sept ans ! […] cette petite va-nu-pieds, ce brin de genêt à mettre au pied d’un bénitier tout au plus, était, même dès lors, destinée à devenir une Sainte et un poëte du même coup, — du même coup de la grâce de Dieu sur son berceau ! […] Dieu seul sait les efforts affreux de courage et d’abnégation que fit Brentano, pour tirer parfois ces deux malheureux rideaux et se pencher sur ce miraculeux lit de douleur où gisait la Visionnaire, pâmée sous la griffe de vautour de toutes les souffrances et la foudre de ses intuitions ! […] Mais elle a cela de commun avec son divin Maître, qu’elle a tant aimé et qui serait plus incompréhensible s’il était homme qu’il ne l’est certainement étant Dieu, — c’est que si, elle, l’extatique de Dulhmen, fut visitée de Dieu et éclairée d’en haut, elle est bien moins étonnante, bien moins phénoménale que si elle n’est qu’une vile maladie humaine, — une lèpre, — un pian, — un tétanos !
XVI, 28), ou « d’avoir vu la royauté de Dieu » (Luc IX, 27), ou « d’avoir vu la royauté de Dieu venue dans sa puissance » (Marc IX, 1). […] Il répondit : « Oui bien, pour l’amour de Dieu ! […] » Giano dit : « Oui, par Dieu ! […] Ô Dieu vrai, combien tes œuvres sont admirables ! […] por Dieu, que ses tu donc faire ?
Saint Louis, à peine à terre, dans sa foi en Dieu, dans sa ferveur à l’aveugle, voulait courir sus à un gros de Sarrasins qu’il voyait devant luit ; ses chevaliers et prud’hommes eurent à l’en empêcher. […] À partir de là, il y eut d’aussi beaux faits d’armes, mais en vue de l’honneur et du los, en vue de la gloire humaine, et non plus dans la seule idée de Dieu. […] Et aux félicitations qu’on essayait d’y mêler sur le succès de la journée, le roi répondit « que Dieu en fût adoré de tout ce qu’il lui donnait. […] Il pourrait se mieux garantir s’il voulait monter sur les galères, mais il dit « que, s’il plaisait à Dieu, il ne laisserait pas son peuple ». […] On croyait alors à son roi, on croyait surtout à son Dieu ; on y croyait non pas en général et de cette manière toujours un peu vague et abstraite, dans ce lointain où la science moderne, si on n’y prend garde, le fait de plus en plus reculer, mais dans une pratique continuelle et comme si Dieu était présent même physiquement dans les moindres occurrences de la vie.
Lélia reconnaît un Dieu, mais quel Dieu ! […] Monde sans Dieu, ou Dieu sans monde ? […] un rêve de Dieu dans une couche éternelle ! […] Les prêtres vous diront que Dieu le veut ainsi : mais êtes-vous bien surs que Dieu le veut ainsi en effet ? […] Et c’est au nom de Dieu qu’il s’élève !
Autant qu’il est possible de comparer l’œuvre directement et immédiatement inspirée de Dieu à des œuvres simplement humaines, le commentaire est digne du texte. […] Le fond des choses y est si grand qu’on y sent réellement moins qu’ailleurs les différences de génie, et que la pensée y trouve presque, comme le cœur, son égalité devant Dieu. […] Il fait le siège du cœur de l’homme avec tous les arts qui répondent aux nobles instincts de la créature de Dieu. […] L’artiste catholique note de pareils cris quand il les entend, et le penseur sait ce qu’ils contiennent… Les gravures du livre de l’abbé Brispot, au nombre de cent vingt-huit, représentent les scènes les plus solennelles et les plus pathétiques du passage du Fils de Dieu sur la terre. […] Dieu aurait peut-être cette pitié de nous !
« Mon Dieu et mon Roi », « Pour Dieu et pour la France », c’est le cri de nos aïeux unanimes, quand ils marchaient à l’ennemi. […] A cause de la notion pure qu’ils possèdent de Dieu. Il n’y a qu’un Dieu ; les chrétiens de France et d’Allemagne le confessent, mais il peut être conçu de plusieurs manières. […] Et les catholiques français peuvent justement dire qu’ils se battent pour se soustraire et soustraire le monde au Dieu des Allemands, Dieu tout mêlé d’éléments grossiers et locaux. […] Pas un chrétien français ne peut concevoir le vieux Dieu allemand.
Moïse, redescendant des hauteurs du Sinaï, avait, en promulguant le Décalogue, établi le dogme de l’unité du Dieu vivant et réglé les prescriptions sévères qui s’y rattachent ; il avait déclaré et imposé « les premiers principes du culte de Dieu et de la société humaine ». […] « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu’ils verront Dieu ! « Bienheureux les pacifiques, parce qu’ils seront appelés enfants de Dieu ! […] Vous ne pouvez servir Dieu et les richesses. […] Comment ce royaume de Dieu que beaucoup des premiers disciples interprétaient au sens étroit, au sens judaïque, et comme devant se réaliser prochainement sur la terre, a-t-il reculé peu à peu et à l’infini, et est-il devenu simplement le royaume des Cieux, le royaume invisible et d’en haut ?
Depuis le glorieux Balzac, — qui croyait à Dieu et même à l’Église, et qui introduisit dans les siens cette physiologie, mais dans la juste mesure de son existence, — elle a grandi immensément, comme le matérialisme dont elle est la fille. […] Ils n’affirment pas que le monde fait par Dieu est à refaire. Ils ne sont point des réformateurs contre Dieu. […] La théologastre Byzance croyait à Dieu, puisqu’elle discutait sa Trinité, et elle n’avait pas l’orgueil perverti de vouloir refaire la création de ce Dieu auquel elle croyait. […] Le misérable château de cartes — cette petite Babel de carton — élevé contre le monde de Dieu, s’est écroulé et lui est retombé sur les mains.
On vit le vieillard entouré de moissons, tenant d’une main une gerbe de blé et de l’autre montrant les cieux, apprendre à sa famille à louer le Dieu qui la nourrissait. […] Mais comment l’esprit humain osa-t-il concevoir le projet de louer Dieu ? […] Mais l’homme et Dieu, où est la mesure commune ? […] Le ton de leurs hymnes est imposant ; mais l’initié, en parlant à Dieu, semblait ne s’occuper que de ses propres besoins ; il oubliait que des êtres faibles, en louant leur père commun, ne doivent pas se séparer du reste de la famille, et implorer des bienfaits qui ne soient que pour eux. […] Ô Dieu qui verses tous les dons, Dieu à qui les orages et la foudre obéissent, écarte de l’homme cette erreur insensée ; daigne éclairer son âme ; attire-la jusqu’à cette raison éternelle qui te sert de guide et d’appui dans le gouvernement du monde, afin qu’honorés nous-mêmes, nous puissions t’honorer à ton tour, célébrant tes ouvrages par une hymne non interrompue, comme il convient à l’être faible et mortel ; car, ni l’habitant de la terre, ni l’habitant des cieux n’a rien de plus grand que de célébrer dans la justice, la raison sublime qui préside à la nature. » Il est difficile sans doute de parler de Dieu avec plus de grandeur.
Le monde réparé, la terre réconciliée avec le ciel, un pacificateur entre Dieu et l’homme, un nouvel ordre de justice, une vie à venir et de grandes espérances, ou de grandes craintes au-delà des temps, tel était le tableau que cette éloquence présentait aux hommes. L’orateur qui parlait au nom de Dieu, devait avoir nécessairement un ton plus auguste. […] Plusieurs auraient cru outrager la vérité en l’ornant, et affaiblir la cause de Dieu, en recherchant trop les vains secours de l’homme. […] Rome païenne en fit un Dieu, Rome chrétienne en fit un saint ; il était le bienfaiteur de l’une, il était pour l’autre un homme tout-puissant et un prince qui avait eu de grands succès. […] Ensuite il adresse une prière à l’auteur de l’univers, il le conjure de conserver Constantin pour tous les siècles, et l’on espère qu’il voudra bien accorder cette faveur au monde, parce qu’étant Dieu, il doit vouloir tout ce qui est juste ; et tout-puissant, il ne peut avoir aucune raison pour refuser ; ainsi et l’orateur et l’univers comptent sur l’éternité de Constantin : on peut juger à peu près de tous les panégyriques latins de ce prince, par celui-là.
comment je reconnais les traces de la main puissante du Dieu fort. […] Titan enchaîné, révolté, non contre Dieu, mais contre les hommes. […] Il y a des ingrats et des moqueurs du bien ici-bas, mais n’y a-t-il donc pas un Dieu là-haut ? […] Prends la moitié de la mienne, Et recommande l’autre à Dieu. […] Son âme se rasséréna en Dieu, âme immense à laquelle l’infini seul pouvait suffire.
Solitudes de Dieu ! […] Ô Dieu d’oubli, Dieu jeune, au front pâle et charmant ! […] Dieu puissant ! […] Dieu m’écoute ; il est temps. […] Dieu juste !
C’est une chose miraculeuse, sans doute, qu’en peignant la colère ou la tristesse du ciel chrétien, on ne puisse détruire dans l’imagination du lecteur le sentiment de la tranquillité et de la joie : tant il y a de sainteté et de justice dans le Dieu présenté par notre religion ! Ce n’est pas tout ; car si l’on voulait absolument que le Dieu des chrétiens fût un être impassible, on pourrait encore avoir des divinités passionnées aussi dramatiques et aussi méchantes que celles des anciens : l’Enfer rassemble toutes les passions des hommes. […] Le Dieu qui régit les mondes, qui crée l’univers et la lumière, qui embrasse et comprend tous les temps, qui lit dans les plus secrets replis du cœur humain : ce Dieu peut-il être comparé à un dieu qui se promène sur un char, qui habite un palais d’or sur une montagne, et qui ne prévoit pas même clairement l’avenir ? […] Satan, s’apprêtant à combattre Michel dans le paradis terrestre, est superbe ; le Dieu des armées, marchant dans une nuée obscure à la tête des légions fidèles, n’est pas une petite image ; le glaive exterminateur, se dévoilant tout à coup aux yeux de l’impie, frappe d’étonnement et de terreur ; les saintes milices du ciel, sapant les fondements de Jérusalem, font presque un aussi grand effet que les dieux ennemis de Troie, assiégeant le palais de Priam ; enfin il n’est rien de plus sublime dans Homère, que le combat d’Emmanuel contre les mauvais anges dans Milton, quand, les précipitant au fond de l’abîme, le Fils de l’Homme retient à moitié sa foudre, de peur de les anéantir.
« Ces héros pleins de bonté et de lumière pensent toujours à leur Créateur, et sont tout éclatants de la lumière qui rejaillit de la félicité dont ils jouissent en lui. » — Et plus loin, « héros vient d’un mot grec qui signifie amour, pour marquer que, pleins d’amour pour Dieu, les héros ne cherchent qu’à nous aider à passer de cette vie terrestre à une vie divine et à devenir citoyens du ciel69. » Les Pères de l’Église appellent à leur tour les saints des héros : c’est ainsi qu’ils disent que le baptême est le sacerdoce des laïques, et qu’il fait de tous les chrétiens des rois et des prêtres de Dieu 70. […] Abraham, Isaac, Jacob, Rebecca, et vous tous, enfants de l’Orient, rois, patriarches, aïeux de Jésus-Christ, chantez l’antique alliance de Dieu et des hommes ! […] Ces derniers présentent au pinceau le genre tragique dans sa plus grande élévation ; après la peinture de leurs tourments, nous dirions ce que Dieu fit pour ces victimes, et le don des miracles dont il honora leurs tombeaux. […] Un vaisseau est prêt à périr : l’aumônier, par des paroles qui délient les âmes, remet à chacun la peine de ses fautes ; il adresse au ciel la prière qui, dans un tourbillon, envoie l’esprit du naufragé au Dieu des orages.
Je tombai sur mes deux genoux devant la lucarne pour remercier Dieu de ce qui était pourtant un signe de mort, et je me dis en moi-même : Voilà qu’on lui rend ses membres, à toi maintenant de lui rendre la liberté et la vie ! […] Dieu, que deviendrions-nous si nous venions à nous perdre dans cet infini où tu me chercherais éternellement, comme dit l’histoire de Francesca de Rimini. […] Voici l’heure à laquelle il vient m’entretenir de Dieu, après la bénédiction de l’Ave Maria (sept heures du soir), je vais lui révéler notre amour et lui arracher son consentement, si Dieu l’inspire de nous l’accorder. […] Mais si Dieu permet, pour votre salut éternel, ce que les hommes réprouveraient sans souci de votre âme ; si le Christ dit oui par l’organe de ses ministres, qui sont mes oracles, soyez certain que je ne dirai pas non, et que j’affronterai le blâme des hommes pour porter deux âmes pures à Dieu ! […] Mais qui le savait, excepté Dieu et le moine ?
— « Mesdames, nous prions Dieu de vous bénir ! […] Puis, d’un ton plus doux : « Abandonnez-vous à Dieu. Les volontés de Dieu ne sont pas les nôtres. Souvent Dieu nous contrarie ! […] J’en ai remarqué un avec ces mots : Crains Dieu !
Il ne disputa jamais sur Dieu, car il le sentait directement en lui. […] Les uns, se rattachant au principe de l’immortalité philosophique, se représentèrent les justes vivant dans la mémoire de Dieu, glorieux à jamais dans le souvenir des hommes, jugeant l’impie qui les a persécutés 159. « Ils vivent aux yeux de Dieu ; … ils sont connus de Dieu 160 », voilà leur récompense. […] Dieu étant le seul maître que l’homme doive reconnaître, payer la dîme à un souverain profane, c’est en quelque sorte le mettre à la place de Dieu. […] La joie fera partie du royaume de Dieu. […] Mais le Dieu qu’il trouvait là n’était pas le sien.
Il vit dans de la prière diffuse, se rattachant, chose étrange, à une certitude indéterminée qu’il appelle Dieu. […] Quand tu entends les hommes dire : « Voici jusqu’où va Dieu. […] Dieu ne recommence pas. […] Non, quel que soit cet homme, tu es Dieu. […] On pourrait dire : Dieu est éteint de ce côté-là !
L’esprit religieux qui était en lui, et qui a absorbé l’esprit politique qui y fut autrefois, fait, à nos yeux, du comte de Gasparin, une individualité intéressante au milieu des insupportables libres penseurs de ce siècle de liberté et de tolérance, — intolérant seulement contre Dieu, à qui il ne permet plus d’exister. […] Il ne croit qu’à la rencontre directe de l’âme et de Dieu. Il ne permet la présence de personne entre Dieu et l’âme. […] Or, voici comment il les caractérise : « Le principe païen, — dit-il, pages 17 et suivantes, — c’est la tentative de se passer de Dieu ; c’est l’effort pour se passer de Dieu. Le principe chrétien, c’est la rencontre directe de l’âme avec Dieu. » Et l’effort pour se passer de Dieu, dans les idées du comte de Gasparin, — le croira-t-on jamais ?
Faites bien prier Dieu, je vous en conjure. […] Enfin, il faut prier Dieu et lui recommander cette affaire170. […] Effrayée, elle s’arrête, elle ne peut que s’écrier à Dieu, face contre terre, à travers de longs silences : Sana me et sanabor. […] On ne va parler d’autre chose durant quelque temps… Je la crois heureuse et que Dieu lui aura fait miséricorde. […] Elle les voyoit et en gémissoit ; c’est presque tout ce que Dieu demande de nous.
Dieu lui avait départi les plus beaux de ses dons : la force, la beauté, un esprit qui pouvait monter jusqu’au génie sans la fange qu’il se mit lui-même sur les ailes. Mais les bontés de Dieu furent inutiles, et Chamfort manqua tout, — la vie et la gloire. […] Pascal s’appelait avorton vis-à-vis de Dieu, et cette humilité grandit son génie. […] En séduisant, il a engagé solitairement sa conscience ; mais un tel engagement ne regarde ni l’univers ni Dieu ! […] Et qui donc a le droit de juger les faits d’avance, si ce n’est Dieu ?
Dans l’un ou l’autre de ces deux cas, Gustave Rousselot aurait fait comme les femmes : il aurait mis un pouf, et, comme beaucoup de femmes, il l’aurait mis trop gros… Kepler, en redescendant des étoiles, disait familièrement à Dieu : « Tu t’es passé six mille ans d’un contemplateur tel que moi ! […] C’est l’enthousiasme, le Dieu en nous, comme traduisait madame Staël ; c’est l’enthousiasme, cet élargisseur des poitrines et des cœurs, qui donne aux poètes cette longue haleine et cette force d’enlever leurs vers comme sur des ailes, en plein ciel, en plein air, en pleine étendue, et, quoiqu’il se perde ici dans la chimère, l’auteur du Poème humain en a le foyer. […] Le panthéiste qui a osé écrire de lui-même ; Et je sens bien qu’en moi lentement s’élabore La cristallisation d’un Dieu ! […] … ce divinisateur même de Dieu, de Dieu qui, dans l’agrandissement forcené de tout, doit devenir Dieu davantage, est, certes ! […] Inconséquent à tout quand il s’agit de Dieu, dédiant à Dieu son livre, dans une pose naïve de gladiateur enfant, au milieu du cirque de l’athéisme contemporain qui le nie de toutes parts, déiste d’un déisme involontaire et fatal, à travers lequel l’idée chrétienne coule, sans qu’il s’en doute peut-être, comme le sang dans la chair humaine ; déiste malgré lui, qui eût fait effacer à Bossuet sa phrase célèbre : « Le déisme n’est qu’un athéisme déguisé », voilà, en quelques mots, ce poète nouveau, à son début, qui lave les sottises de son esprit dans l’émotion de sa poésie, ce jouvenceau de vingt-trois ans qui s’en vient orgueilleusement demander à la Critique de l’égorger, si elle l’ose… et celle-ci, comme vous le voyez, ne l’égorge pas !
Je me recommandai au magnifique Dieu de ma vie pour être dispensé de boire cette coupe ; mais je lus clairement que, quoique ce sacrifice fût horrible, il le fallait faire, et je le fis en versant un torrent de larmes. […] Revenant habiter à Paris l’année suivante, vers octobre 1793 : J’ai la douce consolation, dit-il, d’y éprouver que l’on peut trouver Dieu partout, que partout où on trouve son Dieu on ne manque de rien, on ne craint rien, on est au-dessus de tout, enfin que l’on peut obtenir toutes les connaissances qui nous sont nécessaires sur notre propre conduite si on les demande avec confiance. […] Saint-Martin croit qu’il y a dans la Révolution française autre chose encore qu’une destruction et qu’un jugement de Dieu, et qu’elle a introduit quelque élément nouveau dans le monde. […] Après avoir établi quelques principes de cet ordre, Saint-Martin a donc confiance que ce témoin perpétuel de Dieu, l’âme de l’homme, gagnera à l’épreuve présente, et que le miroir sera plutôt nettoyé qu’obscurci. […] Au reste, de qui ai-je besoin, excepté de Dieu ?
Ce maniement de l’âme humaine semble une sorte d’égalité avec Dieu. […] Les types sont des cas prévus par Dieu ; le génie les réalise — il semble que Dieu aime mieux faire donner la leçon à l’homme par l’homme, pour inspirer confiance. […] L’homme est une prémisse, le type conclut ; Dieu crée le phénomène, le génie met l’enseigne ; Dieu ne fait que l’avare, le génie fait Harpagon ; Dieu ne fait que le traître, le génie fait Iago ; Dieu ne fait que la coquette, le génie fait Célimène ; Dieu ne fait que le roi, le génie fait Grandgousier. […] C’est là, grâce aux fausses religions, ce qui arrive à Dieu. […] Ô Dieu, ceux que vous aimez, vous ne les laissez pas survivre.
« Puis, tels sont ces nuages : le calme lui revint, et l’espoir, et une sorte de sourire inconscient, mais confiant en Dieu. […] Dieu leur éclipse l’âme. […] Dieu servait le repas universel. […] « — Dieu est peut-être mort, disait un jour à celui qui écrit ces lignes Gérard de Nerval, confondant le Progrès avec Dieu, et prenant l’interruption du mouvement pour la mort de l’Être. […] La révolution française est un geste de Dieu.
Oui, ma chère, j’ai prié pour vous, d’abord en m’éveillant, et puis à la messe, au memento des vivants, à cet endroit où Dieu permet à notre pensée et à notre cœur de redescendre un instant sur la terre pour s’y charger des besoins de ceux qu’on aime. […] Son livre, à elle, c’est la Bible, David et les Psaumes, puis la nature, cet autre livre de Dieu. […] Ce qu’ils n’ont pas fait, Mme de Gasparin Pose, et la devise donnée par Victor Hugo est devenue la sienne : la Bible, rien que la Bible d’une part, et de l’autre Dieu dans le soleil, dans la nature et dans ses œuvres. […] De tout temps, deux pensées dominantes la remplissent : Dieu et son frère. […] On dit que tout ce que demande à Dieu la religieuse lui est accordé on ce moment.
C’est alors que, se voyant ainsi soumis à un régime de veilles, de jeûnes et d’austérités, il lui vint à l’esprit que, s’il était moine, il n’aurait pas à en faire davantage, et qu’il en aurait plus de mérite auprès de Dieu. […] Il a beaucoup écrit et médité sur l’essence de Dieu. […] En métaphysique, Anselme se flattait d’avoir fait une découverte, d’avoir inventé un argument tout particulier pour démontrer l’existence de Dieu. Il raconte naïvement, dans la préface du petit ouvrage qu’il a consacré à ce sujet, comment il s’était longtemps consumé à chercher cet argument unique qui n’eût besoin d’aucun autre et qui n’exigeât point une suite de raisonnements, à l’effet de démontrer que Dieu est véritablement, et qu’il est le souverain bien. […] Ainsi, au moment d’aller rejoindre Dieu selon sa ferme croyance, et de posséder le pur esprit à sa source, Anselme regrettait de manquer une dernière découverte intellectuelle, et de ne pas résoudre par lui-même un dernier problème sur les choses de l’esprit.
Toutes les fois que l’homme se prépare à parler dignement de Dieu, il éprouve le besoin de se mettre en face de la nature. […] Au demeurant, Dieu veuille les écarter de notre barque ! […] Oui : Dieu le reçoit dans ses temples et lui permet de prier. […] Dieu est l’auteur de la souveraineté, il l’est donc aussi du châtiment. […] Nous savons bien, encore une fois, que ce sont là des plaisanteries ; mais des plaisanteries sanglantes sont-elles à leur place dans la bouche d’un homme qui parle au nom d’un Dieu victime et qui en ferait ainsi un Dieu bourreau ?
Les Articles Dieu, Ame, Athée, insérés par lui dans les premiers volumes du Dictionnaire Encyclopédique, auxquels il a coopéré, exciterent, avec raison, les murmures des Théologiens & de tous les Hommes sensés. Pour peu qu'on lise ces Articles avec réflexion, il est évident qu'ils tendent à favoriser le matérialisme, & qu'ils combattent l'existence de Dieu. […] M. de Fénélon est infiniment supérieur au Ministre Protestant, dans son Traité sur l'existence de Dieu, sans parler de plusieurs autres Ecrivains qui lui sont préférables & préférés. […] Si cette Foi étoit de l’invention de l’Homme, l’Homme n’auroit-il pas gardé pour lui-même un hommage qu’il est obligé de faire remonter jusqu’au Dieu dont il est la créature ? […] Ce n’est qu’à l’école d’un Dieu qu’un Homme sage peut apprendre l’usage de sa raison ; c’est de Dieu seul qu’il peut recevoir le frein qui doit régler ses pensées & ses actions.
Voyez un peu ce que fait Dieu. […] … Grand Dieu ! […] Waterloo est une décision de Dieu. […] Quinet continue de chercher Dieu. […] Il part de ce principe : Dieu est un, Dieu n’a qu’une volonté.
Voici comment, sous le nom de Jocelyn, j’exprimais plus tard en vers moins novices ces inexprimables extases qui s’élèvent de l’âme jeune à Dieu. […] À défaut d’autres passions que mon cœur ne pressentait pas encore, je concevais une sourde et fervente passion de la nature, et, à l’exemple de mon surveillant muet, au fond de la nature j’adorais Dieu. […] L’homme seul a dit : Il n’y a point de Dieu. […] On pourrait dire que l’homme est la pensée manifestée de Dieu, et que l’univers est son imagination rendue sensible. […] Ainsi Dieu a su réunir dans son ouvrage la durée absolue et la durée progressive.
Lui, l’artiste érudit, et, Dieu merci ! […] oui, et dites après cela que l’homme qui va supprimer la tempête n’est pas très au-dessus du Dieu qui simplement l’a faite !… Il est vrai que Michelet ne reconnaît pas cette vieillerie de Dieu, qu’il a supprimée dans son livre un peu plus aisément que la science ne supprimera la tempête, et que c’est même là le seul point — le dédain de Dieu et la possibilité de s’en passer très bien — qui reste fixe sous les pirouettes de cet esprit toton qui nous a montré tant de faces et qui doit nous en présenter bien d’autres avant qu’il cesse de tourner ! Dieu créateur, qui a tiré le monde du néant, est une antique notion que Michelet a depuis longtemps rejetée aussi bien de ses livres d’histoire que de ses livres d’histoire naturelle. […] Il a des façons diplomatiques et discrètes de s’exprimer qui ne semblent rien, et qui sont tout ; car elles n’éconduisent pas seulement Dieu, elles le font oublier.
Dieu l’a vu. […] Dieu lui répondait. […] Elle a rempli tous ses devoirs envers Dieu, envers nous […] Oui, Dieu est partout ! […] Dieu me fera peut-être la grâce de la comprendre. — Ah !
Institué de Dieu, organisé de Dieu, Dieu même en quelque sorte, si on osait le dire, puisque l’Église continue Jésus-Christ dans ses actes et dans sa parole, le catholicisme doit, en vertu des principes qui sont son esprit et sa vie, embrasser l’univers dans ses bras puissants et ouverts par l’amour, et unir les hommes dans une même pensée de charité et de foi. […] Il est un écoulement mesuré et tout-puissant dans sa mesure, qui s’échappe incessamment des principes et qui doit porter les esprits vers le but que leur assigne Dieu. […] Car ceux qui l’étudient l’apprennent à chaque difficulté : en histoire, plus on fait large la place à Dieu, plus on introduit de lumière. […] Et ce jour-là, que Dieu fasse luire ! […] Dieu soit béni, la chose qui paraissait impossible est à présent consommée !
Vois, Dieu bienfaisant ! […] Ces cœurs qu’endurcit le farouche Mars, ouvre-les, Dieu paternel ! […] Au nom de Dieu, que cela touche votre âme ! […] Toi, Dieu des batailles ! […] Selon le génie des prophètes hébreux, Dieu seul a tout fait, Dieu seul a paru.
Il est présent partout, comme Dieu. […] Il en est ainsi des hommes de génie : c’est le même Dieu, c’est le Dieu unique, éternel, qui parle par leur voix sur des modes divers. […] grand Dieu ! […] Il subit l’empire du Dieu. […] quel peuple de Dieu !
Lasserre, qui, sous sa garantie personnelle, suffisante et obligatoire, nous présente Ernest Hello comme le plus grand génie qui ait existé depuis les Prophètes de Dieu et de la Bible, qu’il a la bonté de continuer… Mon Dieu, oui ! […] Elle lui donne particulièrement l’enthousiasme, le Dieu en nous, comme disait l’expression grecque, que ne connurent jamais ni La Rochefoucauld, ni Vauvenargues, ni La Bruyère. […] Au nom de Dieu, au nom de Hello, au nom du succès du livre, écartons le fâcheux qui en obstrue le seuil ! […] Ce sont même les Saints les plus ridicules, les plus bas au regard du monde, qu’il a trouvés et qu’il a posés les plus grands à la lumière de Dieu. […] Les Bollandistes, à qui, grâce à Dieu, on revient maintenant, étaient délaissés ou pillés par des écrivains sans valeur qui les affadissaient… Nul homme de génie ou de talent ne se levait pour la gloire des Saints méconnus.
Enfin, sans rien demander de positif, elle lui fil voir les horreurs de son état, et la confiance qu’elle avait en sa bonté, et mit à tout cela un air qui ne peut venir que de Dieu. […] « Je désire plus ardemment que jamais, écrivait-elle, d’être hors d’ici, et je me confirme de plus dans l’opinion que je ne puis y servir Dieu. […] Demandez donc bien à Dieu ce que je dois faire ; et après qu’il vous l’aura inspiré, conduisez-moi ou il vous plaira… Mes compliments à M. […] Je ne puis comprendre que la volonté de Dieu soit que je souffre de madame de Montespan. […] Dans le monde, tous les retours sont pour Dieu ; dans le couvent, tous les retours sont pour le monde.
et son merveilleux talent ne l’excuserait pas d’avoir cru à Dieu. […] Avant lui, les héros qu’il raconte l’avaient transposée… Ils étaient dans l’ignorance du Dieu de leurs pères, qui avait été pendant des siècles le Dieu de la patrie, mais ils étaient des soldats comme les premiers soldats chrétiens, comme Sébastien, Saint Maurice et Saint Georges ; ils étaient des soldats comme les Croisés, comme Bayard, et comme tout ce qu’en fait de soldats le Christianisme a produit de plus pur et de plus héroïque dans l’histoire du monde ! Seulement, leur Dieu avait perdu son nom et son culte. […] La vertu la plus rare, la plus étrange, et si étrange qu’on ne la conçoit même que surnaturelle, — parce que, dans l’ordre humain, elle n’existe pas, — l’humilité, est ici dans toute son incompréhensibilité, claire seulement pour Dieu et pour ceux qui y croient ! […] Il sait que la plus belle des vertus, parmi les hommes, est la plus obscure, et puisqu’il n’est pas (de philosophie) absolument un athée, il sait que ceux qui vont à la mort pour la Patrie comme les Saints y vont pour Dieu, et qui montent le long des colonnes couronnées par un nom qui n’est pas le leur, Dieu les a vus monter le long de leur bronze et sait leurs noms à tous, et n’a pas besoin de l’Histoire, même écrite par Michelet, pour leur faire justice.
Tous leurs systèmes sortent des abîmes d’une psychologie qui leur semblait, en tout sujet, le point de départ inévitable, mais qui les a perdus, parce que qui descend dans l’homme sans la main de Dieu ne remonte plus ! […] Nous, nous commençons par Dieu l’histoire de toutes choses, et cette vue-là simplifie tout. […] L’Allemagne, qui a l’intrépidité des crimes abstraits, l’a révélée depuis longtemps, c’est le détrônement de Dieu par l’humanité, c’est la révolution démocratique contre Dieu. […] On n’a inventé le progrès indéfini que pour se passer de Dieu au commencement, au milieu et à la fin de toutes choses. […] Il y a en lui des tendresses de cœur, des forces de sentiment qui ne savent plus que devenir dans ce système, sans Dieu personnel, de l’humanité progressive !
» Jésus, qui dès lors n’hésitait plus guère sur son propre rôle de messie, leur énuméra les œuvres qui devaient caractériser la venue du royaume de Dieu, la guérison des malades, la bonne nouvelle du salut prochain annoncée aux pauvres. […] Le prophète Malachie, dont l’opinion en ceci fut vivement relevée 562, avait annoncé avec beaucoup de force un précurseur du Messie, qui devait préparer les hommes au renouvellement final, un messager qui viendrait aplanir les voies devant l’élu de Dieu. Ce messager n’était autre que le prophète Élie, lequel, selon une croyance fort répandue, allait bientôt descendre du ciel, où il avait été enlevé, pour disposer les hommes par la pénitence au grand avènement et réconcilier Dieu avec son peuple 563. […] Mais, en un sens plus général, Jean resta dans la légende chrétienne ce qu’il fut en réalité, l’austère préparateur, le triste prédicateur de pénitence avant les joies de l’arrivée de l’époux, le prophète qui annonce le royaume de Dieu et meurt avant de le voir. Géant des origines chrétiennes, ce mangeur de sauterelles et de miel sauvage, cet âpre redresseur de torts, fut l’absinthe qui prépara les lèvres à la douceur du royaume de Dieu.
Vingt fois par jour nous prononçons le nom de Dieu sans penser à Dieu. Quand Massillon, entamant l’oraison funèbre de Louis le Grand, nous dit : « Dieu seul est grandi mes frères », alors le nom de Dieu dresse l’idée même de Dieu dans nos cœurs.
Ils ne connaissaient d’autres époques historiques que celles de la vie de leurs mères, d’autre chronologie que celle de leurs vergers, et d’autre philosophie que de faire du bien à tout le monde et de se résigner à la volonté de Dieu… …………………………………………………………………………………………… Quelquefois, seul avec elle (Virginie), il (Paul) lui disait au retour de ses travaux : « Lorsque je suis fatigué, ta vue me délasse. […] De même, quand l’écho me fait entendre les airs que tu joues sur ta flûte, j’en répète les paroles au fond de ce vallon… …………………………………………………………………………………………… Je prie Dieu tous les jours pour ma mère, pour la tienne, pour toi, pour nos pauvres serviteurs ; mais quand je prononce ton nom, il me semble que ma dévotion augmente. Je demande si instamment à Dieu qu’il ne t’arrive pas de mal ! […] Bernardin de Saint-Pierre, qui, dans ses Études de la Nature, cherche à justifier les voies de Dieu et à prouver la beauté de la religion, a dû nourrir son génie de la lecture des livres saints. […] On reconnaît encore le chrétien dans ces préceptes de résignation à la volonté de Dieu, d’obéissance à ses parents, de charité envers les pauvres ; en un mot, dans cette douce théologie que respire le poème de Bernardin de Saint-Pierre.
Dieu nous donna, dans ce petit tableau, une idée des grâces dont il a paré la nature. […] Ô Dieu ! […] Elle lui déclare sa résolution bien arrêtée de se consacrer à Dieu dans un couvent. […] La famille de l’homme n’est que d’un jour ; le souffle de Dieu la disperse comme une fumée. […] Était-ce toi, ô mon Amélie, qui, prosternée au pied du crucifix, priais le Dieu des orages d’épargner ton malheureux frère ?
Ainsi, au mois de juin 1628, il n’avait pu achever un travail sur Dieu, faute d’avoir le sens rassis. […] Ces vérités se rapportent à deux des grands problèmes que Descartes s’était proposé de résoudre : Dieu et l’homme. […] Et que peut être cette réalité, sinon Dieu lui-même, qui s’est comme imprimé en nous par l’idée de l’infini ? […] Qui suis-je par rapport à Dieu ? […] Y a-t-il un Dieu ?
Ils ne peuvent pas comprendre que, parmi les Européens, on renie Dieu quand on est en colère. […] Soit qu’on les voie chez eux, soit qu’on les rencontre dans les rues, allant à leurs affaires ou à la promenade, on leur entend toujours pousser haut quelque bénédiction et quelque invocation, comme: ô Dieu très-grand, ô Dieu très-louable, ô Dieu miséricordieux, ô Père nourricier des hommes, ô Dieu, pardonne ou aide-moi ! Les moindres choses à quoi ils mettent la main, ils les commencent en disant: Au nom de Dieu ; et jamais ils ne parlent de rien faire qu’ils n’ajoutent: S’il plaît à Dieu. […] Dieu, et c’est assez. […] Le dévot ne doit pas aimer Dieu en vue de la récompense.
Ventura a, pour la première fois, une direction qu’aucun prédicateur, en s’adressant à une de ces puissances qui ne gardent devant Dieu que la Majesté du respect, n’a donné au sien, et même parmi les plus imposants et les plus hardis. […] L’individualisme, qui veut se sauver du moins jusqu’à la mort, intervient avec ses fantômes et, resté muet, s’il peut l’être, le chrétien prend à sa charge une partie des malheurs du temps et il en répond devant Dieu ! […] N’êtes-vous pas le canal de la Constituante éternelle, le truchement de Dieu, son porte-voix ? […] Nous pensons que si on opposait aux droits de l’homme de Rousseau la déclaration des droits de la famille française représentée par le Père, ceci nous infuserait un sang nouveau dans les veines, et que le pouvoir politique bénéficierait, à l’instant même, car le Notre Père ne s’adresse pas qu’à Dieu. […] Ce rayon, qui lui est venu enfin à travers les préjugés de la haine, et qu’il n’a pas cherché, Dieu merci !
Pour eux, ils ont un autre mot quand ils en parlent et qu’ils l’exaltent : « Dieu ! […] Michelet, lequel, de son propre aveu, ne reconnaît d’autre Dieu que la Révolution et que sa justice ! […] Michelet, si ce n’est à Dieu lui-même ? Et il s’en est pris à Dieu ! […] Excité par la Providence, seul, ce terrible souffle mit à flot tous ces chétifs brûlots humains, porte-noms, porte-enseignes et porte-flammes d’une révolution signée : Dieu !
j’ai cette confiance que tes sentiments religieux me donnent, que la miséricorde de Dieu m’inspire. Dieu si bon, si compatissant, si aimant, si père, n’aurait-il pas eu pitié et tendresse pour un fils revenu à lui ! […] Que j’ai demandé à Dieu son salut, prié, supplié ! […] Dieu veuille que tout soit vrai ! […] Ô Dieu, mon Dieu, consolez-moi… Aujourd’hui grande venue de lettres que je n’ai pas lues.
Nous n’aurions à choisir, si nous écoutions ces sophistes, qu’entre le sang versé à flots au nom du peuple et le sang versé à torrents au nom de Dieu ! […] Vous vous répondrez : C’est celui qui puise toutes ses lois dans le code de la conscience, ce code muet écrit en instincts dans notre âme par Dieu. […] Dieu s’est réservé ces mystères, et le lointain est le voile que l’homme ne soulève pas. […] Il représentait le père des pères, Dieu, de qui il émanait dans le mystère de la création et dont il tenait la place et l’autorité sur sa descendance. […] Il n’y a pas de barbare au berceau du monde, toutes les races sont nobles, car elles descendent toutes de Dieu !
Quand le regard de Dieu l’embrasse, quelle étendue a-t-il ? […] Quel est le Dieu auquel tend Amiel ? […] Celui qui l’a vu a vu Dieu. […] À Dieu ne plaise que je ridiculise ces questions. […] Paul Bourget, Les Aveux : désespoir en Dieu, p. 264.
Le fondement du droit royal, c’est Dieu ; celui qui connaît du devoir royal, c’est Dieu. […] Est-ce que Dieu n’a pas parlé ? […] Dieu la soutient. […] Dieu sait si de Bonald y tient ! […] Dieu s’éloignait.
Je me plains à vous et au Dieu du ciel de notre détresse. […] Que Dieu ait pitié de nous ! […] Le Dieu du ciel nous laissera encore vivre heureux quelque temps. […] Nul ne sait, hors Dieu et moi, où se trouve le trésor. […] Dieu prépare-t-il quelque chose dans le secret de ses desseins ?
Berruyer, [Isaac-Joseph] né à Rouen en 1681, mort à Paris en 1758, seroit sans contredit le meilleur de nos Historiens, si les Histoires qu’il a écrites portoient un autre titre que celui de Peuple de Dieu. […] L’élégance du style, la noblesse, l’agrément & la variété des images, la finesse & la solidité des réflexions toujours amenées par les faits, une marche naturelle & rapide dans la narration, une liaison & une netteté dans les événemens, un coloris proportionné au sujet, feront toujours de l’Histoire de l’ancien Peuple de Dieu un Ouvrage intéressant, instructif, propre à plaire, autant qu’à féconder l’imagination. […] Dans l’Histoire des Macchabées, tout ce que la guerre a de plus terrible, la politique de plus profond, le courage de plus sublime ; tout ce que les desseins de Dieu sur son peuple peuvent offrir de sagesse, de majesté, de puissance, de bonté, est développé avec des traits qui caractérisent le Génie créateur, dans un genre où le Créateur lui-même se manifeste si énergiquement. L’Histoire du nouveau Peuple de Dieu a fourni matiere à de si justes condamnations.
À dix-huit ans, au milieu des confusions philosophiques que les livres lui offraient, il lui arriva de dire : « Il y a un Dieu, j’ai une âme, il ne me faut rien de plus pour être sage. […] Il disait : « Tous les hommes peuvent m’être utiles, il n’y en a aucun qui puisse me suffire ; il me faut Dieu. » Son second besoin était de communiquer ce qu’il croyait si bien posséder, et de tout diviniser autour de lui. […] Dieu sait que je versai des larmes plein mon chapeau le jour de cette maudite réception où mon père assista à mon insu dans une tribune : si je l’avais vu, cela m’eût coupé tout à fait la parole. […] Il y prend position contre la philosophie du jour : « J’ai été moins l’ami de Dieu, dit-il, que l’ennemi de ses ennemis, et c’est ce mouvement d’indignation contre les ennemis de Dieu qui m’a fait faire mon premier ouvrage. » Mais ce livre qui allait à défendre la Providence et les premiers principes ne porta point et fut comme non avenu. […] » Quand j’ai aimé plus que Dieu quelque chose qui n’était pas Dieu, je suis devenu souffrant et malheureux : quand je suis revenu à aimer Dieu plus que toute autre chose, je me suis senti renaître, et le bonheur n’a pas tardé à revenir en moi.
De là elle alla répandre ses effusions d’amour pour Dieu à Grenoble. […] On peut dire que Fénelon ne pouvait parler de Dieu sans prier. […] Dieu merci, j’ai le cœur en paix. Ma plus rude croix est de ne plus vous voir, mais je vous porte sans cesse devant Dieu dans une présence plus intime que celle des sens. […] « Dieu, lui écrivait-il, vient de frapper un grand coup !
elle est à Dieu qui la dispense au monde, Qui prodigue la grâce où la misère abonde : Rendons grâce à lui seul du rayon qui nous luit ! […] Il entend au dedans de lui une voix secrète qui lui dit : « Puisque l’ombre redouble, que le froid de la nuit se fait sentir, et que tu as marché tout te jour, prends courage, c’est que tu n’es pas loin d’arriver. » Dès lors la chaîne des saintes idées se renoue ; le souvenir de Dieu redescend, de ce Dieu fait homme, dont le dernier soupir, la dernière voix fut aussi une plainte à son père, un pourquoi sans réponse. […] Ces beaux lieux, ces horizons vermeils, l’azur de cette mer, surtout cette créature adorée, tout l’inondait d’amour, tout lui peignait Dieu ; et les paroles leur manquaient, heureux amants ! […] Et qui m’eût dit alors qu’un jour la grande image De ce Dieu pâlirait sous l’ombre d’un nuage, Qu’il faudrait le chercher en moi comme aujourd’hui, Et que le désespoir pouvait douter de lui ? […] … Le poète, en finissant, s’écrie que, quoi qu’il advienne, le Dieu de son berceau sera celui de sa tombe ; et que, dût l’autel l’écraser en croulant, il embrassera la dernière colonne de ce temple où il a tout reçu et tout appris.
D’immenses étendues sont aujourd’hui, purifiées de Dieu. […] Des croûtons et Dieu(cf. […] Dieu qu’on ne décrit pas est un porc. […] Il a triché sur le poids, essayé de rouler Dieu. […] Breton s’oppose ici au pari pascalien sur l’existence de Dieu.
Les yeux du voyageur viennent d’abord s’attacher sur cette flèche religieuse, dont l’aspect réveille une foule de sentiments et de souvenirs : c’est la pyramide funèbre autour de laquelle dorment les aïeux ; c’est le monument de joie où l’airain sacré annonce la vie du fidèle ; c’est là que les époux s’unissent ; c’est là que les chrétiens se prosternent au pied des autels, le faible pour prier le Dieu de force, le coupable pour implorer le Dieu de miséricorde, l’innocent pour chanter le Dieu de bonté. […] C’est à la fois le monument du Dieu des armées, et du Dieu de l’Évangile.
Le meilleur sang est celui qui compte le plus aux yeux de Dieu comme holocauste. […] grand Dieu ! […] Dieu ne manquera pas de me l’indiquer à son heure ; ma responsabilité sera d’y être alors préparé le mieux possible. […] Il n’est que temps ; et maintenant, à la grâce de Dieu ! […] Si Dieu veut que j’y reste, que sa volonté soit faite.
Enfin les beaux jours me la rendront tout à fait rétablie, j’espère, et je ne demande rien plus ardemment à Dieu. […] J’aime beaucoup Dieu, ce qui fait que j’aime encore davantage tous les liens qu’il a lui-même attachés à mon cœur de femme. […] Quand Dieu voudra, Félix ! […] Il y a au fond de moi-même une prière incessante qui demande à Dieu du bonheur qui puisse s’envoyer à ceux que j’aime. […] Dieu me fera peut-être la grâce de la comprendre. — Ah !
Oui, la pensée même de Dieu, la pensée éternelle et contemporaine de tous les temps, cette pensée est dans le verbe. […] Il paraîtrait plutôt, si ce n’est pas Dieu qui nomme, que c’est la société, ministre de Dieu en cela ; ou la tradition, organe de la société ; ou bien c’est la chose même qui se nomme, car quelquefois le nom sort de la chose. […] D’abord je ne vois pas pourquoi Dieu n’aurait pas donné immédiatement la parole à l’homme, dans l’origine, comme il lui a donné ses autres sens. […] Il fallait commencer par faire comprendre ce qu’il y a de l’âme dans cette voix de l’homme, qui est un souffle de Dieu. […] Je serais bien tenté de répéter que Dieu n’aurait pas voulu confier les destinées humaines à des chances contingentes : mais lorsqu’on est décidé à tout admettre, même le hasard, rien ne coûte.
Les idées de Dieu sont le moule et le modèle de tout, la raison efficiente de toute beauté et de toute bonté dans les choses. […] La philosophie arabe dit seule le vrai mot de ce mystère, comme la philosophie du christianisme : Dieu l’a voulu ainsi ! […] Ce dogme vient évidemment du haut Orient ; il touche à ce qu’on appelle improprement panthéisme, panthéisme dont on pourrait également accuser le christianisme dans ces mots de saint Paul : Nous vivons en Dieu, nous nous mouvons en Dieu, nous sommes, nous existons en Dieu. […] Une seule chose l’embarrasse dans cette théologie, c’est l’existence de la matière ; il ne veut pas la reconnaître divine, et cependant il ne veut pas reconnaître que Dieu ait pu créer, lui esprit, une substance si étrangère à sa perfection ; il fait donc coexister la matière avec Dieu. […] Si un tel politique est divin, Dieu n’est plus Dieu !
« Je vous régalerai, écrivait-il à l’un d’eux (et il l’aurait pu dire également à chacun en particulier), de tout ce que la main de la Providence mettra entre les miennes et que je croirai pouvoir servir de nourriture agréable et utile à l’amour que Dieu vous a donné pour toute vérité. […] Voici donc sa réponse : « Je félicite l’illustre voisin de l’heureuse alliance dont vous êtes l’entremetteur ou plutôt le médiateur, médiateur entre Dieu et vos amis, car un bon mariage ne peut venir que de Dieu : Domus et divitiæ dantur a pcirentibus : a Domino autem proprie uxor prudens. Le Seigneur vous a donc choisi pour ménager, de sa part et en son nom, un mariage qui, selon votre rapport, a tant de marques de la destination et du choix de Dieu. […] Mais comme le His tribus noctibus Deo jungimur (Ces trois premières nuits n’appartiennent qu’à Dieu)… dépend de la seule inspiration de l’Esprit du Seigneur et d’une grâce aussi rare que précieuse, même pour un temps, et que l’exhortation à une pratique si respectable convenait au pasteur conjoignant, et n’était nullement du ressort ni de l’entremise du médiateur de l’alliance, ç’a été lettres closes pour lui. […] Quel avantage pour moi que Dieu m’ait fait la miséricorde de me donner celle-ci !
À cette limite, il devient indifférent d’attribuer la causalité à Dieu ou à l’homme. […] Les Sémites n’ont jamais conçu le sexe en Dieu ; le féminin du mot Dieu ferait en hébreu le plus étrange barbarisme 129. […] Ce Dieu isolé de la nature, cette nature que Dieu a faite ne prêtent point à l’incident et à l’histoire. […] Jéhovah seul est Dieu ; tout le reste n’est qu’idole. […] C’est par excellence le peuple de Dieu.
Ce n’est pas la poésie qui manque à l’œuvre de Dieu, c’est le poëte, c’est-à-dire c’est l’interprète, le traducteur de la création. […] À talent égal, le son que rend l’émotion du bien et du beau est mille fois plus intime et plus sonore que le son qu’ils tirent des passions légères ou mauvaises de l’homme ; plus il y a de Dieu dans une poésie, plus il y a de poésie, car la poésie suprême, c’est Dieu. […] un salut plus enthousiaste, plus solennel et plus saint à la vision de Dieu qui se lève tard, mais qui se lève plus visible sur l’horizon du soir de la vie humaine ! […] Je visite cet aréopage où saint Paul annonça aux sages du monde le Dieu inconnu ; mais le profane vient après le sacré, et je ne dédaigne pas de descendre au Pirée, où Socrate fit prendre sa république. […] Il y composa des vers, où le sentiment de la solitude, qui porte à Dieu, se mêle aux sentiments de Dieu qui remplit la solitude.
Ainsi commençait la lumière dans le chaos du moyen âge ; ainsi l’esprit de Dieu, la science et la poésie étaient portées sur les grandes eaux de la barbarie. […] C’est un hymne à Dieu ; c’est une paraphrase populaire du chant sublime où le Psalmiste appelait tous les objets de la nature à célébrer le Créateur. […] Soyez loué, ô Dieu ! […] beaucoup moins qu’un seul sentiment de l’âme élevée jusqu’à Dieu. […] Alors, reconnaissant le messager, il s’écria : Tombe, tombe à genoux ; voici l’ange de Dieu.
Dieu, qui voulut si jeune l’initier à une vie plus parfaite, ne laissa pas ses derniers jours sans joie ; et de son lit de mort, Eugène vit fonder la constitution définitive de la hiérarchie au sein de la famille saint-simonienne. […] Puis s’arrachant au vague, il en vint à s’occuper scientifiquement et historiquement des religions révélées, et c’est au fort de ces études opiniâtres dans lesquelles s’absorbait sa précoce pensée, que, le nouveau christianisme de Saint-Simon lui étant apparu sous son véritable jour, il se fit une révolution en lui ; que ses études, jusque-là confuses, s’enchaînèrent ; que le chaos du passé se déroula harmonieusement à ses yeux, et qu’il saisit la raison divine des choses, s’écriant à la vue de l’Église de toutes parts croulante et de la synagogue encore debout : « Oui, nous marchons vers une grande, vers une immense unité : la société humaine, du point de vue de l’homme ; le règne de Dieu sur la terre, du point de vue divin ; ce règne que les fidèles appellent tous les jours par leurs prières depuis dix-huit ceints ans. […] Le mosaïsme, moins développé en dogme que la religion chrétienne ; s’en tenant, avant tout, à l’unité de Dieu, qu’il importait de conserver entière et pure au sien du polythéisme ; renonçant à lier et à associer l’humanité encore rebelle et trop peu assimilable ; le mosaïsme, même avec ses restrictions, ses ignorances et ses grossièretés, cimentait plus fortement qu’aucune autre religion n’eût fait, et coordonnait en société complète, dans sa contrée étroite et montagneuse, son petit peuple choisi. […] Or, voilà pourquoi le christianisme est resté en chemin de son œuvre ; voilà pourquoi de Maistre, génie autant mosaïque qui catholique, ne conçoit pas que Dieu, auteur de la société des individus, n’ait pas poussé l’homme, sa créature chérie et perfectible, jusqu’à la société des nations ; voilà pourquoi les juifs s’obstinent à contempler avec un sentiment orgueilleux de supériorité leur loi, si complète en elle-même, que le christianisme a brisée avant d’avoir à rendre au monde l’unité définitive ; voilà pourquoi la religion de l’avenir, qui devra renfermer tous les caractères du judaïsme et du christianisme, renfermera aussi dans ses temples les juifs et les chrétiens, en les mettant d’accord, selon qu’il a été dit dans les anciennes et les nouvelles Écritures. […] Nous recommandons la dernière lettre à ceux qui demandent à la doctrine une vive expression de son Dieu, et qui seraient tentés de contester aux disciples de Saint-Simon la puissance de l’amour divin, l’allégresse, de l’adoration.
Toutefois ces créatures célestes diffèrent entre elles, ainsi que leurs sexes le déclarent : il est créé pour la contemplation et la valeur ; elle est formée pour la mollesse et les grâces : Lui pour Dieu seulement, Elle pour Dieu, en Lui. […] Ils n’évitent ni l’œil de Dieu ni les regards des Anges, car ils n’ont point la pensée du mal. […] Adam, quoiqu’à peine né et sans expérience, est déjà le parfait modèle de l’homme : on sent qu’il n’est point sorti des entrailles infirmes d’une femme, mais des mains vivantes de Dieu. […] l’univers naissant, les mers s’épouvantant pour ainsi dire de leur propre immensité, les soleils hésitant comme effrayés dans leurs nouvelles carrières, les anges attirés par ces merveilles, Dieu regardant encore son récent ouvrage, et deux Êtres, moitié esprit, moitié argile, étonnés de leur corps, plus étonnés de leur âme, faisant à la fois l’essai de leurs premières pensées, et l’essai de leurs premières amours. […] Il y a encore un autre passage où ces amours sont décrites : c’est au viiie livre, lorsque Adam raconte à Raphaël les premières sensations de sa vie, ses conversations avec Dieu sur la solitude, la formation d’Ève, et sa première entrevue avec elle.
Pour vous éclairer, c’est Dieu qui vous appelle, Son nom dit le monde à l’enfant qui l’épèle, Et c’est, sans mourir, une visite aux cieux. […] Dieu tient dans sa main les clefs qu’on croit perdues De tous les secrètes lui seul sait la valeur. […] Vous direz : c’est Dieu ! Dieu par qui tout respire ! […] Et que diraient en lisant ceci Lamartine et de Musset, qui ont fait tous deux la Confiance en Dieu, oui, que diraient-ils de cette sœur ?
Car ils prennent garde que toutes choses vivent une vie métaphysique ; qu’il n’y a pas de si médiocre molécule qui ne soit le signe d’une existence abstraite ; que le visible demeure le symbole de l’invisible1 ; que la beauté extérieure dénonce la beauté intime2 ; que comme l’âme humaine est le miroir où reluit le monde, le monde est le miroir où reluit Dieu ; que tout s’exalte et tourbillonne dans un ouragan d’amour ; que tout halète et s’agenouille et prie pour l’offrande universelle au Seigneur. […] art cérébral et qui se résorbe en Dieu ! […] Si bien qu’ayant accompli la conciliation de la culture du moi, et de la communion mystique, de la communion mystique exaltée jusqu’à la mort — nous dirons notre âme et nous dirons Dieu, 1. […] Notre pessimisme nous exile en notre moi, et nous exalte vers Dieu : car il est spiritualiste.
Vous l’entendrez, si Dieu nous donne la consolation de vous voir après Pâques ; car on croit qu’il continuera de prêcher dimanches et fêtes jusqu’à la Pentecôte. » — Un autre oratorien, le père Maur (ou Maure), brillait dans la chaire à la même date, et ses débuts semblaient balancer ceux de Massillon ; le père Maur n’a pas tenu depuis tout ce qu’il promettait et son nom n’a pas surnagé, mais on faisait alors de l’un à l’autre des parallèles ; C’est toujours M. Vuillart qui écrit : « Ce jeudi 4 mars 1700. — Dieu fait primer encore hautement, cette année, les pères de l’Oratoire dans le ministère de la parole, le père Hubert à Saint-Jean, le père Massillon à Saint-Gervais, le père Guibert à Saint-Germain de l’Auxerrois, le père de La Boissière à Saint-André, le père de Monteuil à Saint-Leu, le père Maur à Saint-Étienne-du-Mont. […] Voici leur commune division : La crainte de la méprise dans la vocation et la nécessité d’y consulter Dieu et ses ministres pour l’éviter, premier point : et le second fut le danger de la méprise, laquelle est si ordinaire. […] Comme il craignait hier la trop grande consternation de son auditoire sur les défauts de la vocation et sur la difficulté extrême de les réparer, il le releva et le ranima par une incomparable paraphrase de tout le Cantique de Jonas, qui le tint élevé à Dieu et comme transporté hors de la chaire assez longtemps les bras croisés et les yeux au ciel. […] Ses élévations à Dieu, assez, mais point trop fréquentes, pénètrent l’auditeur qui ne peut ne pas sentir que le prédicateur en est lui-même pénétré.
Il faut que je m’en remette au sort et à la grâce de Dieu. » Par malheur, Dieu dans sa bouche n’était qu’un mot, et un mot ne rassure pas. […] C’est que son génie avait été son seul Dieu. […] Si Dieu est, il veut qu’on le cherche. […] Que signifie le divin sans Dieu ? […] Plus de Dieu et plus de morale !
Quand Newton et Bossuet découvraient avec simplicité leurs têtes augustes, en prononçant le nom de Dieu, ils étaient peut-être plus admirables dans ce moment, que lorsque le premier pesait ces mondes, dont l’autre enseignait à mépriser la poussière. Clarke, dans son Traité de l’existence de Dieu, Leibnitz, dans sa Théodicée, Malebranche dans sa Recherche de la vérité, se sont élevés si haut en métaphysique, qu’ils n’ont rien laissé à faire après eux. […] Où est donc la nécessité de connaître les opérations de la pensée de l’homme, si ce n’est pour les rapporter à Dieu ? […] Une chose n’est bonne, une chose n’est positive qu’autant qu’elle renferme une intention morale ; or, toute métaphysique qui n’est pas théologie, comme celle des anciens et des chrétiens, toute métaphysique qui creuse un abîme entre l’homme et Dieu, qui prétend que le dernier n’étant que ténèbres, on ne doit pas s’en occuper : cette métaphysique est futile et dangereuse, parce qu’elle manque de but.
Il faut affirmer énergiquement que Dieu n’existe plus. […] Car cette théorie peut conduire à Dieu, à un Dieu, à quelque chose de théologique ; elle contient du divin. […] Dieu étant infini, c’est l’univers qui, par comparaison à Dieu et à l’homme ensemble, devient quantité négligeable et un pur rien. […] » Ici, (chez l’hébreu), on admet un Dieu puissant, d’une puissance suprême, et pourtant un Dieu vengeur, vindicatif. […] Elle est indigne de Dieu.
Quoi que ce soit, il y a quelque chose, dans l’histoire du « peuple de Dieu », qui ne se retrouve dans aucune autre. […] Une justice plus clémente, un Dieu plus tendre à la faiblesse humaine y accorde aux élus la grâce des réprouvés. […] Si Jésus n’était pas Dieu, nous avons le droit de nier sa « mission » ou ses « miracles ». Mais s’il était Dieu, c’est sa divinité qui rend ses « miracles » ou sa a mission » probable. […] C’est un Dieu jaloux que le Dieu de Luther et de Calvin, et il inspire plus de crainte que d’amour.
La volonté de Dieu ne nous a-t-elle pas également donné l’une et l’autre ? […] Comment anéantir, par un caprice de sa volonté, et j’appelle ainsi tout ce qui n’est pas fondé sur un devoir, l’œuvre de Dieu dans nous-mêmes ? […] Mais certes il ne faut pas confondre la résignation à la volonté de Dieu avec la condescendance pour le pouvoir des hommes. […] Si c’est l’appel d’un Dieu sous ce voile de ténèbres, sans doute alors le jour est derrière cette nuit, et le ciel ne nous est caché que par de vains fantômes. […] Vous voyez, mon digne ami, que Dieu vint à mon secours dans cet instant, car la nécessité de repousser une offre si indigne de moi, me rendit les forces que j’avais perdues.
L’œil de l’intelligence, c’est-à-dire la raison, reçoit de Dieu la lumière du vrai éternel. Toute science vient de Dieu, retourne à Dieu, est en Dieu4. » Et il se chargeait de prouver la fausseté de tout ce qui s’écarterait de cette doctrine. […] Le sens commun, la sagesse vulgaire, est la règle que Dieu a donnée au monde social. […] De même que Dieu est l’esprit du monde, l’esprit humain est un dieu dans l’homme. […] J’essayais d’y démontrer que l’homme est Dieu dans le monde des grandeurs abstraites, et que Dieu est géomètre dans le monde des grandeurs concrètes, c’est-à-dire dans celui de la nature et des corps.
Non, il y manque encore une pièce considérable : Dieu. […] Dieu, qui n’a pu faire l’homme mauvais. […] Pour le premier, Dieu est une idée, produit du raisonnement philosophique, ou suggestion de l’utilité sociale : pour Rousseau, Dieu est. Voltaire démontre Dieu, et Rousseau croit en Dieu. […] La cause et la fin de ce travail par lequel l’être s’embellit au dedans, c’est Dieu, le Dieu qui juge et récompense.
Mais Proudhon n’admet pas plus la miséricorde que Dieu, qui est l’Absolu. […] — c’est de débarrasser la Justice de la nécessité d’une sanction en Dieu. […] Il se trompait sur Dieu et la sienne. […] Cela n’offense personne pas même Dieu ! […] Dieu l’avait fait droit comme un cèdre.
Mais, Dieu merci ! […] Il était pourtant de la race des ennemis de Dieu. […] Ayons confiance en Dieu, et soyons-lui fidèles. Dieu seul doit nous justifier. […] … Dieu leur remettait un bien à faire ; on le leur interdisait de par Dieu.
II Efface ce séjour, ô Dieu ! […] L’âne, le mulet et le cheval eux-mêmes connaissent ce panorama de Dieu. […] Et comment passez-vous le temps que Dieu vous a mesuré plus large qu’aux autres hommes ? […] Elle me dit que Dieu aussi pense à moi. » — « Mais l’hiver ? […] Dieu est Dieu ; les prés, les terres et les maisons sont à lui, et il les change de maître quand il veut !
Dévoré de désir de se consacrer à Dieu et contrarié sans doute par les desseins de sa famille qui le voulait engager dans l’état paternel, il se déroba par la fuite, vint à Paris sans l’aveu de ses parents, et se jeta dans le noviciat des Jésuites. […] Dieu, témoin de mes intentions, sait combien je suis éloigné de ce qui les pourrait aigrir ; et malheur à moi, si un autre esprit que celui de la douceur et de la charité pour leurs personnes se mêlait jamais dans ce qui est de mon ministère ! […] Dieu m’avait donné comme un pressentiment de ce miracle, et dans le lieu même où je vous parle aujourd’hui, dans une cérémonie toute semblable à celle pour laquelle vous êtes ici assemblés, le prince lui-même m’écoutant, j’en avais non seulement formé le vœu, mais comme anticipé l’effet par une prière, qui parut alors tenir quelque chose de la prédiction. […] Il en a un assez pareil dans le sermon qui ouvre son premier Avent, pour le jour de la Toussaint, lorsque voulant inspirer le désir et donner un avant-goût du bonheur réservé aux justes et auquel ils atteignent dès cette vie, il s’écrie : Avoir Dieu pour partage et pour récompense, voilà le sort avantageux de ceux qui cherchent Dieu de bonne foi et avec une intention pure. […] tout pécheur et tout indigne que je suis, voilà ce que Dieu, par sa grâce, m’a fait plus d’une fois sentir.
On a trouvé le moyen de consacrer la médisance, de la changer en vertu, et même dans une des plus saintes vertus, qui est le zèle de la gloire de Dieu… Il faut humilier ces gens-là, dit-on, et il est du bien de l’Église de flétrir leur réputation et de diminuer leur crédit. […] On invente, on exagère, on empoisonne les choses, on ne les rapporte qu’à demi ; on fait valoir ses préjugés comme des vérités incontestables ; on débite cent faussetés ; on confond le général avec le particulier ; ce qu’un a mal dit, on le fait dire à tous, et ce que plusieurs ont bien dit, on ne le fait dire à personne : et tout cela, encore une fois, pour la gloire de Dieu. […] Elle ne suffirait pas pour rectifier un équivoque, mais elle est plus que suffisante pour rectifier la calomnie, quand on est persuadé qu’il y va du service de Dieu. […] s’écriait-il, tandis que vous me confierez le ministère de votre sainte parole, je prêcherai ces deux vérités sans les séparer jamais : la première, que vous êtes un Dieu terrible dans vos jugements, et la seconde, que vous êtes le père des miséricordes et le Dieu de toute consolation. […] J’ai achevé ma course, et plût à Dieu que je pusse ajouter : J’ai été fidèle !
Les premiers rêves, les premières ardeurs, les premières peines (car elle en eut) de cette noble fille se dérobent à nous : il y a des choses qu’elle ne dit jamais qu’à Dieu ou à son confesseur. […] Mon chemin à moi, c’est Dieu ou un ami, mais Dieu surtout. […] Mais Dieu ne fait-il pas le beau pour tout le monde ? […] Je m’arrête pour écouter ; puis je reprends, pensant que les oiseaux et moi nous faisons nos cantiques à Dieu, et que ces petites créatures chantent peut-être mieux que moi. Mais le charme de la prière, le charme de l’entretien avec Dieu, ils ne le goûtent pas ; il faut avoir une âme pour le sentir.
Il ne se trouvait jamais assez longtemps retenu par le service de Dieu. […] Le prêtre devenait Dieu, et Dieu parlait : ceci est mon corps, ceci est mon sang. […] Dans le drame d’Adam, l’église sert de coulisse, au moins à Dieu, qui y rentre quand il a parlé. […] On y verra Dieu, avec ses saints, célébrer la messe pour une pauvre femme qui a fait étrangler son gendre. Comme elle est dévote, et s’afflige de n’oser aller à l’Église, le jour de la Purification, Dieu s’empresse de venir en personne lui « donner réfection » d’une messe.
Des sectateurs intransigeants de l’Évangile, qui d’ailleurs ne l’ont jamais lu et qui ne hantent pas les églises, auraient une belle occasion de s’écrier ici : « Ô sainte égalité des hommes devant Dieu ! […] S’imaginaient-ils que j’allais réfuter et gourmander ceux pour qui il n’y a pas de Dieu à offenser, pas de grâce à perdre, pas d’âme à déshonorer ? […] Et c’est peut-être encore le meilleur moyen de toucher, Dieu aidant, l’âme des incrédules, si d’aventure il s’en mêlait quelques-uns au troupeau des fidèles. […] Se confesser à Dieu, à la bonne heure Mais, au contraire, ce qu’il nous faut, c’est un homme. […] Puis, une brève et énergique péroraison : La loi de Dieu est toujours là… Bon gré, mal gré, il faudra s’y soumettre… Un jour, nous entendrons Dieu nous dire : Allez, maudits !
Cet aimable saint, né le 21 août 1567, au château de Sales, à quatre lieues d’Annecy, d’une noble famille, et l’aîné de tous ses frères et sœurs, fut voué par sa pieuse mère à Dieu, et destiné par son père à la carrière sénatoriale. […] L’objet principal de son livre, qu’il adresse à Philothée, c’est-à-dire à une âme amie de Dieu, est de faire voir en exemple encore plus qu’en préceptes comment la piété peut se mêler aux nombreuses occupations de la société, et doit être différemment exercée selon les conditions diverses, par le gentilhomme, par l’artisan, par le valet, par la femme mariée, par la veuve, et toujours d’après le même esprit qui répand la vie et la joie au-dedans. […] Lorsque saint François de Sales voulut récidiver et approfondir davantage, lorsqu’il donna, quelques années après (1616), son Traité de l’amour de Dieu, il ne trouva plus la même facilité imprévue ni le même applaudissement. […] Mettant la tête à la fenêtre du côté d’Annecy, il s’écria avec cet élan plein de douceur, qui lui était familier : « Ô Dieu ! […] Voici une retraite toute propre à bien servir Dieu et son Église avec notre plume : savez-vous, notre père prieur ?
Beaucoup de soldats, même bons catholiques, possèdent-ils l’instruction suffisante pour participer pleinement au sacrifice d’un Dieu sur l’autel ? […] Pour mes paysans vendéens, Dieu, Jésus-Christ, l’Église, l’âme immortelle sont des réalités sensibles. […] Si je dois tomber à mon tour, je remercierai Dieu de m’avoir laissé de la terre une aussi réconfortante vision. » La conduite héroïque des soldats contribue à exalter la foi des prêtres qui les voient agir. […] L’abbé Gaston Millon, capitaine au 90e régiment d’infanterie, au milieu des soins du service au Mort-Homme, durant la semaine sainte de 1916, s’associe étroitement aux sept derniers jours de son Dieu. […] Dis-toi que ce que Dieu fait est bien fait.
Il croyait que rien n’est impossible à Dieu, non-seulement pour les siècles passés, mais sur l’heure et présentement. […] Le mot impossible n’est pas d’un chrétien ; un malade n’est jamais condamné tant que Dieu lui reste. […] Je ne fus pas si lent touchant le beau fruit de sa force, son admirable Epître sur l’Amour de Dieu. […] Il est en effet bien à plaindre : il a de la candeur, et il viendra un bon moment où il s’en humiliera devant Dieu et réparera la mauvaise édification que son impatience peut donner. […] Vuillart, qui adressait une prière à Dieu par les mérites de saint Denis, ne manqua pas sans doute de demander pour cette année-là un petit été de grâce en faveur de son ami Despréaux.
La tactique était habile ; car il fallait la profonde ingénuité de Jésus pour ne s’être point encore brouillé avec l’autorité romaine, nonobstant sa proclamation du royaume de Dieu. […] Un jour, un groupe de pharisiens et de ces politiques qu’on nommait « Hérodiens » (probablement des Boëthusim), s’approcha de lui, et sous apparence de zèle pieux : « Maître, lui dirent-ils, nous savons que tu es véridique et que tu enseignes la voie de Dieu sans égard pour qui que ce soit. […] Il se fit montrer l’effigie de la monnaie : « Rendez, dit-il, à César ce qui est à César, à Dieu ce qui est à Dieu 976. » Mot profond qui a décidé de l’avenir du christianisme ! […] La Sagesse de Dieu a eu bien raison de dire 987 : « Je vous enverrai des prophètes, des sages, des savants ; vous tuerez et crucifierez les uns, vous ferez fouetter les autres dans vos synagogues, vous les poursuivrez de ville en ville ; afin qu’un jour retombe sur vous tout le sang innocent qui a été répandu sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie 988, que vous avez tué entre le temple et l’autel. » Je vous le dis, c’est à la génération présente que tout ce sang sera redemandé 989. » Son dogme terrible de la substitution des gentils, cette idée que le royaume de Dieu allait être transféré à d’autres, ceux à qui il était destiné n’en ayant pas voulu 990, revenait comme une menace sanglante contre l’aristocratie, et son titre de Fils de Dieu qu’il avouait ouvertement dans de vives paraboles 991, où ses ennemis jouaient le rôle de meurtriers des envoyés célestes, était un défi au judaïsme légal. […] Les pharisiens excluent les hommes du royaume de Dieu par leur casuistique méticuleuse, qui en rend l’entrée trop difficile et qui décourage les simples.
Nous, nous disons : Il n’y a qu’une cause que nous connaissons directement, c’est celle que nous sentons penser et agir, comprendre et pouvoir en nous, sentir, aimer, vivre en un mot ; vivre de la vie complète, profonde et intime, non-seulement de la vie nette et claire de la conscience réfléchie et de l’acte voulu, mais de la vie multiple et convergente qui nous afflue de tous les points de notre être ; que nous sentons parfois de la sensation la plus irrécusable, couler dans notre sang, frissonner dans notre moelle, frémir dans notre chair, se dresser dans nos cheveux, gémir en nos entrailles, sourdre et murmurer au sein des tissus ; de la vie une, insécable, qui dans sa réalité physiologique embrasse en nous depuis le mouvement le plus obscur jusqu’à la volonté la mieux déclarée, qui tient tout l’homme et l’étreint, fonctions et organes, dans le réseau d’une irradiation sympathique ; qui, dans les organes les plus élémentaires et les plus simples, ne peut se concevoir sans esprit, pas plus que, dans les fonctions les plus hautes et les plus perfectionnées, elle ne peut se concevoir sans matière ; de la vie qui ne conçoit et ne connaît qu’elle, mais qui ne se contient pas en elle et qui aspire sans cesse, et par la connaissance et par l’action, par l’amour en un mot ou le désir, à se lier à la vie du non-moi, à la vie de l’humanité et de la nature, et en définitive, à la vie universelle, à Dieu, dont elle se sent faire partie ; car à ce point de vue elle ne conçoit Dieu que comme elle-même élevée aux proportions de l’infini ; elle ne se sent elle-même que comme Dieu fini et localisé en l’homme, et elle tend perpétuellement sous le triple aspect de l’intelligence, de l’activité et de l’amour, à s’éclairer, à produire, à grandir en Dieu par un côté ou par un autre, et à monter du fini à l’infini dans un progrès infatigable et éternel. […] Cependant l’esprit, maudissant la chair et se plaçant hors du monde, proclamait la paix, la charité universelle, la communion des âmes et la règle d’un seul Dieu. […] Cette réhabilitation réelle et l’harmonie qui doit en résulter ne pourront s’obtenir que par la conception nouvelle qui ramène la matière et l’esprit dans la substance de l’être, l’âme et le corps dans l’unité de la vie, l’homme et la nature dans le sein de Dieu, la science et l’industrie dans la religion. Ainsi seulement tout s’explique ; ainsi l’activité matérielle devient sainte au même titre que la pensée, et comme participant au même Dieu sous un aspect différent ; ainsi l’accord règne entre le monde et nous, et dans notre propre individu entre notre intelligence et notre puissance.
Adhérer à Jésus en vue du royaume de Dieu, voilà, ce qui s’appela d’abord être chrétien. […] Le royaume de Dieu, tel que nous le concevons, diffère notablement de l’apparition surnaturelle que les premiers chrétiens espéraient voir éclater dans les nues. […] Le grand maître de ceux qui se réfugient dans ce royaume de Dieu idéal est encore Jésus. […] Mais le souffle de Dieu était libre chez eux ; chez nous, il est enchaîné par les liens de fer d’une société mesquine et condamnée à une irrémédiable médiocrité. […] Il n’a pas été impeccable ; il a vaincu les mêmes passions que nous combattons ; aucun ange de Dieu ne l’a conforté, si ce n’est sa bonne conscience ; aucun Satan ne l’a tenté, si ce n’est celui que chacun porte en son cœur.
Excepté son dernier et son plus magnifique ouvrage, intitulé « Les Paroles de Dieu », d’une hauteur de mysticisme qui épouvante l’admiration et dont je ne me suis pas senti digne de rendre compte, j’ai toujours parlé de ses livres avec l’intérêt passionné qu’ils excitent. […] Hello, qui voit tout à travers le sien, le chrétien enflammé du livre des Paroles de Dieu et qui, pour la première fois, dans la Critique, s’efforce d’introduire l’onction, l’apaisement et le ciel de sa mysticité. […] Mais, malheureusement pour la sagesse et l’orgueil des hommes, l’auteur à l’enthousiasme sacré du livre Les Paroles de Dieu, cette perle jetée sur le fumier du siècle aux porcs qui ne la ramassent pas, restera le mystique Hello, dans sa nuit invisible de flamme, avec son amour, son enthousiasme et sa foi ! […] Pourquoi ce qui fut facile au grand poète du Paradis perdu, qui prit son mâle parti de l’obscurité, ne serait-il pas facile à un mystique qui est sur la terre exclusivement le poète de Dieu ? […] Pour les attardés qui parlent encore de Dieu, et qui bourrent leurs livres de ce vieux fagot avec lequel les hommes ne veulent plus se chauffer, il n’y a désormais, par ce temps sans Dieu, que l’enterrement vivant du silence, et le sacrifice des œuvres les plus belles et les plus pleines de lui, à brûler comme un dernier encens sur l’autel secret des Catacombes !
À ce cœur qui palpite au fond se rattache tout un long fragment du règne de Richelieu, qui acheva de tourner vers Dieu ce cœur déchiré, en lui arrachant son idole et en la jetant à l’échafaud. […] … Nous non plus, comme Renée, nous ne croyons pas à l’impersonnalité de Richelieu ; nous ne croyons à l’impersonnalité de personne… pas même à celle de Dieu ! […] Ils n’eurent à recueillir que l’héritage du sang, sans le sang par lequel il avait fructifié, et que Richelieu, lui, n’a pas craint de prendre à sa charge, devant les hommes et devant Dieu ! […] , je vous conjure, par le repos de mon âme… de modérer vos ressentiments et de recevoir de la main de notre doux Sauveur cette affliction. » Deux fois soumise, et à Dieu et à son époux, son autre Dieu, elle obéit à cette consigne donnée presque du fond de la mort. […] Il le fallait pourtant, et, Dieu aidant, cela arriva.
Ils savent que Dieu, pour traverser les cœurs, met dans nos carquois toutes sortes de flèches, et que la flèche du Talent pénètre encore, après les plus perçantes, — celles de la Prière et de la Charité ! […] « Ou un seul homme, dit-il un jour, suffirait pour sauver la société ; cet homme n’existe pas, ou, s’il existe, Dieu dissout pour lui un peu de poison dans les airs ! » Un autre jour : « Dieu a fait la chair pour la pourriture, et le couteau pour la chair pourrie. » Et encore : « Où que l’homme porte ses pas, il la rencontre (la douleur), statue muette et en larmes, toujours devant lui ! […] Il a la foi de ce qu’il dit et il ne se baisserait pas d’une ligne pour ramasser tout un monde de popularité, si Dieu le mettait à ses pieds. […] Dieu ne le permit point ; il lui gardait un autre autel à desservir ; il l’appela et en fit son prêtre… pour l’éternité, dans les cieux !
L’amour de Dieu, la charité, le pardon réciproque, voilà toute sa loi 638. […] Le jeune démocrate juif, frère en ceci de Judas le Gaulonite, n’admettant de maître que Dieu, était très blessé des honneurs dont on entourait la personne des souverains et des titres souvent mensongers qu’on leur donnait. […] Le royaume de Dieu leur sera transféré. « Quand un propriétaire est mécontent de ceux à qui il a loué sa vigne, que fait-il ? […] Dans son royaume de Dieu, il fait asseoir au festin, à côté d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, des hommes venus des quatre vents du ciel, tandis que les héritiers légitimes du royaume sont repoussés 653. […] Ceux dont il s’agit ici étaient appelés « prosélytes de la porte » ou « gens craignant Dieu », et assujettis aux préceptes de Noë, non aux préceptes mosaïques 661.
Écoutons : sous ces voûtes antiques Parviennent jusqu’à moi d’invisibles cantiques, Et la Religion, le front voilé, descend : Elle approche : déjà son calme attendrissant, Jusqu’au fond de votre âme en secret s’insinue ; Entendez-vous un Dieu dont la voix inconnue Vous dit tout bas : Mon fils, viens ici, viens à moi ; Marche au fond du désert : j’y serai près de toi ? […] C’est là qu’ils se cachoient, et les chrétiens fidèles, Que la Religion protégeoit de ses ailes, Vivant avec Dieu seul dans leurs pieux tombeaux, Pouvoient au moins prier sans craindre les bourreaux. […] La voix des passions se tait sous leurs cilices ; Mais leurs austérités ne sont point sans délices : Celui qu’ils ont cherché ne les oublîra pas ; Dieu commande au désert de fleurir sous leurs pas. […] plus d’une fois les soupirs de l’amour S’élèvent dans la nuit du fond des monastères ; En vain, le repoussant de ses regards austères, La pénitence veille à côté d’un cercueil : Il entre déguisé sous les voiles du deuil ; Au Dieu consolateur en pleurant il se donne ; À Comminge, à Rancé, Dieu sans doute pardonne : À Comminge, à Rancé, qui ne doit quelques pleurs ? […] Je lis à chaque pas : Dieu, l’enfer, la vengeance.
« Ainsi notre propre nuit, l’obscurité de nos cœurs complices de la fraude, bientôt mise à découvert, pâlira devant le règne de Dieu. […] « C’est la loi donnée de Dieu à notre fragile nature, que ce plaisir qui guérit et tempère la souffrance. […] « Viennent seulement les temps où Dieu doit accomplir toute espérance ! […] « Mais tandis, ô Dieu ! […] La lyre, associée à des offrandes plus pures, à l’amour de Dieu et de l’humanité, retrouvait d’austères et gracieux accents.
Il vit sous l’œil de Dieu, il se sent choisi et sacré par Dieu. […] il l’ignore et cela l’effraie d’autant plus), il se sent réellement responsable du sort matériel et moral des millions d’hommes que Dieu lui a confiés ; il sent qu’il est leur maître pour leur bien, pour le bien de tous, et particulièrement des plus humbles. […] Il considérerait que, si des iniquités ont été commises contre ses pères il y a quatre-vingts ans, Dieu ne permet plus d’en tirer vengeance, justement parce que l’humanité a quatre-vingts ans de plus, et que, du reste, les événements les avaient déjà réparées. […] Mais, s’il la faisait, il pourrait se glorifier d’avoir été, moralement, le plus grand des pasteurs d’hommes, d’avoir accompli un acte prodigieusement méritoire et original, et d’avoir, le premier de tous, rompu avec la vieille politique égoïste et inauguré les temps nouveaux… Notez que si une âme droite, simple et bonne, qui ne serait point de race royale, qui ne serait retenue ni par l’éducation ni par la tradition, si un véritable enfant de Dieu se trouvait subitement, comme dans les contes, élevé sur le premier trône de l’Europe, toutes ces choses extraordinaires et folles, il les ferait, du premier coup, avec sérénité.
Dieu des forts ! […] Mais grand Dieu ! […] Dieu ! […] quel Dieu ! […] Mais, grand Dieu !
C’est un Dieu intérieur ; mais c’est un Dieu. […] Dieu seul. […] Ces idées sont des parties essentielles de Dieu créant, de Dieu ordonnant, de Dieu organisant, de Dieu artiste. […] Dieu est elles et elles sont Dieu. […] Elles se soutiennent en Dieu et Dieu se contemple en elles.
Dieu ne nous doit rien, et se doit tout. […] Oui, Flore vous aimera, tonnerre de Dieu ! […] » Sa femme le supplie au nom de Dieu. […] Il est engendré dans le ciel par Dieu et à l’image de Dieu. […] Dieu leur devient plus sensible ayant un corps.
« Ô Dieu ! […] Ô Dieu ! […] Ô Dieu ! […] Dieu, en lui infligeant la richesse, l’a condamnée au malheur. […] Il n’y a pas de Dieu, en êtes-vous bien sûr ?
Or le terme suprême de la métaphysique d’imagination, c’est l’idée de Dieu, et la preuve, c’est qu’il n’y a pas de Dieu preuve sérieuse, et que les déistes réfléchis et sincères reconnaissent que Dieu ne se prouve pas. […] C’est cet antagonisme que Proudhon croit, voir, et c’est pourquoi le Dieu beau, le Dieu touchant et le Dieu aimable lui est odieux, et lui semble corrupteur. […] S’ils ne se sont pas contentés du Dieu tout raison, s’ils ont voulu le Dieu tout beauté, tout charme et tout amour, c’est pour enrichir, achever et confirmer à leurs yeux sa personnalité ; c’est, usons du mot sacré, si caractéristique, pour avoir un Dieu vivant. Dieu n’est jamais assez vivant pour celui qui aime à y croire ; et si les hommes se sont figuré leur Dieu si personnel, c’est pour pouvoir l’aimer mieux ; c’est pour pouvoir l’aimer. […] Cette idée, c’est l’idée de Dieu ; ce sentiment c’est l’amour de Dieu.
Le point de contact entre eux n’est pas difficile à voir : c’est la commune protestation au nom de Dieu et de la raison qui le connaît, contre l’ascétisme catholique. « … Celui grand bon piteux Dieu, écrivait Rabelais, lequel ne créa onques le Caresme : oui bien les salades, harengs, merlans, carpes, brochets, dars, umbrines, ablettefe, rippes, etc. […] Dieu a créé les instincts et les fonctions pour l’usage : c’est égal abus de faire ce qu’il défend, et de défendre ce qu’il permet, de pervertir et d’abolir ses dons. […] Lecalvinisme, bien pris, doit être une doctrine d’humilité : il met toute l’espérance du chrétien anéanti dans la sincérité de sa foi qui, l’attachant à Dieu, l’oblige à vouloir toutes les volontés de Dieu, à aimer le joug douloureux de son Évangile. Pour régler la vie, comme pour saisir les rapports de l’homme à Dieu, de la nature à la religion, il a fallu que Calvin se fit psychologue et moraliste.
Mais elles portent déjà le linceul de Dieu sur leurs têtes, et leur jugement est prononcé tout bas dans l’histoire, bien avant qu’il y retentisse promulgué par les visibles et définitives catastrophes. […] Pourquoi Dieu, lassé à la fin, n’aurait-il pas sorti ce peuple ingrat de l’orbe de ses miséricordes ? […] Une pareille pensée pourrait décourager d’autres hommes que nos missionnaires ; mais qu’importent les données de l’histoire, qu’importe la réalité humaine, et, dans un certain sens, le châtiment de Dieu sur des nations visiblement condamnées, à ces apôtres qui prêchent la folie de la croix et qui savent espérer contre toute espérance, spem contra spem ! Leur affaire, à ces hommes sublimes, à ces promoteurs du Saint-Esprit dans les âmes, c’est d’agir toujours en dehors de toute prévision naturelle et humaine, c’est de montrer Dieu même aux aveugles, c’est de le parler même à des sourds ! […] Réduit à son état atomique dans la personne de ses derniers prêtres à la Chine, le Christianisme n’en paraîtra que plus auguste, et sur les lèvres de ces derniers prêtres l’éclair de la puissance de Dieu brillera mieux !
Nous savons trop, pour nous en étonner, à quel ironique piquet de chèvre Dieu a attaché l’esprit humain, et ce qu’il lui donne de cette corde au bout de laquelle l’homme passe son temps à rêver l’infini ! […] et il ajoute, par une opposition qu’il est difficile de comprendre : « La philosophie politique ne vogue pas sans boussole sur cette mer des destinées où Dieu lui apparaît comme pôle et la vraie liberté pour port. » Mais l’utopie aussi a parlé ce langage. […] Elle est restée aussi, comme une sage petite fille, les yeux baissés et les mains jointes sur sa ceinture, dans cette idée prude ou hypocrite d’une vraie liberté, et elle a mis Dieu par-dessus, mais quel Dieu ? […] Le Dieu de M. de Beauverger ne serait-il que le Dieu du Vicaire savoyard de Jean-Jacques, et parmi tant de libertés fausses, qu’elle est donc sa vraie liberté ? […] Ainsi, d’une part, l’idée que l’homme-fonction doit le bonheur à l’homme individuel, et d’autre part, l’idée de ce bonheur que vous pouvez faire définir au plus modeste et qui n’en sera pas moins toujours un inventaire de Dieu, supérieur de tout à l’aurea mediocritas d’Horace, voilà la double source d’où sont sorties toutes les utopies, toutes les révolutions, toutes les démences, et cela, dans tous les temps, mais plus particulièrement dans les temps modernes, où la personnalité humaine a pris de si monstrueuses dilatations.
Gibbon, moins spirituel, lourd cockney qui se croyait fin, Gibbon, qui achevait son Histoire, en Suisse, parla de Mahomet comme d’un marchand de vulnéraire… suisse, et il lui prêta des miracles, à lui qui a vingt places dans le Coran dit que Dieu lui a refusé le don d’en faire, et des miracles ridicules encore, comme, par exemple, de faire descendre la lune par le col de sa robe, pour l’en faire sortir par la manche ! […] Dans l’impossibilité de comprendre la croyance parce qu’ils étaient incrédules, ils s’en tiraient en disant qu’on mentait, et ce n’était pas particulier à Mahomet, le mensonge qu’ils inventaient, mais c’était particulier à tout homme qui tombait à genoux devant Dieu ! […] Lui qui, plus tard, s’adonna, comme Salomon vieillissant, à l’amour des femmes, quand il eut dépassé cet âge où les hommes cessent de les aimer, avait traversé une jeunesse si chaste et si pure, que la Légende musulmane a pu dire que les deux anges de Dieu avaient ôté eux-mêmes de sa poitrine, ouverte par leurs mains célestes, la tache noire du péché originel. […] » Espèce d’ascète, sublime et déplacé, qui souvent laissait le commandement et les soucis de la caravane, et se retirait sur le mont Hyra pour y converser avec Dieu. […] Mais il est un autre point qui n’est pas seulement faible, mais qui est faux et que je demanderai à Barthélemy Saint-Hilaire la permission de signaler, non au sentiment de l’historien et du philosophe, mais à la conscience du chrétien, puisque, grâce à Dieu, Barthélemy Saint-Hilaire est maintenant chrétien.
Elle était la fille légitime de l’Église, qui, pour le chrétien, est Dieu sur la terre, et elle fut la plus grande et la plus puissante de toutes les monarchies du monde tout le temps qu’elle eut le profond respect de sa mère… Pour Maurice de Bonald, le mal qui prit la monarchie et dont elle est absolument morte, si Dieu ne la ressuscite pas par des moyens présentement inconnus à toute prévoyance humaine, n’est pas d’hier. […] ce bon monseigneur de Labastida, archevêque de Mexico, s’y employa ardemment ; mais, à peine arrivé au Mexique, Maximilien ne tint aucun compte de ses promesses et se hâta de mécontenter les catholiques pour passer sous le joug des sectaires vous savez comme Dieu l’a châtié ; mais au moins il s’est repenti et il est mort en chrétien. […] Seulement pourquoi ce livre affligeant et inutile dans les circonstances actuelles, qui sont si pressantes, diront ceux-là qui s’agitent, mais qui n’iront jamais que jusqu’où Dieu voudra les mener ? […] Mais si c’est le dessein de Dieu que tout périsse des monarchies qui ont péché depuis si longtemps et si cruellement contre lui ?… Après tout, l’Église de Dieu est plus haute que toutes les monarchies, qui ne se soutenaient que par elle et contre laquelle elles se sont révoltées avec une si effroyable ingratitude.
L’homme qui l’a écrit a une idée ; mais Dieu, qui a la sienne aussi, lui fait dire ce qu’il ne comprend pas, même en le disant ; et ce n’en est que plus frappant et plus sublime… Il combattit jusqu’à l’aurore… Et c’était l’Esprit du Seigneur ! […] Jusque-là, nous avions eu des athées qui faisaient les altiers et les impassibles contre Dieu ; mais des athées désespérés de l’être, des athées damnés dans leur pensée avant de l’être dans l’enfer ; des athées qui ne croient pas à l’enfer et qui l’ont brûlant dans leur poitrine, nous n’en avions pas. […] La voix qui dit : Il n’y a pas de Dieu ! […] Le Faust moderne a la supériorité de la vie palpitante sur le Faust archéologique de Gœthe, pris par ces rêveurs d’Allemands pour le Dieu de la vie ! […] Dénouement d’une brutalité sublime, et que j’aime, non pas seulement parce que c’est le dévouement, l’éternel honneur de l’âme, qui tue l’égoïsme, qui en est la honte éternelle ; mais aussi parce que je vois ici comme une apothéose de la guerre que les athées, qui ne sont pas tout à fait des héros, mais qui sont tout à fait des niais, voudraient supprimer comme Dieu et l’Enfer !
Il croit donc que Dieu a fait l’homme à son image, et M. de Bonald a une manière de presser le sens des mots qui le mène à en tirer de longues et précises conséquences. De cette ressemblance et de cette similitude de l’homme avec Dieu, il résulte qu’il y a société, au pied de la lettre, entre Dieu et l’homme, et que celui-ci a reçu de Dieu la loi, la pensée et la parole, sans laquelle la pensée humaine n’est pas. […] Car il lui paraîtrait absurde et sacrilège de penser que Dieu a laissé un seul moyen de connaissance et de vérité aux hommes, et que ce moyen est à jamais détourné ou intercepté. […] La Révolution a commencé par la Déclaration des droits de l’homme, et elle ne finira que par la Déclaration des droits de Dieu. […] Êtes-vous pour la Création de l’homme par Dieu prise au pied de la lettre, ou pour une génération à la manière des naturalistes purs ?
Vous êtes tous deux mes grands vicaires, et, comme tels, vous devez n’avoir autre dessein que de faire passer toutes choses à mon contentement, ce qui se fera pourvu que ce soit à la gloire de Dieu. […] Si une mouche vous a piqué, vous la deviez tuer, et non tâcher d’en faire sentir l’aiguillon à ceux qui se sont, par la grâce de Dieu, jusques ici garantis de piqûre. […] « Il fallait, en cette occasion, s’écrie Richelieu, mépriser sa vie pour le salut de l’État ; mais Dieu ne fait pas cette grâce à tout le monde. » Il revient souvent sur cette idée, que le courage qui fait entreprendre les choses sensées et justes dans l’ordre public est une grâce spéciale de Dieu ; et ce n’est point chez lui une forme de langage : évidemment il le croit. […] Avenel fait remarquer en même temps ce terme bref de huit jours : quelque chose du caractère impérieux du cardinal se retrouve, même quand il s’agenouille et s’humilie : il semble prescrire un terme à Dieu même32. […] » Et à quelque temps de là, voyant quelqu’un auquel elle avait fait un mauvais office auprès de la reine, elle lui en demanda pardon, tant la véritable et humble honte qu’elle avait devant Dieu de l’avoir offensé lui ôtait parfaitement celle des hommes.
Dieu met en lui la passion ; la société y met l’action ; la nature y met la rêverie. […] Rien ne le troublerait dans sa profonde et austère contemplation ; ni le passage bruyant des événements publics, car il se les assimilerait et en ferait entrer la signification dans son œuvre ; ni le voisinage accidentel de quelque grande douleur privée, car l’habitude de penser donne la facilité de consoler ; ni même la commotion intérieure de ses propres souffrances personnelles, car à travers ce qui se déchire en nous on entrevoit Dieu, et, quand il aurait pleuré, il méditerait. […] Dieu a mis une étincelle qu’un souffle d’en haut peut toujours raviver, que la cendre ne cache point, que la fange même n’éteint pas, — l’âme. […] Comme tous les poètes qui méditent et qui superposent constamment leur esprit à l’univers, il laisserait rayonner, à travers toutes ses créations, poëmes ou drames, la splendeur de la création de Dieu. […] Il se tourne constamment vers l’homme, vers la nature ou vers Dieu.
Il tourne son âme inquiète vers le Ciel : quelque chose lui dit que c’est là qu’habite cette souveraine beauté après laquelle il soupire : Dieu lui parle tout bas, et cet homme du siècle, que le siècle n’avait pu satisfaire, trouve enfin le repos et la plénitude de ses désirs dans le sein de la religion. […] Le premier s’est moqué de la bonne foi de son lecteur ; le second a révélé de honteuses turpitudes, en se proposant, même au jugement de Dieu, pour un modèle de vertu. […] Et quel portrait ne nous fait-il point du Dieu auquel il confie ses erreurs ! […] » Le même homme qui a tracé cette brillante image du vrai Dieu, va nous parler à présent avec la plus aimable naïveté des erreurs de sa jeunesse : « Je partis enfin pour Carthage. […] Nous ne connaissons point de mot de sentiment plus délicat que celui-ci : « Mon bonheur eût été d’être aimé aussi bien que d’aimer, car on veut trouver la vie dans ce qu’on aime. » C’est encore saint Augustin qui a dit cette parole : « Une âme contemplative se fait à elle-même une solitude. » La Cité de Dieu, les épîtres et quelques traités du même Père, sont pleins de ces sortes de pensées.
Il raisonnait fort et se raillait bien haut de ce qu’il appelait des superstitions, et il croyait aux songes, aux revenants, et quelque peu à la magie : il associait la guerre, la controverse, l’érudition, le bel esprit, la satire railleuse et cynique, une langue toujours prompte et effrénée, et à la fois la crainte d’un Dieu terrible et toujours présent, et aussi par instants la consolation d’un Dieu très doux. […] C’est un grondeur et un mécontent par humeur que d’Aubigné ; il était inapplicable en grand et n’aurait su devenir tout à fait homme d’État ni principal capitaine ; il était né ce que nous appelons de nos jours un homme d’opposition : pourtant, dès qu’on le presse et qu’on lui met la main au cœur, comme il est fier de son Henri IV, du « grand roi que Dieu lui avait donné pour maître », dont les pieds lui ont servi si souvent de chevet ! […] Je vous somme, au nom de Dieu, de ne nous frauder plus, ou je serai témoin contre vous en son Jugement. » Religion égarée, fanatisme opiniâtre sans doute, et sourd aux raisons de prudence et d’humaine sagesse ; appel, sous le nom du Christ, à la vengeance du sang par le sang ; générosité pourtant et grandeur d’âme, comme il en est en tout sacrifice absolu de soi : c’est ce qui respire en cette scène nocturne, digne des plus grands peintres, et d’Aubigné, qui en a senti toute l’émotion, nous l’a conservée et, on peut dire, nous l’a faite de manière à n’être point surpassé. […] Le conseil fut suivi aussitôt, et, le rideau ouvert, voici les propos que ce prince entendit : Sire, disait d’Aubigné, est-il donc vrai que l’esprit de Dieu travaille et habile encore en vous ? Vous soupirez à Dieu pour l’absence de vos amis et fidèles serviteurs, et en même temps ils sont ensemble soupirant pour la vôtre et travaillant à votre liberté ; mais vous n’avez que des larmes aux yeux, et eux les armes aux mains ; ils combattent vos ennemis et vous les servez ; ils les remplissent de craintes véritables, et vous les courtisez pour des espérances fausses ; ils ne craignent que Dieu, vous une femme, devant laquelle vous joignez les mains quand vos amis ont le poing fermé ; ils sont à cheval, et vous à genoux ; ils se font demander la paix à coudes et à mains jointes ; n’ayant point de part en leur guerre, vous n’en avez point en leur paix.
« L’homme qui prend la vie au sérieux, a-t-il dit, et emploie son activité à la poursuite d’une fin généreuse, voilà l’homme religieux ; l’homme frivole, superficiel, sans haute moralité, voilà l’impie. » — « L’humanité est de nature transcendante, a-t-il dit encore, quis Deus incertum est, habitat Deus (quel Dieu habite en elle ? je ne sais, mais il y habite un Dieu). » Il lui est échappé un jour, dans un article sur Feuerbach, de se prononcer sur le sens du mot Dieu, et il l’a fait cette fois d’une manière un peu légère et du ton un peu trop protecteur d’un raffiné en matière de philosophie : il est revenu depuis sur la chose et sur le mot ; il a rétracté, c’est-à-dire retouché sa première parole. Le mot Dieu est toujours pour lui le signe représentatif de toutes les belles et suprêmes idées que l’humanité conçoit, pour lesquelles elle s’exalte et qu’elle adore ; mais il semble que ce soit quelque chose de plus encore à ses yeux qu’une expression ; il semble prêter décidément à l’intelligence, à la justice indéfectible et sans bornes, une existence indéfinissable, inconnue, mais réelle. […] Du moment qu’on déclare que l’humanité, dans ses diverses manifestations historiques, a tout fait, mais en même temps a tout bien fait, et qu’on se révolte, comme si c’était un sacrilège, à l’idée qu’elle a pu commettre en masse quelque grosse sottise, il est difficile de ne pas admettre un plan auquel, même à son insu, elle obéit : il y a un Dieu là-dessous. […] — Autre exemple : si les diverses races humaines se sont produites sur ce globe successivement et par des générations distinctes comme la science peut être amenée à le reconnaître et comme il incline à le penser, comment alors sauver le grand dogme sacré de l’unité humaine, cette croyance :« que tous les hommes sont enfants de Dieu et frères ?
Loin de puiser au fond d’eux-mêmes les forces nécessaires pour résister à l’anéantissement, et de ne chercher que dans la virilité purement humaine le remède nécessaire aux désastres, ils s’en remirent à la pitié infinie de leur Dieu et firent un vœu. […] Il n’y avait plus d’espoir qu’en Dieu, en présence des maux de la terre. […] Le vœu subit entre les mains de l’archevêque Guibert une modification dans son principe même : de conditionnel il devint absolu, c’est-à-dire qu’il gardait toujours son caractère d’absolue remise en Dieu de tous les espoirs chrétiens, mais il perdait en même temps cette apparence de marchandage qu’il contenait au début. […] Les désastres que la France a subis sont le châtiment de son impiété et de son éloignement progressif de Dieu, dont on invoque la pitié, afin que le Saint-Siège puisse reconquérir son autorité et la France son calme, c’est-à-dire sa vieille foi chrétienne. […] Mais il y a dans ce vote quelque chose de si extraordinaire qu’on est obligé de s’écrier : « Le doigt de Dieu est là !
L’objet qu’on ne doit jamais perdre de vue, c’est d’interpréter la parole de Dieu pour l’utilité du prochain ; il ne s’agit pas d’ignorer la rhétorique, mais de la manier délicatement ; c’est tout un art que de « faire parler Dieu » avec efficacité. […] Mais sa morale, tout austère, n’a rien qui effraie et décourage : il croit et il montre que, si Dieu a donné à l’homme ses commandements, c’est que l’homme peut les exécuter. […] Mais personne, ni individu, ni corps, n’a droit de résister aux rois : ils ne sont responsables que devant Dieu, et Dieu leur demandera des comptes d’autant plus sévères qu’il est seul à pouvoir les leur demander. Cette terrible responsabilité devant Dieu est le contrepoids de l’autorité absolue que Bossuet accorde aux rois sur la terre. […] Ces réalités sont celles où se manifestent les desseins et les jugements de Dieu : leur image éveille en lui tous les sentiments dont son Dieu est l’objet, toutes les ardeurs de la foi, de l’espérance et de l’amour.
Dieu seul sait les secrets de Dieu : aucun autre être ne pourrait ni les concevoir ni les garder. […] On n’escalade pas la pensée de Dieu ! […] si je dormais mes nuits pleines ou si une maladie (que Dieu me l’épargne avant l’heure !) […] Que je vive dans la mémoire de Dieu, je me ris de celle des hommes ! […] Que Dieu l’assiste !
Dans un de ses sermons sur la conversion du pécheur, voici comment l’Orateur explique la conversion du pécheur à Dieu & de Dieu au pécheur. […] Un Hermite, dit Jean Raulin, suppliant Dieu de lui faire connoître la voie du salut, vit tout-à-coup un diable transformé en Ange de lumiere, qui lui dit : Dieu a exaucé votre priére. […] Si vous unissez ces trois choses & les offrez à Dieu, vous serez sauvé. […] Un ventre qui se nourrit trop, s’arrondit : donc il ne peut toucher Dieu que dans un point ; mais le jeûne applanit le ventre, & alors celui-ci s’unit à la surface de Dieu dans tous les points & dans toutes les parties. […] L’amour de Dieu l’embrasoit.
… Où qu’on prît ces héroïnes, qui ne forment pas un bataillon, mais toute une armée dans l’histoire ; qu’on les prît sur notre terre de France, que ce fût sainte Radegonde, sainte Geneviève, sainte Clotilde, et tous ces cœurs vaillants de la vaillance de Dieu jusqu’à Jeanne d’Arc et depuis elle, n’importe où l’historien allât les choisir, elles étaient dignes de s’aligner en face des plus grandes (s’il y en avait) de la Révolution française, et de faire baisser les yeux à leurs portraits, plier le genou à leurs cadavres. […] Nous l’avions cru, et il nous eût été doux de rendre compte d’un tel ouvrage ; il nous eût été doux de démontrer la différence qu’il y a entre les héroïnes de la foi en Dieu et les héroïnes de la foi en soi-même ; car, malgré l’éternelle mêlée des systèmes et le fourré des événements, il n’y a que cela dans le monde : le parti de Dieu ou le parti de l’homme ; et il faut choisir ! […] Ses Femmes chrétiennes sont les femmes de l’Évangile : la Chananéenne, la femme malade, la fille de Jaïre, la femme adultère, la veuve de Naïm, la Samaritaine, Madeleine, Marthe, Marie, les saintes femmes au tombeau, etc., créatures de grâce ou de conversion, d’humilité et de repentance, ces perles dont l’écorce était l’amour de Dieu, les premières que l’Évangile propose à nos imitations !
Dieu préserve mon pire ennemi d’une nuit comme celle que nous passâmes entre ces deux désastres de la cabane ! […] Ne perds pas un instant ; embrasse-nous et recommande-toi à Dieu et à ses saints. […] Et je me mis à pleurer et à prier Dieu en retombant, la tête sur mon lit, noyée dans mes larmes. […] et pour un enfant que nous avons perdu, veux-tu nous faire perdre encore le seul enfant que Dieu nous laisse ? […] Si je mendiais pour moi, je serais un voleur du travail des hommes ; mais en mendiant pour vous, je ne serai qu’une des mains de Dieu qui reçoit du cœur pour rendre à la bouche.
Il n’y a rien à redire aux juges, ils ont fait selon leur loi, mais la loi de Dieu et la loi du cœur ne défendent pas d’avoir de la compassion pour lui. […] C’est une belle loi de Lucques, n’est-ce pas, celle-là, c’est une loi de vrais chrétiens qui donne le temps de revenir à Dieu avant que de quitter la terre, et qui suppose déjà innocents ceux à qui Dieu lui-même va pardonner au tribunal de sa miséricorde ? […] et que Dieu et ses anges te bénissent, murmura tout bas Hyeronimo ; mais souviens-toi qu’entre la liberté sans toi et la mort avec toi, je n’hésiterai pas une heure, fût-elle ma dernière heure ! […] Dieu, dit la jeune mère, serait-on bien assez barbare ! […] J’y passais mon temps à prier Dieu, et à apprivoiser la plus jeune des colombes.
À la première classe dont nous venons de parler appartiennent les hommes qui font dériver les lois sociales de l’existence même de la société, posée comme fait primitif, antérieur à toute convention ; ceux qui croient, par l’association naturelle de leurs idées, et par la forme intime de leur intelligence, que les lois ne peuvent être faites par l’homme, qu’elles sont données par Dieu même au moyen d’une révélation positive et primordiale, ou qu’elles viennent de Dieu encore, mais de Dieu se manifestant par des interprétations, des envoyés, ou seulement par le temps, les mœurs, les traditions. […] Il y a dans les lois un Dieu puissant qui triomphe de notre injustice, et qui ne vieillit jamais. » À la seconde classe appartiennent ceux qui puisent la raison de ces lois dans un état abstrait de la nature de l’homme ; ceux qui croient à l’homme la puissance de faire des lois ; ceux qui, par conséquent, sont obligés d’admettre un contrat primitif. […] Le roi n’avait de compte à rendre à personne ; c’est devant Dieu seul qu’il péchait, selon le langage de l’Écriture. Les peuples alors étaient punis pour les fautes des rois ; mais il fallait que les peuples eussent mérité d’avoir de mauvais princes, car les jugements de Dieu furent toujours équitables. […] Les rois étaient enfants de Jupiter, et la volonté des rois était l’expression de la volonté même de Dieu.
Louise de France avait voulu l’oubli, et Dieu le lui donnait. […] est volontairement sortie de l’histoire pour entrer chez Dieu. […] … Ni piété, ni appel d’en haut, ni amour de Dieu ! […] Mais quelle grande chose y a-t-il dans l’action de se faire religieuse, quand il n’y a ni amour de Dieu, ni appel d’en haut, ni piété ? […] Même le feu du ciel de l’amour de Dieu, ne put pas absorber cette flamme de l’esprit dans sa flamme !
Il trouve que le principal caractère de Dieu est la bonté. […] Ce n’est pas même par le courage, par la patience, par la force ; ce n’est pas même par le mépris des voluptés ; aucunes de ces vertus de l’homme ne conviennent à Dieu : ces vertus tiennent à des faiblesses. […] Pour ressembler à Dieu, il ne suffit pas d’usurper ses honneurs, il faut l’imiter. […] Marc-Aurèle, voyant son armée prête à périr par la soif, leva ses mains au ciel : Ô Dieu, dit-il, je lève vers toi, qui donnes la vie, cette main qui ne l’a jamais ôtée à personne. Dieu l’entendit, et sauva son armée. » Nous avons déjà vu que Valens était cruel ; et comme tous les hommes il porta son caractère dans la religion.
Dieu a dessiné : son soleil colore. […] Dieu ne m’a pas chargé de tes loisirs ! […] Que le Dieu du pardon le rémunère ! […] La piété qui vous caractérise est le plus sublime des sentiments ; mais c’est un sentiment abstrait, c’est la confidence de l’âme à son Dieu. Qu’importe que la généralité des hommes soit distraite, pourvu que votre Dieu vous écoute ?
Une telle éloquence était une grande force que Dieu nous prêtait pour imposer à la multitude. […] « Un Dieu compte vos jours, un Dieu règne en vos fêtes ; « Lorsqu’un chef vous mène aux conquêtes, « Le bras qui vous entraîne est poussé par un Dieu ! […] « Dieu vous dénombrera d’une voix solennelle. […] « Quel est leur Dieu qui nous menace ? […] » V Voilà de quels dédains leurs âmes satisfaites Accueilleraient, ami, Dieu même et ses prophètes !
La bête subit les lois de Dieu ; l’homme, et c’est là sa grandeur, s’y soumet. […] Dieu, par un conseil de justice et de miséricorde, la châtie ainsi dans le présent, en la réservant à l’avenir. […] Il distingue l’esprit de l’homme de ses organes, les souverains des sujets, Dieu de l’univers, afin de rendre à l’homme l’empire de lui-même, aux souverains le gouvernement des peuples, à Dieu l’empire des êtres. […] Il est donc vrai de dire que la souveraineté est en Dieu seul. […] Dieu veut, en effet, l’existence des sociétés, à laquelle l’existence du pouvoir est nécessaire.
Donc Dieu existe. […] Donc Dieu existe. […] Donc Dieu existe. […] Donc Dieu existe. […] Donc Dieu existe.
mais il avait, avec la flûte de Virgile, la lyre du lyrique, que Virgile n’avait pas, et qui est le plus magnifique instrument que Dieu ait mis aux mains des poètes. […] Il a chanté Dieu et un Dieu inconnu à Virgile, et, depuis Virgile, nul poète chrétien dans les nations chrétiennes ne l’a chanté avec de tels accents· Voilà le mérite absolu de Lamartine parmi les poètes. […] Seulement, elle ne fut pas de force à monter avec le poète jusqu’à la hauteur de ses Harmonies, et comme, plus tard, il devait rester au plafond où il avait voulu siéger seul, le poète resta seul aussi dans son ciel… Ce qu’il y avait d’amour humain dans ses Méditations avait saisi toutes les âmes et touché tous les cœurs, mais l’amour de Dieu est d’une grandeur et d’une beauté plus incompréhensibles à la majorité des hommes. […] Le naturalisme de cette heure, qui s’est vanté d’être le républicanisme littéraire, n’acceptera pas plus le naturel de Lamartine que son idéal, ces deux choses qui font tout son génie, et ces Mémoires inédits qu’on publie passeront sans attirer le regard et l’admiration de personne, comme il convient, du reste, à un temps grossier, sans âme et sans Dieu. IV Mais tous ceux-là, en petit nombre maintenant, qui auront gardé un peu d’âme dans leur poitrine et un peu de Dieu dans leur âme, liront avec une saveur profonde la simple histoire du plus rare des poètes, qui, dans tout le cours de son livre, n’a pas l’apparence de se douter qu’il en est un.
Enfin les beaux jours me la rendront tout à fait rétablie, j’espère, et je ne demande rien plus ardemment à Dieu. […] J’aime beaucoup Dieu, ce qui fait que j’aime encore davantage tous les liens qu’il a lui-même attachés à mon cœur de femme. […] Quand Dieu voudra, Félix ! […] Il y a au fond de moi-même une prière incessante qui demande à Dieu du bonheur qui puisse s’envoyer à ceux que j’aime. Pour le moment, Dieu, qui nous a éprouvés jusqu’au sang et aux larmes, soutient miraculeusement notre vie avec ses blessures inguérissables. — Le doux soleil, la croyance, l’amour des miens !
Aux yeux des peuples enfants, cette forme était Dieu lui-même. […] Dieu présent au fond de l’homme et l’homme docile à l’action de Dieu. […] Le désir et la prière ont une puissance à qui Dieu cède. […] L’homme ne peut rien sans Dieu pour réaliser le bien moral ; mais Dieu ne peut rien sans l’homme. […] L’œuvre de Dieu, que nous appelons son langage, car elle est sa pensée exprimée, le langage de Dieu renferme à la fois la substance, la forme et la vie.
La métaphysique ne tient pas davantage de place dans son œuvre : l’affirmation de Dieu, la négation de la Providence et du miracle, voilà toute la métaphysique de Voltaire ; ajoutez-y ce fameux dada que de longue date il a emprunté à Locke, que Dieu, tout-puissant, a bien pu attribuer à la matière la faculté de pensée. […] De tout son maintien, de ses regards, de ses paroles s’échappe une ardeur d’adoration qui chatouille agréablement la vanité du patriarche : c’est une fidèle devant son Dieu. […] D’autres ont cru aussi peu à la religion, moins à Dieu : personne n’a été plus foncièrement irréligieux. […] Son Dieu philosophique était un postulat que son esprit acceptait, et qui n’intéressait pas son cœur. […] Il ne saisissait pas le rapport de l’idée métaphysique de Dieu au Dieu réel et sensible des humbles d’esprit, qui ne raisonnent guère, mais qui aiment et qui espèrent.
Dieu veuille amener bientôt le moment où elle ne propagera que ce que nous aimons ! […] Il disait de lui et de son caractère : « Dieu le fit pour penser et non pas pour vouloir. […] En vain le monde croule, Dieu nous garde d’une idée imprévue ! […] Dieu me préserve de vous donner des conseils lâches ! […] Dieu rirait bien si Dieu pouvait rire , dit-il quelque part, en faisant je ne sais quelle supposition ; et ailleurs, il nous montrera les esprits célestes riant comme des fous de je ne sais quelle bévue des hommes.
La nature cessa de se faire entendre par l’organe mensonger des idoles ; on connut ses fins, on sut qu’elle avait été faite premièrement pour Dieu, et ensuite pour l’homme. En effet, elle ne dit jamais que deux choses : Dieu glorifié par ses œuvres, et les besoins de l’homme satisfaits. Cette découverte fit changer de face à la création : par sa partie intellectuelle, c’est-à-dire par cette pensée de Dieu que la nature montre de toutes parts, l’âme reçut abondance de nourriture ; et par la partie matérielle du monde, le corps s’aperçut que tout avait été formé pour lui. […] …… Vous répandez les ténèbres, et la nuit est sur la terre : c’est alors que les bêtes des forêts marchent dans l’ombre ; que les rugissements des lionceaux appellent la proie, et demandent à Dieu la nourriture promise aux animaux.
Grand Dieu ! […] Dieu m’en garde ! […] Dieu matériel ! […] … vengeance contre nos bourreaux, avec l’aide de Dieu, et même malgré Dieu ! […] vengeance contre nos bourreaux, avec l’aide de Dieu, et même malgré Dieu !
Puisse Dieu lui avoir fait grâce, mais il a beaucoup plus de rhétorique que le Christ sur la montagne. […] Or celui qui aime ainsi Dieu aime les hommes. Qu’importe que cet amour ne s’arrête pas à nous, et que ce soit de Dieu qu’il redescende ensuite sur nous ? Platon avait déjà dit, comme l’auteur de l’Imitation, ou à peu près, que « l’amour tend toujours en haut, parce que l’amour est né de Dieu et qu’il ne peut trouver de repos qu’en Dieu ». […] On y aimait, avec mille grâces, Dieu et Chateaubriand.
Mathieu est aussi l’Auteur d’une Tragédie intitulée la Ligue, Tragédie mauvaise, comme on peut le croire, où l’on trouve ces Vers que Racine semble avoir imités : Je redoute mon Dieu, c’est lui seul que je crains… On n’est point délaissé, quand on a Dieu pour pere ; Il ouvre à tous la main, il nourrit les corbeaux, Il donne la pâture aux jeunes passereaux, Aux bêtes des forêts, des prés & des montagnes, Tout vit de sa bonté, &c…… L’Auteur d’Athalie dit : Je crains Dieu, cher Abner, & n’ai point d’autre crainte….. Dieu laisse-t-il jamais ses enfans au besoin ?
1° Les premiers principes de la métaphysique ou de la distinction des deux substances : de l’existence de Dieu, de l’immortalité de l’ame et des peines a venir, s’il y en a ; 2° la morale universelle ; 3° la religion naturelle ; 4° la religion révélée. Sa Majesté Impériale n’est pas de l’avis de Bayle, qui prétend qu’une société d’athées peut être aussi ordonnée qu’une société de déistes, mieux qu’une société de superstitieux79 ; elle ne pense pas, comme Plutarque, que la superstition est plus dangereuse dans ses effets et plus injurieuse à Dieu que l’incrédulité80 ; elle ne définit pas avec Hobbes la religion une superstition autorisée par la loi, et la superstition une religion que la loi proscrit. […] Il est donc à propos que l’enseignement de ses sujets se conforme à sa façon de penser et qu’on leur démontre la distinction des deux substances, l’existence de Dieu, l’immortalité de l’âme et la certitude d’une vie à venir, comme les préliminaires de la morale ou de la science qui fait découler de l’idée du vrai bonheur, et des rapports actuels de l’homme avec ses semblables, ses devoirs et toutes les lois justes ; car on ne peut, sans atrocité, m’ordonner ce qui est contraire à mon vrai bonheur, et on me l’ordonnerait inutilement. La religion n’est que la sanction de la volonté de Dieu, révélée et apposée à la morale naturelle. […] Son traité de l’Existence de Dieu passe pour le meilleur.
» Dès qu’ils furent venus, il leur cria : « Chantez de par Dieu ! […] » Et il cria à ses nautoniers : « Faites voile de par Dieu ! […] Est-il besoin de faire remarquer comme ces races ferventes comptaient tous les jours de l’année par rapport à Dieu, à ses fêtes et à ses saints ? […] Ce n’est pas sans une permission de Dieu que nous sommes arrivés ici si promptement. […] Dieu qui prévoit tout ne m’a pas suscité en vain ; il faut qu’il ait quelque grand dessein.
Il dut sentir alors la vérité de cette pensée qu’il développa si bien dans la suite: Où le secours humain fait défaut, Dieu produit le sien. […] je n’ai besoin de rien, Dieu merci ! […] mais Dieu l’a rappelée, il faut que sa volonté soit faite. » En disant ces mots, elle ouvrit la porte de sa pauvre demeure. […] — Ange de Dieu, repartit la négresse, je vous suivrai partout où vous voudrez. » Virginie appela son frère, et le pria de l’accompagner. […] Je demande si instamment à Dieu qu’il ne t’arrive aucun mal !
Le Dieu des Sermons est plus occupé de l’homme. […] Le Dieu des Sermons, c’est ce Dieu de la chapelle Sixtine, que Michel-Ange fait descendre sur la terre pour tirer la première femme des flancs d’Adam endormi. […] Les uns et les autres sont dans l’ordre de Dieu, et si les petits ont des droits, à Dieu seul il appartient de les faire valoir. […] Pour lui Dieu n’est que le premier des dogmes chrétiens et le mystère des mystères. […] Loin d’imiter l’affectueuse familiarité de paroles où, plus rassuré par l’homme qu’intimidé par le Dieu, Bossuet se laisse aller, Bourdaloue semble craindre de voir l’homme dans le Dieu.
La passion de Dieu et de l’intelligence des choses divines, qui précipitait alors tant d’âmes dans la solitude, l’arracha, dans la fleur de son adolescence, au monde. […] Je me supposai assistant, comme un barde de Dieu, à la création des deux mondes matériel et moral. […] Le génie n’est pas un jouet mis au service de nos petites colères ; c’est un don de Dieu qu’on profane en le ravalant à ces petitesses. […] Il l’entoura des chœurs des anges, il la fit asseoir sur les degrés les plus hauts du trône de Dieu. […] Son aïeul lui en découvre le secret, et dans ce cadre admirable Cicéron rassemblait ses plus fortes doctrines sur Dieu, la nature, l’humanité.
Dieu veuille que nous ne préparions pas ainsi à la maison d’Autriche une alliée plus dangereuse un jour contre nous ! […] Dieu seul le sait, Dieu seul est prescient, Dieu seul tire le bien du mal et la justice de l’injustice ; puisse-t-il en sortir un jour, non l’ambition du Piémont, mais l’indépendance et l’équilibre de l’Italie par une confédération, et non par un monopole ! […] « Ces peuples adorent un Dieu suprême et unique, qu’ils appellent toujours Dieu très bon et très grand. […] En la fuyant, vous paraîtriez abandonner le poste où Dieu vous a placés. […] Semblable à ce Dieu éternel qui meut l’univers en partie corruptible, l’âme immortelle meut le corps périssable.
Encore une fois, voilà le divin Platon devenu utopiste en politique et voulant refaire l’œuvre de Dieu mieux que Dieu, et composant une société avec des rêves, au lieu de la composer avec les instincts de la nature ; et voilà ce que l’on fait admirer, sur parole, à des enfants pour pervertir en eux l’entendement par l’admiration pour l’absurde ! […] L’enfant recevait une éducation mercenaire à la campagne ; il y puisait, avec des vices prématurés, une passion vraiment helvétique de la campagne, ce sourire de Dieu dans la nature. […] Vertu sublime d’avoir une telle âme, et de s’en glorifier à la face des hommes et de Dieu ! […] Nul ne confessait Dieu avec plus de foi et plus d’éloquence. […] Est-ce dans de tels vases fêlés et empoisonnés que Dieu verse ses révélations pour les communiquer aux peuples ?
L’esprit divin, incréé, illimité, infini, tout-puissant et tout parfait, si nous appliquons ce mot à Dieu, l’Être des êtres ; l’esprit créé, borné, fini, impuissant et imparfait, si nous appliquons ce mot à l’âme de la nature, à l’âme de l’homme, ou à toutes les autres espèces d’âmes dont il a plu à Dieu de douer les différents êtres sortis de sa création à divers degrés. […] Si cela n’était pas ainsi, les trois grands témoins de Dieu : l’intelligence, la conscience, l’évidence intérieure, auraient menti en nous, c’est-à-dire que ces trois grands témoins, subornés par la vérité suprême, Dieu, auraient été chargés par Dieu de se jouer en son nom de l’intelligence, de l’évidence, de la conscience, de la vérité, de la foi, de l’espérance de l’homme ! […] L’évidence, c’est l’œil de Dieu en nous. […] Dieu partage ses dons, et le peuple qui croit tout avoir à lui tout seul n’a que son ignorance et sa vanité. […] Le Dieu n’était pas contenu dans le temple, mais il y était conclu et senti.
Les objets infinis sont, par exemple, l’espace, le temps, Dieu, etc. […] Quand je remarque que quatre est le double de deux, ce n’est pas un rapport que je vois, c’est une idée, une idée d’autrui, une idée de Dieu ; c’est Dieu lui-même, car on ne voit pas une idée sans voir l’intelligence qui la produit. Si j’écris des formules d’algèbre pendant une heure, je vois Dieu pendant une heure. […] — Ainsi vous n’avez pas contemplé la pensée de Dieu ? […] Cousin, la vérité est en Dieu, si les faits particuliers ne sont que l’occasion et l’accident qui tourne nos yeux vers elle, si c’est en Dieu que nous l’apercevons, c’est Dieu qu’il faut contempler pour la connaître.
On y voit, en effet (page 36), que « la concupiscence de la femme est illimitée ; (page 49) que les plaisirs de l’amour, dès qu’ils ne sont plus légitimes, exposent l’homme et la femme à d’horribles maladies ; (page 36) que la femme infidèle à un homme, par sa nature même n’est plus fidèle à aucun autre homme », ce qui n’est que la moitié du vrai, par parenthèse, car le vrai tout entier c’est que la femme n’est, de nature, fidèle à aucun homme, et ne le peut si Dieu ne l’aide pas ! […] ne pouvait ni se couler ni se figer dans ce dur moule a philosophe qu’on appelle l’hégélianisme ; mais s’il ne le pouvait pas, et précisément parce qu’il n’est point du métal qui doit y entrer et en ressortir pour faire trou partout comme les balles, il n’en a pas moins en lui de l’hégélianisme en gouttelettes, et son idéal, par exemple, ce mot inventé pour esquiver le mot de Dieu dans une foule de cas, est extrait de l’idée d’Hegel ! […] Le Dieu d’aucune religion n’est invoqué dans son livre. […] Qu’a-t-elle besoin de Dieu, en effet, puisqu’elle peut inventer son bonheur et sa vertu à elle seule, et, le croirez-vous ! […] Ainsi la vierge qui se consacre au service des pauvres et se fiance à Dieu n’est pas de son ressort paternel, et ne lui semble pas, comme la femme mariée à un être de son espèce, « la véritable prêtresse de l’amour (encore textuel) ».
La première publication de ce mystique singulier, qui a depuis si simplement dit des choses si fortes, il l’intitula : « Pensées raisonnables sur Dieu. » Les phénomènes n’étaient rien pour lui, ce qui explique le prosaïsme de ses tableaux d’un autre monde. […] Et toute la visée, qui va devenir une vision, de cet homme, est d’être le secrétaire intime de Dieu et d’écrire directement sous sa dictée. […] … Le lendemain de ce jour où le glouton troublé mourut en Swedenborg, à la voix de l’ange… des sociétés futures de tempérance, probablement, le savant Suédois apprit de l’homme lumineux, qu’il revit, les desseins de Dieu sur sa personne, et il renonça incontinent à la science qui avait rempli et honoré sa vie. […] » Dieu, dit-il, lui « ouvrit le monde intérieur », et il fut immédiatement Voyant. […] Mais, indépendamment de ses tableaux mesquins de l’autre monde, qui rappellent l’art et la décoration comme les conçoivent les Jésuites, les raisons qui font mouvoir son mysticisme sont, le plus souvent, d’une telle puérilité, qu’on se demande si Dieu accorde de tels dons pour atteindre à de si misérables résultats !
C’est alors en effet que, de toutes parts, dans ces chambres hautes où ils s’assemblaient, dans ces catacombes où ils se cachaient, dans ces mines qu’ils étaient condamnés à fouiller, des hommes chantaient un hymne à Dieu et se fortifiaient de la maxime de l’Évangile : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole sortie de la bouche de Dieu. » C’est-à-dire que, rejetant pour eux-mêmes le partage d’un grossier bien-être acheté par le silence et la servitude, ils aspiraient à tous les biens de l’âme, à la profession publique de leur culte, au soulagement de leurs frères, à la flétrissure du vice et de l’oppression, à la réforme, à la conquête morale du monde. […] Seraient-elles une punition que doit encourir notre intelligence trop attentive à cet intérêt seul, et par là trop semblable à cet ange cupide que Milton nous représente, dans les cieux mêmes, devenant épris des splendeurs de l’or foulé sous ses pas, et dès lors infidèle à Dieu et déchu de sa lumière ? […] De ces temples nombreux que l’Amérique du Nord bâtit, sur toutes les limites du désert, au Dieu de la miséricorde et de la souffrance, s’élèvera sans fin cet hosanna que prédisait Milton, comme la dette éternelle de l’homme envers les cieux. […] sera-ce près du temple consacré à Dieu sous l’invocation de Réginald Héber, d’un si lointain compatriote des Anglais d’Amérique ? […] Mais, dans le génie comme dans la foi, il y a toujours des élus de Dieu : et tant que l’enthousiasme du beau moral ne sera pas banni de tous les cœurs, tant qu’il aura pour soutiens toutes les passions honnêtes de l’âme, il suscitera par moments l’éclair de la pensée poétique ; il éveillera ce qu’avaient senti les prophètes hébreux aux jours de l’oppression ou de la délivrance, ce que sentait ce roi de Sparte, lorsqu’à la veille d’une mort cherchée pour la patrie, il offrait, la tête couronnée de fleurs, un sacrifice aux Muses.
Il serait tout à fait inexact de dire que la Chine est une nation sans morale, sans religion, sans mythologie, sans Dieu ; elle serait alors un monstre dans l’humanité, et pourtant il est certain que la Chine n’a ni morale, ni religion, ni mythologie, ni Dieu, au sens où nous l’entendons. […] L’âme est le devenir individuel, comme Dieu est le devenir universel. […] Un peu de bouse de vache et une poignée d’herbe kousa suffisent au brahmane pour le sacrifice et pour atteindre Dieu à sa manière. […] Celui-là seul peut saisir la grande beauté des choses qui voit en tout une forme de l’esprit, un pas vers Dieu. Car, il faut le dire, l’humanité elle-même n’est ici qu’un symbole : en Dieu seul, c’est-à-dire dans le tout, réside la parfaite beauté.
Beaucoup en célébrant la naissance de l’Enfant Dieu songeaient à leur dernier-né. […] J’étais très ému en leur commentant, au son du canon, le mot Emmanuel, Dieu est avec nous. […] Ils ont donné ce Dieu au monde. […] Le lendemain des milliers de lettres, où ils avaient recueilli en hâte leurs émotions, venaient raconter à tout le pays comment les soldats de la France avaient entrevu le règne de Dieu sur le champ de carnage.
Que Dieu leur donne mauvaise chance, et protége tous les amants ! […] Plût à Dieu qu’il me fût permis de changer aussi souvent que lui… Béni soit Dieu de ce que j’en ai épousé cinq ! […] Pour le quatrième, par Dieu ! […] Mais, grâce à Dieu ! […] Car celui qui priverait ce monde de nous, Dieu me sauve !
Il fallait Dieu lui-même pour ce prodige. […] — Mais la cause, ô grand Dieu ! […] criminel devant Dieu et les hommes. […] — Il s’agit bien de l’idée, grand Dieu ! […] — Grand Dieu !
Vous renouvelez Condillac ; donc vous ne pouvez croire ni à la vérité, ni à la justice, ni à Dieu » — Bon Dieu ! […] Donc il détruit les preuves de l’existence de Dieu, qui est l’absolu. […] L’idée de Dieu sera à l’épreuve de toutes les attaques, si elle s’appuie sur le sentiment. […] Mais comme cette idée unique sort de trois sentiments divers, on a pu, en la prenant sous trois points de vue, en faire le moyen de trois arguments de l’existence de Dieu, distincts et séparés. […] Les sensualistes seuls seraient-ils exclus du droit commun, et leur défendrait-on de prouver Dieu à leur manière ?
Accusé faussement de vol, il n’a su que dire : « Dieu me justifiera », et il a attendu. Dieu ne l’a pas justifié : on a cru Silas coupable et on l’a chassé de la communauté. Alors, c’est bien simple, il ne croit plus en ce Dieu qui l’a trahi ; il ne vit plus que pour amasser. […] Étant donné sa foi en Dieu et l’idée qu’elle se fait de cette vie transitoire, elle ne devait, elle ne pouvait que se laisser mourir avec ses parents. […] Ce « mystère », ce n’est sans doute, ce ne peut être que celui de notre destinée, de notre âme, de Dieu, de l’origine et du but de l’univers.
Dès les premiers mots de cette larmoyante élégie, soupirée lâchement aux pieds d’un homme et où le tonnerre du grand nom du Dieu qu’on outrage ne retentit pas une seule fois, l’imagination est cruellement trompée. […] nourrie jusque-là du pain eucharistique, et tombée des hauteurs de la Pureté et de la Grâce dans les fanges de la passion humaine, et demandez-vous ce que doivent être l’amour et sa faute, pour une pareille femme, sinon le plus grand des crimes, le plus affreux des adultères, l’infidélité à Dieu même, le sacrilège dans la trahison ! […] Et nous disons romances, et non pas romans ; car le romancier le plus vulgaire, avec ce sujet d’une religieuse séduite et abandonnée, apostate de Dieu par amour d’un homme, aurait mis certainement plus de sang du cœur dans les larmes qu’il eût fait verser à sa chimère qu’il n’en passa jamais sur les joues de cette religieuse, qu’on nous donne comme une réalité. […] Ces lettres d’une religieuse qui n’a pas un remords, — qui n’a pas un scrupule, — qui, nous le répétons, ne parle pas une seule fois de Dieu dans sa chute, qui n’a pas même sur son front le signe de la Bête dont Dieu marque ses réprouvés, ce coup de marteau donné à l’arbre qui doit être coupé pour l’enfer ; — ces lettres à mignardises éplorées et à obscénités hypocrites sont apocryphes en nature humaine, et nous n’hésitons pas à le déclarer !
Mirabeau disait, lui, ce grand cynique : « Quand je me compare, j’ai quelque estime pour moi ; mais quand je m’isole, je me méprise. » Le comte de Maistre, auquel nous demandons respectueusement pardon de le citer après Mirabeau, disait à son tour : « Je ne sais pas, Dieu en soit loué ! […] Vivent-ils à l’image de Dieu ? […] … Leur Dieu ne serait-il donc plus le Dieu des bonnes gens, à ces honnêtes gens ? Ne serait-il plus le Dieu commode, l’horloger de Voltaire ?
« * Sur ce propos, Mesdames, avons à vous demander, s’il vous est possible de complaire à Dieu & d’être sauvées à faire ce qu’il vous prohibe & défend ! Non véritablement : & faut, veuillez ou non, que vous desrorrillonniez, deschauvesourissiez, déretiez, c’est-à-dire, que ne portiez plus en aisles de chauvesouris ou en façon de retz, vos cheveux par lesquels soulez prendre diaboliquement & enfiler les hommes pour rassasier votre désordonné appétit, ou bien que vous soyez perdues & damnées……. par cette mondanité qui vous abuse, voire qui vous rend si laides & abominables à regarder ; que si vous saviez comme cela vous messied, vous y mettriez plutôt le feu que de les montrer par la mauvaise grace qu’ils vous donnent ; & pleust à la bonté de Dieu qu’il fust permis à toutes personnes d’appeler celles qui les portent, Paillardes & Putains, afin de les en corriger ! […] Qu’on lise toutes les Histoires divines, humaines & profanes, il ne se trouvera point que les impudiques & les mérétrices les aient jamais portés en public, jusques à cejourd’hui que le Diable est déchaîné par la France ; ce qui est encore plus détestable devant Dieu & devant les hommes, que toutes les autres abominations ; & bien qu’il n’y ait que les Courtisannes (ou Dames de Cour) & Demoiselles qui en usent, si est-ce qu’avec le temps n’y trouvera Bourgeoise ni Chambriere qui par accoutumance n’en veuille porter ».
Sous la voûte tournante et constellée du ciel, par-delà laquelle résident la Trinité, la Vierge, les anges et les saints, au-dessus de l’horrible et ténébreux enfer d’on sortent incessamment les diables tentateurs, au centre du monde est la terre immobile, « où se livre le combat de la vie, où l’homme déchu mais racheté, libre de choisir entre le bien et le mal. est perpétuellement en butte aux pièges du diable, mais est soutenu, s’il sait les obtenir, par la grâce de Dieu, la protection de la Vierge et des saints8 » : lutte tragique, où la victoire assure à l’homme une éternité de joie, la défaite une éternité de supplices. […] Jeûner, aller ou pèlerinage ou à la croisade, donner de l’argent ou frapper de l’épée pour le service de Dieu, fonder des messes ou des couvents, tout ce que le corps peut souffrir ou la main faire, on le souffre ou on le fait : mais la profonde philosophie, la pure moralité du christianisme, ne sont pas à la portée de ces natures ignorantes et brutales. […] La peur du diable qui guette, la crainte de Dieu qui punit, la vision hallucinante de l’enfer qui s’ouvre, il ne fallait pas moins que cela pour brider la violence des passions, et mettre un peu de bonté dans les actes, sinon encore dans les cœurs. […] L’éternelle explication satisfait sa curiosité, si elle ne console pas sa souffrance : c’est la vengeance de Dieu pour les péchés des hommes.
J’en bénis Dieu ; et, quelque temps après, je bénis aussi la pauvreté qui m’avait sauvé la vie, tandis qu’elle tue tant de malheureux. […] Ma réponse continuelle était que Dieu était au-dessus de la méchanceté des hommes. […] Ce qui arriva et me fit rendre à Dieu mille actions de grâces. […] « Cependant, grâces à Dieu, mon Persée fut achevé, et je le découvris tout à fait au public un jeudi matin. […] Ces belles promesses firent tourner vers Dieu toutes les facultés de mon âme, et je baisai le pan de l’habit de Son Excellence, les larmes aux yeux.
Il s’est tourné vers Dieu, d’où vient la paix et la joie. […] Il va de l’amitié à l’amour comme il a été de l’incrédulité à l’élan vers Dieu. […] Dès le premier entretien il me dit : « On vous a sans doute dit des horreurs de moi ; que j’étais un athée, que je me moquais des quatre lettres de l’alphabet qui nomment ce qu’on appelle Dieu, et des hommes, ces mauvais miroirs de leur Dieu. […] Je ne dis pas que Dieu existe, je ne dis pas qu’il n’existe pas, je dis seulement que je n’en sais rien, que cette idée me paraît avoir fait aux hommes autant de mal que de bien, et qu’en attendant que Dieu se révèle, je crois que son premier ministre, le hasard, gouverne aussi bien ce triste monde que lui. […] Vous avez, plus heureux que moi, refusé de mêler les eaux pures de votre talent avec les eaux troubles et tumultueuses de votre temps ; et plût à Dieu que j’en eusse fait autant à l’âge de ma sève politique !
A leurs yeux, c’était en outre une vérité de sens commun : « On ne quitte les biens de la terre que parce qu’on en trouve de plus grands au service de Dieu. » Roger Cahen, qui aimait lire Virgile dans sa tranchée, aurait pu prendre pour devise Trahit sua quemque voluptas. […] » La religion juive n’est pas faite pour le peuple, car elle n’est pas composée de petites pratiques extérieures, mais uniquement de l’idée de Dieu et de la survie de l’âme. […] Je n’ai pas eu une atteinte, pas une égratignure, et pourtant je me sentais presque sûr, tellement j’avais sur moi la sensation puissante de la protection de Dieu qu’il m’accorde pour vous et par vous mes admirables parents. […] Tout à coup on ne le vit plus parce que Dieu l’avait pris. » Et encore : « Pour moi, je sais que mon Rédempteur est vivant et qu’il me ressuscitera de la terre, et que lorsque ma chair aura été détruite, je verrai Dieu. […] Et je veux vous le dire aussi, le Dieu infiniment puissant et miséricordieux, dans lequel nous croyons tous, quoique différents de religion, dans lequel votre fils croyait (il me l’a dit), a pris auprès de lui, je l’espère, l’âme droite et loyale, qui s’est sacrifiée pour le devoir, et il l’a prise pour l’immortalité… J’ai prié du fond de mon cœur hier, aujourd’hui, ce Dieu de miséricorde, de recevoir votre fils auprès de lui, et de vous réunir à lui, quand le temps sera venu pour une réunion éternelle et heureuse… Puisse cette parole d’un ministre de Dieu, non pas calmer votre douleur, mais vous apporter l’espérance, soutenir votre courage, vous aider à supporter le sacrifice.
Prostitution… L’être le plus prostitué, c’est l’être par excellence, Dieu. » Ou bien : « L’amour peut dériver d’un sentiment généreux. […] Quelles conversations peuvent-elles avoir avec Dieu ? […] Le plus tôt possible, avant de tomber plus bas… Que de pressentiments et de signes envoyés déjà, par Dieu, qu’il est grandement temps d’agir ! […] de la simplicité, de la piété, de l’humilité : « Je me jure à moi-même de prendre désormais les règles suivantes pour règles éternelles de ma vie ; « Faire tous les matins ma prière à Dieu, réservoir de toute force et de toute justice, à mon père, à Mariette et à Poë comme intercesseurs : les prier de me communiquer la force nécessaire pour accomplir tous mes devoirs, et d’octroyer à ma mère une vie assez longue pour jouir de ma transformation ; travailler toute la journée, ou du moins tant que mes forces me le permettront ; me fier à Dieu, c’est-à-dire à la justice même, pour la réussite de mes projets ; faire, tous les soirs, une nouvelle prière, pour demander à Dieu la vie et la force pour ma mère et pour moi ; faire, de tout ce que je gagnerai, quatre parts : une pour la vie courante, une pour mes créanciers, une pour mes amis, et une pour ma mère ; obéir aux principes de la plus stricte sobriété, dont le premier est la suppression de tous les excitants, quels qu’ils soient. » Plus je me rapproche de l’homme et plus je reviens de mes préventions contre l’artiste.
Renan lui-même : « … Laissez ce doux rêveur finir tristement, demander pardon à Dieu et aux hommes de ce qu’il a fait de bien. […] Car Antistius croit en Dieu, ou plutôt, comme il est impossible que la conception d’un Dieu personnel ne tourne pas à l’anthropomorphisme, il croit au divin. « Les dieux sont une injure à Dieu ; Dieu sera, à son tour, une injure au divin. » Il croit à la raison, à un ordre éternel. […] Et voici l’un de ses derniers cris : « Impossible de sortir de ce triple postulat de la vie morale : Dieu, justice, immortalité !
Dieu de joie, il était aussi un dieu de douleur. […] Dieu poète et musicien, Bacchus l’était presque autant qu’Apollon lui-même. […] Voici, ô Roi du Dithyrambe, voici des mouvements et des danses dignes de toi, Dieu dont la chevelure se couronne de lierre, écoute les chants de mon chœur dorien ! […] Mais les grands Attiques protestèrent toujours contre ce serpent sonore dont le sifflement fascinait. « — Préférons, disait Platon, Apollon l’inventeur de la lyre à Marsyas l’inventeur de la flûte, c’est-à-dire un Dieu à un Satyre. » — Aristote condamne la flûte « parce que, loin de tempérer le caractère, elle l’excite à l’emportement, et que ses sons troublent la raison. » — « Que les Béotiens, s’écriait AIcibiade, soufflent dans les flûtes et les hautbois, puisqu’ils ne savent point parler. […] Le Dieu lui-même, sous la figure d’un de ses prêtres, conduisait la pompe, le lierre au front et le thyrse en branle, beau comme une vierge, farouche comme une bête, proclamant par des cris sauvages le délire dont il était plein.
Ô Dieu ! […] Hé, grand Dieu ! […] C’est celle-là qu’il fallait savoir pour entrer dans l’école des disciples de Socrate ; elle voit Dieu derrière le cercle et le triangle, et elle a créé Pascal, Leibnitz, Descartes et Newton. […] Lorsque, dans un siècle impie, l’homme vient à méconnaître l’existence de Dieu, comme c’est néanmoins la seule vérité qu’il possède à fond, et qu’il a un besoin impérieux des vérités positives, il cherche à s’en créer de nouvelles, et croit les trouver dans les abstractions des sciences. […] Cette simplicité de la nature qui devrait leur faire supposer, comme Aristote, un premier mobile, et comme Platon, un éternel géomètre, ne sert qu’à les égarer : Dieu n’est bientôt plus pour eux que les propriétés des corps ; et la chaîne même des nombres leur dérobe la grande Unité.
La religion de ce Mystique sans Dieu était l’humanisme, c’est-à-dire la déification de l’humanité (idée commune, du reste, à tous ces fabricants de religions !) […] Comte le philosophe escamote littéralement, dans son système de philosophie positive, qui n’est que le vide positif, — d’abord Dieu et tout l’ordre surnaturel ; ensuite la métaphysique tout entière et le monde d’abstractions et d’explications qu’elle traîne à sa suite ; enfin, les causes finales et les causes premières ! […] Comte, ce fondateur de religion nouvelle, qui est athée et qui ne reconnaît de Dieu que l’humanité. L’induction sublime qui donne Dieu en métaphysique, l’induction baconienne, la déduction de Descartes qui veut aller de l’homme à Dieu, tout ce haut système de probabilités qui est toute la philosophie pour ceux dont l’inquiétude d’esprit n’est pas apaisée par la double clarté de la révélation et de l’histoire, n’a pour M. […] Est-ce sa morale, sans Dieu, sans sanction, sans immortalité, sans espérance, et pour le plaisir d’être agréable à tout le monde ?
Il ne fallut rien moins que l’intervention et la supplication d’un prêtre pour le décider à reprendre une plume qu’il avait jetée là, et qu’il reprit pour la cause de Dieu et de l’Église. […] Dieu fit le reste. Dieu seul vit et mesura la largeur de la trouée que ce livre-boulet avait faite dans les rangs des ennemis de la vérité. […] C’est lui qui prit plaisir longtemps à cet incognito de Dieu ou de Roi. […] Et, en effet, tant que la Paternité, qui est dans la famille ce que Dieu même est dans l’univers, restera debout dans un seul code ou dans un seul cœur ; — tant que cette Paternité discutée, diminuée, méprisée, imbécillisée comme elle l’est par de lâches tendresses, n’aura pas cependant entièrement perdu la notion de son imprescriptible droit et n’aura pas été remplacée par l’État, ce tyran eunuque qui n’a pas d’enfants !
qui, pendant la Révolution française, firent à Dieu, par l’organe de Robespierre, cette politesse de « la fête de l’Être suprême », et plus tard ce furent eux encore qui offrirent, sur l’autel idyllique de la Réveillère-Lépeaux, des fleurs au Dieu de la nature. […] Ainsi, pour n’en donner qu’un seul exemple, s’ils ont à parler de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de son divin sacrifice, ils s’obstineront à rappeler Christ avec la simplicité d’une irrévérence naïve, et ils oseront comparer, avec une familiarité sacrilège, le philosophe Socrate au fils de Dieu. […] Optimistes qui jettent sur l’homme et le monde un regard innocent comme l’illusion et tranquille comme l’impénitence finale, et qui le lèveraient avec la même placidité sur Dieu lui-même, si ce Dieu, travesti par eux en monstre d’indulgence, venait tout à coup les juger. […] La première communion, dans la vie d’un enfant catholique, n’est-ce pas le premier amour… pour Dieu ?
La science moderne est trop importante, trop avancée et trop sûre de son fait pour, à propos de création, parler de Dieu et de Moïse, ces grands bonshommes qui ont été les amusettes de l’enfance de l’esprit humain. […] … Dieu fait bien ce qu’il fait. […] Dieu s’est épuisé en moi. […] quand vous jetez Dieu par la fenêtre de vos systèmes, il y rentre par les brèches de vos absurdités ! […] C’est, en effet, le pédantisme qui est surtout insupportable en ce professeur » de vacuités scientifiques à qui Dieu, qui parfois s’amuse, fait porter si comiquement le nom d’Edgar !
. — Conception de Dieu. […] ô Dieu, où allons-nous ? […] Son ami Sterling lui envoie de longues dissertations pour le ramener au Dieu personnel. […] Il n’y a plus de Dieu pour nous ! […] Il n’y a plus de religion, il n’y a plus de Dieu.
Sous le nom de Jupiter, c’est le Dieu des Juifs qui est adoré ici, ce Dieu qui donne la vertu et la richesse, et qui, même par les biens terrestres, anticipe sur les promesses éternelles, selon les images fréquentes dans les livres de l’ancienne loi. […] Je ne le vois pas, car un nuage s’est arrêté alentour, et tous les mortels n’ont dans leurs yeux que des prunelles mortelles, et ils n’ont pas la force de regarder le Dieu souverain de tous. […] Et ce Dieu gouverne les vents dans les airs et sur l’Océan ; et il suscite l’éclat de la foudre toute-puissante. […] Ils se sont inquiétés à l’idée de faire le Dieu de bonté auteur du mal. […] Son Dieu, du milieu des biens, n’envoie pas le mal aux mortels.
Dieu est vivant & vous regarde : marchez. […] Au Dieu que vous servez, princesse, rendez gloire (Athal.), attestez le Dieu que vous servez. […] On dit des martyrs qu’ils glorifioient Dieu, c’est-à-dire que leur constance rendoit respectable aux hommes le Dieu qu’ils annonçoient. […] Les Chrétiens n’adorent en effet qu’un seul Dieu, & ne réverent dans les bienheureux que la vertu même de Dieu qui agit dans ses saints. […] La religion juive qui précéda la nôtre, & qui fut donnée par Dieu même, étoit toute remplie de ces images sous lesquelles Dieu est représenté.
Si le monde était fait comme cela, il faudrait maudire Dieu et puis se suicider. […] Dieu soit béni ! […] Grâce à Dieu, nous aussi nous avons vaincu. […] Vous le punissez d’être brute ; mais est-ce sa faute, grand Dieu ! […] Dieu merci !
Le temple de notre Dieu n’est-il pas agrandi depuis que la science nous a découvert l’infinité des mondes ? […] Fourier, répandant à pleines mains les ceintures, les couronnes et les aurores boréales sur les mondes, est plus près du vrai que le physicien qui croit son petit univers égal à celui de Dieu, et pourtant un jour Fourier sera dépassé par les réalistes qui connaîtront de science certaine la vérité des choses. […] La vieille manière d’envisager l’immortalité est à mes yeux un reste des conceptions du monde primitif et me semble aussi étroite et aussi inacceptable que le Dieu anthropomorphique. […] On en peut dire autant de tous les dogmes de notre religion naturelle et de notre morale, si pâle, si étroite, si peu poétique que je craindrais d’offenser Dieu en y croyant. […] En effet, le terme du progrès universel étant un état où il n’y aura plus au monde qu’un seul être, un état où toute la matière existante engendrera une résultante unique, qui sera Dieu ; où Dieu sera l’âme de l’univers, et l’univers le corps de Dieu, et où, la période d’individualité étant traversée, l’unité, qui n’est pas l’exclusion de l’individualité, mais l’harmonie et la conspiration des individualités, régnera seule ; on conçoit, dis-je, que dans un pareil état, qui sera le résultat des efforts aveugles de tout ce qui a vécu, où chaque individualité, jusqu’à celle du dernier insecte, aura eu sa part, toute individualité se retrouve comme dans le son lointain d’un immense concert.
La religion, d’après l’étymologie elle-même, n’est-elle pas essentiellement un lien social (religare) ; lien entre les hommes et Dieu ; lien surtout des hommes entre eux56 ? […] Plus d’une fois le mystique synthétise et symbolise en Dieu ses propres dégoûts de la société, son idéal antisocial. Il se réfugie en Dieu pour échapper à une société qu’il juge odieuse et intolérable.
C’est un homme libéral dans l’abondance, magnanime dans les dangers, modeste dans les honneurs, tempérant au milieu du luxe & des plaisirs, grave sans être trop sévere, prudent sans artifice, humain sans foiblesse, d’une élévation tempérée par la douceur & l’honnêteté, juste, sage, vaillant, laborieux, actif, ennemi de l’impiété, protecteur de la Religion, jaloux du maintien des mœurs ; &, pour tout dire en un mot, un homme qui, étant le premier Ministre de Dieu, doit plus approcher que tous les autres hommes de ses perfections infinies, & exerçant son autorité, l’exercer comme lui ». […] « Il considere ce progrès insensible, mais si rapide de la vie vers sa fin, la mort toujours prochaine, ou plutôt toujours présente, le tombeau, la cendre, le tribunal de son Juge, les peines & la gloire de l’Eternité ; il attache sa vue sur ces dernieres fins de l’homme, si propres à régler sa course, &, prosterné chaque jour devant Dieu, il lui demande la grace de bien vivre, pour avoir celle de bien mourir ; sacré soin, précieuse solitude, sceau de Dieu dans les ames prédestinées, vigilance nécessaire, mais rare dans tous les hommes, plus rare dans les Grands, & plus nécessaire encore aux Grands qu’aux autres hommes ».
si Dieu m’avoit appelé en ce moment ! […] Les pieux biographes de Rancé sont extrêmement sobres de détails à cet endroit ; tout au plus s’ils se hasardent à dire à mots couverts que tantôt une cause ou une autre, tantôt la mort de quelques personnes de considération du nombre de ses meilleurs amis, le frappaient et le rappelaient à Dieu ; mais ils se plaisent à raconter au long, d’après lui, la simple aventure suivante, comme un des moyens dont Dieu se servait pour l’attirer doucement : « Il m’arriva un jour (c’est Rancé qui parle) de joindre un berger qui conduisoit son troupeau dans la campagne, et par un temps qui l’avoit obligé de se retirer à l’abri d’un grand arbre pour se mettre à couvert de la pluie et de l’orage. […] « J’admirai, continue Rancé, la simplicité de cet homme, et le mettant en parallèle auprès des grands dont l’ambition est insatiable, et qui ne trouveroient pas de quoi se satisfaire quand ils jouiroient de toutes les fortunes, plaisirs et richesses d’ici-bas, je compris que ce n’étoit point la possession des biens de ce monde qui faisoit notre bonheur, mais l’innocence des mœurs, la simplicité et la modération des désirs, la privation des choses dont on se peut passer, la soumission à la volonté de Dieu, l’amour et l’estime de l’état dans lequel il a plu à Dieu de nous mettre. » Ce sont là (suivant l’heureuse expression de Dom Le Nain) de ces premiers coups de pinceau auxquels le grand Ouvrier se réservait d’en ajouter d’autres encore plus hardis pour conduire Rancé à la perfection. […] Il est âgé de trente-huit ans et demi, et Dieu lui accordera trente-six années de vie encore, l’espace des plus longs desseins. […] Rendons aussi cette justice à notre âge : on est assez disposé à y accepter, tel qu’il s’offre, cet abbé sublime, ce moine digne de Syrie ou du premier Clairvaux, ardent, impétueux, impatient, d’action et de fait plus que de discussion et de doctrine, bien que de grand esprit à la fois ; vrai moine de race, comme dirait de Maistre, indompté de tout autre que de Dieu.
Dieu est grand. […] Je crois à vous, ô Dieu ! […] La nature rêve et voit Dieu. […] Cette autre idée, que tout finira par une embrassade de tous les hommes en Dieu, ne lui a guère moins suggéré d’alexandrins. […] Le fond, c’est quelque idée fausse, incomplète, ou qui même me répugne ; ou bien, c’est quelque idée toute simple, même banale, et que le poète laisse banale, comme Dieu l’a faite.
Tous les citoyens devant être appelés à coopérer aux jugements criminels, vous ne pouvez éviter que quelques-uns de ceux qui seront obligés de remplir ces redoutables fonctions n’aient, avec le développement des opinions actuelles, une répugnance invincible à prononcer le sinistre arrêt qui va priver de la vie un de leurs semblables, et le jeter ainsi tout à coup en la présence de Dieu ; vous ne pouvez éviter que quelques-uns de ces citoyens d’une haute conscience ou d’une conscience timorée, secouant, comme on est disposé à le faire, le joug de l’autorité, et se croyant ainsi le droit d’examiner les limites du pouvoir de la société, lui refusent ou lui contestent celui d’ôter irrévocablement le repentir au coupable, et peut-être, chose affreuse à penser ! […] La mort est à l’égard de l’homme un mandat d’amener, décerné par le Souverain Juge dans le moment où il veut interroger face à face une créature intelligente, et lui tracer de nouvelles destinées : Dieu, dans de certaines circonstances, prévues par sa sagesse, a pu déléguer à la société le droit de décerner ce mandat de comparution ; mais il peut le retirer quand et comme il lui plaît. Or, s’il est vrai que les inconvénients dont nous venons de parler existent, et que ces inconvénients soient inhérents à nos mœurs et à nos institutions, il est vrai aussi que Dieu a retiré à la société le droit de vie et de mort : ainsi que nous l’avons remarqué plus d’une fois, Dieu ne s’explique souvent sur la société que par l’ordre social lui-même. […] Il a été difficile, dans tous les temps, d’accorder la liberté de l’homme et la prescience de Dieu : cet accord a été difficile surtout pour les peuples chez qui le flambeau des traditions n’a pas été directement transmis.
Sceptique comme lord Byron, — et c’est peut-être sa plus profonde ressemblance avec le grand poète qui accable toute comparaison, — sceptique comme Alfred de Musset et comme tous les enfants d’un siècle qui, du moins, avait sauvé du naufrage de son ancien spiritualisme l’honneur d’être sceptique encore, mais qui a fini par étouffer jusqu’au dernier éclair tremblant du scepticisme dans son âme, morte maintenant, morte toute entière sous l’athéisme contemporain, le douloureux inquiet de La Vie inquiète, qui, fût-il heureux, a de ces pressentiments et de ces incertitudes : Peut-être vous cachez sous votre pur sourire Des pleurs que j’essuirai des lèvres quelque jour… mêle à tous les sentiments qu’il exprime ce scepticisme qui ne va à Dieu, dont on doute, que pour retomber à la créature dont on va douter ; car le scepticisme est la plus cruelle des anxiétés de la vie, c’est la plus formidable inquiétude, pour une âme ardente, qui puisse dévorer l’esprit et le cœur ! […] Tel qu’un mauvais soldat exilé de son rang, Il écoute le bruit du combat qui l’attire, Et ne sait à quel Dieu dévouer tout son sang. […] Il n’a pas effacé de son front ce grand et beau reflet de Dieu, qui s’y débat contre les ombres du doute quand tous les autres l’ont éteint sur le leur. […] Il met au-dessus de tout le sentiment et la pensée, — dons de Dieu ! […] Vous, artiste sincère et rude, avouez-nous Que vous avez soufflé, comme un Dieu, votre flamme Sur vos forts paysans qui vous doivent leur âme ; Et s’ils ont un grand cœur, c’est votre cœur à vous !
Il s’agit bien de se reposer, grand Dieu ! […] Le divin remplaçant Dieu. […] Ils ne peuvent empêcher le développement de l’humanité, qui se fait par en haut : ils n’offensent pas Dieu, puisque Dieu n’existe que dans l’esprit des sages. […] Il n’a pas vu Dieu se former dans la conscience humaine. […] Celles-ci seules nous empêchent d’admettre que l’idée de Dieu vaut peut-être autant que Dieu, que l’image que nous nous faisons du Paradis vaut le Paradis.
Le hasard est Dieu ! […] Il vous fallait un Dieu pour ami. […] Dieu m’en garde ! […] Mettez votre confiance en Dieu ; c’est ce que j’ai fait, moi, poète de cabaret et de mauvais lieux, et un tout petit rayon de soleil est tombé sur mon fumier. […] Je suis choqué que vous autres qui croyez en Dieu, vous imaginiez que, pour être au désespoir trois ans de ce qu’une maîtresse vous a quittés, il faille croire en Dieu.
Le jésuite croira plus au pape qu’à l’Église ; le quiétiste pensera que l’amour de Dieu rend le christianisme inutile. […] Ailleurs il l’engage à s’accoutumer à rentrer souvent au dedans de lui-même, « pour y renouveler la possession que Dieu doit avoir de son cœur. » Six ans auparavant il lui écrivait : « Au nom de Dieu, que l’oraison nourrisse votre cœur comme les repas nourrissent votre corps. Que l’oraison de certains temps réglés soit une source de présence de Dieu dans la journée, et que la présence de Dieu, devenant fréquente dans la journée, soit un renouvellement d’oraison. […] Par cette dévotion sombre et solitaire qui ne peut rien de plus pour rendre Dieu présent que l’isolement absolu, et ce que Saint-Simon appelle le particulier sans bornes. […] La liberté qui anime les belles pages du traité de l’Existence de Dieu est d’une autre sorte.
Où est-il le Dieu genésiaque qui prendra pitié de nous et qui dira : Fiat lux ! […] Heureusement que Dieu ne se lasse pas de faire sortir le bien des désastres les plus grands. […] Si le diable existe, Dieu est impossible ! […] Dieu est un être parfait qui contient et aime dans son sein des êtres imparfaits, mais perfectibles. […] En tête, le poëte, celui que Dieu a baisé au front, l’élu !
Car toujours, au moment où il va accorder quelque chose à l’homme, il craint d’en faire tort à Dieu. […] Ainsi, si nous soumettons notre volonté à celle de Dieu, c’est par un effet de la miséricorde de Dieu, c’est-à-dire encore par la volonté de Dieu. […] Le janséniste est l’homme qui aime Dieu avec le plus de désintéressement, puisqu’il craint toujours que Dieu ne le lui rende pas, et qu’il vit dans la terreur de n’avoir pas la grâce. […] S’il s’anéantit devant Dieu, il est fier avec les hommes, et difficile avec les puissances. […] Sa vie même fut certainement, aux yeux de Dieu, la plus belle de ses tragédies.
Lié à des doctrines occultes, s’environnant d’obscurités volontaires, tourné en dedans et en haut, il n’est là, en quelque sorte, que pour perpétuer la tradition spiritualiste dans une vivacité sans mélange, pour protester devant Dieu par sa présence inaperçue, pour prier angéliquement derrière la montagne durant la victoire passagère des géants. […] La mort d’Elvire, une maladie mortelle de l’amant, son retour à Dieu, le sacrifice qu’il fait, durant sa maladie, de poésies anciennes et moins graves, quoique assurément avouables devant les hommes, tels sont les événements qui précèdent l’apparition des Méditations poétiques, laquelle eut lieu dans les premiers mois de 1820. […] Consolante perspective, digne du poëte religieux qui veut allier l’enchaînement et l’essor, la soumission et la conquête, et qui conserve en son cœur le Dieu individuel, le Dieu fait homme, le Dieu nommé et prié dès l’enfance, sans rejeter pour cela le Dieu universel et presque sourd qui régénère l’humanité en masse par les épreuves nécessaires ! Assez d’hommes dans ce siècle, assez de cœurs et des plus grands, n’admettent désormais à leur usage que ce dernier aspect de Dieu, cet universalisme inexorable qui assimile la Providence à une loi fatale de la nature, à un vaste rouage, intelligent si l’on veut, mais devant lequel les individus s’anéantissent, à un char incompréhensible qui fauche et broie, dans un but lointain, des générations vivantes, sans qu’il en rejaillisse du moins sur chacun une destinée immortelle. […] Il n’immole aux vastes pressentiments qu’il nourrit ni l’ordre continu de la tradition, ni la croyance morale des siècles, le rapport intime et permanent de la créature à Dieu, l’humilité, la grâce, la prière, ces antiques aliments dont le rationalisme veut enfin sevrer l’humanité adulte.
La science à leurs yeux fut un vol fait à Dieu, une façon de le braver et de lui désobéir. Dans le beau mythe par lequel s’ouvre le livre des Hébreux, c’est le génie du mal qui pousse l’homme à sortir de son innocente ignorance, pour devenir semblable à Dieu par la science distincte et antithétique du bien et du mal. […] Il faut marcher la tête haute et sans crainte vers ce qui est notre bien, et, quand nous faisons violence aux choses pour leur arracher leur secret, être bien convaincus que nous agissons pour nous, pour elles et pour Dieu. […] Les religions de l’Orient disent à l’homme : « Souffre le mal. » La religion européenne se résume en ce mot : « Combats le mal. » Cette race est bien fille de Japet : elle est hardie contre Dieu. […] Il y aurait peu d’absurdités comparables à celle-ci : chaque objet est Dieu.
Il a de bons sentiments et des retours fréquents vers Dieu. […] Je lui parle de Dieu, et elle me croit d’intelligence avec le roi. […] » Toutefois elle est ravie de ce que tout le monde loue le roi, et voudrait qu’il en rapportât la gloire à Dieu seul. […] Quelques-uns croient que je « eux la ramener à Dieu. […] Savoir les êtres de la chapelle… savoir où l’on est vu et où l’on n’est pas vu, rêver dans l’église à Dieu et à ses affaires… voilà le plus bel effort de la dévotion du temps.
L’acte précédent s’ouvrait par une cantate sur les tribus d’Israël ; celui-ci débute par un long soliloque de Claude à la nature et à Dieu. […] Claude consulte Dieu sur le meurtre éventuel qu’il vient d’annoncer, et Dieu, des hauteurs étoilées de son firmament, lui répond : « Tue-la ! […] C’est sur l’existence de Dieu que Claude engage une polémique avec Cantagnac. […] Que nous importent les opinions de ce drôle sur Dieu et sur l’âme ? […] N’ont-ils pas déjà charge de cette jeune âme que Dieu semblait leur avoir confiée ?
Dieu ménagea le vent à ma pauvreté nue ; Mais le siècle d’airain pour d’autres continue… Et se considérant lui-même comme délivré des soucis à l’approche de l’hiver, il souhaitait à d’autres le même soulagement et la même douceur : Dieu, révèle-toi bon pour tous comme pour moi ! […] Or, ce fabliau, le voici : Un jour, Dieu permit, dans ses desseins, que l’élément de vie, le feu, se retirât tout à coup de l’air, et vînt à manquer à la nature. […] aux mauvais jours, Dieu te rendra ton pain. » — Dieu me le doit toujours ! […] ; Mais toi, mon âme, à Dieu, ton fiancé, Tu peux demain te dire vierge encore ! […] qu’elle en répandait sur les plus humbles créatures de Dieu.
Il est bon, il est beau, quoi qu’on en dise, que toutes nos actions soient pleines de Dieu, et que nous soyons sans cesse environnés de ses miracles. […] Quel commerce entre nous et Dieu ! […] Nous ne dirons point non plus comment, dans les calamités publiques, les grands et les petits s’en allaient pieds nus d’église en église, pour tâcher de désarmer la colère de Dieu. […] Ainsi la religion avait fait partager à l’amitié le beau privilège que Dieu a de donner une éternité de bonheur.
ils auraient adoré un Dieu suprême, un Dieu souverain, maître de tous les Dieux secondaires, attesté par cette formule Deus optimus maximus, et ils auraient recherché ceux qui adoraient un Dieu unique ! […] Les Romains ne détestaient pas plus le Dieu des Juifs qu’un autre Dieu ; ils ne détectaient pas plus Jésus qu’un autre personnage divin, mais à la condition que ce Dieu fût un Dieu comme un autre, un personnage divin à l’égal d’un autre. Ils voulaient bien adorer le vrai Dieu, mais non pas le vrai Dieu seul. […] C’est là une petite partie des lois données par la bouche de Dieu même. […] Le monarque regimbe, le prêtre le dépossède, au nom de Dieu.
Tribunal de Dieu, je m’abandonne à toi ! […] L’intention de l’auteur est sans doute que Marguerite périsse, et que Dieu lui pardonne ; que la vie de Faust soit sauvée, mais que son âme soit perdue. […] Il était religieux envers Dieu, envers la liberté comme envers sa famille. […] Son dernier soupir fut encore éloquent : « Quand je n’aurais pas la certitude d’une vie future, dit-elle à ses amis, je rendrais encore grâce à Dieu d’avoir vécu. […] Dieu n’aurait pas pu lui envoyer la foi et la piété sous la forme d’un ange consolateur, plus fait pour sanctifier le dernier adieu.
Voilà comme les Français, quand ils sont dégagés de la trame des liens traditionnels, inventent Dieu, conçoivent Dieu. […] Parce que Dieu le commande. […] Il ne se croit obligé qu’envers Dieu, ne respire que Dieu, ne vit que par Dieu et pour Dieu. […] L’homme qui se croit obligé, qui est et qui veut être esclave de sa conscience, qui a le scrupuleux respect du devoir, qui s’y sacrifie ; c’est un homme qui obéit à un Dieu, à un Dieu intérieur, mais à un Dieu ; à un Dieu qu’il n’extériorise pas, mais à un Dieu. […] Elle fut « placée sous l’invocation de Dieu » !
Il se respectait lui-même dans ses chimères comme un instrument de Dieu. […] C’est donc un instinct de la justice dans l’homme, par conséquent un plan divin que Dieu fait entrevoir à ses créatures. […] Il y a des choses que l’homme ne doit pas juger, et qui montent, sans intermédiaire et sans appel, au tribunal direct de Dieu. […] “Incline-toi devant Dieu et accuse tes fautes. — Eh ! […] ” Lâche s’il fit ce sacrifice à sa popularité, cruel s’il le fit à son opinion, odieux s’il le fit à son ambition, il a emporté le secret de sa conduite politique devant Dieu.
Enfin Dieu me garde de courir la poste avec le privilège de la Cour67 ! […] J’espère en la providence de Dieu qui m’a conduit au milieu de tant de dangers. […] Ainsi vous voyez bien que Dieu a béni mon ouvrage, puisqu’il en a fait la source de ma fortune. […] En attendant, je prie Dieu qu’il vous comble de prospérités, vous, votre digne épouse et vos enfants. […] Tel est le fruit que Dieu a accordé à mes travaux.
Béranger croit en Dieu comme Rousseau, et avec plus de conséquence encore, car il est optimiste, ce qui va bien avecla foi en un Être supérieur et bon. […] Vous êtes peut-être le seul qui, avec moi, ait pensé à ce jour ; aussi vous dois-je bien des témoignages de gratitude pour une attention aussi bienveillante ; elle a accru le sentiment qui me fait remercier Dieu de m’avoir mis sur cette terre que tant d’autres ont eu le droit de maudire. […] Il est encore tout entier dans cette lettre à un jeune homme triste, souffrant, entravé dans ses goûts, et à qui il dit pour le consoler : « Ne vous laissez pas aller aux longues et secrètes douleurs : Dieu le défend à notre nature… J’ai connu tout cela, Monsieur, voilà pourquoi je me permets de vous en parler. […] j’avais confiance en Dieu. […] Je tremble quand je vois disséquer Dieu, si respectueux que soit l’opérateur.
« Il ne s’agit pas de suivre les règles de la rhétorique, mais de faire connaître et aimer Dieu ; ayons la foi de saint Paul, ajoute-t-il, et parlons le grec aussi mal que lui. » Ici, pourtant, ne le prenez pas au mot. […] L’abbé Lacordaire est du siècle à un certain degré, je l’ai dit, et il le reconnaît avec une grâce touchante : Dieu nous avait préparé à cette tâche en permettant que nous vécussions d’assez longues années dans l’oubli de son amour, emporté sur ces mêmes voies qu’il nous destinait à reprendre un jour dans un sens opposé. […] Dieu, dit-il en un endroit, donna à son Église la charité. […] Dieu, mais Dieu seul, avait vaincu la France, commandée jusqu’à la fin par le génie, et triomphante encore au quart d’heure même qui signalait sa chute. Je ne dirai point les causes de cette catastrophe ; outre qu’elles ne sont pas de mon sujet, il répugne au fils de la patrie de creuser trop avant dans les douleurs nationales, et il laisse volontiers au temps tout seul le soin d’éclaircir les leçons renfermées par Dieu même au fond des revers.
Le Dieu pour lequel ils ont donné leur vie est venu s’offrir pour eux. « Bien que leurs jours aient été courts et faibles, baptisés dans le sang et la souffrance, il les connaît, ce Dieu qu’ils n’ont jamais connu ; et ils sont assurés de revivre. […] L’un et l’autre caractère respirent dans cette hymne pour le jour de Saint-Étienne : « Le Fils de Dieu s’avance à la guerre, pour gagner une royale couronne. […] « Une troupe glorieuse, ce petit nombre d’élus sur lesquels est descendu l’esprit de Dieu, douze saints courageux, sûrs de leur espérance et bravant la croix et le bûcher. […] Ô Dieu !
Est-ce que, sous le feu même de l’événement du 24 février, à côté du chef du sacerdoce de Paris, Mgr Affre, de vaillante mémoire, nous n’avons pas rouvert les églises sous l’égide des citoyens armés, et mis le Dieu et l’autel libres hors la loi des révolutions et des sacrilèges ? […] c’est différent ; plût à Dieu que nous en eussions recueilli juste assez pour pouvoir retirer, sans remords, cette partie de nous-même qu’on appelle notre nom de cette dure, quoique honorable servitude, qui nous expose tous les jours à ces fastidieux retentissements et à ces odieuses interprétations de la publicité ! […] Qu’il est méprisable aux yeux de Dieu et aux yeux des autres hommes. […] N’y bénit-on pas Dieu de cet arpent de terre Où l’on repose en paix sous l’arbre sédentaire, Où l’on s’éveille au moins comme on s’est endormi, Sur cette fourmilière où l’homme est la fourmi ? […] L’un et l’autre sont bons, pourvu qu’on y respecte Le rôle de l’étoile ou celui de l’insecte : L’homme n’a de valeur qu’à son jour, à son lieu, Brin de fil enchâssé dans la toile de Dieu !
Redevenus naturels de pitié, de respect et d’irrésistible enthousiasme pour cette victime royale qui seule, peut-être, empêchera Dieu de pardonner à la Révolution, ces mignards enfants d’un siècle faux, qui n’avaient jusque-là compris que les jouissances arrangées et savantes de la vie, ont, du premier coup et sous l’empire des impressions que Marie-Antoinette causera toujours à toute âme passablement faite, peint la douleur et peint la mort comme jamais ils n’avaient peint les joies de l’existence et ses ivresses. […] Or, cet affaiblissement par les Bourbons de la monarchie en France et dans le monde, cet affaiblissement qui nous faisait tomber dans le mépris d’un roi de Prusse, — car Dieu, qui s’entend au mépris, sait choisir la coupe d’où il le verse ! […] Marie-Thérèse, la femme forte et prudente, qui mettait Dieu au-dessus des États et les intérêts immortels au-dessus de tous les intérêts terrestres, n’aurait pas désiré, avec l’ardeur qu’elle y mit, le mariage de sa fille avec le Dauphin de France, si l’idée d’une grande chose chrétienne n’avait plané sur son dessein. […] Il fallait les battre avec leurs propres armes, ces coquines charmantes et amusantes, qui avaient ôté cette ceinture, par trop serrée, de l’étiquette, à ces sultans lassés qu’elle blessait… Il fallait que la vertu, chez soi, fût aussi aimable que le vice, sans cesser d’être la vertu ; et ce jeu difficile et dangereux, que seule une femme pure et trempée dans le Styx de sa propre innocence pouvait se résoudre à jouer, elle le joua hardiment, presque héroïquement, et elle perdit… Dieu ne voulut pas que la fille de Marie-Thérèse épargnât à la France et à la maison de Bourbon le châtiment qu’elle méritait pour avoir subi des Pompadour. Elle eut bientôt tout le monde contre elle, et les puritains de l’étiquette, comme le vieux Mirabeau, et toutes les Du Barry possibles de la Cour et de la ville, qui durent viser au cœur de Louis XVI, cette cible heureusement répulsive, que, Dieu merci !
Redevenus naturels de pitié, de respect et d’irrésistible enthousiasme pour cette victime royale qui seule, peut-être, empêchera Dieu de pardonner à la Révolution, ces mignards enfants d’un siècle faux, qui n’avaient jusque-là compris que les jouissances arrangées et savantes de la vie, ont, du premier coup et sous l’empire des impressions que Marie-Antoinette causera toujours à toute âme passablement faite, peint la douleur et peint la mort, comme jamais ils n’avaient peint les joies de l’existence et ses ivresses. […] Or, cet affaiblissement par les Bourbons de la monarchie en France et dans le monde, cet affaiblissement qui nous faisait tomber dans le mépris d’un roi de Prusse, — car Dieu, qui s’entend au mépris, sait choisir la coupe d’où il le verse, — personne en Europe ne le prévoyait mieux que la sage et pieuse Marie-Thérèse. […] Marie-Thérèse, la femme forte et prudente, qui mettait Dieu au-dessus des États, et les intérêts immortels au-dessus de tous les intérêts terrestres, n’aurait pas désiré, avec l’ardeur qu’elle y mit, le mariage de sa fille avec le Dauphin de France, si l’idée d’une grande chose chrétienne n’avait plané sur son dessein ! […] Il fallait les battre avec leurs propres armes, ces coquines charmantes et amusantes, qui avaient ôté cette ceinture, par trop serrée de l’étiquette, à ces sultans lassés qu’elle blessait… Il fallait que la vertu, chez soi, fût aussi aimable que le vice, sans cesser d’être la vertu ; et ce jeu difficile et dangereux, que seule une femme pure et trempée dans le Styx de sa propre innocence pouvait se résoudre à jouer, elle le joua hardiment, presque héroïquement, et elle perdit… Dieu ne voulut pas que la fille de Marie-Thérèse épargnât à la France et à la maison de Bourbon le châtiment qu’elle méritait pour avoir subi des Pompadour. Elle eut bientôt tout le monde contre elle, et les puritains de l’étiquette, comme le vieux Mirabeau, et toutes les Du Barry possibles de la Cour et de la ville, qui durent viser au cœur de Louis XVI, cette cible heureusement répulsive, que, Dieu merci, elles n’atteignirent pas.
» Avouez que c’est là une puissante manière de fortifier aux yeux des hommes la personnalité de Dieu ! […] Ce sont des affirmations peu carrées et peu appuyées, mais rondes plutôt et glissantes, de ces inductions données cent fois par l’école cartésienne tout entière, cette école du moi qui n’a jamais su jeter de pont d’elle à Dieu, et dont l’auteur de l’Essai d’une philosophie religieuse a répété, sans les varier, les termes connus. Ce n’est ni plus ni moins qu’un petit catéchisme cartésien à l’usage des faibles qui ne veulent pas devenir forts, car la force, c’est une témérité pour les prudents, et la force serait sur cette question de Dieu de s’élever plus haut qu’une philosophie qui la pose, l’agite, mais n’a jamais pu la résoudre. […] Saisset n’ose rien de dogmatique et de réellement décisif sur la personnalité divine, d’abord parce que le déisme pur ne le permet pas, et ensuite parce que, sur cette question de Dieu, l’Institut ne se soucie pas qu’on dépasse la ligne circonspecte d’une haute convenance sociale. […] Avec leurs tourbillons, leur vide et leur plein, leur dynamique, leurs harmonies préétablies, leurs idéalismes impossibles, ce sont de grands poëtes, mais abstraits, — des faiseurs, comme dit le mot poëte, des créateurs de puissantes ou d’impuissantes chimères, car l’homme n’invente réellement que sur le terrain de l’imagination : mais Dieu lui donne et il reçoit seulement sur celui de la vérité.
Jules Simon avec son Devoir, sa Liberté et sa Conscience, était un des philosophes actuels et présentement les plus comptés de cette morale par elle-même, de cet indépendant quelque chose qui s’appelle la morale, sans Dieu et sans sanction ! […] De Dieu, pas un mot ! Des devoirs envers Dieu, pas l’ombre ! […] … Le nom même de Dieu, ce diable de vieux mot qui embarbouille l’esprit et nuit à sa clarté suprême, M. […] C’est que la morale ne peut pas exister par elle-même, et qu’où elle est seule, avec ses principes tirés de soi, sans le Dieu personnel et rémunérateur qui punit ou qui récompense, elle n’est plus qu’une sotte et intolérable dérision !
parce qu’on sera parvenu à démontrer la simplicité des sucs digestifs, ou à déplacer ceux de la génération ; parce que la chimie aura augmenté, ou, si l’on veut, diminué le nombre des éléments ; parce que la loi de la gravitation sera connue du moindre écolier ; parce qu’un enfant pourra barbouiller des figures de géométrie ; parce que tel ou tel écrivain sera un subtil idéologue, il faudra nécessairement en conclure qu’il n’y a ni Dieu, ni véritable religion ? […] La brièveté de notre vie, la faiblesse de nos sens, la grossièreté de nos instruments et de nos moyens, s’opposent à la découverte de cette formule générale que Dieu nous cache à jamais. […] Les puissances unies de la matière sont à une seule parole de Dieu comme rien est à tout, comme les choses créées sont à la nécessité. […] Mais quand des congrégations de savants se formèrent ; quand les philosophes, cherchant la réputation et non la nature, voulurent parler des œuvres de Dieu, sans les avoir aimées, l’incrédulité naquit avec l’amour-propre, et la science ne fut plus que le petit instrument d’une petite renommée.
n’est un éloge pour personne, ni pour ceux qui le vantent et marquent de son nom des livres que sans son nom on ne lirait pas, ni pour Voltaire lui-même, qu’on n’appelle que Roi aujourd’hui, et qu’on appellerait Dieu si l’on avait du cœur ! […] Or, s’il les possède, ce n’est plus Roi qu’il faut l’appeler : qui dit Roi des Esprits dit Dieu même ; et alors on peut demander pourquoi donc ce Dieu des Esprits souille encore de ses restes une église chrétienne, et pourquoi ses adeptes et ses disciples, en cotisant leurs admirations et leurs œuvres, ne lui élèvent pas un monument ? […] — leur défaille contre ce monstre de fausse lumière, à qui rien n’a défailli contre Dieu, et qui fit oublier une fois dans toute sa vie au grand de Maistre, monté ce jour-là à la hauteur d’un courroux de prophète, que le mépris est la colère du gentilhomme.
Ta prétendue ressemblance avec Dieu pourra bien t’inquiéter quelque jour ! […] Crois-tu en Dieu ? […] Qui oserait nommer Dieu et faire cette profession : Je crois en lui ? […] Dieu ! […] Dieu me pardonne si je lui fais injure !
Elle cache Dieu. C’est cette grande notion de Dieu qui éclaire tout à proportion de l’étendue qu’elle a dans le cerveau d’un homme ou le diamètre de son système, que M. […] comme Dieu, et ne pas l’adorer en silence ? […] Il dit à Dieu : Donnes-tu ta démission ? […] Ferrari ne nous a-t-il donné, pendant le Moyen Âge, que l’histoire de cette canaille dont la postérité ne se soucie, et non l’histoire des grands hommes, c’est-à-dire de la seule Italie qui compte devant le monde et devant Dieu.
Ils y morfondront aussi le talent que Dieu, peut-être, leur avait donné. […] ………………………………………………………… Le pourceau misérable et Dieu se regardèrent. […] C’est la réplique, par la nature, aux choses morales et religieuses de l’ancien monde qui croyait à Dieu, et aux chagrins de l’âme immortelle, et, pour un matérialiste comme M. […] Ces réalistes, qui s’accroupissent ou se traînent sur le ventre pour ramasser les moindres poussières, trouvent Dieu et l’âme des réalités trop menues pour daigner les voir et s’en occuper ; et ils ne se doutent pas que l’absence de Dieu et de l’âme, dans une œuvre humaine, fait un vide par lequel, quand on en aurait, s’en va le génie, — et même le talent ! […] Le sculpteur Préault disait un mot charmant : « La réflexion, c’est une bibliothèque… » Je ne crois qu’aux favoris de Dieu.
Nous aurons même cet avantage, que notre Dieu n’agira pas injustement et au hasard, comme Jupiter : il répandra les flots de la douleur sur la tête des mortels, non par caprice, mais pour une fin à lui seul connue. Nous savons que notre bonheur ici-bas est coordonné à un bonheur général dans une chaîne d’êtres et de mondes qui se dérobent à notre vue ; que l’homme, en harmonie avec les globes, marche d’un pas égal avec eux à l’accomplissement d’une révolution que Dieu cache dans son éternité. […] Ce que le voyageur tremblant adorait en passant dans ces solitudes, était quelque chose d’ignoré, quelque chose dont il ne savait point le nom, et qu’il appelait la Divinité du lieu ; quelquefois il lui donnait le nom de Pan, et Pan était le Dieu universel.
Et c’est du sein même de l’homme que naîtra l’idée de la justice, et cette idée détrônera celle de Dieu, de l’être prétendu parfait et bon dont l’œuvre est imparfaite et mauvaise. […] Et quel mal avait-il fait pour que ce Dieu le condamnât à vivre ? […] Et ce sera la science qui vengera l’homme contre Dieu, en anéantissant Dieu même : Et les petits enfants des nations vengées, Ne sachant plus ton nom, riront dans leurs berceaux ! […] Les causes et les lois te tiennent prisonnier, Les causes et les lois, c’est ce qu’il faut nier, Si tu ne veux pas croire en Dieu, …. […] Richepin nous annonce, cependant, qu’il ira poursuivre jusque dans les étoiles ce Dieu qu’il sait n’être nulle part ; lui aussi, il a écrit son Ibo, non sans imiter celui du maître, comme s’il en voulait faire la caricature.
Les fréquentes ressemblances qu’on trouve entre lui et Philon, ces excellentes maximes d’amour de Dieu, de charité, de repos en Dieu 135, qui font comme un écho entre l’Évangile et les écrits de l’illustre penseur alexandrin, viennent des communes tendances que les besoins du temps inspiraient à tous les esprits élevés. […] Chez le vulgaire, la foi à l’action particulière de Dieu amenait une crédulité niaise et des duperies de charlatans. Chez lui, elle tenait à une notion profonde des rapports familiers de l’homme avec Dieu et à une croyance exagérée dans le pouvoir de l’homme ; belles erreurs qui furent le principe de sa force ; car si elles devaient un jour le mettre en défaut aux yeux du physicien et du chimiste, elles lui donnaient sur son temps une force dont aucun individu n’a disposé avant lui ni depuis. […] » — « Heureux plutôt, répondit-il 145, celui qui écoute la parole de Dieu et qui la met en pratique !
Jésus se plaint souvent de l’incrédulité et de la dureté de cœur qu’il rencontre, et, quoiqu’il soit naturel de faire en de tels reproches la part de l’exagération du prédicateur, quoiqu’on y sente cette espèce de convicium seculi que Jésus affectionnait à l’imitation de Jean-Baptiste 911, il est clair que le pays était loin de convoler tout entier au royaume de Dieu. « Malheur à toi, Chorazin ! […] Jésus soutenait que chacun doit attendre le jugement de Dieu avec crainte et humblement. […] Le pharisien debout disait en lui-même : « Ô Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme les autres hommes (par exemple comme ce publicain), voleur, injuste, adultère. Je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que je possède. » Le publicain, au contraire, se tenant éloigné, n’osait lever les yeux au ciel ; mais il se frappait la poitrine en disant : « Ô Dieu, sois indulgent pour moi, pauvre pécheur. » Je vous le déclare, celui-ci s’en retourna justifié dans sa maison, mais non l’autre 933. » Une haine qui ne pouvait s’assouvir que par la mort fut la conséquence de ces luttes. […] Traits incomparables, traits dignes d’un fils de Dieu !
Envolons-nous tous deux vers la plaine azurée, Et retournons à Dieu qui pardonne aux ingrats. […] Il a bientôt oublié le reproche qu’il faisait, avec tant de raison, à Théodore de Banville, de ne jamais chercher Dieu et de ne pas entendre le cri du cœur dans sa poésie de castagnettes, et, comme lui, tout à coup, il revient au bourdonnement de cette abeille d’Attique que nous avons tant entendue, et que Platon lui-même trouverait maintenant une bien monotone et bien ennuyeuse petite bête. […] C’est ainsi que, dans quelques pièces, si l’idée de Dieu se lève tout à coup au milieu de tous ces vers de voluptueux, comme, par exemple, dans ses Victimes, ce n’est pas notre Dieu à nous, c’est celui des lâches rêveurs qui demandent un paradis sur la terre, et auquel le poète crie : Et suspends le travail du mal et du malheur ; Fais qu’à la loi d’amour l’humanité réponde ! ou c’est encore, comme dans Consolatrix afflictorum : le Dieu qu’on trouve sur la colline , — et si ce n’est pas le fils de Pan, celui-là !
Dieu ? […] Il faut tout cela pour faire un Dieu ; il faut tout cela pour faire un poète. […] Mais d’où venons-nous, ô Dieu, où allons-nous ! Les sens ne répondent pas, la foi ne répond pas ; nous savons seulement que c’est d’un mystère à un autre mystère et de Dieu à Dieu. » Cette mission de chaque société dans la vie universelle, et de chaque homme dans la vie sociale, c’est l’âme même du progrès, c’est le procédé, c’est la suite du développement humain. […] C’est la morale universelle : les principes du Décalogue, les commandements de Dieu.
On laissait ces vallées paisibles adorer Dieu à leur manière, selon l’esprit, et par une sorte de culte biblique et chrétien tout primitif. […] » Mais l’amour de la patrie luttait encore dans l’esprit des Vaudois contre la lumière qu’y faisaient pénétrer ces paroles et contre l’évidence désolante : « — Ce serait une lâcheté, s’écriaient-ils, de perdre courage devant Dieu, qui a si souvent délivré nos pères, et qui a sauvé de tant de périls le peuple d’Israël. […] Il est vrai que le bras de Dieu, qui vous a soutenus dans les guerres passées, n’est pas encore raccourci ; mais si vous faites réflexion qu’un puissant roi s’est joint aux forces de votre prince, que les provisions, les officiers et l’union vous manquent, et que même vos obstinations vous feront abandonner de tous les princes et des États protestants…, vous ne pouvez pas espérer que la Providence divine, qui n’agit pas miraculeusement comme autrefois parmi les Israélites, veuille faire de vos ennemis ce qu’elle fit de Sennacherib ; et la parole de Dieu vous apprend que de se jeter dans les dangers sans prévoir humainement aucun moyen d’en sortir, c’est tenter Dieu qui laisse périr ceux qui aiment témérairement le danger… » On peut se figurer l’effet que dut produire la lecture d’une telle épître sur un auditoire mêlé de personnes timides, de vieillards, de femmes et d’enfants. […] On raconte que ceux qui arrivèrent à Genève y entrèrent en chantant d’une voix grave un psaume des Hébreux fugitifs, traduit par Théodore de Bèze : Faut-il, grand Dieu, que nous soyons épars !… Deux ou trois années se passèrent ; le mal du pays tenait à cœur aux Vaudois exilés ; ils se comparaient aux Hébreux en captivité, et, comme le peuple de Dieu, ils croyaient fermement au retour et à la délivrance.
Soyons donc vrais, au nom de Dieu, vrais comme Thalès quand, de sa propre initiative et par besoin intime, il se mit à spéculer sur la nature ; vrais comme Socrate, vrais comme Jésus, vrais comme saint Paul, vrais comme tous ces grands hommes que l’idéal a possédés et entraînés après lui ! […] Mieux vaut l’humble paysan qui sert Dieu que le superbe philosophe qui considère le cours des astres et se néglige lui-même. […] Tout est vanité, excepté aimer Dieu et le servir. » Cela est indubitable, si la science est conçue comme une simple série de formules, si le parfait amour est possible sans savoir. […] La vraie façon d’adorer Dieu, c’est de connaître et d’aimer ce qui est.
Et sur la vision lugubre, et sur moi-même Que j’y voyais ainsi qu’au fond d’un miroir blême, La vie immense ouvrait ses difformes rameaux ; Je contemplais les fers, les voluptés, les maux, La mort, les avatars et les métempsycoses, Et dans l’obscur taillis des êtres et des choses Je regardais rôder, noir, riant, l’œil en feu, Satan, ce braconnier de la forêt de Dieu. […] Le second cria : Dieu ! […] Seulement l’avenir continuait d’éclore Sur ces vestiges noirs qu’un pâle orient dore, Et se levait avec un air d’astre, au milieu D’un nuage où, sans voir de foudre, on sentait Dieu. […] C’est la tradition tombée à la secousse Des révolutions que Dieu déchaîne et pousse ; Ce qui demeure après que la terre a tremblé ; Décombre où l’avenir, vague aurore, est mêlé ; C’est la construction des hommes, la masure Des siècles, qu’emplit l’ombre et que l’idée azure, L’affreux charnier-palais en ruine, habité Par la mort et bâti par la fatalité, Où se posent pourtant parfois, quand elles l’osent, De la façon dont l’aile et le rayon se posent, La liberté, lumière, et l’espérance, oiseau ; C’est l’incommensurable et tragique monceau, Où glissent, dans la brèche horrible, les vipères Et les dragons, avant de rentrer aux repaires, Et la nuée avant de remonter au ciel ; Ce livre, c’est le reste effrayant de Babel ; C’est la lugubre Tour des Choses, l’édifice Du bien, du mal, des pleurs, du deuil, du sacrifice, Fier jadis, dominant les lointains horizons, Aujourd’hui n’ayant plus que de hideux tronçons, Épars, couchés, perdus dans l’obscure vallée ; C’est l’épopée humaine, âpre, immense, — écroulée.
Un écrivain qui refuse de croire en un Dieu auteur de l’univers, et juge des hommes dont il a fait l’âme immortelle, bannit d’abord l’infini de ses ouvrages. […] Celui qui renie le Dieu de son pays est presque toujours un homme sans respect pour la mémoire de ses pères ; les tombeaux sont sans intérêt pour lui ; les institutions de ses aïeux ne lui semblent que des coutumes barbares ; il n’a aucun plaisir à se rappeler les sentences, la sagesse et les goûts de sa mère. […] Sur leur front dur respirent l’égoïsme et le mépris de Dieu ; ils ont perdu et la noblesse de l’habit et la pureté du langage : on les prendrait, non pour les fils, mais pour les baladins de la grande race qui les a précédés. […] Au lieu de cette tendre religion, de cet instrument harmonieux dont les auteurs du siècle de Louis XIV se servaient pour trouver le ton de leur éloquence, les écrivains modernes font usage d’une étroite philosophie qui va divisant toute chose, mesurant les sentiments au compas, soumettant l’âme au calcul et réduisant l’univers, Dieu compris, à une soustraction passagère du néant.
Ainsi un françois qui apprend l’anglois ne lie point immediatement au mot anglois god l’idée de Dieu, mais bien au mot Dieu . […] L’idée de Dieu ne se reveille en lui qu’en second lieu.
C’est Dieu même qui la lui a donnée, et c’est le premier cri qui est remonté à lui de l’humanité ! […] et peut-être aussi de nos souvenirs et de nos sentiments individuels, Dieu seul le sait, et nos langues n’essayaient pas de le dire ; elles auraient craint de profaner la solennité de cette heure, de cet astre, de ces pensées mêmes ; nous nous taisions. […] C’est elle qui plane sur la société et qui la juge, et qui, montrant à l’homme la vulgarité de son œuvre, l’appelle sans cesse en avant, en lui montrant du doigt des utopies, des républiques imaginaires, des cités de Dieu, et lui souffle au cœur le courage de les tenter et l’espérance de les atteindre. […] Mais quelle qu’ait été, quelle que puisse être encore la diversité de ces impressions jetées par la nature dans mon âme, et par mon âme dans mes vers, le fond en fut toujours un profond instinct de la divinité dans toutes choses ; une vive évidence, une intuition plus ou moins éclatante de l’existence et de l’action de Dieu dans la création matérielle et dans l’humanité pensante ; une conviction ferme et inébranlable que Dieu était le dernier mot de tout ! […] Dieu seul le sait, et qu’il me l’accorde ou non, je ne l’en bénirai pas moins.
Ceux-ci faisaient grand bruit, multipliaient les scandales et les indécences : ce qui leur plaisait le plus dans l’incrédulité, c’étaient les provocations tapageuses ; c’était de « faire les braves » contre Dieu. […] Par l’une, il soumettait à Dieu la vie intérieure de l’individu, par l’autre, la conduite universelle du monde ; par l’une et l’autre, il faisait échec à la raison et la courbait sous une force divine, impénétrable et irrésistible. […] Mais quand cela ne serait point, quand aucun moyen ne s’offrirait à l’homme de parvenir jusqu’à Dieu, par la raison ou par toute autre voie, dans l’absolue impossibilité de savoir, il n’en faudrait pas moins faire comme si on savait. […] Or, par hypothèse, Dieu ne veut se montrer qu’à ses élus ; il se dérobe à ceux qu’il damne, pour les damner de ne l’avoir pas vu. […] Il fallait donc essayer de saisir Dieu dans les apparences dont la raison est juge.
— C’est la miséricorde de Dieu qui nous en empêche… -je suis donc obligé à Dieu de ce que je ne commets pas tous les péchés du monde ? […] Je serais fou et je ferais le fou par les rues et par les compagnies sans le secours de Dieu ? […] — Les hommes, les anges et Dieu même devraient donc nous persécuter sans cesse ? […] On eût dit qu’il voyait Satan dans les grâces dont Dieu avait été pour lui si prodigue. […] On opposait sa simplicité à la froideur d’âme des savants ; on le citait comme un exemple de la gratuité absolue des dons de Dieu.
Faugère apprivoisa tout d’abord le vénérable octogénaire qui put s’étonner sans doute que, dans ce monde si lointain et si renouvelé, on sût si bien les choses d’autrefois, et qui crut reconnaître le doigt de Dieu : « Il me semblait, disait-il, que j’attendais quelque chose. » Il vint exprès à la ville (grand voyage qu’il n’avait fait de longtemps !) […] On peut le dire, le doute et la foi vivante, l’un passager, l’autre immuable, naquirent pour lui le même jour ; comme si Dieu, en laissant l’ennemi pratiquer des brèches dans les ouvrages extérieurs, avait voulu munir le cœur de la place d’un inexpugnable rempart. » Cette belle parole, qui exprime si bien un des mystères de la vie chrétienne intérieure, peut s’appliquer avec beaucoup de vraisemblance au vrai Pascal. […] La foi parfaite, c’est Dieu sensible au cœur ! « Et c’est pourquoi, lit-on dans une pensée inédite, ceux à qui Dieu a donné la religion par sentiment du cœur sont bien heureux et bien légitimement persuadés ; mais à ceux qui ne l’ont pas, nous ne pouvons la donner que par raisonnement, en attendant que Dieu la leur donne par sentiment de cœur, sans quoi la foi n’est qu’humaine et inutile pour le salut. » Ainsi, Pascal ne blâme pas la recherche ni la preuve rationnelle ; loin de là, il l’admet et en use à titre de préparation humaine ; on fait ce qu’on peut, et Dieu vient après. On prépare la machine (il affectionne cette expression), et l’âme ensuite y descend ; Dieu y met le ressort.
Le grand prêtre est beau, noble et terrible ; mais on le conçoit plus terrible encore et plus inexorable, pour être le ministre d’un Dieu de colère. […] Il ne dit pas comme Lamartine : Osias n’était plus ; Dieu m’apparut : je vis Adonaï vêtu de gloire et d’épouvante ; Les bords éblouissants de sa robe flottante Remplissaient le sacré parvis. Des séraphins debout sur des marches d’ivoire Se voilaient devant lui de six ailes de feux ; Volant de l’un à l’autre, ils se disaient entre eux : Saint, Saint, Saint, le Seigneur, le Dieu, le roi des dieux ! […] Certains passages des lettres à son fils aîné, alors attaché à l’ambassade de Hollande, font rêver une poésie intérieure et pénétrante qu’il n’a épanchée nulle part, dont il a contenu en lui, durant des années, les délices incessamment prêtes à déborder, ou qu’il a seulement répandue dans la prière, aux pieds de Dieu, avec les larmes dont il était plein. […] Cela, au contraire, présenté disproportionnément, nous eût caché le vrai sujet, le Dieu un et spirituel, invisible et qui remplit tout. — Peu de décors dans Racine ; et il a raison au fond : l’unité du Dieu invisible en ressort mieux.
Il parle de Dieu à maintes reprises avec un accent de sincérité, mais d’un Dieu un peu vague, qui tient du Dieu des bonnes gens et de la catégorie de l’idéal. […] Écoutez Dieu ! […] On ne connaît Dieu que par Jésus-Christ. […] Il ne tient qu’à Dieu. […] La conscience est Dieu ».
Je vois que M. d’Aurevilly porte son Dieu à son chapeau. […] Son œuvre entière respire les sentiments les plus opposés à ceux que doit avoir un enfant de Dieu : elle implique le culte et la superstition de toutes les vanités mondaines, l’orgueil, et la délectation dans l’orgueil, la complaisance la plus décidée et même l’admiration la plus éperdue pour les forts et les superbes, fussent-ils ennemis de Dieu. […] Il consiste, à l’origine, à faire le mal, non pour les sensations agréables qu’on en retire, mais parce qu’il est le mal, à faire ce que défend Dieu uniquement parce que Dieu le défend. […] Le vrai satanisme, c’est la négation de Satan aussi bien que de Dieu, c’est le doute, l’ironie, l’impossibilité de s’arrêter à une conception du monde, la persuasion intime et tranquille que le monde n’a point de sens, est foncièrement inutile et inintelligible… De ce satanisme-là, il y en a plus dans telle page de Sainte-Beuve, de Mérimée ou de M.
Grâce à Dieu, nous n’avons pas à craindre que ce jour soit près de nous. […] Et je vous demande pourtant si cet homme n’est pas plus près de Dieu qu’un petit bourgeois bien positif, tout racorni au fond de sa boutique. Qu’elle est touchante cette coutume de l’Inde et de l’Arabie : le fou honoré comme un favori de Dieu, comme un homme qui voit dans le monde d’au-delà ! […] Il s’agit bien de se reposer, grand Dieu ! […] Le ciel est-il moins bleu, Béatrix est-elle moins belle, et Dieu est-il moins grand ?
Afin d’établir cette vérité d’une manière inébranlable selon le cours naturel des choses humaines, Dieu permit qu’un nouvel ordre de choses naquît parmi les nations. […] Partout les rois catholiques, protecteurs de la religion, revêtaient les habits de diacres et consacraient à Dieu leurs personnes royales114. […] La victoire passant pour le jugement du ciel, les vainqueurs croyaient que les vaincus n’avaient point de Dieu, et les traitaient comme de vils animaux.
C’est là que, selon l’Écriture, les hiérarchies célestes et les légions innombrables des anges entourent perpétuellement le trône de Dieu de leurs alleluias et de leurs hymnes de gloire… Avec quel art doit être élevé le trône de Dieu ! Combien grande doit être la majesté d’un lieu où tout l’art de la création a été employé et que Dieu a choisi pour se manifester de la façon la plus magnifique ! […] Elle humanise Dieu : n’est-ce pas la seule voie de le faire entendre ? […] Il trouve sublimes les tirades de Dieu le père et les politesses monarchiques dont se régalent les personnages de la Trinité. […] L’enfant, l’artiste, le barbare, l’inspiré leur échappent ; à plus forte raison tous les personnages qui sont au-delà de l’homme : leur monde se réduit à la terre, et la terre au cabinet d’étude et au salon ; ils n’atteignent ni Dieu ni la nature, ou, s’ils y touchent, c’est pour transformer la nature en un jardin compassé et Dieu en un surveillant moral.
Dieu le donne : Si Dieu te l’a repris, va ! […] Ne dis qu’à Dieu ce qu’il faut dire, Crois-moi ; Et couvrant ta mort d’un sourire, Tais-toi ! […] Chère âme, je suis Dieu : ne soyez plus troublée ; Voici votre maison, voici mon cœur, entrez ! […] Elle ne songeait pas à être une héroïne politique quand elle allait ainsi les chercher à travers les barreaux, pas plus qu’elle n’était une théologienne quand elle épanchait avec confiance ses pleurs et ses parfums devant Dieu ; elle n’avait que des instincts de miséricorde et de fraternité humaine, mais elle les avait pressants, irrésistibles.
Amédée Renée, qui a si bien compris la comtesse Mathilde, cette forte amie de Grégoire VII, a compris non moins bien cet homme qu’elle portait avec Dieu dans son âme… Il a vu le grand homme dans le cœur de la grande femme ; superbe milieu pour le regarder ! […] La « grande Italienne » lui a appris le grand Italien, ou plutôt celui qui n’est plus Italien, mais pontife, représentant de Dieu sur la terre, impersonnel et universel comme le vicaire de Jésus-Christ, le chef de la catholicité. […] Nous avons, nous, une lumière allumée par la foi pour voir en cet homme providentielles grâces d’état que Dieu lui a communiquées, dans les intérêts d’une fonction sans laquelle le monde périssait, mais Renée ne l’a pas, cette lumière, et pourtant il a vu cette infaillibilité et il a dit qu’il l’avait vue ! […] Il n’y faillit pas cependant ; les canons furent exécutés avec la dernière rigueur ; la force non pas d’un homme, mais la force de Dieu dans un homme, sauva l’Église, et avec l’Église la civilisation du monde. […] Cette conformité d’origine, ces ressemblances avec son Dieu, durent parler de même à l’esprit de Grégoire, à l’orgueil de ce puissant mystique, à cette âme de prophète.
Dieu nous fasse merci ! […] Il dit quelque part, il est vrai, que son projet, si Dieu lui prête vie, est d’aller un jour jusqu’au règne de Louis XV. […] C’est l’histoire du plus lent et du plus orageux coucher de soleil qu’on ait jamais vu luire sur le monde ; car Napoléon ne s’est pas couché au bout de sa course, mais il est tombé au milieu, comme une foudre, que Dieu pouvait éteindre seul. […] Moret n’a point ce que j’oserais nommer la faculté suraiguë de l’Aperçu, le plus beau don que Dieu puisse faire à ceux qui doivent écrire l’histoire. […] Ils discernent bien la faute politique, qu’ils cherchent incessamment « à grand renfort de besicles », comme dirait Rabelais, mais s’ils avaient l’œil plus perçant et l’aile plus robuste, s’ils remontaient d’un cran plus haut que cette politique dans laquelle ils se prennent les pieds, ce qui se détache en faute pour eux rentrerait dans le tissu des nécessités de l’histoire, dont les rois sont bien les tisserands, disait Philippe II, mais à qui Dieu fournit le fil.