Dans les premières années de ce siècle, deux hommes de génie, mais d’un génie qui finissait en rêverie, comme la flamme la plus pure finit en fumée, Ballanche et Niebuhr, frappèrent, avec des préoccupations diverses, au cœur même de la chose romaine ; mais l’exactitude de leurs travaux plus illuminés que lumineux, n’est-elle pas une question encore ? […] L’Empire avait des raisons d’être intimes et profondes… Il était le développement définitif, et auquel la République avait travaillé, d’une loi plus haute que les ambitions et plus impérieuse que les volontés humaines, à savoir : que toute victoire pour Rome s’était changée en nécessité de gouverner les peuples conquis, et que cette nécessité de gouverner le monde méditerranéen avait fini, en grandissant les vices de l’élection, par la rendre complètement impossible. — Le travail de Champagny nous semblait digne de cette imposante conclusion. […] Une rupture, profonde comme un abîme, avait lieu du pouvoir aux masses, et cet isolement du pouvoir finissait par lui donner, au sommet de sa pyramide, ces vertiges affreux qui déconcertent l’Histoire et qui l’épouvantent.
Le hasard seul d’une trouvaille de bibliothèque, le bonheur de quelque carton à renseignements découvert, a pu lui faire mettre la main précisément sur ce sujet d’étude, si éloigné des préoccupations de ce temps, et travaillé, du reste, je le reconnais, avec une conscience qui devrait être du talent, pour sa peine, mais qui malheureusement ne l’est pas toujours… L’auteur de cette récente histoire du roi René l’a proprement nettoyée de tous les récits légendaires qui l’obstruaient, car la Légende s’était enroulée comme une liane autour de ce vieux chêne qu’elle avait fini par cacher. […] « Pour un prince déjà pauvre, — dit Lecoy de la Marche, — ayant une expédition maritime, des luttes à soutenir en Italie, et des charges de toute espèce, c’était là un véritable désastre, et jamais sa position financière ne devait s’en relever. » Et, de fait, elle ne s’en releva pas, et jusqu’à l’heure où elles lui tombèrent du front, il resta embarrassé et empêtré dans ses couronnes, ce Roi qui finit par les perdre, et par les perdre avec tout ce qu’il fallait pour les conserver ! […] Tous ces bonheurs, qui ressemblent à des moqueries du hasard, tous ces royaumes que Dieu lui jette dans les jambes et qui finissent par le faire tomber, ne mettent en lumière que son impuissance à les garder. […] Et, non contente de le peindre ainsi, jusque par la main soi-disant historique du romancier Walter Scott, le bric-à-brackiste d’Abbotsford, qui avait les mêmes manies que le Roi René, elle a fini par l’accuser d’avoir abandonné, pour muser dans quelque Musée, le soin de ses états, même contre une rente viagère !
Sa Madame de Montmorency 20, dont il s’occupait avec un soin presque religieux, cette histoire qui commence par la Cour, l’éclat et le monde, et qui finit par l’affliction et une cellule, sa Madame de Montmorency a été pour lui pendant longtemps comme une espèce d’oratoire littéraire dans lequel il revenait à la dévotion de toute sa vie : l’amour des choses de l’esprit et des recherches de l’histoire. […] II Telle est l’héroïne que Renée a préférée pour nous en raconter l’histoire à toutes les femmes du xviie siècle, de ce temps complet qui commença par les grandes femmes et qui finit par les grands hommes. […] Elle se dépouilla des derniers songes, et, quand ce fut fini, cette veuve de saint Paul, à la fidélité immortelle, ne crut pas manquer de foi à son époux, cet époux sanglant du billot de Toulouse qu’elle avait toujours dans la pensée, en choisissant un autre époux, sanglant aussi, le divin Époux de la Croix. […] Entre les femmes célèbres par le dévouement et l’amour, il n’y en a pas de plus grande que la veuve de Montmorency, mais sa vertu n’a pas eu d’ombre, et s’est ensevelie dans sa perfection. » Telles sont les pénétrantes paroles par lesquelles finit un volume qui nous prend l’âme avec une main tout à la fois puissante et douce, et dont on sent autour de son cœur l’empreinte longtemps.
D’aucun côté (jusqu’ici du moins) ne s’était levée, pour en finir, une de ces intelligences supérieures qui ferment les débats sur une question, comme Cromwell ferma la porte du parlement et en mit la clef dans sa poche ; et la Critique attendait toujours le mot concluant et définitif qui devient, au bout d’un certain temps, la pensée de tout le monde, ce mot qui est le coup de canon de lumière après lequel il peut y avoir des ennemis encore, mais après lequel il n’y a plus de combattants. […] Saint-Bonnet, est de placer continuellement la notion de l’être, la notion de la loi, du nécessaire, de l’unité, du juste, du bien en soi, en un mot, du Divin, sous les perceptions innombrables du phénomène, du variable, du relatif, du fini, que lui transmet sans cesse l’Intelligence recueillant le produit des sens, et d’empêcher que nous ne restions de simples animaux. […] Pour cela, la philosophie pesa sur l’esprit de l’homme de deux manières, par les sciences qui ne s’adressent qu’à l’esprit et qui finissent par lui donner le vertige de sa force, et par l’effet du paganisme sur l’âme, influence — il faut le reconnaître — que le dix-huitième siècle n’avait pas créée ; qui existait depuis la Renaissance, mais qui, grossie chaque jour, avait fait avalanche sur la pente escarpée de ce siècle, où toutes les erreurs entassées avaient fini par se précipiter.
Elle finit par le trouver, et c’est bien : j’espérais encore… Elle s’en fait aimer et l’épouse. […] Bien commencé par une tête d’ange, le livre finit, comme tant d’autres, en queue de poisson, et ce poisson n’est pas un dauphin ! […] La délicieuse comtesse Alice finit par aimer, comme Juliette aime Roméo, le fou, ignoble de costume et de terreur de fou poursuivi, qui a cherché un refuge dans sa loge, qu’elle n’en a pas fait sortir comme elle le pouvait si elle avait dit un seul mot, et à qui (pour que tous les détails les plus contraires à l’enthousiasme et à l’amour y soient) elle a fait l’aumône, en lui donnant un petit portefeuille dans lequel se trouvent trois billets de mille francs. […] L’histoire d’Albéric Second est si bien racontée, il la fait glisser sur des événements si ingénieusement inventés, et la capitonne de tant de naturel et de rondeur dans la manière dont il la conte, qu’on finit par comprendre que la comtesse Alice ait pu aimer le fou — en cravate rouge et en chemise bleue — qu’elle a traité comme un mendiant.
Classé parmi ceux qui ne prennent pas les tambourinades des journaux pour la gloire, et qui attendent que de tels bruits finissent, pour introduire la célébrité qui ne finit pas, Wey est au meilleur rang des vrais et trop rares hommes de lettres contemporains qui, un jour, ont trouvé la littérature dans la rue et l’ont fait monter chez eux, l’ont essuyée des éclaboussures du ruisseau, qui n’était pas d’azur, et l’ont rendue la noble femme qu’elle doit être de la bohémienne qu’elle avait été trop longtemps. […] Seulement, ici le malade ne meurt pas ; il ne se tue point d’un coup de pistolet ; il ne s’enfuit pas chez les sauvages ; il ne finit point par se crétiniser parmi les goitreux des Alpes suisses. […] Comme chez de Latouche et Chamfort, ce qui domine chez lui, c’est l’esprit, l’esprit, ce roi en France, qui fera un succès plus grand certainement que celui de Christian à cette chose ravissante, l’Été de la Saint-Martin, mise là, à la fin du volume, à ce qu’il semble pour le finir, et qui en sera la fortune !
Cela commence par un sourire, continue par un sanglot, et finit par un bruit du clairon de l’abîme. […] Traverser le tumulte, la rumeur, le rêve, la lutte, le plaisir, le travail, la douleur, le silence ; se reposer dans le sacrifice, et, là, contempler Dieu ; commencer à Foule et finir à Solitude, n’est-ce pas, les proportions individuelles réservées, l’histoire de tous ?
Bonstetten, disons-le bien vite pour nos Français qui savent si bien ignorer et sitôt oublier (quand ils l’ont su un moment) tout ce qui ne figure pas chez eux, sous leurs yeux et sur leur théâtre, était un aimable Français du dehors, un Bernois aussi peu Bernois que possible, qui avait fini par adopter Genève pour résidence et pour patrie, esprit cosmopolite, européen, qui écrivait et surtout causait agréablement en français, et qui semblait n’avoir tant vécu, n’avoir tant vu d’hommes et de choses que pour être plus en veine de conter et de se souvenir. […] Il est bien de connaître, de partager les nobles fièvres de son temps, car ce sont souvent des fièvres de croissance pour l’humanité, cette éternelle enfant qui n’a jamais fini de grandir. […] Peut-être, et c’est la solution qui nous sourit le plus, eût-il fini par se livrer entièrement aux lettres et par se fixer dès lors dans cette cité qui devint plus tard sa dernière patrie : « Mais au moins, remarque M. […] Il paraît avoir craint qu’un si grand mouvement d’idées ne finît par quelque dérangement d’esprit. […] Nous finissons nos voyages pat un copieux déjeuner de muffins et de thé.
Le dernier finissait par un mot presque rassurant : « Ce mercredi 8 avril 1699. — M. […] Vuillart donne à sa manière le récit de faits assez connus d’ailleurs, mais il y met une précision qui ne laisse rien à désirer : « Et disons, pour finir cet ordinaire (car j’ai affaire à sortir demain dès le matin), que M. […] L’entretien dura plus d’une heure, et il finit par la déclaration que fit le roi à son historien qu’il voulait avoir assez souvent avec lui des conversations de deux heures dans son cabinet. […] Ainsi finit cette petite guerre, peu digne des funérailles littéraires de Racine. […] Quand on a lu le Lutrin ou Athalie, l’esprit s’est récréé ou s’est élevé, on a goûté un noble ou un fin plaisir ; mais tout est dit, c’est parfait, c’est fini, c’est définitif ; et après… Il n’y a pas là de canevas ; cela paraît bien court.
À la longue, le simple plaisir cesse de plaire, et, si agréable que soit la vie de salon, elle finit par sembler vide. […] Ramassez ce papier, et rapportez-le-moi comme vous le devez. » Elle reprend le brevet, et le lui présente avec toutes les grâces voulues. « C’est bien, Mademoiselle, dit Marcel, je le reçois, quoique votre coude n’ait pas été assez arrondi, et vous remercie299. » — Tant de grâces finissent par lasser ; après n’avoir mangé pendant des années que d’une cuisine savante, on demande du lait et du pain bis. […] Des applaudissements éclatent au théâtre lorsqu’un vers fait allusion à la vertu des princes, et, un instant après, quand une tirade exalte les mérites du peuple, les princes prennent leur revanche de politesse en applaudissant à leur tour315 De toutes parts, au moment où ce monde finit, une complaisance mutuelle, une douceur affectueuse vient, comme un souffle tiède et moite d’automne, fondre ce qu’il y avait encore de dureté dans sa sécheresse, et envelopper dans un parfum de roses mourantes les élégances de ses derniers instants. […] Ils finissent par s’imaginer que le mieux est de laisser l’écroulement s’achever, que l’édifice se reconstruira pour eux de lui-même, qu’ils vont rentrer dans leur salon rebâti exprès et redoré à neuf, pour y recommencer l’aimable causerie qu’un accident, un tumulte de rue vient d’interrompre319. […] Paris, Versailles et les provinces, I, 162. — « Le roi de Suède est ici, il a des rosettes à ses culottes, tout est fini, c’est un homme ridicule et un roi de province. » (Le Gouvernement de Normandie, par Hippeau, IV, 237, 4 juillet 1784.)
Les sociétés humaines se régénèrent et renaissent pour commencer une nouvelle vie, après avoir passé par des périodes assez peu en rapport avec celles qui amènent la mort de l’homme, et surtout sa renaissance ; car ici finit toute espèce d’analogie : la perpétuité des sociétés humaines et l’immortalité de l’être spirituel n’ont aucune ressemblance, l’une étant placée dans le temps et dans la sphère du monde sensible, l’autre s’élançant hors des limites du temps et dans la sphère infinie d’un monde où ne règnent que les lois de l’intelligence. […] Quelques hommes marchent en avant : les opinions de ces hommes de choix s’étendent peu à peu, et finissent par être l’opinion de l’âge suivant, qui, à son tour, voit naître d’autres idées, destinées aussi à être d’abord celles du petit nombre, puis les idées dominantes, et enfin les idées de tous. Une génération ne commence pas et ne finit pas dans un désert : aucun fait n’est isolé ; rien, en un mot, n’existe de soi et sans raison de son existence. […] Il paraît qu’elle est destinée à conserver encore quelque temps, à l’extrémité de l’Europe, le dépôt des vieilles traditions de l’ordre de choses qui vient de finir ; il est peut-être, en effet, utile qu’il reste des témoins de plusieurs âges de civilisation. […] Louis XVIII a eu une tâche bien plus difficile à remplir que celle qui se présentait à l’époque où finit le règne absurde du Directoire.
sur ce que toutes les idées se réduisent à deux, celle du fini et celle de l’infini. — Il contredit toutes les habitudes françaises, il dément toutes les siennes, il se fait disciple de Hegel, en déclarant que la méthode expérimentale ne convient pas à la philosophie de l’histoire, qu’il faut, pour la construire, trouver a priori les idées fondamentales de la raison, que ces idées ont dû passer dans les faits, que les grandes périodes de l’histoire les représentent, et qu’on ne peut trouver en histoire, comme en physique, que le fini, l’infini et leur rapport. — Il s’apprête des embarras graves, en jetant imprudemment à chaque page des phrases panthéistes ; en disant par exemple que la création25 est fort aisée à comprendre et que Dieu créa le monde comme nous créons nos actions, « qu’il crée parce qu’il est une force créatrice absolue, et qu’une force créatrice absolue ne peut pas ne pas passer à l’acte. » On se souvient encore de la manière dont il absolvait l’industrie, la guerre, la philosophie, la géographie, et beaucoup d’autres choses. C’étaient de grandes revues passées à tire-d’aile ; le philosophe, appuyé sur le fini, l’infini et leur rapport, se tenait partout en équilibre. […] Si l’on est toujours noble, on ennuie et on finit par avoir l’air d’un charlatan ; il faut dans le discours que la familiarité vienne tempérer la noblesse, reposer l’auditeur et accréditer l’orateur. […] C’est alors qu’il s’écrie, sauf à s’en repentir plus tard : « Le Dieu de la conscience n’est pas un Dieu abstrait, un roi solitaire, relégué par-delà la création sur le trône désert d’une éternité silencieuse et d’une existence absolue qui ressemble au néant même de l’existence ; c’est un Dieu à la fois vrai et réel, un et plusieurs, éternité et temps, espace et nombre, essence et vie, indivisibilité et totalité, principe, fin et milieu, au sommet de l’être et à son plus humble degré, infini et fini tout ensemble, triple enfin, c’est-à-dire à la fois Dieu, nature et humanité. » Et combien le style vague et allemand convient à ces effusions lyriques !
. — Tout finit sous six pieds de terre. […] Pour le héros, pour le soldat, pour l’homme du fait et de la matière, tout finit sous six pieds de terre ; pour l’homme de l’idée, tout commence là. […] Tout finit sous six pieds de terre ! […] L’acceptation de l’oppression par l’opprimé finit par être complicité ; la couardise est un consentement toutes les fois que la durée d’une chose mauvaise qui pèse sur un peuple et que ce peuple empêcherait s’il voulait dépasse la quantité possible de patience d’un honnête homme ; il y a solidarité appréciable et honte partagée entre le gouvernement qui fait le mal et le peuple qui le laisse faire. […] Faire l’utile en même temps que le juste, cela finira certes par tenter l’Angleterre.
Cependant je ne finirai point ce paragraphe sans vous proposer un petit problème à résoudre. […] On ajoute que l’édifice étroit que l’art a agrandi finit par être conçu tel qu’il est ; au lieu que le grand édifice que l’art et ses proportions ont réduit à une apparence ordinaire et commune, finit par être conçu grand, le prestige défavorable des proportions s’évanouissant par la comparaison nécessaire du spectateur avec quelques-unes des parties de l’édifice.
Entre les époques dont nous parlons, celle où nous sommes arrivés à cela de remarquable que, quoique toutes nos traditions soient finies, nous ne sommes point dans l’attente d’une révélation. […] Serait-ce, par hasard, que le captif de Savone et de Fontainebleau, l’héritier du pauvre pêcheur, avec ces paroles qui contenaient les menaces du ciel, aurait frappé de vertige l’homme contre lequel l’Europe a dû finir par se croiser ? […] Je l’ai dit, et je le redis avec la plus entière conviction, sans le christianisme, sans les idées morales que le christianisme a mises dans le monde, le despotisme finissait inévitablement par s’acclimater dans la vieille Europe.
qu’ils ne s’en vont pas tous finir à la Morgue et à Bicêtre, mais qu’il en est qui se décident à emboîter le pas… gymnastique, pour aller plus vite, derrière cette société en marche qu’ils ne voulaient ni servir ni suivre, et même à avoir avec elle de ces manières très peu sauvages à l’aide desquelles on prend le succès à Paris. […] Ce que je lui reproche, c’est de ne traîner dans tout son livre, qui commence par cette eau-forte des Réfractaires suivie de l’eau faible des Irréguliers de Paris, qui sont encore des réfractaires, mais des clairs de lune de réfractaires, et qui finit par ce roman de pitres et de monstres, qui sont des réfractaires encore, mais, ceux-là, descendus à la plus basse puissance du dégoût ; oui ! […] À force de se regarder le bout du nez, le plus beau visage finit par se donner un genre de regard qui ne doit pas faire beaucoup de conquêtes, et il faut se défier de la grimace, à poste fixe, du talent.
Il lit le cardinal Pa (cca), puis plus rien, impossible de finir le mot. […] Nous finissions de dîner au restaurant. […] Hier soir, Béni-Barde m’a dit que c’était fini, qu’une désagrégation du cerveau avait eu lieu à la base du crâne, derrière la tête, qu’il n’y avait plus à conserver aucun espoir… Après cela, mais je n’écoutais plus, je crois qu’il m’a parlé de nerfs lésés dans la poitrine par cette désagrégation, et d’une phtisie foudroyante qui devait suivre… Mon orgueil, l’orgueil que j’avais pour nous deux, me disait le jour où je l’ai senti frappé à tout jamais : « Il vaut mieux qu’il meure ! […] * * * Dire que cette liaison intime et inséparable de vingt-deux ans ; dire que ces jours, ces nuits passés toujours ensemble, depuis la mort de notre mère en 1849, dire que ce long temps, pendant lequel il n’y a eu que deux séparations de vingt-quatre heures ; oui, dire que c’est fini, fini à tout jamais. […] C’était fini.
Enfin, il y a plus encore : ces Revues, qui ont dressé leurs petites têtes et leurs petites rédactions contre le ventre majestueux et prépotent de la Revue des Deux Mondes, ont fini par se taire devant elle, comme l’univers devant Alexandre. […] Patience d’insecte qui finira peut-être par triompher de la poutre, mais qui n’empêchera pas les abonnés de la Revue des Deux Mondes de demander, avec l’insolence de la victoire, combien il faut de Calonne pour composer un Buloz. […] aussi littérateur, dans son genre, que Buloz, nous dit fermement, dans son Dictionnaire, que le jeune Helvétien vint à Paris — non pour être suisse — mais pour finir ses études (françaises, hein ?) […] Mais ces médiocrités elles-mêmes, il les fatigua et elles finirent par s’insurger.
. — Le cinquième acte traîne en discours, tandis que la pièce est réellement finie au coup de poignard. […] Dans un article sur mademoiselle Bertin (Revue des Deux Mondes du 15 janvier 1842), je disais à la fin que c’était par le drame que la réforme encore pouvait venir, que l’original serait qu’elle vînt de là. — Voici ce passage : « Moi aussi, j’aimerais de grand cœur à croire à un XVIIe siècle futur plutôt qu’à un Du Bartas, mais il n’est pas en nous que cela finisse de telle ou telle manière.
« Je ne veux pas vous attrister aujourd’hui, j’aime mieux finir ici ma lettre. […] Malheureusement le carnaval fini la fit disparaître de ce salon. […] Quand cela finira-t-il ? […] J’y finirai volontiers ma vie, si vous voulez y venir. […] Tout est fini, vie passée comme vie présente.
Il n’y a plus rien dans le monde pour moi ; je n’ai d’espérance qu’en la mort ; elle seule peut finir mes maux, il n’est pas au pouvoir de tous les hommes de me donner un moment de plaisir ; la plus aimable personne du monde n’est plus ; une personne qui ne vivait que pour moi, que la perte de la vie n’a pu occuper un moment en mourant, et qui n’a senti que la douleur de me quitter ; qui était si parfaite, que mon imagination ne me saurait fournir un endroit par où je me puisse consoler ; je ne la verrai plus. […] On a une lettre de lui « à un mari et à une femme qui s’aimaient fort, et qui avaient beaucoup de piété » ; il leur disait : J’ai vu les jours heureux que vous voyez ; il a plu à Dieu de me faire sentir la douleur mortelle de les voir finir ; et il lui plaît encore d’entretenir cette douleur si vive dans mon cœur… Tous mes jours sont trempés dans le fiel ; je ne me repose que dans la pensée de la mort, et, ce que Dieu seul peut faire, au milieu de tout cela je suis heureux, sans perdre rien de ma douleur. […] Toutes les religions se tiennent, et celle envers Dieu venant à lui manquer ne faisait qu’annoncer que son culte pour la mémoire de Marianne allait finir. […] La campagne fut assez faiblement menée des deux parts ; elle commença tard et finit tôt. […] Aussitôt la campagne finie, les princes de Conti revinrent en France où ils avaient à se faire pardonner de Louis XIV, étant partis sans sa permission.
Je voudrais qu’on se contentât de dire que c’est une des plus belles, et qu’on laissât entrevoir que le monde n’a pas commencé et ne finit pas à nous. […] Il avait commencé comme le peuple commence ; il finit comme aiment à finir les esprits cultivés et avertis. […] Les hommes distingués qui se sont dévoués jusqu’ici, par goût et par zèle, à ces fonctions tout à fait gratuites, font certainement une œuvre bien estimable ; mais il y a quelque chose qui l’est encore plus (ils m’excuseront de le penser, et ils l’ont pensé avant moi), c’est de voir, comme cela a lieu au Conservatoire, des ouvriers, leur journée finie, s’en venir de Passy ou de Neuilly pour assister, à huit heures du soir, à une lecture littéraire. […] Just Olivier soit réduit à commencer à sept heures du soir, c’est-à-dire à une heure où les ouvriers ont à peine fini leur journée.
Tous ces noirs becs de plume finissent pas creuser de sinistres fosses. […] Quand cela fut fini, quand on eut secoué le sac, quand on eut vidé Voltaire et Rousseau dans ce trou, un fossoyeur saisit une pelle, rejeta dans l’ouverture le tas de terre qui était à côté, et combla la fosse. […] Comme nous l’avons remarqué ailleurs, cette élite, accumulée de siècle en siècle et toujours ajoutée à elle-même, finit par faire nombre, devient avec le temps multitude, et compose la foule suprême, public définitif des génies, souverain comme eux. C’est à ce public-là qu’on finit toujours par avoir affaire. […] Le beau existe tellement par lui-même qu’il n’a, certes, nul besoin d’orgueil ; mais qu’importe, la médiocrité humaine étant donnée, il humilie en même temps qu’il enchante ; il semble que naturellement la beauté soit un vase à orgueil, on l’en suppose remplie, on cherche à se venger du plaisir qu’elle vous fait, et ce mot, superbe, finit par avoir deux sens, dont l’un met en défiance contre l’autre.
Je les ai longtemps trouvés bizarres, et j’ai fini par les juger conséquents. […] La férocité des visages, l’abus de la laideur méchante et vulgaire, la violente et universelle horreur pour le bonheur et la beauté, l’intensité de l’émotion, la lugubre rêverie, l’invention fantastique d’apparitions et de monstres, le déchaînement des fantômes de l’Apocalypse et du moyen âge à travers un cerveau malade ; par-dessus tout une précision de traits, une vigueur de dessin, une surabondance de détails, un fini qui accable ; le génie consciencieux, spiritualiste, visionnaire et mélancolique d’un Allemand de la Renaissance : voilà une partie du groupe moral qui entoure le fait physique et le produit. […] En s’observant, en étudiant les hommes, en écrivant, en agissant, il a fini par découvrir les divers genres de sentiments qui produisent les divers genres de phrases, de formes, d’attitudes et d’actions. […] Pour cela on met le mot dans les cas particuliers, singuliers et déterminés où il peut naître ; on le fait ainsi renaître ; et en répétant l’opération plusieurs fois, sur des exemples distincts et semblables, on finit par démêler la circonstance à laquelle il correspond. […] Le livre ne finit pas. » Son ami se leva et dit : « Peut-être. »
… Quelle critique se donnera la peine d’éventrer ce livre effrayant, pour lui regarder aux entrailles et finir par montrer qu’elles manquent ? […] Condillac qui dormait, lui, dans sa tombe, du sommeil non des justes, mais des ennuyés qui ont fini par s’écouter, Condillac au grêle système, le Pygmalion mystifié de cette statue qu’il ne put jamais animer, Condillac revient à la vie et à la mode de par Taine, à la mode lui-même, et cela après les travaux des Écoles écossaise, française et allemande, après Reid, Dugald-Stewart, Royer-Collard, Jouffroy, Cousin, Kant, Fichte, Schelling, Hegel. […] Il y a dans une pièce de Molière un horrible pédant en us, que l’on finit par mettre en fuite en lui pendant une sonnette aux oreilles… Taine a mérité cette sonnette-là !
Huysmans est une âme malade d’infini dans une société qui ne croit plus qu’aux choses finies. […] Les sociétés qui finissent, les nations perdues, les races sur le point de mourir, laissent derrière elles des livres précurseurs de leur agonie. […] Entrepris par le désespoir, il touche, quand il finit, à un désespoir plus grand que celui par lequel il a commencé.
L’auteur, Paul Meurice, n’avait jamais montré de prétentions si hautes ; mais tout finit par pousser dans la vanité des hommes, et il arrive toujours un moment où le melon est mûr… Quoiqu’il eût romancé déjà, Paul Meurice n’est guères connu comme romancier. […] II Et cette explication légère, facile, impertinente pour le Saint-Esprit, Paul Meurice, qui en a conscience, finit par en avoir un peu honte, et, redevenu modeste tout à coup : « Nous n’avons nulle prétention — dit-il agréablement — de fonder notre petite religion les pieds sur nos chenets. » Malheureusement, ce n’est pas bien long, cette modestie ; il reprend presque aussitôt le ton de sa maison, l’insupportable ton hugolâtre : « Dieu ! […] C’est un carbonaro, un humanitaire, un philosophe, un révolutionnaire qui se bat pour la Révolution, fait des livres, car il faut toujours faire des livres dans l’école Hugo, et devient ministre, pour introduire au pouvoir la Révolution qu’il n’y introduit pas ; puis, comme toujours, accusé de trahison par ses amis, les autres Chevaliers de l’Esprit, qui n’ont point, eux, de ministère, finit par mourir de son ministère et de cette calomnie, comme un petit garçon, et non point comme un grand homme.
La beauté se pâmait en répétant ses phrases ; Et quand il eut fini de les faire claquer, Aucun des auditeurs ne sut les expliquer. […] Cette erreur a fini, comme leur renommée. […] Pour toi, douce Erato, si tu tiens à Parny, Si Dufrénoy te plaît, ton empire est fini.
» Paul a dû finir par ouvrir. […] Il avait fini de respirer. […] Et, quand il est fini, ah ! quand il est fini, quel soulagement ! […] Il avait fini de boire.
Maine de Biran a fini par le mysticisme, ce qui prouve à quel point la morale le préoccupait. […] Mais le nécessaire est-il la même chose que le contingent, et l’infini que le fini : voilà la vraie question. […] Retranchez dans le fini et le contingent les éléments particuliers, il reste l’infini et le nécessaire. […] Dans un espace fini, les parties limitantes ne sont pas semblables aux parties internes. […] Après un tel exemple, qui pourrait croire en avoir fini avec la métaphysique ?
Épilogue Il faut finir ici cette première série des Bas-bleus au xixe siècle, qui sera suivie de plusieurs autres, si le mouvement qui emporte les femmes vers la littérature, ne s’arrête pas… Et il ne s’arrêtera pas. […] La « comédie sanglante » de Pascal finira par de l’encre, aux éclats de rire des Tacites de l’avenir.
Jupiter finit par obéir, il monte… et se perd bientôt dans la cime. — Monte jusqu’à la septième branche, — dit Legrand. — Il s’agit d’avancer sur cette branche aussi loin que tu le pourras. […] Dans le Scarabée d’or, après avoir commencé par les vertiges de l’incompréhensible, Edgar Poe finit par s’asseoir paisiblement dans les explications naturelles. […] Mais dans ces détails même il porte encore l’empreinte de là société matérielle dont il est sorti ; il a sur les lèvres le lait épais de cette brutale nourrice qui a fini par l’étouffer. […] Historiquement, il finit par s’empoisonner lui-même. […] été créé non plus pour tourner, de ses délicates et suzeraines mains d’artiste, les grossières manivelles de la mécanique sociale qui a fini par le broyer sous ses rouages aveugles et sourds.
Mais écrire une histoire approfondie des Guise, de ces héros d’un monde fini et condamné, c’est du recul, de l’archaïsme, du déluge, et malgré tout le mérite qu’on peut avoir, on n’est ni lu, ni discuté… Les Ducs de Guise et leur époque ! […] Ma fête est finie ! […] De parti pris, il n’en montre aucun, en ce débat entre les Pays-Bas et l’Espagne, qui finit par être un déchirement pour la monarchie espagnole. […] Il a donc fini son histoire comme il l’avait commencée. […] Dans l’Histoire, le génie militaire arrive toujours à l’heure nécessaire, pour finir les Démocraties.
Elle est surtout du côté du fini et du réel. […] … Dans son PROPRE GOUFFRE… On a sur soi le voile… C’est fini……………………………… … Il ne peut pas plus sortir de l’infamie, Que l’écume ne peut sortir de l’Océan ! […] VI C’est par cette héroïque Bataille d’Eylau que je veux en finir avec ces deux volumes. […] Les Chansons des rues, de ces rues à la physionomie qui s’en va et que la Civilisation, cette boueuse qui emporte au bout de son balai toutes les poésies du passé, finira par cirer comme le parquet des corridors d’un ministère, — et les Chansons des bois, des bois, cette dernière aristocratie à qui on abattra la tête comme à l’autre, et pour les mêmes raisons. […] C’est fini.
Pendant que les passions politiques et religieuses tournaient la poésie, l’éloquence, la science même et la philosophie en armes envenimées au service des partis, un homme anticipait la paix future, et offrait à ses concitoyens trop forcenés encore pour le suivre l’image de l’état moral où la force des choses devait finir par les amener eux-mêmes. […] Non sans doute, mais je n’en finirais pas, si je voulais énumérer tout ce que Montaigne nous dit de lui. […] Je ne doute pas qu’il n’ait fini par y songer avec indifférence, en y songeant toujours. […] Il a fini par se dire que la méditation de la mort était une duperie, que la méditation de la vie était meilleure, et qu’au lieu de regarder toujours la mort, il valait mieux regarder la vie, comme incertaine en général, mais enfin comme présentement certaine. […] Montaigne commence et finit pour ainsi dire à chaque phrase, selon la remarque de Balzac.
Un poète anglais (Cowley) a dit : « On finit par douter si la voie lactée est composée d’étoiles, tant il y en a ! […] Je m’arrête jusqu’à ce que la goutte de lumière dont j’ai besoin soit formée et tombe de ma plume. » Ce ne sont donc que gouttes de lumière que cette suite de pensées ; l’œil de l’esprit finit par s’y éblouir. […] Et ma rhétorique française s’est trouvée finie. […] Il avait à un trop haut degré le sentiment du parfait et du fini : Achever sa pensée ! s’écriait-il, cela est long, cela est rare, cela cause un plaisir extrême ; car les pensées achevées entrent aisément dans les esprits ; elles n’ont pas même besoin d’être belles pour plaire, il leur suffit d’être finies.
La critique a donc commencé comme les positivistes — ces derniers savants, qui se croient les premiers, — prétendent qu’il faut finir, c’est-à-dire par la description et par la nomenclature. […] que la vie finisse de lui apprendre ce métier de critique auquel, de facultés, je le crois destiné d’après ce livre. […] Et voilà pourquoi, né délicat et difficile, il est devenu, au contact des choses grossières de ce Carnaval que voilà fini, plus délicat et plus difficile que jamais, Voilà pourquoi cet esprit doux a revêtu, comme l’orange, qui est douce aussi quand elle est ce qu’elle doit être, une écorce amère, mais salubre. Voilà pourquoi il a écrit, avec cette bonne amertume d’écorce d’orange, — et d’une orange qui ne tourne jamais à l’acide, — ce livre des Patriciennes de l’Amour qui est un livre de mécontent distingué, de sybarite qui veut qu’on lui change ses roses, d’homme qui a fini par trouver que la vertu pourrait bien être du piquant… et le vice, de la piquette ! […] Tout se tient, dans les défauts et les qualités : esprit difficile, haïsseur du commun, Aubryet se précipite de l’autre côté des choses vulgaires et, pour ne pas l’être, il tortille les faits, s’entortille lui-même et finit par s’étrangler.
Tel est le morceau suivant, digne d’un géomètre par sa force et sa justesse6 : De même que la notion d’une étendue limitée nous suggère la notion d’un espace sans bornes, qui n’a pas pu commencer, qui ne pourrait pas finir, et qui demeure immobile, tandis que les corps s’y meuvent en tous sens ; de même la notion d’une durée limitée nous suggère la notion d’une durée sans bornes qui n’a pas pu commencer, qui ne pourrait pas finir, et qui se serait écoulée uniformément, quand aucun événement ne l’aurait remplie. […] Le temps et l’espace contiennent dans leur ample sein toutes les existences finies, et ils ne sont contenus dans aucune. […] La démonstration acharnée finit par une accumulation d’images, magnifiques. […] Après l’avoir lu, on se demande pourquoi le docte abbé ne finit pas sa vie à Bicêtre ; et ses fautes sont relevées avec une rudesse, une roideur de conviction, une hauteur de mépris, une brièveté tranchante, un ton de juge, qui interdisent le doute et terrassent la résistance.
Les premiers chrétiens sont des visionnaires, vivant dans un cercle d’idées que nous qualifierions de rêveries ; mais en même temps ce sont les héros de la guerre sociale qui a abouti à l’affranchissement de la conscience et à l’établissement d’une religion d’où le culte pur, annoncé par le fondateur, finira à la longue par sortir. […] Si la première génération chrétienne a une croyance profonde et constante, c’est que le monde est sur le point de finir 783 et que la grande « révélation 784 » du Christ va bientôt avoir lieu. […] Le monde n’a point fini, comme Jésus l’avait annoncé, comme ses disciples le croyaient. […] La première fois qu’on annonça à l’humanité que sa planète allait finir, comme l’enfant qui accueille la mort avec un sourire, elle éprouva le plus vif accès de joie qu’elle eût jamais ressenti.
Il eut beau s’éloigner, en effet, des premières fonctions de sa vie, de ses premières préoccupations, il eut beau devenir, à moitié d’existence, un observateur, les bras croisés, de la nature humaine, un pacifique dilettante de beaux-arts, un causeur de Décaméron, un capricieux de littérature qui avait fini par prendre goût aux Lettres dont il avait d’abord médit, son genre de talent, qui brusquait l’expression pour aller au fait, se ressentit toujours de la mâle éducation de sa jeunesse. […] Fait pour le monde comme tous les ambitieux, qui finissent par se venger, en le jugeant, de ne pouvoir le gouverner, Stendhal, misanthrope vrai au fond, mais qui cachait sa misanthropie comme on cache une blessure à chaque instant près de saigner, Stendhal fut… j’oserai le dire : un Tartuffe en beaucoup de choses, quoiqu’il pût être franc comme la Force, car il l’avait ! […] Mais un homme comme Stendhal matérialiste n’avait plus guères dans le talent que les qualités de la matière, ferme, pénétrant, aiguisé et brillant comme elle, et son esprit finissait par n’être plus qu’un admirable outil d’acier. […] Dans cette Correspondance, qui commence en 1829 pour finir en 1842, nous trouvons, au milieu de toutes les questions intellectuelles qui y sont agitées, plusieurs lettres où Stendhal parle d’amour pour son propre compte et non plus pour le compte de ses héros de roman.
Il eut beau s’éloigner, en effet, des premières fonctions de sa vie, de ses premières préoccupations ; il eut beau devenir, à moitié d’existence, un observateur, les bras croisés, de la nature humaine, un pacifique dilettante de beaux-arts, un causeur de Décaméron, un capricieux de littérature qui avait fini par prendre goût aux lettres, dont il avait d’abord médit, son genre de talent, qui brusquait l’expression pour aller au fait, se ressentit toujours de la mâle éducation de sa jeunesse. […] Fait pour le monde, comme tous les ambitieux, qui finissent par se venger, en le jugeant, de ne pouvoir le gouverner, Stendhal, misanthrope vrai au fond, mais qui cachait sa misanthropie comme on cache une blessure à chaque instant près de saigner, Stendhal fut… j’oserai le dire, un Tartuffe en beaucoup de choses, quoiqu’il pût être franc comme la force, car il l’avait ! […] Mais un homme comme Stendhal, matérialiste, n’avait plus guère dans le talent que les qualités de la matière, ferme, pénétrant, aiguisé et brillant comme elle, et son esprit finissait par n’être plus qu’un admirable outil d’acier. […] Dans cette Correspondance, qui commence en 1829 pour finir en 1842, nous trouvons, au milieu de toutes les questions intellectuelles qui y sont agitées, plusieurs lettres où Stendhal parle d’amour pour son propre compte, et non plus pour le compte de ses héros de roman.
» À l’Académie française, où il allait quelquefois, et le plus souvent qu’il le pouvait, il a laissé d’assez bons souvenirs : « Il paraissait, a dit d’Alembert, s’intéresser à nos exercices, opinait avec autant de goût que de dignité sur les questions qui s’agitaient en sa présence, et finissait toujours par témoigner à la compagnie les regrets les plus obligeants de ce que la multitude de ses autres devoirs ne lui permettait pas de s’acquitter, comme il l’aurait voulu, de celui d’académicien. » Un jour, dans un de ces moments d’effusion comme il en avait volontiers, il demanda à ses chers confrères la permission, ne pouvant être aussi souvent qu’il l’aurait voulu parmi eux, de leur être présent au moins en peinture et de leur envoyer son portrait. […] La maréchale de Villars, qui devait finir dans la vieillesse par une grande dévotion, paraît avoir été spirituelle autant qu’aimable. […] Il est vrai qu’il en a donné une légère parodie dans cet autre poème qu’on ne nomme pas, en disant : L’heureux Villars, fanfaron plein de cœur… Nous avons fini.
On les croyait finis. […] Ils n’étaient pas finis. […] Enfin il finit par cet idiotisme de toutes les sectes du progrès, quelque nom qu’elles portent, l’affirmation de l’actualité ou de l’éventualité du royaume des deux sur la terre.
Théophile Gautier vient de republier ses Émaux et Camées dans une édition qui est elle-même un camée pour le fini et la correction du détail. […] Gautier, qui passe aujourd’hui de la densité colorée à la densité lumineuse, et dont l’âme finit par se dégager de cette gaine splendide et plastique dans laquelle il l’avait enfermée et qui pouvait un jour l’étouffer. […] Vous y revoyez particulièrement le fini d’expression auquel devait nécessairement atteindre un écrivain qui travaille la langue avec la lampe de l’émailleur, et qui, tout matérialiste qu’il pût être, rentrait, par la perfection même de sa forme, dans cette sphère de l’Infini, auquel il ne croit pas et qu’on retrouverait dans ses vers encore, — ne fût-il pas panthéiste comme il l’est devenu, — par la raison unique et suffisante qu’ils sont de beaux vers !
C’était le prince de Ligne qui disait de je ne sais plus qui : « Il a beaucoup d’esprit, mais sans profondeur et sans surface ; il en a en long et il finit par une pointe comme un obélisque. » Eh bien, c’est sur cette pointe que M. […] Et comme il faut finir, tout se condense : Et…. […] Nous n’avons pas, comme M. de Laprade, l’esprit des sommets, qui finit par devenir un personnage dans son livre, et qui n’est pas seulement, comme on pourrait le croire, le vent de la montagne : car le vent est quelquefois spirituel.
On vit d’abord de ceux qu’on répète ; mais on finit toujours par mourir de les avoir tant répétés ! […] Bouilhet, qui s’est faite dans les grands Romantiques contemporains, a fini par trop influer sur sa pensée, car il ne faut pas être bien élevé, à ce point de n’avoir plus en soi qu’une excellente éducation pour toute personnalité ! […] Gautier, mais le Barbier, qui commence en Gautier, finit en Hugo, de mélancolique devenu grotesque, Et sous la nue il frisera La tresse blonde des comètes !
Il le prit, sa diète était finie, et avec elle finirent les hallucinations ; mais il pense que, s’il avait continué, ses agréables chimères auraient de plus en plus complètement répondu aux bonnes dispositions qu’il commençait à avoir pour elles, et que finalement il eût pu soutenir avec elles ces relations de tousses sens réunis, sans être sûr pourtant que le contrôle impartial de son intelligence eût pu se maintenir. »
Plus ces temps étaient éloignés de nous, plus ils nous paraissaient magiques, plus ils nous remplissaient de ces pensées qui finissent toujours par une réflexion sur le néant de l’homme, et la rapidité de la vie. […] Ces voûtes ciselées en feuillages, ces jambages qui appuient les murs, et finissent brusquement comme des troncs brisés, la fraîcheur des voûtes, les ténèbres du sanctuaire, les ailes obscures, les passages secrets, les portes abaissées, tout retrace les labyrinthes des bois dans l’église gothique ; tout en fait sentir la religieuse horreur, les mystères et la Divinité.
Je finirai par une réflexion. […] Ainsi finit la chasse aux tigres. […] C’est ainsi que son royaume finira. […] Mais aujourd’hui il faut finir, et finir bien tristement. […] Là finit le beau rêve de Saint-Julien.
Le règne de l’étrange et du cru est fini… On attend autre chose. […] Celui qui a beaucoup de relations finit par serrer la main à tout le monde. […] Au lieu de l’amour qui finit bien, comme dans les comédies, au lieu de l’amour qui amuse ou qu’on dramatise, comme dans le gros roman, Loti nous a donné l’amour qui ne finit pas ou qui finit mal, comme dans la vie. […] Il faudrait pourtant en finir. […] Sa séduction est si contagieuse, qu’on finirait par ne plus lire que lui.
Le Jourdain de la comédie finit cependant par passer. Il finit par comprendre qu’il ne peut pas rester là, à cette porte, éternellement planté, comme un piquet devant un autre piquet, et il passe en disant, l’honnête homme ou l’homme honnête : « J’aime mieux être incivil qu’importun ». […] Diderot est donc fini, parfaitement fini, comme auteur dramatique, s’il ne l’est pas entièrement comme critique et comme romancier. […] Les monuments d’une science incrédule comme le fut l’Encyclopédie au xviiie siècle ne répondent, eux, qu’à des besoins de destruction qui ne peuvent pas être éternels : autrement le monde finirait. […] Pour le coup, c’est fini !
Le monde lui paraissait fini. […] Alors Gervaise se sentit étouffer, prise d’un vertige d’angoisse, à bout d’espoir ; il lui semblait que tout était fini, que les temps étaient finis, que Lantier ne rentrerait plus jamais. […] C’était fini. […] — Alors c’est fini ? […] Quand on se défie des hommes, on finit par se défier des murs, et M.
A présent, c’est fini… L’Afrique n’a plus de mystère. […] Tant de docilité avait fini par éveiller ses soupçons. […] Il se mettait à citer des exemples et finissait par dire : « La poésie ! […] Une telle incontinence finissait par affliger ses plus fidèles admirateurs. […] Depuis ce moment, j’ai senti que ma vie était finie.
Tout en entrant, il déclare qu’il a fini d’écrire, qu’il publiera encore quelques nouvelles, mais qu’il ne publiera plus un volume, qu’il se sent complètement épuisé, vidé. […] La répétition finie, on cause pantomime, et je conseille à Margueritte de jouer sans blanc : le plâtrage, tuant sous sa couverte, tous les jeux délicats et subtils d’une physionomie. […] La répétition finie, il tarde, il tarde. […] et j’ai, un quart d’heure, l’anxiété douloureuse de croire qu’on ne laissera pas finir la pièce… Ah ! […] On n’a pas le sentiment d’une bataille absolument perdue, et moi j’oublie l’échec de la soirée, devant la satisfaction d’avoir vu finir la pièce.
A force de contempler l’océan, Victor Hugo a fini par lui prendre un peu de la profusion, du tumulte et du pêle-mêle de ses flots. […] nécessairement substantiel, puisqu’il est infini, et que, si la matière lui manquait, il serait borné là ; nécessairement intelligent, puisqu’il est infini, et que, si l’intelligence lui manquait, il serait fini là ? […] Où finit la nature ? […] L’ignorance finit par être le délire ; Les avons-nous instruits, aimés, guidés enfin, Et n’ont-ils pas eu froid ? […] il a glissé, il est tombé, c’est fini… Ô marche implacable des sociétés humaines !
Son existence dans le monde était finie depuis longtemps ; les traditions de sa société étaient dispersées et en faisaient fleurir de nouvelles ; la duchesse de Montausier, sa fille, était employée à la cour ; des honneurs de cour remplaçaient, dans ce reste de sa famille, les honneurs personnels que la marquise avait obtenus ; on ne connaissait plus qu’une gloire, celle qu’on tenait de la faveur de Louis XIV. […] qui compromit cette femme illustre, lui fit souffrir un long tourment, et finit par lui causer la mort.
— Mon cher lecteur, j’ai fini ma tâche. […] La comédie pourrait peut-être mieux finir ; mais c’est ici un livre de bonne foi, et je suis forcé d’en demeurer là 467. […] On disputera fort et ferme de part et d’autre, sans que personne se rende… La comédie ne peut pas mieux finir, et nous ferons bien d’en demeurer là.
Molière fit, avec cette étrange scène, un intermède du Malade imaginaire, mais il en atténua beaucoup les détails et substitua au pédant le vieil usurier Polichinelle, qui, après avoir essayé des croquignoles et des coups de bâton, finit par payer aux archers les six pistoles. […] L’Affamato, quand le Capitan a fini ses rodomontades, entame à son tour le chapitre de ses exploits ; l’un parle de géants pourfendus et de princesses délivrées, l’autre de festins gigantesques et de noces de Gamaches. […] Son gosier a tant de tours et de détours que, lorsqu’il mange en compagnie, les autres ont déjà fini quand le premier morceau arrive à son estomac.
La parole a répandu dans le monde toutes les idées qu’elle avait à y répandre : sa mission est en quelque sorte finie ; mais ce qui existe par elle continue d’exister. […] Pendant que ces choses se passaient dans l’entendement, l’analyse resserrait de plus en plus les limites de nos langues : les mots consacrés par elles avaient subi tant d’épreuves de tous les genres, qu’ils avaient fini par recevoir un sens trop fixe et trop déterminé, qui était en opposition avec l’indépendance naturelle de la pensée. […] Alors on parvint à atténuer la dissonance au point de la faire disparaître ; mais, il finit l’avouer, vous n’obtenez ainsi qu’une harmonie d’à-peu-près, comme le demandait Aristoxène, faute de mieux, au lieu d’une harmonie rigoureuse comme l’exigeait Pythagore ; tranchons le mot, vous avez une harmonie de convention, au lieu d’une harmonie essentielle, fondée sur la nature même du son et de l’ouïe.
Quelque chose de vieilli, d’épuisé, de fini, s’exhale de ces volumes où le talent ému et brillant reste à plusieurs places, je le veux bien ! […] Il finit — et même assez vite — par se dégoûter de sa sanglante et belle marraine. […] Aveugles, tous deux, l’un comme un cyprès et l’autre comme un saule pleureur, honnêtes arbres tumulaires qui, à force d’ombrager une épitaphe, finissent par en prendre le mensonge pour la vérité, MΜ.
Intellectuellement, l’auteur des Amours d’Italie ne s’est pas italianisé… Sa nature forte, mais épaisse, a résisté et ne s’est pas fondue à l’air transparent que ne respirèrent jamais impunément, même les Barbares… Il a été moins heureux que Beyle, Beyle l’esprit sec et cruellement positif, le Voltairien, l’Américain, l’anti-poétique, et dont cette magicienne d’Italie avait fini par faire… l’auteur de La Chartreuse de Parme, avec le droit d’écrire sur son tombeau : Ci-gît Henri Beyle, le Milanais. […] Arrivé aux dernières lignes de son ouvrage : « Ainsi finit, dit M. […] III Certes, c’est de toutes les maladresses la plus malheureuse, si ce n’est pas la plus malheureuse de (toutes les prétentions, que d’avoir prononcé ce nom de Boccace à propos de ces Amours d’Italie, sans idéalité et sans fini, sans fantaisie joyeuse ou sereine, sans style enfin ; sans tout ce qui fait de Boccace le (conteur italien incomparable !
Si vous parcourez toute la famille, vous y trouverez sans doute quelque plante marquante qui manifeste le type en pleine lumière, tandis qu’à l’entour et par degrés il va s’altérant, dégénère et finit par se perdre dans les familles environnantes. […] Il a le trait si juste, que du premier coup vous croiriez voir les choses ; il a l’expression si abondante, que votre imagination, fût-elle obtuse, finira par les voir. […] Buffon finit par dire, pour louer des vers, qu’ils sont beaux comme de la belle prose. […] Entre autres souillons assez laides et toujours sales, il finit par garder Élisabeth Cox, si bien qu’il manqua l’épouser : heureusement il mourut à propos. […] Salomon conte ici qu’il a vainement interrogé ses sages, qu’il a été malheureux également par l’amour refusé et par l’amour obtenu, que le pouvoir ne l’a point contenté, et il finit par se remettre aux mains de Dieu.
Trente ans plus tard, il finira par les résoudre dans le sens favorable à l’âme, à sa force active, et encore en supposant cette force aidée et soutenue par une puissance supérieure et un esprit qui lui communique une sorte de grâce. […] Même là où il est sur son terrain et dans sa voie, il a peine à s’en bien démêler ; il entreprend plus d’un écrit philosophique ou politique avec le sentiment qu’il n’en finira jamais : Je fais un écrit politique (sur L’Ordre et la liberté, en 1818) comme Pénélope faisait sa toile. […] La seule conclusion que nous tirons, nous, lecteur vulgaire, de ce rare sentiment de satisfaction que nous le voyons éprouver quand il a fini et bien fini, c’est que ce qui lui a manqué, ç’a été la satisfaction plus fréquente de produire, et le plaisir sérieux, mérité, qui accompagne un labeur plus ou moins facile, mais répété, habituel et fécond. […] Cousin : « Voilà l’homme que vous avez proclamé le premier métaphysicien de notre temps, et cet homme, il avoue que le point d’appui indépendant qu’il avait cherché à sa fondation philosophique n’existe pas, et, par son dernier mot qui se révélé aujourd’hui, il vient à nous, il est avec nous, au pied de la croix. » — D’un autre côté, les philosophes de l’école positive et physiologique que Maine de Biran a abandonnée pourraient dire : « Toutes ces variations et ces voyages de l’auteur autour de sa chambre s’expliquent : il est faible, il est malade et inquiet, il cherche la vérité, mais sous forme de remède ; et le remède moral que désire si vivement un malade, il finit toujours, s’il cherche longtemps, par le trouver ou par croire qu’il l’a trouvé. » — La vérité est qu’un homme de plus est connu, mais la question n’a pas avancé d’un pas.
Ne vous étonnez pas qu’elle aimât Montaigne, et qu’elle sentît comme lui, dans la vue de l’incertitude universelle : « On nous a jetés dans ce inonde on ne sait pourquoi, et il faut finir son temps pour devenir je ne sais quoi. — C’est mon bréviaire, ajoutait-elle, que ce Montaigne, ma consolation, et la patrie de mon âme et de mon esprit ! […] Je déteste la vie, qui m’est odieuse, et je serais trop heureuse de finir une carrière dont je suis déjà fatiguée, depuis dix ans, par les circonstances terribles dont nous avons été témoins ; mais je la supportais, ayant avec moi un être sublime qui me donnait du courage. […] Il a succombé en six jours, sans savoir qu’il finissait, et a expiré sans agonie, comme un oiseau ou comme une lampe à qui l’huile manque. […] Il est heureux, il a fini de voir tant de malheurs ; sa gloire va augmenter : moi seule, je l’ai perdu ; il faisait le bonheur de ma vie. […] Si je n’avais pas des devoirs à remplir, je crois que j’aurais eu le courage de finir ma carrière, qui m’est odieuse.
Le troisième acte n’est pas fini. […] Quand on tient son monde et qu’on l’a une fois dans la main, il est plus sûr d’en finir avec lui, séance tenante. […] On n’a juste que le temps de se battre, pour que la pièce finisse avant que l’horloge ait sonné la même heure que la veille au moment où l’action commençait. […] Elle fait l’objection raisonnable contre la règle des vingt-quatre heures : « Sire, quelle apparence à ce triste hyménée, Qu’un même jour commence et finisse mon deuil, Mette en mon lit Rodrigue, et mon père au cercueil ! […] Tout est bien qui finit bien. » III.
Bien plus, à l’origine, ils sont tous vivants, et, pour ainsi dire, chargés de sensations, comme un jeune bourgeon gorgé de sève ; ce n’est qu’au terme de leur croissance, et après de longues transformations, qu’ils se flétrissent, se roidissent et finissent par devenir des morceaux de bois mort. […] Un homme au collège s’est laissé dire qu’un vers est une ligne de douze syllabes sans élisions, laquelle finit par un son pareil à celui de la ligne voisine ; tout le monde peut fabriquer des lignes semblables, c’est affaire de menuiserie ; d’ailleurs il se souvient qu’il en a fait en latin, presque aussi bien que Claudien, bien plus joliment que Virgile ; maintenant que le voilà inspecteur des douanes, officier en retraite, il rabote et aligne des vers, compose des fables, traduit Horace, exactement comme d’autres, ses confrères, confectionnent des boîtes et des bilboquets avec un tour. Pour moi, j’aimerais mieux être obligé de commander une armée, que d’écrire ces terribles lignes non finies ; je trouve plus difficile de composer six beaux vers que de remporter une victoire ; en pareil cas du moins j’aurais la chance d’avoir un imbécile pour ennemi ; mes généraux me remplaceraient ; et il y a telle occurrence où les soldats tout seuls ont gagné la bataille. […] 200 — C’est que les vers sont tout autre chose que des lignes non finies. […] Toutes s’opposent trois par trois à intervalles symétriques, et, si la symétrie manque à la dernière, c’est pour finir la phrase par un son plus plein et plus viril ; les mètres se disposent en deux rangées séparées et régulières, et la période est une strophe.
Par des artifices simples, servant un génie psychologique singulièrement subtil, il dessine sur ses pages des individus aussi complètement organisés que les êtres réels dont les images se gravent dans notre cerveau ; la vraisemblance atteinte est telle, que ces fantômes d’un livre muet contraignent notre croyance, et finissent par produire en nous une illusion plus idéale mais aussi forte que celle qui enchaîne notre intérêt aux passions fictives d’un personnage scénique. […] Tourguénef arrive à cette hallucination par le fini de ses portraits. […] Enfin il l’a magistralement repris dans Terres vierges, sans un oubli de détail, avec une pénétration psychologique, une maturité d’art, qui mettent ce livre du petit nombre des romans supérieurs du siècle ; l’atrophie éclate avec tous ses symptômes définis ; elle mine peu à peu les conditions premières de la vie et finit par détruire fatalement l’organisme, qu’elle ravage. […] Mais toute sa vie, quand la vieillesse arrive, se résume en ce zéro : « Des paroles, toujours des paroles, jamais d’actions. » Roulant ainsi d’entreprise en entreprise, de place en place, d’un pays à un autre, il finit par se faire obscurément et inutilement fusiller sur une barricade, à l’étranger, sans armes, et lorsque l’émeute est déjà réprimée. […] La rudesse de son œuvre, cette tension continuelle de son énergie vacillante, lui donne des étourdissements, et finit par l’alanguir.
Les lieux de la souffrance et de l’épreuve finissent par avoir une sorte d’amère douceur qui, plus tard, les fait regretter. […] En 1598, pendant que le comte d’Essex ravageait l’Irlande ayant à son chapeau un gant de la vierge-reine Élisabeth, il fit les Deux gentilshommes de Vérone, le Roi Jean, Peines d’amour perdues, la Comédie d’erreurs, Tout est bien qui finit bien, le Songe d’une nuit d’été et le Marchand de Venise. […] C’est, par exemple, sur une simple note de Mères, auteur du Trésor de l’esprit, qu’on est forcé d’attribuer à la seule année 1598 la création de six pièces, les Deux gentilshommes de Vérone, la Comédie d’erreurs, le Roi Jean, le Songe d’une nuit d’été, le Marchand de Venise et Tout est bien qui finit bien, que Mères intitule Peines d’amour gagnées. […] Tout est bien qui finit bien eut successivement deux arrangeurs, Pilon pour Hay-Market, et Kemble pour Drury-Lane. […] Au dix-huitième siècle, la raillerie obstinée de Voltaire finit par produire en Angleterre un certain réveil.
Mais mon chapelet, il faut que je le dise, la nuit est là : j’aime à finir le jour en prières. » Le 20 novembre. […] Ainsi finit mon année auprès d’une lampe mourante. » Quelle inimitable mélancolie ! […] Noël passe, le jour de l’an renouvelle tout, excepté le cœur : le carnaval marche, finit ; voilà le mardi gras, avec ses grelots de folie, qui passe aussi en chantant. […] Que Dieu nous le conserve et ajoute à ses années tant d’années que je ne les voie pas finir ! […] Tout le monde bâille en comptant les heures qui jamais ne finissent.
À peine rentré dans ma solitude, je finis d’abord de développer l’Agis. […] Mais, même avec mes chevaux, je ne pus supporter cette perpétuelle et incessante tension des fibres du cerveau, et si la goutte, plus sage que moi, ne fût venue y faire trêve, j’aurais fini par devenir fou ou par défaillir de faiblesse, car je dormais fort peu et ne mangeais presque plus. […] « Cependant s’était allumée entre la France et l’empereur cette guerre funeste, qui finit par devenir générale. […] Il y a des âmes où les plus grandes passions finissent comme les plus vulgaires amours ! […] Il fallait finir une fois, finir de mon propre mouvement et sans y être forcé.
Maintenant, c’est fini, bien fini. » Le président n’insista plus, se leva lentement et vint à sa femme. […] Et l’histoire finit de la manière la plus banale du monde. […] Quand j’avais fini, il me disait : Encore ! […] Quand il y a quarante ans qu’on fait cette besogne, cela finit par devenir bien insipide. […] Tout était fini !
Celles qui avaient de la terre végétale pure finirent par être robustes et presque insensibles : un coup de baguette sur leur feuillage le faisait bien se replier, mais il se redressait presque aussitôt. […] Réciproquement, l’expression volontaire d’un sentiment qu’on n’éprouve pas encore le fait naître, en faisant naître les sensations qui lui sont liées et qui, de leur côté, s’associent aux sentiments analogues : l’acteur qui exprime et simule la colère finit par ressentir, en une certaine mesure, de la colère. […] Les mouvements expressifs, associés entre eux selon les lois que nous avons passées en revue, finissent par se fixer et par laisser des traces non seulement dans les attitudes passagères, mais dans cette sorte d’attitude permanente qui est la forme des traits. Ceux qui vivent de la même vie, ceux dont les cœurs ont toujours battu du même battement, finissent souvent par acquérir un type commun de physionomie. […] Les diverses races d’hommes offrent par cela même des différences de physionomie et, dans une même race, les diverses nations finissent par avoir une expression particulière qui les révèle63.
Cette manière de ne considérer qu’un seul côté dans tous les objets, et de les présenter toujours dans le même sens, est ce que l’on peut imaginer de plus fatigant, dès qu’on n’est pas susceptible de l’esprit de parti ; et l’homme le plus impartial, témoin d’une révolution, finit par ne plus savoir comment retrouver le vrai, au milieu des tableaux imaginaires où chaque parti croit montrer la vérité avec évidence. […] Jamais il n’existe un esprit de parti, sans qu’il en fasse naître un autre qui lui soit opposé, et le combat ne finit que par le triomphe de l’opinion intermédiaire. […] La puissance guerrière est une puissance toute d’impulsion, et il n’y a que de la guerre dans l’esprit de parti ; car tous ces principes constitués pour l’attaque, ces lois servant d’arme offensive, finissent avec la paix, et la victoire la plus complète d’un parti, détruit nécessairement toute l’influence de son fanatisme ; rien n’est, rien ne peut rester comme il le veut. […] Mais quand la fluctuation des idées ramène les affaires au point juste et possible, la puissance, la considération de l’esprit de parti est finie, le monde se rassoit sur ses bases ; l’opinion publique honore la raison et la vertu ; et cette époque inévitable peut se calculer comme les lois de la nature ; il n’y a point de guerre éternelle, et point de paix cependant sous la dictée des passions, point de repos sans accord, point de calme sans tolérance, point de parti donc qui, lorsqu’il a détruit ses ennemis, puisse satisfaire ses enthousiastes.
Il gardera son équipage en faveur de sa pourpre ; je suis persuadée avec joie que sa vie n’est point finie. […] Pourtant, comme on suppose que les dernières parties en ont été écrites vers cette époque de 1675-1676, il serait téméraire de dire qu’une pensée de ce genre n’ait pas fini par germer dans le cœur du cardinal de Retz. […] Ainsi finit avec douceur et dignité celui qui n’avait jamais eu en lui ce qu’il fallait pour être un révolutionnaire complet, et qui, dans ses plus grandes hardiesses, s’arrêta toujours plus qu’à mi-chemin en deçà de Machiavel ou de Cromwell. […] Nous approchons d’une époque de vœux et de souhaits ; je ferai le mien : Puissent tous les factieux, tous les agitateurs, tous ceux qui ont passé leur vie à remuer les parlements et les peuples, finir aussi doucement, aussi décemment que le cardinal de Retz, se ranger comme lui sous la loi de la nécessité et du temps, jouer comme lui en vieillissant au whist, au cartésianisme, à la philosophie de leur temps (s’il y a encore de la philosophie), rester ou redevenir parfaitement aimables, causer avec des Sévigné s’ils en rencontrent, et, en écrivant leurs mémoires, les remplir des maximes de leur expérience, les rendre piquants, amusants, instructifs, mais pas tellement entraînants toutefois qu’ils donnent envie après eux de les imiter et de recommencer de plus belle !
Ces âmes tourmentées de l’amour divin en inventèrent d’extraordinaires, et qui finirent bientôt par atteindre le ridicule et l’absurde. […] Et quand il n’est pas de force à faire des trouvailles de noms, comme le Tartuffe, Gobseck, ou Monsieur Alphonse, qui ont fini par rester attachés à des classes d’individus tout entières, il fera mieux de renoncer à ce procédé. […] Si Théophile Gautier annonça vingt ans durant son Capitaine Fracasse, nom dont il aimait la puissante sonorité, il finit du moins par le faire paraître. […] Le tome I : le Vice suprême est en opposition parfaite avec le tome XIV et dernier : la Vertu suprême, et l’on note encore : VIII, l’Androgyne, IX, le Gynandre, X, le Panthée, XIII, Finis Latinorum.
Nous y voyons Malherbe, honoré, fêté, chéri, y finir sa carrière ; le grand Corneille, distingué, encouragé, soutenu, y commencer la sienne ; et le sage, le vertueux, le sévère Montausier y fixer les vœux de la mère pour sa fille, et devenir maître de l’esprit et du cœur de Julie. […] Mais on voit dans les lettres de Mad. de Sévigné et dans d’autres documents que les femmes les plus illustres qui brillaient à l’hôtel de Rambouillet lorsqu’il a fini, étaient disciples et admiratrices passionnées de Descartes.
Son faux Contrat social et le vrai contrat social (3e partie) I Finissons-en avec les théories imaginaires de ces législateurs des rêves, qui, en plaçant le but hors de portée parce qu’il est hors de la vérité, consument le peuple en vains efforts pour l’atteindre, font perdre le temps à l’humanité, finissent par l’irriter de son impuissance et par la jeter dans des fureurs suicides, au lieu de la guider sous le doigt de Dieu vers des améliorations salutaires à l’avenir des sociétés. […] L’énumération de tous ces devoirs sociaux dont le Contrat social selon l’esprit a fait des devoirs ne finirait pas ; je m’arrête. […] C’est la civilisation des sens, beau phénomène, mais phénomène court comme le temps, borné comme l’espace, fini comme la poussière organisée, périssable comme la mort. Il a donné à l’homme une âme pour communiquer par la pensée avec Dieu, son créateur, et pour perfectionner cette âme par la vertu, travail surhumain de l’humanité mortelle dont la vie immortelle est le salaire dans un temps qui ne finit pas, c’est-à-dire dans l’éternité rémunératrice. La société politique et civile est le milieu composé de devoirs mutuels dans lequel l’homme trouve à exercer son âme militante et perfectible à cette vertu dont la société vit, mais dont le mérite ne finit pas ici-bas ; c’est la civilisation spiritualiste de l’âme humaine.
Quand j’eus fini, j’écrivis à Louis de Vignet que je l’avais reconnu et que je le priais de m’avouer son subterfuge ; on m’écrivit de Paris quelques jours après, pour me nommer l’auteur de cette belle diatribe. […] J’y prenais tour à tour le ton de tous les prophètes, et je finissais par Job, le plus poëte de tous. […] Il le finit, ou il le fit finir par une main inconnue, et je fus très-étonné, en arrivant de Naples, de le lire tout autrement conçu et autrement rédigé qu’il n’était dans mon esprit et signé de moi. […] Pauvres petits enfants, qui demandez sans cesse À votre père en deuil ce que c’est que la mort, Et pourquoi vos berceaux s’éveillent sans caresse, Et quand donc finira le sommeil qu’on y dort ; Taisez-vous, grandissez ! […] Il ne pensait pas ainsi, car il donna en ce temps-là un dîner célèbre de coalition aux députés les plus illustres par leur éloquence, tels que Berryer, Mauguin, etc., et il porta un toast au dessert dans lequel il dévoila sa pensée. « Du reste, dit-il en terminant, et en buvant à la santé du cardinal de Richelieu, tout ceci finira bientôt, non par un militaire, non par un orateur, mais par un cardinal. » C’était se désigner lui-même comme le terme de la révolution.
Tout finit, grâce au quaker qui fournit la dot, par un mariage par-devant notaire, ce que Betty trouve assez inutile : Quoi ! […] « Je n’ai jamais fait dans ma vie qu’une méchanceté », lui disait un jour Rulhière. — « Quand finira-t-elle ? […] Il était de ceux qui excellent à tirer de tout l’amertume, et qui justifieraient ce vers : La rose a des poisons qu’on finit par trouver. […] Il avait tellement la passion et la frénésie du célibat, que, s’il l’avait pu, le monde finissait à lui. […] Il est temps que cela finisse. » En effet, il répétait souvent en 91 et en 92 : « Je ne croirai pas à la Révolution tant que je verrai ces carrosses et ces cabriolets écraser les passants. » Il y a bien de ces ressentiments personnels sous les grandes théories politiques.
Que je ferme les yeux, que je m’absorbe dans une rêverie profonde, que je me rappelle fortement les circonstances dans lesquelles j’ai reçu un coup, je pourrai finir par me persuader un instant que je le reçois, plus ou moins fort ; je pourrai tressaillir comme si on me frappait encore. […] Shelley, au contraire, fut au moins une fois victime des sollicitations produites par ses idées, qui finissaient par agir en lui comme des forces indépendantes de son vouloir. […] Il en résulte un curieux effet de perspective intérieure : toutes nos images finissent par se ranger spontanément et se classer comme dans une sphère dont nous occupons le centre et dont la circonférence semble se dilater ou se concentrer tour à tour. […] Spencer lui-même finit par reconnaître que « le changement incessant n’est pas la seule chose nécessaire pour constituer une conscience et une mémoire ». […] Par l’habitude acquise ou héréditaire, les procédés mécaniques deviennent de plus en plus inconscients et finissent par être du pur automatisme : c’est ce qui arrive, par exemple, chez le pianiste, dont les doigts fonctionnent avec l’exactitude d’un instrument de précision.
On y verrait si on ne l’a pas ressuscitée autant qu’on l’a pu, cette société morte ; si on ne l’a pas exaltée comme un idéal fini, il est vrai, mais charmant et toujours délicieux à contempler dans les petits trumeaux de placage qu’on lui a dressés de toutes parts ! […] Né avec des aptitudes pour l’histoire dont il n’a pas tiré le grand parti qu’on pouvait attendre, élevé d’horizon, mais superficiel ; d’un coup d’œil pressé comme l’est le coup d’œil d’un homme du xixe siècle, d’un de ces hommes chauffés à la vapeur de leur temps, qui manquent le fini dans les arts et, dans l’histoire, brusquent l’exactitude et atteignent rarement la profondeur, M. […] on le dirait écrit par Mme Du Barry elle-même, Mme Du Barry vieillissant, qui songe à bien finir, mais qui hésite… C’est spirituel quoiqu’un peu fade ; c’est un peu libertin, un peu sentimental, mais c’est encore joli. […] Capefigue, qui n’y a pas assisté pourtant, s’est laissé enivrer aux soupers divins, comme il dit, où l’on buvait et l’on mangeait l’honneur de la France, et d’ivresse en ivresse, il a fini par épouser des deux mains et les yeux fermés la honteuse époque qu’un esprit comme le sien aurait dû répudier avec le mépris qu’elle inspire. […] XIII Il faut pourtant en finir avec le dix-huitième siècle !
« Pour lui faire plaisir, on finit par ouvrir un sabord, bien que ce fût encore dangereux, la mer n’étant pas assez calmée. […] Pour assurer l’unité, et pour marquer le mouvement, il faut savoir où l’on doit commencer et où l’on doit finir. […] Pascal, qui a fait une si profonde réflexion sur le travail de l’écrivain, et qui, là comme en toute chose, a vu plus nettement et plus loin que personne, a remarqué la peine que donne cette recherche nécessaire : « La dernière chose qu’on trouve en faisant un ouvrage est de savoir celle qu’il faut mettre la première. » Et soit qu’on ait parlé, ou entendu les autres parler, n’a-t-on pas pu remarquer souvent comme il est difficile de finir ?
Seulement, cette brise de l’esprit finit par ne plus rafraîchir son âme, quoiqu’elle y fit toujours ces plis charmants qui sont des rires ou des sourires. « On la croit sèche, — dit Sainte-Beuve, cité par M. de Saint-Aulaire, — et elle ne l’est point. […] On le donne et on le reçoit. » On n’en finirait pas de citer ces plaintes incessantes contre cet ennemi des autres et d’elle-même qui la tient et l’opprime, cette heureuse d’un siècle si amusant et si amusé ! […] Elle n’était pas une minute sans tirer le fil de cette quenouille, sans le mouiller de cette salive qui a bien fini par tarir.
Le rire, comprimé par la Révolution, repartit, quand elle fut finie, avec une force de gaieté, la vraie furie française ! […] Bonhomme, qui a les nerfs voltairiens, s’écrie : « L’acharnement de Collé contre Voltaire finirait par agacer, s’il n’était pas si amusant ! […] Il était léger et consistant, et, pour finir par une comparaison du Caveau appropriée au chansonnier qu’a pleuré Laujon, je dirai que son esprit ne ressemblait point à cette eau sucrée d’un verre de champagne couronné de son écumé, mais au verre de Saint-Péray mousseux, qui a l’essence sous sa mousse !
Et n’y en aurait-il plus — tout serait-il fini dans le cœur humain — qu’il faudrait les publier encore, comme on élève un autel dans la solitude, pour l’honneur de Dieu ! […] Si on avait prévu la Sainte, on aurait été plus insolent encore… La Sainteté, en effet, c’est par là que devait finir cet incomparable amour, qui passa, sans s’éteindre, de la terre au ciel. […] Elle finit même par idéaliser ce nom « d’ami », insupportable de femme à homme, dans l’amour, si la femme n’était pas elle.
L’un, — celui du grotesque mysogine Schopenhauer, — par la suppression de l’amour, avec ou sans opération ; c’est la philosophie de la chanson fameuse : Oui, pour un rien, Oui, pour un rien, Nous laisserions finir le monde, Si nos femmes le voulaient bien ! Et l’autre, celui de Hartmann, — moins intelligible, qu’il appelle l’inanition, qui n’est pas, comme on pourrait le croire, l’action vulgaire de mourir de faim, — et qui, bien plus expéditif que celui de Schopenhauer, finirait le monde à un moment donné et à la même minute. […] Finissons.
L’erreur, d’ailleurs, glisse beaucoup moins quand elle est carrée, et je sais mieux ainsi par où la prendre pour la renverser… Il était matérialiste comme la plupart des médecins, ces grands tripoteurs de matière, qui finissent par s’en aveugler… Et justement, en ces temps derniers, le matérialisme a beaucoup remué, sans arriver à rien, cette question des inhumations qui est pour lui la question définitive. […] … Après cela, tout a été fini, — et ils sont allés, fiers comme des paons, écouter la Patti et souper, croyant avoir fait une grande œuvre, insoucieux de la mort qui a déjà la main sur eux ou sur leurs proches ! […] Mais le docteur Favrot, qui, en sa qualité de matérialiste, ne se préoccupe pas beaucoup d’ordres religieux, passe outre sur cette question, dont il ne se doute pas, comme sur toutes les autres, et son livre finit tout à coup sans que sur aucun point on soit, comme on le voudrait, édifié.
Il avait commencé par l’inspiration de Desportes ; il finit par celle de Dorât. […] , La Buveuse de sang, Le Printemps, Le Cierge, et surtout les vers à Charles Baudelaire, — qui sont certainement les plus beaux du recueil, — et ceux-là encore qui finissent, à chaque strophe, par ce mouvement d’un désespoir si doux et d’une si magnifique lassitude : O ! […] Organisé pour être un poète, qu’il ne revête pas sa poésie de formes épuisées ; qu’il n’enferme pas sa pensée dans ce symbolisme païen, le cercueil de tout un monde fini !
Avant qu’on sût bien — nous, du moins, qui ne fûmes pas ses contemporains, — ce qu’il fut en réalité, cet illustre poète d’une époque finie ; avant la savante édition de Prosper Blanchemain, laquelle complète et résume toutes les éditions antérieures, on pouvait croire, et moi-même je l’ai cru longtemps, que Ronsard n’était plus qu’un nom et qu’une date, une de ces comètes qui ne font que passer dans une littérature et dont parlent entre eux les astronomes. […] Mais tous, tous, tant qu’ils aient été et quoi qu’ils soient, ont été plus ou moins trempés dans ce cuvier de couleur vermeille qui est la couleur de la vie et de la poésie de Ronsard, et dont ceux-ci sont ressortis écarlates, ceux-là pourprés ou seulement roses, mais tous érubescents, tous teints de cette ardente couleur de la vie que les xviie et xviiie siècles, voués à l’incolore, avaient effacé partout et fini par ne connaître plus ! […] Il avait vécu de la grande existence de la haute société de son temps, et il s’en était blasé vite, comme les grandes imaginations qui dominent tout et qui finissent par être de grandes dégoûtées.
Catulle Mendès a tant lu Victor Hugo ; il l’a évidemment tant aimé ; il s’est tellement imprégné, imbibé, pénétré de sa substance, qu’il est devenu presque un avec lui, et qu’il a fini par lui ressembler comme les Ménechmes se ressemblent. […] Quelque Narcisse qu’on puisse être, et quelque plaisir orgueilleux qu’on prenne à se regarder dans les autres, devenus des miroirs flatteurs, on finit par se fatiguer et par s’inquiéter d’une répercussion si complète et si fidèle de son moi… On est moins soi-même à ses propres yeux. […] Il est de cette race disproportionnée dans laquelle la nature de l’homme disparaît pour faire place au rêve d’un poète qui, même dans ses autres œuvres plus fortes, plus mûres et plus finies, a toujours caressé l’affreuse chimère du monstrueux.
Victor Hugo, même aux plus chaudes années de sa jeunesse, est bien tiède et bien transi dans son amour fanfaron de la forme et de la beauté, en comparaison d’Edgar Poe, de ce poëte et de cet inventeur qui a la frénésie patiente, quand il s’agit de donner à son œuvre le fini… qui est son seul infini, hélas ! […] Historiquement, il finit par s’empoisonner lui-même. […] Baudelaire, un suicide, la mort bohême, finit la vie bohême d’Edgar Poe. « Un malin, dans les ténèbres du petit jour, raconte amèrement M.
La plus tracassée à coup sûr de toutes celles qu’on agite dans ce livre, elle y est suspendue, à ce qu’il paraît, aux reins de ce râblé, qui, de prêtre, finit par se faire imprimeur et par épouser, pour le bonheur et la gloire de poser cette question du mariage des prêtres devant l’autorité civile, une abominable souillon, comme disait Francisque Sarcey l’autre jour, avec une délicatesse digne de la chose. […] Il laisse ses ouailles, vole à Rome, où il est volé, détail délicat, par un monsignore italien qui lui fait payer des audiences qu’il ne lui livre pas, brise une grille de l’église du couvent où sa sœur est enfermée, la délivre, après des aventures que j’ose supprimer, de contrebandits honnêtes et de policiers scélérats, revient à Paris avec elle et fonde un journal à la barbe de ces Révérends Pères, qui n’en auront pas le démenti pourtant, car ils le font renvoyer du diocèse de Paris, puis interdire, puis maudire dans un concile provincial, et enfin crever de désespoir, puisqu’il faut que tout finisse, dans un hôpital des Pyrénées ! […] Eugène Sue, l’écrivain des Mystères du Peuple, plus bas de ton que les Mystères de Paris, Eugène Sue, qui, au début de sa vie littéraire, se vantait d’être anti-canaille, et qui a fini par effacer l’anti dans ce mot, a travaillé, en badigeon grossier, pour cette littérature.
Assis sur les marches, fumant sa, pipe, il finissait de vivre, oisif, puisque son ouvrage à lui était fini. […] Elle ne durait pas longtemps et finissait mal. […] La leçon finissait mal. […] … Mon père finit par céder, ou plutôt par en avoir l’air. […] Il se défendit longtemps, puis finit par céder à l’insistance de tous.
Dans les lectures d’histoire qu’on lui fait faire, il lui semble qu’il n’y a pas de roi préférable à Louis XII ; l’écho des victoires l’atteint peu ; et cependant elle a aussi la marque de son temps, et lorsqu’il vient là pendant quelques jours un beau monsieur de Paris, très riche, très gai, très galant pour elle, et qui cause politique avec Mme de Coigny, qui apporte les dernières nouvelles et les commente avec cet esprit de dénigrement propre aux salons, elle n’est pas séduite, elle aperçoit d’abord ce qui manque à l’élégant monsieur, en fait de chevaleresque, et celle dont le cœur est destiné à des cœurs braves, finit par ce trait en le dépeignant : « Et puis il n’a été à aucune bataille, et c’est vraiment ridicule30. » Mme de Coigny aime les longues lectures régulières et qui se continuent, qui occupent et reposent : on lit donc Rulhière, Histoire de l’anarchie de Pologne, toutes les Révolutions de Vertot, La Guerre de Trente Ans de Schiller, Le Siècle de Louis XIV ; toutes ces lectures ne sont pas également intéressantes. […] Rulhière, qui n’en finit pas. Mme de Coigny est folle des princes Pulawski ; je les aime aussi, mais je trouve toujours que les personnages n’ont pas l’air vrais, et ne sont pas touchants comme le Falkland des Rébellions de Clarendon. » Et enfin, après quelques jours encore : « Ce matin, nous avons fini l’Histoire de Pologne. […] Elle est d’avis que tous les âges ont leur joie, et, tout en sentant ce qu’elle a perdu, elle n’est pas envieuse contre la jeunesse : « J’aide à Mme de Coigny à finir ses petites bandes de tapisserie ; elle dit qu’il n’y a plus à présent d’autres fleurs pour elle dans le monde que celles quelle fait à l’aiguille, mais que le monde est tout plein devant moi de véritables fleurs. » Cependant la différence des sensations est continuelle, et l’on a sur chaque point comme une double note comparable entre les réflexions sensées de ce tiède hiver et les joies folâtres de ce jeune printemps : Avant dîner, nous avons été nous promener à la pluie, armées de parasols. […] Elle-même avait fini par l’envisager volontiers de cette manière, la seule raisonnable : Les difficultés m’effraient, et si je ne puis pas les surmonter, il faudra bien que je me contente à mon tour de biographies et d’extraits.
Aussitôt qu’intervient le langage, je ne dispose plus que d’un nombre fini de termes pour exprimer les nuances en nombre infini que mes impressions pourraient revêtir. […] Quand une loi a reçu une confirmation suffisante de l’expérience, nous pouvons adopter deux attitudes, ou bien laisser cette loi dans la mêlée ; elle restera soumise alors à une incessante révision qui sans aucun doute finira par démontrer qu’elle n’est qu’approximative. […] D’ailleurs il faut aboutir, et pour cela il faut bien finir par quitter l’abstraction pour prendre le contact de la réalité. […] Les Français et les Allemands finiraient certainement par s’entendre, comme les Indiens d’Amérique ont fini par comprendre la langue de leurs vainqueurs après l’arrivée des Espagnols.
Il n’y a pas à chercher finesse, et le soin qu’on met souvent à inventer un exorde, à trouver une entrée en matière, à hausser le ton dans la péroraison, et à finir par un mot fort ou fin, par un effet, ce soin est une puérilité. […] Mieux vaut laisser les choses dans leur naturelle incohérence et, quand on a fini de l’une, passer bonnement à l’autre sans plus de cérémonie.
Quand l’architecte a fait ses plans, son œuvre est finie, celle du maçon commence. […] Bien plus : à l’origine, ils sont tous vivants et, pour ainsi dire, chargés de sensations, comme un jeune bourgeon gorgé de sève ; ce n’est qu’au terme de leur croissance, et après de longues transformations, qu’ils se flétrissent, se raidissent, et finissent par devenir des morceaux de bois mort.
Après tout, il n’est peut-être pas si fini que ça. […] Il y a dans les ultimes chapitres — et je suis heureux, après des compliments que de mauvais esprits craindront énigmatiques, de finir sur une louange sincère : — il traîne en queue de roman une intrigue de juge d’instruction où Mme Fénigan croit son mari assassin, tandis que son mari la suppose coupable, et que c’est au juste un vieux braconnier qui a fait le coup, il y a là un de ces quiproquos à triple détente, d’un comique irrésistible, et dont M.
Promets-moi d’avoir fini dans dix minutes, et je vais le servir d’un petit vin… je ne te dis que ça… d’un petit vin comme le tyran n’en boit pas. […] Il n’aura jamais fini.
Rien n’égale l’ingéniosité, l’habileté, la conscience déployées dans ce travail, où mots et idées finissent par se caser comme en une mosaïque très compliquée. […] Mais, à force de « panthéisme » et d’« objectivité », le poète a fini par perdre ce don de l’émotion sympathique qui fait le fond même de la poésie. […] Qui sait, après tout, si regarder obstinément, ce n’est point finir par voir ? […] Toute cette poésie est d’une grâce, d’un fini dans le coloris, qui fait songer à ces merveilleuses porcelaines où des roses qui ravissent s’allient à des bleus d’une douceur de rêve. […] Et cette éloquence, parfois, est voisine de la rhétorique, même dans les meilleurs pièces, comme le Navire, qui finit par une imprécation bien connue.
Jouffroy (car, avec tout mon désir de le laisser en dehors de cette critique, je ne puis tout à fait l’omettre), Jouffroy n’avait rien du comédien et était sérieux ; il a fini par mourir de ce qui a fait vivre les autres. […] Dans sa période d’orgueil et d’audace, il écrivit un article fameux : « Comment les dogmes finissent ». […] C’était une description large, transparente et très significative, des divers degrés de décroissement dans la foi par où passent les antiques religions avant de finir, et il indiquait en même temps sa manière de concevoir les croyances recommençantes. […] Mignet n’a-t-il pas même mentionné ce morceau capital : « Comment les dogmes finissent », qui donne la clef de M.
Tiècelin, le Corbeau, goûte la flatterie ; il ouvre la bouche et jette un cri ; mais, comme il ne tient pas le fromage dans le bec, il ne le laisse pas tomber du premier coup ; la fable serait trop tôt finie. […] Chantez donc encore une fois. » Tiècelin, qui veut avoir le prix du chant, s’y met tout entier ; il s’écrie à haute haleine, mais il ne sut si bien faire, quelque peine qu’il se donnât, que son pied droit ne s’en desserrât et que le fromage ne tombât à terre, tout juste devant les pieds de Renart. — Vous croyez la fable finie ; pas le moins du monde. […] La fable n’est pas finie ; n’oublions pas qu’avec les trouvères nous sommes dans le récit épique : il ne s’agit pas de faire une fable courte, qu’on lit dans un livre, mais de réciter une action qui se développe, qui tient un auditoire en suspens et qui fait la joie du vilain. […] Il commence et il finira par prier le Dieu qui mourut en croix d’avoir pitié des âmes de tous ceux qui combattirent ce jour-là, et qui sont morts la plupart au moment où lui, trouvère, il raconte : tous tant qu’ils sont, soit Bretons, soit Anglais, il ne les sépare point dans sa prière.
Tantôt, flottant entre un passé gigantesque et un éblouissant avenir, égarée comme une harpe sous la main de Dieu, l’âme du prophète exhalera les gémissements d’une époque qui finit, d’une loi qui s’éteint, et saluera avec amour la venue triomphale d’une loi meilleure et le char vivant d’Emmanuel ; tantôt, à des époques moins hautes, mais belles encore et plus purement humaines, quand les rois sont héros ou fils de héros, quand les demi-dieux ne sont morts que d’hier, quand la force et la vertu ne sont toujours qu’une même chose, et que le plus adroit à la lutte, le plus rapide à la course, est aussi le plus pieux, le plus sage et le plus vaillant, le chantre lyrique, véritable prêtre comme le statuaire, décernera au milieu d’une solennelle harmonie les louanges des vainqueurs ; il dira les noms des coursiers et s’ils sont de race généreuse ; il parlera des aïeux et des fondateurs de villes, et réclamera les couronnes, les coupes ciselées et les trépieds d’or. […] Il avait reçu comme une lettre morte les traditions du règne qui finissait ; il s’y attacha obstinément ; ses antipathies littéraires et sa jalousie contre les talents rivaux l’y repoussèrent chaque jour de plus en plus ; il tint pour le dernier siècle, parce que le petit Arouet était du nouveau. […] Au lieu de la feuille séchée, le texte donne : « Mon pèlerinage est fini ; il a été emporté comme la tente du pasteur. » Qu’est devenue cette tente du désert, disparue du soir au matin, et si pareille à la vie ? […] Cette strophe commence avec éclat, puis finit en détonnant ; cette métaphore qui promettait avorte ; cette image est brillante, mais jure au milieu de son entourage terne, comme de l’argent plaqué sur de l’étain.
S’ils commencent par là, par où finiront-ils ? […] Je disais aux platanes : « Adieu, mes chers amis, « et aux bassins : « C’est fini, nous ne nous verrons plus. » Il y avait dans le jardin un grenadier dont les belles fleurs rouges s’épanouissaient au soleil. […] Dès lors, c’est fini de rêver. […] Et la conversation continue sur ce ton… Pas la moindre émotion de se voir, rien à se dire, rien… Le litre fini, le fils se lève.
Il faut bien discerner le moment où l’action doit commencer et où elle doit finir, bien choisir le nœud qui doit l’embarrasser et l’incident principal qui doit la dénouer, considérer de quels personnages secondaires on aura besoin pour mieux faire briller le principal, bien assurer le caractère qu’on veut leur donner. […] Il divise les fables, en fables simples et en fables implexes ; il appelle simples, les actions qui, étant continues et unies, finissent sans reconnaissance et sans révolutions ; il appelle implexes, celles qui ont la révolution ou la reconnaissance, ou, mieux encore, toutes les deux. […] Celui qui méditait de se venger, se venge ; celui qui, dès le commencement, était dans le malheur, y succombe : et tout est fini. […] Si c’est l’homme de bien qu’on nous retrace dans le malheur et la disgrâce, son malheur, à la vérité, nous afflige et nous épouvante, mais comme ce malheur ne change par aucune révolution, il nous attriste, nous décourage, et finit par nous révolter.
26 » Vaincu par l’évidence, M. de Gourmont lui-même finit par écrire ceci : « Fénelon serait plus grand écrivain, s’il avait osé davantage. […] Pour finir de réhabiliter Télémaque, on prétend que Fénelon a écrit comme on écrivait de son temps. « En prose et en vers, dit-on, les écrivains du dix-septième siècle évitaient soigneusement l’éclat, la violence, tout excès d’imagination. » Ceci est peut-être vrai en général, et encore pourrait-on discuter ; mais la preuve que tous les écrivains de son époque n’écrivaient pas comme Fénelon, c’est qu’il y a eu des gens comme Bossuet, qui incarne précisément la violence, l’éclat, l’imagination, qui ne recule devant aucune audace, crée son style et donne à sa langue l’originalité de la Bible et des meilleurs Pères de l’Eglise. […] A bout d’arguments, on finit par m’accuser de n’avoir pas lu Télémaque, et on se demande même si j’ai lu les Dialogues sur l’éloquence.
Et en effet, cet éternel ruminement sur Lord Byron d’une mémoire qui a deux estomacs et, qui remâche tout ce qu’elle a avalé, finit par être terriblement impatientant… On s’attend toujours, en ces Premières et Dernières Années de lord Byron, à une notion inconnue qui va paraître, à un aperçu, si petit qu’il soit, qui va jaillir et rien ne vient ! […] IV Mais il faut conclure et finir sur un livre qui ne prendra personne. […] Mais c’est la seule illustration et c’est aussi la seule gaieté à recueillir pour les gens qui aiment à s’amuser un peu, dans ce torrent de bavardages, de vocalises et d’échos qui sonnent creux sur une si grande mémoire… et qui finissent par ennuyer.
Et croit-on qu’après avoir entassé tout cela nous ayons fini sur le compte de ce bon littérateur de Tallemant des Réaux, auquel on délivre un brevet d’illustration personnelle avec une si aimable facilité ? […] Nous n’avons point fini encore. […] Tant de légèreté en des esprits qui devraient être si mûrs nous étonne… Dès le temps de Tallemant des Réaux déjà, pour les hommes d’alors qui savaient observer, mais surtout pour nous qui reprenons l’histoire à revers et qui pouvons la remonter de marche en marche, il est cependant bien aisé de voir que tout était fini de cette majestueuse société qui défilait si majestueusement encore le long des galeries de Versailles, couverte d’or, de pourpre et de soie, et dont la sanie tombée, les guenilles immondes, la poussière cadavéreuse, s’appellent si joliment des Historiettes sous la plume stupide d’un bourgeois sans portée qui veut s’amuser.
Louis XVI et sa cour37 I Par un hasard qu’il a certainement le droit d’appeler heureux, Amédée Renée eut, dit-il, l’honneur inespéré d’être choisi pour finir, par un dernier volume, cette histoire de Sismondi que son auteur devait conduire jusqu’à la Révolution française, quand, arrivé au règne de Louis XVI, il fut emporté par la mort. Si, à défaut d’une identité impossible, continuation implique ressemblance ; si finir un livre commencé est, de rigueur, se substituer plus ou moins à l’auteur dans l’esprit et la manière de son ouvrage, l’honneur qu’on fit à Renée dut tout d’abord lui causer beaucoup d’embarras. […] Seulement, commencé par l’ivresse de l’espérance, ce livre, qui n’embrasse qu’un si petit nombre d’années, finit bientôt par le jugement du désespoir.
Il a le calme des choses finies. […] il n’en fut pas moins endommagé d’hypocrisie, ce joyeux et « petit compagnon », qui finit par en devenir un grand ! […] Que surtout les ennemis du catholicisme apprennent d’un homme qui ne déclame point une seule fois, qui ne crie point et qui s’est peut-être comprimé le cœur pour ne pas crier, en écrivant ces choses désespérées qui, pour lui, sortent de son livre ; qu’ils apprennent ce que fut ce Sixte-Quint qui aima la France, et même Henri IV, mais qui sut résister à Henri, à la France, à la Ligue elle-même, à l’Espagne, la catholique Espagne, qu’il finit par impatienter, — car, chose curieuse !
Taine, ce foudre d’érudition, qui en finit, selon moi, avec toutes les histoires faites jusqu’ici sur la Révolution française et qui force à les recommencer ; mais il a sur le Jacobinisme, qui est la Révolution dans sa forme définitive et sa fatalité dernière, la même Vue droite, inflexible et perçante… Il est de même portée et il atteint au même point, — mais avec une flèche enflammée, avec la palpitation et la passion de l’éloquence en sus, et que M. […] Oscar de Vallée lui-même, qui ne veut pas qu’on les oublie et qui a plus mesuré son admiration à la moralité révoltée, intrépide et fière de Chénier, qu’à la supériorité intellectuelle de l’écrivain, n’a pu s’empêcher de revenir au poète et de finir son livre par des vers plus beaux que toutes les proses du monde, et qui enterrent le prosateur dans la tombe du poète, à mille pieds dans les rayons de cette tombe, faite avec des rayons ! […] Sa prose, dans mes sensations à moi, ne brille ni ne brûle tant que cela… Quand on la lit, et je viens de la lire, on est même frappé des qualités entièrement opposées à celles de cette poésie dont elle est la sœur, et qui, colorée et toujours chaude, a fini, sous la pression d’un temps maudit, par s’embraser comme les feux du Styx pour les scélérats que le poète, exaspéré de cette poésie terrible, y plongea.
Enfin, car il faut en finir, je voudrais, après avoir passé par toutes ces brumes pointées de petites lueurs, et par toutes ces petites lueurs clignotant dans ces brumes, savoir, en fermant ce livre de faits incohérents et d’opinions confuses, si l’auteur de La République américaine croyait à l’avenir de sa République, quand, préalablement, il nous a avoué que le passage aux affaires d’un homme comme le général Jackson pourrait détruire de fond en comble le système américain, et qu’il est convenu de la justesse du mot de l’orateur anglais qui prétendait que Jackson avait fait passer un char attelé de quatre chevaux à travers cette pauvre Constitution américaine ! […] J’aurais dit que souvent, dans son livre, Florian pille Salvandy… Mais j’aime mieux finir par un regret qui eût fait, s’il eût vécu, peut-être réfléchir l’auteur de La République américaine. […] Une étude sévère, approfondie, non des progrès d’une démocratie qui ne progresse point en Amérique, mais d’une aristocratie qui, à chaque moment, y fait éruption par un homme, comme Jackson, par exemple, ou tout autre énergique vaurien, et qui, un jour, — un jour plus prochain qu’on ne croit, — bouleversera la société qu’elle trouble déjà et finira par la tuer.
Fontenelle, lui, quand, de ses deux doigts que j’adore, il a fini d’écrire son Éloge d’Académie ou son Histoire de l’Académie, qui était aussi un éloge, bien digne d’un ancien madrigaliste comme il l’avait été en l’honneur des dames (car les académies sont des dames aussi, quoique composées de plusieurs messieurs), oui, quand Fontenelle a achevé de tourner ce madrigal suprême, et il le tourne bien, ayant eu jusqu’au dernier moment la grâce et la clarté, cette grâce de la lumière ! […] Seulement, au second, la bête s’abattait, et ce second coup mortel et qui en finissait, fut la localisation de l’intelligence dans le cerveau ! […] Flourens contre le matérialisme, et qui, selon nous, doit finir et emporter le débat.
Il n’est point pédant comme les philosophes qu’il combat, et dont quelquefois il se moque avec une bonhomie meurtrière… Du fond de sa province, où il est peut-être resté toute sa vie, — comme Rocaché, le grand médecin des Landes, cet immense praticien, plus haut que la fortune et que la gloire, inconnu à Paris, mais regardé comme un dieu de Bordeaux à Barcelone, où il régna cinquante ans sur la santé et sur la maladie, — le Dr Athanase Renard, dont j’ignore la valeur comme médecin, apparaît dans son livre comme un robuste penseur solitaire, et ce qui étonne davantage, comme un homme de la compétence la plus éclairée sur toutes les questions d’enseignement, de méthodes et de classifications de ce temps, et comme s’il avait vécu dans le milieu philosophique où ces questions s’agitent le plus… Par ce côté, il ressemble encore à Saint-Bonnet, le grand esprit métaphysique dont le rayonnement finira un jour par tout percer, et qui aussi vivait au loin de ce que les flatteurs ou les fats de Paris appellent insolemment la Ville-lumière. […] L’auteur des Philosophes, qui a mesuré le danger qu’elle court et l’abaissement dans lequel elle est tombée et où elle tombe chaque jour davantage, a donné dans son histoire critique la preuve de cette dégradation de la pensée par le Matérialisme, qui est à la fin de tout dans l’ordre philosophique : Finis Poloniæ ! […] Le Dr Athanase Renard, qui s’est retourné de si bonne heure contre l’Enseignement médical, et qui a fini par lui vomir à la figure le lait empoisonné dont il l’avait nourri, ne s’est pas enfermé dans le cercle étroit de cet enseignement.
ces cris pathétiques et tout-puissants que nous n’entendons plus à la scène, Mme Desbordes-Valmore les a quelquefois fixés dans une expression qui nous les fait entendre encore, et qu’un génie plus grand que le sien eût fait éternelle, car les langues vieillissent ; les plus belles strophes s’écaillent ou se désarticulent ; les magnificences des poésies laborieuses finissent par pâlir et passer ; mais où le Cri a vibré une fois avec énergie, il vibre toujours, tant qu’il y a une âme dans ce monde pour lui faire écho ! […] Mme Desbordes-Valmore, qui n’avait commencé qu’avec de l’âme et qui a fini par avoir réellement du talent, montre bien, par ce talent même, que la femme, dont la gloire est de refléter ceux qu’elle aime, ne peut jamais avoir de profonde ou de saisissante originalité. […] , La Feuille volée, Les Éclairs, Les Roses de Saadi, La Jeune Fille et le Ramier, qui finit par cette strophe interjective et profonde : Laissez pleuvoir, ô cœurs solitaires et doux !
Ironie charmante de la Providence à laquelle il ne veut pas croire, l’athéisme de Pichat est d’un talent qui se fonce tout à coup quand il traduit en vers, souvent très beaux, les croyances de sa jeunesse, et que l’accent exécré, l’accent catholique plus fort que lui, passe à travers la langue de sa poésie, — cet accent qu’il finit toujours par renier, quand il s’en est le mieux servi… Ce qui n’est pas reconnaissant ! […] Seulement, ce que je veux exclusivement vous faire entendre pour vous prouver que nous avons ici affaire à un poète, ce n’est pas l’expression réussie de la haine qui se croit victorieuse, mais c’est l’accent éternellement cruel et doux de la vie passée, qui, finie, crée immédiatement l’infini du souvenir dans nos cœurs. […] La terre par en-haut finit, Une goutte de ciel, un beau lac d’une lieue.
Ce Palmer, sans qui, du reste, le roman ne finirait point, apporte, pour le terminer, un enfant enlevé à Thérèse et qu’elle avait eu d’un indigne mari avant que l’indigne amant lui eût succédé. […] Littérairement (s’il est permis de finir par un mot de littérature en présence de livres pareils), le roman de Paul de Musset est écrit avec le goût un peu sec, mais ferme, d’un homme qui a beaucoup lu les romans du xviie siècle et qui s’est tapissé l’esprit de leurs formes. […] Et nous n’en finirons jamais, dans cette époque philanthropique et humanitaire, qu’en faisant le livre de : « Tous ensemble », qui serait peut-être le plus vrai et le plus triste de tous !
La guerre finie, elle, qui l’a faite aussi et qui a été épargnée par ses folles de balles, comme disait Souvarow, revient dans son château, désert et ruiné, où elle retrouve les débris en miettes de son mobilier d’opulence, grâce à l’abbé Pyrmil, qui les a sauvés en les cachant, et qui les rapporte comme il rapporterait les vases saints au tabernacle. […] Elle va sonner la honte à son cousin, chef de la maison désormais, lequel tombe naturellement amoureux de sa cousine, et, après plusieurs virements et revirements de la vanité à l’amour, finit par l’épouser un matin. […] Or, c’est au moment où il va se livrer en paix à cette occupation salubre et charmante, que la guerre finie se rallume en Bretagne et que Renée y pousse son faible époux.
Ce Palmer, sans qui, du reste, le roman ne finirait point, apporte, pour le terminer, un enfant enlevé à Thérèse et qu’elle avait eu d’un indigne mari avant que l’indigne amant lui eût succédé. […] Littérairement (s’il est permis de finir par un mot de littérature en présence de livres pareils), le roman de M. de Musset est écrit avec le goût un peu sec, mais ferme, d’un homme qui a beaucoup lu les romans du dix-septième siècle et qui s’est tapissé l’esprit de leurs formes. […] et nous n’en finirons jamais, dans cette époque philanthropique et humanitaire, qu’en faisant le livre de « Tous ensemble », qui serait peut-être le plus vrai et le plus triste de tous !
— L'esclandre de Londres est fini ; cette petite expédition jacobite a jeté son feu ; dans quelques jours il n’en sera plus du tout question et on l’aura oubliée, sinon qu’il y aura un jour à la Chambre des députés quelque interpellation à MM. […] Hugo se trouve en ce moment ce qu’on appelle directeur de l’Académie ; c’est-à-dire le président élu pour le trimestre qui finit.
Par exemple, une phrase qui est très longue en commençant, ne doit pas finir petitement, brusquement, à moins d’un effet. […] Mais pourquoi les opéras finissent-ils ? […] J’attends son coup de sonnette, qui est pour moi celui d’un jury des assises rentrant en séance… « C’est fini, plus d’espoir, une question de temps. […] Enfin, c’est fini, je l’embrasse… Un garçon la prend sous un bras, la femme de ménage sous l’autre… Alors je n’ai plus rien vu. […] C’est donc fini !
Je puis travailler à nouveau et ma première « copie » sera ceci que je veux finir en remerciant de tout cœur ceux et celles qui me soignent ! […] Il finit par s’enrichir, pour lui ? […] Mais pour être un homme poète on n’en est pas moins l’homme qu’il faut, et je vais finir de croire que M. de Montesquiou est aussi fier, bien que riche et noble, que ce pauvre diable de roturier que me voici. […] Il y en a aussi de curieux et de bien faits, et suggestifs, à coup sûr neufs : par exemple : la bise sous le seuil a fini par se taire. […] Ainsi finit brusquement ce que j’ai dénommé un peu pompeusement ma « carrière de professeur », en Angleterre où je devais revenir longtemps après, par deux fois, et sur lesquelles je me propose d’écrire encore quelques notes.
Dédaignant en amour et mystère et dignité, ne cherchant ni ne fuyant le scandale, il devait se faire un système mitigé du temps ; amoureux avant tout de sensualités et de repos, une licence régularisée et organisée était son fait ; il le pressentit, et après quelques liaisons dans lesquelles ses goûts s’étaient essayés avec indécision et inconstance, il finit, sous les yeux d’une chaste épouse et d’un fils austère, à la face de la France et de l’Europe, par conclure un arrangement, c’est le mot, avec madame de Pompadour. […] Celle-ci finit par sourire et baisa les mains du roi.
La terre ne fut plus qu’un lieu d’exil, la vie que le rêve d’une ombre, et la mort, anéantissant ce qui n’était point, prit la force d’une double négation ; elle délivra l’esprit de son élément fini, et lui ouvrit les portes de la vraie et réelle existence179. […] Rompre sans cesse le développement rationnel d’un roman tragi-comique, commencer arbitrairement, continuer et finir de même, jeter au hasard, pêle-mêle, sans suite, une foule d’images, de sentiments et de saillies : voilà le programme qu’il suit et qu’il nous propose. […] Comme les figures modernes de la scène tragique, ils combattent contre le Divin, contre une idée morale, solide et puissante, où ils finissent par se briser. […] Mais chacun sait comment cela finira. […] Ce sera fini en moins d’une demi-heure ; mais quand tu auras vu celles-là de tes propres yeux, tu pourras juger en conscience pour toutes celles qu’il te plaira d’ajouter, et je t’assure bien que tu n’en diras pas autant que je pense en faire.
Cesano s’écria : “Mais c’est un ouvrage à ne jamais finir, eût-on la vie de dix hommes ; et vous, Monseigneur, qui voulez en jouir, vous ne l’aurez jamais que pour vos héritiers ! […] Il finit sa statue de Jupiter de grandeur naturelle, celle de Mars et une multitude de chefs-d’œuvre pour la duchesse d’Étampes et pour ses amis d’Italie. […] Il ne pouvait comprendre comment il avait fini ou ébauché tant de magnifiques ouvrages en si peu de mois. […] Monseigneur, lui dis-je, quand j’ai proposé à Michel-Ange de venir à Florence, je l’avais engagé à se reposer sur Urbin, l’un de ses ouvriers, de ses travaux à finir ; mais celui-ci se mit à crier avec une voix de paysan : Je ne veux point quitter mon maître, jusqu’à ce qu’il m’ait écorché, ou que je l’aie écorché moi-même. […] J’avais beau m’humilier, leurs compliments ne finissaient pas ; et, comme il s’assemblait une grande quantité de gens autour de nous, j’en étais si confus que je les priai de faire trêve à tant de cérémonies, et de nous éloigner.
Et puis, n’oublions pas que c’est à l’Académie des sciences morales et politiques que M. de Talleyrand, à son retour en Europe et rentrant en scène, avait voulu débuter en l’an V par des mémoires fort appréciés : c’est par cette même Académie que, quarante ans après, il voulait finir. […] Je ne voudrais point paraître faire une mauvaise plaisanterie, mais cet Éloge du comte Reinhard m’a tout naturellement rappelé le célèbre roman de Renart, cette épopée satirique du moyen âge, — cette Bible profane du moyen âge, comme Goethe l’a baptisée, — dans laquelle l’hypocrite et malin Renart joue tant de tours au lion et à tous les animaux, se déguise sous toutes les formes, en clerc, en prêcheur, en confesseur, et, après avoir mis dedans tout son monde, finit par être proclamé roi et couronné. […] Les légitimistes disaient : « Il est mort en bon gentilhomme. » Une dame de la vieille cour eut le meilleur mot : « Enfin il est mort en homme qui sait vivre. » Un plus osé, M. de Blancm…, disait : « Après avoir roué tout le monde, il a voulu finir par rouer le bon Dieu54. » Ce qui est hors de doute, c’est qu’en mourant il avait, ne fût-ce que par complaisance, désavoué la Révolution. […] Cette manière de finir contraste avec celle de son contemporain et ancien collègue l’abbé Sieyès, mort sans rétractation deux années auparavant. […] Talleyrand écrivait encore le 31 mai 1814 (au lendemain du traité de paix) : « J’ai fini ma paix avec les quatre grandes puissances : les trois autres ne sont que des broutilles.
Ainsi finissent ceux qui s’en vont dans la vie meilleure. […] Moi qui étais si en peine sur lui, qui cherchais tant à tout savoir, où qu’il soit maintenant, c’est fini. […] Si nous finissions à la tombe, le bon Dieu serait méchant, oui, méchant, de créer pour quelques jours des créatures malheureuses : horrible à penser. […] Maurice a fini son temps de souffrance, j’espère, et aujourd’hui je le vois à tout moment parmi les bienheureux ; je me dis qu’il doit y être, qu’il plaint ceux qu’il voit sur la terre, qu’il me désire où il est, comme il me désirait à Paris. […] Il y a un cercueil entre le monde et moi ; c’est fini du peu qui m’y pouvait plaire.
La flûte aux accords champêtres Ne réjouit plus les hêtres Des airs de joie ou d’amours, Toute herbe aux champs est glanée : Ainsi finit une année, Ainsi finissent nos jours ! […] Je n’en sais rien ; j’imagine que ce fut précisément le contraste, l’étreinte de la volupté sur le cœur qui le presse trop fort, et qui en exprime trop complètement la puissance de jouir et d’aimer, et qui lui fait sentir que tout va finir promptement, et que la dernière goutte de cette éponge du cœur qui boit et qui rend la vie, est une larme. […] Quand cette première toilette, qui annonçait un jour de fête, fut finie, elle s’assit à terre, sous le grand châtaignier, et roulant avec des éclats de rire mutuels son bel enfant nu sur le lit de feuilles, elle jouait avec lui comme une biche avec son faon nouveau-né. […] Qui aurait dit qu’elle mourrait avant d’avoir fini d’allaiter son enfant, Fior d’Aliza, que vous voyez devant vous. […] Le chagrin qu’il nourrissait et les larmes qu’il ne cessait pas de répandre en pensant à sa pauvre belle femme morte, finirent par lui rétrécir le cœur et par le rendre aveugle, comme le voilà ; il ne pouvait presque plus travailler aux zampognes ; d’ailleurs on n’en commandait guère depuis que les Français dominaient à Rome et à Lucques ; les pifferari, joueurs de musette, ne sortaient plus des Abruzzes, et les Madones, aux coins des rues, n’entendaient plus de sérénades ni de litanies la nuit, aux pieds de leurs niches abandonnées.
Il a fini par douter de Dieu et de toute chose. […] Ils ont fini par sentir que la vraie poésie de notre époque est celle qui pousse à l’avenir en peignant les profondes souffrances du présent. […] Les plus forts ont fini, l’un après l’autre, par dire comme le vieux Corneille, mais dans un autre sens : Je suis vaincu du temps, je cède à son outrage. […] La vraie poésie de notre époque, la poésie qui pleure et qui cherche, a fini par les envahir. […] Goethe finit par sentir que ce sujet, comme il l’avait conçu, était au-dessus de ses forces, et il l’abandonna.
Le public aime encore les lectures anodines et consolantes, les aventures qui finissent bien, les imaginations qui ne dérangent ni sa digestion ni sa sérénité : ce livre, avec sa triste et violente distraction, est fait pour contrarier ses habitudes et nuire à son hygiène. […] J’attends son coup de sonnette, qui est pour moi celui d’un jury des assises rentrant en séance… « C’est fini, plus d’espoir, une question de temps. […] Enfin c’est fini, je l’embrasse… Un garçon la prend sous un bras, la femme de ménage sous l’autre. […] C’est donc fini ! […] C’était un morceau de notre vie, un meuble de notre appartement, une épave de notre jeunesse, je ne sais quoi de tendre et de grognon et de veilleur à la façon d’un chien de garde que nous avions l’habitude d’avoir à côté de nous, autour de nous, et qui semblait ne devoir finir qu’avec nous.
Cette histoire, où l’on ne sent pas seulement la fidèle observation des lieux, mais où perce aussi une vérité de fond et de récit, cette histoire commencée et finie au son du merveilleux carillon de Bruges, et où se déroule toute la vie d’enfance et de jeunesse de Catherine, de cette pauvre enfant « si cruellement meurtrie et de si bonne heure », intéressera. L’aventure ne finit point trop tristement cette fois, ni par un dénouement tout heureux à la manière des romans ; elle se termine, comme il arrive le plus souvent dans la vie, par un malheur lentement consolé. […] Enfin, dans la dernière partie où intervient et domine la figure de l’artiste enthousiaste à la fois et un peu misanthrope, Marcel, il se révèle une qualité que la vigueur du romancier avait pu dissimuler quelquefois et qui finit par éclater à son tour ; il y a de l’esprit.
Nous, nous disons : Il n’y a qu’une cause que nous connaissons directement, c’est celle que nous sentons penser et agir, comprendre et pouvoir en nous, sentir, aimer, vivre en un mot ; vivre de la vie complète, profonde et intime, non-seulement de la vie nette et claire de la conscience réfléchie et de l’acte voulu, mais de la vie multiple et convergente qui nous afflue de tous les points de notre être ; que nous sentons parfois de la sensation la plus irrécusable, couler dans notre sang, frissonner dans notre moelle, frémir dans notre chair, se dresser dans nos cheveux, gémir en nos entrailles, sourdre et murmurer au sein des tissus ; de la vie une, insécable, qui dans sa réalité physiologique embrasse en nous depuis le mouvement le plus obscur jusqu’à la volonté la mieux déclarée, qui tient tout l’homme et l’étreint, fonctions et organes, dans le réseau d’une irradiation sympathique ; qui, dans les organes les plus élémentaires et les plus simples, ne peut se concevoir sans esprit, pas plus que, dans les fonctions les plus hautes et les plus perfectionnées, elle ne peut se concevoir sans matière ; de la vie qui ne conçoit et ne connaît qu’elle, mais qui ne se contient pas en elle et qui aspire sans cesse, et par la connaissance et par l’action, par l’amour en un mot ou le désir, à se lier à la vie du non-moi, à la vie de l’humanité et de la nature, et en définitive, à la vie universelle, à Dieu, dont elle se sent faire partie ; car à ce point de vue elle ne conçoit Dieu que comme elle-même élevée aux proportions de l’infini ; elle ne se sent elle-même que comme Dieu fini et localisé en l’homme, et elle tend perpétuellement sous le triple aspect de l’intelligence, de l’activité et de l’amour, à s’éclairer, à produire, à grandir en Dieu par un côté ou par un autre, et à monter du fini à l’infini dans un progrès infatigable et éternel. […] Lui qui l’un des premiers en France a éclaté en pressentiments d’avenir, lui qui écrivait, il y a six ans, cet article de haute portée : Comment les dogmes finissent.
Or, cette pièce, qui, chaque année, est applaudie un nombre infini de fois en Angleterre et en Amérique, commence par l’assassinat du roi et la fuite de ses fils, et finit par le retour de ces mêmes princes à la tête d’une armée qu’ils ont rassemblée en Angleterre, pour détrôner le sanguinaire Macbeth. […] Mais aussi voilà un entr’acte un peu long qui va finir, la toile se relève. […] Ici finit le dialogue des deux adversaires, dialogue dont j’ai été réellement témoin au parterre de la rue Chantereine, et dont il ne tiendrait qu’à moi de nommer les interlocuteurs.
Le premier acte finit ainsi. […] Ainsi finit le second acte. […] Tout le monde entre chez Pantalon pour y célébrer la noce de Silvia et du capitaine, et c’est ainsi que finit la comédie d’Il Ritratto.
« Rosalba écoute les propos galants du séducteur, qui finit par lui dire : “Si je ne vous donne pas la main d’un époux, je veux être tué par un homme… un homme qui soit de pierre, n’est-ce pas, Arlequin ?” […] Il fait des remontrances à son maître ; Don Juan feint de se repentir ; il répète une prière que lui souffle son valet, et finit par donner un coup de pied à l’orateur. […] Par pitié, dites-moi quand finiront mes tourments. — Jamais !
C’est lorsque des doctrines finissent, et que d’autres doctrines commencent. À présent nous éprouvons une bien autre peine, puisque nous voyons finir sans voir recommencer. […] Rien n’est venu remplacer dans leur cœur ce qui leur avait été ravi ; et la vérité, qui les environnait de toutes parts, n’a pu trouver le chemin de leur oreille assourdie : ils ont été chassés de l’héritage de leurs pères, et, dépouillés de toutes leurs espérances, ils ont fini par vouer l’avenir au néant.
Il pourrait rester encore sur celui-ci, n’était qu’impatientée d’obscurité, l’auteur a fini par se nommer. […] III Ainsi un livre bâclé avec des livres, et phrasé comme de la musique, en des conversations sans interruption sans éclair, sans monosyllabe, où chacun des causeurs met dix minutes à dégorger son couplet de facture, voilà l’œuvre de de Blocqueville, laquelle a deux volumes de près de mille pages et qui n’est pas finie encore, bone Deus ! […] Tout bas-bleu qu’elle fût de nature et d’étude, Mme Swetchine, nous l’avons vu, s’arrête à temps toujours, pour ne pas faire tomber son catholicisme dans la fondrière d’indigo où l’auteur des Soirées de la villa des Jasmins a fini par noyer le sien !
Réformatrice sans originalité, bas-bleu, encore plus maussade que sévère, prêcheuse infatigable d’infini et d’idéal, sa préchaillerie ne l’a conduite qu’au fini et au très réel de la Commune, dont elle a partagé l’exil. […] Tout ne finit point par des chansons, dans les romans de Mme André Léo ; mais tout y finie par des Instituteurs et des Institutrices !
Il avait cette espèce d’étendue en long dont parlait un jour le prince de Ligne, et qui finit par une pointe, comme un obélisque. […] IV J’ai fini, parce que je n’en finirais pas de cette biographie.
Jésus-Christ se montre également dans tous ces actes que les moralistes appellent sensibles, et sans qu’on puisse dire : Voici où l’homme finit et où le Dieu commence ! […] Quand tes dogmes finissent, ainsi que le disent insolemment les philosophes, on ne les sauve pas en les découronnant de leur mystère, en demandant bien pardon pour eux à l’orgueil humain et en priant les philosophes d’excuser qu’il y ait un Dieu dans Notre-Seigneur Jésus-Christ, parce qu’il y avait un homme si aimable ! […] Il faut finir.
Le mal est fini. […] Drôles immenses, par lesquels finit la Grèce, qui avait été héroïque, et par lesquels, en cessant d’être immenses, mais en restant des drôles, doivent, un jour ou l’autre, périr les Civilisations ! […] ne fût-ce que pour l’engager à donner un second volume à cet ouvrage, que je ne voudrais pas fini, mais seulement interrompu… On regrette que cet abatteur de sophistes n’ait cloué sur sa porte cochère que ces deux grandes chauves-souris du sophisme contemporain : — Stuart Mill et Herbert Spencer.
Lamennais, à qui l’esprit de parti a élevé un catafalque, mais qu’il faudra bien, un jour ou l’autre, finir par juger, Lamennais se présente entre deux théories dont l’une est morte et l’autre n’a jamais vécu. […] Une chose qui nous paraît, du reste, encore plus considérable et plus nouvelle que la méthode inductive elle-même, que ce passage du fini à l’infini dont l’abbé Gratry décrit le mouvement dans l’intelligence avec une si rare précision, c’est la disposition morale de la volonté exigée pour que le mouvement de l’esprit s’opère aisément et s’accomplisse : « Le mouvement intellectuel vers l’infini, c’est-à-dire vers Dieu, est toujours vrai, — a dit l’auteur de la Connaissance de Dieu ; — il est toujours possible, dès que l’homme est doué de raison ; mais il ne s’exécute pas dans l’âme sans un mouvement de cœur correspondant. » Et c’est ainsi que l’abîme entre l’homme moral et l’homme intellectuel est comblé, cet abîme que n’avait pas franchi l’audacieuse pensée de Kant ! […] Le procédé simple et puissant dont l’abbé Gratry a tiré un si bon parti et qu’il a élevé jusqu’à la rigueur d’une méthode, est le procédé de l’humanité tout entière pour aller à Dieu, — comme nous disons, nous, — pour passer du fini à l’infini, comme disent les philosophes, — et soit que nous y allions sur les fortes ailes de la Méditation ou sur les humbles ailes de la Prière.
a fini par escamoter l’autre Espagne, qui était la vraie. […] et pour arriver à la simplicité du plan, au rhythme aisé du récit, à la concision savante, à la mesure, à l’ordre lucide, à ce fini dans l’art que Platon appelait, avec une justesse si exquise, une rondeur, M. […] Il y a de petites femmes, toutes faibles, qui n’en finissent pas d’avoir des enfants et qui peupleraient plusieurs hôpitaux.
Et si nous n’y prenons garde, non-seulement nous sommes tentés de le souhaiter, mais nous finissons presque par le croire : le monde saurait-il aller sans nous ? […] La plénitude de la vie, la fraîcheur des amitiés premières, l’essor des espérances poétiques qu’anime et couronne déjà le premier rayon de la gloire, ces vives sources d’inspiration s’y jouent au sein d’une nature radieuse et féconde dont l’hymne grandiose finit par tout dominer. […] Dès qu’il a fini, Lycidas, avec ce rire aimable qui ne l’abandonne jamais et qui fait le trait saillant de sa physionomie, lui donne en cadeau sa houlette ; et comme ils sont arrivés, chemin faisant, à l’endroit où leurs routes se séparent, il tourne à gauche et les quitte, tandis que les trois autres amis n’ont plus qu’un pas jusqu’au lieu de leur destination. […] … La danse finie, j’observerai la place où elle se tient, et je ferai ma rude main bien heureuse en touchant la sienne. […] Nos Syracusaines finissent aussi par bien voir, par entendre le chant en l’honneur d’Adonis.
Le progrès n’est selon lui que l’apparition successive, sur le théâtre de l’histoire, des trois idées qui sont le fond même de la raison : l’idée de l’infini, celle du fini, celle du rapport entre le fini et l’infini. L’antique Orient, c’est le monde immobile de l’infini ; la société gréco-romaine, c’est le développement de l’idée du fini ; la civilisation moderne, c’est l’expression du rapport entre le fini et l’infini. […] Athéisme, matérialisme, préoccupation exclusive du fini, des avantages terrestres, des plaisirs des sens, voilà le fond du caractère et de l’esprit chinois. […] — Autre difficulté : la période du fini succède à celle de l’infini ; mais quand ? […] Par malheur, il se trouve que l’Amérique est de trop : pour que le continent américain eût son emploi, il faudrait qu’une quatrième période de l’histoire universelle fût possible ; or, pour Cousin, les trois idées de l’infini, du fini et de leur rapport épuisent, comme on sait, le cycle fatal dans lequel se meut l’humanité.
Ce jour-là Santeul fut près de se fâcher, et sa belle humeur hésita un peu ; mais Mme la Duchesse ayant pris un verre d’eau le lui jeta incontinent au visage en disant : « C’est la pluie après le tonnerre. » Le second outrage raccommoda le premier, et le tout finit par des rires et des chansons. — Il fut convenu que ce soufflet de Santeul, faisait pendant au baiser autrefois donné par une grande princesse à maître Alain endormi. […] Le père Commire, alors, jugea qu’il était temps de frapper le grand coup, et pour en finir de tout ce pour et ce contre, lui qui s’était tenu jusque-là en réserve comme le corps d’élite, il donna brusquement par sa pièce de vers intitulée Linguarium (Le Bâillon de Santeul). […] Après tout, le pauvre homme aurait fini plus heureusement sa course, s’il fût demeuré dans Saint-Victor en suivant les conseils et les exemples du Père Gourdan. Pour nous, et au seul point de vue littéraire, qui est le nôtre, sans accorder à Santeul plus qu’il ne mérite, en reconnaissant à ses vers les qualités qui y paraissent, la pompe, le feu, la largeur, le naturel et la clarté, mais aussi en y voyant le vide trop souvent et la bagatelle du fond, en nous disant combien sa personne avait besoin d’intervenir à tout instant pour y jeter un peu de cette originalité qui n’était qu’en elle, nous voudrions que tout ce démêlé où il est encore engagé finît par une transaction, qu’il ne fût pas tout entier sacrifié, qu’on ne lui fût point plus sévère que ne l’a été l’abbé de la Trappe, et que les honorables censeurs qui de nos jours l’ont remis en question ne le renvoyassent point hors du temple sans lui laisser au moins un fragment de couronne ; car il est bien de ceux, malgré tout, qui, à travers l’anachronisme de la forme, sont véritablement poètes de race et par nature, il est de ceux qui, comme le disait Juvénal, ont mordu le laurier.
Si vous prenez la résolution que j’ai prise, nous finissons ensemble nos malheurs et notre infortune, et c’est à ceux qui restent au monde à pourvoir aux soins dont ils seront chargés, et à porter le poids que nous avons soutenu si longtemps. […] Dans cette extrémité, tandis que Frédéric raisonnait de sa situation en homme qui avait lu et médité le chapitre XIIe De la grandeur et de la décadence des Romains, et qu’il prétendait usurper le droit le plus ambitieux pour un mortel, celui de finir la pièce où il était acteur en ce monde à l’endroit où il le voulait, les choses subitement changèrent, et un souffle léger de la fortune vint rendre vaines ces altières réminiscences de Caton. […] La seule oraison funèbre qui se conçoive pour l’épicurien sincère est celle-ci : « Tout est fini, c’est irréparable ; nous-mêmes nous y serons demain. […] Elle était évidemment une personne des plus distinguées, spirituelle, naturelle, piquante, capable de satire, encore plus capable d’affection, tendrement dévouée à son frère, et l’égalant au besoin par la fermeté du caractère et le stoïcisme des résolutions : dans une des crises les plus extrêmes où se soient vues des personnes de leur rang, elle a fait acte de vigueur et de sacrifice ; si Frédéric avait fini violemment alors, elle serait indubitablement morte avec lui ; elle avait de l’âme d’une Porcia ou d’une Roland.
Mais ce n’est pas du latin savant, du latin cicéronien, c’est du latin vulgaire parlé par le peuple et graduellement altéré, que sont sortis, après des siècles de tâtonnement, les différents dialectes provinciaux dont était celui de l’Île-de-France, lequel a fini par se subordonner et par supplanter les autres ; lui seul est devenu la langue, les autres sont restés ou redevenus des patois58. […] L’abbé d’Olivet eut la principale part dans ce travail ; il fut en réalité le secrétaire et la plume de l’Académie ; elle avait fini, de guerre lasse, par lui donner pleins pouvoirs ; il s’en explique lui-même dans une lettre au président Bouhier, du 1er janvier 1736, et l’on est initié par lui aux coulisses du Dictionnaire. […] D’autres esprits plus précis et plus fermes étaient écoutés : Dumarsais, Duclos, — n’oublions pas un de leurs prédécesseurs, le Père Buffier, un jésuite doué de l’esprit philosophique, — l’abbé Girard, — mais Voltaire, surtout, Voltaire le grand simplificateur, qui allait en tout au plus pressé, et qui, en matière d’orthographe, sut se borner à ne demander qu’une réforme sur un point essentiel, une seule : en la réclamant sans cesse et en prêchant d’exemple, il finit par l’obtenir et par l’imposer. […] Car, selon la remarque de l’abbé de Choisy, ces disputes sur la langue et l’orthographe ne finissent point ; et il ajoute « qu’elles n’ont jamais converti personne ».
Les savants n’ont jamais méconnu cette vérité ; seulement ils croient, à tort ou à raison, que toute loi pourra être remplacée par une autre plus approchée et plus probable, que cette loi nouvelle ne sera elle-même que provisoire, mais que le même mouvement pourra continuer indéfiniment, de sorte que la science en progressant possédera des lois de plus en plus probables, que l’approximation finira par différer aussi peu que l’on veut de l’exactitude et la probabilité de la certitude. […] Ou bien devra-t-on exiger, avant de conclure à la contingence des lois naturelles, que ce progrès ait un terme, que le savant finisse un jour par être arrêté dans sa recherche d’une approximation de plus en plus grande et qu’au-delà d’une certaine limite, il ne rencontre plus dans la Nature que le caprice ? […] Celles-là aussi se réaliseront, seulement il faudrait les attendre longtemps ; si l’on observait un gaz pendant un temps assez long, on finirait certainement par le voir s’écarter, pendant un temps très court, de la loi de Mariotte. […] Peu importe, il nous suffit qu’il soit fini.
Il oublie que la littérature finit où la pathologie commence, que l’analyse d’un caractère ne doit pas empiéter sur la dissection, qu’il est des types et des choses dont l’écrivain doit se garder, comme l’israélite du pourceau et comme le brame du paria : parce que ces choses et ces types ne sont ni de sa compétence ni de son ressort, qu’ils résistent à toutes les purifications de l’art et du style, et qu’il faut les renvoyer au lazaret dont ils dépendent, à la clinique qui les réclame et dont ils sont sujets exclusifs. […] Cette visite de noces est rendue, un peu tardivement, par M. de Cvgneroi, accompagné de sa femme, portant entre ses bras un enfant de trois mois, à madame la comtesse Lydie de Morancé, jeune veuve qui finit à la campagne son année de deuil. […] La pièce pouvait finir par ce grand éclat, le cauchemar par ce pur éclair. […] L’acte finit par ce mot sifflant, acéré, mortel, qu’on voit partir en s’effrayant de la fureur qu’il va déchaîner.
On peut donc regarder l’existence des idoles populaires et des charlatans en chef comme étant irrévocablement finie. […] Vos derniers Stuarts raisonnèrent et se conduisirent comme on raisonne et comme on se conduit au-dehors, on finira comme eux. […] S’il pense autrement, il finira, comme le roi de Sidon, par être jardinier. […] On commence par la curiosité, on finit par l’enthousiasme.
En effet, lorsqu’une haute et jeune destinée a subi de ces catastrophes soudaines et qui sont restées par quelque côté mystérieuses, lorsqu’un prince a disparu de manière à toucher les imaginations et à laisser quelque jour à l’incertitude, bien des têtes travaillent à l’envi sur ce thème émouvant ; les romanesques y rêvent, se bercent et attendent ; les plus faibles et ceux qui sont déjà malades peuvent sérieusement s’éprendre et finir par revêtir avec sincérité un rôle qui les flatte, et où trouve à se loger leur coin d’orgueilleuse manie ; quelques audacieux, en même temps, sont tentés d’y chercher une occasion d’usurper la fortune et de mentir impudemment au monde. […] Le procédé qu’il aime n’est nulle part peut-être plus apparent que dans la jolie nouvelle de Carmen, cette bohémienne espagnole qui mène à mal don José, l’honnête Basque, qui en fait un bandit de brave soldat qu’il était, et qui le fait finir par la potence. […] La conclusion diffère en ce que, chez l’abbé Prévost, Manon finit par être touchée du dévouement de son chevalier et par s’élever à sa hauteur, tandis que Carmen, à partir d’un certain moment, sent se briser son féroce amour et n’aime plus. […] Mérimée dans l’étude si creusée de son brigand et de sa bohémienne, c’est que l’auteur, en homme d’esprit qui sait son monde, a jugé convenable d’encadrer son roman dans une sorte de plaisanterie et d’ironie : il voyageait comme antiquaire, il ne voulait que résoudre un problème d’archéologie et de géographie sur la bataille de Munda livrée par César aux fils de Pompée, lorsqu’il fait la connaissance du bandit qui lui racontera ensuite son histoire : et le roman finit par un petit chapitre où l’antiquaire reparaît encore et où le philologue se joue au sujet de la langue des bohémiens.
Le Journalisme des professeurs est le père du Journalisme des reporters, qui nous en a vengés et qui a fini par camper, ma foi ! […] Donc, cette cocotte à blason, qui se laisse mener, comme toutes ces filles-là, par sa femme de chambre (son habilleuse) et par son coiffeur, prend pour de l’argent comme amant son beau-frère, qu’elle vole à sa sœur, et, maîtresse impure d’un cabotin, devenu communard, finit par se marier à un Prussien, pendant que Paris flambe encore ! […] Mais Grammont ne voyait que la cour ; l’univers, pour lui, finissait aux antichambres. […] Il continue ce difficile exercice dans son livre des Femmes du Monde, et il s’en tire avec sa souple habileté ; mais, malgré le gant de velours avec lequel il touche les papilles nerveuses des amours-propres ; malgré les clairs-obscurs qu’il jette sur cette vieille société qui, comme les femmes passées, ne peut plus faire d’illusion qu’à contre-jour et dans les pénombres, on voit bien ce qu’elle est devenue, on sent bien que ce qui était « le monde » autrefois est fini.
Cette préférence pour la morale a fini par réformer toute la philosophie de M. […] Les grandes inclinations publiques sont passagères ; parce qu’elles sont grandes, elles se contentent ; et parce qu’elles se contentent, elles finissent. […] On eut recours à Schelling et à Hégel ; on emprunta à l’un le fini, l’infini et leur rapport ; à l’autre, une philosophie de l’histoire et une histoire de la philosophie, et l’on eut les leçons inspirées de 1828. […] On finit par faire des avances au clergé, présenter la philosophie comme l’alliée affectueuse et indispensable de la religion, offrir le dieu de l’éclectisme comme une base « qui peut porter la trinité chrétienne », et l’éclectisme tout entier comme une foi préparatoire « qui laisse au christianisme la place de ses dogmes, et toutes ses prises sur l’humanité99. » Il eût été bien difficile de ne pas réussir avec tant d’adresse, avec tant de soin pour séduire, amuser, entraîner et ménager les esprits, avec tant de précautions pour suivre ou devancer leur marche.
— Veux-tu finir ? […] c’est un homme comme il n’y en a pas à cent verstes à la ronde ; un voleur fini. […] Il poussa un soupir, tira sa couverture sur lui et finit par s’endormir. […] Mais Fédor Ivanowitch entra dans sa chambre et finit par le persuader. […] Le vieillard était introuvable, il avait disparu sitôt la pêche finie.
Il finit par être le rêve de Kant, qui n’est guère celui des joueurs de luth. […] Mais les dignités sont inégales ; le grand triage n’est pas fini ; il y a des retardataires. […] Et puis c’est fini, sauf l’éclair de Senef. […] Mais sait-il exactement lui-même où commence et où finit son ironie ? […] L’auteur finit par prêter à ses personnages son œil grossissant.
Quoi qu’il en soit, la vanité de la haute bourgeoisie qui veut toujours ressembler à la cour, finit par imiter à la longue sa réserve dans l’usage de la parole, son ignorance des locutions liasses, ainsi que ses actions et ses manières. […] Il finit ainsi ce rondeau : Paris entier ayant vu son cartel, L’envoie au diable et sa muse au bordel.
On dirait que les termes lui manquent quelquefois : « Mais si je raconte les choses en détail, je n’en finirai jamais ; il faudrait vous écrire un volume… Je ferai ? […] Les Espagnols, en vrais brutaux, lâchent leurs chiens sur les Indiens comme sur des bêtes féroces ; ils tuent, brûlent, massacrent, pillent le Nouveau Monde comme une ville prise d’assaut, sans pitié comme sans discernement… Les Américains des États-Unis, plus humains, plus modérés, plus respectueux du droit et de la légalité, jamais sanguinaires, sont plus profondément destructeurs, et il est impossible de douter qu’avant cent ans il ne restera pas dans l’Amérique du Nord, non pas une seule nation, mais un seul homme appartenant à la plus remarquable des races indiennes… » L’exposition ainsi faite, le moral et l’esprit de la scène ainsi expliqués complètement, il la raconte si bien que cela finit par être une peinture navrante : « Six à sept mille Indiens ont déjà passé le grand fleuve, ceux qui arrivaient à Memphis y venaient dans le dessein de suivre leurs compatriotes. […] j’ai fini par me convaincre que la recherche de la vérité absolue, démontrable, comme la recherche du bonheur parfait, était un effort vers l’impossible. […] Royer-Collard, baissant un peu le ton dans l’une des lettres suivantes, était plus dans le vrai lorsqu’il insistait sur l’action utile et prolongée de l’écrivain, sur cette vocation qui n’avait pas été la sienne, à lui, et qui était de nature moins viagère ; on ne saurait définir d’une manière plus noble toute l’ambition permise à une littérature élevée, toute sa portée dans l’avenir, en même temps que ses difficultés, ses arrêts et ses limites : « … Vous, monsieur, il vous est donné de marquer autrement votre passage sur la terre et d’y tracer votre sillon ; vous l’avez commencé ; vous le suivrez sans l’achever jamais ; car aucun homme n’a jamais rien fini. […] A mon avis, votre carrière active a fini en 1830.
Il y a eu toute une école poétique au dix-septième siècle et au commencement du dix-huitième, pour laquelle, à certains égards essentiels, le siècle de Louis XIV n’a pas existé ; elle se continue avec le goût Louis XIII et de la première Régence, et finit à la seconde, sous La Motte et Fontenelle. […] On peut dire que si le rondeau, à cette époque, est mort sous Benserade181, le sonnet a fini avec Saint-Pavin. […] Mlle de Lenclos, sur le luth, devait chanter ses airs : plus d’un rappelle cette Chanson pastorale du poète Lainez, qui commence par le rossignol et finit par les moineaux. […] Mais puisque nous en sommes à ce qui est fini, il est une femme poëte, plutôt nommée que lue, qui me paraît à certains égards de l’école dont j’ai parlé, et en reproduire qualités et défauts, avec la différence des époques, Mme Dufrénoy. […] Vous finirez comme une sotte : Vous ne serez jamais dévote, Vous ne pourrez jamais aimer.
Cette autre idée, que tout finira par une embrassade de tous les hommes en Dieu, ne lui a guère moins suggéré d’alexandrins. […] Seulement (et c’est la rançon du don monstrueux que la nature injuste a mis en lui) il finit par appeler ses amis les montagnards : Tigres compatissants ! […] La figure entière du monde finit par tenir dans le développement du moindre lieu commun. Cette poésie, que ma pensée et mon cœur ont parfois trouvée indigente, finit donc par apparaître, à qui sait lire, comme la plus opulente qui se puisse rêver. […] Il a donc abusé de l’antithèse et a fini par ne plus avoir, dans l’ordre physique et dans l’ordre moral, que des visions antithétiques.
Ayant fait de son existence une orgie qui lui devient insipide, il va boire, pour en finir, le poison dans une dernière coupe, lorsque l’amour d’une jeune captive rallume son cœur éteint et le fait renaître à la vie. […] Nerva refuse de répondre et se laisse mourir de faim. — « Ceux qui étaient dans le secret de sa pensée, — rapporte Tacite, — disaient qu’en voyant de plus près les maux de la République, il avait voulu, par colère et par crainte, finir honorablement, respectable et respecté. » La toute-puissance ne défend pas les Césars de ce désenchantement mortel. […] Le ministre sa cramponne au pouvoir, il lutte, il implore, il menace, il adjure ; bref, le roi vaincu finit par lui jeter son sceptre et sa couronne à la tête, Et retourne à ses chiens, seuls amis qui le fêtent. […] Le drame ne finit pas, il s’éteint en languissant dans un dénouement terne, vague, assourdi. […] Diane se dévoue, d’un bout à l’autre de la pièce, une fois par acte tout au moins, et cet holocauste à petit feu finit par s’attiédir et s’éteindre.
Lundi 10 mars Fini aujourd’hui Les Frères Zemganno. […] Il finit par déclarer que Le Neveu de Rameau est pour lui complètement incompréhensible, qu’il ne sait pas du tout ce que Diderot veut dire, et me renvoie à La Princesse de Babylone. […] Aujourd’hui, c’en est fini en littérature, de la religion de la maternité, et la révolution commence contre elle. […] « Oui, j’ai encore deux chapitres à écrire… le premier sera fini en janvier, le second je l’aurai terminé à la fin de mars ou d’avril. […] Vendredi 14 novembre On m’apporte aujourd’hui mon lit, le fameux lit de campagne de la princesse de Lamballe, provenant du château de Rambouillet, et quand ma chambre complètement finie, m’apparaît dans sa coquette élégance, la première pensée qui me vient, c’est où les croque-morts placeront la bière, quand ils viendront me chercher sur ce lit.
Au milieu de son sommeil, qui est traversé de rêves bizarres et terribles, les dieux finissent par s’apitoyer. […] Et alors vous auriez précisément ce que je viens de vous indiquer, un conte symbolique où Psyché serait présentée comme l’être humain qui cherche sans cesse à anatomiser ses passions et ses sentiments, et qui, à ce jeu terrible, finit par les mortifier, comme on disait si bien au dix-huitième siècle, et par les ruiner. […] Voici le passage, le voici tout entier : Psyché, à travers les épreuves dont je vous ai parlé, traversant les déserts, traversant les contrées sauvages, finit, ce qui est tout à fait naturel, par rencontrer un ermite pas tout à fait, puisque c’est un bon vieillard qui vit dans une sorte de cottage avec sa fille qui lui raconte son histoire. […] Le vieillard finit par l’exagération du bonheur dont il jouit dans la solitude et par louanger la solitude elle-même. […] Il fait cent folies pour elle et finit par tomber dans une affreuse misère.
II Pour qui croit à la forte influence de la race sur le caractère, le génie et la beauté des hommes (et je suis de ceux qui ont cette faiblesse, il ne sera pas indifférent de savoir quelle fut cette famille de Guérin qui a fini par deux poëtes, le frère et la sœur. « Les chroniques de notre maison nous disent de race vénitienne », a écrit Mlle Eugénie, avec cette plume de cygne croisé d’aigle que ses doigts délicats tiennent parfois si droite et si ferme, et qui aurait écrit l’histoire aussi bien qu’autre chose. […] Quand il était fini, si le temps le permettait, elle faisait une promenade pour distraire son père ou quelquefois « une visite au hameau voisin où il y avait un malade à voir, ou quelque affligé à consoler. […] IV Encore quelques mots et nous aurons fini. […] « Quand le ciel tomberait, écrivait Eugénie, il n’ajouterait rien à mon accablement. » Sans la foi, qui lui fit soutenir sa croix, à deux bras sur son cœur brisé, elle aurait, comme tant d’autres, qui ont l’air de vivre et qui sont finis, été finie à la source des palpitations et dans les racines mêmes de son être.
Si, lorsque ce sera fait, c’était fini, le plus tôt fait serait le meilleur. Si l’assassinat tranchait à la fois toutes ses conséquences, et que le moment qui le termine lui livrât le succès ; qu’après ce seul coup on pût dire : Voilà tout, voilà qui finit tout, au moins ici-bas, sur ce rivage, sur cette île étroite du temps, nous jetterions au hasard la vie à venir. — Mais, en pareil cas, nous subissons toujours cet arrêt, que les sanglantes leçons enseignées par nous tournent, une fois apprises, à la ruine de leur inventeur. […] Tout est fini, et vous êtes là à regarder une chaise ! […] Dans les anciens temps, avant que des lois humaines eussent purgé de crimes les sociétés adoucies, oui vraiment, et même depuis, il s’est commis des meurtres trop terribles pour que l’oreille en supporte le récit ; et l’on a vu des temps où, lorsqu’un homme avait la cervelle enlevée, il mourait, et tout finissait là. […] Finis, finis, court flambeau : la vie n’est qu’une ombre ambulante ; elle ressemble à un comédien qui se pavane et s’agite sur le théâtre tant que dure son heure ; après quoi il n’en est plus question ; c’est un conte raconté par un niais avec beaucoup de bruit et de chaleur, et qui ne signifie rien.
L’homme, pour être vraiment religieux, doit avoir à la fois le sentiment de sa faiblesse et de sa force, le sentiment de l’infini et du fini, de Dieu et de l’Humanité. […] Toujours abîmé dans la contemplation de la force divine, les êtres finis ne lui apparaissent que sous des traits peu arrêtés, comme des ondulations de la Vie générale. […] Lui aussi, quand il le veut, il peut, comme Lamartine, briser tous les moules et généraliser la vie ; en vingt vers il peint l’extase devant la vie universelle : mais le sentiment des êtres finis ne l’abandonne jamais, même quand il a le sentiment le plus profond de l’infini. […] se plaira-t-il à toute cette grandeur contre laquelle ses pères, vassaux révoltés, luttèrent pendant tant de siècles, et qu’ils ont fini par traîner dans la poussière et dans le sang, contre laquelle ses maîtres les philosophes ont prononcé un anathème et un arrêt de mort ? […] ou plutôt malheur à l’artiste qui, voyant son époque indécise flotter entre le passé et l’avenir, sans destinée, se déchire ainsi lui-même, et finit par n’avoir pas d’autre religion sociale que le culte de l’art, la religion de l’art !
L’homme pourrait faire un pacte avec son sort ; il pourrait finir peut-être par s’accommoder avec son néant ; il connaîtrait son ennemi, il le verrait en face ; la mort serait toujours un abîme, mais elle ne serait pas un piège ; en s’en rapprochant pas à pas, on pourrait s’y accoutumer ; en lui enlevant son imprévu, la nature lui enlèverait la moitié de ses terreurs. […] J’ai éprouvé mille fois, par moi-même, que, si je ne changeais pas de place, de résidence, d’horizon, je ne changeais pas d’idées ; que ces idées, toujours les mêmes par suite de la monotonie du même milieu dans lequel elles ont été conçues, finissaient par se pétrifier ou par croupir, et qu’en croupissant dans l’âme elles finissaient enfin par s’altérer et par se fausser. […] L’uniformité du point de vue borné d’où ils envisagent les choses finit presque toujours par fausser même leur regard et leur esprit ; mathématiciens abstraits, mécaniciens de génie, industriels consommés, prodigieux artistes, hommes de lettres immortels par le style, comme J. […] L’isolement de cette idée a fini promptement par lui donner le délire. […] « Mais, quelque grand qu’il soit, il finit, il commence.
La conjecture finit, l’histoire commence, et nous devons dire, à l’honneur de M. […] Je sais bien qu’il y a, de nos jours aussi, quelques écrivains que la société a fini par traiter un peu en bouffons et en grotesques ; mais à qui la faute ? […] Thiers a fini par la religion, et que M. […] Il est si sincère, si convaincu, qu’une partie de sa conviction passe, bon gré, mal gré, dans l’esprit de son auditeur, et que l’on finit par croire avec lui. […] C’est au Temple que cette personnalité commence pour ne plus finir qu’avec son dernier souffle.
On ne dira pas de cette saison qu’elle a porté une grande moisson de poëtes (magnum proventum tulit) ; évidemment il faut que les dernières générations qui ont donné aient été un grand effort pour que la nature se repose ainsi ; il faut que les années d’auparavant aient tout pris, et nous finirons par croire que 1829 fait époque. […] Il en a fait bon nombre de mémorables et qui le peindraient dans sa nature distinguée, laborieuse et malheureuse : La rose a des poisons qu’on finit par trouver.
Lisez-le… Ce que ces trente pages abondantes en redites finiront — peut-être — par évoquer dans votre esprit, c’est tout bonnement la vision de la vieille forêt vierge classique, celle que Chateaubriand décrit en cent lignes et Lamartine en deux cents vers (dans la Chute d’un Ange) ; mais combien moins nette chez le journaliste yankee que chez nos deux compatriotes ! […] L’emphase presque continue de la forme finit par donner quelque méfiance sur le fond.
La tendance qu’avait Gros-Guillaume à singer les travers des gens finit, comme on sait, par le perdre. […] Notre apprentissage dramatique a été, sans contredit, très long, plein de haltes, de tâtonnements, de chutes même ; et cette supériorité, que nous avons fini par imposer à toute l’Europe, a été conquise peu à peu et par le plus laborieux progrès.
Vacquerie, disciple en ceci de ce dernier, et d’ailleurs normand comme Corneille, qui ait osé de nos jours un provincialisme comme : J’aurais fini par supporter Un chœur d’Esther ». Et Paul Verlaine finissait par laisser entendre qu’à son avis, rimer mal ou assoner était une marque d’impuissance.
Aussi longtemps qu’un coin de votre sol demeurera esclave, aussi longtemps que l’Italie ne sera pas une, des Alpes à la mer, votre tâche ne sera pas finie. […] Les choses ne pouvaient plus durer ainsi, et Michel finirait bien par se débarrasser de sa muselière. […] Évanoui, il entend des voix qui racontent son histoire, et qui disent que son expiation n’est pas finie. […] Il arrive à l’inconnu ; et quand, affolé, il finirait par perdre l’intelligence de ses visions, il les a vues ! […] On commence par la botanique et on finit par l’extase ; on commence par étudier les cailloux, et on finit par grimper jusqu’aux cimes des Alpes pour y contempler, dans le ravissement, le lever du soleil.
La conversation finit par des conjectures. […] Une guerre vient-elle à s’allumer, la tasse de café augmente d’un sol ; la guerre vient-elle à finir, le café reste au même prix. […] Trois originaux avoient pris querelle ; ils alloient se tuer, quand ils finirent par des éclats de rire. […] aussi s’empresse-t-on de le finir. […] Vous finissez par me convaincre….
Tout est fini. […] » Puis, se tournant vers son ami : « Si tout est fini, lui dit-il, que le ciel te bénisse ! […] En une demi-heure il avait fini. […] La pauvre fille refusa longtemps de jouer ce jeu cruel, puis finit par céder. […] » le sommelier finit par le tranquilliser par la même interjection différemment accentuée.
» Et les grosses joues de Kobus se relevaient, sa grande bouche se fendait jusqu’aux oreilles, son large nez s’épatait de satisfaction ; il poussait un éclat de rire qui n’en finissait plus. […] — Oui, allons à la brasserie, s’écrièrent les autres, cela finira bien notre journée. […] » Et, songeant à ces choses, il s’habillait et descendait ; les gens de la ferme avaient fini leur repas du matin ; ils attachaient la charrue et se mettaient en route. […] « Je n’en viendrai jamais à bout, c’est fini ! […] Et quand Kobus eut fini sa valse, et qu’il se retourna tout content de lui-même : « Oh !
Le tout a fini par composer une sorte de ramage très diversifié et, complet qui ; durait un quart d’heure de suite et recommençait dix fois par jour. […] Quand on l’écoute avec attention et quand on essaye de le reproduire soi-même, on s’aperçoit que c’est le geste vocal naturel de quelqu’un qui happe quelque chose ; il commence par une aspirée gutturale voisine d’un aboiement et finit par l’occlusion des lèvres exécutée comme si l’aliment était saisi et englouti ; un homme ne ferait pas autrement si parmi des sauvages, les mains liées, et n’ayant pour s’exprimer que ses organes vocaux, il voulait dire qu’il a envie de manger […] » Ses exclamations ne finissaient pas (vingt mois). — Un peu plus tard (deux ans et demi), elle a été extrêmement frappée par la vue de la lune. […] 2º Bédames (belles dames). — D’abord on lui a montré, en prononçant ce nom, les trois Grâces en bronze de Germain Pilon, hautes d’une coudée, sur la cheminée, et il a fini par prononcer le nom, par le répéter de lui-même, en tournant les yeux vers elles. — Puis, de lui-même, il l’a appliqué à diverses figures humaines peintes ou dessinées dans des livres d’enfants ou dans des tableaux. — Ces jours-ci, il a découvert au bout d’une petite canne une tête d’enfant en cuivre, grosse comme le bout du doigt, et il l’a apportée triomphalement, en criant : Bédames ! […] L’érudit : commence et finit par ces types phonétiques ; s’il les méconnaît, ou s’il veut ramener les mots aux cris des animaux ou aux interjections humaines, c’est à ses propres risques.
Ces conversations, d’abord rares et courtes, avaient fini par amener, entre elle et lui, une amitié secrète, puis enfin un amour que ni l’un ni l’autre ne savaient bien dissimuler. […] CXC J’affectai l’air indifférent à ces paroles du petit enfant ; je lui donnai cinq ou six grosses bottes de paille des prisons à tresser proprement pour le pavé des cachots, et je lui recommandai bien de ne pas se déranger de son ouvrage entre les deux portes, jusqu’au moment où il aurait fini tout son travail et où je viendrais le chercher pour étendre les nattes avec lui sur les dalles des cachots. […] J’y pris une fiasque, et la montrant, ainsi que la zampogne, au piccinino, je lui dis que n’ayant plus rien à faire dans la cour, après mon service fini, j’allais pour passer le temps, à l’ombre des arcades du cloître, jouer quelques airs de mon métier aux malheureux enfermés sans amusement dans leurs loges ; le piccinino, qui avait bon cœur, qui aimait, comme tous les enfants, le son de la zampogne, n’y entendit aucune malice et trouva que c’était une pensée du bon Dieu que de rappeler la liberté aux captifs et le plaisir aux malheureux. […] CXCV Aussi, pour bien le confirmer dans l’idée qu’il allait me voir apparaître, quand je fus à la dernière arcade au tournant du cloître avant son grillage, je m’assis sur le socle de l’arcade et je jouai doucement, lentement, amoureusement, l’air de la nuit dans la tour, afin qu’il comprît bien que j’étais là, à dix pas de lui, et qu’il entendît pour ainsi dire battre mon cœur dans la zampogne ; et je finis l’air, non pas comme d’habitude, par ces volées de notes qui semblaient s’élancer vers le ciel, comme des alouettes joyeuses montant au soleil, mais je le finis par deux longs, lugubres et tendres soupirs de l’instrument qui semblait bien plutôt pleurer que chanter, hélas ! […] CXCVII Je finis, la première, par sangloter tellement qu’aucune parole articulée ne pouvait sortir tout entière de mes lèvres.
Le caractère de la poésie des Fleurs du mal, à l’exception de quelques rares morceaux que le désespoir a fini par glacer, c’est le trouble, c’est la furie, c’est le regard convulsé, et non pas le regard sombrement clair et limpide du Visionnaire de Florence. […] Ce qui leur manque, c’est le concours loyal, désintéressé de ceux il qui le public, trop occupé et trop affairé, a dévolu la charge de l’éclairer et de l’avertir, de faire pour lui le dépouillement des réputations, et qui, à force de lui crier au loup pour des ombres, finissent par l’endormir dans son indifférence. […] Il faut donc chercher un autre mot, et, quel qu’il puisse être, il finira par avoir le sort de tous les autres. » Voilà le danger signalé par un pur classique, par un écrivain qui traitait Shakspeare et Schiller de sauvages, et leurs traducteurs, MM. […] Certes, avec notre prétention de parler toujours pour tout le monde, — journaux pour tous, lectures pour tous, — nous finirons par ne plus faire ni livres, ni journaux. À force d’avoir toujours en vue les jeunes demoiselles, on finit par manquer de respect aux hommes et à soi-même.
Il y a presque toujours une part de rappel mécanique et une part de reconstitution intelligente, si bien mêlées ensemble que nous ne saurions dire où commence l’une et où finit l’autre. […] Ce travail aurait-il fini par aboutir ? […] L’acte d’intellection s’accomplissant sans cesse, il est difficile de dire ici où commence et où finit l’effort intellectuel. […] Sensations et représentation sont d’ailleurs ici en continuité si parfaite qu’on ne saurait dire où l’une finit, où les autres commencent. […] Puisqu’il faudra toujours finir par reconnaître cette différence, pourquoi ne pas commencer par là ?
C’était tout de suite fini. […] L’ouvrage fini, dès qu’il le relit, il le juge d’un écolier. […] Et pourtant, qui dira où elle commence et où elle finit ? […] On va peut-être finir par ouvrir les yeux ! […] Sa période de grande production est finie.
Voltaire, dans ce fameux séjour, ne se brouilla finalement avec Frédéric que parce qu’il avait commencé par avoir à Berlin procès sur procès, qu’il s’était brouillé auparavant avec ses autres confrères les gens de lettres, et qu’il avait introduit la guerre civile dans l’Académie : L’affaire de Voltaire (un procès avec le juif Hirschel) n’est pas encore finie, écrivait Frédéric à sa sœur (2 février 1751). […] Je le verrai quand tout sera fini ; mais, à la longue, j’aime mieux vivre avec Maupertuis qu’avec lui. […] Les opéras, les chanteurs et cantatrices, qui sont un de ses plaisirs, ne lui suffisent pas : elle a besoin de conversation ; il y a des vides et des silences autour d’elle : « Nos entretiens me semblent comme la musique chinoise, ou il y a de longues pauses qui finissent par des tons discordants. » Cette conversation qui lui manque de près, elle la cherche au loin, et elle trouve heureusement dans son frère un correspondant qui a du temps pour tout. […] Elle lui a fait toutes les excuses possibles d’une certaine aventure de Cinabres et de Sicambres, et elle a fini par me faire un présent magnifique.
Les succès ont donc été balancés l’année 1758 et le seront probablement encore l’année prochaine, et l’année d’après ; et Dieu sait quand les malheurs du genre humain finiront ! […] Racine a fini par être le premier des poètes dans Athalie, et Corneille a été le dernier dans plus de dix pièces de théâtre, sans qu’il y ait dans ces enfants infortunés ni la plus légère étincelle de génie, ni le moindre vers à retenir. […] Et encore, et plus gaiement (septembre 1770) : Je crois que rien ne pourra empêcher le factum de La Chalotais de paraître ; le public s’amusera, disputera, s’échauffera ; dans un mois, tout finira ; dans cinq semaines, tout s’oubliera. […] Cela honore sa vieillesse ; cela explique, qu’on ait fini par rattacher à son nom une renommée plus sérieuse et plus grandiose que ne semblaient l’autoriser tant d’incartades de conduite et d’inconséquences, et cela aussi fait regretter qu’il ne se soit pas toujours souvenu de ce qu’il écrivit une fois à un libraire de Hollande, Marc-Michel Rey, qui lui attribuait dans son catalogue des ouvrages indignes de lui : Mon nom ne rendra pas ces ouvrages meilleurs, et n’en facilitera pas la vente.
Musset est fini ; Lamartine écrit pour vivre. […] Il les mêle aux mots techniques : c’est un moyen d’agrandir la réalité, de développer des images finies en symboles fantastiques. […] Le temps des exaltations passionnées est si bien fini que le plus impénitent des romantiques n’a pas plus de sentiment que les autres. […] Ce délicieux acrobate finit le romantisme.
Et ils ne croient pas à sa sincérité : « Oui, ce sont de ces choses qu’on dit… Mais vous y viendrez… On finit toujours par y venir. » Mais enfin, si pourtant M. […] Daudet n’aurait fait l’Immortel… Il est certain qu’avec tout cela, on l’aime, cette risible Académie, et que les plus fiers et les plus révoltés finissent souvent par lui faire amende honorable. […] Je n’avais pas fini et j’oubliais la duchesse. […] « … Puis la sortie, de froids saluts échangés entre les arcades du petit cloître, et le soupir soulagé de la duchesse, son : « C’est fini, mon Dieu !
L’affaire est finie, bien finie. […] Le jour où tout semblait fini par l’acquittement d’Esterhazy, Zola fut celui dont la vaillance inattendue effare la marche brutale et tranquille des puissances. […] La Vérité en marche, pauvre livre de bourgeois vaniteux et d’enfant ébloui aux moindres lueurs, finit par les ineffables articles sur François Zola.
j’en ai perdu deux (Jordan et Keyserlingk) que je regretterai toute ma vie et dont le souvenir ne finira qu’avec ma durée… Selon ma façon de penser, l’amitié est indispensable à notre bonheur. […] Si ma destinée est finie, souviens-toi d’un ami qui t’aime toujours tendrement ; si le ciel prolonge mes jours, je t’écrirai dès demain et tu apprendras notre victoire. — Adieu, cher ami, je t’aimerai jusqu’à la mort. […] L’orgueil national pourtant finira par se décider à l’admiration, et la joie générale éclatera à la seconde victoire. […] Ôtez de devant mes yeux cette épée qui m’éblouit et me blesse. » Frédéric ne se choque point, et à l’étrange boutade du philosophe sauvage il n’oppose que ces mots : « Il veut que je fasse la paix ; le bonhomme ne sait pas la difficulté qu’il y a d’y parvenir, et, s’il connaissait les politiques avec lesquels j’ai affaire, il les trouverait bien autrement intraitables que les philosophes avec lesquels il s’est brouillé. » Aussitôt la paix conclue, Frédéric se fait une joie de revoir son ami le Milord Maréchal, et, quand celui-ci l’a quitté pour retourner en Écosse, il essaye de le rappeler à Postdam par ces paroles où perce cette fois un sourire et un vrai parfum de poésie : « Je finis ma lettre en vous apprenant, mon cher Milord, que mon chèvrefeuille est sorti, que mon sureau va débourgeonner, et que les oies sauvages sont déjà de retour.
Le rêve fini, l’insomnie m’a pris, et ma pensée incapable de se rendormir, poussée violemment au dernier roman que nous devions faire : La Fille Élisa, a travaillé, le reste de la nuit, dans l’horrible. […] Mardi 27 mai J’ai eu un succès au dîner de Brébant, avec ce mot : « La France finira par des pronunciamento d’académiciens. » 2 juin Je ne puis surmonter mon dégoût, quand je lis à la quatrième page d’un journal, dans les réclames payées : Il vient de paraître la seconde édition : De la situation des ouvriers en Angleterre… « travail où M. le comte de Paris a fait œuvre de penseur et de citoyen… » Les prétendants qui se font écrivains socialistes… Pouah ! 7 juin Je ne crois pas que le monde finisse, parce qu’une société périt. […] » Et il termine, en disant qu’il pense que ça finira, comme en Chine, où il croit à une science primordiale complètement perdue, et réduite et tombée à des recettes industrielles.
Il me reste, pour en finir, à relever quelques indications de psychologie, découlant des récits du présent recueil. […] On rapporte même des exemples de fidélité excessive : les amants fidèles, la femme d’Ibrahima (Ibrahima et les hafritt) qui attend son mari neuf ans mais finit tout de même par se remarier. […] Un coup de poing de Birama et c’est fini. […] Pour en finir avec cette étude un peu aride je renvoie le lecteur à ce j’ai dit (Chapitre I) des conceptions ethniques, cosmogoniques et zoologiques des noirs telles qu’elles semblent ressortir des contes de ce recueil.
III Ainsi, vous le voyez, quoiqu’il ne s’agisse ici que des Œuvres diverses de Lord Macaulay et non de ses travaux spécialement historiques, il n’est pas cependant possible d’écarter cette idée d’Histoire qui revient toujours dans Macaulay, qui le hante, le tente, le possède, et a fini un jour, comme un démon, par l’emporter ! […] et qui croyait avoir tout fini de son intéressante besogne, quand elle avait poinçonné et plombé un livre ; car voilà ce qu’ils étaient tous, les critiques d’alors : des poinçonneurs et des plombiers ! […] Au milieu d’aperçus si brillants qu’ils semblent parfois des paradoxes, comme, par exemple, le passage de l’article de Dryden, qui tout à la fois éblouit et navre, sur le peu de nécessité des grands hommes, Macaulay a des étreintes impitoyables de bon sens et parfois des simplicités pleines de force, qui résument et finissent tout d’un trait, comme quand il dit de Lord Byron ces quelques mots faciles à trouver, dirait-on, mais qui ont détendu d’un seul coup tous les arcs du Cant et de la Calomnie bandés contre l’immoralité du grand poète : « Lord Byron n’a pas été plus coupable qu’aucun autre homme qui ne vit pas bien avec sa femme. » Peut-on dire plus simple, plus profond et plus vrai ? […] IX C’est un écrivain du plus grand talent, mais ce n’est pourtant pas, comme Thomas Carlyle, ce qu’on peut appeler un écrivain de génie, et je lui ferai même avant de finir deux reproches (littéraires tous deux !)
Mais l’horizon naturel, même pour cette vue si perçante, finissait là. […] Il finit par demander presque pardon au lecteur de dire encore Homère : « Je me sers, dit-il, d’une expression convenue pour éviter une périphrase. » Nous ne saurions, après l’avoir lu, nous sentir aussi édifié que lui. […] Mais nous n’avons pas fini de tout dire à propos de cette Iliade sur laquelle on a cependant tout dit, et nous y reviendrons encore.
Si le monde tend vers l’uniformité, ce n’est pas parce que ses parties ultimes, d’abord dissemblables, tendent à devenir de moins en moins différentes, c’est parce que, se déplaçant au hasard, elles finissent par se mélanger. […] La perturbation se propage avec une vitesse finie ; elle n’atteint donc le second électron que quand le premier est depuis longtemps rentré dans le repos. […] C’est pourquoi j’ai longtemps pensé que ces conséquences de la théorie, contraires au principe de Newton, finiraient un jour par être abandonnées et pourtant les expériences récentes sur les mouvements des électrons issus du radium semblent plutôt les confirmer.
Ce qui paraît maintenant bien probable, c’est que le socialisme ne finira pas. […] Un œil sagace, en l’an 300 de notre ère, aurait pu voir que le christianisme ne finirait pas ; mais il aurait dû voir que le monde ne finirait pas non plus, que la société humaine adapterait le christianisme à ses besoins et, d’une croyance destructive au premier chef, ferait un calmant, une machine essentiellement conservatrice.
Cela est immoral ; cela est une conception étroite et finie de l’existence ; cela ne peut partir que d’une âme dépourvue de religion et de poésie 50. […] Car le barbare, avec ses rêves et ses fables, vaut mieux que l’homme positif qui ne comprend que le fini. […] Croyez-vous qu’il ne fait pas plus d’honneur à la nature humaine en témoignant, d’une façon irrationnelle sans doute, mais puissante, qu’il y a dans l’homme des instincts supérieurs à tous les désirs du fini et à l’amour de soi-même !
« Il faut que ça finisse ! il est temps que ça finisse ! […] « Il est temps que ça finisse !
Il faut cependant que notre recueil de refontes et de ratures soit de quelque poids, puisque, devant cette quantité de manuscrits d’écrivains illustres, on finit par déclarer qu’« après tout je lui semble presque raisonnable ». […] Mais on n’en finit jamais avec M. […] C’est fort possible, et c’est ce qu’exprimait Flaubert, lorsqu’il disait que la prose n’est jamais finie ; et Buffon pareillement ; « J’apprends tous les jours à écrire. » Et Boileau de même : Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage.
» Eh bien, si c’est de partir, si c’est de vouloir, si c’est de deviner le vrai et le possible d’une grande chose et d’avoir sacrifié sa vie pour la conquérir, le comte Gaston de Raousset-Boulbon est un de ces touchants grands hommes que l’histoire nomme un jour entre deux de ses pages et puis finit par oublier ! […] Quoique poète, comme nous allons le voir, quoique ayant à un degré éminent les qualités qui doivent un jour produire l’écrivain, il n’avait pas, il n’eut jamais l’inquiétude du xixe siècle, le vague à l’âme des Obermann et des René, ces génies idiots de caractère, qui ont une tête, mais pas de cœur, mais pas de mains, et qui finissent par mourir d’une hypertrophie de rêveries ! […] Après avoir merveilleusement commencé, il a tragiquement fini, d’une mort sublime, mais inutile.
D’abord, ces lettres sont de Goethe, dont la gloire n’est point encore dans cette période de décroissance que la gloire subit à son tour, comme toutes les choses de ce monde fini. […] On était si las de la rhétorique de ce lâche menteur trop admiré, qu’on trouva d’une sensation délicieuse un livre rapide, de courte haleine, où la passion, la bavarde passion, savait en finir, et avalait ce verre d’eau du suicide, comme dit Stendhal, sans même penser à cette vieillerie de l’enseignement chrétien qui avait été la loi morale de l’Europe. […] À force de fouiller dans ces êtres indécis indiqués par Goethe en quelques traits parfois puissants, mais toujours rares, Saint-Victor a fini par les accoucher de la passion et de la vie.
Et, quand il a fini son terrible réquisitoire en action, il ne doit pas conclure dogmatiquement par ce mot faux, qui ressemble au mot d’un niais d’honnête homme vertueux qui se trompe ou d’un misanthrope littéraire vexé qui se venge : « La Critique n’est point un chemin, mais une impasse », car la Critique est un chemin qui mène au même but que tout emploi des facultés humaines, quand cet emploi accuse de la puissance ou de la profondeur dans les facultés. […] Ouvrez au hasard ce charmant petit livre, à l’encre rouge, et voyez si à toute page vous ne trouvez pas cet amour sensuel de la forme, cette exagération violente du pittoresque, ce mépris du bourgeois qui appartient à Gautier comme le mépris du philistin appartient à Heine, ce mutisme religieux, cette sombre et voluptueuse étreinte des choses finies, cette conception brute et blême de l’amour sans idéal et de la mort sans immortalité, et enfin, pour parachever le tout, l’éternelle assomption des Clorindes du bal Mabille et de la Maison-d’Or, qui meurent, dit le poète (dans Les Vignes du Seigneur) : L’estomac ruiné de champagne Et le cœur abîmé d’amour ! […] Il pensait, ce grand homme ignoré, que le nombre des âmes créées était fixe, et que les divers personnages qui se succèdent dans ce carnaval de Venise du genre humain et de l’histoire étaient toujours remplis par les mêmes acteurs, lesquels, leur rôlet fini, allaient changer de costume dans la loge de leurs tombes, et en ressortaient, avec d’autres oripeaux et d’autres masques, pour recommencer sur nouveaux frais leur éternel personnage, avec ses modifications variées de temps et de lieu.
Elle a, par une intensité qui est, à sa façon, du génie, tous les tons et toutes les nuances de la passion qui fait si magnifiquement vibrer l’âme humaine et qui finit presque toujours par la briser. […] Ce ne fut plus que l’intimité, — l’intimité plus forte que tout encore, l’intimité fatale, déchirée, déchirante, dont on ne peut plus se passer quand on a goûté à son philtre… Les lettres de Réa, de brûlantes, deviennent touchantes, tristement amères, courageusement maternelles, et le recueil finit avant que la généreuse créature blessée ait cessé d’admirer l’homme qui ne la méritait pas, et jusqu’à la fin elle s’obstine à la fidélité de l’enthousiasme dans l’amour ! […] lisez plutôt ces lettres, ce roman fini dans un tour d’année.
Aujourd’hui, pour se dégourdir de ces graves travaux qui finiraient par ankyloser Arlequin, il nous donne, à nous, superficiels, qui ne sommes pas des Renan (Dieu merci !) […] Le peu de fer qu’il y avait dans la ouate plus ou moins enflammée de ce livre s’amollit et se fond, — et tout est bien qui finit bien ! […] — finissent délicieusement par des mariages d’amour, comme dans les Contes de fées, et ils poussent le bonheur jusqu’à n’avoir pas beaucoup d’enfants, car Jean-Théodore, qui a abdiqué par amour, n’en a qu’un.
Aussi, dès qu’il se borne à peindre l’art et les artistes dans ce moyen âge, où il y avait du moins harmonie et stabilité pour les âmes, quelque chose de calme, de doré et de solennel succède aux délirantes émotions qu’il tirait des désordres du présent ; depuis l’atelier de maître Martin le tonnelier, qui est un artiste, jusqu’à la cour du digne landgrave de Thuringe, où se réunissent autour de la jeune comtesse Mathilde, luth et harpe en main, les sept grands maîtres du chant, partout dans cet ordre établi, on sent que le talent n’est plus égaré au hasard, et que l’œuvre de chacun s’accomplit paisiblement ; s’il y a lutte encore par instants dans l’âme de l’artiste, le bon et pieux génie finit du moins par triompher, et celui qui a reçu un don en naissant ne demeure pas inévitablement en proie au tumulte de son cœur. […] Comment le mal augmente, quel remède on y trouve, et par quels degrés Eugène en vient à changer sa vieille et bonne moitié, qui se résigne d’elle-même au divorce, contre la petite nièce de quatorze ans qui a fini par en avoir seize, c’est ce que le lecteur ne manquera pas de lire tout au long dans Hoffmann avec plus d’un sourire entremêlé d’attendrissement.
La gloire, la vertu, le génie viennent se briser contre cette force destructive ; elle met une borne aux efforts, aux élans de la nature humaine, son influence est souveraine ; car qui blâme, qui déjoue, qui s’oppose, qui renverse, qui se saisit enfin de la force destructive, finit toujours par triompher. […] Si la vengeance n’est pas proscrite par l’esprit public dans une nation où chaque individu existe de toute sa force personnelle, où le despotisme ne comprimant point la masse, chaque homme a une valeur et une puissance particulière, les individus finiront par haïr tous les individus, et le lien de parti se rompant à mesure qu’un nouveau mouvement crée de nouvelles divisions, il n’y aura point d’homme qui n’ait, après un certain temps, des motifs pour détester successivement tout ce qu’il a connu dans sa vie.
À leur tête, le roi, qui a fait la France en se dévouant à elle comme à sa chose propre, finit par user d’elle comme de sa chose propre ; l’argent public est son argent de poche, et des passions, des vanités, des faiblesses personnelles, des habitudes de luxe, des préoccupations de famille, des intrigues de maîtresse, des caprices d’épouse gouvernent un État de vingt-six millions d’hommes avec un arbitraire, une incurie, une prodigalité, une maladresse, un manque de suite qu’on excuserait à peine dans la conduite d’un domaine privé Roi et privilégiés, ils n’excellent qu’en un point, le savoir-vivre, le bon goût, le bon ton, le talent de représenter et de recevoir, le don de causer avec grâce, finesse et gaieté, l’art de transformer la vie en une fête ingénieuse et brillante, comme si le monde était un salon d’oisifs délicats où il suffit d’être spirituel et aimable, tandis qu’il est un cirque où il faut être fort pour combattre, et un laboratoire où il faut travailler pour être utile Par cette habitude, cette perfection et cet ascendant de la conversation polie, ils ont imprimé à l’esprit français la forme classique, qui, combinée avec le nouvel acquis scientifique, produit la philosophie du dix-huitième siècle, le discrédit de la tradition, la prétention de refondre toutes les institutions humaines d’après la raison seule, l’application des méthodes mathématiques à la politique et à la morale, le catéchisme des droits de l’homme, et tous les dogmes anarchiques et despotiques du Contrat social Une fois que la chimère est née, ils la recueillent chez eux comme un passe-temps de salon ; ils jouent avec le monstre tout petit, encore innocent, enrubanné comme un mouton d’églogue ; ils n’imaginent pas qu’il puisse jamais devenir une bête enragée et formidable ; ils le nourrissent, ils le flattent, puis, de leur hôtel, ils le laissent descendre dans la rue Là, chez une bourgeoisie que le gouvernement indispose en compromettant sa fortune, que les privilèges heurtent en comprimant ses ambitions, que l’inégalité blesse en froissant son amour-propre, la théorie révolutionnaire prend des accroissements rapides, une âpreté soudaine, et, au bout de quelques années, se trouve la maîtresse incontestée de l’opinion À ce moment et sur son appel, surgit un autre colosse, un monstre aux millions de têtes, une brute effarouchée et aveugle, tout un peuple pressuré, exaspéré et subitement déchaîné contre le gouvernement dont les exactions le dépouillent, contre les privilégiés dont les droits l’affament, sans que, dans ces campagnes désertées par leurs patrons naturels, il se rencontre une autorité survivante, sans que, dans ces provinces pliées à la centralisation mécanique, il reste un groupe indépendant, sans que, dans cette société désagrégée par le despotisme, il puisse se former des centres d’initiative et de résistance, sans que, dans cette haute classe désarmée par son humanité même, il se trouve un politique exempt d’illusion et capable d’action, sans que tant de bonnes volontés et de belles intelligences puissent se défendre contre les deux ennemis de toute liberté et de tout ordre, contre la contagion du rêve démocratique qui trouble les meilleures têtes et contre les irruptions de la brutalité populacière qui pervertit les meilleures lois. […] « C’est précisément ce que je vous dis : c’est au nom de la philosophie, de l’humanité, de la liberté, c’est sous le règne de la raison qu’il vous arrivera de finir ainsi ; et ce sera bien le règne de la raison, car elle aura des temples, et même il n’y aura plus dans toute la France, en ce temps-là, que des temples de la raison… Vous, monsieur de Chamfort, vous vous couperez les veines de vingt-deux coups de rasoir, et pourtant vous n’en mourrez que quelques mois après.
Quand l’archevêque de Paris fait mettre les scellés sur leur bibliothèque (parce qu’elle contient des livres jansénistes), elles les font lever par deux « visiteurs » de leur ordre, et l’archevêque finit par leur faire des excuses. […] Tout cela est fini.
De la sorte, le lecteur finit par s’effrayer de chaque mot, car auprès d’aucun il n’a plus la sécurité d’une banalité plane, il n’est plus certain qu’il ne cache pas le plus terrifiant mystère. […] Son évolution l’y entraîne ; et cet homme, qui a commencé par être un parfait artiste de légendes, finira par renoncer aux drames et aux œuvres imaginatives pour se consacrer exclusivement aux sciences morales.
Les Uranistes ne voyoient rien au-dessus de ce sonnet : Il faut finir mes jours en l’amour d’Uranie ; L’absence ni le temps ne m’en sçauroient guérir, Et je ne vois plus rien qui me pût secourir, Ni qui sçût rappeller ma liberté bannie. […] Cet ami ne balança point, & lui envoya pour réponse un rondeau qui finit par ces vers : De ces rondeaux un livre tout nouveau A bien des gens n’a pas eu l’art de plaire : Mais, quant à moi, j’en trouve tout fort beau, Papier, dorure, images, caractère, Hormis les vers qu’il falloit laisser faire A la Fontaine.
On finit par leur ôter même ce qui leur appartient. […] La Fontaine ne pouvait guère finir par une plus jolie fable.
Nous avons vu jusqu’à présent, que dès qu’un homme en place, roi ou prince, cardinal ou évêque, général d’armée ou ministre, enfin quiconque, ou avait fait ou avait dû faire de grandes choses, était mort, tout aussitôt un orateur sacré, nommé par la famille, s’emparait de ce grand homme, et après avoir choisi un texte, fait un exorde ou trivial ou touchant, sur la vanité des grandeurs de ce monde, divisé le mérite du mort en deux ou trois points, et chacun des trois points en quatre ; après avoir parlé longuement de la généalogie, en disant qu’il n’en parlerait pas, faisait ensuite le détail des grandes qualités que le mort avait eues ou qu’il devait avoir, mêlait à ces qualités des réflexions ou fines ou profondes, ou élevées ou communes, sur les vertus, sur les vices, sur la cour, sur la guerre, et finissait enfin par assurer que celui qu’on louait, avait été un très grand homme dans ce monde, et serait probablement un très grand saint dans l’autre. […] Enfin ceux qui sentent tout le prix des talents, et qui ont le goût des arts, voient avec intérêt, à la suite des princes, des généraux et des ministres, les noms des artistes célèbres ; de Lully, de Mansart, de Le Brun ; de ce Claude Perrault, qu’on essaya de tourner en ridicule, et qui était un grand homme ; de la Quintinie, qui commença par plaider avec éloquence, et qui finit par instruire l’Europe sur le jardinage ; de Mignard, dont ses parents voulurent faire un médecin, et dont la nature fit un peintre ; du Poussin, qui, las des intrigues et des petites cabales de Paris, retourna à Rome vivre tranquille et pauvre ; de Le Sueur qui mérita que l’envie allât défigurer ses tableaux ; de Sarrazin, qui, comme Michel-Ange, fut à la fois sculpteur et peintre, et eut la gloire de créer les deux Marsis et Girardon ; de Varin, qui perfectionna en homme de génie l’art des médailles ; enfin du célèbre et immortel Callot, qui eut l’audace, quoique noble, de préférer l’art de graver, à l’oisiveté d’un gentilhomme, et qui imprima à tous ses ouvrages le caractère de l’imagination et du talent.
Il vise à l’originalité, et finit par tomber dans l’affectation et dans la manière. […] Je dirai même qu’à force d’avoir de l’honneur, il finit par en manquer. […] Elle commence parle sublime, et elle finit par le ridicule. […] Tout finit avec vous, qui vous l’a dit ? […] Si nos misères sont finies, pourrait-on m’expliquer pourquoi M.
C’est fini, bien fini. […] Et certes, quand c’est fini, la « démonstration » est faite. […] La pièce finirait sur une impression atroce, si elle ne finissait sur une sensation d’artifice. […] Mais il fallait finir. On ne pouvait finir plus mal.
À certaines paroles, la pauvre Amy le comprend, et la mort dans l’âme, pour sauver son mari, finit par dire : « Eh bien ! […] de très grands noms… Enfin, il était temps que cela finît. — On va jouer Claudie « à tout aller ». […] Jacques finit par le faire sentir à son père, qui est très bon et qui ne veut pas que son fils souffre et qui finit par convenir que c’est aux vieux de souffrir. […] C’est sur cette incertitude que finit le second acte. […] Il finira par reconnaître les périls de cette « manière forte ».
Pour étaler du scepticisme, il finit par refuser un duel et gagner le nom de lâche. […] Il finit par se faire charlatan, astrologue, et vend dans les faubourgs des drogues pour faire avorter. […] Tous les mariages sont salis, et ce carnaval finit par une danse des maris trompés. […] La Renaissance finit, l’âge classique s’ouvre, et l’artiste fait place à l’écrivain. […] C’est à ce prix qu’une génération finit par former le style soutenu qui est nécessaire pour porter, publier et prouver les grandes choses.
Ces dames seraient d’ailleurs fort à leur aise quand les bureaux de la guerre auraient fini leur travail. […] Dans ces initiations successives, il se dépouille de son aubier, agrandit l’horizon de sa vie, et finit par concevoir la superposition des couches humaines qui composent la société. […] Ce livre, qui commence avec un inimitable talent, finit comme un mauvais mélodrame. […] On peut dire que le chef-d’œuvre finit là. […] Ces caractères hermaphrodites commencent par le charme et finissent par le dégoût.
N’est-il donc pas bien temps, pour nous, d’en finir aussi avec elle ? […] N’est-ce pas elle qui a dit de cette fin ridicule de la tragédie d’Egmont : « la pièce ne finit pas, elle s’évapore… » ? […] Le génie est impatient, au contraire ; et d’un coup d’aile il finit tout. […] Étonné, tout d’abord, de cela, j’ai fini pourtant par le comprendre. […] Comme Rousseau, qui avait été laquais, M. le conseiller d’État de Gœthe finit par épouser sa servante.
C’est la doctrine de l’a priori. 3° Il y a une qualité spatiale, une extensivité immédiatement donnée par l’expérience dans les sensations, et qui, soumise à l’élaboration des opérations intellectuelles, finit par produire le concept de l’espace. […] Les objets éloignés, qui paraissaient contigus, s’écartent graduellement l’un de l’autre et finissent par disparaître à notre droite et à notre gauche. — « Mais qu’y a-t-il dans tout cela ? […] Si, de plus, nous y ajoutons le mouvement avec les sensations musculaires, enfin le toucher actif et passif, la carte spatiale finira par se dessiner de mieux en mieux dans notre imagination ; et cette carte ne sera pas autre chose qu’un résidu de sensations et d’états de conscience divers, mais ayant pour caractère commun l’extensivité, laquelle est immédiatement fournie par la sensation constante de notre corps entier. […] Ces motions finissent toujours par être musculaires, mais elles supposent préalablement une onde nerveuse cérébrale qui se dirige vers la périphérie, et à laquelle répond le sentiment d’activité119. […] Nous finissons même par ne plus pouvoir penser sans les signes de l’espace, comme nous ne pouvons plus penser sans les signes de la parole.
Je finirai cet article par un passage de Suétone qui semble être fait exprès pour appuyer le sentiment que je viens d’exposer. […] Finissons cet article par exposer l’usage que nous faisons aujourd’hui, en François, des accens que nous avons reçûs des Anciens. […] Je dis donc que ces corps sont bornés, terminés, finis ; ainsi borné, terminé, fini, ne supposent que des bornes & la connoissance d’une étendue ultérieure. […] A l’égard du genre féminin, il faut distinguer : ou l’adjectif finit au masculin par une voyelle, ou il est terminé par une consonne. […] C’est une figure qui se fait lorsqu’une proposition recommence par le même mot par lequel la proposition précédente finit.
C’est pourquoi il finit par désirer l’enfer ; c’est la dernière connaissance qui le séduit. […] Qu’est-ce que l’humanité aura fini par connaître au bout de toute sa connaissance ? […] Il finirait par comprendre le crime comme s’il l’avait commis et, par conséquent, il finirait par ne plus du tout le trouver criminel, mais seulement dangereux pour la société. […] Et nous finirons par en avoir le dégoût ». […] Et, comme je l’ai dit, à empiéter ainsi, la morale finit par se faire du tort, parce qu’on finit par se retourner contre elle.
Oui, l’intelligence est une belle chose ; on ne sait pas où elle finit, on ne sait pas où elle commence. […] Dieu veuille que ce mois-ci finisse mieux qu’il a commencé ! […] Il a commencé par renier son père et sa mère, il finira par renier son Dieu. […] Louis XIV tend les bras à la coulisse, il embrasse un ombre… alors enfin madame de Montespan triomphe, et le troisième acte est fini. […] » Ainsi finit ce malheureux drame. — Je me trompe ; il n’y avait que le marquis de Montespan qui pût le finir dignement et de manière que le dernier couplet fût à la hauteur de tous les autres.
Une lettre à Brissot, du 7 janvier 91, finit par ces mots précipités : « Adieu tout court ; la femme de Caton ne s’amuse point à faire des compliments à Brutus. » A partir du mois de février, époque où Mme Roland vient à Paris, jusqu’au mois de septembre, époque de son retour à Lyon, durant ces six mois si pleins, si effervescents, qui comprennent la fuite du roi et les événements du Champ-de-Mars, nous voyons ses dispositions agressives se déployer de plus en plus et s’exalter au plus haut degré dans l’atmosphère tourbillonnante où elle vit. […] » finit par cette métaphore militaire : « Adieu, battons aux champs ou en retraite, il n’y a pas de milieu ! […] Les derniers événements l’ont alimenté ; les lumières de la raison se sont unies à l’instinct du sentiment pour l’entretenir et l’augmenter… Je finirai de mourir quand il plaira à la nature, mon dernier souffle sera encore le souffle de la joie et de l’espérance pour les générations qui vont nous succéder. » Les jugements de Mme Roland sur La Fayette en particulier ont lieu de nous frapper par le contraste qu’ils offrent avec l’unanime respect dont nous avons entouré cette patriotique vieillesse. […] Quoi qu’il en soit, par les qualités de son cœur et son amour de vieille date pour Mme Roland, le bon Lanthenas méritait de mieux finir. […] Mme de La Fayette, dans son généreux désir d’aller au secours du général captif, avait fini par avoir pour appui sincère Roland, c’est-à-dire Mme Roland.
Il sort enfin de cet asile quand Cosette a fini son éducation, et il déterre une maison isolée de la rue de Babylone, au fond d’un jardin. […] Où finit le télescope, le microscope commence. […] « On a tant abusé du regard dans les romans d’amour qu’on a fini par le déconsidérer. […] Il y en a un véritablement touchant, comme une légende de Juif-Errant de la science, c’est celui du vieil homme de lettres, amant passionné des livres, et dévoré par eux, qui mange sou à sou son mince patrimoine pour s’en procurer, qui finit par les vendre un à un pour vivre, et qui, lorsqu’il a vendu le dernier, meurt lui-même désespéré de sa passion du livre, d’abord résignée, puis changée en fureur ! […] XXVIII « Quand ils eurent fini, quand ils se furent tout dit, elle posa sa tête sur son épaule et lui demanda : « — Comment vous appelez-vous ?
Et ce n’est pas fini. […] Il passe son temps à dénombrer, Homère aveugle de cette Hélène, l’armée d’amoureux de la vertu favorite, que son amant finit par chasser, quoique la possession n’eût pas enterré son amour. […] Anne d’Autriche, la bonne reine, comme on l’appelait, cette gracieuse dévote (précisément l’opposé de Mme de Hautefort, qui était une dévoie disgracieuse), Anne d’Autriche est accusée ici de dissimulation atroce, de fausseté jusqu’aux larmes, parce qu’enfin, impatientée de cette éternelle cloche de reproches que lui sonnait aux oreilles Mme de Hautefort, elle finit, après des années de bonté, par la congédier. […] Quand Richelieu allait jusqu’à la hache pour en finir avec le mal et le couper dans sa racine, Anne soutenait une noblesse indocile qui cherchait partout, même dans le lit du roi, le point d’appui d’une grande révolte. […] Cousin, à cette dignité tardive du silence, qui serait pour le libertin intellectuel et rétrospectif la meilleure expiation des péchés qu’il a dû ébaucher, en nous écrivant ses histoires, — comme Mme de Hautefort commençait l’adultère, car elle ne le finissait pas !
Cette histoire finissait bien, disaient-ils ; la fille était à plaindre, mais pas absolument malheureuse. […] Ainsi finit cette étrange soirée. » Les dernières lettres, qui suivent cette scène, descendent doucement sans déchoir. […] Ce roman a l’air de ne pas finir ; il finit pourtant. […] Cela même finit par une catastrophe, et, de piqûres en douleurs, il arrive au désespoir : il se tue. […] Les premières mesures vont bien ; mais je ne sais par quelle magie les airs si lents finissent toujours par devenir des prestissimo.
Ainsi traîne et finit presque toujours lugubrement et misérablement le dernier acte de la comédie humaine ; au bout de tant d’années, après tant d’efforts soutenus, parmi tant de gloire et de génie, on aperçoit un pauvre corps affaibli qui radote et agonise entre une servante et un curé. […] Il finit en la félicitant sur son prochain changement de mari : Drusus nuisait à sa santé ; Séjan est très-préférable ; conclusion physiologique et pratique. […] Morose finit par interdire les chuchotements et exiger qu’on réponde par signes. […] Les pièces de sa machine intérieure ressemblent aux rouages d’une horloge, qui d’eux-mêmes vont toujours à l’aveugle, emportés par l’impulsion et la pesanteur, et qui cependant parfois, en vertu d’un certain assemblage, finissent par marquer l’heure qu’il est. […] Comparez le Volpone au Légataire de Regnard, le seizième siècle qui finit au dix-huitième qui commence.
Il me mit aussitôt de l’or et de l’argent entre les mains, et, quand la journée fut finie, il me conduisit à sa maison, où il vivait honnêtement avec une femme fort belle et ses enfants. […] Quoique j’eusse le plus ardent désir de finir mon vase, je promis néanmoins de le contenter, tant pour mon propre plaisir que pour tenir parole à mon père. […] « Ils racontèrent à Monseigneur tout ce qui s’était passé ; et celui-ci leur répondit avec son arrogance ordinaire, qu’ils avaient mal fait de se porter à cet excès ; mais que, puisqu’ils avaient commencé, ils auraient dû finir. […] « Quand j’eus fini avec le pape, M. […] Caradosso l’a commencée, et ne la finit point.
La messe finie, la dame s’est remise au lit. […] Si l’on publie quelque écrit posthume sans le consulter (comme par exemple la Lettre aux religieuses de Port-Royal), il laisse faire, et, quand c’est fini, il dit : « Pourquoi ne s’est-on pas adressé à moi ? […] Avec ce missel, voilà ma chapelle complète, au moins telle quelle, venant de feu M. de Meaux ; nous verrons ce que cet abbé fera de plus quand il aura fini ses affaires, et qu’il verra ce qu’il aura de reste en ses mains. […] Il était en vraie conversation inutile avec deux dames, leur parlant fort négligemment et toujours la tête allant de côté et d’autre de la chambre, sans jamais finir.
Louis XIV, malgré son amitié pour Catinat, avait fini par être un peu ennuyé de cette disposition rétive, raisonneuse, de cette résistance continuelle ; et un jour Barbezieux, écrivant au maréchal, crut devoir lui en toucher un mot (22 décembre 1694) : « Par toutes les lettres que le roi reçoit de vous, il lui paraît que vous faites beaucoup de difficultés sur l’entrée de l’armée de Sa Majesté en Italie, et elle estime par tout ce que vous lui mettez devant les yeux sur cela, que votre goût n’est point de faire une guerre offensive. […] Nous ne finirions jamais si la vigueur de l’esprit et du corps était égale dans tous les âges : joignez à cela que j’ai une infirmité qui ne laisse pas de me rendre dures et pénibles les grandes fatigues à cheval. » Il continua donc de servir, en évitant tout air de plainte. Il assista à l’affaire de Chiari (1er septembre), où Villeroy fut battu à son tour par le prince Eugène : il s’y exposa avec son intrépidité habituelle, et, on peut le croire, avec un certain désir d’en finir. […] Catinat y porta le même esprit de réserve et de circonspection qui avait fini par ressembler à de l’abstention pure.
Je relève tout d’abord ce fonds de sagesse, qui semblait appartenir à la race : Mme de Motteville avait une sœur cadette que, dès son enfance, on appelait Socratine à cause de sa sévérité, et qui finit par se faire religieuse de la Visitation27. […] La femme de chambre (car ici Mme de Motteville l’est bien un peu) nous montre avec admiration et avec amour sa royale maîtresse depuis l’instant où elle s’éveille, depuis celui où elle se lève et où on lui présente la chemise, jusqu’à son souper et à son coucher : Après avoir mis son corps de jupe avec un peignoir, elle entendait la messe fort dévotement ; et, cette sainte action finie, elle venait à sa toilette. […] [NdA] [Corrigé conformément à l’Errata du tome VII (3e éd.), p. 537 :] Au tome V de cette troisième édition, p. 169, à l’article de Mme de Motteville, à propos de sa sœur cadette qu’on appelait Socratine à cause de sa sévérité, au lieu de ces mots : « et qui finit par se faire carmélite », il faut mettre : « et qui finit par se faire religieuse de la Visitation ».
Le formalisme dans l’art, au contraire, finit par faire de l’art une chose tout artificielle et conséquemment morte. […] Le véritable artiste ne doit pas voir et sentir les choses en artiste, mais en homme, en homme sociable et bienveillant, sans quoi le métier, tuant en lui le sentiment, finirait par ôter de ses œuvres la vie, qui est le fond solide de toute beauté. […] Au bout d’un certain temps, il sera fatigué même du pittoresque, qui finit par se répéter comme toute chose et par s’user. […] L’art pour l’art, la contemplation de la pure forme des choses finit toujours par aboutir au sentiment d’une monotone Maya, d’un spectacle sans fin et sans but, d’où on ne retire rien.
La princesse lui a donné, ce soir, un spectacle d’enfants ; et le spectacle fini, il a obtenu de monter sur le théâtre et de se mêler aux acteurs. […] C’est fini. […] » dit-elle brusquement à Soulié, qui soutient cyniquement qu’un artiste comme Raphaël aurait travaillé pour n’importe quelle femme de son temps, et finit par s’écrier : « Moi je n’ai pas de principes ! […] — Tout pourrit et finit sans l’art. […] Puis, quand c’est fini, la répétition vous reste encore dans la tête, dans les oreilles, au cœur, comme une douce émotion mourante.
Non, cette admirable Assemblée fît bien ; elle fut fidèle à son début, à sa mission, et il y eut un moment en 91 où presque toute la France crut que la Révolution était finie, comme Rabaut-Saint-Etienne lui-même le croyait. […] Au 28 juillet, l’orage populaire, qu’on croyait fini depuis quinze ans, avait encore un coup de tonnerre à lancer, et le plus solennel, le plus prophétique, dans un ciel presque serein.
Quand les parents aiment assez profondément leurs enfants pour vivre en eux, pour faire de leur avenir leur unique espérance, pour regarder leur propre vie comme finie, et prendre pour les intérêts de leurs enfants des affections personnelles, ce que je vais dire n’existe point ; mais lorsque les parents restent dans eux-mêmes, les enfants sont à leurs yeux des successeurs, presque des rivaux, des sujets devenus indépendants, des amis, dont on ne compte que ce qu’ils ne font pas, des obligés à qui on néglige de plaire, en se fiant sur leur reconnaissance, des associés d’eux à soi, plutôt que de soi à eux ; c’est une sorte d’union dans laquelle les parents, donnant une latitude infinie à l’idée de leurs droits, veulent que vous leur teniez compte de ce vague de puissance, dont ils n’usent pas après se l’être supposé ; enfin, la plupart ont le tort habituel de se fonder toujours sur le seul obstacle qui puisse exister à l’excès de tendresse qu’on aurait pour eux, leur autorité ; et de ne pas sentir, au contraire, que dans cette relation, comme dans toutes celles où il existe d’un côté une supériorité quelconque, c’est pour celui à qui l’avantage appartient, que la dépendance du sentiment est la plus nécessaire et la plus aimable. […] Il est heureux, dans la route de la vie, d’avoir inventé des circonstances qui, sans le secours même du sentiment, confondent deux égoïsmes au lieu de les opposer ; il est heureux d’avoir commencé l’association d’assez bonne heure pour que les souvenirs de la jeunesse aidassent à supporter, l’un avec l’autre, la mort qui commence à la moitié de la vie ; mais indépendamment de ce qu’il est si aisé de concevoir sur la difficulté de se convenir, la multiplicité des rapports de tout genre qui dérivent des intérêts communs, offre mille occasions de se blesser, qui ne naissent pas du sentiment, mais finissent par l’altérer.
Et Bel-Ami semblait une « remise au point », après un siècle et demi, du Paysan parvenu… Puis, l’angoisse vint… La volupté finit toujours, comme on sait, par être grande maîtresse de métaphysique. […] Maupassant, presque toujours, se borne à noter les signes extérieurs actes, gestes ou discours des sentiments de ses personnages, et use peu de l’analyse directe, qui a ses périls, qui quelquefois invente sa matière, et l’embrouille pour avoir le mérite et le plaisir de la débrouiller… Mais enfin vous entrevoyez peut-être combien est curieuse l’évolution d’un écrivain qui, ayant commencé par la Maison Tellier, finit par Notre Coeur.
La petite chose finie et baptisée : La Nuit de la Saint-Sylvestre, Janin nous donne une lettre pour Mme Allan. […] tenez, j’ai, dans ma pièce, un quart d’heure de sortie… Je vous lirai pendant ce temps-là… Attendez-moi dans la salle. » La pièce dans laquelle il jouait finie, nous repinçons Brindeau qui veut bien du rôle.
La muraille semblait par le vent remuée ; C’étaient des croisements de flamme et de nuée, Des jeux mystérieux de clartés, des renvois D’ombre d’un siècle à l’autre et du sceptre aux pavois, Où l’Inde finissait par être l’Allemagne, Où Salomon avait pour reflet Charlemagne ; Tout le prodige humain, noir, vague, illimité ; La liberté brisant l’immuabilité ; L’Horeb aux flancs brûlés, le Pinde aux pentes vertes ; Hicétas précédant Newton, les découvertes Secouant leurs flambeaux jusqu’au fond de la mer, Jason sur le dromon, Fulton sur le steamer ; La Marseillaise, Eschyle, et l’ange après le spectre ; Capanée est debout sur la porte d’Électre, Bonaparte est debout sur le pont de Lodi ; Christ expire non loin de Néron applaudi. […] Blanchissant par degrés sur l’horizon lointain, Cette vision sombre, abrégé noir du monde, Allait s’évanouir dans une aube profonde, Et, commencée en nuit, finissait en lueur.
Ce sont les livres du genre de ceux de M. de Gourmont qui ont brouillé la cervelle des deux bons employés ; ils ont lu trop de sophistes, trop de négateurs et de chicaneurs ; à force de consulter le pour elle contre, ils ont fini par s’écrier ; « Quelle blague que la géométrie ! […] Mais nous n’en avons pas fini avec les paradoxes.
., ne s’applique exactement aux choses de la vie : qui dira où commence et on finit l’individualité, si l’être vivant est un ou plusieurs, si ce sont les cellules qui s’associent en organisme ou si c’est l’organisme qui se dissocie en cellules ? […] Et, le plus souvent, quand l’expérience a fini par nous montrer comment la vie s’y prend pour obtenir un certain résultat, nous trouvons que sa manière d’opérer est précisément celle à laquelle nous n’aurions jamais pensé.
Les biens ex jure optimo des Romains, les alleux du moyen âge, ont fini également par être des biens immeubles libres de toute charge privée, mais sujets aux charges publiques. […] Ainsi, toute la force que perdent les nobles, le peuple la gagne, jusqu’à ce qu’il devienne libre ; toute celle que perd le peuple libre tourne au profit des rois, qui finissent par acquérir un pouvoir monarchique.
Pour finir et pour abréger, car tout cela m’entraînerait loin, M. […] Racine au mois de septembre 1669 a bien à peu près fini Britannicus. […] Titus s’attendrit et finit par dire : « Eh bien ! […] — Quand donc finira-t-il de conjuguer avoir ? […] Du moment que cela finit bien !
La crainte de cette maladie avait fini par déterminer la maladie elle-même. […] Il finit par le trouver, sous l’aspect le plus mesquin d’un vulgaire chandelier de cuivre (la forêt aux troncs d’or), le long duquel sa chandelle, en bavant, laissait des traînées de vert-de-gris (les singes d’émeraude). […] Outre qu’il est souvent délicat de déterminer où finit l’expérimentation sincère — et commence l’habitude naissante, — il se trouve dans la hiérarchie par degré d’intellectualité des intoxications, des modes stériles, — les uns par amnésie subséquente (alcool) — les autres par sécheresse, infécondité spécifique (nicotine)58.
. — Il est naturel que les signes cessent d’être remarqués et finissent par être considérés comme nuls. — Théories fausses sur l’esprit pur. — Le représentant mental que nous appelons idée pure n’est jamais qu’un nom prononcé, entendu ou imaginé. — Les noms sont une classe d’images. — Les lois des idées se ramènent aux lois des images. […] Dans une impression ou groupe d’impressions qui se présente un grand nombre de fois, notre attention finit par se porter tout entière sur la portion intéressante et utile ; nous négligeons l’autre, nous ne la remarquons plus ; nous n’en avons plus conscience ; quoique présente, elle semble absente. […] À proprement parler, une quantité est toujours finie, et il n’y a d’infini que les séries.
Mais, si l’on y regarde de plus près, on finit par voir que la pièce de M. […] La bête humaine, si la prévoyance des législations s’appliquait de plus en plus à la sevrer de sang, finirait peut-être par en perdre un peu le goût. […] … Songe que tout sera fini dans un moment.
Cette rhétorique, qu’on ne saurait plus confondre avec la poésie sans profaner ce dernier nom, se marque par une singulière habitude et comme par un tic qui finit par devenir fatigant. […] Cette phraséologie abondante et monotone finit par lasser ceux mêmes qui aimaient le plus à se laisser bercer à la belle langue du poète. […] Il a fini, sans trop y penser peut-être, par opérer un singulier mélange, par adopter cette manière étrangère sans renoncer pour cela à la sienne propre, par faire entrer, en un mot, du Balzac dans du Bernardin.
Je vais plus loin : ce n’est pas tout de distinguer le sujet humain et le sujet divin, le moi absolu et le moi fini ; il faut les unir. […] Et comment pourrions-nous savoir, à moins d’être Dieu lui-même, jusqu’à quel point le sujet fini et le sujet infini peuvent se pénétrer sans se confondre ? […] Le dogme chrétien de l’incarnation est encore un admirable symbole de l’union du fini et de l’infini : c’est le divin mariage des deux personnalités.
ce rêve de Satin qui est une création, comme l’Hermaphrodite antique ; Satin, ce type doué d’un épicurisme et d’un platonisme qui ne savent pas plus où ils commencent et où ils finissent que ne le savent les teintes de l’arc-en-ciel ; Satin, le sigisbée incomparable, le sigisbée sans amour, mais non sans plaisanterie, et comme l’Italie, dans sa vie séculaire, n’en a jamais produit un. […] Hélène elle-même, malgré sa réalité, Hélène, avec son mariage vaniteux de fille qui veut être mariée seulement pour être mariée, et sa mesquine jalousie de sœur, finirait peut-être aussi par nous détacher d’elle si son roman, comme celui de tant de jeunes filles, s’arrêtait platement au mariage. […] Il n’y a plus ici de ces risque-tout qui finissent par être, sous une plume qui s’arrête toujours à temps, des victoires !
À très prochainement la Bonne chanson (1870), et c’en sera fini de la réimpression de mes juvenilia. […] Et je finirai, si vous voulez bien, par une anecdote, personnelle. […] J’ai spécialement en vue, et je finirai par là, un article inqualifiable sur Edgar Quinet, où l’illustre écrivain est traité comme le dernier des cuistres. […] Je ne voudrais pourtant pas finir sur une ironie. […] Je sais par le regretté Jules Tellier qui a eu en main toute l’œuvre posthume d’Hugo, qu’il existe entièrement fini.
Il est dommage qu’il n’ait pas fini ce bon ouvrage. […] Linguet, de lui voir finir son livre à l’anéantissement de la République, & le terminer par l’éloge d’un usurpateur. […] & finissent en 1561. […] Nous ne sçaurions mieux finir ce Chapitre qu’en faisant connoître une collection importante pour quiconque veut travailler à notre histoire. […] Il est malheureux que la mort l’ait prévenu, avant que de finir son ouvrage.
Mais pour Montaigne, malgré ses taches légères et ses souillures, c’est bien différent : lui, il mérita de trouver sa fille d’alliance, une personne de mérite, une intelligence ferme, cette demoiselle de Gournay qui se voua à lui, fut sa digne héritière littéraire, son éditeur éclairé, mais qui elle-même, d’une trop forte complexion et d’une trop verte allure, finit par prendre du poil au menton en vieillissant et par devenir comme le gendarme rébarbatif et suranné de la vieille école et de toute la vieille littérature, — un grotesque, une antique. […] Ce mignon jurant, criant, grondant, tempêtant et faisant pleurer sa femme toute la journée, finissait toujours par faire ce qu’elle voulait ; et cela pour la faire enrager, attendu qu’elle savait lui persuader que c’était lui qui le voulait et que c’était elle qui ne le voulait pas. » Mme de Verdelin, avec un mari si peu aimable, avait un ami, un fort honnête homme, M. de Margency, pour lequel elle sentait un tendre faible. […] Cependant, à force de la voir, je finis par m’attacher à elle. […] C’est ce mélange de familiarité, d’insinuation, de simplicité (quoi qu’il en dise) et de sans-façon vraiment amical, qui finit par gagner à Mme de Verdelin le cœur de Rousseau, et elle put se flatter pendant quelque temps d’avoir vaincu cette rétivité de nature qui allait se redresser, plus âpre que jamais, dans le malheur et la solitude. […] Le passage des Confessions où il est parlé de ce voyage commence bien et finit mal.
Comment donc un jeune homme riche et indépendant comme vous l’êtes peut-il se prêter à une mauvaise plaisanterie qui finira mal ? […] Goethe raconte lui-même l’origine de ce roman, qui commence par une idylle et qui finit par un coup de feu. […] « Mon cher ami, finit-il par dire à l’écolier stupéfait, la théorie est grise et l’arbre de la vie est vert ; cueillez ses fruits. […] … Poussé par Méphistophélès, il finit par glisser la cassette dans l’armoire. — Ils s’évadent sans être vus. […] Il lui fait astucieusement entendre à demi-mot que son cœur est tendre et libre, et qu’il pourrait bien, s’il l’osait, se présenter à elle pour finir son dur veuvage.
Ils cherchèrent de toute part l’homme vrai ou imaginaire qui pouvait représenter ce rôle chez eux, et, après avoir vainement cherché dans toutes les capitales de l’Ausonie, ils finirent par porter les yeux sur le gentilhomme piémontais Vittorio Alfieri, qui ne demandait pas mieux que de faire à Turin et que de se faire à lui-même l’illusion d’un grand tragique et d’un grand citoyen. […] Las de Paris, dont je ne connaissais guère que les rues, et déjà, en somme, passablement refroidi dans ma passion pour les choses nouvelles, je finissais toujours par les trouver de beaucoup au-dessous non-seulement de l’idée que je m’en étais faite dans mon imagination, mais des simples réalités que j’avais pu voir en divers endroits de l’Italie. […] Et ainsi finit le récit de sa jeunesse. […] Espérant toujours que le souverain pontife finirait par lui accorder cette faveur, dont Jacques III avait joui pendant quarante-huit ans, il n’avait rien négligé pour maintenir son rang dans une occasion aussi solennelle. […] Pendant ce temps, la comtesse d’Albany, qui n’avait pas l’intention de finir ses jours dans le couvent des Dames-Blanches, faisait de son côté des démarches couronnées d’un meilleur succès.
» Tout le monde finit par être de son avis : la conscience d’un écrivain de génie intimide les sots, foudroie les méchants, rassure les lâches ; c’est ce que Balzac trahit à mes yeux. […] Aussi était-il fort étonné quand je le suppliais de finir cette musique, qui eût fait hurler l’ami Mouche. […] … « “Je finis cette lettre comme Caton finissait ses discours ; il disait : Que Carthage soit détruite ! […] … Il faut pourtant réussir cette œuvre, et, coûte que coûte, avoir quelque chose de fini quand maman me demandera compte de mon temps ! […] On souriait, mais on l’écoutait, et on devait finir par le croire.
Mais, avec la lutte, finit aussi la vie commune des préraphaélites, qui désormais se développeront chacun dans son sens particulier. […] Peut-être qu’elle est aussi bien le terme où une époque commence que celui où une autre finit. […] Ses nouvelles finissent toujours bien, même quand la logique voudrait qu’elles finissent mal. […] Tout est fini pour moi, politiquement parlait. […] Au fond, les conditions religieuses de la société moderne l’occupent plus que la religion même, et il devait finir par s’inquiéter assez peu des dogmes et beaucoup des rapports entre l’Église et l’État.
En effet, c’est alors le régime féodal qui finit et la vie de cour qui commence, comme c’est aujourd’hui la vie de cour qui vient de finir et le régime démocratique qui vient de commencer. […] Le moyen âge s’achève, mais n’est pas encore fini. […] Ce style est beaucoup plus agréable que le jargon de lignes non finies que vous appelez des vers. […] Il est si fort à son aise dans ce monde, que nous finissons par nous y trouver comme chez nous. […] En Italie, le régime féodal a fini plus tôt, par l’établissement des républiques et des principautés.
… » Et ce qui suit, car ils n’en ont pas fini encore. — Si un peu de marivaudage s’y mêle, cela est de mise et presque de rigueur dans le portrait de la femme selon Marivaux. […] Elle finissait avec un ordre de choses. […] C’est qu’aussi ce qui est fini est bien fini.
C’est un ogre lascif qui dans ses bras infâmes A son repaire affreux porte sept jeunes femmes ; Renaud de Montauban, illustre paladin, Le suit l’épée au poing : lui, d’un air de dédain, Le regarde d’en haut ; son œil sanglant et louche, Son crâne chauve et plat, son nez rouge, sa bouche Qui ricane et s’entr’ouvre ainsi qu’un gouffre noir, Le rendent de tout point très singulier à voir : Surprises dans le bain, les sept femmes sont nues ; Leurs contours veloutés, leurs formes ingénues Et leur coloris frais comme un rêve au printemps, Leurs cheveux en désordre et sur leur cou flottans, La terreur qui se peint dans leurs yeux pleins de larmes Me paraissent vraiment admirables ; les armes Du paladin Renaud faites d’acier bruni, Étoilé de clous d’or, sont du plus beau fini : Un panache s’agite au cimier de son casque, D’un dessin à la fois élégant et fantasque ; Sa visière est levée, et sur son corselet Un rayon de soleil jette un brillant reflet. […] Mais c’est l’exécution de la fable, c’est le détail et l’encadrement qui est d’un curieux et d’un fini achevés. […] Je me demande, — je commence à me demander (et cette question je me la ferai plus d’une fois en relisant Gautier poète) pourquoi, tandis que les poésies parallèles de Musset, les moindres couplets de Marcloche, de Namouna coururent aussitôt le monde, la jeunesse plus ou moins viveuse et lettrée, et finirent même par gagner assez tôt les salons, le succès de Gautier s’est longtemps confiné et se renferme encore dans un cercle d’artistes et de connaisseurs. […] Toujours, au milieu du festin, au sein de l’ivresse, et quand le poète enflammé exhalera l’ardeur de ses chants entre les bras de Théone ou de Cinthie, la Mort se lèvera tout à coup et apparaîtra devant ses yeux, non la Mort des anciens dont l’idée ne faisait qu’aiguiser plutôt et raviver le sentiment du plaisir, mais la Mort de la Danse macabre, avec son ricanement féroce, et qui vous met et vous laisse au cœur une certaine petite crainte a l’Hamlet que la nuit funèbre ne soit pas le long sommeil, mais le rêve, et que tout ne soit pas fini après la vie : La mort ne serait plus le remède suprême ; L’homme, contre le sort, dans la tombe elle-même N’aurait pas de recours, Et l’on ne pourrait plus se consoler de vivre, Par l’espoir tant fêté du calme qui doit suivre L’orage de nos jours !
Elle peut donc être fatiguée, mais non finir. Nous ne finissons pas du tout, sois-en sûre. […] » Cette rigueur trop prolongée du sort n’est pas moins funeste aux âmes que le trop de mollesse : elle finit par mordre sur elles et les altérer. […] » — La femme de son fils a cinq cent mille livres de rente102. » Il faut finir. — Après la mort de sa sœur Eugénie à Rouen en 1850, de son frère Félix à Douai en 1851, il ne restait plus à Mme Valmore qu’une dernière sœur, l’aînée, Cécile, qui habitait aussi Rouen.
Fauriel, soit enfin en son propre lieu, dans la chaire du Collége de France, d’appliquer à l’histoire littéraire moderne les résultats de ses instincts divers, de ses études variées, et il a fini par les concentrer exclusivement sur l’histoire de la littérature française, dont il publie une introduction développée et approfondie pour les temps qui précèdent le douzième siècle164 ; dans le moment actuel de son enseignement oral, il en est arrivé au seizième. […] On se traînait, tout allait finir ; ici tout est rapide, on se dégage ; on est à la veille du Louis XIV, tandis que là on était à la veille des barbares. […] Dom Rivet, le digne janséniste, très-peu philosophe, extrêmement attaché, nous dit-on, aux convulsions en faveur desquelles il alla jusqu’à écrire, ne se doutait pas, en vérité, que cette histoire, qui débutait à Pythéas, venait finir à M. de Voltaire. […] Il est vrai que ces éternelles discussions entre parenthèses ralentissent un récit, et que, lui, il porte volontiers dans le maniement son érudition, si vaste et si bien acquise, quelque chose de la façon courante et preste de Voltaire ; ce qui est un dernier éloge ; car ce nous serait une honte de finir par une chicane janséniste avec un si beau livre, qui n’a qu’à se poursuivre sur ces bases et dans cette ordonnance pour être un monument.
Mais, a-t-elle répliqué, ne vous mettez pas eu tête qu’il aime une personne… Elle n’a pas fini, et c’est la première fois que je l’ai vue se modérer dans ses transports. […] Tout finit par ces mots foudroyants : Je vous l’ai déjà dit : je ne veux pas être gêné. […] M. avec madame de Maintenon ne font que croître et embellir, qu’elles durent depuis six heures jusqu’à dix, que la bru (madame la dauphine) y va quelquefois faire une visite assez courte ; qu’on les trouve chacun dans une grande chaise, et qu’après la visite finie on reprend le fil du discours. […] Elle finit sa vie à la Visitation de Chaillot.
C’était un propos qui avait cours dans la ville, que, « là où la folie finit chez les autres, elle ne faisait que commencer chez les Brentano ». […] On aurait dit d’une passion exclusive ; puis, quand c’était fini et connu, il tournait la tête et passait à un autre objet. […] De Munich où elle est alors, elle suit du regard, avec une anxiété sans pareille, toutes les phases de cette sainte et patriotique levée des Tyroliens, se sacrifiant à leur empereur qui les abandonne, et qui finit par les livrer. […] Il faut bien que tout finisse.
Il ne s’agit que de les bien appliquer ; ce qu’il finit par faire : il devient propre à tout, et il mérite en définitive cet éloge que lui donne son ami Fabrice : « Vous avez l’outil universel ». […] « C’était commencer le métier d’intendant par où l’on devrait le finir. » Le troisième volume, publié en 1724, et qui est le plus distingué de tous, nous montre Gil Blas montant par degrés d’étage en étage ; et, à mesure que la sphère s’élève, les leçons peuvent sembler plus vives et plus hardies. […] Il y a six à sept ans que la Ribou (veuve du libraire) lui a avancé cent pistoles sur son quatrième volume de Gil Blas qui n’est point encore fini et qui ne le sera pas de sitôt24. […] Ce chanoine, fils de Lesage, chez qui son vieux père alla finir ses jours, était un joyeux vivant lui-même : « il savait imperturbablement tout son Théâtre de la Foire et le chantait encore mieux que la Préface ».
Bref, il finit par permettre que l’un des camarades, qui était réputé le plus fort danseur de la bourrée d’Auvergne, la dansât en pleine classe. […] En allant si souvent sur les brisées du maréchal, Marmontel finit pourtant par le mettre en colère : « Ce petit insolent de poète me prend toutes mes maîtresses », disait en grondant l’illustre guerrier. […] L’Ancien Régime avait fini par l’adopter complètement et par le combler de bienfaits : il ne fut point ingrat. […] Il vécut assez pour voir le 18 Brumaire, mais pas assez pour entrer dans le nouveau siècle ; il expira avec celui même qui finissait, et dont il représente si bien les qualités moyennes, distinguées, aimables, un peu trop mêlées sans doute, pourtant épurées en lui durant cet honorable déclin.
On distingue à claire-voie, derrière l’arabesque, toute la philosophie ; la végétation vit, l’homme se panthéise, il se fait dans le fini une combinaison d’infini, et, devant cette œuvre où il y a de l’impossible et du vrai, l’âme humaine frissonne d’une émotion obscure et suprême. […] Ce qu’on ne s’avoue pas, la chose obscure qu’on commence par craindre et qu’on finit par désirer, voilà le point de jonction et le surprenant lieu de rencontre du cœur des vierges et du cœur des meurtriers, de l’âme de Juliette et de l’âme de Macbeth ; l’innocente a peur et appétit de l’amour comme le scélérat de l’ambition ; périlleux baisers donnés à la dérobée au fantôme, ici radieux, là farouche. […] Les exils des écrivains commencent à Eschyle et ne finissent pas à Voltaire. […] A-t-il bientôt fini ?
La larme figée devient perle ; le sourire pétrifié finit par sembler une menace ; les rides sont des sillons de sagesse ; quelques froncements de sourcil sont tragiques. […] C’est fini ; Macbeth n’est plus un homme. […] Enfin la catastrophe arrive, la forêt de Birnam se met en marche ; Macbeth a tout enfreint, tout franchi, tout violé, tout brisé, et cette outrance finit par gagner la nature elle-même ; la nature perd patience, la nature entre en action contre Macbeth ; la nature devient âme contre l’homme qui est devenu force.” […] Et alors, c’est fini, la lueur s’éteint, la raison se décourage et s’en va, Lear est en enfance.
Les objets y sont si peu finis, si peu terminés, qu’on n’entend rien au fond. […] Ne valait-il pas mieux avoir fini un tableau que d’en avoir croqué une douzaine ? […] Tout est bien imaginé, bien ordonné, les figures bien placées, les objets bien distribués, les effets de lumière tout prêts à se produire ; mais point de peinture, point de magie ; il faut que l’artiste soit faible ou paresseux, et qu’il lui soit pénible de finir. […] J’ai dit que la tête de la fille était maussade, mais cela n’empêche pas qu’elle ne soit ainsi que sa gorge, de très-bonne couleur ; j’ai dit que le père et la mère étaient dans l’ombre sans qu’on sût pourquoi ; mais cela n’empêche pas qu’ils ne soient moelleusement touchés, et que ce morceau, à tout prendre, ne l’emporte sur les autres du même artiste ; il est certainement plus soigné, mieux peint et plus fini.
Il déclara ses nom et prénoms, et finit par offrir au voyou fleurdelisé une glace à la vanille ; mais Filouze, qui n’a soif qu’aux comptoirs des marchands de vin, se redressant tout à coup, accabla de cette réponse sanglante le malheureux Maillet : « Si je vends des allumettes à la bourgeoisie, apprenez, Monsieur, que je ne socie pas avec elle ! […] Le bruit, semé d’abord timidement dans l’oreille de deux ou trois intimes, a fini par s’en répandre, dans son cercle, à dix tables à la ronde. […] C’était par saccades qu’il lisait : la grand-poche le préoccupait visiblement, — et sa main y multipliait les voyages, si bien qu’elle finit par rester au fond. […] Et je ne finirai certes pas ma phrase.
Ainsi sont liés, dans la pensée de l’homme, dans son intelligence, dans ses affections, le présent, le passé, le futur, le monde idéal et le monde positif, le fini et l’infini, le temps et l’éternité. […] De là ce quelque chose de factice et d’artificiel, qui vient frapper de froideur même l’expression des sentiments vrais ; de là cette nature et ces mœurs convenues, qui ne sont ni dans la vérité ni dans l’idéal ; de là enfin cette perfection de détails, ce fini d’exécution, qui annoncent le travail et non l’inspiration. […] Rien ne peut ressusciter une langue dont la mission est finie. […] Le règne de cette poésie de convention est fini ; et nous verrons tout à l’heure que nous sommes obligés de remonter au berceau même de la poésie.
… Comment lui, dont les premiers chants furent des cris étouffés si poignants, et les peintures d’une réalité qui saisissait le cœur comme la vie même, comment ce Rembrandt du clair-obscur poétique qui s’annonçait alors, est-il devenu, la vie aidant, avec les expériences, ses blessures et les ombres sinistres qu’elle finit par jeter sur toutes choses, moins pénétrant, moins mordant, moins noir et or (la pointe d’or dans un fond noir), qu’en ces jeunes années où l’on est épris des roses lumières ? […] Dans le Dévouement, qui n’est plus que la générosité de ce cœur exaspéré de solitude, — dans ce beau portrait d’une touche lumineuse et cependant si mélancolique, Toujours je la connus, pensive et sérieuse, où, sous la placidité familière des images, on sent l’agitation de l’âme qui voudrait se rasséréner dans ce calme de la raison et de la vertu ; dans L’Enfant rêveur, Le Creux de la vallée, En m’en revenant un soir d’été, après neuf heures et demie, La Gronderie, la Pensée d’automne ; dans la magnifique pièce, souvenir, allumé comme un candélabre, dans l’âme de tout ce qui eut vingt-ans : Les flambeaux pâlissaient, le bal allait finir, Et les mères disaient qu’il fallait s’en venir… où le néant de la vie se met à sonner tout à coup, dans ces deux poitrines rapprochées qui étouffent de la valse et du bonheur de se toucher, ce glas funèbre : … Ah ! […] Dans Après une lecture d’Adolphe, que j’aime déjà moins, car cette pièce est teintée d’André Chénier, et l’auteur, d’ordinaire si sincère, y est si peu sûr de sa sincérité qu’il se croit obligé dans une note de se suspecter d’ironie, dans La Plaine, et, pour finir, dans Rose ! […] Lui si net, si concentré dans son Joseph Delorme, quelquefois dur dans les contournements de son dessin, ardemment maigre avec sa pommette écarlate, comme l’impressive poitrinaire qui est sa Muse, le voilà lymphatique maintenant avec des chairs rosaires, un peu macérées ; le voilà qui s’enfle en de longues périodes qui n’en finissent plus !
Moins jeune et mûri par l’expérience, le poète sait qu’il n’en a pas fini avec les funestes pensées ; que, pour les avoir repoussées aujourd’hui, il n’en sera peut-être pas délivré demain, et que le meilleur port ici-bas nous laisse encore sentir le contre-coup des orages. […] Il est.. il serait tout, s’il ne devait finir, Si le cœur d’un mortel le pouvait contenir… Mais lui-même il passe ; la mort le brise ou le temps l’use ; il périt dans le déchirement, ou il s’éteint dans l’indifférence : Je vois passer, je vois sourire La femme aux perfides appas Qui m’enivra d’un long délire, Dont mes lèvres baisaient les pas !
M. de Balzac a découvert cette veine ; c’est lui qui, le premier, après d’inconcevables écoles, a fini par bien saisir et par traiter dans ses moindres nuances la forme de sensibilité, d’imagination, de fatuité, de rouerie, qui caractérise un certain monde à la mode de notre temps. […] Mais encore un coup, tout ce que nous disons à l’avantage de M. de Bernard n’est pas pour dégager son talent de l’obligation qu’il a contractée envers celui de M. de Balzac ; quand l’auteur d’Eugénie Grandet et de la Femme de trente ans finirait comme il a commencé, c’est-à-dire quand ses volumes heureux se trouveraient suivis d’autant d’œuvres illusoires qu’ils ont été précédés d’œuvres insignifiantes, quand lui-même, l’auteur de la Femme de quarante ans et de Gerfaut, serait devenu, par bien d’autres productions dont il est capable, le romancier régnant, il ne devrait pas, en avançant, séparer tout bas son progrès de son point de départ, car en littérature il est un peu comme un fils de famille ; il entre de plain-pied dans un genre ouvert, il arrive le lendemain d’un héritage riche, qu’il n’a qu’à grossir après l’avoir débrouillé.
Mais elle laisse son verre à moitié plein et finit par lui avouer qu’elle n’aime pas la bière. […] On se met à sa recherche, et Méniquette finit par le découvrir, blotti sous la remise, derrière une charrette, sanglotant et grelottant.
On ne finirait pas si on voulait noter tous les vers heureux de cette fable. […] Enfin il finit par s’arrêter sur l’idée la plus affligeante pour le roseau, et la plus flatteuse pour lui-même.
Ils ne finiront l’un et l’autre qu’au sortir de la faculté des arts, ou qu’à l’entrée des facultés de médecine, de jurisprudence et de théologie. […] L’auteur y établit les principes généraux de la science des mœurs, et finit par les contrats, les actes de mariage, les promesses verbales, les promesses écrites, le serment et le reste de ces engagements que nous prenons si légèrement et qui ont des suites si longues et si fâcheuses.
Et, en effet, nous avons beau être du xixe siècle, les questions qui ont, à toute époque, chez tous les peuples et à tous les niveaux de civilisation, passionné l’humanité avec cette furie tenace, ne finissent pas si net qu’il n’en revienne toujours quelque chose… C’est là « la spirale » du grand Gœthe. N’eût-on pas juré que c’était fini ?
Ce poète d’une race finie et d’une cause perdue, ce Redgauntlet poétique des Stuarts de la France, qui fait vivre sa muse au poste où il eût été digne de mourir, mais où le combat n’est même plus, à côté de beaucoup de sonnets tels que le suivant, — qui ressemble à ces écussons de marbre noir que soutiennent parfois des anges tumulaires aux coins silencieux des mausolées : Ce fut un vaillant cœur, simple, correct, austère ; Un homme des vieux jours, taillé dans le plein bloc, Sincère comme l’or et droit comme un estoc, Dont rien ne détrempa le mâle caractère. Chassant loin du devoir l’intérêt adultère, Avec sa conscience il ne fit point de troc ; Il affronta sans peur le plus terrible choc, Et, le danger fini, sut noblement se taire.
Il eut la même patrie que Pline le jeune ; mais Pline fut l’ami de Trajan, consul de Rome et gouverneur de province, et Paul Jove commença par être médecin et finit par être évêque. […] Si vous portez vos regards plus loin, vous trouverez en Hongrie ce fameux Jean Hunniade qui combattit les Turcs, et simple général d’un peuple libre, fut plus absolu que vingt rois ; et ce Mathias Corvin son fils, le seul exemple peut-être d’un grand homme fils d’un grand homme ; en Épire, Scanderberg, grand prince dans un petit État ; et parmi les Orientaux, ce Saladin, aussi poli que fier, ennemi généreux et conquérant humain ; Tamerlan, un de ces Tartares qui ont bouleversé le monde ; Bajazet qui commença comme Alexandre, et finit comme Darius : d’abord le plus terrible des hommes, et ensuite le plus malheureux ; Amurat II, le seul prince turc qui ait été philosophe, qui abdiqua deux fois le trône, et y remonta deux fois pour vaincre ; Mahomet II, qui conquit avec tant de rapidité, et récompensa les arts avec tant de magnificence ; Sélim, qui subjugua l’Égypte et détruisit cette aristocratie guerrière établie depuis trois cents ans aux bords du Nil, par des soldats tartares ; Soliman, vainqueur de l’Euphrate au Danube, qui prit Babylone et assiégea Vienne ; le fameux Barberousse Chérédin, son amiral, qui de pirate devint roi ; et cet Ismaël Sophi, qui au commencement du seizième siècle, prêcha les armes à la main, et en dogmatisant conquit la Perse, comme Mahomet avait conquis l’Arabie.
Même en France, les disciples de Kant finissent par s’accorder avec ceux de M. […] Faut-il donc croire que l’imagination et le sentiment ne sont point vivaces comme l’idée, et que l’art finira par céder la place à la science ? […] « Le règne de la sculpture est fini, dit M. […] Cependant elles finissent toujours, comme disait Pascal, par éclater « aux esprits ». […] Aussi l’américanisme finirait-il par faire oublier non seulement l’art, mais la science : c’est donc l’ennemi commun.
Troïlus aime Cressida, en troubadour ; sans Pandarus, l’oncle de Cressida, il languirait et finirait par mourir en silence. […] Il lève les yeux au ciel et finit par un soupir207. […] Point de fruits, mais des fleurs passagères et frêles, beaucoup de branches inutiles, encore plus de branches mourantes ou mortes, voilà cette littérature : c’est qu’elle n’a plus de racine ; après trois cents ans d’efforts, un lourd instrument souterrain a fini par la couper. […] Il en est ainsi des autres ; c’est pourquoi, selon les variations, la naissance, la floraison, le dépérissement ou l’inertie de la conception maîtresse, la littérature varie, naît, fleurit, dégénère ou finit. […] Style, mètre, rime, langue, tout art a fini ; au-dessous de la vaine parade officielle il n’y a plus qu’un pêle-mêle de débris.
Après la lettre sincèrement louangeuse, écrite ce matin à Daudet sur La Petite Paroisse, je ne puis me retenir, ce soir, de lui dire que j’aurais voulu, que son livre finît après la nuit de réconciliation, où revient entre l’époux et l’épouse le souvenir inchassable de l’adultère, empêchant le rapprochement des chairs. […] Cette vie de chaque jour, entre l’éreintement et l’apothéose, me met dans un état nerveux, que j’ai hâte de voir finir, et qui me permettra de me mettre tranquillement à la correction de mon huitième volume du Journal, et à la composition de mon livre sur Hokousaï. […] Je n’en sais rien, mais je commence à avoir du banquet par-dessus la tête, avec le désir irrité d’en finir, le désir d’en finir le plus vite possible. […] Alors les heures qui n’en finissent pas d’une journée, au bout de laquelle il y a une chose émotionnante, et l’impossibilité de rester chez soi, et le besoin de se promener au dehors, avec des yeux qui ne voient pas, et sur des jambes, qui ne savent où aller. […] Il entrait dans une chambre, séparée en deux par un drap, et était reçu d’un côté du drap par la mère, tandis que la fille, finissait de s’habiller de l’autre côté.
Mais si l’on accorde, comme l’expérience en fait foi, que l’ensemble des images est donné d’abord, je vois très bien comment mon corps finit par occuper dans cet ensemble une situation privilégiée. […] Donnez-moi au contraire les images en général ; mon corps finira nécessairement par se dessiner au milieu d’elles comme une chose distincte, puisqu’elles changent sans cesse et qu’il demeure invariable. […] Il faut donc aller plus loin, suivre jusqu’au bout l’application du principe, et après avoir rétréci l’univers à la surface du corps vivant, contracter ce corps lui-même en un centre qu’on finira par supposer inétendu. Alors, de ce centre on fera partir des sensations inextensives qui s’enfleront, pour ainsi dire, se grossiront en extension, et finiront par donner notre corps étendu d’abord, puis tous les autres objets matériels. […] Nous devons, en serrant d’aussi près que possible le contour des faits, chercher où commence et où finit, dans l’opération de la mémoire, le rôle du corps.
Dans les premiers silences qui suivront, l’oreille et l’âme fatiguées croiront que tout est fini, étouffé dans le tapage. […] Il y a trente ans, l’orgueil humain écrivait par la plume d’un philosophe fourvoyé : « Comment les dogmes finissent » ; — et le dogme dont il annonçait la fin vit encore. […] M. de Lamartine nous raconte comment le sentiment littéraire est né en lui, comment il s’est accru, développé, et a fini par le conquérir tout entier. […] Cousin pour madame de Longueville, commencé comme un paradoxe, finirait, si l’on n’y prenait garde, par devenir un lieu commun. […] La reine, interrogée séparément, après avoir tout nié d’abord, finit par faire des aveux fort graves, mais incomplets.
Mon vaisseau s’est brisé, ma carrière est finie. […] Je n’ai jamais douté que la haine et l’acharnement de tant de puissants misérables ne finit par perdre mon père. […] Le 25 mars 1793, dans son impatience d’en finir, il s’écriait : « Hymen ! […] Cette moitié moqueuse finira par être l’homme tout entier. […] Les premières mesures vont bien, mais je ne sais par quelle magie les airs si lents finissent toujours par devenir des prestissimo.
Cela commence par les décors et les accessoires ; cela finira par les personnages. […] Est-ce bien fini ? […] Il finira par avoir le sens que nous lui donnerons. […] Je finirai par un étrange reproche. […] Guillaume est venu à Paris, où il a fini par s’établir.
J’ai souvent réfléchi aux causes qui font que tous ceux qui vivent dans le grand monde finissent par se détester les uns les autres, et meurent presque tous en calomniant la vie. […] Vous n’êtes point captive dans les liens de la mort, comme tout ce qui n’a eu que le domaine du mal pour régner ou pour servir. » Et elle finit en montrant la Croix laissée dans ces lieux comme un autel magnifique qui doit tout rallier, et qui dira : « Ici fut adoré Jésus-Christ par le héros et l’armée chère à son cœur : ici les peuples de l’Aquilon demandèrent le bonheur de la France. » Ces pages expriment clairement en quel sens Mme de Krüdner concevait et conseillait la sainte-alliance ; mais ce qui était son rêve, ce qui fut un moment celui d’Alexandre, se déconcerta bientôt, et s’évanouit en présence des intérêts contraires et des ambitions positives, qui eurent bon marché de ces nobles chimères. […] Lorsque Alexandre eut quitté la France, Mme de Krüdner déclina rapidement dans son esprit : cette vénération pieuse qu’il ressentait pour elle finit par l’aversion, par la persécution même. […] Dans toute cette dernière partie de son apostolat, Mme de Krüdner ne me paraît pas différer des nombreux sectaires qui s’élèvent chaque jour en Angleterre et aux États-Unis d’Amérique : l’originalité de son rôle est finie. […] Aujourd’hui qu’elle s’est jetée dans la dévotion mystique, elle fait des prophéties, c’est encore du roman, mais d’un genre tout opposé… » Il finissait et concluait du même ton : « L’Évangile en main, j’oserai lui dire que nous aurons toujours des pauvres au milieu de nous, ne fût-ce que de pauvres têtes. » L’anonyme du Journal de Paris se permit de trouver ce jeu de mots final plus digne de Potier ou de Brunet, que d’un chrétien sérieusement pénétré de l’Évangile.
Une foi nouvelle s’est fait pressentir à eux : ils s’attachent à cette perspective ravissante avec enthousiasme, avec conviction, avec résolution… Supérieurs à tout ce qui les entoure, ils ne sauraient être dominés ni par le fanatisme renaissant, ni par l’égoïsme sans croyance qui couvre la société… Ils ont le sentiment de leur mission et l’intelligence de leur époque ; ils comprennent ce que leurs pères n’ont point compris, ce que leurs tyrans corrompus n’entendent pas ; ils savent ce que c’est qu’une révolution, et ils le savent parce qu’ils sont venus à propos. » Dans le morceau (Comment les Dogmes finissent) dont nous pourrions citer bien d’autres passages, dans ce manifeste le plus explicite et le plus général assurément qui ait formulé les espérances de la jeune élite persécutée, M. […] Jouffroy, disons-nous, a surtout le miroir ; dans sa première période, il se servait aussi du glaive qui simplifie, débarrasse et ouvre des combinaisons nouvelles ; il s’en servait avec mille éclairs, quand il tranchait cette périlleuse question, Comment les Dogmes finissent. […] En 1823, notre philosophe écrivait dans la solitude cet article, Comment les Dogmes finissent, où éclatent la vertu et la foi frémissantes sous la persécution, où retentit dans le langage de la philosophie comme un écho sacré des catacombes. […] Son éloquence déployée prolongeait l’heure et ne pouvait se résoudre à finir. […] Jouffroy, il est une œuvre qu’avant de finir nous ne pouvons nous empêcher de lui demander, parce qu’il nous y semble admirablement propre, bien que ce soit hors de sa ligne apparente.
C’est pour eux qu’on sème, qu’on récolte, qu’on travaille, qu’on se prive ; et, si les liards épargnés péniblement chaque semaine finissent au bout de l’an par faire une pièce blanche, c’est dans leur sac qu’elle va tomber. […] Leur provision de sel était finie. […] Non seulement, dans le corps des contribuables, les privilégiés sont dégrevés au détriment des taillables, mais encore, dans le corps des taillables, les riches sont soulagés au détriment des pauvres, en sorte que la plus grosse part du fardeau finit par retomber sur la classe la plus indigente et la plus laborieuse, sur le petit propriétaire qui cultive son propre champ, sur le simple artisan qui n’a que ses outils et ses mains, et, en général, sur le villageois D’abord, en fait d’impôts, nombre de villes sont abonnées ou franches. […] Un intendant, visitant la subdélégation de Bar-sur-Seine, remarque « que les riches cultivateurs parviennent à se faire pourvoir de petites charges chez le roi et jouissent des privilèges qui y sont attachés, ce qui fait retomber le poids des impositions sur les autres712. » — « Une des principales causes de notre surtaxe prodigieuse, dit l’assemblée provinciale d’Auvergne, c’est le nombre inconcevable des privilégiés qui s’accroît chaque jour par le trafic et la location des charges ; il y en a qui, en moins de vingt ans, ont anobli six familles. » Si cet abus continuait, « il finirait par anoblir en un siècle tous les contribuables le plus en état de porter la charge des contributions713 ». […] On nous faisait bien espérer que cela finirait, mais tous les ans cela devenait plus fort.
Tout était fini ! […] Il commença par flatter les partisans de la légitimité, il finit par hésiter entre les libéraux et les légitimistes. […] Il finit par s’allier avec les libéraux et se laissa nommer à l’ambassade de Londres. […] Sa réputation d’homme d’État finit avant lui. […] Le 4 juillet, nous apprîmes qu’elle était finie.
Quand je commencerai à germer, vous aurez fini de pourrir. […] Auguste Dorchain, qu’on vous attribue « le fini du travail et l’infini du sentiment ». […] la phrase ne finit pas sur ce mot, et ce mot précieux passera peut-être inaperçu. […] Comme un commis de librairie finit par écrire ses réminiscences, M. […] Mais le choc des épées le grisait et il finissait par tuer des indifférents pour n’avoir pas osé chagriner par un refus d’autres indifférents.
Ferrari, lui, finit par voir le bien dans le mal même qu’il vient de signaler, et l’anxiété qu’il produit est si grande, que son lecteur est en droit de lui dire : Auquel de vos deux Charlemagne croirons-nous ? […] En ces quatre volumes à peine, — par l’histoire des Révolutions d’Italie s’arrête vers le milieu du quatrième, où l’auteur nous apprend tout à coup que sa tâche est finie parce qu’il touche à l’époque de Charles-Quint, et qu’à cette époque l’ère des révolutions est fermée, — il n’y a pas moins (l’auteur s’en est assez vanté) que sept mille révolutions qu’il a mesurées « à l’équerre et au compas », nous dit-il, avec l’orgueil d’un Képler de l’Histoire, Assurément, sept mille révolutions, poussées, bousculées en quinze cents pages à peu près, font un entassement formidable, et on aurait vraiment le droit de se demander comment elles sont passées sous l’angle d’un compas si peu ouvert, pour peu qu’elles méritent le nom qu’on leur donne et qu’elles soient réellement des révolutions ! […] Ferrari et qui aime le plus les idées extrêmes, parce qu’elles balaient toujours très bien les entre-deux, peut-elle laisser passer, comme une vérité sans conteste, cette abstraction d’une inflexible mathématique dans l’histoire, — fût-ce pour le bon motif d’étouffer la raison d’État des politiques et d’en finir avec ce vieux sophisme retiré qui règne toujours, quoique aplati, au fond du système des habiles et du doctrinarisme des constitutions ? […] Cette Histoire de la Raison d’État finit donc par l’art de composer des almanachs politiques, et c’est dans la splendide rêverie de la prophétie scientifique que trébuche et vient s’abîmer cette intelligence si positive, qu’elle ne voulait ni de Dieu, ni du diable, ni de l’homme, pour s’expliquer l’univers ! […] Ferrari, à ne voir que son livre actuel, et malgré ses erreurs nombreuses, est un des hommes les plus richement doués de tous ceux-là qui, dans les sciences ou dans les lettres, aiment à porter ce nom si sec d’esprits positifs, et ne s’occupent que de l’objet de leur recherche, disant du reste, le : Cela ne me regarde pas, qu’autrefois écrivait Descartes, et cependant voilà que ce positif, qui ne voit que les faits dans le monde, et qui ne se soucie même pas de leur raison d’exister, finit en chimérique un livre où les faits seuls devaient se montrer glorifiés.
Le malheureux qui raconte son histoire semble croire qu’elle n’est pas finie. […] V Et c’est le dernier pas, en effet, et l’accomplissement de la parole que nous avons citée : « On n’échappe au mariage que pour y revenir. » Fanny a trompé son mari pour son amant, et elle finit par tromper son amant pour son mari. […] il y a encore un comte de Grammont, l’oncle de la jeune fille, Fontenelle-dandy qui finit par glisser dans le dévouement et qui se fait tuer, par honneur du monde, pour sa nièce ; vrai d’inconséquence, ayant l’intérêt d’une larme retrouvée dans un œil qu’on croyait séché ; d’ailleurs sans profondeur aucune, et tout le temps qu’il est égoïste, très-facile à peindre, dans l’égoïsme universel qui pose, sous tant de faces, devant nous. […] Mais au moins c’est fini ! […] Il avait tout décrit avec cette minutie d’observation qui détache tout et qui ne fond rien, et qui finit par nous faire entrer l’objet dans l’œil avec tous ses ongles, pour nous le faire voir.
On ne devient pas une autorité sociale en une génération, mais à force de frapper à la même place, de père en fils, une race finit par acquérir une influence considérable, qui est la grande raison d’être de la vie. […] En faisant un retour sur ma vie passée, je finis par lui découvrir quelque utilité, ce qui m’adoucit la perspective de la mort. […] De mois en mois, jusqu’en octobre 1915 où il tombera, il ne cesse de répéter : Une guerre pareille… Deux ans, dix ans, vingt ans… Sait-on quand elle finira ? Si elle finit avant un an, il faudra s’armer de nouveau et se préparer résolument, car cette paix-là serait dès maintenant condamnée à n’être pas définitive, à n’imposer aucune solution acceptable. […] C’est une vie épatante et je suis bien sûr que quand ce sera fini, je regretterai que les Boches n’aient pas duré plus longtemps.
Zola : Je pense — dit Pommageot en s’animant — que toutes les vieilles blagues du romantisme sont finies ; je pense que le public en a assez, des phrases en sucre filé ; je pense que la poésie est un borborygme ; je pense que les amoureux de mots et les aligneurs d’épithètes corrompent la moelle nationale ; je pense que le vrai, le vrai tout cru et tout nu est l’art ; je pense que les portraits au daguerréotype ressemblent… — C’est un paradoxe ! […] Coriolis de Naz, peintre et créole, prend pour maîtresse Manette Salomon, un modèle d’atelier, se trouve enlacé et opprimé par la juive, qui peu à peu s’est révélée en elle, la subit lâchement, renonce à ses amis, renonce au grand art, épouse tout en la détestant l’horrible maîtresse… C’est un homme avili, abruti, fini. […] Barnier, peu après, se plonge dans l’absinthe, s’abrutit, finit par se faire exprès une piqûre anatomique. […] On conçoit de reste que le tempérament de MM. de Goncourt et leur dédain des apparences mêmes de la banalité les ait détournés des romans « qui finissent bien ». […] Elle est longue et se prolonge dans une ombre où elle s’enfonce sans finir. » Ils écrivent tranquillement : « En peinture, il ne voyait qu’une peinture…48 » — Beaucoup de leurs périodes, si on les juge d’après les règles les moins contestables de la rhétorique classique, sont assez mal faites, n’ont ni harmonie ni dessin.
Et pour notre bonheur, il ne faut pas qu’on se l’exagère tant : nous avons, l’un une maladie de nerfs, l’autre une maladie de foie, qui doivent assurer nos ennemis de nos souffrances dans la cruelle bataille des lettres ; deux maladies qui finiront peut-être un jour par nous faire mourir, — à moins que nous ne mourions d’autre chose, tous les deux ensemble, selon des promesses qu’une menace a bien voulu nous faire. […] * * * Finissons cette histoire d’Henriette Maréchal par la lettre envoyée par nous aux journaux, où nous racontons comment elle a disparu de l’affiche de la Comédie-Française : 21 décembre 1865. […] … C’est sur ce souhait et cette espérance que nous finissons, Monsieur. […] L’art théâtral, cet art malade, cet art fini, ne peut trouver un allongement de son existence que par la transfusion, dans son vieil organisme, d’éléments neufs, et j’ai beau chercher, je ne vois ces éléments que dans une langue littéraire parlée et dans le rendu d’après nature des sentiments, — toute l’extrême réalité, selon moi, dont on peut doter le théâtre. […] tenez, j’ai dans ma pièce un quart d’heure de sortie… Je vous lirai pendant ce temps-là… Attendez-moi dans la salle. » La pièce dans laquelle il jouait finie, nous repinçons Brindeau qui veut bien du rôle !
C’est à n’en pas finir. […] Il finira par passer tous ses soirs chez Mme de Maintenon, à y travailler avec ses ministres. […] Cet appesantissement en partie physique qui augmentait avec l’âge, cet enchaînement aux habitudes, ce besoin d’avoir toujours autour de soi une grosse Cour, finirent par retenir le monarque à Versailles et dans ses maisons.
Ce n’est plus en Italie pourtant, si l’on a retrouvé tout entier le jeune général d’Italie, c’est en France que l’on combat, sur un sol plus cher encore, plus sacré et tout palpitant : et c’est ce qui fait que même ces dernières journées de gloire sont déchirantes, en ce que l’on sent qu’elles sont fugitives et qu’elles vont finir. […] Car si cette masse compacte, ce noir nuage « qui offusquait tous les yeux et terrifiait tous les cœurs » ne s’entrouvrait pas, si l’ennemi assemblé s’obstinait à refouler étape par étape Napoléon, chacun se voyait réduit à recommencer deux et trois fois peut-être, et en nombre de plus en plus disproportionné, cette glorieuse, mais désespérée, mais accablante bataille de la Rothière, qui finirait fatalement sous les murs de Paris et serait tôt ou tard perdue. […] C’est le même sentiment d’honneur héroïque et royal, et du noble orgueil invincible qu’on n’en saurait séparer, qui faisait dire au grand Frédéric, au moment le plus désespéré de la guerre de Sept Ans et dans les heures terribles où il songeait à se donner la mort, plutôt que de signer son déshonneur et celui de sa patrie (juillet-octobre 1757) : J’ai cru qu’étant roi, il me convenait de penser en souverain, et j’ai pris pour principe que la réputation d’un prince devait lui être plus chère que la vie… Je suis très résolu de lutter encore contre l’infortune ; mais en même temps suis-je aussi résolu de ne pas signer ma honte et l’opprobre de ma maison… Si vous prenez la résolution que j’ai prise (la sœur généreuse à laquelle il écrit, la margrave de Baireuth, avait résolu de mourir en même temps que lui), nous finissons ensemble nos malheurs et notre infortune, et c’est à ceux qui restent au monde à pourvoir aux soins dont ils seront chargés, et à porter le poids que nous avons soutenu si longtemps.
Cette lettre à Cervoni finit par un retour et un regret sur le passé : Incertitude, dégoût, fatigues, tel est le sort du militaire actuel ; il est bien différent de celui de nos premières années, où nous guerroyions en chantant. […] Je maudis l’instant où je fus fait caporal ; et je voudrais avoir l’apathie de ceux qui finiront par s’établir bourgeoisement. […] Enfin, pour en finir, mon frère est allé les chercher.
On lit cela, on s’y intéresse bien un certain temps, mais seulement pour en avoir fini et pour le laisser de côté. […] Puis, sur une nouvelle question d’Eckermann qui craint toujours que l’entretien ne finisse, et qui demande si le corps dans cette force d’action n’entre pas autant et plus que l’esprit, Gœthe répond : « Le corps a du moins la plus grande influence. […] Appelé à Erfurt en 1808, à l’époque de l’entrevue des souverains, et présenté à l’empereur le 2 octobre, l’empereur, après l’avoir regardé quelques instants avec attention, lui avait dit pour premier mot : « Vous êtes un homme. » Et lorsque, l’entretien fini, Gœthe se fut retiré, Napoléon répéta, en s’adressant à Berthier et à Daru, qui étaient présents Voilà : un « homme !
Ce n’est pas d’ailleurs le fait inventé dans un roman, ce sont les sentiments qu’on y développe qui laissent une trace profonde ; et cette maladie de l’âme qui prend sa source dans une nature élevée, et finit cependant par rendre la vie odieuse, cette maladie de l’âme, dis-je, est parfaitement décrite dans Werther. […] Le vrai talent a peine à se reconnaître au milieu de cette foule innombrable de livres : il parvient à la fin, sans doute, à se distinguer ; mais le goût général se gâte de plus en plus par tant de lectures insipides, et les occupations littéraires elles-mêmes doivent finir par perdre de leur considération. […] En France, la puissance du ridicule finit toujours par ramener à la simplicité ; mais dans un pays, comme l’Allemagne, où le tribunal de la société a si peu de force et si peu d’accord, il ne faut rien risquer dans le genre qui exige l’habitude la plus constante et le tact le plus fin de toutes les contenances de l’esprit.
M. de Lamartine les lui tourne en leçon ; il se cite lui-même pour exemple, et il finit, selon l’usage, par se proposer insensiblement pour modèle. […] Mais il est temps de finir, et sans trop en demander, sans y mettre plus de façons que M. de Musset lui-même, je finirai par un vers de lui qui coupe court à bien des raisons : Que dis-je ?
La conséquence de cette étroite solidarité qui relie l’individu au groupe, c’est que la réalisation du vrai moi individuel finit par avoir pour condition intégrante celle du vrai moi social. […] Que ce sentiment, après s’être répété un grand nombre de fois, finisse par se détacher de la masse et, grâce à la réflexion, se pose à part, ce sera un commencement de pensée, et ce sera aussi, à son début, l’idée d’union, d’unité, de convergence, de consensus, qui fait le fond de l’idée du moi. […] Dans la conscience, le résultat final est la sélection croissante de l’idée du moi parmi toutes les autres : cette idée grandit sans cesse, s’éclaire, se détermine, et, comme l’idée de l’unité réalise de plus en plus l’unité même, nous finissons par penser invinciblement notre être sous la forme de l’unité.
L’homme est placé, par toutes ses affections, dans cette triste alternative ; s’il a besoin d’être aimé pour être heureux, tout système de bonheur certain et durable est fini pour lui, et s’il sait y renoncer, c’est une grande partie de ses jouissances sacrifiées pour assurer celles qui lui resteront, c’est une réduction courageuse qui n’enrichit que dans l’avenir. […] Mais tous ces mouvements généreux que produit le plus beau des sentiments des hommes, la valeur, sont plutôt les qualités propres au courage qu’à l’amitié ; lorsque la guerre est finie, rien n’est moins probable que la réalité, la durée des rapports qu’on se croyait avec celui qui partageait nos périls.
Le xviie siècle qui finissait n’avait-il pas raison de s’admirer dans son œuvre ? […] De plus, la notion de l’honnête homme, que la société demandait à chacun de réaliser en soi, a rendu dans le cours du siècle l’instruction plus légère, plus superficielle : on a imposé à l’homme du monde de n’afficher aucune compétence spéciale, et on a fini par l’amener à n’avoir en effet aucune sorte de compétence.
Il se charge de leurs messages, donne à la jeune fille des conseils pervers, et finit par lui persuader de fuir la maison paternelle. […] Il finit, chose étrange, par avoir le beau rôle ; il pacifie la maison troublée.
On prétend que Léonard de Vinci recommandait à ses élèves, lorsqu’ils cherchaient un sujet de tableau, d’étudier avec soin l’aspect des surfaces de bois ; on finit par voir se dessiner, au milieu des lignes confuses, certaines formes d’animaux, des têtes humaines, des groupes pittoresques. […] La « production d’énergie intellectuelle » n’est point illimitée89 ; l’attention n’est libre que d’une liberté toute relative ; « l’aperception » est une certaine quantité de force donnée à une image, à une idée, elle est une des conditions de ce que nous appelons l’idée-force, mais, encore une fois, la réaction intellectuelle qui la constitue est elle-même causée par l’état général de la sensibilité, par l’intérêt que nous prenons à la chose, — intérêt déterminé, fini, en rapport avec les deux termes subjectif et objectif, et qui, en somme, est un désir.
Aussi voïons nous que nos comédiens dont plusieurs n’ont d’autre guide que l’instinct et la routine, ne sçavent par où se tirer d’affaire lorsque l’acteur qui recite avec eux ne finit pas sur un ton qui leur permette de debuter par le ton auquel ils se sont preparez, autant par habitude que par reflexion. Voilà pourquoi ils s’entr’accusent si souvent les uns les autres de reciter sur des tons vitieux, et principalement de finir mal leur couplet, de maniere qu’ils mettent à la gêne, disent-ils, celui qui doit prendre la parole immediatement après eux.
Il a donc fini son histoire comme il l’avait commencée. […] Dans l’Histoire, le génie militaire arrive toujours à l’heure nécessaire pour finir les Démocraties… S’il n’avait fait que cela du temps d’Henri IV !
Esprits raccourcis et passionnés, nous ne pensons, guères qu’à ce bout de toile historique dont nous sommes les tisserands d’un jour ou à ce qui peut directement s’y rattacher, et nous oublions trop que l’Histoire est particulièrement, dans sa notion pure et profonde, le récit des choses entièrement finies, des mondes entièrement disparus. […] Car, pour comprendre le Moyen Âge, cette gestation laborieuse et profonde d’une société qui a fini par s’organiser dans la plus merveilleuse harmonie, il faut avoir de deux choses l’une ou la raison du grand historien qui voit l’entre-deux et le dessous des faits, qui en perçoit les causes et les détermine, ou la sensibilité du grand poète qui, par le sentiment et une transposition sublime de son être dans le passé, arrive à l’intuition complète du temps qui n’est plus.
Germanicus, le modèle des princes ; Germanicus qui eut le tort d’être vertueux dans une cour corrompue, et sous Tibère le tort bien plus grand d’être adoré du peuple et de l’aimer, empoisonné en Asie, n’obtint pas d’éloge funèbre dans Rome ; mais aussi la mémoire de Tibère ne manqua point d’être célébrée ; l’éloge de Tibère fut prononcé par Caligula : c’était dignement commencer un règne qui devait finir par tant de crimes ; et le panégyriste et le héros étaient dignes l’un de l’autre. […] Il peut se faire qu’on n’ait pas loué davantage Galba, qui ne monta sur le trône que pour en être précipité par sa faiblesse ; Othon, qui n’eut que le mérite de finir avec courage une vie efféminée ; Vitellius, qui fut le plus vil des hommes et des princes.
Il conspira contre Maxence son fils, contre Constantin son gendre, et finit par vouloir rendre sa fille complice de l’assassinat de son époux. […] On s’étonne qu’après avoir goûté la douceur et les charmes du repos, il veuille bien se donner encore la peine de commander ; et l’on finit par prier sa divinité de vouloir bien, du faîte où elle est placée, veiller sur l’univers, et de sa tête céleste faire quelques signes, pour marquer aux choses humaines le cours de leur destinée.
Planche n’écrivait pas alors, c’était un causeur blond, à figure assez jolie, mais un causeur poussant la causerie à des heures si avancées de la nuit, que Hugo finit par demander à Sainte-Beuve : « Quand votre ami se couche-t-il ? […] Tout le monde nous tombe dessus, et Sainte-Beuve finit par déclarer que la France ne sera libre, que lorsque Voltaire aura sa statue sur la place Louis XV. […] Le tabac, ce stupéfiant, la bière, cette boisson d’engourdissement, finiraient-ils par endormir, dans les veines de la France, le sang du bourgogne ? […] Nous voici dans un singulier endroit, un bain de mer fait par et pour des gens de théâtre, un bain de mer dont la pancarte, réglementant la pudeur des baigneurs, commence par : « Le maire de Cabourg, chevalier de la Légion d’honneur, commandeur de l’ordre de Charles III… » et finit par le nom de Dennery. […] Un jour elle finit un roman à une heure du matin… et elle en recommence un autre, dans la nuit… La copie est une fonction chez Mme Sand… Au reste on est très bien chez elle.
Et l’on finit par dire que nous mentons, lorsque nous devenons trop vrais. […] C’est l’éternelle histoire ; on se fâche et on plaisante d’abord, puis on finit par imiter. […] Il y a là un gagne-pain quotidien auquel il finit par se résigner. […] De la comparaison des faits, on finit, il est vrai, par formuler des lois. […] C’est fini, voilà deux étrangers.
Et de nos jours le drame moderne a fini par donner raison aux idées ingénieuses et fécondes de ce dernier. […] Michelet de Berlin ont glissé sur la pente dangereuse des conséquences logiques, et ont fini par tomber dans la démagogie et dans le socialisme. […] Cousin ne fut point le seul qui alla s’inspirer de la philosophie allemande et qui finit par l’oublier. […] Mais après un séjour de quelques mois, j’ai fini par comprendre que les combats acharnés que se livrent les partis en Allemagne, dans les ouvrages de M. […] J’en ai fini avec les initiateurs.
Je pense que l’humanité est finie, usée, pourrie, expirante. […] Il faudrait en finir pourtant. […] Barbey d’Aurevilly avait un violent sujet de mécontentement contre Nicolardot et voulait en finir une bonne fois avec cette langue venimeuse. […] Il finirait par se laisser tomber pleutrement sur nous avec sa petite brouette et son balancier. […] Il ne voit pas de but à une chienne d’existence qui finit si mal, et il en éclate de douleur.
C’était fini ! […] Heureusement c’est fini, nous arrivons. […] La scène des adieux de ces pauvres héros qui n’ont été ni amant, ni maîtresse, finit, hélas ! […] C’était fini. […] Le spectacle fini, je partis et retournai à Saint-Denis, comme d’habitude.
Rien ne commence, rien ne finit dans l’histoire de la littérature, comme dans celle des faits ; tout continue. […] Elle finit, répond inexorablement M. de Bonald, confondue avec d’autres sociétés. […] Le découragement finit par l’atteindre. […] Était-elle finie ? […] Une époque vient de finir, une autre commence.
Le fait n’est pas rare, malheureusement, et c’est ce qu’on appelle en finir avec la vie de jeune homme. […] Un mot personnel pour finir. […] Émile Ollivier commence à son enfance pour finir au jour de son mariage. […] La bataille était finie, tous les Sioux avaient fui. […] À partir de ce moment ils furent entraînés dans une série de fêtes qui finirent par les lasser.
Je finirai ma lettre en vous parlant de M. […] La pièce finissait, nous sortîmes. […] Les dames finirent par demander grâce… Quand on rapporta les lumières, deux d’entre elles étaient évanouies sur les divans ! […] C’est ce qu’avait fini par faire le peintre, qui s’était improvisé un porte-manteau de ce recoin. […] Pour finir cependant avec ce nom, je vous dirai que les livres de M.
et finit généralement par une phrase pleine d’aigreur qui équivaut à un regard d’envie jeté sur les bienheureux qui comprennent l’incompréhensible. […] C’est l’infini dans le fini. […] Les gerbes sont empilées ; la moisson nécessaire est faite et l’ouvrage est sans doute fini, car le clairon jette au milieu des airs un rappel retentissant. […] Daubigny qu’aux dépens du fini et de la perfection dans le détail. […] Un peu trop de décolleté et de débraillé dans le costume contraste peut-être malheureusement avec le fini vigoureux et patient des visages.
Le marquis, à force d’avilir et de tyranniser ceux qui l’entourent, a fini par haïr et mépriser l’homme ; il n’a plus de goût que pour les scélérats parfaits. […] Bien plus et bien pis, nous finissons par éprouver un peu d’ennui. […] D’autres puérilités moins choquantes finissent par lasser autant. […] Il finit par la traîner dans les tavernes et dans les coulisses, et de loin la montre du doigt, joueuse, ivrogne, sans plus vouloir la toucher. […] Il finit par mener en Angleterre le prétendant, frère de la reine Anne, et le tient déguisé à Castlewood, attendant l’instant où la reine mourante et gagnée va le déclarer héritier du trône.
Thiers avait brillamment parlé ; Félix Bodin, qui l’avait écouté sans l’interrompre, s’approcha du lui lorsqu’il eut fini, et lui dit : « Mais savez-vous, mon cher ami, que vous serez ministre ? […] Je ne sais plus qui a dit : On commence toujours par parler des choses, on finit quelquefois par les apprendre. Le fait est que les mieux doués commencent par deviner ce qu’ils finissent ensuite par bien savoir. […] Pour eux, leur histoire est finie ; il ne reste plus à y ajouter que le récit de leur mort héroïque. […] Il raconte et suit vivement les phases de la révolution, il les expose avec tant de lucidité, de vraisemblance et d’enchaînement, qu’on finit, ou peu s’en faut, par les juger inévitables.
Mais, en homme d’État français, il finit par se prononcer comme moi pour le dévouement, c’est-à-dire pour l’armée. […] « J’avais fini, après un mois, par les regarder comme mes enfants. […] Quand elle eut fini, elle fit un signe de croix en souriant avec l’air d’aller au paradis. […] Ils commençaient encore à s’embrasser ; je frappai du pied vivement pour les faire finir. […] quand je raconte cela, je ne peux plus m’arrêter, c’est fini.
Quand je considère attentivement l’empire littéraire, je crois voir une place publique, où une foule d’empiriques montés sur des tréteaux, appellent les passants, et en imposent au peuple qui commence par en rire, et qui finit par être leur dupe. […] criez au public que vous l’êtes, vous serez d’abord ridicule pour le plus grand nombre, vous en imposerez pourtant à quelques sots qui se rangeront autour de vous, la foule grossira peu à peu, et ceux même qui ne vous écoutaient pas, ou finiront par être de l’avis de la multitude, ou seront forcés de se taire. […] Lucien avait commencé par être philosophe : la réputation de ses ouvrages le fit rechercher ; elle n’aurait dû servir qu’à rendre sa retraite plus sévère ; car la philosophie est comme la dévotion, c’est reculer que de n’y pas faire des progrès : il se livra à l’empressement qu’on eut pour lui, devint homme du monde sans s’en apercevoir, et finit par être courtisan. […] Aristote finit par être mécontent d’Alexandre ; et Platon à la cour de Denys se reprochait d’avoir été essuyer dans sa vieillesse les caprices d’un jeune tyran. […] Aussi le commerce intime des grands avec les gens de lettres ne finit que trop souvent par quelque rupture éclatante ; rupture qui vient presque toujours de l’oubli des égards réciproques auxquels on a manqué de part ou d’autre, peut-être même des deux côtés.
Il est clair que le point de départ de cette illusion est une fiction volontaire ; l’auteur sait d’abord qu’elle est fiction, mais finit par l’oublier. […] Des hommes ont vu un fait très simple ; peu à peu, à distance, en y pensant, ils l’interprètent, ils l’amplifient, ils le munissent de circonstances, et ces détails imaginaires, faisant corps avec le souvenir, finissent par sembler des souvenirs comme lui. […] Ils se forment un roman conforme à leur passion dominante, et ce roman inséré dans leur vie finit par composer à leurs yeux tout leur passé. — Une femme que j’ai vue à la Salpêtrière racontait, avec une précision et une conviction parfaites, une histoire d’après laquelle elle était noble et riche. […] À l’en croire, ses parents l’avaient perdue exprès sept ou huit fois, et sa mère avait fini par la vendre à des saltimbanques chez qui elle était restée deux ans. […] L’esprit ressemble à un métier ; chaque événement est une secousse qui le met en branle, et l’étoffe qui finit par en sortir transcrit, par sa structure, l’ordre et l’espèce des chocs que la machine a reçus.
La nécessité rendit cette pauvre fille si avare que Grandet avait fini par l’aimer comme on aime un chien, et Nanon s’était laissé mettre au cou un collier garni de pointes dont les piqûres ne la piquaient plus. […] De là, le tortueux sarment gagnait le mur, s’y attachait, courait le long de la maison, et finissait sur un bûcher où le bois était rangé avec autant d’exactitude que peuvent l’être les livres d’un bibliophile. […] et cela ne finit point. […] Puis elle finit par aimer des douceurs qu’elle mettait secrètement aux pieds de son idole. […] Eugénie dévore ses larmes, et le roman du cœur finit avec le roman d’amour.
« Une circonstance douloureuse m’éloigna d’Urbino quatre ans après, avant d’y avoir fini mes études », dit-il. « Mon second frère, Jacques-Dominique, y contracta une horrible maladie. […] Les vacances de la Rote commençaient aux premiers jours de juillet ; elles finissaient en décembre. […] Elle dura près de quatre mois au milieu des intrigues diverses que l’état désespéré de l’Église ne suspendait pas, et qui finit néanmoins, grâce à l’intervention du cardinal Consalvi, par l’élection la plus inattendue et la plus pure qui pût édifier et sauver cette institution. […] Les cardinaux comprenaient la nécessité d’en finir, et tous furent persuadés qu’ils ne pouvaient terminer autrement. […] « Je pourrais ici terminer ce récit, qui a pour objet l’histoire du conclave, car il finit avec l’élection du pape.
La première, dont l’origine se perd dans la nuit des temps, ne finit guère qu’à Charlemagne. […] Une ville d’Italie finit par dicter les croyances, les mœurs et les moindres pratiques qui devaient s’observer au fond de la Thuringe. […] Mais la philosophie présida à tous ses travaux et finit par absorber tous ses goûts : elle devint sa vraie vocation et sa principale gloire. […] En fait, on dispute beaucoup en métaphysique ; on dispute peu en logique, en mathématiques et en physique, ou du moins, si l’on dispute, on finit par s’accorder. […] Mais il n’appartient pas au même homme de commencer une révolution et de la finir.
Un seul genre de vie intéresse au dix-septième siècle, la vie de salon ; on n’en admet pas d’autres ; on ne peint que celle-là ; on efface, on transforme, on avilit, on déforme les êtres qui n’y peuvent entrer, l’enfant, la bête, l’homme du peuple, l’inspiré, le fou, le barbare ; on finit par ne plus voir dans l’homme que l’homme bien élevé capable de discourir et de causer, irréprochable observateur des convenances. […] Seulement il en ajoute chez nous une seconde « commune à nous et aux anges, fille du ciel, trésor à part, capable de suivre en l’air les phalanges célestes, lumière faible et tendre pendant nos premiers ans, mais qui finit par percer les ténèbres de la matière. » Ces gracieuses rêveries, imitées de Platon, vraie philosophie de poëte, peignent son sentiment plutôt que sa croyance. […] Un arbre aussi bien qu’un homme peut souffrir ; l’histoire des grands finit là, comme chez nous, par une grande ruine. […] Toutes les aventures d’Ysengrin finissent de même ; et ce portrait demi-sérieux, demi-moqueur, est plus vrai que la sombre et terrible peinture de Buffon : « Il est l’ennemi de toute société, il ne fait pas même compagnie à ceux de son espèce. […] Enfin il répondit : Ami, je te conseille D’attendre que ton maître ait fini son sommeil.
« Cet ouvrage, longtemps attendu, écrivait Fontanes, et commencé dans des jours d’oppression et de douleur, paraît quand tous les maux se réparent, et quand toutes les persécutions finissent. […] Heureux ceux qui ont fini leur voyage sans avoir quitté le port, et qui n’ont point, comme moi, traîné d’inutiles jours sur la terre ! […] Est-ce ma faute, si je trouve partout des bornes, si ce qui est fini n’a pour moi aucune valeur ? […] Puis-je même… Il y a quelques jours, rien n’aurait pu m’arracher ce secret… À présent tout est fini. […] « L’hiver finissait, lorsque je m’aperçus qu’Amélie perdait le repos et la santé qu’elle commençait à me rendre.
Plus on va, plus la décomposition s’avance et s’étale aux yeux les moins clairvoyants ; la façade, qui longtemps se maintient, ne cache plus l’effondrement interne ; mais plus aussi l’avenir mêle ses lueurs aux reflets du passé : et cependant rien ne se fonde, et le xve siècle se clôt, en laissant l’impression d’un monde qui finit, d’un avortement irrémédiable et désastreux95. […] La noblesse féodale fournira des mérites, des dévouements individuels : mais, à la prendre en corps, son rôle bienfaisant est fini ; elle fait décidément banqueroute à l’intérêt public ; elle devient l’obstacle, l’ennemie, et réunit contre elle la bourgeoisie et le roi, rendant dès lors inévitables ces deux étapes du développement national : la monarchie absolue et la Révolution. […] Cependant Froissart, plus souvent que Machault, donne la sensation du fini, du parfait accord de la forme et du fond. […] Diviser et dilater, tout est là, et les deux procédés qui s’unissent et se complètent sont l’allégorie et le syllogisme ; ce dernier même finit par tout comprendre : Ars faciendi sermones secundum formam syllogisticam, ad quam omnes alii modi sunt reducendi. […] Biographie : Jean Charlier. de Gerson (près Rethel), né en 1363, mort en 1429, boursier, puis docteur, puis chancelier de Navarre, protégé du duc de Bourgogne, enseigne et prêche jusqu’en 1397, se retire à Bruges pendant trois ans, est nomme curé de Saint-Jean en Grève à son retour vers 1401, va représenter le roi, l’église de Sens et l’Université de Paris au concile de Constance (1414) ; il finit sa vie à Lyon au couvent des Célestins.
Le plus grand éloge qu’on puisse faire de Marie Duplessis c’est qu’elle mourut à la peine, c’est que son âme eut bien vite assez de la vie que menait son corps, et qu’elle le tua pour en finir. […] Il fascine d’abord, il finit par épouvanter le diabolique brio des damnés de cet enfer en flammes de punch. […] Puis il s’acoquine — c’est le mot — à la combinaison scabreuse que lui propose sa maîtresse, et il finit par l’accepter en fermant les yeux. […] Il ne s’est pas fait aimer de sa femme, c’est vrai, peut-être est-ce sa faute à lui ; mais qu’elle se rappelle ses froideurs, ses antipathies, ses disgrâces, et peut-être comprendra-t-elle qu’il ait fait preuve de discrétion en lui épargnant son amour ; cependant, il en est temps encore, et peut-être, en se connaissant mieux, finiront-ils par s’entendre. […] Paul offre un duel, pour en finir, et de remettre au sort des armes la possession de cette femme si cruellement tiraillée.
Il est arrivé quelques personnes de tous les mondes, qui, le dîner fini, ont pris place autour de la table. […] Le public d’abord gentil au premier acte, se fâche au second, et hue le troisième, qu’il a peine à laisser finir. […] Mon père ne prévoyait guère, quand il faisait la campagne de Russie, une épaule cassée à la bataille de la Moskova, et qu’un peloton de cosaques passant comme une trombe, le forçait à finir un morceau de cheval sur le toit d’une habitation, en faisant le coup de pistolet, mon père ne prévoyait guère que son fils serait un jour apprécié par une compatriote de ces cosaques. […] Ces 75 000 francs, avec 6 500 qui me sont encore dus, 8 500 francs que j’ai attrapés de mon ex-notaire, défalcation faite des frais, me font rentrer dans mes 80 000 francs, avec les intérêts dus depuis trois ans : « Ça finit aussi bien qu’une mauvaise affaire peut finir !
Cette guerre pour les besoins de laquelle l’Institut des Jésuites avait été fondé, et qui devait finir par la défection d’un Souverain Pontife, avait changé de face et d’armes, mais se poursuivait avec acharnement. […] Il les attaqua partout, dans les Missions, dans les Réductions, dans les Colonies, dans le Royaume, par des actes de gouvernement, par des pamphlets, par des calomnies, par d’abominables supplices, et il finit par les expulser. […] Florida Blanca, homme dévoué jusqu’à l’esclavage, doit finir l’affaire commencée. […] D’ailleurs, il y a mieux encore : élevons-nous une bonne fois par le sentiment théologique au-dessus des jugements humains de l’histoire, et finissons par une de ces considérations profondes qui finissent tout.
Il flotte de projets en projets : tantôt il voudrait attirer son frère à Paris pour y fonder en commun avec lui quelque journal ou revue ; tantôt il rêve de se retirer avec lui à La Chesnaie, et là de se livrer uniquement à la composition d’une Histoire ecclésiastique dont il a le plan en tête, « ouvrage de toute une vie » ; tantôt il n’ambitionne que de finir un autre ouvrage projeté ou même commencé, l’Esprit du Christianisme : « Ce serait un bel ouvrage, écrit-il de Paris (5 novembre 1814). […] Personne ne sait comment ceci finira. […] En définitive, le public y retrouve à peu près son compte. — Je ne finirai point sans citer de La Mennais une belle pensée admirablement exprimée ; car je n’ai en tout ceci aucun but de sévérité ni d’indulgence ; je ne tiens qu’à montrer l’homme d’après nature, et je voudrais avoir le temps d’extraire tout ce que j’ai noté de remarquable. […] — Il racontait que, sous la Restauration, étant allé un soir assister chez le vicomte Sosthène de La Rochefoucauld à je ne sais quelle séance de ce qu’on appelait la Congrégation, il y avait entendu tant de sottises qu’il n’y put tenir, et en sortant il fut pris d’un fou rire à se tenir les côtes, tellement qu’il avait dû s’asseoir sur un do ces bancs de pierre comme il y en avait alors dans le faubourg Saint-Germain à la porte des hôtels, jusqu’il ce qu’il eût fini de rire tout son soûl.
Premièrement Girard (l’imprimeur) sera obligé de déclarer qu’il se propose d’imprimer un livre sur l’institution des évêques, lequel formera tant de feuilles d’impression. 2° L’impression finie, et avant de commencer la vente, il faudra qu’il remette un exemplaire au directeur de la librairie. 3° Le premier venu, Tabaraud par exemple, peut former plainte devant un tribunal, et déférer le livre comme un libelle diffamatoire, auquel cas l’édition sera saisie en attendant jugement. […] Pendant les intervalles de la controverse vigoureuse à laquelle on l’aurait cru tout employé, serein et libre, retiré de ce monde politique actif où le Conservateur l’avait vu un instant mêlé et d’où tant d’intrigues hideuses l’avaient fait fuir, entouré de quelques pieux disciples, sous les chênes druidiques de La Chênaie, seul débris d’une fortune en ruine, il composait les premières parties d’un grand ouvrage de philosophie religieuse qui n’est pas fini, mais qui promet d’embrasser par une méthode toute rationnelle l’ordre entier des connaissances humaines, à partir de la plus simple notion de l’être : le but dernier de l’auteur, dans cette conception encyclopédique, est de rejoindre d’aussi près que possible les vérités primordiales d’ailleurs imposées, et de prouver à l’orgueilleuse raison elle-même qu’en poussant avec ses seules ressources elle n’a rien de mieux à faire que d’y aboutir. […] En voici un autre qu’il composa durant une insomnie la veille de la Toussaint : nous ne pouvons mieux finir. […] « Il y en avait aussi qui semblaient, dans un recueillement profond, écouter une parole secrète, et puis, l’œil fixé sur le couchant, tout à coup ils chantaient une aurore invisible et un jour qui ne finit jamais.
Trois tendances générales se sont tour à tour déclarées et accomplies : sous les deux premières races, tendance générale vers l’indépendance, qui finit par l’anarchie féodale ; sous la troisième, tendance générale vers l’ordre, qui finit par le pouvoir absolu ; et après le retour de l’ordre, tendance générale vers la liberté, qui finit par la révolution. » C’est de cette idée que M ignet partira bientôt pour entamer son Histoire de la Révolution ; l’Introduction qu’il mit en tête de celle-ci ne fait que développer la visée première ; même lorsqu’il aborda le sujet tout moderne, il ne le prenait pas de revers ni à court, comme on voit, il s’y poussait de tout le prolongement et comme de tout le poids de ses études antérieures. […] Dans le discours qu’il adressait à Léon X sur la réforme du gouvernement de Florence, ce grand homme (Machiavel) disait : « Les hommes qui, par les lois et les institutions, ont formé les républiques et les royaumes, sont placés le plus haut, sont le plus loués après les dieux. » En étudiant d’original cette variété de personnages qui viennent comme témoigner sur eux-mêmes dans le Recueil de M.Mignet, on en rencontre un pourtant, une seule figure à joindre à celles des grands politiques intègres et dignes d’entrer, à la suite des meilleurs et des plus illustres de l’antiquité, dans cette liste moderne si peu nombreuse des Charlemagne, des saint Louis, des Washington : c’est Jean de Witt, lequel à son tour a fini par être mis en pièces et dilacéré au profit de cet autre grand politique moins scrupuleux, Guillaume d’Orange ; car ce sont ces derniers habituellement qui ont le triomphe définitif dans l’histoire.
C’est sur ces deux questions, il me semble, que tous les esprits devraient s’exercer : il faut les séparer absolument de ce que nous avons vu, et même de ce que nous voyons, enfin de tout ce qui appartient à la révolution ; car, comme on l’a fort bien dit, il faut que cette révolution finisse par le raisonnement, et il n’y a de vaincu que les hommes persuadés. […] Ne serait-il pas possible que le genre humain, témoin et victime de ce principe de haine, de ce germe de mort qui a détruit tant d’États, pût chercher et trouver la fin du combat de l’aristocratie et de la démocratie, et qu’au lieu de s’attacher à la combinaison d’une balance, qui par son avantage même, par la part qu’elle accorde à la liberté, finit toujours par être renversée : on examinât, si l’idée moderne du système représentatif n’établit pas dans le gouvernement, un seul intérêt, un seul principe de vie, en rejetant toutefois tout ce qui peut conduire à la démocratie ? […] À la fin d’un semblable ouvrage, cependant, sous quelque point de vue général que ces grandes questions fussent présentées, il serait impossible de ne pas finir par les particulariser dans leur rapport avec la France et le reste de l’Europe. […] comment ne finirait-elle pas par être reconnue ?
Pierre, pour imiter gauchement Laurent, alla au-devant de Charles, commença à négocier, finit par supplier et par lui remettre lâchement Sarzana, Pietra Santa, Livourne, honneur et force de Florence. […] Lisez Machiavel et son Borgia : Borgia, tant de fois vainqueur en Italie, alla finir sa carrière d’aventurier au siège d’une bicoque en Espagne. […] Le gouvernement doux et fraternel de cette maison déclina, comme toutes les choses humaines, et finit par devenir un fief impérial de la maison d’Autriche, une espèce de noviciat du trône impérial, où les héritiers présomptifs de l’empire s’exerçaient à régner. […] pendant le traitement pour ses douleurs, une fièvre se déclara, et la plus perfide de toutes ; elle se glissa peu à peu, et finit par envahir non pas seulement, comme il arrive souvent, les artères et les veines, mais les membres, les viscères, les nerfs, les os et leur moelle. — Subtile, latente et d’abord peu sensible, elle se montra bientôt ouvertement ; comme elle n’avait pas été traitée avec les soins et la promptitude qu’elle réclamait, elle affaiblit et abattit tellement le malade, que non seulement ses forces, mais son corps lui-même semblaient se fondre : c’est pourquoi la veille du jour où il paya son tribut à la nature, malade et couché dans la villa Careggi, il fut tellement frappé tout à coup, qu’il ne laissa aucun espoir de salut.
Elle nous moralise délicieusement et nous élève au-dessus des misérables soucis de l’utile ; or là où finit l’utile, commence le beau. […] J’aurais accepté ; car c’eût été finir noblement avec le catholicisme. […] Je ne sais si vous êtes comme moi, mais il n’y a rien qui me pèse plus que de dire, même pour les choses les plus indifférentes : « C’est fini, absolument fini pour toujours !
Fille d’une mère galante qu’entretenait un fermier général, mariée comme provisoirement au neveu de ce dernier, il sembla de bonne heure que toute la famille, en la voyant si séduisante et si délicieuse, la destinât à mieux, et qu’on n’attendît plus que l’occasion et le moment. « C’est un morceau de roi… », disait-on de toutes parts autour d’elle ; et la jeune femme avait fini par croire à cette destinée de maîtresse de roi comme à son étoile. […] Oui, sans doute ; car, dans le fond de son cœur, elle était des nôtres ; elle protégeait les lettres autant qu’elle le pouvait : voilà un beau rêve de fini ! […] J’ai dit à Gabriel aujourd’hui de s’arranger pour remettre à Grenelle les ouvriers nécessaires pour finir la besogne. […] La race des maîtresses de roi peut donc être dite sinon finie, du moins très interrompue, et Mme de Pompadour reste à nos yeux la dernière en vue dans notre histoire et la plus brillante42.
En un mot, jamais on n’est parti de plus loin pour aimer un homme. » Mme de Monnier finit pourtant par trouver la vraie raison de la faiblesse avec laquelle elle en vint à écouter M. de Montperreux : « Il est difficile peut-être à une femme aussi jeune, aussi ennuyée, aussi obsédée que je l’étais, de s’entendre dire longtemps qu’elle est aimée sans en être émue. […] Je vais en Suisse, madame : il faut que j’y finisse une affaire qui me lie les mains. […] Les soupçons de M. de Monnier ayant fini pourtant par éclater, d’autant plus amers qu’ils avaient été plus en retard et plus en défaut, et la position devenant insoutenable à Pontarlier, Mme de Monnier demanda à se retirer dans sa famille et s’en retourna à Dijon. […] Elle finit par le rejoindre en Suisse, aux Verrières, le 24 août 1776, et ils partirent de là pour la Hollande.
Où commencent, où finissent le sujet et le souverain ? […] Je finis par une dernière objection : c’est que la capacité n’est nullement une garantie de justice et de bienveillance dans le souverain. […] Je crois volontiers que l’égalité, dans les premiers moments de la jouissance, et lorsque la grandeur de la lutte a cessé, tend à répandre un certain esprit de médiocrité parmi les hommes ; mais je ne désespère pas qu’avec le temps, et si elles échappent à l’anarchie et au despotisme, les sociétés démocratiques ne finissent par découvrir pour l’individu un nouveau genre de grandeur, égale ou supérieure même à celle de l’aristocratie. […] Il n’y pas, je crois, d’homme d’État qui dût voir avec indifférence que la métaphysique dominante dans le monde savant prît son point de départ dans la sensation ou en dehors decelle-là, car les idées abstraites qui se rapportent à l’homme finissent toujours par s’infiltrer, je ne sais comment, jusque dans les mœurs de la foule. » Quelque peu métaphysicien qu’il fût, il avait bien pénétré le sens de certaines doctrines, en particulier du panthéisme, et il expliquait parfaitement le secret de son empire dans le siècle où nous vivons.
Il y a la zone la plus basse, très variée pourtant, très accidentée ; elle comprend les jardins du bas, les collines, les abords cultivés des gorges et le tapis des premières pentes ; elle finit où finissent les noyers. […] En France, au contraire, où il y a une Académie française et où surtout la nation est de sa nature assez académique, où le Suard, au moment où on le croit fini, recommence ; où il n’est pas d’homme comme il faut, dans son cercle, qui ne parle aussitôt de goût ; où il n’est pas de grisette qui, rendant son volume de roman au cabinet de lecture, ne dise pour premier mot : C’est bien écrit, on doit trouver qu’un tel style est une très grande nouveauté, et le succès qu’il a obtenu un événement : il a fallu bien des circonstances pour y préparer.
Cousin, de tout temps poëte par l’imagination, entendant le dramatique à merveille, et qui alors aimait assez le théâtre, refaisait volontiers, en conversation du moins, les pièces qu’il avait vues, et ce jour-là au dessert, se sentant plus en verve encore que de coutume, il s’écria (je ne réponds que du sens et non des paroles) : « Je veux faire un drame, un opéra, j’en inventerai l’action, j’en tracerai le plan : toi (s’adressant à l’un des convives), tu l’écriras en vers ; vous, mon cher (se tournant vers un autre convive), vous en composerez la musique, vous en ferez les chœurs et les chants ; et quand l’ouvrage sera fini, nous le donnerons à Feydeau ou au Grand-Opéra. » Le poëte ainsi désigné, c’était Loyson ; le musicien, c’était Halévy ; le sujet de la pièce eût même été, dit-on, tiré d’un conte de Marmontel, les Quatre Flacons. […] Nul embarras : un désir de plaire assez marqué, mais justifié à l’instant même et de la meilleure grâce ; de la fertilité, de l’enjouement ; d’heureuses comparaisons prises dans l’art qui lui était le plus cher, dans la musique, et qui piquaient par l’imprévu et par l’ingénieux : — ainsi, dans la notice sur l’architecte Abel Blouët, la place de l’artiste au cœur modeste, à la voix discrète, comparée au rôle que joue l’alto dans un concert (« Un orchestre est un petit monde, etc. ») ; — des anecdotes bien placées, bien contées, des mots spirituels qui échappent en courant ; — ainsi dans la notice sur Simart, à propos des rudes épreuves de sa jeunesse : « Simart, après avoir été misérable, ne fut plus que pauvre et se trouva riche » ; — savoir toujours où en est son auditoire et le tenir en main et en haleine ; ne pas trop disserter, et glisser la critique sous l’éloge ; s’arrêter juste et finir à temps. […] » Déjà bien las et bien épuisé de santé, et revenant du Tréport où il avait passé d’assez bonnes semaines : « Allons, disait-il à un ami, je me sens mieux, je suis content ; il faut décidément que je prenne un congé sérieux de deux ou trois mois ; je reviendrai en ce petit lieu, j’y apporterai un opéra que je finirai : il faut que je fasse cela avant ma mort. » Et sur ce qu’une de ses chères enfants présente se récriait sur ce mot : « Aimes-tu mieux, reprit-il, que je dise que je le ferai après ma mort ?
Le premier livre finit sur cette délivrance, de même que le second finira sur la délivrance de Chloé, également enlevée par des marins en armes et sauvée à l’aide d’une panique que suscite le dieu Pan. […] Il commence grossièrement à la naissance de ses bergers et finit à leur mariage.
Nous sentons bien que quelque chose vient de finir : et par là nous pouvons en quelque mesure distinguer ce qui commence. […] Par réaction contre le naturalisme, on semble fuir les réalités finies, les idées définies et l’on voit éclore de toutes parts les symboles, d’obscurs, de vagues et, j’en ai peur, souvent de creux symboles. […] Sarcey a fini par ne plus voir que la technique, et certaines techniques, celle de quelques écoles françaises, celles de Scribe et de M.
On voit si nous avions raison de dire que les comédiens italiens avaient fini par s’acclimater, par se naturaliser complètement chez nous. […] Nous en avons donc fini, à proprement parler, avec la comédie italienne en France. […] Il est probable que la verve toujours licencieuse et audacieuse de nos Italiens francisés paraissait de moins en moins tolérable, et qu’elle finit par être tout à fait en désaccord avec les rigueurs et les tristesses de la fin de ce siècle et de ce règne62.
Tout change, tout meurt ou se renouvelle ; les races les plus antiques et les plus révérées ont leur fin ; les nations elles-mêmes, avant de tomber et de finir, ont leurs manières d’être successives et revêtent des formes diverses de gouvernement dans leurs divers âges ; ce qui était religion et fidélité dans un temps n’est plus que monument et commémoration du passé dans un autre ; mais à travers tout, tant que la dépravation n’est pas venue, il y a quelque chose qui reste : l’humanité et les sentiments naturels qui la distinguent, le respect pour la vertu, pour le malheur, surtout immérité et innocent, la pitié qui elle-même n’est que le nom de la piété envers Dieu en tant qu’elle se retourne vers les infortunes humaines. […] Leur visite ne finit qu’à quatre heures du matin… Ils étaient furieux de n’avoir trouvé que des bagatelles. […] Mais au moins je me tenais propre ; j’avais du savon et de l’eau ; je balayais la chambre tous les jours ; j’avais fini à neuf heures que les gardes entraient pour m’apporter à déjeuner.
Or quel est celui d’entre eux qui aura la patience de la finir ; qui est-ce qui y mettra le prix quand elle sera achevée ? […] La ligne était tracée de toute éternité : il fallait appeler peintres de genre les imitateurs de la nature brute et morte ; peintres d’histoire, les imitateurs de la nature sensible et vivante ; et la querelle était finie. […] Un mot encore, avant que de finir, sur les peintres de portrait et sur les sculpteurs.
Cousin érudit et philologue I Beaucoup de grands hommes ont à côté des facultés qui les illustrent un goût particulier, moins glorieux, mais utile encore, qui va croissant et qui finit par dépenser à son service la moitié de leur temps et de leurs forces. […] On finit par se prendre d’amour pour des bagatelles, et on s’exalte à propos d’un fétu. […] La philologie est un souterrain obscur, étroit, sans fond, où l’on rampe au lieu de marcher, si éloigné de l’air et de la lumière, qu’on y oublie l’air et la lumière, et qu’on finit par trouver belle et naturelle la clarté fumeuse de la triste lampe qu’on traîne accrochée après soi.
Durant cette période, les évé nements militaires deviennent de plus en plus prédominants et finissent par obscurcir les débats intérieurs. […] Si nous voulions relever tout ce que ces deux volumes offrent de neuf et de remarquable, notre tâche ne serait pas près de finir.
Soit prévention de Bonaparte, soit âpre refus de Georges aux propositions qui lui furent faites, l’entretien finit mal. […] Lorsque Fouché, avec tous les égards qu’il portait d’ailleurs à Moreau, rendit compte de l’explication au premier Consul, celui-ci s’écria : « Il faut que cette lutte finisse.
Nous ne savons rien et ne pouvons rien savoir, nous allons malgré nous où nous mènent nos désirs et les fatalités du dehors ; puis la mort finit tout. […] Cette philosophie rudimentaire, non pas vraie (je l’espère du moins), mais irréfutable, qui a très bien pu être celle du premier anthropoïde un peu intelligent et à laquelle les hommes les plus raffinés des derniers âges finiront peut-être par revenir après un long circuit inutile ; cette philosophie que Maupassant a pris la peine de formuler dans un de ses derniers volumes (Sur l’eau), est la froide source, secrète et profonde, d’où venaient à la plupart de ses petits récits leur âcre saveur.
Restons à notre place : peut-être finirons-nous par lui découvrir quelque charme. […] « Ils connurent la mélancolie des choses finies dont la médiocrité même ne recommencera pas. » D’ailleurs, de notre place nous pouvons regarder la galerie, et elle fait toujours sourire.
Les bras de cette Hébé ne finissent point. […] Il n’y a rien de fini ; ce sont des jets de tête, mais beaux, mais grands, mais neufs, et d’un pittoresque !
L’ère de Charlemagne, à son tour, vient de finir. […] J’ai promis de dire quelques mots de la fatalité, croyance superstitieuse et cruelle, qui doit finir par succomber sous l’influence du sentiment moral perfectionné.
Mais l’homme — l’homme qui nous l’a donnée après vingt années, lesquelles ont été probablement des années de recherches et d’étude, — est-il fini et mort sans qu’on en ait rien su, et ce qu’on en voit là, est-ce donc son fantôme ? […] Enfin, comme appoint à ces trois dissertations historiques, l’auteur de Rome et la Judée finit son volume par un coup d’œil sur les hérésiarques et les imposteurs païens, sur le caractère des manifestations qu’ils provoquèrent, et sur l’Église, lieux communs qu’il n’a pu renouveler.
… Quoi de plus fini, de plus débordé, de plus dépassé que toutes ces théories qui, du temps de Lessing, régnaient sur la place ou l’encombraient, quand le Génie voulait passer ? […] Il ressemblait à cet Allemand fabuleux qui héritait des talents et des facultés de tous ceux qu’il tuait en duel, et qui finit de cette manière par avoir toutes les qualités imaginables.
… Le succès à faux finit par avoir l’air si bête que tôt ou tard l’esprit et la justice sont vengés de cette mortelle impertinence. […] Pourquoi, malgré le plus immense talent, Chateaubriand, de solennité, finit-il par être insupportable ?