Ici, il s'éleve contre l'Athéisme, & en fait sentir tous les dangers ; là, il fait l'apologie des Athées & s'épuise en vains raisonnemens, pour prouver que leur systême n'est pas incompatible avec un bon Gouvernement. […] Les honnêtes gens eussent été surpris & révoltés de voir le cri d’un Citoyen étouffé, précisément parce qu’il opposoit la voix de la raison à celle de l’aveuglement & du délire Le Gouvernement est trop désabusé & trop sage, pour n’avoir pas compris qu’il lui importe peu que de plats Ecrivains soient redressés, & beaucoup, que de mauvais Raisonneurs soient confondus.
Dimanche 30 janvier L’élection Barodet, les élections sénatoriales de la chambre, l’élection de Hugo au second tour de scrutin, commencent à mettre très nettement en pratique, dans la politique et le gouvernement de la nation, la révolution dernière, théoriquement formulée dans les livres de Babeuf. […] Il énumérait aussi les mystiques du gouvernement, ce qui me fait m’écrier : Il y aurait un joli titre pour les baptiser : Brancroches et mystiques.
La différence des climats, des mœurs, des coutumes, des loix, de leur religion & de la forme de leur gouvernement, peut-elle être la raison pour laquelle ils n’ont pas employé l’amour dans leurs tragédies, pendant qu’ils ne font que le respirer dans la plupart des autres genres. […] Il leur garantit que cet établissement ne sçauroit nuire à la constitution ni au gouvernement de leur ville, ni à l’innocence de leurs mœurs.
En Italie, il n’avait que peu d’hommes presque sans armes, sans pain, sans souliers, sans argent, sans administration ; point de secours de personne ; l’anarchie dans le gouvernement ; une petite mine ; une réputation de mathématicien et de rêveur ; point encore d’actions pour lui ; pas un ami ; regardé comme un ours, parce qu’il était toujours seul à penser.
Ce jugement sur Villeroi est injuste et, je dirai, vulgaire : Richelieu, en ses Mémoires, a porté sur Villeroi un jugement tout autrement équitable, et qui, sans grandir le personnage, sans lui rien accorder de ce qu’il n’a pas, et en reconnaissant qu’il manquait d’une certaine générosité dans les conseils, le classe à son rang comme homme habile et des plus entendus aux choses de gouvernement.
. — Un projet de gouvernement, rédigé par Saint-Simon à l’intention du duc de Bourgogne et récemment publié par M.
Il a montré le gouvernement, comme la société, en quête de l’idée nouvelle et ne la possédant pas ; l’ordre moral nul, l’ordre matériel ne subsistant que parce que tout le monde se rend compte du péril et y prend garde ; il n’a vu dans la liberté et dans les diverses conséquences qu’on en réclame que des moyens pour atteindre à un but inconnu ; et durant tout le temps qu’il appuyait ainsi le doigt sur ces plaies du siècle, l’auditoire jeune et fervent, comme un malade plein de vie, palpitait ; il était suspendu en silence aux lèvres du maître éloquent, et il attendait jusqu’au bout le remède : le remède n’est pas venu.
Les efforts s’accroissent toujours en proportion de la récompense ; et lorsque la nature du gouvernement promet à l’homme de génie la puissance et la gloire, des vainqueurs dignes de remporter un tel prix ne tardent point à se présenter.
Secrétaires, conseillers, théologiens, ils participent aux édits, ils ont la main dans le gouvernement, ils travaillent par son entremise à mettre un peu d’ordre dans le désordre immense, à rendre la loi plus raisonnable et plus humaine, à rétablir, ou à maintenir la piété, l’instruction, la justice, la propriété et surtout le mariage.
« Le portrait qu’il trace du Français, de corps chétif, sans vigueur musculaire, incapable d’avoir des enfants, ignorant l’orthographe (t la géographie, hors d’état d’apprendre une langue étrangère, libre penseur sans avoir jamais pensé, ne songeant qu’à être décoré d’un ordre quelconque et à émarger au budget, dépaysé quand il a dépassé le boulevard des Italiens, hostile au gouvernement et acceptant servilement tous les régimes, incapable de comprendre ni les mathématiques, ni le jeu d’échecs, ni la comptabilité ; ce portrait, dis-je, est une vraie caricature.
Rien ne nous permet mieux de mesurer l’énergie déployée par Diderot dans cette affaire, que ce miracle opéré en lui par le désir de réussir : il a tâché d’être décent, de ne rien lâcher sur le gouvernement ou la religion qui fît par trop scandale.
Une sorte de besoin amenait cette théologie, pour corriger l’extrême rigueur du vieux monothéisme, à placer auprès de Dieu un assesseur, auquel le Père éternel est censé déléguer le gouvernement de l’univers.
« Je commandais la basse-cour, a dit depuis madame de Maintenon, et c’est par ce gouvernement que mon règne a commencé. » Madame de Neuillan plaça ensuite Françoise d’Aubigné au couvent des ursulines de Niort.
Il s’agit, pour André, de faire entendre au comte que la vie qu’il mène est en train de le ruiner complètement, que, de ses quatre millions, il ne lui reste qu’une médiocre épave, et que, pour la sauver du naufrage, il ne faut rien de moins que lui remettre, à lui son fils, le gouvernement absolu de toutes ses affaires.
Il suit de là qu’entre deux cerveaux égaux, celui qui habitera le plus grand corps, ayant plus à faire pour le mouvoir, aura moins de loisir en quelque sorte pour les fonctions intellectuelles, ou bien, si l’on admet quelque localisation de fonctions, une plus grande partie de la masse étant employée au gouvernement de la vie matérielle, il en restera moins pour l’intelligence.
Mais lorsque les gouvernements sont très intelligents, je leur pardonne très bien leurs confiscations !
À Montesquieu 10, à Turgot 11, à Condorcet 12, est dû l’approfondissement des concepts de loi, de gouvernement, de progrès, etc., comme aux encyclopédistes en général (d’Alembert 13, Diderot 14, La Mettrie 15, Helvetius 16, d’Holbach 17) le mouvement qui aboutit à, « rationaliser » l’humanité et à la tourner aussi du côté des arts mécaniques.
Dogmatisme, choix, esprit de gouvernement, ces tendances se sont, après Nisard et aussi après Brunetière, singulièrement affaiblies. […] C’est le graphique d’un gouvernement, le graphique surtout du cerveau qui gouverne. […] La Savoie vivait sous un gouvernement assez paternel. […] Aucune production de l’esprit n’a plus contribué que la chanson de Béranger à ruiner le gouvernement des Bourbons. […] Mais le gouvernement de Lamartine, l’établissement du suffrage universel, donnèrent d’abord à cette Révolution figure de romantisme au pouvoir.
Nous ne voyions en lui qu’on faiseur de contes, et nous ignorions l’action qu’il exerce sur le gouvernement de son pays ; il a fallu que la Dame de Lyon fût rangée parmi les ouvrages médiocres pour que M. […] Pour échapper à la surveillance du colonel Damas, Beauséant fabrique une lettre datée de Paris, par laquelle un membre du gouvernement français le prévient que son ami le prince de Côme a été dénoncé, et qu’il ne peut demeurer plus longtemps à Lyon sans risquer d’être emprisonné. […] Guizot d’après son Histoire des Origines du Gouvernement représentatif, car ce livre, à proprement parler, n’est qu’un memorandum, un ensemble de matériaux pour un livre qui n’est pas fait. […] Tout en substituant le gouvernement des assemblées au gouvernement épiscopal, il ne voulait cependant pas toucher aux dogmes de la foi anglicane. […] Enfin, et c’est, à mon avis, un des mérites les plus précieux de son enseignement, il nous a montré comment le dépérissement du gouvernement fondé par Charlemagne menait fatalement, inévitablement au système féodal.
A Dieu ne plaise que je confonde le régime de la Terreur et le régime du gouvernement impérial ; que je place sur la même ligne leurs intentions, leurs œuvres respectives. […] Dans un roman qui ne date plus de la Restauration, mais du gouvernement qui l’a suivie, il a cru pouvoir prendre pour sujet, non plus la mélancolie, mais l’une de ses causes possibles. […] Et nous avons pu constater que, pendant la durée de ces deux régimes, les mélancoliques avaient été presque tous hostiles aux gouvernements que la France avait subis. […] La société avait cessé d’être battue par les orages ; elle s’était reconstituée sous les auspices d’un gouvernement réparateur, et elle jouissait de cette ère nouvelle de sécurité. […] Dans l’ordre d’idées où se renferme cette étude, la République et l’Empire s’incarnent en Chateaubriand ; la Restauration s’identifie avec Lamartine ; Musset est le type suprême du gouvernement de Juillet.
C’est des premières années du gouvernement de Juillet que date, on se le rappelle, cette perversion de notre littérature. […] Nous avons déjà cité un écrivain, Beyle ou Stendhal, qui, sous la Restauration d’abord et sous le gouvernement de Juillet ensuite, continua cette littérature sceptique et railleuse. […] Dans le gouvernement des choses de ce monde, ce n’est pas la moins belle part ni la moins noble, qui lui a été faite par la Providence. […] Il élargit sa thèse, et faisant abstraction de la forme du gouvernement, il prend à partie la société elle-même. […] Dans le second roman, allusion odieuse à une catastrophe qui, vers la fin du dernier gouvernement, plongea dans le deuil une des plus illustres familles de la France, ce parallèle obstinément poursuivi des vertus du pauvre et des vices du riche se traduit en un sentiment implacable de haine, et ce cri « Haine et vengeance !
Dans cette deuxième catégorie de classement, Polyeucte marche avec Jésus comme n’ayant eu aucune part au gouvernement temporel et Jeanne d’Arc marche avec saint Louis comme ayant eu partielle ou totale part au gouvernement temporel. […] Ce qu’elle a à faire, elle, c’est la guerre, la victoire, le sacre, la défaite, la capture, la prison, le jugement, la mort, et le gouvernement et le salut de tout un peuple. […] C’était la règle de la sagesse même, et de la prudence, et du bon gouvernement de soi. […] Ils seront soutenus par l’école, par l’État, (que l’on n’a pas encore séparés), par la Sorbonne, par les bureaux, par les puissances, par le gouvernement, par tout le temporel. […] Il ne l’a pas déblayé du gouvernement.
En attendant que son heure soit venue, il étudie à fond toutes les connaissances humaines, et surtout celles qui peuvent être utiles au gouvernement des hommes. […] Le Gouvernement anglais hésite et va céder. […] Pour la première fois, au milieu d’une affluence énorme de curieux, il se rend au Parlement, et dans un discours puissant, à la fois cinglant, précis et véhément, il soulève l’enthousiasme de l’Assemblée, Le gouvernement de la paix devient impossible.
« Ce météore chevelu dénonçait la chute des sceptres et des couronnes ; par son symbole lugubre, il figurait le déclin des gouvernements, et sa bêche545 hiéroglyphique disait que son tombeau et celui de l’État étaient creusés546. » Il est si content de cette gaieté insipide, qu’il la prolonge pendant dix vers encore. […] 561 » Le déchaînement des sectes, le conflit des ambitions, la chute des gouvernements, le débordement des imaginations aigries et des passions malfaisantes avaient suggéré cette idée de la société et de l’homme. […] IX J’en passe plusieurs : Crowne, l’auteur de Sir Courtly Nice ; Shadwell, l’imitateur de Ben Jonson ; mistress Afra Behn, qui se fit appeler Astrée, espion et courtisane, payée par le gouvernement et par le public. […] On écrit, comme sir William, des Essais sur le gouvernement, sur la Vertu héroïque 608, sur la poésie, c’est-à-dire de petits traités sur la société, sur le beau, sur la philosophie de l’histoire. […] Tout cela défile et se heurte sans trop d’ordre à travers les surprises d’une intrigue double, à force d’expédients et de rencontres, sans le gouvernement ample et régulier d’une idée maîtresse.
Le cardinal premier ministre, Consalvi, y venait tous les soirs prendre le vent de l’Europe ; il s’y délassait, dans des entretiens aussi libres que fins, des soucis du gouvernement pontifical entièrement remis à ses soins. […] Un gouvernement de persuasion ne pouvait pas avoir un plus séduisant ministre ; au lieu de foudres, il ne l’armait que de sourires.
Il se souvient qu’il a là une douzaine d’étudiants, ses amis, qui ont fantaisie de se battre pour quoi que ce soit, qui n’est ni la monarchie légitime, ni la royauté d’occasion de 1830, ni la république proprement dite, forme définie de gouvernement, mais un je ne sais quoi, qui s’appelle tantôt la démocratie, tantôt l’idéal, en réalité le drapeau rouge. […] Mais toute insurrection qui couche en joue un gouvernement ou un régime vise plus haut.
Si je regarde celles des Pensées qui touchent à la société, aux gouvernements, à la justice, aux grands, Pascal voit plus loin que Descartes, dont la politique est de s’accommoder de ce qui est établi ; plus loin que Bossuet, qui bornait ses vues à la monarchie absolue tempérée par des lois fondamentales. […] Puis, avec toutes ses facultés réunies, sous le gouvernement de sa raison, il veut voir clair dans la foi, et recherche si, au lieu d’être la raison qui abdique, elle n’en est pas le plus haut usage et la perfection.
L’institution de l’Académie, en France, c’est la règle et le gouvernement introduits dans la littérature, et, chose admirable ! […] C’est dans la petite chambre de Malherbe que naquit le véritable esprit académique, cet esprit de discipline et de choix qu’Henri IV appliquait au gouvernement et à la société civile.
On dit, on imprime même, qu’on siffle notre pièce parce que le gouvernement l’a fait jouer, parce que la princesse Mathilde l’a imposée au Théâtre-Français, parce que nous sommes des « protégés », des courtisans. […] Avec l’évolution des genres qu’amènent les siècles, et dans laquelle est en train de passer au premier plan le roman, qu’il soit spiritualiste ou réaliste ; avec le manque prochain sur la scène française de l’irremplaçable Hugo, dont la hautaine imagination et la magnifique langue planent uniquement sur le terre-à-terre général ; avec le peu d’influence du théâtre actuel en Europe, si ce n’est dans les agences théâtrales ; avec l’endormement des auteurs en des machines usées au milieu du renouveau de toutes les branches de la littérature ; avec la diminution des facultés créatrices dans la seconde fournée de la génération dramatique contemporaine ; avec les empêchements apportés à la représentation de pièces de purs hommes de lettres ; avec de grosses subventions dont l’argent n’aide jamais un débutant ; avec l’amusante tendance du gouvernement à n’accepter de tentatives dans un ordre élevé que de gens sans talent ; avec, dans les collaborations, le doublement du poète par un auteur d’affaires ; avec le remplacement de l’ancien parterre lettré de la Comédie-Française par un public d’opéra ; avec… avec… avec des actrices qui ne sont plus guère pour la plupart que des porte-manteaux de Worth ; et encore avec des avec qui n’en finiraient pas, l’art théâtral, le grand art français du passé, l’art de Corneille, de Racine, de Molière et de Beaumarchais est destiné, dans une cinquantaine d’années tout au plus, à devenir une grossière distraction, n’ayant plus rien de commun avec l’écriture, le style, le bel esprit, quelque chose digne de prendre place entre des exercices de chiens savants et une exhibition de marionnettes à tirades.
Le duel atroce de Marins et de Sylla, le triumvirat de Crassus, de Pompée et de César, avait détruit le prestige de la loi, sans lequel nul gouvernement républicain ne peut vivre. […] Renan, l’a dit avec cette sérénité d’esprit qui lui est propre : « Le gouvernement des choses d’ici-bas appartient en fait à de tout autres forces qu’à la science et à la raison ; le penseur ne se croit qu’un bien faible droit à la direction des affaires de sa planète, et, satisfait de la portion qui lui est échue, il accepte l’impuissance sans regret.
Divers édits ordonnaient que tous les actes du gouvernement, toutes les proclamations, tous les avis des gouverneurs fussent rédigés en langue latine. […] Langue allemande, langue du vainqueur, mais non employée par lui dans le gouvernement, ni imposée aux vaincus gaulois et romains ; langue latine, langue de l’Église, langue des affaires : voilà ce que vous apercevez en Gaule au sixième et au septième siècle. […] Depuis la fin du neuvième siècle, à côté de cette France du Nord, si ravagée, si désolée par les invasions et le mauvais gouvernement, par les guerres intestines et la rapacité des seigneurs, une France du Midi avait reçu des lois plus douces et une vie meilleure. […] … « Rome, bien souvent on a ouï dire que tu portes tête vide, parce que tu la fais souvent tondre ; aussi je pense et crois que besoin te serait d’un peu de cervelle : car tu es de mauvais gouvernement, toi et Cîteaux, vu qu’à Béziers vous fîtes faire une si étrange boucherie. […] La religion, comme le gouvernement féodal, avait son merveilleux, ses romans de chevalerie, tels que la Légende dorée de Pierre de Voragine.
Il est à noter cependant que peu après ou durant même le procès du Collier, Jefferson, le ministre américain en France, ayant à faire un voyage, apprécia assez les talents et la capacité de Ramond pour le charger de suivre en son absence les affaires de son gouvernement ; il fut même question alors pour Ramond de partir pour l’Amérique et d’y obtenir je ne sais quel poste auprès de Washington.
Car il y a deux Veuillot : celui qui est debout, grave, triste, imposant d’attitude, d’un beau front, parlant d’or sur les grands sujets, prêchant aux autres le respect qu’il a lui-même si peu, prompt à en remontrer aux gouvernements sur le principe de l’autorité, et, quand il se fâche, le faisant au nom d’une autorité supérieure, et, pour ainsi dire, exerçant les justices de Dieu. — Je ne nie point la part de sentiments sérieux, qui sont d’accord en lui avec cet air-là.
Dugommier le traitait déjà, simple général de brigade, comme on traite un gouvernement.
Durant dix ans au moins (1588-1598) Séville fut sa principale résidence ; il y éprouva sur la fin une désagréable affaire quand il se vit emprisonné par ordre du gouvernement pour quelque irrégularité dans l’exercice de son emploi et dans le versement de la recette.
Bignon, d’espionner et de surveiller les démarches de la Russie, se rapporte précisément aux ordres qu’il avait reçus, et l’on s’en prenait à l’objet même de ses instructions, qui était d’éclairer son gouvernement sur les intrigues russes en Pologne aux approches d’une campagne.
Dans ce laps de temps, les fortifications d’Alexandrie seraient achevées ; cette ville serait une des plus fortes places de l’Europe ; … l’arsenal de construction maritime serait terminé ; par le moyen du canal de Rahmaniéh, le Nil arriverait toute l’année dans le port vieux, et permettrait la navigation aux plus grandes djermes ; tout le commerce de Rosette et presque tout celui de Damiette y seraient concentrés, ainsi que tous les établissements civils et militaires ; Alexandrie serait déjà une ville riche ; l’eau du Nil, répandue autour d’elle, fertiliserait un grand nombre de campagnes, ce serait à la fois un séjour agréable, sain et sûr ; la communication entre les deux mers serait ouverte ; les chantiers de Suez seraient établis ; les fortifications protégeraient la ville et le port ; des irrigations du canal et de vastes citernes fourniraient des eaux pour cultiver les environs de la ville… Les denrées coloniales, le sucre, le coton, le riz, l’indigo, couvriraient toute la Haute-Égypte et remplaceraient les produits de Saint-Domingue. » Puis, de dix années de domination il passe à cinquante ; l’horizon s’est étendu ; l’imagination du guerrier civilisateur a pris son essor, et les réalités grandioses achèvent de se dessiner, de se lever à ses yeux de toutes parts : « Mais que serait ce beau pays, après cinquante ans de prospérité et de bon gouvernement ?
Cela a indisposé le Gouvernement contre lui.
« Si licet magnis obscura componere… Quelqu’un de puissant alors (un prince) eut de son propre mouvement une intention dont je n’aurais presque sûrement voulu tirer aucun autre avantage que celui de recevoir par cette voie une de ces sortes de places que les gouvernements donnent, et qui, laissant l’indépendance, ne sont qu’un prétexte pour y joindre un revenu qui prolonge cette indépendance.
Obscur ou visible, ce moi lui-même n’est qu’un chef de file, un centre supérieur au-dessous duquel s’échelonnent, dans les segments de la moelle et dans les ganglions nerveux, quantité d’autres centres subordonnés, théâtres de sensations et d’impulsions analogues mais rudimentaires, en sorte que l’homme total se présente comme une hiérarchie de centres de sensation et d’impulsion, ayant chacun leur initiative, leurs fonctions et leur domaine, sous le gouvernement d’un centre plus parfait qui reçoit d’eux les nouvelles locales, leur envoie les injonctions générales, et ne diffère d’eux que par son organisation plus complexe, son action plus étendue et son rang plus élevé.
Il y a une merveilleuse grandeur et une profonde philosophie dans la manière dont les anciens Hébreux concevaient le gouvernement de Dieu, traitant les nations comme des individus, établissant entre tous les membres d’une communauté une parfaite solidarité, et appliquant avec un majestueux à-peu-près sa justice distributive.
Et encore (10 octobre 1791) : « La reine, avec de l’esprit et un courage éprouvé, laisse cependant échapper toutes les occasions qui se présentent de s’emparer des rênes du gouvernement, et d’entourer le roi de gens fidèles, dévoués à la servir et à sauver l’État avec elle et par elle. » En effet, on ne revient pas d’une si longue et si habituelle légèreté en un jour ; ce n’eût pas été trop du génie d’une Catherine de Russie pour lutter contre les dangers si imprévus à celle qui n’avait jamais ouvert un livre d’histoire en sa vie, et qui avait rêvé une royauté de loisir et de village à Trianon : c’est assez que cette frivolité passée n’ait en rien entamé ni abaissé le cœur, et qu’il se soit trouvé dans l’épreuve aussi généreux, aussi fier, aussi royal et aussi pleinement doué qu’il pouvait l’être en sortant des mains de la nature.
Mais derrière ces premiers articles, qui sont d’affiche et de montre, arrivent les autres plus essentiels, à savoir qu’en la tendresse de l’âge du jeune roi, le parlement de Paris présentera pour le gouvernement de l’État des personnes illustres, tirées des ordres du clergé, de la noblesse et de la magistrature, qui seront, après les princes du sang, les conseillers naturels et les ministres de la régence.
Il falloit avoir recours à un expédient triste pour le gouvernement qui ne cherchoit que les moïens d’amuser le peuple en lui fournissant du pain et en lui donnant des spectacles, mais devenu necessaire ; c’étoit celui de faire sortir de Rome tous les pantomimes.
Il n’en fut pas de même pour un grand livre que projeta toute sa vie Balzac et où il devait exprimer ses idées politiques, ses préférences pour un « gouvernement fort et hiérarchique », disait-il dans une lettre à Montalembert, sous ce titre bizarre : Histoire de la succession du Marquis de Carrabas.
Ce qui reste, c’est que gouvernements, ministres, ambassadeurs, aristocratie, aient accueilli, salué, acclamé, pris pour confidente de leurs desseins Mme Colet !
Il découvre qu’elle est une harangue, moyen de pédagogie et de gouvernement.
Ainsi, en 1803, il est évident « que le français actuel, n’ayant pas d’occupation au forum, est forcé à l’adultère par la nature de son gouvernement ».
Si donc, en célébrant les grands hommes, vous voulez être mis au rang des orateurs, il faut avoir parcouru une surface étendue de connaissances ; il faut avoir étudié et dans les livres et dans votre propre pensée, quelles sont les fonctions d’un général, d’un législateur, d’un ministre, d’un prince ; quelles sont les qualités qui constituent ou un grand philosophe ou un grand poète ; quels sont les intérêts et la situation politique des peuples ; le caractère ou les lumières des siècles ; l’état des arts, des sciences, des lois, du gouvernement ; leur objet et leurs principes ; les révolutions qu’ils ont éprouvées dans chaque pays ; les pas qui ont été faits dans chaque carrière ; les idées ou opposées ou semblables de plusieurs grands hommes ; ce qui n’est que système, et ce qui a été confirmé par l’expérience et le succès ; enfin tout ce qui manque à la perfection de ces grands objets, qui embrassent le plan et le système universel de la société.
Mais son premier gouvernement, dont il lui resta toujours quelque chose de rapide et d’impérieux, son patriciat sacerdotal et militaire, ses habitudes d’épargne et d’avidité, en faisaient un peuple politique, et nullement artiste comme les Grecs.
Sous quelle forme de gouvernement les hommes de rêverie et de fantaisie trouvent-ils à satisfaire leurs sympathies inépuisables, leur soif inquiète d’émotions et d’enthousiasme ? […] Il semble que l’auteur soit arrivé au désabusement poétique, en passant par le désabusement social, qu’il soit dégoûté des artifices de la composition, des ruses et des coquetteries du récit, des machines dramatiques, aussi bien que des gouvernements. […] C’est pourquoi le docteur tiendra d’une main sévère les rênes de son gouvernement paternel. […] Le gouvernement nouveau, qui prétendait dater du même chiffre les années de son exil et celles de son règne, en s’autorisant de l’exemple du passé donna l’éveil aux études historiques. […] Hugo s’est résigné au gouvernement de la poésie ; la préface de Cromwell a signalé son avènement.
Maintenant encore, il explique, par la conduite du gouvernement, les vicissitudes de son commerce. […] Stéphane Cheraval, archiviste paléographe, a reçu du gouvernement français la mission de le rechercher et de l’acquérir pour le compte de l’État. […] En 1823, quand le gouvernement prépara la campagne d’Espagne, Carrel fut laissé à Aix au dépôt de son régiment. […] Mais je suis fort occupé des soins du gouvernement. […] Je lui laisse le soin de mes biens et le gouvernement de ma fortune.
La domination du clergé, des jésuites, sous la Restauration, sur laquelle le gouvernement de Charles X cherche à s’appuyer, leur fait horreur. […] Les écrivains sous le second Empire étaient aussi volontiers hostiles à l’absolutisme de ce gouvernement, aussi républicains, que beaucoup de ceux d’aujourd’hui manifestent d’empressement à témoigner de leur dédain et de leur méfiance à l’égard du régime de démocratie parlementaire. […] Les moyens d’action, de surveillance de l’Église, la longue patience de sa politique visant au gouvernement temporel des sociétés, lui faisaient peur. […] C’est la Bonifas qui prend le gouvernement de la ville, c’est elle qui, durant quatre longues années, tient tête aux Allemands. […] Patriotes pourtant, et obtenant, après tout, un meilleur résultat que les gouvernements antérieurs puisque le régime qu’ils servent et dont ils se servent, a pu durer, et que la préparation diplomatique et militaire en a été suffisante pour que ce régime gagnât une guerre que le régime précédent avait perdue.
Berruyer a causée chez les jésuites, & qui n’est point encore éteinte, on connoîtra leurs usages, leur façon de penser, leur marche dans les affaires épineuses, l’esprit de leur gouvernement. […] Ils choisirent le temps où l’université, mécontente du gouvernement qui ne lui faisoit point justice du meurtre de quelques-uns de ses écoliers, commis par des soldats, avoit cessé d’elle-même ses fonctions, & s’étoit dispersée en différentes villes du royaume. […] C. lui-même : tout ce que la Judée a eu de prophètes, l’ancienne Gaule de druïdes célèbres, la Grèce même de chefs de philosophes, & nommément Pithagore, ont été carmes : au milieu de toutes les variations du gouvernement du peuple juif, l’ordre des carmes n’a jamais varié : les enfans d’Élie se sont maintenus sans la moindre interruption, sous le nom de Béchabites, d’Esséniens, d’Assidéens, de Nazaréens, jusqu’au temps de saint Jean-Baptiste qui embrassa leur institut avec tous ses disciples : enfin, tous ces monastères si renommés, ces tombeaux effrayans des déserts de la Palestine, de l’Egypte & de la Thébaïde, étoient des couvens de carmes ; & tous les ordres, si multipliés depuis, soit en Orient, soit en Occident, ont été faits sur le modèle de l’institut d’Élie. […] Ils crièrent à leur ordinaire, & les évêques, avec le gouvernement, agirent. […] Le gouvernement n’a, depuis quelques années, arrêté ce fanatisme, qu’en faisant défenses aux cabarets d’alentour de donner retraite à ces pélerins.
Le gouvernement, à ce qu’on assure, est fort effrayé de ces démonstrations publiques, et les journaux du parti rétrograde et stationnaire ne négligent rien pour augmenter ces frayeurs, pour réprimer ces élans de piété patriotique. Que le gouvernement soit un peu fâché de voir se faire sans lui une solennité qu’il aurait dû être le premier à consacrer, c’est une conduite toute simple de sa part, conséquente à celle qu’il a tenue jusqu’ici, et qui n’a pas lieu de nous étonner.
Socrate paraissait au peuple coupable, sinon de faveur pour le gouvernement aristocratique, au moins d’indifférence politique. […] Mais nous allons encore lire ensemble la Politique de Platon, pour convaincre l’esprit humain de sa vanité et de son inconséquence, une fois qu’il veut appliquer au gouvernement des sociétés les chimères de ses sophismes.
Le lendemain, il l’informe froidement lui-même et le laisse dans le désespoir et dans les larmes ; puis il va tranquillement acheter des prairies sur la Loire, et fait le compte minutieux de ce qu’il gagnera en plantant des peupliers sur le bord de la rivière et en les faisant croître aux frais du gouvernement ; il rentre, heureux d’un marché qui lui assure un énorme bénéfice. […] Il se présente une belle occasion : tu peux mettre tes six mille francs dans le gouvernement, et tu en auras tous les six mois près de deux cents francs d’intérêts, sans impôts, ni réparations, ni grêle, ni gelée, ni marée, ni rien de ce qui tracasse les revenus.
Ainsi on y disait : « Si tel jour on avait attaqué Sébastopol à tel endroit, il était pris. » Et encore : « Il n’y a qu’un point à attaquer (et qu’on désignait) et tout est perdu, mais tant que les Français ne l’auront pas trouvé, il n’y a rien à craindre. » Le gouvernement français achetait le voleur qui interceptait la correspondance au profit du ministre, et l’empereur Napoléon avait communication des lettres révélatrices. […] L’État surtout, depuis 1789, a été diantrement absorbant, a joliment entamé au profit de tous, les droits d’un chacun, et je me demande si l’avenir ne nous réserve pas, sous le nom du gouvernement absolu de l’État, servi par le despotisme d’une bureaucratie française, une tyrannie bien autre que celle d’un Louis XIV.
Mais nous flottons encore, comme l’antiquité, entre cinq ou six formes politiques de gouvernement énumérées par Aristote, formes qui se combattent ou qui se succèdent avec une égale impuissance de durée et de stabilité. L’acharnement même des peuples européens à chercher des formes meilleures de gouvernement ou de société atteste le travail et l’inquiétude d’esprit, qui s’agite dans un perpétuel effort.
Ici comme plus haut, et à toutes les époques de ses travaux historiques, c’est toujours le pamphlétaire rétrospectif contre l’histoire de France, et principalement contre les hommes qui honorent plus que leur pays, en honorant, par leur effort de volonté ou de génie, ces choses que les âmes basses méprisent : le Pouvoir, le Gouvernement, l’Autorité. […] Ni Danton, ni Robespierre, ni Marat, ni celui qui devait se mettre en travers du boulet qui l’eût coupé en deux, si la mort, venue à temps, ne lui eût épargné cette leçon cruelle, ni Mirabeau, ce Pitt manqué de la Monarchie française, qui a ressuscité sans lui, ni aucun de ceux qui se sont taillé un bout de renommée dans la colossale famosité de la Révolution, ne furent des personnalités libres, puissantes par elles-mêmes, possédant ce qui investit les vrais chefs, — les vraies têtes de gouvernement, — c’est-à-dire, l’autorité incontestée d’un commandement, plus forte que les passions qui frémissent de subir le commandement, mais qui le subissent !
Le gouvernement avait désiré la continuation de cet utile travail.
Laplace appuya ce projet ; le Bureau des longitudes les en chargea ; l’Empereur ordonna l’expédition et accorda les fonds nécessaires ; le gouvernement espagnol adjoignit aux deux savants français deux commissaires, MM.
De même qu’il y eut dans l’Antiquité un peuple à part, qui, sous l’inspiration et la conduite de Moïse, garda nette et distincte l’idée d’un Dieu créateur et toujours présent, gouvernant directement le monde, tandis que tous les peuples alentour égaraient cette idée, pour eux confuse, dans les nuages de la fantaisie, ou l’étouffaient sous les fantômes de l’imagination et la noyaient dans le luxe exubérant de la nature, de même Bossuet entre les modernes a ressaisi plus qu’aucun cette pensée simple d’ordre, d’autorité, d’unité, de gouvernement continuel de la Providence, et il l’applique à tous sans effort et comme par une déduction invincible.
Vicq d’Azyr fut le grand promoteur d’une Société ou Académie de médecine sans préjugés, vraiment moderne d’esprit et de méthode, ouverte même aux plus récentes lumières, et prête à répondre aux consultations du gouvernement sur tous les objets et toutes les questions qui intéressent la santé publique.
Il décrit dans un curieux détail les mœurs et le gouvernement des petits cantons ; il n’a rien gardé du vague et de la fougue qui dominaient dans ses précédents ouvrages ; la partie positive et commerciale l’occupe ; il ne néglige aucune des circonstances physiques des lieux qu’il parcourt ; il y mêle des considérations morales qui le montrent affranchi des lieux communs de son siècle, ou plutôt devançant l’esprit du siècle prochain.
Son gouvernement de Fribourg lui donne occasion d’aller visiter les entrées des montagnes Noires : « Il ne les trouva pas d’un accès si difficile que l’on le publiait, et dès ce temps-là il prit des connaissances qui lui furent utiles dans la suite. » Le roi lui demande même des mémoires sur les projets de guerre qu’on peut former : Villars les lui remet en audience particulière ; le roi les lit et l’assure que c’est avec plaisir, et qu’il en comprend les conséquences et l’utilité : mais comme celui qui pensait n’était pas à portée d’être chargé de l’exécution, qu’il y avait trois maréchaux de France destinés au commandement de l’armée d’Allemagne, et que, d’ailleurs, le ministre de la guerre (c’était alors Barbesieux) était ennemi déclaré du marquis de Villars, ses idées ne furent point suivies.
C’est une loi en effet : chez les nations qui n’avaient pas l’imprimerie, sous les gouvernements qui n’avaient pas leur Moniteur, il arrivait très vite que les personnages glorieux qui avaient frappé l’imagination des peuples et remué le monde, livrés au courant de la tradition et au hasard des récits sans fin, se dénaturaient et devenaient des types purement poétiques.
, lui le patricien de Berne ; qui voyait une tyrannie naissante dans le gouvernement de la cité de Calvin au xviiie siècle, et pour qui l’aristocratie de Berne n’était ni plus ni moins qu’une tyrannie consommée.
C’est une étrange nation, qui fait depuis deux cents ans, par un instinct aveugle, tout ce que la plus profonde sagesse dicterait aux plus profonds philosophes, c’est-à-dire d’être fidèle à son gouvernement, quel qu’il soit, et de répandre tout son sang pour lui, sans jamais lui demander compte de ses pouvoirs… Il peut haïr, il peut maudire, exécrer son grand adversaire, mais ce n’est pas lui qu’on pourra jamais soupçonner de le mépriser.
Point d’armes, point de poudre, aucun allié qui pût ou qui voulût en fournir ; et, pour toute ressource, un gouvernement anarchique, sans plan, sans moyens de défense, habile seulement à persécuter.
Mais la nature humaine est moins simple, l’histoire des nations est d’une formation plus dure et plus rebelle, le bien et le mal y sont moins aisés à démêler, à produire ou à corriger, que cette théorie ne le suppose ; et si fâcheux souvent qu’ils soient, si à charge ; qu’on les trouve pour les inconvénients dont ils font payer leurs qualités, on n’est pas, encore arrivé, dans notre Europe du moins, à rendre inutiles pour le gouvernement des États les grands caractères et les grands hommes.
Voltaire termine les deux beaux chapitres, où il a si vivement raconté les exploits et les malheurs de ce prince, par l’éclat de son arrestation ignominieuse à Paris, à l’Opéra, lorsque le faible gouvernement d’alors crut devoir à l’Angleterre cette satisfaction d’expulser le Prétendant du sol français.
Son sujet, dans sa simplicité même, est double : il s’agit de présenter et de fixer dans la mémoire deux suites, celle de la Religion et celle des Empires : « Et comme la Religion et le Gouvernement politique sont les deux points sur lesquels roulent les choses humaines, voir ce qui regarde ces choses renfermé dans un abrégé et en découvrir par ce moyen tout l’ordre et toute la suite, c’est comprendre dans sa pensée tout ce qu’il y a de grand parmi les hommes et tenir, pour ainsi dire, le fil de toutes les affaires de l’univers. » Jamais prétention plus haute ne fut plus magnifiquement et plus simplement exprimée : c’est celle, ni plus ni moins, d’un vicaire de Dieu dans l’histoire.
Camille Rousset, conservateur des archives historiques au Dépôt de la Guerre, a sous la main des trésors dont il sent le prix et dont le Gouvernement lui permet de n’être point avare.
Membre de la commission envoyée par le gouvernement en Morée, il publie aujourd’hui le résultat de son voyage, et, après tout ce qui a été dit et raconté de la Grèce, nous pouvons dire que le livre de M.
Peu de mois après, il vit que j’avais raison : le défi était porté par la Chambre, et le coup d’État qui y avait répondu avait renversé la Restauration par le gouvernement de 1830.
Autour de ces idées fondamentales, il groupa une théorie générale des formes diverses du gouvernement, de fortes études sur les progrès et les révolutions des États, des réflexions curieuses sur l’adaptation des institutions politiques aux climats, enfin de très libérales doctrines sur l’impôt et l’égale répartition des charges publiques : si bien que ce livre, sans éloquence, sans passion, pesant, peu attrayant, fonda chez nous la science politique, et ouvrit les voies non seulement à Bossuet pour la théorie de la royauté française, mais à Montesquieu pour les principes d’une philosophie de l’histoire.
Quoique le génie n’attende pas des époques pour éclore, supposons cependant que, dans un siècle effrayé par tant de catastrophes, et dans le pays même théâtre de tant de discordes, il se rencontre un homme de génie, qui, s’élevant au milieu des orages, parvienne au gouvernement de sa patrie ; qu’ensuite, exilé par des citoyens ingrats, il soit réduit à traîner une vie errante, et à mendier les secours de quelques petits souverains : il est évident que les malheurs de son siècle et ses propres infortunes feront sur lui des impressions profondes, et le disposeront à des conceptions mélancoliques ou terribles.
Tout change, tout meurt ou se renouvelle ; les races les plus antiques et les plus révérées ont leur fin ; les nations elles-mêmes, avant de tomber et de finir, ont leurs manières d’être successives et revêtent des formes diverses de gouvernement dans leurs divers âges ; ce qui était religion et fidélité dans un temps n’est plus que monument et commémoration du passé dans un autre ; mais à travers tout, tant que la dépravation n’est pas venue, il y a quelque chose qui reste : l’humanité et les sentiments naturels qui la distinguent, le respect pour la vertu, pour le malheur, surtout immérité et innocent, la pitié qui elle-même n’est que le nom de la piété envers Dieu en tant qu’elle se retourne vers les infortunes humaines.
C’était le temps où Bonaparte, qui avait fort goûté Ducis, et qui lui avait fait beaucoup d’avances pendant son séjour à Paris après la première campagne d’Italie, jusqu’à vouloir l’emmener avec lui dans l’expédition d’Égypte, fondait un gouvernement nouveau et cherchait à y rattacher tout ce qui avait nom et gloire.
Il sent bien que c’est là le côté faible de la démocratie et de la forme de gouvernement qui en découle ; il le redira à la fin de sa vie et quand l’Amérique se sera donné sa Constitution définitive (1789) : « Nous nous sommes mis en garde contre un mal auquel les vieux États sont très sujets, l’excès de pouvoir dans les gouvernants ; mais notre danger présent semble être le défaut d’obéissance dans les gouvernés. » Enfin, au milieu des luttes politiques déjà très vives que Franklin a à soutenir dans la Chambre et dans les élections de Philadelphie, survient la nouvelle du fameux acte du Timbre (1764).
Si l’on voulait transporter cette vue dans une autre sphère, on pourrait dire que la philosophie du xviiie siècle a essayé d’appliquer la même idée au gouvernement et au perfectionnement des sociétés.
La conduite du gouvernement anglais envers ce malheureux pays l’indignait sincèrement. […] Godwin ne laissait rien debout, ni le gouvernement, ni les sentiments de famille ou d’amitié qui s’opposent à la souveraineté de la raison, ni la propriété individuelle qui met les pauvres à la discrétion des riches, ni le mariage « qui est une loi et la pire des lois ». […] Ses désappointements répétés, les mesures d’un gouvernement de plus en plus personnel, les poursuites intentées à son journal l’Événement le jetèrent dans l’opposition agressive ; et les mots de « Napoléon le Petit » retentirent à la tribune. […] Tant pis pour un gouvernement qui commence par proscrire un des plus grands poètes du pays ! […] Il est l’homme du jour, combattu par les journaux du gouvernement, encensé par les philosophes.
, parlant avec sagesse du couronnement de l’édifice, de la presse, des services qu’elle rend en Angleterre, des passions qu’elle suscite en France, de la manie qu’elle y entretient de discuter la forme du gouvernement. […] Il y a là trois ou quatre gouvernements qui attendent, le chapeau à la main, la grande faute qui leur permettra d’entrer. […] Son dernier mot : terminez l’affaire des tarifs et revenez prendre votre place dans le gouvernement. […] « Enfin le moment arriva où notre présence à Alger devint incompatible avec l’existence à Paris d’un gouvernement révolutionnaire et où nous dûmes aller rejoindre à l’étranger notre famille exilée. […] Il apprit là le 5 mars, par des nouvelles venues d’Espagne, la révolution de Février, et il s’empressa d’envoyer son adhésion au nouveau gouvernement, qui le récompensa par le grade de général de division, tout nouvellement rétabli, et par le gouvernement général de l’Algérie.
Car le terme même de gouvernement révolutionnaire est absurde, comme la chose qu’il représente. […] Le gouvernement, c’est l’organisation politique qui, dans l’État, assure l’ordre. […] C’est ainsi que le parlementarisme, quant au gouvernement, opère bien une sélection, mais à rebours. […] Sa durée a tenu moins aux tranchées qu’à la lutte sourde et chronique du préjugé républicain, représenté par les gouvernements antérieurs à celui de Clemenceau, contre les grands chefs militaires. […] Au lieu que, Caillaux et Malvy restant les maîtres politiques du pays, malgré la victoire de la Marne, le gouvernement allemand se rassura et considéra que toutes ses chances n’étaient donc pas anéanties.
Le mari a son gouvernement, son commandement, son régiment, sa charge à la cour, qui le retiennent hors du logis ; c’est seulement dans les dernières années que sa femme consent à le suivre en garnison ou en province245. […] Marquis de Mirabeau, Traité de la population, 60. — Le Gouvernement de Normandie.
Ces princes, fiers de son amitié, lui donnèrent part à leur gouvernement ; ils formèrent avec lui un véritable triumvirat du bien public, qui faisait contraste avec la tyrannie de leurs prédécesseurs. […] Il osa écrire d’Avignon, sous les yeux des papes, une lettre au peuple romain et au tribun ; cette lettre éloquente et amère était la plus audacieuse satire du gouvernement temporel des papes sur la ville des consuls et des Césars.
Au commencement, Goethe avait respiré, comme toute l’Allemagne, avec quelque ivresse les idées démocratiques de la France ; il se flattait que la raison, triomphant du même coup de la monarchie absolue, de l’Église dominante et de la féodalité arriérée, allait créer un exemplaire d’institutions et de gouvernement qui servirait de modèle au monde moderne. […] Elle accepta avec ivresse le gouvernement de la maison du grand homme et le rôle d’épouse équivoque auquel il conviendrait au poète d’élever sa belle gouvernante.
Tout y aurait servi, même les plus mauvais gouvernements, même les batailles perdues contre les Anglais, lesquels n’auraient pas vaincu la nation française, mais la féodalité. […] Il n’y manque ni un gouvernement, ni des prisons, ni un parlement, ni des cours plénières, dont Charles d’Orléans rime la procédure.
princesse, vous ne savez pas quel service vous avez rendu aux Tuileries, combien votre salon a désarmé de haines et de colères, quel tampon vous avez été entre le gouvernement et ceux qui tiennent une plume… Mais Flaubert et moi, si vous ne nous aviez achetés, pour ainsi dire, avec votre grâce, vos attentions, vos amitiés, nous aurions été tous deux des éreinteurs de l’Empereur et de l’Impératrice. » Samedi 14 novembre Fin de journée assez grise. […] Je veux laisser un souvenir de cette pièce, qui fut vraiment pendant l’Empire, l’aimable domicile du gouvernement de l’art et de la littérature, le gracieux ministère des grâces.
Et Francis croit, que d’ici à très peu de temps, l’armée doit devenir le corps influent de l’État, et avoir la haute main dans le gouvernement. […] Lundi 5 décembre Avec l’élection de Sadi Carnot, c’est la tyrannie de la médiocratie qui commence, une tyrannie qui ne voudra plus à la tête du gouvernement d’un homme ayant une valeur, qu’il soit Ferry ou tout autre.
Cette force s’épanche en différens canaux ; elle enfante une langue, une religion, un art, une philosophie, un système de gouvernement, qui sont comme autant d’organes de la vie nationale. […] Il y a en nous, dès le moment de la naissance, tout un faisceau de tendances confuses, formant les traits les plus généraux de notre caractère, qui ne nous portent vers aucune action spéciale et déterminée, mais sont susceptibles d’être pliées dans les sens les plus divers le jour où la réflexion et la liberté prendront en main le gouvernement intérieur.
N’accusons donc point Mézeray de ces lacunes, et sachons-lui gré plutôt de les avoir si bien signalées et définies : il a fallu deux siècles de défrichement et de critique, des travaux sans nombre et en France et dans d’autres pays, des systèmes contradictoires qui se sont usés en se combattant et qui ont fécondé le champ commun par leurs débris ; il a fallu enfin ce qu’invoquait Mézeray, l’appui des gouvernements dans les recherches, dans le libre accès aux sources et à toutes les chartes et archives, pour que les faits généraux qui se rapportent à cette première et à cette seconde race fussent éclaircis, pour que la société féodale fût bien connue, et que l’histoire du tiers état pût naître.
Elle n’était pourtant pas sans se rendre compte du principe de faiblesse de son gouvernement ; elle le dit et le redit sans cesse : « Il est très vrai qu’il vaut mieux être bon que méchant, mais la justice consiste à punir aussi bien qu’à récompenser, et il est sûr que celui qui ne se fait pas redouter des Français, a bientôt sujet de les craindre ; car ils méprisent bientôt celui qui ne les intimide pas. » Elle connaît la nation et la juge toujours comme quelqu’un qui n’en est pas.
Richelieu reproche à Rohan d’avoir aidé au mécontentement des Grisons par son mauvais gouvernement et par des concussions, par des profits illicites dont il va jusqu’à nommer les intermédiaires et les porteurs ; et, flétrissant dans les termes les plus durs la capitulation finale en date du 26 mars 1637, qui fut consommée le 5 mai, et par laquelle, cédant aux Grisons révoltés, le duc leur remit la Valteline contrairement aux ordres du roi, Richelieu l’accuse d’avoir été pris d’une terreur panique : Il est certain, dit le cardinal, qu’il avait jusques alors porté à un haut point glorieusement les affaires du roi en la Valteline ; mais sa dernière action, non seulement ruina en un instant tout ce qu’il avait fait de bien les années précédentes, mais apportait plus de déshonneur aux armes de Sa Majesté que tout le passé ne leur avait causé de gloire.
Combes, repasser sur les différentes phases de la carrière politique de Mme des Ursins pendant ses treize années d’influence ou de domination en Espagne : il a très bien distingué les temps, démêlé les intrigues selon l’esprit de chaque moment, montré Mme des Ursins représentant dès l’abord le parti français, mais le parti français modéré qui tendait à la fusion avec l’Espagne, et combattant le parti ultra-français représenté par les d’Estrées : — ce fut sa première époque : — puis, après un court intervalle de disgrâce et un rappel en France, revenue triomphante et autorisée par Louis XIV, elle dut pourtant, malgré ses premiers ménagements pour l’esprit espagnol, s’appliquer à briser l’opposition des grands et travailler à niveler l’Espagne dans un sens tout monarchique, antiféodal ; c’était encore pratiquer la politique française, le système d’unité dans le gouvernement, et le transporter au-delà des Pyrénées : — ce fut la seconde partie de sa tâche. — Mais quand Louis XIV, effrayé et découragé par les premiers désastres de cette funeste guerre de la succession, paraît disposé à abandonner l’Espagne et à lâcher son petit-fils, Mme des Ursins, dévouée avant tout aux intérêts de Philippe V et du royaume qu’elle a épousé, devient tout Espagnole pour le salut et l’intégrité de la couronne, rompt au-dedans avec le parti français, conjure au dehors la défection de Versailles, écrit à Mme de Maintenon des lettres à feu et à sang, s’appuie en attendant sur la nation, et, s’aidant d’une noble reine, jette résolument le roi dans les bras de ses sujets.
Ce que vous m’écrivez même de la sédition qui a failli plusieurs fois s’exciter à Angers est une preuve du bien que causait le seul nom et la seule autorité de cet incomparable ministre… Dix-huit mois environ après que cette lettre était écrite, le cardinal Mazarin, que d’Ormesson nous montre, la première fois qu’il le voit au conseil, « grand, de bonne mine, bel homme, le poil châtain, un œil vif et d’esprit, avec un grande douceur dans le visage », avait si bien fait son chemin et assuré son crédit auprès de la reine, qu’il avait la Cour à ses pieds. « Les pièces de médisance commençaient à courir (décembre 1644), et l’on se plaignait du gouvernement : on regrettait celui du cardinal de Richelieu.
Voir le livre de Sénac de Meilhan, le Gouvernement, les Mœurs et les Conditions en France avant la Révolution, suivi des Portraits des personnages distingués de la fin du xviiie siècle, avec une Introduction par M. de Lescure (1862) ; et voir aussi l’intéressant article de ce dernier dans la Revue germanique du 1er septembre.
Il y est dit, entre autres griefs, que Foucault se servait, pour la conversion du menu peuple, d’un homme de néant nommé Archambaud, que cet Archambaud menait des gens de sa sorte au cabaret et trouvait le moyen de les enivrer ; que le lendemain, lorsqu’ils étaient revenus à eux-mêmes, il leur allait dire, ou qu’ils avaient promis d’aller à la messe, et que s’ils prétendaient s’en dédire, il les ferait traiter comme des relaps ; ou qu’ils avaient mal parlé du gouvernement et des mystères catholiques, et que le seul moyen de se racheter d’une sévère punition était de se ranger à la religion romaine ; que l’affaire, ainsi amorcée et entamée sur des gens du commun, se poursuivit ensuite sur ceux d’une condition supérieure ; qu’en général l’artifice de l’intendant était de faire faire aux réformés, sous quelque prétexte, un premier acte extérieur qui pût être interprété pour une adhésion à la communion romaine, comme d’assister à un sermon, par curiosité ou par intimidation, et qu’ensuite, moyennant la peur d’être déclarés relaps et traités comme tels, il avait raison de son monde ; que, sans avoir eu besoin de demander des troupes, il s’était servi de celles qu’on faisait filer alors sur la frontière de l’Espagne et que commandait le marquis de Boufflers, et qu’il avait été commis par ces troupes, lui les dirigeant et les conduisant de ville en ville, de village en village, de véritables horreurs et cruautés.
J’ai présents à la pensée, en parlant comme je le fais, quelques-uns de ces hommes modérés et sages qui étaient alors au timon de l’État, dans le ministère, et qui tentaient honorablement et, comme on dit, contre vent et marée, de tirer la Restauration de ces passes dangereuses, et de faire sortir du principe de la légitimité un gouvernement réparateur.
Guizot que, si l’on refuse au christianisme sa sanction miraculeuse, sa divinité, c’est-à-dire sa sincérité même et sa loyauté originelle, de telles négations vont plus loin encore et s’attaquent à autre chose qu’à Jésus-Christ en personne ; elles mettent en question tout l’édifice moral du monde dès le commencement : « Elles ne peuvent se concilier, dit-il, avec le gouvernement d’une Providence sage et bonne qui n’a pu permettre que la plus sublime sagesse fût révélée au monde dans la folie la plus méprisable, et la plus haute perfection dans la fourberie la plus repoussante.
L’avènement de Louis-Philippe n’avait fait qu’infirmer ou amortir cette contradiction de jugements, et, grâce à la tolérance de ce régime mixte, sous ce gouvernement mi-parti, se recrutant à la fois des orateurs constitutionnels et des vieux généraux de l’Empire, il s’était formé une opinion de bon sens, mais où il entrait bien de l’amalgame.
On apprend par le récit détaillé de cette intrigue à mieux connaître les mœurs du gouvernement sous Louis xvi, et cette douceur de civilisation qui suppléait souvent au manque de principes et de doctrines.
Les gouvernements d’Italie, tous plus ou moins aristocratiques, avaient peu changé de forme sous la domination romaine, et s’étaient comme pétrifiés au point où la conquête les avait saisis.
Étienne s’écriait : « Il est des hommes qui voudraient garder, sous une monarchie constitutionnelle, des institutions créées pour un gouvernement absolu.
Considérer tour à tour chaque province distincte de l’action humaine, décomposer les notions capitales sous lesquelles nous la concevons, celles de religion, de société et de gouvernement, celles d’utilité, de richesse et d’échange, celles de justice, de droit et de devoir ; remonter jusqu’aux faits palpables, aux expériences premières, aux événements simples dans lesquels les éléments de la notion sont inclus ; en retirer ces précieux filons sans omission ni mélange ; recomposer avec eux la notion, fixer son sens, déterminer sa valeur ; remplacer l’idée vague et vulgaire de laquelle on est parti par la définition précise et scientifique à laquelle on aboutit et le métal impur qu’on a reçu par le métal affiné qu’on obtient : voilà la méthode générale que les philosophes enseignent alors sous le nom d’analyse et qui résume tout le progrès du siècle Jusqu’ici et non plus loin ils ont raison : la vérité, toute vérité est dans les choses observables et c’est de là uniquement qu’on peut la tirer ; il n’y a pas d’autre voie qui conduise aux découvertes. — Sans doute l’opération n’est fructueuse que si la gangue est abondante et si l’on possède les procédés d’extraction ; pour avoir une notion juste de l’État, de la religion, du droit, de la richesse, il faut être au préalable historien, jurisconsulte, économiste, avoir recueilli des myriades de faits et posséder, outre une vaste érudition, une finesse très exercée et toute spéciale.
Nous voyons l’envers et les dessous de ces imposantes machines qu’on nomme ministère, administration, gouvernement, les égoïsmes éhontés, la basse corruption, les intérêts sordides, qui sont les ressorts des grandes affaires.
Oui, il viendra un jour où l’humanité ne croira plus, mais où elle saura ; un jour où elle saura le monde métaphysique et moral, comme elle sait déjà le monde physique ; un jour où le gouvernement de l’humanité ne sera plus livré au hasard et à l’intrigue, mais à la discussion rationnelle du meilleur et des moyens les plus efficaces de l’atteindre.
L’Orient n’imagine d’autre gouvernement que celui de l’absolutisme.
Il accompagne le duc de Vendôme dans son gouvernement de Provence ; il assiste à toutes les fêtes et aux galas monstrueux que la province se fait honneur d’offrir au prince.
Que si plus tard Mazarin (comme cela n’est pas impossible) passa outre et triompha des scrupules jusqu’à l’entière possession, c’est qu’il y vit pour lui un moyen plus sûr de gouvernement.
» Ce serait trop dire que d’appliquer aujourd’hui cette prophétie qui ferait sourire ; mais, à voir néanmoins les difficultés que les guerres générales éprouvent maintenant à éclater, on doit reconnaître que les doux ont gagné leur part d’influence dans le gouvernement de la terre.
N’ayant jamais dirigé en chef le gouvernement, on ne peut se faire une idée bien précise de la portée et des limites de sa capacité et de son esprit.
Les Français, à travers toutes les formes de gouvernement et de société qu’ils traversent, continuent, dit-on, d’être les mêmes, d’offrir les mêmes traits principaux de caractère.
Dans ces premiers moments, Franklin n’apprécie pas sans doute assez l’élan qui emporte la nation ; qui va entraîner le gouvernement même, et dont l’Amérique aura tant à profiter.
Allemands dans ses États pour donner réveil à l’industrie ; il envoyait de jeunes gentilshommes étudier en Allemagne, en France, en Angleterre ; il combattait l’ivrognerie, ce vice national, en attribuant au gouvernement le monopole de l’eau-de-vie ; il touchait par des règlements nouveaux à la condition des serfs et à leurs rapports avec les maîtres.
Ce sont des généralités sur les équilibres du gouvernement anglais, sur la cohésion ou l’opposition des partis, sur le mélange d’aristocratie et de démocratie qui fait — disent les doctes — la solidité de l’Angleterre, tous sujets sur lesquels on peut tirer et qu’on allonge comme du caoutchouc, quand on sait bien s’y prendre !
À son avis, l’incertitude des gouvernements contemporains, l’impatience des peuples modernes, la fragilité de toutes nos charpentes sociales et de toutes nos machines politiques, n’ont d’autre cause que la chute du christianisme et l’attente d’une religion nouvelle.
Vous détachez cette faculté égoïste et politique, et vous en déduisez aussitôt tous les caractères de la société et du gouvernement romain, l’art de combattre, de négocier et d’administrer, l’invincible amour de la patrie, le courage orgueilleux et froid, l’esprit de discipline, le projet soutenu et accompli de conquérir, garder et exploiter le monde, le respect de la loi, le talent de la résistance et de l’attaque légale, la mesure et l’obstination dans les luttes civiles ; partout la réflexion qui calcule et la volonté qui se maîtrise.
De temps en temps, si la question de l’évacuation est soulevée par des indiscrets, et que le gouvernement anglais soit interrogé sur ses intentions, le ministre des affaires étrangères répond très simplement… “qu’il y pense constamment, mais qu’à ses yeux le moment n’est pas encore venu”. […] Il y a quelques années, toujours sous Ismaïl, une décision du gouvernement modifia tout d’un coup la Kasaba, toise en bambou, ferrée aux deux extrémités, dont les arpenteurs se servent pour leurs mesures ; elle avait eu jusque-là trois mètres soixante-dix environ, elle fut réduite à trois mètres cinquante-cinq. […] Le gouvernement déclara alors qu’il en prenait possession, et comme rien n’indiquait que l’excédent fût au nord ou au midi, au bord ou au milieu du domaine, il n’attribua par un nouveau décret le droit de le prendre où il voudrait. […] L’histoire est là pour prouver que, depuis Pierre le Grand, la Russie a maintes fois recherché l’alliance de la France ; nos gouvernements et notre diplomatie sont restés sourds à ces propositions ; nous avons payé cher ce dédain. […] Ce mouchoir, trempé dans le sang du roi et suspendu ensuite au sommet de la Tour de Londres, contribua à exciter la fureur du peuple : « Il y a tout lieu de croire, conclut Jourdan, que c’est le gouvernement anglais qui a été le moteur et l’instigateur de toutes les horreurs qui ont couvert la France de deuil. » Tout cela est bien grave, et les notes données par M.
Dans la journée, elle m’avait demandé si Flaubert était décoré, et comme je lui répondais qu’il ne l’était pas, et que ce serait un honneur pour le gouvernement de le décorer, elle s’est écriée : « Je n’en savais vraiment rien ; si j’avais su ça, je l’aurais demandé directement ; mais je le savais si peu, que, l’autre jour, nous nous le demandions avec Charlotte. » À onze heures et demie, les hommes sont montés causer et raconter des histoires chez le vieux Giraud jusqu’à deux heures du matin. […] Nous refusons, en lui disant qu’il sait bien que ce qu’on siffle, n’est pas notre pièce ; et que nous sommes résolus à attendre que le gouvernement nous interdise. […] 17 décembre Il faut beaucoup pardonner et nous pardonnons beaucoup à Thierry, ce directeur pris entre la cabale et ce gouvernement, le plus lâcheur de tous les pouvoirs.
on révolutionne un pays, mais On ne crée pas pour cela un gouvernement. […] Les hommes de génie sont unitaires comme les grands gouvernements. Ne sont-ils pas de grands gouvernements à eux seuls ?
Si nous parlons de gouvernement, je crois que vous serez contente de moi. En raisonnement, je suis encore très-démocrate, il me semble que le sens commun est bien visiblement contre tout autre système ; mais l’expérience est si terriblement contre celui-ci, que si, dans ce moment, je pouvais faire une révolution contre un certain gouvernement dont vous savez que nous n’avons guère à nous louer179, je ne la ferais pas… » On a, sous le Directoire, lancé contre Benjamin Constant, qui venait de se déclarer républicain en France, une imputation absurde et calomnieuse : on l’a accusé d’avoir rédigé la Proclamation du duc de Brunswick ; ce sont là de ces inventions de parti comme celle de l’assassinat d’André Chénier contre Marie-Joseph ; c’est ce qu’on appelle jeter à son adversaire un chat-en-jambes 180. […] Il fit ses premières armes de publiciste en 1796, et lança la brochure intitulée De la Force du Gouvernement actuel et de la Nécessité de s’y rallier. […] Néanmoins le gouvernement hollandais, financier rigide, exigea des comptes et prit l’hésitation à les produire pour un indice de culpabilité.
Le gouvernement très simple de David dans sa forteresse de Sion le fait penser à la petite royauté d’Abd el-Kader et aux essais dynastiques que nous voyons, de nos jours, se produire en Abyssinie, à la cour des Négus de Magdala et de Gondar. […] D’ordinaire, lorsqu’on sort des grandes écoles du gouvernement, après dix années d’internat et plusieurs « vétérances » en rhétorique ou en mathématiques spéciales, on ignore qu’il y a, au monde, des arbres, des pierres, de l’eau, de l’herbe, et que tout cela est délicieux à regarder. […] Ni la raison philosophique, ni la culture artistique et littéraire, ni même l’honneur féodal, militaire et chevaleresque, aucun code, aucune administration, aucun gouvernement ne suffit à le suppléer dans ce service. […] Ce Thalès était une espèce d’apôtre, brave homme du reste, doucement anarchiste, ennemi de tous les gouvernements et de toutes les églises. […] Les gouvernements étaient doux pour les artistes.
Il n’est pas homme à retenir et à accumuler, à la manière d’un trésorier et d’un bon économe, les gouvernements et les charges, il aime mieux les distribuer aux autres.
Les hommes de ce caractère se croient capables de tout… Les plus grandes affaires, celles du gouvernement, ne demandent que de bons esprits : le bel esprit y nuirait, et les grands esprits y sont rarement nécessaires.
Mais comme on ne va point d’une extrémité à l’autre sans passer par un milieu, il commença seulement par ne leur donner plus de part au gouvernement ni à sa confiance, et choisit des gens qu’il crut fidèles et de peu d’élévation.
Grâce à Dieu, l’alternative ne s’est jamais posée dans des termes si impérieux, si pressants ; et ce sera l’honneur du gouvernement actuel et de son impartiale sagesse49, c’est en particulier le service éminent qu’aura rendu M. le ministre de l’Instruction publique, d’avoir arrêté à temps le choc, d’avoir amené la conciliation avant que le duel s’envenimât.
Les figures les plus hardies et les plus marquées, celles que les plus grands orateurs n’emploient qu’en tremblant, vous les répandez avec profusion, vous les faites passer dans des pays qui jusques ici leur étaient inconnus ; et ces ordonnances véritablement apostoliques, destinées au seul gouvernement des âmes, au lieu d’une simplicité négligée qu’elles avaient avant vous, sont devenues chez vous des chefs-d’œuvre de l’esprit humain.
Les plus modérés (comme La Fare) l’estimaient « homme excellent dans l’exécution, mais dont les vues n’étaient pas assez étendues pour le gouvernement d’un grand État ; — capable de bien servir dans le ministère, mais non pas de gouverner. » En ce sens on l’a appelé un grand commis plutôt qu’un grand ministre.
Catinat, depuis quelque temps caché sous un faux nom dans la citadelle de Pignerol où il passait pour un certain Guibert ingénieur, qui aurait été arrêté par ordre du roi pour avoir emporté des plans de places fortes à la frontière de Flandre (ce qui ne laisse pas de faire un rôle étrange dans l’idée qu’on s’est formée à bon droit du grave et sérieux personnage), — Catinat jeta tout d’un coup son déguisement, redevint homme de guerre et alla prendre possession du gouvernement de Casai.
L’un, fier et chevaleresque, jetait le gant aux Gouvernements existants et se tenait debout, presque seul à la fin, dans une position étroite, difficile, contentieuse, se couvrant des habiletés et de la vigueur de sa plume, disputant le terrain pied à pied, sans rompre d’une semelle, comme on dit.
Mêlé aux hommes de parti, aux tories, aux whigs, très lié avec les premiers, il n’épousa vivement aucune querelle ; il a exprimé sa doctrine dans des vers célèbres : « Laisse les fous se disputer pour les formes de gouvernement : l’État le mieux administré est le meilleur. » C’est ainsi que, plus tard, Hume le sceptique dira en appliquant des vers de Claudien : … Nunquam libertas gratior exstat Quam sub rege pio…………… « La meilleure des républiques, c’est encore un bon prince. » — Pope a parlé de Cromwell comme d’un criminel illustre condamne a l’immortalité.
Gay, son libraire-éditeur, furent mis en cause comme prévenus d’avoir commis le délit de contrefaçon, en éditant, sans autorisation du Gouvernement, un manuscrit (c’est-à-dire le catalogue même) appartenant à une bibliothèque publique et conséquemment à l’État.
Ce cheik Othman, ami et promoteur de la civilisation, l’un de ces hommes qui, à travers toutes les distances de races et de croyances, permettent de penser que les hommes sont frères ou qu’ils le deviendront, disait à ses disciples à sa sortie des Tuileries : « Chacune des religions révélées peut élever la prétention d’être la meilleure : ainsi nous, musulmans, nous pouvons soutenir que le Coran est le complément de l’Évangile et de la Bible ; mais nous ne pouvons contester que Dieu ait réservé pour les chrétiens toutes les qualités physiques et morales avec lesquelles on fait les grands peuples et les grands gouvernements. » M.
Aujourd’hui il a tenu à justifier au plus tôt le choix de M. le maréchal ministre en publiant par son ordre une Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, laquelle nous montre ce roi si décrié sous un jour un peu plus avantageux qu’on n’est accoutumé de le voir ; on y surprend non seulement des jugements justes, mais d’honorables velléités et des désirs de bien faire ; on y saisit l’instant remarquable et fugitif où Louis XV fut tenté d’être quelqu’un dans son gouvernement et où il faillit devenir roi.
Je ne puis m’empêcher de lui dire qu’il y a, dans toutes les parties de l’administration du gouvernement, une sorte d’engourdissement, d’indolence et d’insensibilité à laquelle il faut apporter le plus prompt remède, sans quoi, Sire, votre royaume est menacé de grands malheurs. » Suivaient des considérations et des recommandations générales fort justes ; mais tous ces conseils, reçus avec bienveillance et discutés même avec bon sens par Louis XV, profitaient peu pour la conduite.
Saint-Simon n’était fait, à aucun degré, pour être ni ministre, ni général, ni homme de finance et de budget ; il est, pour un homme d’esprit, singulièrement court, j’allais dire inepte, sur tous ces divers objets qui font les branches principales du gouvernement des États ; il n’est pas, même dans l’ordre philosophique, un esprit supérieur ; il reste soumis et astreint aux croyances les plus étroites de son temps ; s’il lui arrive de varier en religion, c’est pour passer par les préventions des sectes et des opinions particulières, plus porté dans le principe qu’il ne l’a dit pour les Jésuites et leurs adhérents, puis tournant plus tard et avec une sorte d’âpreté au Jansénisme et à l’anti-Constitutionnalisme.
Excepté l’histoire des derniers temps, je ne lui ai présenté que les faits importants, surtout ceux qui font époque dans l’histoire de nos mœurs et de notre Gouvernement.
Fournier cherche à ce fait des raisons et des enchaînements qui bien probablement ne s’y trouvaient pas : « En mettant son fils à l’Oratoire, le père de La Bruyère n’aurait fait que suivre l’exemple du fameux Senault, collègue de son père dans le gouvernement de la Ligue, dont le fils était supérieur de la Congrégation, à l’époque même où La Bruyère s’y serait trouvé comme novice.
Othon sent enfin la nécessité de rétablir la discipline dans les troupes de Rome et de réprimer l’anarchie ; il parle aux prétoriens le langage de la raison et de la sévérité : XXVII « Il est des choses dans le gouvernement, leur dit-il, que le soldat doit savoir ; il en est d’autres qu’il doit ignorer.
Là, les individus sont plus effacés, évitent de se mettre en évidence : ils agissent sur les âmes par la direction privée plus que par la prédication publique ; ils trouvent leur plaisir dans le sentiment de l’immense force collective dont ils participent, à laquelle ils contribuent par leur obéissance même, plutôt que dans le libre gouvernement de leurs facultés en vue de l’intérêt divin.
Car il n’est plus, le monde du XVIIe siècle, ni celui du XVIIIe, ni celui même de la Restauration et du gouvernement de Juillet.
elle te trompe, car sa fonction affirme une compétence qu’elle ne peut avoir… (Je songe seulement que la compétence du gouvernement est encore plus contestable sur la même matière… et, comme on m’affirme que M.
Montesquieu écrira : « Quand les sauvages de la Louisiane veulent avoir du fruit, ils coupent l’arbre au pied, et cueillent le fruit ; voilà le gouvernement despotique » ; mais, outre que la forme de comparaison est encore conservée ici, ces exemples étaient rares et remarqués.
Ce poème, où il a appliqué son génie (et ce génie est manifeste), a paru digne, il y a quelques années, d’être publié avec luxe à Paris, aux frais du Gouvernement, dans la Collection orientale des manuscrits inédits.
la maussade légende que celle du gouvernement provisoire !
» Loin donc de désirer que le trouble et la maladie des affaires de la cité vînt rehausser et honorer son gouvernement, il a « prêté de bon cœur, dit-il, l’épaule à leur aisance et facilité ».
Le gouvernement, afin d’éviter les querelles indécentes, avait désiré que les journaux gardassent le silence sur Voltaire, lorsque, cinq semaines environ après sa mort, La Harpe, rendant compte dans le Mercure (5 juillet 1778) des pièces que venait de jouer la Comédie-Française, Tancrède et Bajazet, se permit quelques observations sur cette dernière tragédie, regardée généralement, disait-il, comme l’une des plus faibles de Racine.
Il s’était attendu, d’après tous les rapports, à trouver dans Mme des Ursins une femme de la Fronde, qui venait trop tard : au lieu de cela, il trouvait quelqu’un qui avait peu à faire pour être naturellement une personne d’autorité et de gouvernement, et qui ne cessait pas d’être de la plus agréable société dans le plus grand air.
Il ne s’agissait de rien moins que de soixante mille ou même de deux cent mille fusils à acheter en Hollande et à procurer au gouvernement français, qui, aux approches de la guerre, en avait grand besoin.
Un jour le Grand Condé, passant dans la ville de Sens qui était de son gouvernement de Bourgogne, fut complimenté par les corps et les compagnies de la ville, et, caustique comme il était, il se moqua de tous ceux qui lui firent des compliments : Son plus grand plaisir, dit un contemporain, était de faire quelque malice aux complimenteurs en ces rencontres.
J’ai vécu près d’un an à Rome ; je n’ai pas trouvé de séjour plus doux, plus libre, de gouvernement plus modéré. » Telle était la Rome des Médicis, même celle des Barberini, celle des Corsini et des Lambertini, la bonne ville pontificale d’avant les révolutions.
J’apprécie comme je le dois l’honneur que m’ont fait des membres du gouvernement en pensant que ces sortes d’entretiens libres et familiers ne seraient pas déplacés dans Le Moniteur ; sans rien changer à la forme des articles et sans en altérer l’esprit, je tâcherai de les rendre dignes du lieu où j’écris, et de les coordonner peut-être par quelques points avec le régime qui nous rouvre la carrière.
À quatre heures le gouvernement trouve que les coquins politiques sont indignes d’un pardon quelconque, à onze heures du soir ces coquins, sont dignes de toutes les miséricordes.
» Et lorsque l’on construisit l’église de Croissy, qui coûta deux cent mille francs, Augier tint à apporter son obole et m’envoya cinq cents francs… Il n’allait pas à la messe, il est vrai ; mais que de fois, il a donné le pain bénit… Un jour même, je m’en souviens, il blâma Victor Hugo de n’avoir pas voulu recevoir de prêtre à son lit de mort… » Aussi je suis persuadé que, s’il eût gardé sa connaissance, il eût été heureux de recevoir mes encouragements et mes exhortations au moment où il était rappelé vers un monde meilleur… » Les funérailles aux frais de l’État Les paroles si conciliantes et si prudentes du vénérable curé de Croissy, le souci que montra naguère l’illustre mort de s’opposer à la reprise du Fils de Giboyer, pour ne pas paraître s’allier au gouvernement républicain dans sa lutte contre le sentiment chrétien, cette vie de travail, de gloire et de probité, doivent, dans un journal catholique, épargner un blâme, si discret soit-il, à l’homme de génie qui meurt sans que les siens lui aient permis, dans un but que nous n’avons pas à juger, de mettre son âme en règle vis-à-vis de Celui dont émane tout génie.
Avec le tems, par une marche lente et pusillanime, par un long et pénible tâtonnement, par une notion sourde, secrette, d’analogie, acquise par une infinité d’observations successives dont la mémoire s’éteint et dont l’effet reste, la réforme s’est étendue à de moindres parties, de celles-cy à de moindres encore, et de ces dernières aux plus petites, à l’ongle, à la paupière, aux cils, aux cheveux, effaçant sans relâche et avec une circonspection étonante les altérations et difformités de nature viciée, ou dans son origine, ou par les nécessités de sa condition, s’éloignant sans cesse du portrait, de la ligne fausse, pour s’élever au vrai modèle idéal de la beauté, à la ligne vraie ; ligne vraie, modèle idéal de beauté qui n’exista nulle part que dans la tête des Agasias, des Raphaëls, des poussins, des Pugets, des Pigals, des Falconnets ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie dont les artistes subalternes ne puisent que des notions incorrectes, plus ou moins approchées que dans l’antique ou dans leurs ouvrages ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie que ces grands maîtres ne peuvent inspirer à leurs élèves aussi rigoureusement qu’ils la conçoivent ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie au-dessus de laquelle ils peuvent s’élancer en se jouant, pour produire le chimérique, le sphinx, le centaure, l’hippogriphe, le faune, et toutes les natures mêlées ; au-dessous de laquelle ils peuvent descendre pour produire les différents portraits de la vie, la charge, le monstre, le grotesque, selon la dose de mensonge qu’exige leur composition et l’effet qu’ils ont à produire, en sorte que c’est presque une question vuide de sens que de chercher jusqu’où il faut se tenir approché ou éloigné du modèle idéal de la beauté, de la ligne vraie ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie non traditionelle qui s’évanouit presque avec l’homme de génie, qui forme pendant un tems l’esprit, le caractère, le goût des ouvrages d’un peuple, d’un siècle, d’une école ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie dont l’homme de génie aura la notion la plus correcte selon le climat, le gouvernement, les loix, les circonstances qui l’auront vu naître ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie qui se corrompt, qui se perd et qui ne se retrouveroit peut-être parfaitement chez un peuple que par le retour à l’état de Barbarie ; car c’est la seule condition où les hommes convaincus de leur ignorance puissent se résoudre à la lenteur du tâtonnement ; les autres restent médiocres précisément parce qu’ils naissent, pour ainsi dire, scavants.
Les romains dans le siecle de leur splendeur, qui fut celui d’Auguste, ne disputerent aux illustres de la Grece que la science du gouvernement.
D’un autre côté, les esprits, appliqués à observer la marche des affaires publiques, ou même à la diriger, demandent des notions plus positives, plus étendues, plus variées, sur les nombreux objets dont se compose la science du gouvernement.
Il se vante, il est vrai, en ces Lettres qui le changent, non plus en nourrice, mais en tombe, d’avoir été trois ans un damné mauvais sujet ; mais, outre que les passions ne sont pas plus de l’âme que les servantes ne sont leurs maîtresses, quoique les mauvais sujets les leur préfèrent souvent, un homme qui, comme feu Mérimée, passa toute sa vie à avaler des dictionnaires et des grammaires, à visiter des musées, à gratter la terre pour y trouver des antiques, à monter et à descendre des escaliers pour entrer ès Académies, à galoper et à valeter sur toutes les routes, comme un courrier de malle-poste, dans l’intérêt de l’art et des gouvernements, à rapporter au Sénat et à charader pour l’Impératrice, était attelé à trop de besognes pour avoir le temps de regarder du côté de son cœur pour s’attester qu’il en avait un… Eh bien, c’était là une erreur !
Ce sera l’homme de ces Essais publiés dans la Revue d’Édimbourg, de 1820 à 1840, qu’on n’a songé à traduire en France (même les républicains) que quand Macaulay a été nommé Lord par son gouvernement, mais qui, pour être négligés et presque inconnus, n’en étaient pas moins ses meilleures œuvres.
loin de sa province, à l’autre extrémité de la France, loin de ces landes que, dans son meilleur temps, il avait chantées ; et grâce à la libéralité du gouvernement de l’Empereur, il a pu être rapporté dans le pays qui l’a vu naître, et qui n’a pas seulement été sa patrie, mais qui a été son talent.
Je choisis les croyances d’après leur utilité ; je suis homme de gouvernement ; je forme des théories pour les mœurs.
Il y a des gens qui fabriquent une philosophie pour gagner une place ou de la gloire ; mettez de côté ces flatteurs du gouvernement ou du public : M. de Biran n’en était pas.
Ceci nous révèle que l’homme ressemble soit à un État où il y a un gouvernement et des sujets, soit à une machine en exercice où l’on distingue l’instrument qui est remué et la main qui remue.
Et puis Fénelon est théoricien littéraire dans sa « Lettre à l’Académie », éducateur des jeunes filles avec un programme merveilleux d’« idéal pratique », et enfin il est philosophe politique dans son « Plan de gouvernement ». […] Or tandis qu’il limite, dans l’intérêt public, ces libertés de se régir et de se grouper, il laisse comme l’Apollon de Malherbe « à portes ouvertes indifféremment cueillir » les libertés de conscience, de parole, de presse, d’enseignement, — son opinion étant que, pour les gouvernements comme pour les chaudières, on court le plus grave péril à comprimer les forces subtiles, et il compare celles de la pensée à celles de la vapeur. […] Ce sont exactement toutes les formes de gouvernement connues : monarchisme, aristocratisme, socialisme, parlementarisme, démocratisme, etc… Ni fait ni à faire, voilà le caractère que M. […] Le Vergier des Combes depuis la chute de son gouvernement favori médite l’histoire et la politique. […] Lasse d’être la compagne soumise du mari, la femme d’aujourd’hui prétend ne pas prendre part seulement au gouvernement du ménage.
Son mari, ex-procureur du gouvernement, connu, dans son temps, pour un homme retors en affaires, caractère décidé et entreprenant, d’un naturel bilieux et entêté, était mort depuis dix ans. […] III Entrent en scène un beau jeune homme, employé du gouvernement, et un petit vieillard, maître de musique de Lise, fille aînée de la maison. […] Il séjourna chez différents patrons, vécut à Moscou comme dans les chefs-lieux de gouvernement, souffrit et supporta mille maux, connut la misère, et eut recours à tous les expédients imaginables.
Corrigeons donc les mœurs pour réformer les lois : En créant des vertus nous enfantons des droits, Nous hâtons du progrès la marche irrésistible ; Et si gouvernement fut jamais perfectible, C’est le nôtre : avançons, il avance avec nous. […] … » Cette rencontre a tout à fait déniaisé Rémoussin. « Vois-tu, dit-il à sa femme, à mesure qu’on s’élève, toutes les choses s’expliquent ; on s’aperçoit bien que la morale n’est pas la même pour un petit usinier ou pour un homme de gouvernement. » Pauvre Rémoussin ! […] Storn représente la Compagnie du Simplon qui demande au gouvernement le rachat, pour cent millions, des actions et des obligations qu’elle a émises. « Le chiffre n’a rien d’exagéré… Voici nos livres, nos copies de lettres, nos marchés, voyez et jugez… » Il parle d’un intérêt supérieur : « Nous voulons créer un lien de plus entre la France et l’Italie… » Et il ouvre des registres, déploie des cartes, remet à Rémoussin « une brochure qui répond d’avance à toutes les objections ». […] Et lui, l’ancien brave homme, l’ancien ami des pauvres gens, il ne parle que de « coffrer les meneurs ». — « Si, au lieu d’avoir un gouvernement de carton… nous avions un gouvernement vraiment digne de ce nom, un gouvernement fort… » Il considère qu’un autre devoir, et capital, du gouvernement, c’est de le tirer d’embarras, lui Rémoussin, de ne pas laisser « compromettre en sa personne la dignité du Parlement ». — « Savez-vous où ça nous mènera, ça ? […] Or, pendant qu’il délivrait ainsi son âme, une dépêche annonce que le gouvernement a arrêté l’enquête, envoyé un démenti à l’agence Havas, bref, que les obligés du marquis de Storn n’ont plus rien à craindre.
Désormais, dans l’hôtel de l’état-major et aux veillées des avant-postes, au milieu des blessés, des morts, de la France meurtrie et de Paris ensanglanté, dans le deuil de tout un peuple, le chef du gouvernement de la Défense nationale ne pensera plus qu’au « fumet » de Mme de Pahauën. […] À peine arrivé, on l’enferme dans les casemates de Fort-de-France, comme suspect « du crime de désaffection envers le gouvernement de la Restauration ». […] Liniers, qui était très populaire, et qui aurait pu se tirer d’affaire en prenant la direction du mouvement insurrectionnel, crut devoir, par scrupule chevaleresque, se déclarer pour le gouvernement légal, dont il n’avait pourtant pas à se louer. […] Il a échoué comme candidat officiel dans une circonscription de l’Ouest ; mais aussitôt le gouvernement, pour reconnaître ses services, l’a nommé préfet d’un de nos plus beaux départements. […] Mais il était juste ; et il paraissait s’apercevoir que, sous les vilains képis et les laides capotes dont le gouvernement français affuble ses soldats, il y a des âmes humaines.
» Au cours de voyages en pays fort divers, j’ai, pour ma part, beaucoup lu et causé ; et, si j’ai trouvé sans cesse une admiration très sincère pour nos artistes et nos savants, j’ai le plus souvent constaté un étonnement plus grand encore qu’avec un gouvernement si « anarchique » et une société si « dissolue » la France puisse faire preuve de tant de vitalité. » Laissons là, si vous voulez, la question de gouvernement. — Aussi bien les États-Unis, marchant à la tête du progrès en dépit d’une corruption politique effroyable, suffisent à prouver que la vitalité des peuples n’est pas en raison directe de l’autorité et de la probité des gouvernants. […] Le Suffrage universel peut-il rester un principe de gouvernement sans condamner les hommes à une odieuse barbarie ? […] Le gouvernement essaye, parfois, de mettre un terme à ces vendettas. […] Quelle part la nation elle-même eut-elle dans le choix de son gouvernement ; quelle part lui revient dans les actes heureux ou funestes dont ce gouvernement a pris la responsabilité devant l’histoire ?
Les idées et les systèmes politiques ne se sont formés, les gouvernements de nature diverse n’ont prévalu qu’ensuite des idées morales d’une certaine époque. […] L’autorité civile commandait ; la pensée ne la contredisait pas ; le pouvoir des gouvernements s’appuyait au fond sur les idées des masses ; comme toujours, la force réelle était dans ces idées elles-mêmes. […] Au sein d’un peuple à demi sauvage, sous un gouvernement avili, au milieu des convulsions politiques, des agitations, des perplexités, des grossiers sophismes jetés sur les questions les plus élémentaires de la philosophie morale, ce n’eût pas été trop de l’autorité la mieux établie pour tenir bon contre le torrent qui menaçait de submerger les croyances. […] Les circonstances, le tempérament, la forme de gouvernement expliqueraient peut-être la supériorité des uns, l’infériorité des autres. […] C’est à lui qu’on doit cette belle définition de la République : « Les anciens appelloyent Republique, une société d’hommes assemblés pour bien et heureusement vivre par ainsi nous ne mettrons pas en ligne de compte, pour définir la Republique, ce mot heureusement ; ains nous prendrons la mire plus haut, pour toucher, ou du moins approcher au droit gouvernement.
Il n’admet pas un instant que l’Italie doive quelque reconnaissance aux diplomates qui ont fait son unité ; on l’aurait faite plus vite, et mieux, si le gouvernement, au lieu de rechercher l’appui de Napoléon, avait aidé sérieusement les volontaires. […] À Curtalone et à Vicence, ces deux illustres chefs de gouvernement ont été blessés en combattant comme de simples soldats aux côtés des patriotes italiens ! […] Il a des accents lyriques de vrai poète pour célébrer la gazelle ou l’étalon des pampas, et il éprouve une sympathie admirative pour « l’homme des champs », le matrero, qui est indépendant, sans gouvernement, qui parcourt en maître les immenses étendues ouvertes devant lui : « Pourquoi devrait-il vivre dans une société corrompue, entre la dépendance d’un prêtre qui le trompe et d’un tyran qui nage dans le luxe et les ripailles, lorsqu’il peut vivre dans les champs libres et infinis d’un monde nouveau, libre comme l’aigle et le lion ? […] L’expédition de Sicile, soufferte et encouragée par-dessous main par un gouvernement régulier, constitue une véritable violation du droit des gens. Le Piémont, après avoir été l’objet de toutes les sympathies, va être placé au ban de l’Europe. » Le jour suivant, l’inquiétude de Cavour augmentait : « Une série de circonstances, écrivait-il dans une lettre confidentielle au vice-amiral Serra, ont réduit le gouvernement à ne pas opposer d’obstacles efficaces à l’expédition organisée et dirigée par le général Garibaldi.
Ses dernières poésies sont sans frein, sans mesure, et ses attaques contre le roi, contre le gouvernement, contre l’esprit pacifique des citoyens, le rendent parfaitement digne de sa peine. […] » Il croit que la sagesse des opinions s’épure, en montant par le loisir, l’étude, l’aisance, la philosophie, de classe en classe sociale, et que la division du travail est aussi nécessaire dans l’œuvre du gouvernement libre que dans les œuvres manuelles de l’artisan ; il pardonne donc une aristocratie intellectuelle dont il est lui-même le premier exemple, et il recommande à ses disciples d’en tenir compte.
Dans une grande nation, des communes peuvent être administrées à la satisfaction générale ; mais quel est le gouvernement que les gouvernés se décideront à déclarer bon ? […] Les gouvernants ne recueillent que des éloges modérés pour ce qu’ils font de bon ; ils sont là pour bien faire ; mais leurs moindres fautes comptent ; toutes se conservent, jusqu’à ce que leur poids accumulé entraîne la chute du gouvernement.
On était en plein dans la grande et orageuse discussion sur l’Amérique : Gibbon appuya de ses votes, et une fois de sa plume, la politique du gouvernement.
Elle commençait à s’applaudir de son succès : « Jugez de mon plaisir, écrivait-elle à son frère, quand je reviens le long de l’avenue suivie de cent vingt-quatre demoiselles qui y sont présentement. » Mme de Maintenon était faite pour ce gouvernement intérieur et domestique ; elle en avait l’art et le don, elle en goûtait tout le plaisir.
En conseillant au roi de faire impérieusement, et même avec menaces (s’il en était besoin), ces demandes assez singulières à ses alliés protestants pour battre ses sujets protestants, le cardinal, à qui son tact présageait qu’on obtiendrait tout, savait bien pourtant qu’il se mettait en grand hasard auprès du maître si l’on essuyait un refus : Qui se fût considéré lui-même, dit-il dans un sentiment de généreux orgueil, n’eût peut-être pas pris ce chemin qui, étant le meilleur pour les affaires, n’était pas le plus sûr pour ceux qui les traitaient ; mais sachant que la première condition de celui qui a part au gouvernement des États est de se donner du tout au public et ne penser pas à soi-même, on passa par-dessus toutes considérations qui pouvaient arrêter, aimant mieux se perdre que manquer à aucune chose nécessaire pour sauver l’État, duquel on peut dire que les procédures basses et lâches des ministres passés avaient changé et terni toute la face.
Dans l’édition aujourd’hui terminée des Œuvres de Frédéric, qui s’est publiée à Berlin sous les auspices du gouvernement et par les soins de M.
Officier lui-même de la garde bourgeoise, et bientôt porté par les élections aux premières magistratures de sa ville natale, il fut envoyé à Paris en députation, afin de solliciter du gouvernement les fusils nécessaires à l’armement de la garde nationale.
Dutens lui représenta qu’étant né en France de parents protestants qui l’avaient élevé dans leur religion, il n’avait pu regarder ce pays comme sa patrie, puisque le gouvernement même du royaume avait pour maxime que l’on ne connaissait point de protestants en France (et c’est ce qu’un ministre des Affaires intérieures lui dit un jour à lui-même).
C’est toujours un profit que d’aimer, et, s’il faut aimer une nation, je ne vois pas laquelle on préférerait aux Français. » Se retrouvant à Paris en 1815, il prend fait et cause pour l’essai constitutionnel des Cent-Jours, se fait, en pur volontaire, le second de Benjamin Constant, devient un champion officieux du gouvernement dans le Moniteur, et, sur ce point brûlant du libéralisme impérial, se sépare avec éclat de ses autres amis politiques.
S’il m’arrivait de boire souvent comme j’ai fait ce jour-là, je recevrais bientôt une correction sur mon dérèglement. » Le roi le retira de Casal en ce temps-là pour lui donner le gouvernement de la ville et province de Luxembourg.
Les députés s’avalent bien de temps en temps, mais cela ne change rien aux plaisirs ni à notre bon gouvernement, qui est soutenu par la sagesse de notre roi et par l’esprit de l’armée qui est bon… » La spirituelle chroniqueuse, on le voit, était dans les meilleurs principes.
Le gouvernement actuel a consacré des sommes très-considérables à compléter la bibliothèque dans toutes ses parties.
Dans ces visites d’importance, on cause de tout : l’abbé Raynal, Rousseau, Voltaire, la Suisse, le gouvernement, les Grecs et les Romains, on effleure tour à tour ces graves sujets.
Dans ses dernières années, il vit la forme de gouvernement pour laquelle il avait toujours combattu devenir une réalité.
En politique, il avait certainement ce coup d’œil lointain et ces vues d’avenir qui tiennent à l’étendue de l’esprit, mais il possédait bien plus ces qualités sans doute que la patience persévérante et la fermeté pratique de chaque jour, qui sont si nécessaires aux hommes de gouvernement.
Jamais ni jeu, ni ris élevés, ni disputes, ni propos de religion ou de gouvernement ; beaucoup d’esprit et fort orné, des nouvelles anciennes et modernes, des nouvelles de galanteries, et toutefois sans ouvrir la porte à la médisance ; tout y était délicat, léger, mesuré, et formait les conversations qu’elle sut soutenir par son esprit, et par tout ce qu’elle savait de faits de tout âge.
Il fit en ce temps-là, et dans l’intérêt de ceux auxquels il s’était voué, des choses fort diverses et dont quelques-unes lui paraissaient étranges à lui-même, quand il s’en ressouvenait sous le gouvernement régulier de Louis XIV.
En 1810, il fit envoyer en France deux cents jeunes Croates pour y être élevés aux frais du gouvernement dans les écoles militaires ou dans celles des arts et métiers : il en retrouva plus tard bon nombre encore remplis de reconnaissance, dans les longs voyages de son exil.
Il était plein de l’Angleterre en arrivant, et il dut repousser et ajourner l’idée de publier d’abord un livre sur ce gouvernement original et si peu semblable au nôtre, qui le tentait : il donna de préférence ses Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (1734), qui sont restées le plus classique et le plus parfait de ses ouvrages, le seul même qui nous paraisse aujourd’hui sorti tout d’un jet comme une statue.
Sa Constitution, à lui, était toute dans les vers de Pope : « Laissez les fous combattre pour les formes de gouvernement ; celui, quel qu’il soit, qui est le mieux administré, est le meilleur. » Les événements qui suivirent ne furent que trop propres à le confirmer, sans doute dans cette pensée favorite, que« la cause du genre humain était désespérée », et que la seule ressource était tout au plus, çà et là, dans quelque grand et bon prince que le sort accorde à la terre, dans « une de ces âmes privilégiées » qui réparent pour un temps les maux du monde.
Necker à la suite de l’ouvrage intitulé : Du gouvernement, des mœurs et des conditions en France avant la Révolution (Hambourg — 1795), a insisté sur le caractère étrange et compliqué de sa physionomie : une lettre de Lavater, qu’on a jointe dans une seconde édition aux pages de Meilhan, y sert de correctif et fait ressortir au contraire les parties douces et célestes.
Paul Chenavard (1808-1895), peintre d’origine lyonnaise, élève d’Ingres et de Delacroix, avait été choisi par le gouvernement de Ledru-Rollin pour décorer le Panthéon.
Tourguénef nous emmène à Bade, dans les salons de l’aristocratie russe, ou qu’il nous fasse entendre les paroles mystiques du nain Caciane, au fond d’une forêt du gouvernement de Kalouga, ou que ce soit la vie infiniment triste et monotone d’un propriétaire végétant seul au milieu des boues de son bien qu’il nous montre, immédiatement, de plain-pied, nous pénétrons dans le cercle de ces existences lointaines ; comme séduits par une incantation, nous prenons notre part à d’autres souffrances et à d’autres passions que les nôtres, jusqu’à ce que le rayon de nos émotions et de notre expérience comprenne toute une époque et toute une terre, où nous emporte une illusion aussi complète et aussi impérieuse qu’un rêve.
Cette arrogance dans le commandement, qui allait jusqu’à donner des ordres à la pensée des hommes, caractérisait certains gouvernements antiques parvenus à une de ces situations solides où la plus grande somme de crimes produit la plus grande somme de sécurité.
Cependant il reconnaît que Bossuet s’est trompé sur deux points : « Il s’est trompé quand il a cru le protestantisme incompatible avec de grandes sociétés réglées et prospères ; il s’est trompé quand il a vu l’idéal des gouvernements dans la royauté absolue tempérée par des lois fondamentales. » Mais ce ne sont pas là deux petites erreurs, à ce qu’il me semble, et je ne crois pas qu’on puisse dire que celui qui les a commises soit toujours tombé sur le vrai.
Néanmoins, étant données les grandes ressemblances des contes de ces deux dernières colonies7 avec ceux des trois autres pays composant le Gouvernement Général, on peut dire qu’il existe une littérature ouest-africaine, homogène dans ses grandes lignes et provenant d’une mentalité générale commune.
Le livre en question n’est qu’une suite de boutades et de coups de boutoir contre l’état politique de l’Allemagne, ses gouvernements, le catholicisme, etc., etc. ; mais la boutade la plus piquante, le coup de boutoir le mieux appliqué, ne valent pas la pleine main, douce et forte, d’une conviction réfléchie.
Taine, dont nous parlerons plus loin, a donnée de la Science et qui permettrait à toutes les deux de faire leur travail de destruction dans la plus complète sécurité et sans s’inquiéter de savoir s’il y a une morale, une société, des gouvernements, un foyer domestique, tout un ensemble de choses organisées autour de soi, à respecter, cette définition, qu’il est si important de faire admettre à tout le monde, est la grande affaire et le coup d’État actuel des philosophes.
Colomb, Magellan, El Cano avaient constaté, les premiers, l’unité matérielle de la terre, mais la future unité normale que désiraient les philosophes n’eut un commencement de réalisation qu’au jour où des travailleurs anglais, français, allemands, oubliant la différence d’origine et se comprenant les uns les autres malgré la diversité du langage, se réunirent pour ne former qu’une seule et même nation, au mépris de tous les gouvernements respectifs. »48 C’est dans le même but que furent instituées tant d’autres associations permanentes ou temporaires dont le principe se résume toujours en ceci : constituer un groupe autour d’une idée par-delà les groupements nationaux.
Une dernière coïncidence, de celles que l’on ne peut prévoir, et qui font, pour cette raison même, l’attrait changeant et toujours nouveau de l’histoire, allait sauver ce principe des conséquences abusives qu’on en eût pu tirer en d’autres temps : Mazarin venait de mourir ; Anne d’Autriche allait bientôt le suivre dans la tombe ; et Louis XIV venait d’inaugurer par trois ou quatre coups d’éclat son gouvernement personnel. […] Il fait la leçon à son prince, et il la lui fait moins sur la morale que sur l’article du gouvernement. […] n’auraient-ils pas cherché à deviner sous les leçons du précepteur ce que serait le gouvernement de son royal élève ? […] [Cf. la Lettre à Louis XIV] ; — à moins encore qu’il n’y ait tracé son programme de gouvernement ? […] 5º Écrits politiques, comprenant divers Mémoires concernant la guerre de la succession d’Espagne ; — l’Examen de conscience sur les devoirs de la royauté ; — et l’Essai philosophique sur le gouvernement civil, qui n’est point de Fénelon, mais du chevalier de Ramsai, « d’après les principes de M. de Fénelon », Londres, 1721 [t.
Rébelliau, dans une Introduction qui n’est pas aussi connue qu’elle mérite de l’être, que, « si Voltaire se propose de peindre le siècle de Louis XIV, c’est surtout par esprit de réaction dépitée contre le siècle présent… contre ce “siècle de fer” et ce gouvernement imbécile… contre ces Français de la décadence qui s’endorment sous la somnolente torpeur d’un ministre caduc et d’un roi apostolique… » Il y a du vrai, et somme toute, là aussi, Encyclopédiste seulement à demi, Voltaire est un des hommes du xviiie siècle qui ont le plus rendu justice au siècle précédent, et l’on peut, pour s’en persuader, le comparer à Montesquieu qui exècre le siècle de Louis XIV et à Rousseau qui l’ignore profondément. […] Elles étaient détestées du public, du gouvernement, de la magistrature, de leurs subordonnés et de tout ce qui n’y était pas maîtres. […] Diderot : « Ce serait un vice dans un gouvernement qu’un pouvoir trop limité dans le souverain. » D’Alembert : « La liberté est un bien qui n’est pas fait pour le peuple ; car le peuple est un enfant qui tombe et se brise dès qu’on le laisse marcher seul et qui ne se relève que pour battre sa gouvernante. » Diderot : « Personne ne respecte plus que moi l’autorité des lois publiées contre les auteurs dangereux. » Et l’auteur dangereux qui est visé ici est Pascal. Diderot : « Le législateur donnera le gouvernement d’un seul aux États d’une certaine étendue. » Diderot : « Une doctrine si énorme ne doit pas être discutée dans l’école, mais punie par les magistrats. » Et il s’agit de la doctrine de Spinoza. […] Mais les sottises du despotisme sont telles et compensent si bien ses bienfaits qu’on peut au moins se demander si les réformes plus lentement obtenues par le système de la nation se gouvernant elle-même ne sont point préférables aux progrès rapides mais suivis d’abominables désastres ou de terribles langueurs, qui sont le fait d’un gouvernement tantôt bon, tantôt exécrable, selon le hasard de la naissance et des circonstances accidentelles.
Fonctionnaires Est-ce parce que les traitements sont trop maigres que les candidats se font plus rares aux fameuses « places du gouvernement » si chères à toute la province ? […] Il n’en est pas de même chez les divers peuples qui l’ont adopté au temps où l’Angleterre passait pour être le modèle des gouvernements. […] Un groupe de ‘femmes catholiques, m’apprend un journal italien, La Voce, a réussi à persuader au gouvernement que le cinématographe était immoral et dangereux pour les mœurs.
Louis XI, établi par son père dans le gouvernement du Dauphiné, y remédie aux abus et s’y essaye à sa future administration de roi.
Il en fut tiré à la fin de 1794 (frimaire an III) lorsqu’il fut nommé par son district pour aller assister comme élève aux leçons des Écoles normales que le gouvernement conventionnel venait d’instituer.
Les imprudents se battent, et les gens sages viennent à profiter de l’objet du combat quand on est bien sûr qu’ils ne s’en sont pas mêlés ; et cette aventure de tertius gaudet arrive dans les cours les plus intrigantes tout comme pendant les gouvernements forts et tranquilles… Dans ces intrigues, ajoute-t-il, le moindre risque, selon moi, surpasse les plus hautes espérances ; je crains extrêmement la disgrâce et la Bastille ; j’aime ma liberté et ma tranquillité, et je ne les veux jamais sacrifier qu’au bonheur de mes citoyens ; mais quelle sottise de les sacrifier à ses vues personnelles !
On a fort remarqué les discours qu’il prononça dans la discussion sur la loi d’élection, pour combattre la majorité qui s’obstinait à repousser la loi même proposée par le Gouvernement, et à en substituer une autre, toute dans son intérêt et à sa guise.
Dernièrement, Vernet avait à faire une masse de portraits de commande, et par conséquent tout son temps était pris ; mais, en passant dans la ville, il aperçoit un de ces paysans de la Campagna, qui, armés par le gouvernement, font depuis quelques jours des patrouilles à cheval dans les rues de Rome.
Pour me remettre du spectacle de toutes ces misères, j’ai voulu voir quelques-uns des établissements fondés par le gouvernement, pour instruire des laboureurs, des forestiers, etc.
Les cortès, dès leurs premières conférences, avaient agité la question du gouvernement que le roi laisserait en Espagne, dans la supposition du voyage à Bruxelles, et la majorité avait été d’avis que si le monarque partait, l’héritier du trône au moins demeurât.
Viollet-Le-Duc n’a cessé d’être chargé de grands travaux par le gouvernement ; il est le conservateur et le réparateur de l’enceinte militaire de Carcassonne, ce modèle de fortification datant du XIIIe siècle.
Il y a eu un temps, non encore très éloigné, où lorsqu’il y avait pour le Gouvernement, par exemple, à écrire quelque pièce publique et d’apparat, on cherchait ce qu’on appelait une belle plume ; où l’on recourait à un Pellisson, à un Fontenelle, à un Fontanes, pour mettre en belles phrases une instruction, un manifeste politique, pour rédiger un rapport.
Vinrent les Cent-Jours : les dissidences domestiques entre madame Hugo et le général s’étaient envenimées : celui-ci, redevenu influent, usa des droits de père, et reprit d’autorité ses deux fils, ce qui augmenta encore la haine des enfants contre le gouvernement impérial.
Mais on était encore en ces années dans l’âge d’or de la maladie, et un honnête homme, Sabatier de Cavaillon, répondant d’avance au vœu de Bonneville, adressait, en avril 1786, comme conseils au gouvernement, des observations très-sérieuses sur la nécessité de créer des espions du mérite 198. « Épier le mérite, le chercher dans la solitude où il médite, percer le voile de la modestie dont il se couvre, et le forcer de se placer dans le rang où il pourrait servir les hommes, serait, à mon avis, un emploi utile à la patrie et digne des meilleurs citoyens.
Il donne à tout ce monde un tel attrait pour moi, un tel besoin de m’ouvrir leur cœur, de me demander conseil, de me confier toutes leurs peines, enfin un tel amour, qu’il n’est pas étonnant que les gouvernements qui ne connaissent pas l’immense puissance que le Seigneur accorde aux plus misérables créatures qui ne veulent que sa gloire et le bonheur de leurs frères, n’y comprennent rien.
Et c’est pourquoi il a si bien réussi ses personnages de magistrats et d’hommes d’État, ses théoriciens du gouvernement, de la conquête et de la sédition.
Tant qu’on n’avait vu au gouvernement qu’un roi moins la royauté, comme Richelieu, ou qu’un habile homme d’affaires comme Mazarin, personne n’avait eu au-dessus de sa tête quelque chose d’assez grand pour se trouver petit, et, par cette comparaison, arriver à une juste idée de soi.
Le gouvernement pouvait interdire Lohengrin ; or, il est certain que, loin de le faire, le lendemain de la première représentation il a encouragé M.
Le Tellier répliquait toujours assez aigrement : « Je vous ai déjà dit que l’intention du roi est que les gouverneurs précèdent tout le monde dans leurs gouvernements. » — « C’est une chose qui m’est nouvelle », lui répondis-je.
Il suppose que le gouvernement lui doit réparation et indemnité pour ses aventures de Pologne et pour ses diverses entreprises avortées, même pour les mémoires qu’il a adressés à plusieurs ministères sans qu’on les lui demandât.
Elle fera à la femme, cette grande actrice méconnue de l’histoire, la place que lui a faite l’humanité moderne dans le gouvernement des mœurs et de l’opinion publique.
Je relève dans les quinze premières lignes du feuilleton d’un homme qui, toutes les semaines, se fait le juge de la littérature, ces expressions : « Un gouvernement sans gloire et une paix sans dignité. — Se consolaient de leur misère présente en songeant aux splendeurs du passé — Effort surhumain — Univers émerveillé — la magnificence de ces souvenirs — vulgarité régnante — chambre servile. etc », C’est l’union parfaite du cliché et du lieu commun, — d’où l’impression inattendue de convenance et de correction.
En 1804, l’auteur d’une de ces Biographies universelles idiotes où l’on trouve moyen de raconter l’histoire de Calas sans prononcer le nom de Voltaire, et que les gouvernements, sachant ce qu’ils font, patronnent et subventionnent volontiers, un nommé Delandine, sent le besoin de prendre une balance et de juger Shakespeare, et, après avoir dit que « Shakespear, qui se prononce Chekspir », avait, dans sa jeunesse, « dérobé les bêtes fauves d’un seigneur », il ajoute : « La nature avait rassemblé dans la tête de ce poëte ce qu’on peut imaginer de plus grand, avec ce que la grossièreté sans esprit peut avoir de plus bas. » Dernièrement, nous lisions cette chose écrite il y a peu de temps par un cuistre considérable, qui est vivant : « Les auteurs secondaires et les poètes inférieurs, tels que Shakespeare », etc.
« Je n’aime pas le gouvernement de la canaille », répète-t-il en cent endroits.
Si cela n’est pas, l’artiste est faux ; si cela est, il n’y a donc point de pauvres ; s’il n’y a point de pauvres, et que les conditions les plus basses de la vie y soient aisées et heureuses, que manque-t-il à ce gouvernement ?
Les orateurs ont appliqué d’abord aux grands objets du gouvernement le talent de la parole ; et comme dans ces occasions il fallait en même temps convaincre et remuer le peuple, ils appelèrent l’éloquence l’art de persuader, c’est-à-dire de prouver et d’émouvoir tout ensemble.
Le mot porte en Orient a encore une signification qui tient à ces usages antiques, et le nom de Porte-Ottomane donné au gouvernement turc est un monument de ces mêmes usages.
Thierry suppose ne se fît pas exactement comme il le dit, dans cette tête déformée de kalmouck, ivrogne et superstitieux, dont les hordes ne devaient colporter ni dieux, ni morale, ni gouvernements à l’ancien monde, mais il n’est pas douteux que la bête humaine qui pataugeait au fond d’Attila n’eût flairé la jouissance romaine, et que l’envie d’y toucher ne se fût éveillée !
Mais, dans l’entente des choses· historiques et humaines, j’aurais cru plutôt Philarète Chasles du côté de Machiavel que de l’abbé de Saint-Pierre, et pourtant c’est du côté de l’abbé de Saint-Pierre que je le trouve dans ce livre-ci… Comme : l’abbé, il y baye aux corneilles de la paix perpétuelle, et il la demande à tout le monde : aux gouvernements, aux arts, à la littérature, comme ce pauvre abbé, pauvre spirituellement autant que physiquement sans· soutane, car il ne savait pas écrire, et à qui Chasles prête généreusement son habit !
Ainsi, à l’époque où fut délibéré en France le rappel, par transaction amiable, des restes glorieux de Napoléon, lorsque cette idée, aussi peu politique qu’elle était peu poétique, occupa le gouvernement et les assemblées législatives de notre patrie, dans le torrent de louanges et d’apothéoses qui par des modes différents ramenaient le culte toujours dangereux de la force, dona Gomez fit entendre ce noble avis d’une bouche étrangère : À la France, sur la translation des restes de Napoléon à Paris.
C’est un gouvernement copié sur celui des Romains, moins les tribuns du peuple, et cet oubli est un grand perfectionnement. […] Il y mit fin par un gouvernement qui est un modèle de tyrannie. […] À côté de ces lettres si belles et si évangéliques que je citais tout à, l’heure, il y en a qui peignent bien l’homme de gouvernement et de gouvernement tyrannique qu’était Calvin. […] Conseils ou plutôt programme de gouvernement au duc de Sommers et : « Je viens maintenant au dernier article, qui est de châtier les vices et réprimer les scandales. […] Calvin a été un de ces hommes, en précisant et en disciplinant le protestantisme, en le marquant à l’empreinte d’un esprit clair, logique et ordonné, — en donnant à une insurrection la forme d’un gouvernement.
Mais la réaction religieuse était dans les esprits, et le gouvernement y était favorable. […] On peut remarquer l’affectation commune à beaucoup d’auteurs, celle de Rousseau, de Vigny, d’Hugo, qui consiste à croire que le génie littéraire est comme un sacre qui vous désigne au gouvernement des sociétés. […] » L’immobilité du gouvernement depuis 1840 lui pesa de plus en plus. […] Il avait fait de l’admiration un moyen de gouvernement, et avait fondé la démocratie, qui admire peu. […] Le gouvernement s’émut, et lui fit voter par les Chambres la rente viagère d’un capital de 500,000 francs (1867).
. — Et, comme Josabeth est le seul personnage de la pièce à qui il dise à peu près sa pensée, il ne lui cache pas que si le coup réussit, il espère bien que le gouvernement de Joas sera le gouvernement des curés : Il faut que sur le trône un roi soit élevé Qui se souvienne un jour qu’au rang de ses ancêtres Dieu l’a fait remonter par les mains de ses prêtres. […] Le peuple, à qui l’on a apporté la paix et tous les bienfaits d’un gouvernement fort, est content et ne demande rien avec. […] Une opposition se forme… C’est justement l’heure où les gouvernements qui se sont établis par la violence lâchent un peu les rênes, n’ont plus l’énergie des commencements. […] Joad ayant été nommé grand prêtre, Mathan a reconnu qu’il n’y avait plus d’avenir pour lui dans l’opposition et a passé au gouvernement, armes et bagages. […] Et, comme dans tous les pays ce sont surtout les hommes mûrs qui sont au gouvernement et qui dirigent les affaires, il n’est pas étonnant que tout aille si mal chez nous… Sérieusement, je crois tout au moins qu’une des causes secondaires des innombrables maux publics et privés dont nous souffrons, c’est la jeunesse des quinquagénaires….
Il était nécessaire de préciser ces points, pour qu’on ne fit pas confusion d’époques ; il n’y eut rien de commun entre le proscrit de 1848 et les redoutables ennemis contre lesquels le gouvernement russe sévit aujourd’hui de la même façon, mais à juste titre. […] Ce n’est pas moi qui te ferai l’éloge d’un temps où le sentiment viril du beau dans les arts est vilipendé par les culs-de-jatte patentés du gouvernement de l’Institut, qui voient la nature en grisaille d’après la palette du père Ingres !
Ne cherchez la véritable éloquence que sous les gouvernements où elle produit de grands effets et obtient de grandes récompenses27. […] Outre ses prévarications au barreau, il était encore accusé de concussion et de péculat dans son gouvernement d’Asie. […] Suilius est accusé de concussion et de péculat pendant son gouvernement en Asie. […] S’il n’est point de gouvernement où des circonstances urgentes n’exigent l’infraction des lois naturelles, la violation des droits de l’homme et l’oubli des prérogatives des sujets, il n’y en a point où certaines conjonctures n’autorisent la résistance de ceux-ci ; d’où naît l’extrême difficulté de définir et de circonscrire avec exactitude le crime de haute trahison. […] Ses pensées ne sont plus les mêmes : il ne se retirera plus chez les Parthes, il n’ira plus se prosterner aux pieds de Galba ; il montera dans la tribune aux harangues, il demandera grâce, et se restreindra au gouvernement de l’Egypte : on lui déclare qu’il sera mis en pièces avant que d’arriver à la place publique.
Le nouveau gouvernement n’avait rien à refuser à ces glorieux proscrits, qui avaient souffert pour la sainte cause. […] D’ailleurs, il gardait rancune au gouvernement des vexations exercées contre ses bons amis les ligueurs. […] Telle est du moins l’hypothèse de Victor Hugo, hypothèse dont je ne garantis pas la justesse, mais qui flattait les rancunes du poète vis-à-vis le gouvernement impérial. […] Les conjurés ont besoin d’un complice qui touche de près au gouvernement et puisse leur ouvrir les portes de la prison. […] Jusque-là, il avait mené la vie d’homme du monde, d’homme de cercle et de fonctionnaire (ayant été gratifié d’une sous-préfecture par le gouvernement du Seize-Mai).
Trois fois le chef du gouvernement, de qui je n’ai personnellement pas à me plaindre, m’a envoyé offrir les deux millions nécessaires à ma libération. […] Bien qu’enthousiasmé un moment avec Hugo par la révolution avortée de 1830, vous n’aviez pas voulu des dépouilles ; vous me paraissiez peu ami du gouvernement amphibie, qui cherchait à faire accepter ses faveurs pour montrer à la France honnête d’illustres partisans ; vous écriviez contre lui, dit-on, dans des journaux dont les rancunes étaient devenues de l’antipathie.
La Fortune des Rougon parut en 1869 dans le Siècle ; La Curée, en 1870 : ces dates prouvent clairement que l’auteur n’est pas venu donner le coup de pied de l’âne au gouvernement que la France a renversé. […] Conclusion La critique littéraire agit en général comme les gouvernements : elle suit, à une respectable distance, le mouvement de l’esprit et les évolutions de la pensée.
Vingt minutes avant que la députation du gouvernement provisoire arrivât… J’étais là avec mon cabriolet… Ah ! […] — Oui, vous voulez une carte de sûreté du gouvernement ?
S’agit-il de relâcher, pour la plus grande commodité des particuliers, les liens du gouvernement ? […] Ce que l’intempérance du révolté a réduit en poudre, le bon sens du gentilhomme le remet promptement debout : Tout gouvernement est un mal… Mais puisque c’est notre sort d’être esclaves, supportons notre chaîne sans nous plaindre, sachons en composer les anneaux de roi ou de tribuns selon le temps et surtout selon nos mœurs. […] Elle prend possession directe du gouvernement religieux et moral.
Sa famille, après l’avoir élevé dans les champs et dans les neiges du gouvernement de Toula, l’envoya achever son éducation à Pétersbourg et à Moscou, puis la raffiner à Berlin parmi ces Allemands distingués qui ont Goethe pour poète, Hegel pour philosophe. […] V Il avait débuté à Pétersbourg, dans un journal littéraire, par des Essais qui firent une vive impression pendant quelque temps, qui ne furent point contrariés ni interdits par le gouvernement, mais que leur tendance plus libérale que le climat lui fit néanmoins suspendre au bout de quelques mois. […] Depuis le seigneur de village jusqu’au starost, chargé par lui de la direction des cultures et du gouvernement des paysans ; jusqu’à la dernière catégorie de ces paysans, hier esclaves, aujourd’hui libres, grâce à la courageuse initiative de l’empereur, tout entre dans le cadre, tout s’y meut, tout y parle, tout y agit avec la candeur de la nature.
— par le gouvernement. Il est vrai que le gouvernement était représenté par ce que l’on appelait alors un fin lettré, Louis XVIII, et après lui par Charles X, ce gentilhomme de toute bonne volonté pour les artistes. […] L’exposition de 1855 ouverte en pleine guerre de Crimée, celle de 1867, étalant ses splendeurs pendant qu’on fusillait au-delà des mers ce Maximilien l’Unique que notre gouvernement d’alors avait placé sur un trône acheté par tant de vies précieuses, celle de 1878 préludant au sanglant conflit russo-turc, enfin le centenaire et l’exposition dernière éclatant au milieu de luttes d’opinion sans exemple peut-être dans notre histoire et sous la menace d’une formidable coalition étrangère plus à nos aguets que jamais, démontrent à l’évidence l’inanité des rêveurs qui prétendent encore essayer de nous présenter ces gigantesques Concours Généraux comme des panacées universelles, comme les fêtes annonciatrices et les prémisses d’une fraternité prouvée dérisoire et odieusement mensongère par les événements eux-mêmes, et quels !
Dès lors, s’en prendre à certaines idées serait attaquer certaines institutions ; se permettre certaines discussions ne serait plus argumenter contre des philosophes, mais bien contre des gouvernements… « S’ensuit-il de là que nous regardions la garantie de la puissance comme une condition de la vérité ? […] Celui-ci, dont nous apprenons la mort au moment même où nous écrivons ces lignes et où nous nous flattions d’être lu par lui, cet éminent esprit qu’on n’osa jamais louer en France sans y ajouter quelque restriction, mais que nous nous risquerons toutefois à définir (son jugement sur Molière excepté) un critique qui a eu l’œil à toutes les grandes choses littéraires, s’il n’a pas toujours rendu justice aux moyennes, Schlegel, dans un voyage à Paris, s’était chargé, pour le compte du gouvernement prussien, et par zèle pour les études orientales, de faire graver et fondre des caractères indiens devanagari ; ou du moins les moules et matrices de ces caractères devaient être envoyés à Berlin pour la fonte définitive. […] Il fait assez bon marché en Charlemagne des vues générales d’administration et de politique, et ne paraît l’apprécier, en définitive, que comme un grand caractère et une volonté énergique appliqués avec intelligence à des cas journaliers de gouvernement. […] Charlemagne, de son vivant, avait donné Louis le Débonnaire à l’Aquitaine comme roi particulier, et le pays, toujours prompt, se réparait déjà sous le gouvernement de ce jeune roi, qui en avait assez adopté d’abord les mœurs et l’esprit.
Entre la cupidité qui partage avidement les dépouilles du vaincu, entre les chiens qui se précipitent sur le cadavre du sanglier, et les hommes animés d’une ambition vraie, préparés par leurs études, par leurs convictions, au gouvernement du pays, il n’y a nulle comparaison, nulle alliance ; et ce n’est pas aux champions glorieux de la raison, de la justice, de la liberté que s’adresse la satire. […] La satire ainsi comprise devient un emploi élégant de la parole, un délassement de lettrés ; mais elle arrive difficilement à la puissance, au gouvernement de la société. […] Le rôle joué en Europe par le second fils de lord Chathamf a laissé des traces si profondes dans l’histoire qu’il y avait lieu, nous le croyons du moins, de retracer plus largement la personne et la conduite de cet homme singulier ; car William Pitt n’a vécu que pour la puissance ; il n’a jamais eu d’autre passion, d’autre désir, d’autre volonté que le gouvernement de son pays. […] La société lui appartient tout entière ; législation, gouvernement, magistrature, tout relève de son génie. […] Il ne consent pas à prendre dans le gouvernement de la société un rôle déterminé par la nature de ses travaux ; il ne reconnaît pas en lui-même le limon commun de l’humanité ; c’est pourquoi le seul rôle qui lui semble digne de lui, le seul qu’il puisse accepter sans déroger, n’est autre que la souveraineté absolue.
Il était indifférent tout au moins à la forme du gouvernement. […] Le monde peut s’écrouler ; sur les ruines du monde le marquis de la Rochepéans regrettera les Bourbons, l’athée Vauclin poursuivra de ses invectives le gouvernement des curés, Fromentel soignera son paresseux égoïsme. […] La France se demandait comment serait accueilli le nouveau gouvernement, pendant que les Goncourt s’inquiétaient comment on allait accueillir leurs nouveaux procédés de style. […] Depuis cette date, on a fait des révolutions, révolutions dans le gouvernement, dans les idées, dans les mœurs ; les Goncourt ont fait des associations de mots jusqu’alors inouïes. […] Aux yeux de Weiss, le nouveau gouvernement était responsable de la littérature nouvelle.
Le second en date des plus anciens registres concernant l’histoire de la Faculté a été recouvré sous son gouvernement, et, dans une note de sa main qu’on lit en tête, il le constate avec satisfaction22.
Il semble y rêver pour la France dans un avenir idéal le gouvernement et le régime anglais, moins les passions et la corruption ; il se prononce contre les conquêtes et n’admet la guerre que dans les cas de nécessité ; il a, sur la milice provinciale, sur la liberté individuelle, sur le droit de paix et de guerre déféré aux assemblées, sur un ordre de chevalerie accordé au mérite seulement, et à la fois militaire et civil, sur l’unité du Code et celle des poids et mesures, sur le divorce, enfin sur toutes les branches de législation ou de police, toutes sortes de vues et d’aperçus qui, venus plus tard, seraient des hardiesses, et qui n’étaient encore alors que ce qu’on appelait les rêves d’un citoyen éclairé ; il est évident que M. de Lassay, s’il avait pu assister soixante ans plus tard à l’ouverture de l’Assemblée constituante, aurait été, au moins dans les premiers jours, de la minorité de la noblesse.
Câdir étant mort de mort tragique, le Cid, sous couleur de le venger, se mit en guerre contre le gouvernement de Valence et vint assiéger la ville.
En ceci, comme en beaucoup de choses, gardons-nous d’être ingrats ; ne pensons pas toujours à un lendemain trop immense, qui est sujet à fuir devant nous : rappelons-nous ce qu’on avait la veille, et jouissons de ce qu’un bon, un grand et glorieux Gouvernement réalise.
Les Lettres d’un Drapier, — un chef-d’œuvre, soit dit en passant, — mirent l’Irlande en feu, et le Gouvernement fut forcé de retirer le privilège donné à Wood.
L’irritation patriotique contre notre nation que l’on confondait avec son gouvernement était extrême : c’était un mauvais signe, en arrivant dans une ville, que d’être Français.
Ils semblent avoir ignoré que le monde aujourd’hui est travaillé de l’insurmontable besoin d’un ordre nouveau qu’il s’efforce de réaliser sans le connaître ; qu’on n’arrête point le mouvement progressif de la société, qu’on le dirige tout au plus, et que dès lors il faut, sous peine de mort, que le Gouvernement se décide entre les principes qui s’excluent.
Lorsque, dans ses écrits littéraires, imprimés à Bâle, destinés en partie à la jeunesse allemande et dédiés à des membres du gouvernement de son pays, il dit du siècle de Louis XIV notre littérature, on est un peu surpris au premier abord, et l’on est bientôt plus surpris que la littérature française, en retour, ne l’ait pas déjà revendiqué et n’ait pas dit de lui nôtre.
Sa puissance, sa prospérité, sa vie, tiennent essentiellement à cette forme de gouvernement.
L’année 1660, où Louis XIV prend en main le gouvernement, marque aussi le point de partage de l’histoire littéraire du siècle.
Au premier coup d’archet qui sur la scène mettait en branle les dieux de l’Olympe et des Enfers, il semblait que la foule fût secouée d’un grand choc et que le siècle tout entier, gouvernements, institutions, mœurs et lois, tournât dans une prodigieuse et universelle sarabande.
C’est qu’il n’est pas de profession où les vues et les passions personnelles paraissent mieux s’identifier avec le dévouement à un intérêt supérieur, à l’intérêt de la cause de Dieu ; et de là, chez le prêtre, cette surprenante sécurité morale dans le gouvernement des choses de ce monde et dans les voies qu’il choisit pour y parvenir.
Des deux grandes opinions qui se disputaient de son temps le gouvernement de la France, laquelle revendiquera Chateaubriand ?
Un Gouvernement éclaire aura bien le même but ; mais il ne maintiendra l’ordre & la subordination de chaque individu, qu’autant que la Religion lui prêtera son secours ; car il faut nécessairement l’action d’une Puissance qui influe sur les cœurs, qui les adoucisse, les réprime, les compose & en écarte les passions tumultueuses, dont l’impétuosité bouleverse les plus solides établissemens.
Fourchambault a deux enfants, un fils et une fille dont la conduite lui échappe, aussi bien que le gouvernement de sa maison et de sa fortune.
Elle devint donc telle à peu près qu’il lui fallait être38 ; elle força sa nature, plus faite pour le gouvernement des petits cabinets et des menus plaisirs.
Selon lui, son séjour dans ce pays du Jura ne doit pas être aussi court qu’on le suppose ; le dessein de son père n’est pas d’abréger cet exil ; et lui-même il en est venu à renoncer à toute carrière d’ambition : Depuis que j’ai été à même et en état d’observer, les temps-ont été si difficiles, les circonstances si fâcheuses, l’esprit du gouvernement si bizarre, son despotisme à la fois si odieux et si insensé, que je me suis accoutumé à regarder la vie privée comme la place d’honneur3.
Mais que nous font les hésitations des gouvernements (je parle d’autrefois), les criailleries de quelques salons bourgeois, les dissertations haineuses de quelques académies d’estaminet et le pédantisme des joueurs de dominos ?
Si l’esprit ne devait pas se défier des parallèles cherchés trop loin, le chant du législateur hébreu en réponse à l’ingrate anxiété de son peuple, ce gouvernement des hommes par l’enthousiasme poétique, nous rappellerait l’élégie de Solon récitée au peuple athénien, et comment, avec des accents poétiques, il changeait les résolutions et apaisait ou enflammait les âmes.
Laveaux nomma Toussaint lieutenant-général, et partagea dès ce moment avec lui le gouvernement du pays. […] Suivant d’un œil attentif tous les événements qui s’accomplissaient en France, toutes les transformations du gouvernement de la métropole, il réglait sa conduite sur les nouvelles qu’il recevait. […] Les colons, rétablis dans leurs propriétés, bénissaient le gouvernement de Toussaint et ne s’étaient jamais sentis protégés plus efficacement. Loin d’appeler de leurs vœux l’intervention de la métropole dans le gouvernement de Saint-Domingue, ils ne souhaitaient, n’espéraient rien de mieux que la dictature qui avait ramené dans l’île la paix, la sécurité, la richesse. […] Elle devine, nous ne savons comment, que Ruy Blas est doué d’un génie politique du premier ordre, et elle se décide à lui confier le gouvernement des affaires.
Le gouvernement impérial, qui avait nommé en 1862 E. […] L’air et la liberté commençaient à rentrer dans l’Université en même temps que dans le gouvernement, et Taine pouvait espérer que l’enseignement public allait lui être rouvert. […] Il est probable qu’au bout d’un siècle, une pareille opinion aura quelque influence, sur les Chambres, sur le Gouvernement. […] Au moment où la ruse ambitieuse de la Prusse et la légèreté criminelle du gouvernement français menacèrent l’Europe d’une guerre impie, Michelet, presque seul, osa protester publiquement contre l’entraînement d’un chauvinisme vaniteux et brutal. […] Voici un peuple qui décide de son gouvernement.
Ses discours et l’influence qu’il prend le font traiter de « venin » dans un rapport policier adressé au gouvernement fédéral. […] En effet, comme on le sait, les sujets russes appartenant à la noblesse n’ont le droit de résider à l’étranger que s’ils y sont autorisés par leur gouvernement. […] On voit qu’alors comme aujourd’hui, le gouvernement français se mettait volontiers à plat ventre devant le Grand Porte-Knout. […] Il lance une brochure, Appel aux Slaves dans laquelle il recommande l’union des Slaves, des Allemands et des Magyars contre les gouvernements qui les divisent. […] « Le gouvernement autrichien espérait apprendre par ce condamné à perpétuité les secrets du mouvement slave » dit le préfacier.
Un grand gouvernement systématique et complet qui vit de ses sujets et fait vivre ses fonctionnaires, forme le réservoir où affluent toutes les bonnes choses ; et c’est là que les habiles vont puiser, quel que soit le régime. […] Le gouvernement l’a déchargé des affaires politiques, et le clergé des affaires religieuses.
Il tint le gouvernement trente hivers, moins un an et demi. Et alors Edward, son fils, prit le gouvernement.
En un mot, Arcadi Pavlitch est l’un des seigneurs les plus accomplis, et un des promis les plus enviables de tout le gouvernement ; les femmes raffolent de lui et s’extasient particulièrement sur l’élégance de ses manières. […] Mais aussi avec quel ineffable bonheur tu jouissais d’un instant de repos, le soir, après souper, lorsque, délivré enfin de tout devoir et de toute préoccupation, tu allais t’asseoir près de la fenêtre et te mettais à fumer, tout en réfléchissant ou en parcourant avec avidité les feuillets gras et déchirés de quelque recueil périodique que t’avait laissé, en quittant la maison, l’arpenteur du gouvernement, pauvre hère condamné comme toi à mener une vie errante.
C’est à Tiflis qu’il jeta un coup d’œil sur l’ensemble du royaume qu’il venait de traverser avec tant de périls, et qu’il peignit les gouvernements anarchiques auxquels il échappait enfin. […] On voit, en un des plus beaux qu’il y ait, le mausolée de Rustan-Kan, prince de la race des derniers rois de Géorgie, qui embrassa la religion mahométane pour avoir le gouvernement de ce royaume-là.
La noble cité avait encore la farouche ceinture de murailles crénelées dont l’avait entourée au xive siècle le gouvernement républicain, et qu’on a démolie de nos jours pour élargir la capitale éphémère du jeune royaume italien. […] L’un critique tout ce que fait le gouvernement et le rend responsable des clients qui ne paient pas ; l’autre se frotte les mains quand il y a bal aux Tuileries. […] Elle avait aussi les idées avancées de l’auteur de Lélia, « ayant toujours soin, en passant, d’attaquer le gouvernement et de prêcher l’émancipation des merlettes ». […] Qu’on veuille bien se rappeler la fragilité de sa machine et les révoltes indomptables de ses nerfs, et l’on entreverra les fatalités physiques qui lui ont fait perdre la maîtrise et le gouvernement de lui-même.
Un livre contenant tant de traits satiriques contre le gouvernement n’était pas immédiatement publiable. […] Chicaner le gouvernement ? […] Jean-Jacques lui-même, dénoncé comme le pire des utopistes, a toujours conservé les convenances pratiques et déclaré, par exemple, qu’il faudrait bien connaître la Pologne pour lui prescrire tel ou tel gouvernement. […] Le gouvernement actuel, où siègent tant de ministres lettrés, voire académiciens, ne voudra-t-il pas y songer ? […] S’il livra quelques batailles, ce fut malgré lui, prévoyant la défaite, ayant la main forcée par le gouvernement de Saint-Pétersbourg et l’opinion publique, qui n’eussent pas supporté qu’il ne défendît pas Moscou.
Le gouvernement ne vous a-t-il pas décoré ? […] Les députés la ménagent, le gouvernement la redoute ; la presse, devenue une entreprise effrontément commerciale, fait profession de la suivre pas à pas. […] Perron et démontre clair comme le jour qu’il est fait avec de la farine et de la mélasse : voilà qui est bel et bien, dira la foule, mais il n’en est pas moins vrai que le meilleur chocolat est le chocolat Perron. » Répétez à un lecteur de la Croix : « Le meilleur gouvernement est le gouvernement des curés », il n’a pas besoin d’autre chose pour en être pleinement convaincu. […] Rostand ne saurait donc être un gage certain de l’entrée définitive de son œuvre dans la littérature, pas plus que le discours-ministre qui a porté un député au pouvoir, en révélant chez lui des qualités de gouvernement, ne lui garantit la jouissance durable et tranquille de son portefeuille. […] Le premier bienfait du gouvernement, n’est-ce pas de mettre un terme à l’anarchie ?
Tout le monde aujourd’hui agit contre soi, et c’est à mes yeux une des plus fortes preuves que tout ce qui est, est réprouvé, et que Dieu a pris en main le gouvernement du monde pour y établir un ordre nouveau. […] C’est aussi bien ce que pensent tous ceux qui, depuis de longues années déjà, voient la religion s’efforcer à se rendre indépendante de toutes les formes de gouvernement, ou véritablement à se démocratiser, puisque nous venons d’écrire le mot, en adressant aux masses, comme l’on dit, avec ses plus éloquentes consolations et ses plus sages conseils, son suprême appel aussi. […] Renan raisonne comme si le gouvernement du prêtre était une conséquence nécessaire de l’alliance de la morale et de la religion. […] Renan, se contentèrent toujours d’une justice assez boiteuse dans le gouvernement de l’univers. » Et même, si l’on veut bien y regarder d’un peu près, il ne paraît pas, qu’à moins de les atteindre elles-mêmes, l’iniquité les ait jamais profondément émues. […] Mais si je prétendais lui contester le titre qu’elle s’arroge de représenter le pouvoir de l’esprit ; si j’entreprenais de lui faire voir que, toutes les idées dont nous vivons aujourd’hui, qui forment en quelque manière la substance de l’intelligence contemporaine, nous étant venues des Kant et des Hegel, des Comte et des Darwin, des Claude Bernard et des Pasteur, des Taine et des Renan, la presse, après avoir souvent commencé par les railler, n’a rien fait, ou peu de chose, pour les répandre ou pour les développer ; si je tentais enfin de lui prouver que tous ses « organes » ensemble, et toutes ses forces conjurées, très capables, trop capables, de renverser un ministère, — et un gouvernement, s’il le faut, — ne le sont pas, hélas !
Cette faculté électrique qui, lors de l’assassinat du duc d’Enghien, le porta instantanément à briser avec le gouvernement coupable, ne l’a pas abandonné encore ; elle est, chez lui, restée irrésistible et entière comme son génie.
La philosophie éclectique de la Restauration avait déjà, malgré ses réserves sur tant de points, proclamé la théorie du succès et de la victoire, c’est-à-dire affirmé que ceux qui réussissent dans les choses humaines, les heureux et les victorieux, ont toujours raison en définitive, raison en droit et devant la Providence qui règle le gouvernement de ce monde.
Voilà ce que nous avions besoin de nous dire avant de nous remettre, nous, critique littéraire, à l’étude curieuse de l’art, et à l’examen attentif des grands individus du passé ; il nous a semblé que, malgré ce qui a éclaté dans le monde et ce qui s’y remue encore, un portrait de Regnier, de Boileau, de La Fontaine, d’André Chénier, de l’un de ces hommes dont les pareils restent de tout temps fort rares, ne serait pas plus une puérilité aujourd’hui qu’il y a un an ; et en nous prenant cette fois à Diderot philosophe et artiste, en le suivant de près dans son intimité attrayante, en le voyant dire, en l’écoutant penser aux heures les plus familières, nous y avons gagné du moins, outre la connaissance d’un grand homme de plus, d’oublier pendant quelques jours l’affligeant spectacle de la société environnante, tant de misère et de turbulence dans les masses, un si vague effroi, un si dévorant égoïsme dans les classes élevées, les gouvernements sans idées ni grandeur, des nations héroïques qu’on immole, le sentiment de patrie qui se perd et que rien de plus large ne remplace, la religion retombée dans l’arène d’où elle a le monde à reconquérir, et l’avenir de plus en plus nébuleux, recélant un rivage qui n’apparaît pas encore.
ni idée arrêtée, ni moyens praticables, ni but avoué et avouable, ni gouvernement à fonder !
La Fronde était vaincue, et le règne de Louis XIV commençait : la forme supérieure de la vie sociale devenait la vie de cour, brillante et vide ; la noblesse, exclue du gouvernement de l’État, n’avait plus d’autre affaire que de se montrer au roi, et de faire la cour aux dames.
La politique, comme science générale du gouvernement, avait suscité de profonds penseurs ; la politique française proprement dite, celle de l’unité nationale, avait inspiré un pamphlet qui est demeuré.
Ils sont comme les préfets d’un gouvernement lointain, qui cherchent à se rendre indépendants, à substituer à la sienne leur propre volonté.
Quand je m’interroge sur les articles les plus importants et le plus définitivement acquis de mon symbole scientifique, je mets au premier rang mes idées sur la constitution et le mode de gouvernement de l’univers, sur l’essence de la vie, son développement et sa nature phénoménale, sur le fond substantiel de toute chose et son éternelle délimitation dans des formes passagères, sur l’apparition de l’humanité, les faits primitifs de son histoire, les lois de sa marche, son but et sa fin ; sur le sens et la valeur des choses esthétiques et morales, sur le droit de tous les êtres à la lumière et au parfait, sur l’éternelle beauté de la nature humaine s’épanouissant à tous les points de l’espace et de la durée en poèmes immortels (religions, art, temples, mythes, vertus, science, philosophie, etc.), enfin sur la part de divin qui est en toute chose, qui fait le droit à être, et qui convenablement mise en jour constitue la beauté.
Ma philosophie, selon laquelle le monde dans son ensemble est plein d’un souffle divin, n’admet pas les volontés particulières dans le gouvernement de l’univers.
On voit donc par ces deux exemples, à côté desquels on en pourrait citer beaucoup d’autres que les Grecs et les Romains des premières périodes historiques appliquèrent à leur propre gouvernement des règles et des maximes instituées naguère en vue de satisfaire une croyance qui n’existait, plus dans leur âme et des intérêts qui n’étaient plus les leurs.
Année 1858 Samedi 30 janvier 1858 Dans la disposition d’esprit de nous amuser au bal de l’Opéra, et devant un perdreau truffé et des sorbets au rhum, servis dans un cabinet de Voisin, Alphonse nous conseille, de la part de son oncle, d’être prudents, nous avertit que le gouvernement continue à être fort mal disposé contre nous.
Forcé de poursuivre un journal républicain, il se pourrait très bien que le gouvernement, pour paraître tenir la balance égale, eût la faiblesse de faire asseoir en police correctionnelle, un homme que La Marseillaise vient de peindre, ce matin, comme un familier de Compiègne — où il n’a jamais mis les pieds.
… C’est qu’il n’était critique que de pure description et d’infatigable analyse niant les principes tout aussi bien en esthétique qu’en morale et en gouvernement, cet homme que des esprits qui ne connaissant pas plus Goethe que lui, appelaient hier le plus grand critique qui ait existé depuis Goethe… Sainte-Beuve a toujours repris toutes ses idées en sous-œuvre pour y ajouter ou y retrancher, tant elles lui semblaient incertaines !
Le gouvernement du temps le suspendit et il ne fut pas repris, mais il avait été préparé dans l’hypothèse où il pourrait l’être… Ce Cours, que ses amis n’auraient pas dû publier, nous apprend mieux, à nous, ce que nous savions en le résumant, en nous montrant en une seule fois le bloc d’idées de Michelet, qui n’est pas bien gros, comme vous le voyez… L’éclatant et criminel historien qu’est souvent Michelet quand il tient les faits sous sa plume et qu’il les colore à son gré, cachait, avant ce Cours, l’inanité du philosophe, de ce pauvre inventeur en ressources et en médications sociales qui n’a pas de système, mais de vagues aspirations vers une fraternité que le Christianisme a pu, seul, établir, dans un monde si évidemment en chute, qu’en y faisant intervenir Dieu.
Un rythme, rendu sensible par une histoire à vol d’oiseau des gouvernements des législations, des religions, de la technique, tend, suivant M.
C’est le préfet, juif d’origine, franc-maçon d’opinions, et « estaminaire » d’éducation, très bon garçon, incapable d’aucune pensée, et rebelle à toute érudition ; très capable, avec une diplomatie élémentaire et les dehors d’une bonhomie familière, de se faire supporter et bien venir dans son département et même d’y conquérir quelques partisans au gouvernement qu’il représente. […] La Bruyère a dit que la France veut du sérieux dans le gouvernement. […] Et c’est là qu’est le banc sous « l’orme du mail », banc qui entend de bien subtiles discussions philosophiques et religieuses, qui assiste à des soutenances bien hardies sur la perversité du gouvernement républicain, ou sur son innocuité ; banc où viennent se délasser, au jeu innocent des idées générales et des argumentations savantes, les inhabiles, les maladroits et les vaincus. […] L’absence d’unité dans le gouvernement des âmes, voilà de quoi souffrent tous les croyants, tous les religieux, et je dirai même tous les idéalistes qui sont en même temps des hommes d’action. […] Un journal, que l’on reconnaîtra à ces signes qu’il est dirigé par un homme d’infiniment d’esprit et d’infiniment de violence, qu’il dit souvent des sottises très spirituellement et qu’il est de l’opposition sous tous les gouvernements, dénonça Ruel comme clérical, et surtout accusa M.
Et ces gens-là qui, pendant soixante ou soixante-dix ans, n’ont cessé d’attaquer furieusement le gouvernement démocratique d’Athènes, et le peuple d’Athènes lui-même, ces gens-là c’était devant le peuple lui-même, devant ce peuple qui soutenait, chérissait et acclamait ce gouvernement, c’était au théâtre, qu’ils tournaient en ridicule, et avec quelle férocité, on le sait, ce gouvernement et ce peuple. […] Quand le gouvernement viole les droits de la femme, l’insurrection est pour la femme, et pour chaque portion de la femme, cœur, tête et langue, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. […] Trissotin lit ses vers, Philaminte expose ses projets d’académie et de gouvernement général de la littérature ; tout le monde fait de la philosophie. — Arrivée et présentation de Vadius ; querelle de Vadius et de Trissotin. […] Joad est l’âme du drame, âme froidement énergique, adroite, habile, maîtresse d’elle-même, maîtresse des autres, contraste complet avec Athalie. — Joad est un prêtre qui est né homme de gouvernement. […] Car Joad est un homme de foi et un homme de gouvernement, dont les circonstances ont fait un conspirateur.
— Si le gouvernement grec est finaud, il en découle qu’il est sot, et s’il est sot, il est à parier qu’il n’a rien préparé pour la guerre. […] Nous venons d’accuser le gouvernement, on accusera la cour. […] * — Certes, certes, fait Tiberge, le gouvernement comptait sur le blocus ; un instant, on a cru que ça y était. […] Je m’informe de ce qui s’était passé : — Les volontaires se plaignent… — Le gouvernement tarde trop à les équiper… — Le peuple a pillé les magasins d’armes… Je poursuis ma route, et je parviens au cœur de la manifestation. […] — À bas le gouvernement !
Le gouvernement provisoire dirigé par Lamartine fut un « comité de clémence ». […] Le Docteur cherche à le guérir de cette fantaisie en lui racontant ces trois histoires de poètes méconnus par les trois gouvernements qui se partagent l’opinion et la monde. […] Guizot lui-même a rendu justice, un régime qui a constitué la force et la gloire de plusieurs États, un grand parti qui est devenu la nation ; il avait le tort, nous dirions même l’iniquité, de le juger d’après les folies bruyantes des factions extrêmes ou les erreurs de tel ministère, erreurs qu’un déplacement de majorité peut réparer le lendemain comme dans tous les gouvernements parlementaires. […] Cet idéal, malgré Laprade même, nous paraît l’inspiration latente de ses poèmes, en tant qu’on se figure la République comme nous nous la sommes toujours représentée, non pas comme la proie disputée par des politiciens faiseurs de programmes mensongers, mais comme la forme la plus large, la plus conciliante, la plus accessible à tous, comme le régime le plus lié à l’idée de patrie, comme le gouvernement le mieux fondé sur les principes de moralité et de vertu. […] Vaine satisfaction accordée par un gouvernement plus libéral d’ordinaire à ses implacables ennemis !
Mais ce n’est pas un gouvernement direct. […] Le gouvernement de Louis XIV ne s’en aperçut pas tout de suite. […] Cette nécessité, nos gouvernements l’ont sentie et l’ont éprouvée à maintes reprises. […] Les politiques qui ont l’air de ne songer qu’au gouvernement des peuples et les philosophes qui ont l’air de ne méditer que sur l’absolu ne savent pas la lointaine influence qu’ils ont sur de futiles et gracieuses destinées. […] Voilà comme parle à un non-euclidien cet homme de gouvernement.
Un gouvernement sage, une politique habile & profonde, une suite non interrompue de victoires, des mœurs que le luxe n’avoit point encore amollies ni corrompues, rendoient sans doute les Romains un peuple illustre & redoutable ; mais c’est aux Arts & aux Sciences de la Grèce, dont ils firent une étude suivie, qu’ils doivent la portion la plus estimable de leur gloire, & celle que le temps respectera toujours. […] Indépendamment de ce motif de nécessité, ils en avoient un autre d’émulation ; ils étoient assurés, en possédant bien cette langue, de devenir membres de la République, & par conséquent de pouvoir prétendre aux charges les plus éminentes du gouvernement.
Les conquêtes coloniales, la féodalité industrielle, l’impérialisme buté et étroit des gouvernements que nulle noblesse d’âme ne possède, la sottise abyssale des peuples empiffrés de mensonge, tout cela entraîna un prodigieux recul moral. […] L’ouvrage comporte à la dernière page un extrait du Journal officiel du 30 janvier 1919 rapportant une séance de la chambre des députés où le Ministre des affaires étrangères condamne le gouvernement bolchevik qui « règne uniquement par la terreur ».
Ludovic Halévy, c’est que par ce temps où les gouvernements, pour sortir d’embarras, jettent du prêtre à manger au bas populaire, pour qu’il ne s’occupe pas trop de leurs agissements, l’auteur a osé nous montrer un curé brave homme ; il a négligé, suivant la mode prescrite pour les lecteurs de caboulots, de nous le montrer ivre, courtisant ses pénitentes, vivant en concubinage avec sa bonne et enterrant régulièrement, tous les six mois, un fœtus dans le fond de son jardin. […] L’espace me manque pour rapporter ici les projets du gouvernement du Dauphin ; on y sent partout l’amour de son pays, et sous la forme demi-philosophique de l’époque, le désir d’égalité qui germait déjà dans tous les esprits.
J’avais voulu prévenir la guerre, je croyais que la France liée à l’Angleterre la rendait impossible ; j’avais voulu, de plus, obtenir pour la Révolution française du mois de juillet 1830 le droit de bourgeoisie en Europe, et tranquilliser le monde sur l’esprit de propagandisme que l’on supposait à notre gouvernement.
Sous ce gouvernement fort et victorieux, dans ce silence absolu de toute discussion politique sérieuse, on avait pris le parti, quand on le pouvait, de jouir de la vie, du soleil de chaque matin, de rêver la paix et d’en prélever les douceurs.
A sa sortie de France après 1815, Mme de Krüdner traversa successivement divers États de l’Allemagne, émouvant partout à sa voix les populations, et bientôt éconduite par les gouvernements.
C’était le moment de ce qu’on a appelé la Coalition, dans laquelle les gagnants de Juillet, sous prétexte qu’on n’avait pas le vrai gouvernement parlementaire, s’étaient mis à assiéger le ministère et à le vouloir renverser coûte que coûte, comme si la dynastie était assez fondée et de force à résister au contre-coup.
À moi seul, pauvre homme, je paye deux gouvernements : l’un ancien, local, qui aujourd’hui est absent, inutile, incommode, humiliant, et n’agit plus que par ses gênes, ses passe-droits et ses taxes ; l’autre, récent, central, partout présent, qui, se chargeant seul de tous les services, a des besoins immenses et retombe sur mes maigres épaules de tout son énorme poids. » — Telles sont, en paroles précises, les idées vagues qui commencent à fermenter dans les têtes populaires, et on les retrouve à chaque page dans les cahiers des États généraux.
Je ne désirais pas même que mon petit essai problématique de poésie nouvelle parût si tôt ; je sollicitais ardemment du gouvernement de la Restauration un emploi diplomatique qui m’ouvrît l’accès à la haute politique, ma véritable et constante passion.
Vous ne voulez pas, etc. » Je leur énumérai ici les misères innombrables et imméritées auxquelles la famille du prolétaire est sujette par le chômage, le veuvage, la caducité, l’abandon, le dénuement des orphelins, et tous les cas où la providence tutélaire d’une société bien inspirée doit s’étendre par l’œil et par la main d’un gouvernement sérieusement populaire, où elle doit intervenir afin de soulager et de rectifier des misères imméritées par des secours actifs et par la charité sociale.
Lucques n’est pas une terre de malfaiteurs ; le peuple des campagnes est trop adonné à la culture des champs qui n’inspire que de bonnes pensées aux hommes, et le gouvernement est trop doux pour qu’on conspire contre sa propre liberté et contre son prince.
III En ce temps-là, ma famille voyait souvent des émigrés rentrer dans le pays, et revendiquer leur domaine les uns de l’impartiale bienveillance du gouvernement nouveau, les autres de leurs acquéreurs.
Taine, au début de son Ancien régime, parle de ces électeurs trop pressés qui savent, si jeunes, le gouvernement qu’ils désirent !
Dans un voyage que j’ai fait récemment, pour mon commerce, à travers les gouvernements de Cherson et d’Ekatérinoslaw, j’ai pu reprendre à leur source maintes de ces mélodies, chantées à une voix ou en chœur par de naïfs paysans peu lettrés.
Faguet est vulgaire d’imprécision, sa syntaxe est une vulgarité lourde : « Le gouvernement, quand il voudra, les fera voter comme il voudra, comme il fait juger ses juges comme il veut qu’ils jugent. » — « Nous retombons dans cette considération de majorité et de minorité que nous avons vu qui, de l’avis même de Montesquieu, ne doit pas intervenir dans les questions de choses spirituelles. » La première de ces deux phrases est négligée, comme presque toutes les phrases de Faguet ; on y entend traîner de vieilles pantoufles misée en savates.
Et ce n’est pas à dire que la recherche soit inutile, — on le verra bien tout à l’heure, — mais cela signifie que la science n’est investie, par nature ou par définition, d’aucun privilège qui lui soit propre, ni surtout qui lui confère un droit supérieur au gouvernement des esprits.
Les gouvernements, ils les réforment tous : la France doit devenir un état républicain, dont un géomètre sera le législateur, et que des géomètres gouverneront en soumettant toutes les opérations de la nouvelle république au calcul infinitésimal.
. — Varron, dans son traité de l’Agriculture, cite un ouvrage d’Ératosthènes, perdu pour nous, dans lequel celui-ci cherchait à établir que le caractère de l’homme et de la nation, et la forme du gouvernement, dépendent de la distance plus ou moins grande du soleil. […] M. de Beauvilliers me témoignait mille bontés chez les princes, dont il était gouverneur, et me promit de demander au roi les gouvernements de mon père en ouvrant son rideau. […] Cette mort de son père, dite si lestement, pêle-mêle avec la purgation du roi pour le lendemain, circonstance du reste fort intéressante et fort importante pour ce courtisan, puisque le roi, se purgeant, gardera la chambre toute la matinée, ce qui permettra aux solliciteurs de saisir ces mollia fandi tempora, si plaisamment parodiés de Virgile par Voltaire ; puis, cette petite phrase expéditive : « La nuit fut donnée aux justes sentiments de la nature » ; — voilà qui est fait, n’en parlons plus, et ne pensons qu’à obtenir bien vite la survivance des gouvernements du défunt ; — et tout le petit manège à suivre pour parvenir à ce grand résultat ; ce valet de chambre qu’on va solliciter d’abord (car, dans les monarchies, si les grands personnages sont souvent des valets, les valets quelquefois sont de grands personnages, et ces diverses valetailles, tantôt se tiennent en échec, tantôt se font la courte échelle) ; toutes ces circonstances ne dénoncent-elles pas un courtisan par excellence, celui qui ne voyait dans toute la France que la noblesse, dans la noblesse que la pairie, et dans la pairie que les ducs ; enfin, M. le duc de Saint-Simon ? […] Ainsi, nous sommes tous des baromètres, des thermomètres, des hygromètres ; tous, — excepté, bien entendu, les spiritualistes dogmatiques, qui sont exempts des humaines faiblesses, comme chacun sait, et qui savent subir toutes les variations de l’atmosphère ou des gouvernements, sans jamais se sentir rompus ni corrompus. […] Stendhal remarque même plaisamment qu’on pourrait augmenter le nombre des diverses espèces de beau idéal, en faisant passer par chaque climat chacune des trois ou quatre formes de gouvernement.
Comment en serait-il ainsi, aujourd’hui que le flot démocratique a monté, que trente voltes-faces, en politique, en littérature, en religion, de la pensée générale ont jeté dans le courant des esprits toutes sortes de formules de gouvernement, d’esthétique et de croyance ? […] C’est l’époque où les vastes travaux de confort national s’accomplissent avec une ampleur extraordinaire, où le suffrage universel devient le procédé unique du gouvernement, parce qu’il a la valeur indiscutable du chiffre brutal. […] — On ne commande à la nature qu’en lui obéissant », appliqué au gouvernement des peuples. […] Ce volume a pour sous-titre : le Gouvernement révolutionnaire. […] En 1840, et lorsque la question d’Orient se dénoua d’une manière pacifique, Stendhal déclara qu’en reculant devant la guerre, le gouvernement déshonorait le pays, et il donna sa démission de Français.
Ce fut pour le jeune garçon un petit 1815 : le gouvernement passait des mains napoléoniennes à un régime libéral. […] On n’est libre que par la critique et l’énergie, c’est-à-dire par le détachement et le gouvernement de son moi ; ce qui suppose plusieurs sphères concentriques dans le moi, la plus centrale étant supérieure au moi, étant l’espèce la plus pure, la forme superindividuelle de notre être, notre forme future sans doute, notre type divin. […] Nul doute que la fiche signalétique du professeur Amiel ne soit établie à peu près dans ces termes : « C’est un radical, puisqu’il a été nommé par le gouvernement radical, et c’est un don Juan, parce que les femmes paraissent le préoccuper aussi fort que lui-même préoccupe les femmes. » Il est écrit : Ne jugez point !
De polémique, il n’en a jamais fait que dans ses dernières années quand il s’avisa de déclarer la guerre à un gouvernement, — une guerre d’allusions à travers l’histoire romaine ! […] Ce Mexique d’Ampère, à sa date, avait sa nouveauté : il était observé dans ses mœurs avec justesse, avec ironie dans son gouvernement et sa politique, avec érudition et lumière dans ses antiquités, et il offrit à l’auteur le prétexte d’une prophétie ou d’une utopie grandiose sur l’avenir réservé à l’isthme de Panama.
Véritablement ici la raison a pris le gouvernement du reste, et elle l’a pris sans opprimer le reste : rare et éloquent spectacle, qui, rassemblant et harmonisant en un seul personnage les meilleurs traits des mœurs et de la morale de ce temps et de ce pays, fait admirer et aimer la vie pieuse et réglée, domestique et disciplinée, laborieuse et rustique. […] Il justifie les taxes arbitraires que le gouvernement prétend lever sur les Américains.
Et nonobstant cette vérité qu’ils ont proclamée (ou plutôt à cause même de cette vérité), tous ceux qui, depuis cette époque, ont jeté sur la société un regard profond, se sont écriés : « La société est en poussière. » Les plus hardis des jacobins, parvenus au sommet de leur œuvre sanglante, effrayés de cette mer qu’ils avaient déchaînée, de ces flots que rien ne gouverne et n’arrête, prirent des vertiges, et cherchèrent, mais en vain, un gouvernement qui pût convenir à cette société nouvelle et affranchie. […] C’est une question de gouvernement, une question de politique, en même temps que d’économie politique.
Car vraiment si l’historien est si parfaitement, si complètement, si totalement renseigné sur les conditions mêmes qui forment et qui fabriquent le génie, et premièrement si nous accordons que ce soient des conditions extérieures saisissables, connaissables, connues, qui forment tout le génie, et non seulement le génie, mais à plus forte raison le talent, et les peuples, et les cultures, et les humanités, si vraiment on ne peut rien leur cacher, à ces historiens, qui ne voit qu’ils ont découvert, obtenu, qu’ils tiennent le secret du génie même, et de tout le reste, que dès lors ils peuvent en régler la production, la fabrication, qu’en définitive donc ils peuvent produire, fabriquer, ou tout au moins que sous leur gouvernement on peut produire, fabriquer le génie même, et tout le reste ; car dans l’ordre des sciences concrètes qui ne sont pas les sciences de l’histoire, dans les sciences physiques, chimiques, naturelles, connaître exactement, entièrement les conditions antérieures et extérieures, ambiantes, qui déterminent les phénomènes, c’est littéralement avoir en mains la production même des phénomènes ; pareillement en histoire, si nous connaissons exactement, entièrement les conditions physiques, chimiques, naturelles, sociales qui déterminent les peuples, les cultures, les talents, les génies, toutes les créations humaines, et les humanités mêmes, et si vraiment d’abord ces conditions extérieures, antérieures et ambiantes, déterminent rigoureusement les conditions humaines, et les créations humaines, si de telles causes déterminent rigoureusement de tels effets par une liaison causale rigoureusement déterminante, nous tenons vraiment le secret du génie même, du talent, des peuples et des cultures, le secret de toute humanité ; on me pardonnera de parler enfin un langage théologique ; la fréquentation de Renan, sinon de Taine, m’y conduit ; Renan, plus averti, plus philosophe, plus artiste, plus homme du monde, — et par conséquent plus respectueux de la divinité, — plus hellénique et ainsi plus averti que les dieux sont jaloux de leurs attributions, Renan plus renseigné n’avait guère usurpé que sur les attributions du Dieu tout connaissant ; Taine, plus rentré, plus têtu, plus docte, plus enfoncé, plus enfant aussi, étant plus professeur, surtout plus entier, usurpe aujourd’hui sur la création même ; il entreprend sur Dieu créateur. […] La seule garantie qu’on nous donne à présent est qu’« une société d’anthropologie vient de se fonder à Paris, par les soins de plusieurs anatomistes et physiologistes éminents » ; nous qui aujourd’hui savons ce que c’est, dans le domaine de l’histoire, que l’anthropologie, et ce que c’est, dans la république des sciences, que la société d’anthropologie, une telle garantie nous effraye plus qu’elle ne nous rassure ; c’est bien sensiblement à l’humanité présente, à la grossière et à la faible humanité, que Taine remet non pas seulement le gouvernement mais la création de ce monde ; il ne s’agit plus d’un Dieu éloigné, incertain, négligeable, mort-né ; c’est à l’humanité que nous connaissons, aux pauvres hommes que nous sommes, que Taine remet tout le secret et la création du monde ; par exemple c’est lui, Taine, l’homme que nous connaissons, qui saisit et qui épuise tout un La Fontaine, tout un Racine ; c’est la présente humanité, c’est l’humanité actuelle que Taine, au fond, se représente comme un Dieu actuel, réalisé créateur.
Il affirme que jamais un mauvais gouvernement n’a suffi pour perdre une nation. […] De tout ceci il résulte que l’Europe ne saurait exercer aucun attrait sur les natures délicates, et c’est pourquoi je vous répète que jamais un galant homme n’y met les pieds, quand il n’y est pas contraint par les ordres de son gouvernement. […] Maurice Barrès, et qui devait s’honorer plus tard, en 384, par sa pétition à Théodose en faveur de la conservation des temples, non réparés et le plus souvent démolis de fond en comble par les chrétiens avec l’approbation du gouvernement. […] Les peuples ont les gouvernements qu’ils méritent, et la France ne méritait pas ce gouvernement de bonté, de justice et de pardon. […] En outre, il demande qu’on ne confonde point la nation ottomane avec son gouvernement, ou ses gouvernements successifs.
Et l’on me reprocherait d’aimer un gouvernement qui répare envers moi les torts de ces quatre années ! […] Il me semble même que le représentant de la littérature difficile se persuadait remplir un devoir en assurant aux muses sérieuses la protection et les faveurs du gouvernement. […] Nisard se rend ce témoignage qu’il n’a jamais, lui, voté ou parlé contre le gré du gouvernement dont il s’est fait l’allié. […] C’est encore le plaisir d’être désagréable au gouvernement et de se donner des airs d’opposition. […] Qu’elle obéisse donc, ou elle va être dénoncée au procureur du gouvernement qui régit actuellement la France.
Le jour où la démocratie produirait chez le peuple qui en aura fait sa forme de gouvernement une véritable dégénérescence cérébrale, ce peuple disparaîtrait ; la lutte pour la vie est, en effet, la loi des peuples ; la force la plus puissante dans cette lutte est l’intelligence, et si la démocratie déprime l’intelligence, supprime le génie, elle ne saurait triompher dans l’avenir : les peuples qui triompheront seront ceux qui auront le génie pour eux, conséquemment l’art. La vérité est que la forme des gouvernements n’a pas d’influence directe sur le cerveau de l’artiste. […] L’artiste demande avant tout, pour travailler et produire, la liberté : il l’a sous un gouvernement démocratique, il ne l’a pas toujours ailleurs, et le despotisme de l’État ou les entraves des castes ont certainement privé l’humanité d’une partie de ses grands hommes. — L’artiste a besoin aussi d’une demi-indépendance par rapport aux nécessités de la vie ; en d’autres termes, il lui faut ce morceau de pain quotidien que Berlioz allait manger, en l’assaisonnant de raisins secs, au pied de la statue de Henri IV : l’artiste pourra d’autant mieux rencontrer ce pain de chaque jour, que les conditions sociales seront moins inégales et que tout travailleur pourra compter sur un salaire. […] On nous représente la démocratie comme essentiellement « jalouse du génie » ; cette jalousie semble aussi platonique que l’a été bien souvent l’amour des gouvernements aristocratiques. […] Quant à croire que l’« américanisme » tient à une forme particulière de gouvernement ou à une marche générale de la civilisation, c’est là une thèse vraiment inadmissible ; il tient simplement au caractère des peuples et s’est rencontré de tous temps dans l’histoire.
Pendant que Charles Labitte écrivait son volume sur la Ligue, le gouvernement faisait imprimer pour la première fois (dans la collection des Documents historiques) les Procès-verbaux des États généraux, réputés séditieux, de 1593 ; cette publication, confiée à M.
« La fortune », dit-il dans cette lettre, « non contente de toutes mes adversités passées, vient, pour me rendre complètement malheureux, de m’enlever cette jeune et charmante femme, mon épouse, et de détruire par cette mort toute espérance de félicité pour moi, le seul soutien de mes pauvres enfants et la seule perspective de consolation qui me restât pour mes vieux jours ; je la pleure nuit et jour et je m’accuse de sa mort, parce que je n’aurais jamais dû, par une vaine ambition de grandeur, ou par un attachement trop grand à mon prince, l’avoir abandonnée ainsi que mes petits enfants et le gouvernement domestique de ma maison, entre les mains non de ses frères, mais plutôt de ses plus cruels ennemis !
XXVI Il s’est formé parmi les savants une nouvelle école qui affecte, comme des sourds et muets, de n’admettre que ce qu’ils touchent et de traiter l’existence et le gouvernement du Créateur avec la plus dédaigneuse indifférence, affectant de tout expliquer sans Dieu et sans mystère.
Un des membres du gouvernement, Aldovrandi, s’intéressa à sa jeunesse, le délivra de sa captivité et lui donna pendant un an l’hospitalité dans son palais.
Le sentiment patriotique, en son âme froide et pratique, devient l’idée du bien public, qui en contient trois autres : extension dans les justes limites, unité sous le pouvoir central, et bon gouvernement du royaume.
Et l’éloquence, quand elle s’y rencontre, y est, en général, moins pompeuse et moins enflée qu’elle ne fut dans les Parlements de la Restauration ou même du gouvernement de Juillet.
Sa Majesté qui donne des royaumes à des étrangers, pourrait bien faire présent d’une île à un de ses anciens serviteurs83, quoique, à vous dire vrai, j’en sois aussi dégoûté que Sancho après son gouvernement.
Les tentatives variées qui se sont multipliées de plus en plus depuis, un siècle, particulièrement dans ces derniers temps, pour répandre et pour augmenter sans cesse l’instruction positive, et auxquelles les divers gouvernements européens se sont toujours associés avec empressement quand ils n’en ont pas pris l’initiative, témoignent assez que, de toutes parts, se développe le sentiment spontané de cette nécessité.
Pour les choses d’art, dont il doit être beaucoup plus préoccupé que des choses sociales et de gouvernement, il exprime des opinions opposées sans qu’on puisse présumer la sienne, et il les exprime comme il décrit les masques d’un bal masqué et leurs costumes.
N’est-ce pas que, dans le monde antique, les générations, au lieu d’être livrées au gouvernement de la raison, n’étaient, aux yeux du philosophe, qu’un océan docile, sillonné douloureusement selon le caprice qu’ils appelaient fatum ? […] On devine bien qu’il ne renferme pas la satire du gouvernement. […] Une femme vieille et passablement laide fait des avances au connétable, et le rappelle du gouvernement d’Italie pour se donner à lui. […] La duchesse humiliée retire au connétable le gouvernement du Milanais, et le ruine. […] Détaché des joies humaines, qu’il ne dédaigne pas, mais qu’il offre en holocauste à son maître divin, Jocelyn revoit pour la dernière fois sa mère et sa sœur, et se consacre avec un dévouement sans réserve au gouvernement et au salut de ses ouailles.
Les dominations succèdent aux dominations ; la folie succède à la folie : et, la longue histoire humaine, c’est toujours l’attente d’un peuple sage, qui évitera l’orgueil, les conséquences de l’orgueil, et qui vivra sous le gouvernement des dieux jaloux. […] Quand il revint des Illinois, Avril de La Varenne porta plainte, lui aussi : « Il est gentilhomme et son épouse est demoiselle ; il a été capitaine dans le régiment de Champagne, où il a servi douze ans ; il n’est passé dans ce pays-là que pour éviter des chagrins que sa famille lui aurait pu faire parce qu’il s’est marié clandestinement et qu’il n’était pas majeur… » On n’était majeur qu’à trente ans pour les mariages… « Il le sera dans deux mois ; il comptait pour lors se remarier dans les formes en ce pays-là ; mais les missionnaires étant prévenus contre lui, et voulant repasser en France, il demande que le gouvernement ne lui en refuse pas la permission… » Le gouvernement répondit : « On ne peut empêcher cet homme de rentrer en France avec sa femme… » Ainsi, le gouvernement reconnaissait le mariage du sieur Avril de La Varenne et de la demoiselle Froget ou Quantin, qui, à ce qui semble, quittèrent bientôt la Louisiane. […] Pour imaginer ce mensonge, il n’a pas besoin de savoir qu’en 1715 Avril de La Varenne et la fille Froget ou Quantin montrèrent un faux billet de mariage ; ou, plus exactement, un billet de mariage secret, irrégulier peut-être et que néanmoins le gouvernement considéra comme valable, en définitive. […] Les idées sont actives et la littérature est influente, oui : mais non pas toutes puissantes, ni seules puissantes ; et, en tout cas, elles ne seraient souveraines que dans la fainéantise des gouvernements.
Mais il trouve que l’instruction publique n’est jamais assez dans la main du gouvernement. […] Il rappelle ces grands abbés d’autrefois qui, tenant la crosse d’une main grasse et blanche, déployaient dans le gouvernement de leur monastère la plus douce énergie et cachaient leur zèle sous leur sourire. […] Bladé nous apprend qu’il vivait d’une très petite pension que lui servirent la Restauration et le gouvernement de Juillet. […] Elle sut obtenir pour lui du faible Constance le titre de César et le gouvernement des Gaules. […] Persuadé que le bonheur des peuples est la fin unique de tout gouvernement équitable, j’ai détesté le pouvoir arbitraire, source fatale de la corruption des mœurs et des États.
M. de Hohen-lohe voit dans la condescendance du gouvernement de Venise pour le « masque national » des motifs politiques surtout à l’époque qui précéda la Révolution française, où le port de la « baüta » fut imposé par une loi à la noblesse vénitienne. […] Or, le gouvernement conservateur craignait et empêchait leur importation autant que possible, se rendant bien compte de l’effet funeste de cette propagande. […] On sait combien la prudence du gouvernement rendait ces rapports difficiles.
Cher B…, ma réponse vous arrivera du fond du gouvernement de Poltava, où nous sommes en train de faire des chasses auprès desquelles celles du nommé Nemrod ne sont que de la Saint-Jean. […] Vous approuvez un acte du gouvernement ? […] À vous de trouver le bon moyen, vous êtes le gouvernement, vous êtes nos intelligences.
Pour revenir à Macbeth, les dix premières années de son règne furent signalées par un gouvernement sage, équitable et vigoureux. […] « Tous ceux qui, nommés gouverneurs ou (comme je puis les appeler) capitaines, achèteront quelques terres ou possessions dans les limites de leur commandement, perdront ces terres ou possessions, et l’argent qui aura servi à les payer. » Il leur est également défendu, sous peine de perdre leurs charges, sans pouvoir être remplacés par personne de leur famille, de marier leurs fils ou filles dans leur gouvernement. […] Mais la marche des quatre premiers actes est simple, rapide, animée ; les événements de l’histoire, plans de gouvernement ou de conquête, complots, négociations, guerres, s’y transforment sans effort en scènes de théâtre pleines de vie et d’effet ; si les caractères sont peu développés, ils sont bien dessinés et bien soutenus ; et le double génie de Shakspeare, moraliste profond et poëte brillant, même dans les formes pénibles et bizarres qu’il donne à sa pensée et à son imagination, y conserve son abondance et son éclat. […] Et d’abord il faut savoir que les deux pièces originales imprimées en 1600 existaient dès 1593, car on les trouve à cette époque enregistrées sous le même titre, et avec le nom du même libraire, dans les registres du stationer, espèce de syndic de la corporation des libraires, imprimeurs, etc., patenté par le gouvernement, et chargé de l’annonce des ouvrages destinés à l’impression.
Un jour, à Moulins, au milieu d’une lecture de piété, « il se tira (c’est elle-même qui parle) comme un rideau de devant les yeux de mon esprit : tous les charmes de la vérité rassemblés sous un seul objet se présentèrent devant moi ; la foi, qui avoit demeuré comme morte et ensevelie sous mes passions, se renouvela ; je me trouvai comme une personne qui, après un long sommeil où elle a songé qu’elle étoit grande, heureuse, honorée et estimée de tout le monde, se réveille tout d’un coup, et se trouve chargée de chaînes, percée de plaies, abattue de langueur et renfermée dans une prison obscure. » Après dix mois de séjour à Moulins, elle fut rejointe par le duc de Longueville, qui l’emmena avec toutes sortes d’égards dans son gouvernement de Normandie.
XIX Si nous étions gouvernement, nous ferions imprimer à des millions d’exemplaires Herman et Dorothée, et nous les répandrions gratuitement dans les villes et dans les campagnes pour édifier en les charmant les veillées des ateliers ou des étables.
Le ministre de l’intérieur, en France, me refuse l’autorisation d’une loterie de souscription qui m’avait été accordée il y a deux ans, et dont j’avais rendu la moitié au gouvernement, disant : « Je n’en ai pas besoin, je ne désire pas m’enrichir, mais payer strictement mes dettes.
Montaigne se plaît dans les vérités d’expérience, les dissemblances individuelles, les contradictions, les fluctuations de l’homme, les particularités et les bigarrures des opinions, des gouvernements, des polices, de la morale ; il cherche à son aise des faits vrais plutôt qu’il ne poursuit la vérité elle-même, pour y trouver une croyance et une règle.
C’était l’ancien paille, foin des régimes déchus, devenu sous la République et depuis le gouvernement de la raison le gauche, droite.
Le règlement, l’usage, l’administration, le gouvernement spirituel et temporel, c’était lui.
Il eût fallu pour cela demander à la cour de Rome une institution canonique dont le gouvernement impérial ne se souciait pas.
Des poètes ont été portés à la direction des affaires publiques par l’admiration de la foule : Lamartine fut un instant le membre le plus en vue du gouvernement provisoire dans la République de 1848.
Je voudrais que l’histoire de la littérature ne devînt pas de l’histoire à propos de littérature ; que les détails qui représentent la société, les mœurs, les gouvernements, fussent le cadre et non le tableau.
On dîne maintenant contre Dieu, comme, du temps des banquets de la Réforme, on dînait contre les gouvernements.
Les sentiments de l’envieux social, les flatteries aux peuples et même aux canailles, — cette aristocratie renversée des peuples, — par ce flatteur de tous les gouvernements, les uns après les autres, et à qui il ne restait plus qu’à flatter cela aussi pour être complet, circulent et respirent dans toutes les pages de ce roman, qui n’est peut-être qu’un prétexte à déclamations pourpensées au lieu d’être un livre d’imagination de bonne foi… Ah !
Tout fonctionne, en effet, avec plus de précision qu’autrefois dans la science comme dans le gouvernement. […] Rome a créé l’unité du gouvernement, elle a fait la place territoriale des pasteurs ; mais c’est la Grèce qui a créé l’unité de l’esprit humain, c’est elle qui a préparé dans le troupeau des âmes la place à la lumière souveraine en qui réside l’autorité des pasteurs. […] Sans parler des conditions qui peuvent influer sur l’imagination proprement dite, c’est-à-dire le climat, l’âge et le tempérament de la race, le plus ou moins de richesse et d’industrie, la vie agricole ou citadine, la jeunesse ou la vieillesse de la langue, l’état des autres arts, la nature du gouvernement et des hiérarchies sociales, mais pour nous attacher surtout aux conditions intérieures, aux conditions morales du sentiment poétique, nous devrons chercher, en appréciant une époque au point de vue de la poésie, le caractère de cette époque sous le rapport de ce que nous avons appelé le respect.
Il vaut la peine de lire la lettre du 13 juin 1718, écrite de verve, débordante de confiance : « L’Espagne est un arbre vigoureux, capable de donner une infinité de fruits ; mais par le mauvais gouvernement s’introduisent toute sorte d’insectes qui dévorent fleurs et fruits à peine formés. » Il y a des flatteurs qui exaltent ce qu’il fait : il faut plutôt s’étonner que personne ne l’ait fait avant lui. Depuis Ferdinand le Catholique, l’Espagne est mal gouvernée : et le voilà qui fait le procès à ce Don Quichotte de Charles-Quint, à cet atrabilaire de Philippe II, à tous les gouvernements, à toute l’organisation politique et administrative. […] Et ce choc éveille la seconde idée d’Alberoni ; c’est l’idée d’un bon gouvernement, telle que peut la former un tempérament d’administrateur, avec tous les instincts, tous les besoins, tous les principes qu’un esprit contemporain met dans ce mot. […] Aujourd’hui, tout va dans un sens, comme en France sous la Régence, et « si, tour à tour cinquante autres princes avaient pris le gouvernement et s’étaient conduits chacun à leur mode, ils auraient de même fini cette régence heureusement ». […] Cela a l’air souvent d’un sot idéalisme, qui risque sans cesse de tout perdre, pour vouloir tout avoir ; mais au fond, il n’y a que ceci : nous ne sommes pas capables d’être gouvernés ; l’autorité nous pèse, et nous sommes pour le gouvernement de demain, qui n’a encore que des phrases, contre celui d’aujourd’hui qui a des actes.
Le roman, ayant un public composé surtout de dames, que leur éducation de « singes sacrés » et de poupées Savantes rend incapables d’une autre nourriture, commence souvent par avoir une fortune folle qui échappe au gouvernement de l’esprit ; la ligue des critiques contre M. […] Sans doute la partie la plus considérable de ce qui a sombré ne méritait pas de survivre ; mais il suffit que d’incontestables chefs-d’œuvre aient disparu avec le reste pour que le gouvernement aveugle du hasard se manifeste ici dans toute son inintelligence, et la démonstration serait plus que complétée par le spectacle des oeuvres qui ont survécu, au contraire, sans que rien les rendît spécialement dignes de cette fortune. […] Les drames politiques de Corneille ont beau être « le bréviaire de l’homme d’État », il est extrêmement douteux que, si le poète avait été mis en demeure de passer de la théorie à la pratique et d’appliquer ses vues dans l’exercice d’un ministère ou d’une principauté, comme le rêvait Napoléon, il s’y fût montré plus apte, moins fauche et empêché que le bon Sancho dans le gouvernement de son île. […] On sait quelle sérieuse idée ce grand homme, si peu soucieux de gloire littéraire, avait de ses devoirs : c’est pour obéir à sa vocation de précepteur du Dauphin et de prédicateur du Roi qu’il a écrit et prêché à la cour ; c’eût été pour obéir à sa vocation d’évêque de Condom qu’il se serait enfermé dans le gouvernement de son évêché et dans la prédication de province. […] Le hasard n’est peut-être, comme le miracle, aux yeux de la raison, qu’un vocable trompeur dissimulant notre ignorance des causes ; mais tel est son rôle apparent dans le gouvernement du monde, que l’imagination serait plutôt tentée d’en faire une divinité toute-puissante qui, ne daignant ni aimer ni haïr les hommes, et pleine à leur égard d’une indifférence souveraine, n’a qu’un amusement et qu’un plaisir : celui de déjouer leur attente, quelle qu’elle soit.
Il révéla aux sujets de la plus ancienne monarchie d’Europe les fondements rationnels du gouvernement et écrivit l’évangile de la politique radicale, et c’est pour cela que la Révolution fut philosophe, pédante et logicienne ; mais c’est peut-être, au bout du compte, parce qu’elle fut ainsi que quelque chose de son œuvre est resté… Que ne fît pas cet homme ? […] Il a des théories troubles, ultra-idéalistes et à la fois simplistes et même grossières, sur l’histoire, sur l’art, sur le gouvernement ; un aristocratisme de plébéien orgueilleux et glouton ; un idéalisme sensuel de gros homme sanguin que son tempérament, tourmente ; et « le culte des héros » ou, pour mieux dire, des « individus forts », parce qu’il en crée, parce que lui-même en est un. […] Le gouvernement se dérobait, protestait qu’il ne s’occupait ici ni de politique, ni d’histoire, qu’il ne voulait que prévenir un tapage dans un endroit public. […] Et je ne chercherai pas à laquelle appartient celui qui vient de parler. » Ainsi le gouvernement a été sauvé précisément par l’argument qu’il répudiait, et parce que la Plaine intimidée a vu dans Thermidor ce qu’il s’était refusé à y voir. Et, — contradiction sur contradiction, — tandis que, sommé, un peu naïvement, de déclarer s’il acceptait la Terreur et 93, le gouvernement répondait que cette question seule était un outrage, il obtenait, par cette déclaration même, licence d’étrangler une pièce dont le seul crime était d’avoir flétri la Terreur !
Il était né pour le gouvernement. […] On trouve dans ce volume des phrases comme celles-ci : « Ce juste sentiment de moi-même, cette proportion exacte entre mes facultés et mes ambitions me poussaient donc invinciblement vers la politique, où je pouvais en déployer une plus grande dose » ; ou comme celle-ci : « Tous les hommes politiques qui avaient appartenu au gouvernement du duc de Richelieu étaient fidèles à ce salon et cultivaient avec désintéressement sa sœur. » — Et à côté on rencontre des lignes comme celles que je vous citais à propos de Thiers, ou comme celles-ci, sur Talleyrand : « Partout où j’ai eu à en parler ou à en écrire, je l’ai fait avec indulgence, admiration et respect. […] Dépossédé de sa chaire sous l’Empire, par la plus sotte des cabales complaisamment suivie par un piètre gouvernement, il refusa la copieuse compensation qu’on lui offrait, avec un « pecunia tecum sit » qui ne manquait pas d’allure.
Ils sont dans la finance, dans l’industrie, dans la science, dans l’enseignement, dans l’armée, dans l’administration, dans la magistrature, au barreau, au Parlement, dans le gouvernement ; Israël est partout ! […] Elle fut jouée le 1er avril 1854, mais sous les plus mauvais auspices ; le bruit s’était répandu dans les brasseries du quartier Latin que la pièce de ce débutant, protégé de l’administration, était une attaque commandée par le gouvernement contre la jeunesse des Écoles. […] Cependant on peut trouver que les théocrates qui rêvent le gouvernement des prêtres sont bien ingrats envers cet homme. […] Lamennais, qui, dans la vaste solitude de son génie luttait ainsi pour la papauté contre le gouvernement royal et le clergé de France, eut la pensée à la fois audacieuse et candide de solliciter du saint-père une approbation qu’on ne devait pas attendre de la prudence romaine. […] Le pape condamnait ses généreux et imprudents défenseurs : soucieux de vivre en bonne intelligence avec les gouvernements, il séparait sa cause de celle des peuples et de la liberté.
Depuis près de deux siècles, aucun gouvernement, aucun système d’enseignement ne l’a retranché des études nécessaires. […] La république des lettres en France pouvait alors se comparer à un État où deux partis, à peu près d’égale force, se disputent le gouvernement.