. — Rappelons-nous que ce terme vient d’un verbe grec qui signifie couper en morceaux. — Dès son entrée dans le monde des écrivains, le Werther-Carabin, comme M. […] C’est celui même de l’étymologie grecque. […] Ce mot, qui vient du verbe grec σχίζω, je divise, désigne la coexistence, dans un même psychisme, de personnalités différentes jusqu’à être irréductibles les unes aux autres. […] Traduisez ce mot, pris ici dans le sens où le prenaient les Grecs. […] Des Italiens, des Espagnols, des Grecs, des Égyptiens, des Arabes, mettent dans telle salle de café, où ils sont à fumer et à bavarder, au coin de Naples, de Barcelone, d’Athènes, du Caire, de Constantinople.
L’abbé Barthélemy devait étaler l’uniformité de son vernis littéraire sur la vérité des mœurs grecques. […] En face du dogme et du culte régnants, on développe, avec une ironie ouverte ou déguisée, ceux des diverses sectes chrétiennes, anglicans, quakers, presbytériens, sociniens, ceux des peuples anciens ou lointains, Grecs, Romains, Égyptiens, Mahométans, Guèbres, adorateurs de Brahma, Chinois, simples idolâtres.
Pinto célèbre juif, le chapelain de la chapelle réformée de l’ambassadeur batave, le secrétaire de M. le prince Galitzin du rite grec, un capitaine suisse calviniste », réunis autour de la même table, échangeaient, pendant quatre heures, leurs anecdotes, leurs traits d’esprit, leurs remarques et leurs jugements « sur tous les objets de curiosité, de science et de goût ». […] À la séance publique de l’Académie des Inscriptions, les femmes du monde applaudissent des dissertations sur le bœuf Apis, sur le rapport des langues égyptienne, phénicienne et grecque.
La plus belle, la plus faible, la plus entraînante et la plus entraînée des femmes ; créant sans cesse, par une irrésistible attraction autour d’elle, un tourbillon d’amour, d’ambition, de jalousie, où chacun de ses amants est tour à tour le motif, l’instrument, la victime d’un crime ; passant, comme l’Hélène grecque, des bras d’un époux assassiné dans les bras d’un époux assassin ; semant la guerre intestine, la guerre religieuse, la guerre étrangère sous tous ses pas et finissant par mourir en sainte, après avoir vécu en Clytemnestre ; puis laissant une mémoire indécise, également défigurée par les deux partis : protestants et catholiques, les uns intéressés à tout flétrir, les autres à tout absoudre, comme si ces mêmes factions qui se l’arrachaient pendant sa vie devaient encore se l’arracher après sa mort ! […] Le français, l’italien, le grec, le latin, l’histoire, la théologie, la poésie, la musique, la danse se partageaient, sous les plus savants maîtres et sous les plus grands artistes, ses études.
Cette littérature puissante et rude comme le climat et comme le temps, n’a rien de commun avec la littérature grecque ou latine, encore moins avec les molles et perverses imitations de la Grèce ou de Rome par l’Italie moderne, par l’Espagne ou par la France jusqu’à Corneille. […] XV La cour de Berlin ressemblait à celle de Denys de Sicile : un roi jeune, vainqueur, absolu, très-élevé par le génie et par l’instruction au-dessus de son peuple, aimable quand il avait intérêt à être aimé, terrible quand il fallait être craint, prince grec au milieu des Teutons demi-barbares, joignant aux élégances d’Athènes les mœurs suspectes de la Grèce, philosophe par mépris des hommes, poëte par contraste avec son rang, réunissait autour de lui une société nomade d’aventuriers d’esprit, fuyant leur patrie et cherchant fortune.
La comédie, qui, chez les Grecs, naquit des vendanges, fleurit encore dans les époques de vie large et facile. […] La découverte de l’imprimerie qui va faire de la lecture un pain quotidien, la résurrection des œuvres grecques et latines qui fait bouillonner dans les cerveaux une sorte d’ivresse, ce grand réveil de la pensée qui s’appelle la Renaissance, cette ardeur de connaître qui, venue d’Italie, se propage dans l’Europe entière, le brusque agrandissement du monde en même temps que du passé, toutes ces secousses profondes et répétées éprouvées par les intelligences ont une répercussion presque immédiate sur le sort de ceux qui cultivent les lettres.
Graces à ses Ouvrages, notre Langue deviendra classique, comme celle des Grecs & des Romains. […] Lorsqu'il a voulu employer celle du raisonnement, il a malheureusement donné dans des bévues qui n'ont pas échappé à nos Théologiens érudits ; ils les lui ont même reprochées amérement, & je suis obligé de convenir avec eux, d'après l'étude particuliere que j'ai faite des Langues anciennes, que M. de Voltaire n'a pas la moindre connoissance de l'Hébreu, qu'il ne fait point le Grec, & qu'il n'a pas puisé dans les sources ses Observations critiques sur Abraham, Moïse, David, Salomon, les Prophetes, les Loix, & les Mœurs Hébraïques ; je doute même qu'il ait jamais lu les Peres de l'Eglise, qu'il cite souvent.
C’est un Grec de fine souche, qui saigne aussi bien qu’il plume, et tient une rapière de spadassin au bout de sa main d’escamoteur. […] Sur quoi, la courtisane lui promettait de brocanter ce mariage, et le Grec, en retour, jurait de se taire.
Si vous preniez le récit qui est le fond du livre, à part de ces nauséabondes dissertations qui ne peuvent agir que sur des Bélises et des Philamintes : … Du grec ! […] Il sait du grec, ma sœur !
Le Fragment d’Alcée n’est que du grec transparent et pour la forme.
Il savait du grec ; mais ce qu’il savait à fond, admirablement, ce qu’il savait comme une langue naturelle, c’était le latin, toutes les sortes de latin, celui de Cicéron comme celui des Pères, de Tertullien et de saint Augustin.
Un autre Mémoire, couronné l’année suivante, sur l’Étude du grec dans l’Occident au Moyen Age, n’a pas encore été publié.
C’est également quelque chose de fort, de noble, de nu, de roide, de sec et de décharné, de grec et d’académique, un retour laborieux vers le simple et le vrai.
Qui aurait soutenu naguère que les Grecs appliquaient des couleurs vives sur certaines parties de leurs statues et de leurs temples, on eût ri de son absurde croyance : on lui eût répondu qu’évidemment ce badigeonnage était indigne du sentiment esthétique de ce peuple d’artistes, qu’ils ne pouvaient pas gâter ainsi la pure blancheur du marbre, si simplement belle : cela était évident alors, et pourtant c’était faux ; et les faits sont venus depuis témoigner en faveur de la polychromie.
Dans ses belles études sur la Philosophie de l’art, Taine, procédant toujours, comme il a dit, en naturaliste, suit dans la sculpture grecque, dans la peinture et la sculpture italiennes, dans la peinture des Pays-Bas, l’action déterminante de la race, du milieu et du moment.
Il viole la jeune Grecque Hébé, puis, l’ayant donnée pour femme à l’esclave germain Faustus, la lui enlève contre la foi jurée.
Il parlait cinq langues outre l’italien : le français, l’espagnol, l’esclavon, le grec et même le turc.
Matthieu (XIV, 3, dans le texte grec) et Marc (VI, 17) veulent que ce soit Philippe ; mais c’est là certainement une inadvertance (voir Josèphe, Ant., XVIII, v, 1 et 4).
Cette théorie du[Greek : Logos] ne renferme pas d’éléments grecs.
Des prosélytes parlant grec, qui étaient venus à la fête, furent piqués de curiosité, et voulurent voir Jésus.
Mais la tragédie grecque n’avait ni les dédains, ni les dégoûts de la nôtre ; des accidents intimes, des traits de nature familiarisaient sa sublimité.
Les cœurs s’ouvrent sans défiance, ils se soudent tout de suite… » Est-ce Bernardin de Saint-Pierre encore qui dans cette scène, jolie d’ailleurs, où Graziella, pour mieux plaire à celui qu’elle aime, essaie de revêtir la robe trop étroite d’une élégante de Paris, est-ce lui qui viendrait nous dire, après les détails sans nombre d’une description toute physique : « Ses pieds, accoutumés à être nus ou à s’emboîter dans de larges babouches grecques, tordaient le satin des souliers… » Ce défaut, dont je ne fais que toucher quelques traits, est presque continuel désormais chez M. de Lamartine ; il se dessine et reparaît à travers les meilleurs endroits.
Le théâtre grec, qui est le théâtre classique, l’a fait, Shakespeare, qui est le théâtre romantique, l’a fait ; eh bien !
Il est aisé de voir que le théâtre contemporain a, bien ou mal, frayé sa voie propre entre l’unité grecque et l’ubiquité shakespearienne.
La premiere est nécessaire pour la lecture des anciens historiens Grecs & Latins.
Cent femmes de formes diverses peuvent recevoir le même éloge ; mais il n’en était pas ainsi chez les Grecs.
Chose étonnante, ce joufflu Gaulois, aux joues roses, avait un profil grec très pur ; et c’est pour cela probablement que ses compagnons du collège l’appelaient « Niobé ».
Est-ce grec ?
Viélé-Griffin, et à certaines de ses évocations grecques, si légères et souples.
Cette idée digne des anciens Grecs, qui croyaient que le génie des grands hommes veillait toujours au milieu d’eux, et que leur âme était présente parmi leurs concitoyens pour animer et soutenir leurs travaux, est peut-être le plus bel hommage qui ait été rendu au législateur de la Russie.
Dans l’espace de quatre ans, il apprit non seulement les langues grecque et latine, mais les quatre langues vivantes qui se parlent autour de nous, je veux dire les langues allemande, anglaise, italienne et espagnole. […] Guizot nous répète avec complaisance tout ce que nous avons lu mainte et mainte fois sur les premiers temps du théâtre grec, sur les origines du théâtre en Europe, sur les mystères du moyen âge, si bien que, parvenu à la moitié de sa course, il n’a pas encore dit un mot de Shakespeare. […] Il parle avec tant de complaisance, je pourrais dire avec tant de bonheur et d’orgueil, des faits qu’il a recueillis sur le théâtre grec, sur le théâtre européen, que le théâtre anglais n’est plus qu’un point dans la discussion. […] Il aurait trouvé dans cette comparaison l’occasion toute naturelle de montrer en quoi le génie antique diffère du génie moderne ; il aurait pu insister sur la simplicité qui caractérise le génie grec, et cependant signaler de nombreuses analogies entre le poète d’Athènes et le poète de Stratford. […] Guizot ne soit versé ni dans la philosophie orientale, ni dans la philosophie grecque, ni dans la philosophie du moyen âge.
Il n’osa plus lire de grec : involontairement, et avec un art quasi pervers, il le modifiait. […] Vite, ils vous ont tiré du grec, ou de l’anglais, ou de leur imagination si prompte à jargonner, de soudaines syllabes. […] Donnay trouve du romantisme dans l’histoire grecque et la romaine ; il en trouve dans la Bible ; et il en trouve dans la nature. […] Mais il compare aussi à un fronton de temple grec le front d’Hugo ! […] Au collège, Lafcadio connut un certain Protos, qu’on surnommait ainsi, sachant le grec, pour une place de premier qu’il obtint.
Son pèlerinage grec conduit M. […] Et les dernières phrases, alors, du matin grec et du matin d’Afrique se lèvent symétriques. […] Bremond peuvent évoquer Platon et Malebranche, voire les racines grecques, — et, en somme, un pays des honnêtes gens. […] Pour le philosophe au contraire la référence ordinaire aux Grecs, la préoccupation des Grecs, devient indispensable. […] Et ce jeu (qu’il soit de l’oie ou de l’aigle de Jupiter) est renouvelé des Grecs.
C’est un mystique à cravache ; c’est lui qui a écrit l’Homme-Femme, et à cause de cela, j’ai bien envie de lui pardonner, tant je suis surpris et ravi de voir ce que sont enfin devenus dans la comédie moderne le chœur du théâtre grec et l’Ariste de Molière ! […] Mais, en outre, pour chanter Éros et Lyaos (traduction bourgeoise : « le vin et les belles »), ce n’est pas la même chose d’être un Grec païen de l’Archipel, ou d’être un homme d’aujourd’hui, peut-être un notaire, et qui a été baptisé. […] Seulement, les clercs des temps passés l’expliquaient par le diable, au lieu que les ahuris de la science contemporaine l’expliquent par des mots tirés du grec. […] Simplement qu’il n’y a de poésie pour lui que la poésie épique et lyrique, — et de poésie épique et lyrique que celle des Indous et des Grecs. […] On les a d’abord dispensés de tous les exercices difficiles, tels que le discours latin, les vers latins, le thème grec.
Un professeur de grec joue au golf, très mal. Le marqueur dit : « Tout le monde peut enseigner le grec ; mais pour jouer au golf, il faut de la tête. » Le professeur sourit de tout son cœur. […] — Renouvelé des Grecs et de Monsieur Vautour. […] Prenez cinq ou six tragédies de Corneille au point de vue du groupe sculptural ou du tableau, comme j’ai fait (trop rapidement) pour les tragiques grecs. […] » Je ferai remarquer d’abord que dans leurs Polyeuctes, dans les Polyeuctes du dix-septième siècle, les vieux Grecs sceptiques et les vieux Romains brutes ne pouvaient rien devenir du tout, les Grecs ni les Romains n’ayant jamais traité le sujet de Polyeucte, et du reste, Polyeucte étant un Arménien.
… (Ainsi, un Grec charmant disait que Socrate n’était pas mort : serait-il mort après sa vie ? […] L’épopée grecque est « organique », « dynamique », quoi encore ? […] Mais on veut dire davantage, quand on ajoute : « les peuples grecs furent eux-mêmes cet Homère ». […] Son œuvre n’est assurément pas la première qui ait été écrite en grec. […] Et, ainsi, la splendeur du poème homérique coïnciderait avec le « recoupement » de la tradition grecque et de l’influence phénicienne.
À propos du beau livre de Victor Brochard sur les Sceptiques grecs, M. […] Il répondait : « C’est que la vie et la mort sont tout de même indifférentes. » Un Grec de Byzance lui composa une épitaphe ; car il mourut cependant : « Es-tu mort, Pyrrhon ? […] C’est ce que faisaient les Grecs. […] Or, un tel idéal de pensée et d’art vient de l’antiquité grecque et, par l’intermédiaire de Rome, il s’est répandu dans l’univers. […] À présent, ce ne sont plus le grec et le latin qui mettent en péril notre langue ; et les sévérités de Boileau ne seraient plus si opportunes, il aurait d’autres sévérités.
La peine qu’il se donna de déguiser leurs noms ne fit que prêter de nouvelles forces à la malignité, puisqu’il leur en donna qui, tirés du grec, marquaient le caractère, les défauts, les ridicules de chacune de ses victimes. […] Molière l’appelle Fillerin : ce nom, composé de deux mots grecs, et qui signifie ami de la mort, se rapporte très bien à ce que le personnage dit lui-même : Ceux qui sont morts sont morts, et j’ai de quoi me passer des vivants. […] Euripide et Archippus avaient traité ce sujet chez les Grecs, Plaute le transporta sur le théâtre de Rome, et c’est la pièce de ce dernier que notre auteur a imitée ; il lui doit tant de choses, que nous ne pouvons nous dispenser d’en faire un extrait un peu étendu. […] Les Grecs les aimaient beaucoup, et Platon, à l’heure de sa mort, avait sous son chevet celles de Sophron. […] Le genre. — Farce d’intrigue, et tout à fait dans le genre des mimes grecques et romaines.
La seule question qui leur fut livrée, la question des universaux, si abstraite, si sèche, si embarrassée par les obscurités arabes et les raffinements grecs, pendant des siècles, ils s’y acharnèrent. […] Cette conception, infiniment compliquée et subtile, œuvre suprême du mysticisme oriental et de la métaphysique grecque, si disproportionnée à leur jeune intelligence, ils vont s’user à la reproduire, et, par surcroît, accabler leurs mains novices sous le poids d’un instrument logique qu’Aristote avait construit pour la théorie, non pour la pratique, et qui devait rester dans le cabinet des curiosités philosophiques sans jamais être porté dans le champ de l’action. « Si220 la divine essence a engendré le Fils ou a été engendrée par le Père. — Pourquoi les trois personnes ensemble ne sont pas plus grandes qu’une seule ? […] Gower, un des plus savants hommes de son temps225, suppose « que le latin fut inventé par la vieille prophétesse Carmens ; que les grammairiens Aristarchus, Donatus et Didymus réglèrent sa syntaxe, sa prononciation et sa prosodie ; qu’il fut orné des fleurs de l’éloquence et de la rhétorique par Cicéron ; puis enrichi de traductions d’après l’arabe, le chaldéen, et le grec, et qu’enfin, après beaucoup de travaux d’écrivains célèbres, il atteignit la perfection finale dans Ovide, poëte des amants. » Ailleurs, il découvre qu’Ulysse apprit la rhétorique de Cicéron, la magie de Zoroastre, l’astronomie de Ptolémée et la philosophie de Platon.
Aucun ne vous laissera dans l’âme cette harmonie paisible du beau antique que les Grecs, ou les Latins, ou les Indous appelaient la beauté suprême, parce qu’elle était à la fois vérité et volupté, et qu’elle produisait sur le lecteur un effet divin et éternel sentiment de l’âme à tout ce que l’on désire, qui la remplit sans la laisser désirer rien de plus, ivresse tranquille où les rêves mêmes sont accomplis, et où le style, où l’expression ne cherche plus rien à peindre, parce que tout est au-dessus des paroles. […] Tels ont été les Égyptiens dans leur décadence, les Grecs du Bas-Empire ; et tels sont, de nos jours, les Indiens, les Chinois, les Grecs modernes, les Italiens, et la plupart des peuples orientaux et méridionaux de l’Europe.
J’en ai vu un, riche de trente millions, qui le dimanche, dans son école, enseignait à chanter aux petites filles ; lord Palmerston offre son parc pour les archery meetings ; le duc de Marlborough ouvre le sien journellement au public « en priant (le mot y est) les visiteurs de ne pas gâter les gazons. » Un ferme et fier sentiment du devoir, un véritable esprit public, une grande idée de ce qu’un gentleman se doit à lui-même, leur donne la supériorité morale qui autorise le commandement ; probablement, depuis les anciennes cités grecques, on n’a point vu d’éducation ni de condition où la noblesse native de l’homme ait reçu un développement plus sain et plus complet. […] Ces hautes maisons en pierres massives, chargées de péristyles, de demi-colonnes, d’ornements grecs, sont le plus souvent lugubres ; les pauvres colonnes des monuments semblent lessivées à l’encre.
Les républiques grecques de la Campanie, comme Amalfi, Tarente, Salerne, Crotone, s’étaient fondues dans le royaume de Naples ; les Visconti régnaient à Milan ; Ferrare, Modène et Reggio étaient soumis à la maison d’Este ; Faënza, aux Manfredi ; Imola, aux Alidosi ; Rimini et Pesaro, aux Malatesti ; la Lombardie, moitié aux Vénitiens, moitié aux ducs de Milan ; Mantoue, à la maison de Gonzague ; les Florentins ne possédaient que les vallées de l’Arno ; Pise, Lucques et Sienne florissaient en républiques. […] Dans cette mêlée de races barbares greffées sur l’antique sol italien, dans cet amalgame de Grecs, Byzantins ou Campaniens, de Sicules, de Lombards, d’Étrusques, de Liguriens, de Vénètes, d’Allobroges, de Germains, de vieux Romains ayant oublié jusqu’aux noms de leurs ancêtres, gouvernés par un pontife dont la capitale est une Église sur le tombeau du pêcheur de Galilée ; dans cette confusion de la théocratie donnant des lois au temps au nom de l’éternité, d’aristocraties féodales comme Venise, de comptoirs souverains comme Gênes, d’ateliers républicains comme Florence, de monarchies aventurées et nomades comme le royaume de Naples, de tyrannies fortifiées dans des repaires de brigands plus ou moins policés et gouvernés par l’assassinat : Lucques, Pise, Bologne, Parme, Modène, Reggio, Ferrare, Ravenne, Milan, Padoue ; de cités municipales régies par des citoyens et envahies par des incursions de barbares des Alpes, telles que Turin et toutes les provinces cisalpines, sous les serres des comtes de Savoie, des marquis de Montferrat ou des châtelains du Tyrol, qui peut reconnaître l’Italie des Romains, celle des Scipions, l’Italie des Césars ?
Or voici qu’à côté du miracle juif venait se placer pour moi le miracle grec, une chose qui n’a existé qu’une fois, qui ne s’était jamais vue, qui ne se reverra plus, mais dont l’effet durera éternellement, je veux dire un type de beauté éternelle, sans nulle tache locale ou nationale. […] » Te rappelles-tu ce jour, sous l’archontat de Dionysodore, où un laid petit juif, parlant le grec des Syriens, vint ici, parcourut tes parvis sans te comprendre, lut tes inscriptions tout de travers et crut trouver dans ton enceinte un autel dédié à un dieu qui serait le Dieu inconnu.
Fagon de ce qu’il parle de médecine d’une manière si simple et si intelligible qu’on croit voir les choses qu’il explique : un médecin de village veut parler grec. » Dans le texte actuel des lettres de Mme de Maintenon telles que nous les possédons enfin, sans les altérations de La Beaumelle, il nous est permis, à notre tour, de juger avec plus d’assurance de sa façon de dire et d’écrire.
Le même jour j’avais vu le sculpteur Fogelberg, ce Suédois tout grec, dont l’œil se mouillait de larmes en nous montrant l’Apollon au Vatican et les contours lointains des paysages d’Albano.
Sur tous les points de la querelle, Perrault et Fontenelle qui lui vint promptement en aide me paraissent avoir raison, — sur tous, excepté un seul, l’art grec, la poésie et peut-être l’éloquence.
Et le héros grec Diomède, parlant d’Énée dans Virgile, et voulant donner de lui une haute idée : « Croyez-en, dit-il, celui qui s’est mesuré avec lui !
Puisqu’il avait ailleurs rappelé les Grecs, que n’a-t-il rapproché ici de cette scène douloureuse et saignante la scène de l’Hippolyte mourant, dans Euripide, où l’on voit Diane, la chaste vierge, mais qui n’a pas été mère, ne pouvoir veiller et assister jusqu’à la fin, jusqu’au dernier soupir, le mortel même le plus chéri et qu’elle a le plus favorisé !
. — Mêlant des idées mystiques et des pensées de l’ordre providentiel à ses observations d’homme politique, il voyait, l’année suivante (1812) et lors de la gigantesque expédition entreprise pour refouler la Russie, il voyait, disait-il, dans « cette réunion monstrueuse » de toutes les puissances de l’Europe entraînées malgré elles dans une sphère d’attraction irrésistible et marchant en contradiction avec leurs propres intérêts à une guerre où elles n’avaient rien tant à redouter que le triomphe, « un caractère d’immoralité et de superbe, qui semblait appeler cette puissance vengeresse nommée par les Grecs du nom de Némésis » et dont le spectre apparaît, par intervalles, dans l’histoire comme le ministre des « jugements divins. » Il lisait après l’événement, dans l’excès même des instruments et des forces déployées, une cause finale providentielle en vue d’un résultat désiré et prévu : car telle grandeur d’élévation, telle profondeur de ruine.
Il est bon grec, bon latin ; son français est le plus pur, quelquefois élevé, quelquefois médiocre, et presque toujours rempli de nouveauté.
Les auteurs allemands qui trouveraient au fond de leur âme tout ce qui peut émouvoir les hommes de tous les pays, mêlant ensemble la mythologie grecque et la galanterie française, se font un genre où la nature et la vérité sont évitées avec un soin presque scrupuleux.
De l’Italie, et de l’antiquité, même de l’antiquité grecque qu’il eut le rare talent de percevoir à travers les insuffisantes traductions, il a tiré son goût délicat, et ce sens de la forme, ce besoin d’une perfection difficile, qui ont réglé l’emploi de ses facultés poétiques : c’est par là qu’il est devenu un artiste, et qu’il a travaillé sa matière en œuvre d’art.
Musset et Gautier717, d’une autre génération de collégiens, furent, selon la diversité de leurs natures, plus imprégnés, l’un de classicisme et l’autre d’antiquité ; et si le moment vint, après le débordement des fantaisies moyen âge, où l’on se reprit à traiter des sujets grecs ou romains selon l’art romantique, la restauration des études universitaires y fut pour quelque chose.
Fages examine la société grecque, la société romaine, celle du Moyen Âge, puis du xviie siècle et montre que dans ces sociétés l’unité morale n’a jamais été véritablement réalisée.
Elle avait donné naissance chez les Grecs à la doctrine de la Némésis.
Comme les Grecs réduisirent à la beauté humaine les effroyables divinités cosmiques, elle ramène cette métaphysique de pessimisme et d’abstention écrasée à une psychologie presque optimiste et vaillante.
Aurélien Scholl fit là ses débuts ; il était alors d’un pessimisme furibond et faisait précéder ses chroniques toutes en alinéas, d’épigraphes naïvement latins ou grecs.
Il se déclare, sans balancer, pour la méthode des divisions recherchées ; usage que méprisèrent les Grecs & les Romains ; que les Anglois, ennemis de toute contrainte, n’ont pas manqué de secouer ; & dont, en dernier lieu, s’est éloigné parmi nous un prélat, capable, par sa grande réputation & par son exemple, de réformer nos idées à cet égard, & de hâter les changemens desirés dans l’éloquence chrétienne.
Franck ; les Etudes de philosophie grecque, de M.
Joignons à ces remarques la refléxion qu’on fait ordinairement, qu’il y a des nations dont le naturel est plus sensible que celui d’autres nations, et l’on n’aura pas de peine à comprendre que des comédiens qui ne parloient point pussent toucher infiniment des grecs et des romains, dont ils imitoient l’action naturelle.
Croit-on que notre poésie, avec ses rimes, ses hémistiches toujours semblables, l’uniformité de sa marche, et, si on l’ose dire, sa monotonie, puisse représenter la cadence variée de la poésie grecque et latine ?
Aussi le drame antique fut-il une tragédie toute nationale ; et la comédie grecque, tirant ses principales inspirations des événements de la vie publique, ne dépassa-t-elle guère les limites de la comédie politique. […] La poésie grecque. quand elle descend des cimes éblouissantes de l’Olympe, dédaigne d’aventurer son pied de déesse dans les couches souterraines du monde ancien ; elle oublie de toucher les cordes basses de sa lyre, et le théâtre, au lieu de réfléchir la vie, sert de miroir à l’histoire ou de cadre à l’épopée. […] C’est ici le lieu de marquer l’éternel point de contact qui rapproche les théâtres en apparence les plus dissemblables le théâtre des Grecs et le théâtre de Louis XIV, celui de Shakespeare et celui des Allemands. […] Mademoiselle Judith a la suavité de contours et la pureté linéaire d’un chef-d’œuvre de l’art grec. — Mais il lui manque cette expression de divin contentement et d’auguste sérénité qui rayonne dans les créations du ciseau païen. […] Les Grecs, nos maîtres en bien des choses, ne l’avaient pas compris autrement.
. — Ceux-ci, au nom du romantisme, ont blasphémé les Grecs et les Romains : or on peut faire des Romains et des Grecs romantiques, quand on l’est soi-même. — La vérité dans l’art et la couleur locale en ont égaré beaucoup d’autres. […] Sans compter les grands types que la nature a distribués sous les différents climats, je vois chaque jour passer sous ma fenêtre un certain nombre de Kalmouks, d’Osages, d’Indiens, de Chinois et de Grecs antiques, tous plus ou moins parisianisés. […] Quant à l’habit, la pelure du héros moderne, — bien que le temps soit passé où les rapins s’habillaient en mamamouchis et fumaient dans des canardières, — les ateliers et le monde sont encore pleins de gens qui voudraient poétiser Antony avec un manteau grec ou un vêtement mi-parti.
Vaut-il mieux, supposer que le faux Démétrius était un jeune homme élevé par les jésuites tout exprès pour ce rôle dont il s’est si bien acquitté, et dans l’espoir qu’une fois maître de la Russie il y installerait la religion catholique sur les ruines du schisme grec ? […] Cette simplicité archaïque, acceptée de temps immémorial dans les sujets grecs ou romains, pouvait-elle être admise entre personnages revêtus de pourpoints et de cottes de mailles ? […] Si le succès n’en a pas été plus décisif, c’est que notre prétendu retour vers l’antiquité grecque et homérique n’est, hélas ! […] Vous ne réussirez pas mieux à faire de ces fouilles archaïques une création nouvelle et vivante que lord Elgin n’eût réussi à créer, sous le ciel britannique, un monument grec a l’aide des fragments de statues et de bas-reliefs que lui livraient l’Attique et l’Ionie. […] Qu’importe maintenant qu’Héloïse cite du grec et du latin, invoque à l’appui de son opinion les philosophes païens et les Pères de l’Église, appelle son fils Astrolabe, et mêle sans cesse ses souvenirs de savante à ses sentiments d’héroïne ?
Le Grec des bucoliques a fait place au païen de la Renaissance hospitalisé à la cour de Ludovic le More. […] La poésie de celui-ci remonte aux sources mêmes du lyrisme, elle est donc aussi grecque que française, c’est-à-dire complète. […] Le mouvement crée la beauté dynamique, de quoi est fait l’art gothique et contemporain, par opposition à l’art statique ou harmonieux des Grecs et des Romains. […] L’harmonie des Grecs est faite avec de l’espace, des nombres, des racines ; elle est immobile. […] Alors que les Grecs ont fait de la statuaire leur « art central », l’Occident si profondément chrétien a cherché dans la peinture son riche langage.
La littérature grecque nous paraît si imposante surtout parce qu’elle est le fragment d’un fragment ; les grands chefs-d’œuvre ont seuls survécu ; il ne reste pas de morceaux médiocres pour déposer contre leur témoignage. […] Prenons parmi les grands auteurs de l’antiquité grecque un exemple de ces jugements esthétiques presque tout entiers factices et conventionnels. […] Des deux cent trente-trois discours authentiques de Lysias il en reste une trentaine, et des six cents tragédies grecques mentionnées tout à l’heure, trente-deux, et des trois cent cinquante poètes tragiques, trois. […] En somme, quand on évalue aux trois quarts de son riche bagage le naufrage littéraire de l’antiquité grecque et latine, il est probable qu’on exagère beaucoup… la portion sauvée. […] ou, pour user d’une pittoresque image des Grecs, quel bœuf un Pierre l’Hermite aurait eu sur la langue au siècle de Voltaire !
N’oublions point, d’abord, que l’humanisme avait toujours existé ; que, si haut qu’on remonte dans le moyen âge, on trouve la littérature grecque et la littérature latine connues et imitées. […] Il y a vécu d’une vie ample, large et joyeuse comme un athlète grec vivait de la vie du corps. […] À vingt ans, il avait tous ses instruments en main, le latin, le grec, l’allemand, l’anglais et l’habitude de recueillir des faits. […] Les sonnets les plus ravissants de ce volume, à mon gré, sont dans la partie intitulée : Épigrammes et Bucoliques (épigramme dans le sens grec du mot). […] André Chénier était à moitié Grec et venait chez nous chanter en français ; M. de Heredia est de sang espagnol, mêlé de sang français.
Il y a des Classiques qui ne sachant pas le grec se ferment au verrou pour lire Homère en français, et même en français ils trouvent sublime ce grand peintre des temps sauvages. […] Depuis que M. de Châteaubriand a défendu la religion comme jolie, d’autres hommes avec plus de succès ont défendu les rois comme utiles au bonheur des peuples, comme nécessaires dans notre état de civilisation : le Français ne passe pas sa vie au Forum comme le Grec ou le Romain, il regarde même le jury comme une corvée, etc. […] Pédant assez mince de son vivant, car il ne savait pas le grec et peu le latin, et dans la littérature française ne se doutait pas de ce qui a précédé Boileau, il est devenu un père de l’église classique, voici comment.
[NdA] C’est le même sentiment qu’exprime héroïquement Hector (au commencement de la tragédie de Rhésus d’Euripide), lorsqu’on vient l’éveiller de nuit pour lui annoncer que le camp des Grecs s’illumine de tous côtés de feux, ce qui est probablement le signal du départ : « Ô mauvais génie, s’écrie-t-il, qui m’arrache mon festin de lion au plus beau moment, avant que j’aie pu exterminer, balayer l’armée des Grecs tout entière avec cette lance que voilà !
L’oncle leur parla alors d’un savant qu’il connaissait dans le quartier Saint-Jacques, un ancien prêtre qui s’était marié à la Révolution, et qui avait siégé à la Convention II donnait aujourd’hui des leçons de latin et de grec (on était en 1818), et il élevait lui-même son fils, qui avait reçu de lui une très bonne éducation. […] Sur l’ordre de son père, il monta sur la table et déclama, sans se tromper, tout un chant d’un poème antique latin ou grec (M.
Et il oubliait qu’il écrivait ces appels à la persécution dans le sein d’un empire et d’un culte grecs, où le prélat et le souverain auraient eu, d’après ses propres invocations à la tyrannie des esprits et des consciences, le devoir de le supplicier lui-même comme voleur domestique, car il ne cessait pas de prêcher à haute voix l’orthodoxie romaine au milieu de l’hérésie grecque !
X Telle m’apparut dans ce coup d’œil la femme qui causait en se retirant avec la duchesse de Devonshire ; à peine eus-je le temps de voir, comme on voit des groupes d’étoiles dans un ciel de nuit, un front mat, des cheveux bais, un nez grec, des yeux trempés de la rosée bleuâtre de l’âme, une bouche dont les coins mobiles se retiraient légèrement pour le sourire ou se repliaient gravement pour la sensibilité ; des joues ni fraîches ni pâles, mais émues comme un velours où court le perpétuel frisson d’un air d’automne ; une expression qui appelait à soi non le regard, mais l’âme tout entière ; enfin une bonté qui est l’achèvement de toute beauté réelle, car la beauté qui n’est pas par-dessus tout bonté est un éclat, mais elle n’est pas un attrait. […] Deux de mes sœurs, très belles, qui avaient accompagné ma mère dans ce voyage et qui assistaient, modestes et rougissantes, à cet entretien, comme deux cariatides grecques dans un salon de Paris, ne nuisirent pas à l’impression reçue ce jour-là par la reine de beauté d’un autre âge.
Elle créait, au lieu de la monarchie classique et plagiaire des lettres grecques et latines, la république du génie. […] « Les Allemands n’ont pas plus que nous de poëme épique ; cette admirable composition ne paraît pas accordée aux modernes, et peut-être n’y a-t-il que l’Iliade qui réponde entièrement à l’idée qu’on se fait de ce genre d’ouvrage : il faut pour le poëme épique un concours singulier de circonstances qui ne s’est rencontré que chez les Grecs, l’imagination des temps héroïques et la perfection du langage des temps civilisés.
Mais il ne s’en tient pas là, il va jusqu’à dire que Lohengrin a une signification comparable pour nous, à celle qu’avait pour les Grecs Antigone, au moment où le génie de Sophocle conçut cette tragédie. […] Voilà pourquoi Lohengrin, ce héraut de l’avenir, qui veut être deviné par le sentiment, est aussi peu compris de nous que ne le fut des Grecs Antigone, quand, aux lois de leur cité, elle opposait celles du cœur humain.
Et comme Berthelot lui oppose les siècles grecs, je ne puis m’empêcher de lui dire : « Allez, vous aurez beau chercher dans ces siècles, vous ne rencontrerez pas un siècle, où se trouvent un bout de règne d’un Louis XIV, et un 93. » Mercredi 20 février Quelqu’un racontait avoir connu un fils, qui pour faire manger son père, tombé en enfance, était obligé de le menacer, de faire claquer un fouet de poste, et ce monsieur disait qu’il était arrivé à désirer la mort de son père, tant il souffrait de ce supplice de tous les jours. […] Ils n’ont pas davantage observé que la cervelle d’un artiste occidental, dans l’ornementation de n’importe quoi, ne conçoit qu’un décor placé au milieu de la chose, un décor unique ou un décor composé de deux, trois, quatre, cinq détails se faisant toujours pendant et contrepoids, et que l’imitation par la céramique actuelle, du décor jeté de côté sur les choses, du décor non symétrique, entamait la religion de l’art grec, au moins dans l’ornementation.
Homais rapporte à sa famille, sa gloriole de père infatué, le bonnet grec, la politique, les joies solitaires en un métier d’agrément, sont complaisamment décrits. […] « Il suivait les laboureurs et chassait à coups de mottes de terre les corbeaux qui s’envolaient. » Et même Homais, l’homme au bonnet grec, dans une colère pédante contre son apprenti, en vient à être désigné par une réflexion ainsi conçue : « Car, il se trouvait dans une de ces crises où l’âme entière montre indistinctement ce qu’elle renferme, comme l’Océan qui dans les tempêtes s’entrouve depuis les fucus de son rivage jusqu’au sable de ses abîmes. » D’autres échappatoires sont plus légitimes et moins caractéristiques.
Barthélemy Saint-Hilaire, sont, chez le peuple indien lui-même, le fondement, le point de départ d’une littérature qui est plus riche, plus étendue, si ce n’est aussi belle que la littérature grecque. » Quant à nous, nous la trouvons mille fois plus belle ; car cette littérature est plus morale, plus sainte et pour ainsi dire plus divinisée par la charité qu’elle respire : c’est la littérature de la sainteté ; celle des Grecs n’est que la littérature des passions.
… Lorsque ce bel esprit de l’histoire, plus femme qu’homme, il est vrai, dans ses facultés, introduisait une imagination vive et jeune alors dans l’âpre domaine qu’il se chargeait de cultiver, et que nous lui laissions nouer, comme à un bel enfant grec, l’éclatant feston autour du chapiteau sévère, nous doutions-nous que le temps viendrait où, flétrie par les partis et parlant leur langage, cette imagination n’aurait plus souci, nous ne disons pas de la Vérité, — amour trop fort et trop viril pour elle, — mais de la Forme même dont elle était la noble esclave, et qu’elle la perdrait comme on perd tout, — en s’abaissant ? […] Pour les esprits qui ne passent pas leur vie à couper en quatre des fils de la Vierge avec de microscopiques instruments, il n’y a que trois femmes en nature humaine et en histoire : La femme de l’Antiquité grecque, — car la matrone romaine, qui tranche tant sur les mœurs antiques, n’est qu’une préfiguration de la femme chrétienne, — la femme de l’Évangile et la femme de la Renaissance, pire, selon nous, que la femme de l’Antiquité, pire de toute la liberté chrétienne dont la malheureuse a si indignement abusé.
Mûtnet a appelé un vrai séminaire laïque ; toutefois il est évident que, s’ils avaient été par tempérament un peu moins Grecs et plus Romains, s’ils s’étaient moins préoccupés du problème de la destinée humaine et un peu plus du salut immédiat de la patrie, au lieu d’entrer en ce séminaire qui les exemptait de porter les armes, ils auraient volé à la frontière et eussent fait la campagne de 1814.
Les sciences accessoires à la médecine, telles que la chimie, l’anatomie, l’histoire naturelle, y étaient surtout très négligées : mais on y savait tout ce que les Grecs, les Latins et les Arabes ont écrit sur ces divers sujets ; et, si l’on y avait connu la nature aussi bien que les livres, M.
Toutefois c’est encore dans les exemplaires grecs et latins, ou dans les productions chrétiennes appartenant à des âges plus doux, qu’on retrouve le genre de beautés le plus direct, le plus naturel et, pour nous, le plus aisé à sentir, le plus exempt de toutes les ligatures et de tous les emboîtements pédantesques qui, en le reconstituant, ont déformé à de certains siècles et mis à la gêne l’esprit humain.
À toute heure, en tout temps, je tiens entre les mains Les ouvrages fameux des Grecs et des Romains.
Tite-Live, pour l’histoire, a fait comme les Romains dans tous les genres littéraires : il a eu les Grecs sous les yeux ; il s’est dit qu’il les fallait imiter, et, s’il se peut, égaler.
Il m’explique en grec et en latin « les doux, résistants et amoureux délais » de notre grand-mère Ève.
Un jeune Grec, disciple de Théocrite ou de Moschus, n’eût pas mieux dit que ce jeune lévite qui semblait en quête d’un apôtre.
Pourquoi n’avoir point placé en tête de ces deux volumes un court abrégé de la constitution, de l’histoire politique de Genève au xviiie siècle, un petit tableau résumé des luttes, des querelles et guerres civiles entre les différentes classes, entre les citoyens et bourgeois, membres de l’État, parties du souverain, et les natifs exclus, tenus en dehors et revendiquant des droits ; querelles du haut et du bas, de patriciens et de plébéiens, renouvelées des Grecs et des Romains, inhérentes à la nature des choses, qui se sont reproduites plus tard, sous une forme un peu différente, dans la moderne Genève, et qui ont été finalement tranchées à l’avantage du grand nombre.
Entré à l’École normale au sortir d’études brillantes et où le tour bien français de son talent se marquait déjà, moins latin d’abord et bien moins grec que d’autres, il en vint sans trop d’effort, au bout d’un an, à être le premier de sa volée, comme on disait autrefois, et l’un des princes, unanimement reconnus, de sa génération de jeunesse.
» Il eût dit la même chose d’Homère, s’il avait su le grec !
Fénelon réalise tout à fait pour nous, dans ce joli exemple, une qualité que les Grecs appelaient Eutrapelia, la souplesse d’esprit, l’enjouement, l’insulte polie.
Il apprit ensuite l’espagnol et l’italien, et il aurait appris le grec si l’on eut voulu, pour mieux entendre les bons auteurs, particulièrement les poètes… » Écoutez La Fontaine qui, dévot alors et bien près de sa fin, fut admis auprès du jeune prince et reçut de ses bienfaits ; il parle comme l’abbé Fleury, et célèbre « ce goût exquis, ce jugement si solide », qui l’élève si fort au-dessus de son âge.
Delécluze n’eut point de maître pour la littérature et qu’il se forma lui-même, lisant directement les auteurs, apprenant le latin dans Térence, et devenant même assez fort plus tard dans l’étude du grec.
. — Les personnes présentes au moment de sa mort, et qui l’entouraient dans son cabinet même, près du lit où il rendit le dernier soupir, étaient ses amis MM. le docteur Veyne, Paul Chéron (de la Bibliothèque impériale), son professeur de littérature grecque M.
Toutefois, Français de la tradition grecque et latine rajeunie, mais non brisée, ami surtout de la culture polie, studieuse, élaborée et perfectionnée, de la poésie des siècles d’Auguste, et, à leur défaut, des époques de Renaissance, le lendemain matin qui suit le jour de cette lecture, je reprends (tombant dans l’excès contraire sans doute) une ode latine en vers saphiques de Gray à son ami West, une dissertation d’Andrieux sur quelques points de la diction de Corneille, voire même les remarques grammaticales de d’Olivet sur Racine ; et aussi je me mets à goûter à loisir, et à retourner en tous sens, au plus pur rayon de l’aurore. le plus cristallin des sonnets de Pétrarque.
Perrault, qui mettait les modernes si fort au-dessus des anciens, comptait parmi les plus beaux avantages de son siècle cette cérémonie académique dont il était le premier auteur : « On peut assurer, dit-il, que l’Académie changea de face à ce moment : de peu connue qu’elle étoit, elle devint si célèbre qu’elle faisoit le sujet des conversations ordinaires. » Les Grecs avaient les jeux olympiques, les Espagnols ont les combats de taureaux, la société française a les réceptions académiques.
Le style est d’un langage marotique hérissé de grec, et qu’on croirait forgé à l’enclume de Chapelain ; on ne sait pas où les prendre, et j’en dirais volontiers, comme Saint-Simon de M.
Cromwell retenait le peuple par la superstition, on liait les Romains par le serment, les Grecs se laissaient mener par l’enthousiasme qu’ils éprouvaient pour les grands hommes.
Le chef-d’œuvre du genre est l’Apologie pour Hérodote que j’ai déjà nommée ; Henri Estienne, pour défendre Hérodote dont la véracité était soupçonnée, imagina de démontrer que la sottise et la malice des hommes de son temps produisaient des effets aussi étonnants que les invraisemblables contes de l’historien grec ; et mettant ses haines huguenotes au service de ses goûts littéraires, il se prit à conter tant de graveleux et scandaleux exemples de la corruption catholique, à dauber fidèles et clergé avec une verdeur si rabelaisienne, que l’austère Genève crut entendre un accent d’impiété dans la trop pétulante gaieté de son champion.
» — « Le truc du brigadier dans la Champenoise, c’est un des trucs de l’Ars amatoria d’Ovide. » — « Le prologue d’Amphitryon contient en germe Orphée aux enfers et la Belle Hélène. » — A propos d’Un chapeau de paille d’Italie : « Voilà la filiation : Molière, Paul de Kock, Labiche. » — Le drame d’Antony, étant un drame psychologique, « tient de la méthode du XVIIe siècle et des tragiques grecs », etc., etc.
Desjardins rédige en style de séminariste bilieux ; il est ignorant (jusqu’à prendre les philosophes grecs comme types d’altruistes alors qu’aucun n’a envisagé la morale autrement que comme une éthique) ; il est naïf (jusqu’à se féliciter des séances politiques où la droite et la gauche s’entr’applaudissent, citant comme telles l’incident où la loyauté de M. de Cazenove de Pradines fut saluée par tous ses collègues, — ce qui est faux, car il fut nargué par la droite, — et l’intervention de l’évêque d’Angers dans la politique d’Extrême-Orient — ce qui ne provoquait l’admiration d’aucun député informé, attendu que Mgr Freppel, chacun le savait, n’agissait que pour défendre ses missionnaires) ; il est encore obséquieux avec les gens en place (jusqu’à cette platitude : « Nous avons par bonheur un ministre de l’instruction publique à tendances idéalistes »). — Mais un autre que M.
Les logiciens, en fait, en traitant ce sujet, n’ont jamais considéré que le grec, le latin et les langues modernes littéraires de l’Europe.
Sans doute elle n’acquerra jamais ce principe d’unité qui fait la force et la richesse du grec ; mais elle pourra peut-être un jour s’approcher de la souplesse et de l’abondance de la langue italienne, qui traduit avec tant de bonheur.
Les Grecs qui, par un singulier bonheur et un allégement facile de l’esprit, n’eurent d’autres classiques qu’eux-mêmes, étaient d’abord les seuls classiques des Romains qui prirent peine et s’ingénièrent à les imiter.
C’est une idylle rustique empruntée à la vie réelle, et peut-être imitée des Grecs, dans laquelle le poète nous représente un pauvre laboureur se levant avant l’aube et préparant avec peine, avant de se rendre à l’ouvrage, son mets frugal composé d’ail et d’autres ingrédients : c’est ce mets qui avait nom Moretum.
Il y a une expression en grec qui m’a toujours frappé : pour signifier un homme d’importance, un héros, un chef, on dit : Ceux qui sont autour de lui.
çà et là ressuscité parmi de l’imitation fade de Baudelaire et des traductions sans saveur de chansons grecques — que par aussi des incorrections grammaticales étranges.
Le poème dramatique, représentation d’actions merveilleuses, héroïques ou bourgeoises, est ainsi nommé du mot grec δραμα (drama), action, représentation, parce que, dans cette espèce de poème, on ne raconte point l’action comme dans l’épopée, mais qu’on la montre elle-même dans les personnages qui la représentent.
C’était l’usage des Grecs, nos maîtres dans tous les beaux-arts.
Le peintre qui répresente les avantures d’un heros grec ou romain, peut donc y faire intervenir toutes les divinitez comme des personnages principaux.
Puis tour à tour une suite de discussions excellentes, conduites avec une clarté parfaite et une raison soutenue, font voir que Roscelin fut le maître d’Abailard, qu’Abailard était très-ignorant en mathématiques, qu’il ne savait pas le grec, qu’il ne connaissait tout au plus de Platon que le Timée dans la version de Chalcidius, qu’il ne connaissait d’Aristote que l’Organum, et de l’Organum que les trois premières parties traduites par Boèce, et qu’ainsi la philosophie scolastique est sortie d’une phrase de Porphyre traduite par Boèce.
Lasserre s’en recommande tout en lui rendant hommage dans son article « Charles Maurras et la renaissance classique » (Mercure de France, juin 1902) qui est à la fois un compte rendu d’Anthinea et un plaidoyer en faveur de l’esprit grec comme antidote au romantisme. […] Par son mal profond, Jean-Jacques est bien le successeur de ces ascètes bouddhistes, de ces Grecs décadents, chercheurs d’ataraxie, dans l’hôpital moral de l’humanité. […] Rêve composite, sans doute, amalgame de voluptés que l’économe nature n’a pas réunies dans une même coupe, les palpitations d’un oiseau farouche avec les savantes mollesses de Cléopâtre, « une exaltation de sentiments allant souvent jusqu’au désordre » avec « la connaissance approfondie des lettres grecques ». […] » Cette fée, cet esprit de poétesse et d’enfant, Chateaubriand en avait li côté de lui la vivante image dans sa sœur Lucile, génie femme, plus doux et plus grec que le sien, qui au fardeau de trop de douleurs subies ajoutait une faculté passionnée d’imaginer la douleur : sa raison se voila, elle en porta le trouble comme une grâce touchante, il semblait qu’il eût rendu son âme entière inspirée. […] Claude Frollo (Notre-Dame de Paris) « figure sévère, front large, regard profond », dont la jeunesse a été dévorée par « une véritable fièvre d’acquérir et thésauriser en fait de science », qui a creusé successivement la théologie, le droit canon, la médecine, les arts libéraux, le latin, le grec et l’hébreu, Claude Frollo porte sous ces saintes apparences et dans ces occupations toutes spirituelles, des fureurs du sexe capables de s’exaspérer jusqu’à l’assassinat, d’ailleurs aussi athée qu’Antony et Claude Gueux sont spiritualistes.
C’est la morale des mystères que les trois tragiques grecs ont mise dans leur théâtre. […] Les anciens Grecs prirent leur parti de ces conventions et les firent très larges. […] … On a donc eu raison de dire que le destin était le principal personnage du théâtre grec. […] Nous sentons encore notre âme en communication avec celle du vieux poète grec. […] dit le poète grec)… Ne cherchons plus ; nous avons trouvé.
De ce fonds il retrouve sans le savoir quelques-uns des sentiments grecs les plus fins. […] Si nous remontons aux sources, il continue l’état d’esprit qui naquit dans l’humanité lorsqu’il s’agit pour les Grecs d’Alexandrie d’expliquer la mythologie spontanée de leur race comme une enveloppe de vérités idéales, et qu’ensuite Alexandrie, métropole intellectuelle du christianisme, légua à la religion nouvelle comme une clef précieuse qui permît de faire concorder les deux Testaments chacun à chacun, l’ensemble des deux avec la sagesse grecque. […] Mallarmé a été reconnaître les dernières limites de l’expression, et son œuvre fragmentaire me fait penser à ces autels que les Grecs d’Alexandre érigèrent, lorsqu’ils ne purent aller plus loin, aux frontières de leur monde. […] Et la pensée grecque aimait à se jouer autour de cette question que le christianisme embrassa d’une si sérieuse et logique passion : Qui sait si la vie n’est pas une mort et si ce n’est pas la mort qui est la vie ? […] Les marins grecs, en voyant fumer les volcans de Lemnos, évoquaient l’atelier de Vulcain, et, peut-être, quand à l’horizon de l’île le soleil du soir éclatait sur les flots, songeaient-ils que Thétis emportait de la forge, avec la clarté décroissante, le bouclier homérique d’Achille.
L’un vient des armées, dans lesquelles il a promené l’indiscipline d’un caractère ennemi de toute sujétion et d’un enthousiasme contrariant qui se passionnait pour l’hellénisme au milieu d’une armée passionnée pour la gloire : c’est Paul-Louis Courier, intelligence nourrie dans le commerce de l’antiquité grecque, et qui a contracté, dans ce commerce, quelque chose du dénigrement spirituel, de l’impatience de toute règle, de l’ennui de toute supériorité, traits particuliers du caractère athénien. […] En 1803, Guizot, qui savait à fond cinq langues : le grec, le latin, l’allemand, l’italien et l’anglais, commença sa philosophie, et ce fut cette étude qui lui révéla à lui-même la tournure de son esprit, une grande confiance dans l’autorité de la raison humaine, une ardeur de méditation et une fierté intellectuelle qui le disposent à ne rien admettre qu’après contrôle. […] Si l’on n’admet pas que le paganisme et le christianisme, le Nord et le Midi, l’antiquité et le moyen âge, la chevalerie et les institutions grecques et romaines se sont partagé l’empire de la littérature, l’on ne parviendra jamais à juger, sous un point de vue philosophique, le goût antique et le goût moderne. » Si l’on tempère cette distinction encore un peu trop tranchée, en disant que nous sommes des barbares qui avons bu à deux sources de civilisation, la Bible et l’Évangile d’une part, l’Iliade et l’Énéide de l’autre, on sera bien près de la vérité, et l’on aura découvert les trois éléments des littératures modernes : l’élément religieux, l’élément des origines nationales simples ou multiples, enfin l’élément classique, par lequel nous nous rattachons à l’antiquité civilisée. […] Dans les langues et les littératures antiques, en dehors des caractères particuliers propres aux temps et aux pays, il y a des beautés générales et éternelles dont on pourrait dire qu’elles ne sont ni grecques ni latines, mais plutôt humaines, par ce qu’elles ont de conforme aux types gravés par le Créateur dans les intelligences créées ; et c’est bien là le cas de dire, avec Térence, que rien de ce qui est humain ne saurait nous être étranger. […] L’amour-propre fut un aussi puissant mobile pour lord Byron que l’amour l’avait été pour le Grec de la poétique légende ; mais l’amour-propre fut plus heureux que l’amour, car, suivant les vers du poëte anglais, là où Léandre rencontra la mort, son imitateur ne rencontra que la fièvre.
Ces caractères méritaient sans doute d’être traités suivant les mœurs des Grecs et des Romains. […] Ainsi ont fait les fondateurs de la comédie grecque ; ainsi a fait le roi du théâtre anglais ; ainsi ces grands génies se sont expliqué, à eux-mêmes, par l’exercice direct, et pour ainsi dire par l’argument ad hominem ! […] Un vieil Italien de la Sicile, amoureux et jaloux, retient cachée dans sa maison une belle fille, Isidore, jeune esclave grecque, car Molière a inventé avant Byron, les belles esclaves, qui se souviennent de leurs antiques prérogatives. […] Cependant, sous les fenêtres de la jeune Grecque se promènent le jeune Adraste et son esclave Ali, comme se promènent sous les fenêtres de Rosine le comte Almaviva et son ancien valet le barbier Figaro. […] Si le jaloux don Pèdre est beaucoup mieux élevé que Bartholo, la belle fille grecque est cent fois plus modeste, plus retenue et plus gracieuse, que mademoiselle Rosine.
Il payait, par son poème d’Hèlèna, son tribut d’enthousiasme à la cause des Grecs ; en même temps, par les pièces de la Dryade, de Symètha, il jouait de la flûte sur le mode d’André Chénier, ressuscité depuis quelques années et mis en lumière. […] Aristophane a dès longtemps appelé les femmes toc ; où^èv ûytàç (EN GREC), les rien-de-sain.
C’était dans les dernières années de sa courte vie ; elle resplendissait encore des reflets de son soleil couchant, comme une tête de Vénus grecque effleurée, dans un musée, par un dernier rayon du soir. […] et, ajoutons, sur des traits toujours beaux ; car, dans Léopold Robert comme dans la statuaire grecque, l’expression n’enlève jamais rien au beau, cette première condition de l’idéal dans l’art.
Sa taille est élevée ; sa stature est mince et souple ; ses membres, un peu longs comme dans toutes les natures nobles, sont rattachés au buste par des jointures presque sans saillie ; ses épaules, gracieusement abaissées, se confondent avec les bras et laissent s’élancer entre elles un cou svelte qui porte légèrement sa tête sans paraître en sentir le poids ; cette tête, veloutée de cheveux très fins, est d’un élégant ovale ; le front, siège de la pensée, la laisse transpercer à travers une peau féminine ; la voûte du front descend par une ligne presque perpendiculaire sur les yeux ; un léger sillon, signe de la puissance et de l’habitude de la réflexion, s’y creuse à peine entre les deux sourcils très relevés et très arqués, semblables à des sourcils de jeune fille grecque ; les yeux sont bleus, le regard doux, quoique un peu tendu par l’observation instinctive dans l’homme qui doit beaucoup peindre ; le nez droit, un peu renflé aux narines comme celui de l’Apollon antique : il jette une ombre sur la lèvre supérieure ; la bouche entière, parfaitement modelée, a l’expression d’un homme qui sourit intérieurement à des images toujours agréables ; le menton, cet organe de la force morale, a beaucoup de fermeté, sans roideur ; une fossette le divise en deux lobes pour en tempérer la sévérité. […] Cette nature était allemande par le terroir, grecque par la beauté, française par l’indépendance des préjugés des lieux et des temps.
« Votre dîner chez madame de Boigne ne m’a point étonné ; les lettres de Fabvier au comité grec m’avaient appris à juger ce que c’était. […] morte avant la première ride sur son beau visage et sur son esprit ; la duchesse de Maillé, âme sérieuse, qui faisait penser en l’écoutant ; son amie inséparable la duchesse de La Rochefoucauld, d’une trempe aussi forte, mais plus souple de conversation ; la princesse de Belgiojoso, belle et tragique comme la Cinci du Guide, éloquente et patricienne comme une héroïne du moyen âge de Rome ou de Milan ; mademoiselle Rachel, ressuscitant Corneille devant Hugo et Racine devant Chateaubriand ; Liszt, ce Beethoven du clavier, jetant sa poésie à gerbes de notes dans l’oreille et dans l’imagination d’un auditoire ivre de sons ; Vigny, rêveur comme son génie trop haut entre ciel et terre ; Sainte-Beuve, caprice flottant et charmant que tout le monde se flattait d’avoir fixé et qui ne se fixait pour personne ; Émile Deschamps, écrivain exquis, improvisateur léger quand il était debout, poète pathétique quand il s’asseyait, véritable pendant en homme de madame de Girardin en femme, seul capable de donner la réplique aux femmes de cour, aux femmes d’esprit comme aux hommes de génie ; M. de Fresnes, modeste comme le silence, mais roulant déjà à des hauteurs où l’art et la politique se confondent dans son jeune front de la politique et de l’art ; Ballanche, le dieu Terme de ce salon ; Aimé Martin, son compatriote de Lyon et son ami, qui y conduisait sa femme, veuve de Bernardin de Saint-Pierre et modèle de l’immortelle Virginie : il était là le plus cher de mes amis, un de ces amis qui vous comprennent tout entier et dont le souvenir est une providence que vous invoquez après leur disparition d’ici-bas dans le ciel ; Ampère, dont nous avons essayé d’esquisser le portrait multiple à coté de Ballanche, dans le même cadre ; Brifaut, esprit gâté par des succès précoces et par des femmes de cour, qui était devenu morose et grondeur contre le siècle, mais dont les épigrammes émoussées amusaient et ne blessaient pas ; M. de Latouche, esprit républicain qui exhumait André Chénier, esprit grec en France, et qui jouait, dans sa retraite de la Vallée-aux-Loups, tantôt avec Anacréon, tantôt avec Harmodius, tantôt avec Béranger, tantôt avec Chateaubriand, insoucieux de tout, hormis de renommée, mais incapable de dompter le monstre, c’est-à-dire la gloire ; enfin, une ou deux fois, le prince Louis-Napoléon, entre deux fortunes, esprit qui ne se révélait qu’en énigmes et qui offrait avec bon goût l’hommage d’un neveu de Napoléon à Chateaubriand, l’antinapoléonien converti par popularité : L’oppresseur, l’opprimé n’ont pas que même asile ; moi-même enfin, de temps en temps, quand le hasard me ramenait à Paris.
IX « À tous ces titres, la traduction d’Orphée, consacrée par les annales grecques, doit tenir sa place dans la reconnaissance universelle, puisqu’elle est le plus ancien témoignage de l’admiration des siècles pour la poésie et de son influence sur la civilisation. […] Quant à moi, comme au milieu de ces divers travestissements de sa pensée, je ne rencontrais que peu de traits de son propre génie, je m’en étais fait une image idéale plus près du ciel que de la terre, et cette image s’est mêlée à toutes les jouissances ou aux illusions de mes pérégrinations orientales ; enfin, quand je m’asseyais sur les décombres d’Éleusis et sous les colonnes du Parthénon, où vous avez médité vous-même, il me semblait toujours voir planer, au-dessus des monuments écroulés ou debout encore du culte ou des arts, la grande figure d’Orphée, le premier en date des bienfaiteurs de l’humanité. » XI Une traduction des poésies d’Eschyle, cette élégie nationale des vaincus de Salamine, écrite et chantée sur le théâtre d’Athènes pour grandir les vainqueurs, termine cette belle étude sur la poésie des Grecs.
Je ne l’ai pas connu personnellement, lui, mais j’ai connu très intimement ses parents ; son neveu, homme distingué, président du sénat à Turin ; ses commensaux de tous les soirs à Florence ; la comtesse d’Albany, son idole ; sa chambre, vide à peine ; sa bibliothèque, pleine encore de volumes grecs ouverts sur sa table. […] Il y en avait de toute sorte : l’italien de Naples, moitié espagnol, moitié francisé, moitié grec, moitié lazzarone ; on ne pouvait tenter ce mélange, plus propre à faire rire que pleurer.
L’intérieur de sa maison me fit une très agréable impression ; sans être riche, tout a beaucoup de noblesse et de simplicité ; quelques plâtres de statues antiques placés dans l’escalier rappellent le goût prononcé de Goethe pour l’art plastique et pour l’antiquité grecque. […] Goethe était assez silencieux, et il se bornait à introduire çà et là quelques remarques significatives ; en même temps il jetait un coup d’œil sur les journaux, nous lisant les passages les plus saillants, et surtout ceux qui parlaient des progrès de la révolution grecque.
Les noms d’Ysopet I, Ysopet II, que se donnent les auteurs, indiquent l’imitation d’Ésope, dont les fables avaient été traduites ou paraphrasées du grec en latin. […] On ne le place pas si haut pour peu qu’on sache mieux le grec que La Motte-Houdart, et le vieux français que Lenglet-Dufresnoy.
Combien en effet les conditions de la culture intellectuelle étaient, dans l’antiquité grecque, différentes de ce qu’elles sont aujourd’hui ! […] Voyez à Athènes le sort de tous les sages [(en grec)], Miltiade, Thémistocle, Socrate, Phocion.
L’autre, un chignon de cheveux mordu par un peigne fait de grecques d’or, une nuque ronde comme un fût de colonne ; et de là s’abattant dans une rondeur polie de marbre, les épaules, les omoplates, qui, par la pose un peu renversée de la femme, fuient et s’enfoncent dans la robe, avec des repliements pareils à des courbes d’ailes, des épaules qui donnent vraiment à l’œil la caresse d’une sculpture. […] Elle respire, je ne sais quelle grâce grecque, quelle coquetterie antique, distraite, presque lointaine, qu’on se rappelle d’un marbre d’un Musée, et dont sa robe au repos, dessine les plis et la simplicité tombante.
Dimanche 6 mars Rosny parle du curieux pesage qui se fait du calorique, produit dans une cervelle, par l’effort d’un travail, et cite ce fait curieux d’un savant italien, qui se croyait aussi fort en grec qu’en latin, et auquel on a appris, qu’il possédait beaucoup mieux la langue latine, en opposant le poids du calorique qu’avait développé chez lui une traduction grecque, au poids du calorique développé chez le même par une traduction latine.
En prose, même obscurité voulue, avec un mélange de mots français, latins, grecs, et de mots qui ne sont d’aucune langue : — « Parmi l’air le plus pur de désastre, où le plus puissant lien une voix disparate, un point sévèrement noir ou quelque rouvre de trop d’ans s’opposait à l’intégral salut d’amour, et la velléité dès lors inerte demeurait, et muette sans même la conscience mélancolique de son mutisme. » Ces phrases relativement fort claires sont extraites du Traité du verbe de Verlaine, — car ils croient avoir inventé un verbe nouveau. […] Des sociétés de tempérance ont, paraît-il, fait représenter l’Assommoir, pour renouveler des Grecs le procédé qui guérit l’ivresse par le spectacle des hommes ivres.
Plongé dans les livres et les manuscrits comme un Bénédictin et un Bollandiste, ayant appris l’allemand avec une ténacité enflammée, comme Alfieri avait appris le grec, à un âge où l’on ne vit plus que par les idées, il ajouta l’érudition des yeux, les voyages, les monuments, les antiquités, à l’érudition purement littéraire ; et, comme les assujettissements du commerce devenaient de plus en plus incompatibles avec l’étendue des travaux historiques qu’il méditait, il céda sa librairie en 1836 à l’éditeur actuel de ses Œuvres complètes, et partit pour faire le tour des bibliothèques de l’Europe. […] Les lettres profanes, les arts plastiques, les souvenirs de l’antiquité, les manuscrits grecs, et jusqu’à l’imprimerie, ont à ses yeux, d’ordinaire si clairs et si purs, l’importance qu’ils ont aux yeux troublés de la génération présente.
On a dit que « la lie même de la littérature des Grecs dans sa vieillesse offre un résidu délicat ».
C’est ainsi que pour exalter Corneille, en qui il voit Eschyle, Sophocle, tous les tragiques grecs réunis, il sacrifie et diminue Racine ; c’est ainsi que, pour mieux célébrer l’époque de Louis XIII et de la régence qui succéda, il déprime le règne de Louis XIV ; que, pour glorifier les Poussin et les Le Sueur, dont il parle peut-être avec plus d’enthousiasme et d’acclamation que de connaissance directe et de goût senti et véritable, il blasphème et nie l’admirable peinture flamande ; il dit de Raphaël qu’il ne touche pas, qu’il ne fait que jouer autour du cœur, « Circum praecordia ludit ».
Tout en apprenant du latin, du grec, de l’hébreu, et en se rompant aux mâles études, l’enfance et la première jeunesse de d’Aubigné furent telles, et si fréquemment débauchées et libertines, qu’en tout autre siècle il eût probablement dérivé et donné dans cette espèce d’incrédulité qu’on désigne sous le nom de scepticisme, et que les mauvaises mœurs insinuent si aisément : mais au xvie siècle, ces courants amollissants et dissolvants n’existaient pas, et les dissipations même, dans leur violence et leur crudité grossière, n’empêchaient pas de respirer l’air ardent des croyances diverses et des fanatismes.
Maintenant est-il nécessaire d’ajouter que Henri IV savait un peu de latin ; qu’il avait traduit, sous son précepteur Florent Chrétien, les Commentaires de César, et que sous un autre de ses précepteurs, La Gaucherie, il avait même appris par cœur deux ou trois sentences grecques ?
Mais la Cour ne lit plus les rythmes d’Ausonie… C’était certes un barbare, celui qui le premier me convia à parler comme un Grec, à parler comme un Romain… L’ambition de Santeul, il le confesse dans cette pièce de vers, ce serait d’être connu du grand mécène Colbert, de lui être présenté, et d’avoir part à ses attentions, à ses munificences.
Léon Halévy a le même honneur et fait preuve du même dévouement ; il embrasse dans ses traductions élégantes, harmonieuses, les plus belles pièces du Théâtre grec, et il ne manque à son succès que la consécration d’une soirée et cette représentation émue qui refait d’une traduction même une œuvre actuelle, et qui lui confère le baptême de vie.
Fagon de ce qu’il parle de médecine d’une manière si simple et si intelligible qu’on croit voir les choses qu’il explique : un médecin de village veut parler grec. » Fontenelle a fait de Fagon un Éloge charmant et fin, comme tous ses Éloges.
Ce qu’il était permis de dire aux anciens Grecs ne nous semble plus, à nous, convenable, et ce qui plaisait aux énergiques contemporains de Shakspeare, l’Anglais de 1820 ne peut plus le tolérer, à tel point que dans ces derniers temps on a senti le besoin d’un « Shakspeare des familles. » Nous connaissons, sans sortir de chez nous, de ces pruderies et de ces arrangements-là, mais bien vite nous en rions ; — nous en souffrons aussi.
Plutarque, convaincu de cette origine religieuse, allait même jusqu’à faire venir le mot de théâtre, θέατρον, du mot grec qui signifie Dieu, Θεός.
En lisant cette histoire de Louvois, en la voyant ainsi montrée à nu et comme par le revers de la tapisserie, je crois entendre continuellement ce mot de la tragédie grecque, qui résonne et se murmure de lui-même à mon oreille ; « S’il faut violer le droit, c’est pour l’empire et la domination, c’est en haute matière d’État qu’il est beau de le faire : dans tout le reste, observe la bonne foi et la justice. » Je paraphrase un peu là parole d’Euripide, cette parole si détestée de Cicéron.
« J’ai admiré souvent, et j’avoue que je ne puis encore comprendre, quelque sérieuse réflexion que je fasse, pourquoi toute la Grèce étant placée sous un même ciel, et les Grecs nourris et élevés de la même manière, il se trouve néanmoins si peu de ressemblance dans leurs mœurs. » C’est cette différence d’homme à homme dans une même nation, et jusque dans une même famille, qui est le point précis de la difficulté.
Marie-Thérèse, dans ses lettres à sa fille, a toujours soin de dissimuler le jeune parti autrichien ardent, et de présenter une Autriche à son image, ayant les mêmes intérêts que la France, les mêmes inclinations, les mêmes ennemis naturels, bien différente en cela de la Prusse et de la Russie, qu’elle confond volontiers dans une « réprobation commune » : « Qu’on ne se flatte pas sur cette dernière, dit-elle en parlant de la Russie et de l’impératrice Catherine ; elle suit les mêmes maximes que le roi (de Prusse), et le successeur (Paul Ier) est plus Prussien que ne l’était son soi-disant père (Pierre III), et que ne l’est sa mère qui en est un peu revenue, mais jamais assez pour rien espérer contre le roi de Prusse, pas même des démonstrations : très-généreuse en belles paroles qui ne disent rien, ou, selon la foi grecque : Græca fides.
Colbert, qui jugeait si mal Homère et Pindare, entendait le moderne à merveille ; il avait le sentiment de son temps et de ce qui pouvait l’intéresser ; il trouva là une veine bien française, qui n’est pas épuisée après deux siècles ; on lui dut un genre de spectacle de plus, un des mieux faits pour une nation comme la nôtre, et l’on a pu dire sans raillerie que, si les Grecs avaient les Jeux olympiques et si les Espagnols ont les combats de taureaux, la société française a les réceptions académiques.
Ce ne seront plus, au lieu de nos sévères jardins français, que parcs à l’anglaise, pelouses, perspectives adroitement ménagées, ponts rustiques, grottes artificielles, lacs et rivières d’ornement, montagnes en miniature couronnées de temples grecs dédiés à l’amour ou à l’amitié, propres bosquets dans l’ombre desquels se dérobe une statue sentimentale ou quelque autel symbolique.
Un faux goût d’antiquité décore les discours de toute sorte d’ornements mythologiques, grecs, romains ; on n’entend plus retentir que les noms de Catilina, de Marius, de Lysandre, de Thémistocle.
Un certain nombre de généralités et d’abstractions, tirées de quelques traités de ce dernier, et rendues plus magnifiques par le temps, l’éloignement et l’ignorance de la langue grecque, satisfaisaient, en le trompant, ce besoin de principes, éternel honneur de l’esprit humain.
L’histoire ancienne de l’Orient, dans ce qu’elle a de certain, pourrait se réduire à quelques pages ; si l’on ajoutait foi aux histoires hébraïques, arabes, persanes, grecques, etc., on aurait une bibliothèque.
Aux Perrins, aux Coras, est ouverte à toute heure : Là du faux bel esprit se tiennent les bureaux, Là tous les vers sont bons pourvu qu’ils soient nouveaux ; Au mauvais goût public, la belle y fait la guerre, Plaint Pradon opprimé des sifflets du parterre ; Rit des vains amateurs du grec et du latin, Dans la balance met Aristote et Cottin ; Puis, d’une main encor plus fine et plus habile, Pèse sans passion Chapelain et Virgile, Remarque en ce dernier beaucoup de pauvretés ; Mais pourtant confessant qu’il a quelques beautés, Ne trouve en Chapelain, quoi qu’ait dit la satire, Autre défaut, sinon qu’on ne le saurait lire, Et pour faire goûter son livre à l’univers, Croit qu’il faudrait en prose y mettre tous les vers.
Telle une statue grecque foudroyée, qui garderait, sous le feu du ciel, sa morgue olympienne et son sourire impassible.
Il avait été jusque-là assez négligemment élevé par un tuteur, ne savait ni grec ni latin, ce qu’il regrettait plus tard ; mais nous ne le regrettons ni pour lui ni pour nous : il eut moins à faire pour se débarrasser de la rhétorique pédantesque de son temps.
Pariset avait aussi entrepris une traduction de la Retraite des Dix Mille de Xénophon ; et cela, nous dit-il, pour plaire au père de sa femme, lequel aimait le grec ou la guerre apparemment.
Patru se leva, et fit cet apologue : Messieurs, dit-il, un ancien Grec avait une lyre admirable ; il s’y rompit une corde ; au lieu d’en remettre une de boyau, il en voulut une d’argent, et la lyre, avec sa corde d’argent, perdit son harmonie.
Villemain, voulant critiquer les traductions des candidats par son exemple, s’avisa de donner des échantillons de la vraie manière, selon lui, de traduire le grand lyrique grec ; on assure que ces échantillons, en se multipliant, ont fini par se rejoindre, et que Pindare est traduit désormais.
Dès la troisième ligne nous avons un mot grec : « Je louerais davantage votre œuvre, écrit-elle à Brantôme, si elle ne me louait tant, ne voulant qu’on attribue la louange que j’offrais plutôt à la philaftie qu’à la raison » ; à la philaftie, c’est-à-dire à l’amour-propre.
Il nous montre un de ses interlocuteurs, l’avocat orateur Antoine, qui se pique peu de littérature grecque, discourant toutefois à merveille des historiens de cette nation, et les ayant lus plus qu’on ne croirait : Si je lis quelquefois ces auteurs et d’autres de la même nation, dit Antoine, ce n’est pas en vue d’en tirer quelque profit par rapport à l’éloquence, c’est pour mon agrément quand je suis de loisir.
Ce n’est pas que le lecteur des anciens se soit fait, précisément, une âme grecque ou une âme romaine ; Il s’est fait une âme de tous les temps, excepté du temps où il est.
Les subtils raisonnements des Grecs deviennent unis et aisés ; les difficiles problèmes de la providence, de l’immortalité, du souverain bien, entrent dans le domaine public. […] Ce que les cornes sont pour le buffle, ce que la griffe est pour le tigre, ce que l’aiguillon est pour l’abeille, ce que la beauté, selon la vieille chanson grecque, est pour la femme, la ruse et la perfidie le sont pour le Bengalais. […] Celui qui, exposé à toutes les influences d’un état de société semblable au nôtre, craint de s’exposer aux influences de quelques vers grecs et latins, agit selon nous, comme le voleur qui demandait aux shérifs de lui faire tenir un parapluie au-dessus de la tête, depuis la porte de Newgate jusqu’à la potence, parce que la matinée était pluvieuse et qu’il craignait de prendre froid1376.
Qu’il entre tant soit peu de dialectique dans l’étude des dialectes (et qu’on ne m’accuse pas de jouer sur les mots, quand, au contraire je joue mots sur table), et le classique jardin des racines grecques et latines, au lieu de faire penser à un dépositoire d’affreux chicots, se repeuplera de ces membres vivants qui vont dans la terre chercher la nourriture des arbres et des plantes, et permettent ainsi, leur maturité aux fruits, à ces grains d’orge dont Engels, dans l’Anti-Dühring constate que des milliers sont écrasés, bouillis, mis en fermentation et finalement consommés. […] De Racine (Andromaque, le fameux discours à Pyrrhus :avant que tous les Grecs vous parlent par ma voix) à Lamartine (la phrase sur le drapeau tricolore qui a fait le tour du monde et le drapeau rouge qui n’a fait que le tour du Champ-de-Marst), les leçons que reçoivent, de leurs grands ou petits maîtres, à propos de textes rimés, lycéens et étudiants, ne sont que leçons de ruses oratoires. […] L’hermaphrodite, c’est-à-dire le plus homme des hommes et la plus femme des femmes, Hermès et Aphrodite, ces deux personnes en une seule confondue, unité même de l’amour selon la statuaire grecque, aujourd’hui est donné, non comme une synthèse de deux créatures, mais le dédoublement analytique et morbide d’une seule. […] Clavecin sensible : Les encyclopédistes dans leur immense entreprise, au cours d’un siècle de bouts-rimés, n’ont cessé de témoigner du véritable esprit poétique, d’un esprit qui voulait faire quelque chose, fit quelque chose, puisqu’il prépara la chose à faire la Révolution, et ainsi, fut digne de l’étymologie de son admirable qualificatif poétique du grec poiein, faire.
Si je ne veux vous donner qu’une première idée d’Alexandre, et vous la donner fidèle, je peindrai un jeune homme brillant, élevé par les philosophes grecs, fou de gloire, qui s’en va conquérir l’Asie ; je le peindrai généreux, magnanime, plein de génie, civilisateur, et mourant à Babylone au milieu de fêtes splendides. […] Un homme ne peut pas interdire à une femme d’écrire des romans, pourvu que ce soit La Princesse de Clèves ou Mauprat, ni de se piquer d’érudition, pourvu qu’elle y excelle, et sache le grec comme madame Dacier. […] » Eh bien, prenez garde : quoique votre costume soit bien changé, vous ne vous habillez pas encore comme tout le monde ; il y a quelque chose dans votre chapeau ; il y a quelque chose dans la manière dont vous posez votre canne à terre, dans la manière dont vous jetez toutes vos paroles ; vous ne parlez plus latin, je le sais bien… mais, positivement, depuis une vingtaine d’années, vous vous mettez tout doucement à parler grec. […] Il m’était venu un doute à l’esprit sur quelque passage d’un auteur grec, et rencontrant par hasard Paul-Louis, que je sais homme merveilleusement instruit de ces matières, je l’ai arrêté. […] Mais pour ces philosophes sans respect dont la voix indiscrète osait porter jusqu’à mon trône d’impertinents conseils ; pour ces discoureurs opiniâtres qui me troublaient à tout propos de je ne sais quels rêves sur l’ancienne liberté des Grecs et des Macédoniens et sur la dignité d’homme… CÉSAR Je sais, Alexandre, tu les mettais en cage.
Joinville, tout au contraire, a la plus jeune fraîcheur ; il a le χλωρὸν des Grecs ; novitas tum florida mundi.
En face de cette nature « où le climat est le plus grand des artistes », ses Promenades ont le mérite de donner la note vive, rapide, élevée ; lisez-les en voiturin ou sur le pont d’un bateau à vapeur, ou le soir après avoir vu ce que l’auteur a indiqué, vous y trouvez l’impression vraie, idéale, italienne ou grecque : il a des éclairs de sensibilité naturelle et d’attendrissement sincère, qu’il secoue vite, mais qu’il communique.
Il lisait alors Pausanias et s’émerveillait de la multitude d’objets décrits par l’antiquaire grec : « La Grèce, disait-il, était comme un grand musée. » — Nous assistons aux deux ordres, aux deux suites d’idées qui se rencontrèrent et se rejoignirent en lui dans une alliance féconde.
Et M. de Rémusat, mûr dès la jeunesse, et Ampère, mobile d’humeur,« changeant comme avril » et Albert Stapfer, l’élève de Guizot, passé plus tard à Carrel ; et Sautelet au visage jeune, au front dépouillé qui attendait la balle mortelle ; et Duvergier de Hauranne, esprit net, perçant, ardent alors à toute question littéraire (je suis toujours tenté de lui demander grâce en politique au nom des amitiés de ce temps-là) ; et Artaud, jeune professeur destitué et promettant un littérateur ; et Guizard plus intelligent et plus discutant que disert, et Vitet dont le nom dit tout, et l’ironique et bon Dittmer, le demi-auteur des Soirées de Neuilly, si supérieur à Cavé ; et Dubois, du Globe si excité, si excitant, qui a commencé tant d’idées et qui, en causant, n’a jamais su finir une phrase ; et Paul-Louis Courier, aux cheveux négligés, qui apparaissait par instants comme un Grec sauvage et un chevrier de l’Attique, — large rire, rictus de satyre, et qui avait du miel aux lèvres ; — et Mérimée, dont M.
Sans parler même de ces journées à jamais mémorables contre les Perses et le grand roi, je ne conçois pas un Grec instruit, sachant son Homère, applaudissant son Sophocle, et qui n’aurait pas eu une idée précise de la bataille de Leuctres, cette invention éclose du génie d’Épaminondas.
On ne connaît plus les tableaux grecs ; il faut les deviner.
Les hommes libres en veulent aux esclaves, les Grecs aux Perses, les Chrétiens du temps de Roland aux Sarrasins ; les manants du temps de la Jacquerie en veulent à mort aux chevaliers, les Puritains aux Cavaliers, les républicains de 93 aux rois et aux despotes : les Touareg qui meurent de faim et de soif en veulent aux Arabes qu’ils estiment gorgés et somptueux.
Fénelon n’était pas un flatteur ou il ne l’était qu’avec goût, lorsque dans son Mémoire sur les occupations de l’Académie française, et conseillant à la docte Compagnie de donner une Rhétorique et une Poétique, il disait : « S’il ne s’agissait que de mettre en français les règles d’éloquence et de poésie que nous ont données les Grecs et les Latins, il ne vous resterait plus rien à faire : ils ont été traduits… Mais il s’agit d’appliquer ces préceptes à notre langue, de montrer comment on peut être éloquent en français, et comment on peut, dans la langue de Louis le Grand, trouver le même sublime et les mêmes grâces qu’Homère et Démosthène, Cicéron et Virgile, avaient trouvés dans la langue d’Alexandre et dans celle d’Auguste. » Il y aurait à dire aux analogies, mais ce qui est certain, c’est que, s’il est naturel et juste de dire la langue de Louis XIV, il serait ironique et ridicule de dire la langue de Louis XV.
Le procédé poétique de Jasmin, par cela même qu’il se rapproche de la nature et qu’il s’y retrempe directement, rappelle bien souvent celui des Grecs.
Chez les Anciens, chez les Grecs du moins, l’ode, c’était le théâtre encore, elle avait devant elle la Grèce assemblée et les Jeux Olympiques.
Il rêvait d’allier « au mouvement largement épique des historiens grecs et romains la naïveté de couleur des légendaires, et la raison sévère des écrivains modernes ».
Ce poète est un érudit ; il traduit Homère, Eschyle, Sophocle, Horace, et il est intéressant de constater ce retour à l’antiquité grecque qui coïncide avec l’effort pour objectiver le sentiment lyrique.
Je l’approuve aussi, malgré toutes les foudres de Tailhade, peut-être par un reste de romantisme, plutôt, je crois, par mépris pour les gens qui fréquentent les casinos : de quel droit ces grecs et ces mondains repoussent-ils leur sœur la courtisane, et quelle étrange présomption peut bien leur persuader qu’ils lui sont, en quoi que ce soit, supérieurs ?
Dussault avait une instruction bien moins étendue que celle de Geoffroy ; il savait bien le latin, pas le grec ou très peu ; il n’avait pas un très grand nombre d’idées, mais il les exprimait avec soin, il les redoublait avec complaisance.
« Religion à part, dit M. de Chateaubriand (en un endroit où il parle de l’ivresse et de la folie), le bonheur est de s’ignorer et d’arriver à la mort sans avoir senti la vie. » Le plus souvent en effet, si l’on retranche cette parenthèse de religion qui est là comme pour la forme, on retrouve en M. de Chateaubriand tantôt une imagination sombre et sinistre comme celle d’Hamlet, et qui porte le doute, la désolation autour d’elle, tantôt une imagination épicurienne et toute grecque, qui se complaît aux plus voluptueux tableaux, et qui ira, en vieillissant, jusqu’à mêler les images de Taglioni avec les austérités de Rancé.
Et il les a d’autant mieux, notez-le bien, qu’il n’avait guère lu les anciens, ni grecs ni latins, et qu’il ne savait pas leur langue.
Il l’aborda de préférence par le genre des pastorales et des nouvelles, et lui emprunta Galatée (1783), qu’il traita avec liberté d’ailleurs, et qu’il accommoda selon le goût du temps, en y donnant une teinte plus récente de Gessner : « J’ai tâché, écrivait-il à ce dernier, d’habiller la Galatée de Michel Cervantes comme vous habillez vos Chloés : je lui ai fait chanter les chansons que vous m’avez apprises, et j’ai orné son chapeau de fleurs volées à vos bergères. » Ce roman pastoral, mêlé de tendres romances, réussit beaucoup : toutes les jeunes femmes, tous les amoureux en raffolèrent ; les sévères critiques eux-mêmes furent fléchis : « C’est un jeune homme d’un esprit heureux et naturel, écrivait La Harpe parlant de l’auteur de Galatée, et qui aura toujours des succès s’il ne sort pas du genre où son talent l’appelle. » Il est vrai que, peu de temps auparavant, le chevalier de Florian avait adressé au même M. de La Harpe des vers d’enthousiasme, au sortir de la représentation de Philoctète : Je ne sais pas le grec mais mon âme est sensible ; Et, pour juger tes vers, il suffit de mon cœur !
Enfin, pour ne rien omettre et pour rendre justice à chacun, dans une Visite au château de Montaigne en Périgord, dont la relation a paru en 1850, M. le docteur Bertrand de Saint-Germain a décrit les lieux et relevé les diverses inscriptions grecques ou latines qui se lisent encore dans la tour de Montaigne, dans cette pièce du troisième étage (le rez-de-chaussée comptant pour un) où le philosophe avait établi sa librairie et son cabinet d’études.
Il y a certainement des coins du génie russe que Rulhière n’a point pénétrés ni appréciés ; n’ayant vécu qu’à Saint-Pétersbourg et dans le grand monde, il a vu surtout dans ce peuple plein de disparates les mœurs d’un Bas-Empire, il a cru y voir une sorte d’Empire grec finissant, et il n’a pas assez signalé, sous ce vernis de civilisation avancée, un peuple jeune qui commence.
Il composa pour la collection des « Résumés historiques » deux petites histoires, l’une d’Écosse et l’autre des Grecs modernes (1825).
Qu’on y voie la grotte où ce grand homme vécut abandonné des Grecs qu’il avait servis, son pot de bois, … l’arc et les flèches d’Hercule… Et il compose ainsi tout un effet moral qui gagne à un certain éloignement et devient plus auguste à distance, « parce que faire du bien aux hommes, dit-il, et n’être plus à leur portée, est une ressemblance avec la Divinité ».
Elle apprit l’espagnol et l’italien, le latin, plus tard de l’hébreu, du grec.
Il combat le Christianisme, qui est une cause d’affaiblissement cérébral chez les nations méditerranéennes et cherche à lui substituer le culte de la Beauté tel qu’on le pratiquait chez les Grecs.
Elle sait l’allemand, cette langue qui dispense de toutes les autres et dans laquelle on peut apprendre jusqu’au sanscrit, comme la lourde Mme Dacier savait le grec.
Pas plus en style qu’en conception plus haute, Xavier Aubryet n’est un païen de ce temps, trop renouvelé des Grecs, et il l’a prouvé dans son Rossini ou le paganisme dans la musique.
Pour cette raison, il n’a pas et ne pouvait pas avoir, comme historien, le sentiment impersonnel et éternel des choses qui donne à l’Histoire sa majesté, même sous la plume d’un petit écrivain grec (græculi) qui écrit la guerre de ce petit pays qu’on appelle le Péloponèse.
Il n’y a guère de jeune mère qui n’entre en huitième avec son fils aîné, qui ne sache « rosa, la rose », qui ne s’intéresse à l’alphabet grec pour faire réciter les leçons du collégien, qui ne s’applique surtout à corriger et même à rédiger les « rédactions » de mademoiselle Henriette, ou de mademoiselle Geneviève, ou de mademoiselle Marthe qui suit des cours de littérature, de sciences, d’histoire, d’économie, — non domestique, mais politique, — et qui doit être la première, puisqu’elle lutte contre mademoiselle Marie, c’est-à-dire contre la mère de mademoiselle Marie, laquelle a toujours passé pour moins intelligente que la mère de mademoiselle Marthe, ou de mademoiselle Geneviève, ou de mademoiselle Henriette.
Après avoir suivi le genre des éloges chez les peuples barbares, ou ils n’étaient que l’expression guerrière de l’enthousiasme qu’inspirait la valeur ; chez les Égyptiens, où la religion les faisait servir à la morale ; chez les anciens Grecs, où ils furent employés tour à tour par la philosophie et la politique ; chez les premiers Romains, où ils furent consacrés d’abord à ce qu’ils nommaient vertu, c’est-à-dire, à l’amour de la liberté et de la patrie ; sous les empereurs, où ils ne devinrent qu’une étiquette d’esclaves, qui trop souvent parlaient à des tyrans ; enfin, chez les savants du seizième siècle, où ils ne furent, pour ainsi dire, qu’une affaire de style et un amas de sons harmonieux dans une langue étrangère qu’on voulait faire revivre ; il est temps de voir ce qu’ils ont été en France et dans notre langue même.
… Je me suis beaucoup servi, dans tout ce qui précède, d’un très bon livre : la Comédie grecque, par M. […] Il n’a emprunté au poète grec que son exposition qu’il a su garder charmante. […] En somme, un vaudeville grec accommodé à la parisienne. […] A l’origine, les Grecs n’admettaient dans les fictions de leurs livres ou de leur théâtre que des dieux, des demi-dieux, des rois, ou des hommes supérieurs par quelque côté à l’humanité réelle. […] Le drame, humble et grand, est tout enveloppé d’une atmosphère de fatalité comme une tragédie grecque.
Vous auriez donné le gouvernement de la, Grèce à M. de Lentulus ou à quelque autre général qui aurait empêché les nouveaux Grecs de faire autant de sottises que leurs ancêtres. » Voltaire se montre assez favorable au gouvernement populaire dans son article Démocratie du Dictionnaire philosophique ; car il ne s’est jamais piqué de ne point se contredire, ou il ne s’est jamais assez surveillé pour ne point tomber dans les contradictions ; mais encore, même en cet article, il a peu confiance : « Le véritable vice d’une république civilisée est dans la fable turque du dragon à plusieurs têtes et du dragon à plusieurs queues. […] Chose admirable, la religion chrétienne qui semble n’avoir d’objet que la félicité de l’autre vie fait encore, notre bonheur dans celle-ci… Que, d’un côté, l’on se mette devant les yeux les massacres continuels des rois et des chefs grecs et romains, et de l’autre la destruction des peuples et des villes par ces mêmes chefs ; et Timur et Gengiskan qui ont dévasté l’Asie, et nous verrons que nous devons au Christianisme et dans le gouvernement un certain droit politique et dans la guerre un certain droit des gens, que la nature humaine ne saurait assez reconnaître. […] Tant que le polythéisme grec ou romain s’est trouvé en face de religions locales qui étaient polythéistes elles-mêmes, il les a acceptées parfaitement et tolérées et introduites et absorbées. […] Il gouverne des Guèbres, des Banians, des chrétiens grecs, des nestoriens, des romains. […] D’où vient que les enfants de Calvin, de Luther, Qu’on croit, de là les monts, bâtards de Lucifer, Le Grec et le Romain, l’empesé quiétiste, 40 Le quakre au grand chapeau, le simple anabaptiste, Qui jamais dans leur loi n’ont pu se réunir, Sont tous, sans disputer, d’accord pour vous bénir ?
Cette Jeanne d’Arc-là est absurde, j’en ai peur : elle a le profil grec, une manière de casque en pointe, et son cheval n’est pas un cheval : c’est un coursier. […] Toutes ces « vies de saints » donnent l’idée d’une humanité extraordinairement naïve et beaucoup plus violente, semble-t-il, que ne fut jamais l’humanité latine ou grecque, même aux époques primitives. […] Je m’étais assis avec un ami dans un coin ; nous regardions passer, nous disions : « Voici un Anglais, un Américain du Nord, un Américain du Sud, un pasteur norvégien, une jeune « esthète », un marchand de vins de Bordeaux, une doctoresse russe, un pianiste hongrois, un conseiller municipal de Paris, etc., etc… » Joignez à cela les Chinois, les Japonais, les Arabes et toute une procession de nègres plus noirs que nos habits… Station chez Ledoyen pour prolonger le plaisir bizarre de contrarier la bonne nature et pour nous donner la joie de manger, de boire, de regarder, d’échanger d’inutiles paroles à l’heure où « la nuit bienveillante » comme l’appelaient les Grecs, conseille aux hommes de dormir. […] Je comprends les Grecs dressant aux athlètes vainqueurs des statues en pied et nues. […] Enfin, je n’ai pas été trop dérangé non plus dans un petit coin du pavillon du gaz, où j’ai vu une amusante collection de tous les anciens ustensiles d’éclairage, lampes grecques et romaines, chandeliers rébarbatifs et torchères du moyen âge, lampes naïves et flambeaux des derniers siècles, etc… J’ai remarqué une exquise petite lampe antique, en forme de pied, l’orteil relevé et percé pour laisser passer la mèche.
Il y a cependant cette différence, que David, ayant choisi des sujets particulièrement grecs ou romains, ne pouvait pas faire autrement que de les habiller à l’antique, tandis que les peintres actuels, choisissant des sujets d’une nature générale applicable à toutes les époques, s’obstinent à les affubler des costumes du Moyen Âge, de la Renaissance ou de l’Orient. […] On peut, pour cet objet, consulter Mademoiselle de Maupin, où la beauté grecque fut vigoureusement défendue en pleine exubérance romantique. […] Comme critique, Théophile Gautier a connu, aimé, expliqué, dans ses Salons et dans ses admirables récits de voyages, le beau asiatique, le beau grec, le beau romain, le beau espagnol, le beau flamand, le beau hollandais et le beau anglais. […] Nous nous étonnons à bon droit aujourd’hui que trente mille Grecs aient pu suivre avec un intérêt soutenu la représentation des tragédies d’Eschyle ; mais si nous recherchons le moyen par lequel on obtenait de pareils résultats, nous trouvons que c’est par l’alliance de tous les arts concourant ensemble au même but, c’est-à-dire à la production de l’œuvre artistique la plus parfaite et la seule vraie. […] Il y a quelques années, Daumier fit un ouvrage remarquable, l’Histoire ancienne, qui était pour ainsi dire la meilleure paraphrase du mot célèbre : Qui nous délivrera des Grecs et des Romains ?
Il m’est parfois venu à l’esprit, au cours de ma lecture, que ce n’avait pas toujours dû être le cas, et que l’ironie de l’auteur grec était seulement dissimulée par la maladresse du traducteur latin, qui ne l’avait pas comprise : ce sont des choses qui arrivent, même de nos jours. […] Mais la vie de société y a introduit la psychologie, et ainsi a renouvelé le genre — comme d’ailleurs cette psychologie a renouvelé la tragédie, en a fait quelque chose de tout différent des chefs-d’œuvre grecs. […] Avec la Renaissance et la découverte, la fréquentation assidue des auteurs grecs et latins, latins surtout, notre langue vise au synthétisme des langues antiques, de plus au style oratoire, à la période, justement, à la cadence. […] J’ai rencontré ce malheureux plus tard, en 1897, volontaire dans l’armée grecque, où il s’était engagé pour combattre les Turcs : tant les souvenirs byroniens et romantiques étaient encore puissants chez ces prétendus égotistes. […] Salomon Reinach a écrit Le Grec sans larmes à l’usage des jeunes filles.
faudrait-il que l’insensé qui, par une frénésie de gloire, brûla le temple d’Éphèse, soit parvenu à la postérité, malgré la convention que les Grecs avaient faite de ne jamais prononcer son nom, et que mon nom, à moi, tombe dans l’oubli ? […] Il ajouta que le poète a quelque chose de divin ; que les Grecs le nommaient d’après un attribut de la divinité, voulant dire par là que rien dans l’univers ne mérite le nom de créateur, si ce n’est Dieu et le poète.
« Deux grands poètes dominent le monde : Homère en Grèce, l’auteur de la Bible grecque, le Moïse de l’Hellénie, la vaste et incomparable source de toute poésie. […] De bonne heure il conçut l’idée de naturaliser dans la littérature et la poésie romaine certaines grâces et beautés de la poésie grecque, qui n’avaient pas encore reçu en latin tout leur agrément et tout leur poli, même après Catulle et après Lucrèce.
Il détourne et combine Homère, Hésiode, les tragiques grecs, Apollonius, Théocrite et Lucrèce dans ce qu’on appelait autrefois d’industrieux larcins. […] Mais, au surplus, le conciliant félin nous a appris que le mysticisme se pouvait allier, très naturellement, à la plus vive gaillardise et à la sensualité la plus grecque.
Elle ressemble à ces sectes de philosophes anciens, qui, après avoir été en public au temple, donnaient en particulier des ridicules à Jupiter ; avec cette différence que les philosophes grecs et romains étaient forcés d’aller au temple, et que rien n’oblige les nôtres à offrir d’encens à personne. […] Lucien, qu’on peut appeler le Swift des Grecs, parce qu’il se moquait de tout comme lui, même de ce qui n’en valait pas la peine, nous a laissé un écrit assez énergique sur les gens de lettres qui se dévouent au service des grands.
Elle, en effet, voulut faire de nous des Grecs et des Latins d’idées et de mœurs, par l’imitation littéraire. […] Bien loin donc d’avoir été étouffée par la langue latine, — qui n’est pas elle-même la langue du Latium, de ce pays que les Romains lettrés, ces Grecs de Rome, appelaient barbare, comme les Gaulois, — la langue gauloise aurait donc résisté à la langue romaine de la conquête romaine, et c’est ainsi que pour les temps futurs elle eût gardé sa nationalité inviolable et, qu’on me passe le mot !
Son bâtard Edmond, qui a tous les dons de la nature, qui a même l’amour de son père et de son frère le légitime ; Edmond, qui est beau, spirituel, vaillant, aimé au premier regard de ces deux tigresses, Goneril et Régane ; Edmond, qui a toutes les fortunes, qui commande l’armée, donne des batailles et les gagne, est un Iago bien plus diabolique que le Iago de Venise, le petit enseigne qui se mord d’envie le poing dans un coin… Il n’a qu’un défaut : la bâtardise, mais cela suffit pour lui fausser l’âme, et c’est à la lueur sinistre de l’âme de ce bâtard auquel son père, aveuglé comme Lear, a sacrifié son fils légitime, pur et noble comme sa naissance, que nous voyons se dérouler cette tragédie aveuglée de la Paternité, plus effroyable que celle d’Œdipe, le grand aveugle grec, et où le Roi Lear a pour pendant dans le malheur mérité de sa vie, et pour vis-à-vis, Glocester ! […] XVII Ainsi, Henri V est un homme, — Henri V, qui, sous la plume de Shakespeare, est César et Alcibiade tout ensemble, César et Alcibiade sans leurs vices, — Henri V est un homme comme César, qui était aussi un homme avant d’être Romain, et comme Alcibiade, qui l’était avant d’être Grec, et qui, partout où ils auraient été, chez les Lestrygons ou chez les Scythes, auraient eu les qualités charmantes qu’ils avaient à Rome ou à Athènes.
L’ouvrage était censé se vendre à Amstelredam (Amsterdam), à l’enseigne des trois Vertus couronnées d’amaranthe (Foi, Espérance, Charité), chez deux imprimeurs désignés sous des noms grecs tels qu’aurait pu les forger Du Bartas ; voici ces noms bizarres : Aleithinosgraphe de Cléarétimélée, et Graphexechon de Pistariste ; comme qui dirait : Écrivain-véridique de la ville de Gloire-et-Vertu-Soin, et Secrétaire-émérite de la ville de Haute-Probité.
Ce ne serait pas être juste, avant de quitter l’Histoire de ce dernier, que de n’y pas signaler encore quelques endroits tout littéraires et d’une heureuse richesse, où l’auteur est bien dans l’application de sa nature et dans l’emploi de son talent : par exemple, un passage soigné sur les écoles de philosophie grecque au moment où l’édit de Justinien les supprime ; et, tout à la fin de l’ouvrage, les considérations sur la Renaissance en Italie, sur l’arrivée des lettrés de Constantinople, sur les regrets de Pétrarque en recevant un Homère qu’il ne sait pas lire dans l’original, et sur le bonheur de Boccace, plus docte en ceci et plus favorisé.
Prud’homme était alors pour Joinville et pour saint Louis ce qu’étaient le beau et le bon des Grecs, ce que sera le mot honnête homme au xviie siècle, un mot large et flottant qui revient sans cesse et dans lequel on faisait entier les plus beaux sens.
Il pensait tout à fait comme ce poète grec, « que bien insensé est l’homme qui pleure la perte de la vie, et qui ne pleure point la perte de la jeunesse75 ».
. — On peut comparer cette fable du rossignol et du ver luisant à une épigramme d’Evenus de Paros, traduite par André Chénier, et dans laquelle une cigale est aux prises avec une hirondelle : c’est la différence du sentiment grec au sentiment chrétien.
Les lettres patentes de 1635, et le projet qui avait précédé, exprimaient en termes très nets le but des études et l’objet des travaux de l’Académie ; l’espoir « que notre langue, plus parfaite déjà que pas une des autres vivantes, pourrait bien enfin succéder à la latine, comme la latine à la grecque, si on prenait plus de soin qu’on n’avait fait jusques ici de l’élocution, qui n’était pas à la vérité toute l’éloquence, mais qui en faisait une fort bonne et fort considérable partie » ; que, pour cet effet, il fallait en établir des règles certaines ; premièrement établir un usage certain des mots, régler les termes et les phrases par un ample Dictionnaire et une Grammaire exacte qui lui donneraient une partie des ornements qui lui manquaient, et qu’ensuite elle pourrait acquérir le reste par une Rhétorique et une Poétique que l’on composerait pour servir de règle à ceux qui voudraient écrire en vers et en prose : que, de cette sorte, on rendrait le langage français non seulement élégant, mais capable de traiter tous les arts et toutes les sciences, à commencer par le plus noble des arts, qui est l’éloquence, etc., etc.
Les dix années qu’elle passa avec son ami furent tout entières consacrées par elle à adoucir son amertume, à favoriser ses goûts, à y entrer autant qu’elle le pouvait, soit qu’il voulût jouer la tragédie, — ses propres tragédies, — à domicile (ce qu’il fit d’abord avec le feu et l’acharnement qu’il mettait à toute chose), soit qu’il lui plût de s’enfermer et de tirer le verrou pour travailler comme un forçat, versifier jour et nuit ou étudier le grec à mort : c’étaient les seules diversions assez fortes pour l’absorber et pour l’aider, tant bien que mal, à endurer les invasions intermittentes de la Toscane par les armées républicaines.
Excellent sujet, doué de docilité et d’application, il réussit dans les diverses facultés de l’enseignement ; mais on a remarqué que, bien que d’abord assez fort en grec, il négligea ensuite presque entièrement cette langue.
Hélène et Priam, au sommet de la tour, nommaient les chefs de l’armée grecque ; Antigone, amenée par son gouverneur sur la terrasse du palais d’Œdipe et cherchant à reconnaître son frère au milieu du camp des Sept Chefs, voilà des tableaux qui me passionnent et qui me semblent contenir toutes les solennités possibles de la nature et du drame humain. « Quel est ce guerrier au panache blanc qui marche en tête de l’armée ?
Dans sa Correspondance avec le jeune homme, seule partie assez intéressante du volume et qui ne l’est encore que médiocrement, Collé se montre à nous avec la douce manie des vieillards ; il revient sur le passé, sur ses auteurs classiques, sur Horace « le divin moraliste » qu’il cite sans cesse et qu’il a raison d’aimer, mais tort de parodier en de mauvais centons latins ; il voudrait que son jeune financier apprît le grec « à ses heures perdues », ce qui est peu raisonnable.
Il savait le grec très mal et n’avait eu pour guide que Gail, et encore par correspondance.
C’est de là que vient ce titre la Coupe et les Lèvres ; il y avait chez les Grecs un vers devenu proverbe : Πολλὰ μεταξὺ πέλει ϰύλιϰος ϰαὶ χεὶλεος ἄϰρου, Multa cadunt inter calicem supremaque labra : ce que nos bons aieux traduisaient bourgeoisement : « Entre la bouche et la cuiller il arrive souvent du détourbier. » Et le vieux Caton en son temps disait de même : « Inter os et offam, » entre la bouche et le morceau.
Et pourtant cela ne laisse pas d’être agréable ; car, en ces choses d’amoureux désir, l’espérance a plus de douceur encore que la réalité. » Mais comme ces Grecs, dans leur malice même, s’arrêtent naturellement à la grâce !
C’est un poëte grec qui a dit : « Il y a trois Grâces, il y a trois Heures90, vierges aimables ; et moi, trois désirs de femme s me frappent de fureur.
Quoique Mme de Ferriol, femme exigeante, pleine de sécheresse et d’aigreur, n’eût pas pour Mlle Aïssé ces égards délicats qu’inspire la bienveillance de l’âme, la jeune Grecque, comme on l’appelait, était l’idole de cette société aimable, sinon sévère : Mme de Parabère, Mme du Deffand, lady Bolingbroke, la recherchaient à l’envi.
Dans ces visites d’importance, on cause de tout : l’abbé Raynal, Rousseau, Voltaire, la Suisse, le gouvernement, les Grecs et les Romains, on effleure tour à tour ces graves sujets.
« Une toux haletante secoue les porcs malades, enfle leur gorge et les étouffe. » Ainsi nous n’avons pas besoin, pour excuser Homère, de dire avec Boileau que le terme d’âne était noble chez les Grecs.
De là le Thoth des Phéniciens, l’Hermès des Égyptiens, et le Mercure des Grecs.
La littérature sacrée et les littératures grecque et latine, furent sous un précepteur particulier les premiers aliments de son imagination.
Sur un point, il est moins Grec et Romain que ses devanciers de la Renaissance et que ses successeurs classiques : il veut une poésie, une tragédie chrétiennes.
L’équilibre de la cité grecque, avant son succès contre l’invasion perse, n’était pas encore stable.
L’équilibre de la cité grecque, avant son succès contre l’invasion perse, n’était pas encore stable.
Et dès lors, avec les Romains et les Grecs ressuscités, Allemands, Italiens, Espagnols, Anglais, ensemble ou isolément, tantôt en lutte et tantôt agissant dans le même sens, tour à tour en hausse Ou en baisse, mêlent quelque chose d’eux-mêmes à notre originalité nationale et la prédominance des uns ou des autres donne une teinte particulière à chaque époque de notre littérature.
Mais l’air est si pur, le ciel si bleu, l’accueil de la jeune fille si délicat et si tendre, que l’enfant prodigue renonce au mariage d’argent et revient à cet amour pur que les Grecs disaient fils de la pauvreté.
Il devine juste : madame de Simerose a du sang grec dans les veines ; elle a rompu avec son mari après deux mois de mariage, et elle est sortie, la réputation intacte, de cette rupture dont le motif n’a pas été dévoilé.
Ne voyez-vous pas qu’elle nous dédaigne, et qu’il faut savoir du grec pour lui plaire ?
C’est quand Hector, ayant repoussé les Grecs de devant les murs de Troie, les vient assiéger dans leur camp à leur tour, et va leur livrer assaut jusque dans leurs retranchements, décidé à porter la flamme sur les vaisseaux ; tout à coup un prodige éclate : un aigle apparaît au milieu des airs enlevant dans ses serres un serpent qui, tout blessé qu’il est, déchire la poitrine de son superbe ennemi et le force à lâcher prise.
Un Français, un Allemand et un Anglais seront toujours très inférieurs sous ce rapport, toutes choses égales d’ailleurs en facultés, à un Corse, un Albanais ou un Grec ; et il est bien permis de faire entrer encore en ligne de compte l’imagination, l’esprit vif et la finesse innée qui appartiennent comme de droit aux méridionaux, que j’appellerai les enfants du soleil.
Montesquieu crut imiter les Grecs en faisant ce petit poème en prose par complaisance pour une princesse du sang de Condé, Mlle de Clermont.
C’est que Grimm ne parlait ainsi d’Homère que pour l’avoir lu en grec, et Voltaire ne l’avait jamais parcouru qu’en français.
Sur ces points, on s’entend naturellement, comme on est accord sur les caractères généraux de la sculpture grecque, de la peinture flamande, de la musique italienne.
Une âme osque, une âme grecque et une âme latine.
Dans l’ordre de la pure philosophie, Leibniz, de tous les modernes est le plus près des anciens pour avoir uni le génie dans les systèmes à l’ouverture de l’esprit, et avoir recueilli le plus d’idées possible, sans les violenter pour les faire entrer de force dans un cadre artificiel et fermé : s’il n’a pas la grâce des Grecs, il en a la liberté.
Autre défaut, c’est que la fabrique est d’architecture grecque ou romaine, et que l’action se passe sous le règne de l’architecture gothique, licence inutile.
Il donna dans la chimère de son siècle : la possession rêvée du Saint-Sépulcre l’émouvait plus que la possession de Byzance, la capitale de l’Empire grec.
— disait le poète grec, — j’ai craché sur toi, et tu es toute empoisonnée !
Elle lui donne particulièrement l’enthousiasme, le Dieu en nous, comme disait l’expression grecque, que ne connurent jamais ni La Rochefoucauld, ni Vauvenargues, ni La Bruyère.
Il lut du français, de l’allemand, du latin, du grec et de l’hébreu. […] Tout est fini de toi à moi. » Et c’est encore le vieux duc amateur de sculptures grecques… Mais je n’en finirai pas. […] Prouvez-le, comme le philosophe grec prouvait le mouvement en marchant. […] Maeterlinck nous cite quelques pièces grecques, comme Les Choéphores et l’Œdipe à Colone, où il n’y a pas d’action le moins du monde. […] Toutes les tragédies grecques sont en dehors de cette définition, mais elles ont tort, et c’est justement ce qui prouve qu’elles sont mauvaises. » M.
Ce ne sont pas seulement les auteurs grecs et latins, ce sont les classiques français qu’on étudie de moins en moins dans les collèges. […] Nous sommes pareils à l’enfant grec amoureux de son image et qui meurt du désespoir de n’en avoir pu saisir la réalité. […] C’est justement à l’interprétation de l’un de ces mythes grecs que M. […] Son interprétation de la beauté diffère de celle que nous ont laissée les Grecs. […] Il la verra fraîche et jeune dans la jeunesse du matin, radieuse dans la splendeur des midis, ou bien dans la nuit sombre, devant lamer étendue à ses pieds, tragique et terrible comme l’Hélène des Grecs.
Il avait passé tout un après-midi à causer littérature avec Saint-Marc-Girardin et Nisard ; et l’on avait fait des citations, et chacun y était allé de son latin et même de son grec : « C’est égal, dit Saint-Marc-Girardin en prenant congé de ses compagnons, nous sommes là trois pédants qui nous sommes joliment amusés ! […] La grandeur de la terre est d’être ainsi chérie : Le Scythe a des déserts, le Grec une patrie. […] Mais ce que les Harmonies lamartiniennes ont en commun avec les hymnes du Rig-Véda, c’est, plus encore que certaines conceptions métaphysiques, la poésie, la couleur, l’abondance, la magnificence, l’accent… Oui, je trouve dans les Harmonies quelque chose qui n’est pas chez les poètes grecs, qui n’est pas dans Jean-Jacques, qui n’est pas dans Chateaubriand, qui n’est pas dans George Sand ni dans Victor Hugo : une sorte d’ébriété sacrée au spectacle et au contact de l’immense univers. […] Ces deux définitions de Dieu profondes dans leur simplicité, car elles vont à l’essentiel et dissipent les prestiges des systèmes philosophiques ces définitions que le délicieux poète grec laisse tomber avec un ironique détachement, Lamartine n’a fait que les embrasser tour à tour ou même à la fois de toute la force de sa pensée et de son imagination… Et que pouvait-il davantage ?
Elle ne veut pas d’un gendre mondain et frivole ; elle souhaite pour sa fille un homme cousu de grec et de latin, dont les doctes entretiens nourrissent dans la famille le goût des hautes spéculations. […] Le poète grec et le poète hébreu sont poètes à leur aise, mais seulement quand le dialogue est terminé. […] Puis bientôt la maternité reprendra le dessus ; le foyer qui semblait éteint au cœur de Lucrèce se ranimera, la vengeance demeurera suspendue quelque temps, pour atteindre du même coup les ennemis de la duchesse de Ferrare, et le fils qu’elle voudrait sauver au prix de ses jours ; et à l’exemple de la vieille et première tragédie grecque, de celle qui ne connaissait encore ni la mélancolie élégante de Sophocle, ni les sentences pleines de larmes d’Euripide, à la manière de l’inflexible Eschyle, le vice effronté, qui espérait se régénérer par l’amour, sera châtié providentiellement : la mère sera poignardée par ses fils. […] Au dix-septième siècle, le génie espagnol et le génie grec, habilement transformés, n’ont-ils pas avec la verve d’aventure de la minorité de Louis XIV, et plus tard, avec l’élégance et l’étiquette de Versailles, une harmonieuse sympathie ? […] et la tente du roi des rois, du chef de la flotte grecque, simulée par une baraque égratignée où l’on n’oserait pas montrer les singes.
Le cycle grec, le cycle shakespearien, le cycle espagnol, le romantisme allemand et le romantisme français en témoignent. […] Nul, depuis André Chénier, n’avait ainsi renouvelé l’esprit grec, ces fresques dorées, hardies avec mesure où se poursuivent centaures et lapithes, nymphes et satyres. […] La culture grecque et latine apporte son ample contingent à ces petites trouvailles ciselées qui s’appellent les Milésiennes, les Embaumeuses et les Eunuques. […] On sait que les mimes étaient de brèves saynètes, des embryons de comédie où les Grecs joignaient, sur un étroit espace, quelques aspects de la vie réelle. […] C’est là que l’on reconnaît l’amant du latin et du grec, l’érudit merveilleux qu’est Jean Richepin.
Pour le prestige d’antiquité, il croyait sans aucun doute l’avoir mis suffisamment en lumière en parlant de la « hauteur divine » où Sophocle avait porté la tragédie grecque. La règle en effet n’est pas règle pour lui parce qu’elle est règle, mais parce qu’il y voit le principe, ou l’un des principes, de la beauté même de la tragédie grecque. […] Je ne demanderais à sauver de l’oubli que l’Histoire d’une Grecque moderne, évidemment inspirée du souvenir encore alors vivant de Mlle Aïssé. […] Dans cette situation d’un homme grave qui tire d’un harem de Constantinople, pour en faire sa maîtresse, une jeune Grec que des îles, il y a quelque chose de singulier et de rare. […] Il n’en déclarait lui-même que « plus de quarante » en 1741 ; et déjà les Mémoires d’un homme de qualité, Manon Lescaut, Cléveland, le Doyen de Killerine, les vingt volumes du Pour et Contre, l’Histoire d’une Grecque moderne, les Mémoires de M. de Montcal avaient paru.
Capitan d’une galère chargée d’opulents esclaves, il navigue parmi les périls tentants des archipels de pourpre (comme on dit qu’à certaines heures apparaissent les îles grecques), et quand la nuit vient il cherche le fond de sable d’un golfe violet Dans la splendeur des clairs de lune violets. […] Ces vers sont romans, c’est-à-dire d’un poète pour qui toute la période romantique n’est qu’une nuit de sabbat où s’agitent de sonores et vains gnomes, d’un poète (celui-ci a du talent) qui concentre tout son effort à imiter les Grecs d’anthologie à travers Ronsard et à dérober à Ronsard le secret de sa phrase laborieuse, de ses épithètes botaniques et de son rythme malingre. […] L’oméga — en grec noyn Feuilles de salade vivante — les grenouilles.
Comme c’est du véritable La Boétie, déjà homme fait, que je veux m’occuper ici, j’ai hâte de me débarrasser de ce premier traité soi-disant politique, qui est comme sa tragédie de collège, La Servitude volontaire ou Le Contr’un, œuvre déclamatoire, toute grecque et romaine, contre les tyrans, et qui provoque à l’aveugle le poignard des Brutus.
Né à Paris sur la paroisse de Saint-Gervais, le 4 février 1688, d’un père financier et dans l’aisance, d’une famille originaire de Normandie qui avait tenu au parlement de la province, Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux reçut une bonne éducation, ce qui ne veut pas dire qu’il fit de fortes études ; il n’apprit nullement le grec et sut le latin assez légèrement, ce semble ; son éducation, plutôt mondaine que classique, et particulièrement son tour d’esprit neuf, observateur, et qui prenait la société comme le meilleur des livres, le disposaient naturellement à être du parti dont avait été feu Perrault, et dont, après lui, Fontenelle et La Motte devenaient les chefs, le parti des modernes contre les anciens.
Ces recommandations d’un père philosophe dans une Révolution m’en ont rappelé d’autres d’un très ancien poète grec, Théognis, qui avait assisté également à des révolutions politiques, et subi des confiscations, des exils : « Ô misérable pauvreté, s’écrie Théognis, pourquoi à cheval sur mes épaules déshonores-tu mon corps et ma pensée ?
Plus d’un laboureur dut se dire comme le vieillard de la comédie grecque, chez cet antique Philémon dont on n’a que des fragments : Les philosophes cherchent, à ce qu’on m’a dit, et ils perdent à cela beaucoup de temps, quel est le souverain bien, et pas un n’a encore trouvé ce que c’est.
Il remarque tout dès le seuil, comme en entrant dans un temple, — l’intérieur du vestibule qui, sans être riche, a beaucoup de noblesse et de simplicité, quelques plâtres de statues antiques placées sur l’escalier, et qui annoncent le goût prononcé du maître du logis pour l’art plastique et pour l’antiquité grecque.
que les personnages du théâtre grec sont différents !
Tout grec qu’il est et des plus païens, je ne suis pas bien sûr qu’il n’y croie pas un peu, au Diable.
Lisez bien ce portrait : sous sa touche flatteuse, il ne dément pas absolument le mot célèbre de Napoléon qu’on ne saurait oublier : C’est un Grec du Bas-Empire.
Ce faible une fois découvert, M. de Ségur n’avait qu’à le mettre sur son sujet favori, qui était l’origine et les causes du schisme grec, et, l’entendant patiemment discourir durant des heures entières sur les conciles œcuméniques, il faisait chaque jour de nouveaux progrès dans sa confiance.
Un premier fond est fourni par la tradition orale qui s’est perpétuée depuis la plus haute antiquité, vivant et circulant sous la littérature artiste des Grecs et des Romains, y pénétrant parfois et y laissant quelque dépôt : comme certains sujets de la Comédie nouvelle, ou ce conte scabreux, qui bien des siècles avant de se fixer chez nous dans un fabliau, fournit à Pétrone sa Matrone d’Éphèse.
D’abord parce que, comme disaient les Grecs, ἀρχή δείξει ἄνδρα, « la puissance révèle l’homme », en l’affranchissant des entraves légales, pécuniaires, morales même de la condition privée ; et c’est dans ceux qui peuvent tout, dans les rois et les héros, qu’on doit expérimenter la vraie nature des passions.
Un autre jour, le philosophe se souvient qu’il est l’héritier de Racine : il dresse ses tréteaux, habille ses marionnettes, et lance des Grecs, des Guèbres, des Crétois à l’assaut de l’Église et des Parlements ; ou bien il arrange en farce indécente sa critique biblique : Saül et David détruisent l’idée d’une révélation.
Mais il y a plus, et, s’il est vrai qu’il procède quelque peu de George Sand et d’Alfred de Musset, on soutiendrait tout aussi justement que, sauf les modifications inévitables imposées par la différence des temps, une partie de son œuvre continue les romans d’amour et d’aventures du XVIIe siècle et, par-delà, les anciens romans grecs, et que M.
Il est intéressant de voir que Wagner n’a jamais condamné l’homosexualité et porte même l’amour grec des athéniens au plus haut étant hors procréation, donc « non égoïste » dans son texte L’Œuvre d’art de l’avenir publié en 1849 (III-2 chapitre sur la sculpture).
J’ai peine aussi, je l’avoue, à reconnaître un baron de vieille roche allemande dans ce grec de succession qui fait l’héritage, comme on fait le foulard, et une margrave de margraviat dans la douairière intrigante qui parie pour lui.
Il s’adonne, avec une passion qu’on aime à retrouver en lui, à son dialecte napolitain, dont il maintient la prééminence et l’antériorité sur les autres dialectes de l’Italie ; il le compare au dorique des Grecs.
Je n’ignore pas que c’est pédanterie aux yeux de bien des gens ; mais j’ai un faible pour les Grecs et les Romains.
Le roi de Siam était gouverné par un aventurier favori, grec de nation, appelé Constance, homme habile, rusé, et qui, sentant qu’il était haï des naturels, avait appelé les étrangers sous prétexte de religion, et dans l’idée de s’en faire un appui.
Il avait, dans sa vie retirée, appris jusqu’à cinq langues ; il y ajouta un peu plus tard le grec et l’allemand.
Je goûte aussi la solitude, La paix du cœur, la douce étude, Les vieux auteurs grecs et romains… C’est ainsi que Fontanes, grand maître de l’Université à son tour, célébrait le souvenir de son humble prédécesseur, en se promenant du côté du château de Colombes d’où Rollin aurait aimé à dater son Histoire.
Il y a longtemps que les philosophes grecs ont placé le beau dans l’harmonie, ou du moins ont considéré l’harmonie comme un des caractères les plus essentiels de la beauté ; cette harmonie, trop abstraitement et trop mathématiquement conçue par les anciens, se réduit, pour la psychologie moderne, à une solidarité organique, à une conspiration de cellules vivantes, à une sorte de conscience sociale et collective au sein même de l’individu.
C’est seulement par des considérations de cette sorte qu’il est permis de préférer l’art grec à l’art gothique, la peinture de Titien et de Michel-Ange à celle des primitifs, la musique de Mozart à celle de Wagner, le naturalisme étranger au naturalisme français.
Vous voici dans le resplendissant jardin des Muses où s’épanouissent en tumulte et en foule à toutes les branches ces divines éclosions de l’esprit que les grecs appelaient Tropes, partout l’image idée, partout la pensée fleur, partout les fruits, les figures, les pommes d’or, les parfums, les couleurs, les rayons, les strophes, les merveilles, ne touchez à rien, soyez discret.
Le Jupiter grec, mauvais fils d’un mauvais père, rebelle à Saturne, qui a été lui-même rebelle à Cœlus, est un parvenu.
Ce qu’il y a eu en lui de plus éminent, c’est l’esprit, qu’il avait sublime, auquel il a été redevable de certains vers, les plus heureux qu’on ait jamais lus ailleurs, de la conduite de son théâtre, qu’il a quelquefois hasardée contre les règles des anciens, et enfin de ses dénouements ; car il ne s’est pas toujours assujetti au goût des Grecs et à leur grande simplicité ; il a aimé au contraire à charger la scène d’événements dont il est presque toujours sorti avec succès : admirable surtout par l’extrême variété et le peu de rapport qui se trouve pour le dessein entre un si grand nombre de poèmes qu’il a composés.
Les spartiates n’étoient pas vraisemblablement d’une autre stature que le reste des grecs.
Peut-on rien lire de plus ridicule que le commentaire de Despréaux sur la première ode de cet auteur, et ses efforts pour travestir en sublime le mélange bizarre que le poète grec fait dans la même strophe, de l’eau, de l’or, et du soleil avec les jeux olympiques ?
pour accuser d’avarice le Byron qui a donné à pur don ses lettres et ses Mémoires à Thomas Moore, et les restes de sa fortune, les dernières gouttes du sang de sa fortune comme les dernières gouttes du sang de ses veines, à la cause des Grecs.
Saint Léon, que l’Église romaine appelle le Grand et que l’Église grecque appelle le Sage, saint Léon, le pontife sauveur, au-dessus de la tête duquel Raphaël a mis des apôtres et des anges pour expliquer le cabrement du cheval d’Attila devant la majesté placide du vieillard, saint Léon n’est pour M.
L’Histoire ancienne me paraît une chose importante, parce que c’est pour ainsi dire la meilleure paraphrase du vers célèbre : Qui nous délivrera des Grecs et des Romains ?
Comme il y a loin pour moi de ceux que je viens de nommer, aux grands harmonieux, aux intellectuels-sensuels, aux plus grands des Grecs tout d’abord, et parmi les modernes, aux Shelley, aux Goethe et aux Whitman !
Il faut que nous ayons rendu à la nature et à l’humanité leur valeur réelle, que nous ayons cessé de diviser l’être en deux substances, que nous ayons proclamé à nouveau la loi, tombée en désuétude depuis les Grecs, de l’équilibre vital.
Ce qui me surprend, lui dis-je, après lui avoir exposé ma pensée, c’est de voir combien nous avons donné d’importance aux mots, allant chercher jusques chez les Grecs de quoi rendre nos idées. […] Que la médecine & la pharmacie aient dérobé tous les mots grecs, pour dicter des arrêts de mort, je n’en suis point étonné ; il falloit voiler le charlatanisme ; mais cela ne devoit point être en usage parmi les savans qui n’ont nul intérêt à tromper le public… Mais vous ne dites pas, monsieur, me répliqua mon savantasse, qu’on ne peut trop honorer les sciences, & que c’est les distinguer de la maniere la plus frappante, que de les entourer des mots les plus mystérieux. […] On travaille maintenant un nouveau dictionnaire, où nous verrons ces différents dons, & où nous jugerons s’ils ont été faits avec discernement ; mais toujours sera-t-il vrai de dire que des mots grecs ne sont point ceux qui conviennent en pareils cas. […] … Oui, sans doute, mais du moins les avons-nous francisé, au lieu que les Anglais ont laissé nos mots tels qu’ils les ont pris, c’est-à-dire, tels que sont les termes grecs dont nous nous servons, avec la différence que les Grecs n’existant plus, ne peuvent se plaindre d’un pareil larcin… Tout ceci, me répondit-il, ne feroit rien à la chose, si nous ne donnions pas dans le luxe des mots. […] Toujours un aphorisme grec ou latin devoit être sur les levres d’un docteur.
Pareillement, un jeune homme de lettres, et qui monnayait en leçons maigrement payées le latin et le grec appris au collège, pouvait passer les années d’apprentissage, en se réservant des heures de libre recherche. […] En 1809, dans son livre Deutsches Volkstum, Jahn montrait en eux les meilleurs héritiers de l’hellénisme : « Dans l’histoire de l’humanité, les races saintes ont été jadis les Grecs. […] Quelle est la nationalité de l’Europe qui se rapproche le plus de la nationalité grecque ? […] On excusera le pédantisme de ce mot qui vient du grec ἔσω, en dedans. […] Cette action n’en a pas moins été puissante, et elle aussi ésotérique, en ce sens qu’elle dépassait de beaucoup le programme reconnu, lequel consistait à écrire élégamment le latin et le grec, à composer avec ordre, ou à disserter avec lucidité.
La formule était née dans la renaissance grecque et latine, les créateurs qui se l’appropriaient y trouvaient le cadre suffisant à de grandes œuvres. […] Auprès de ces créations géantes et vraies, les héros grecs ou romains grelottent, les héros du moyen âge tombent sur le nez comme des soldats de plomb. […] Les pièces historiques, d’ailleurs, sont traitées de la même façon ; les Grecs, les Romains, ont des ajustements mythologiques du caprice le plus singulier. […] Il y a un Grec ou un Romain du grand siècle, dans les paillasses de foire, qui tendent le derrière au coups de pied. […] Est-ce que le théâtre des Grecs, le théâtre des Anglais, le théâtre des Allemands est notre théâtre ?
Le théâtre grec, que les Français ont pris pour modèle, était tel, qu’un marquis aurait plus facilement imité Alcibiade que Corneille suivi Sophocle. […] Des âmes grecques. […] Là-dessus, je ne puis m’empêcher de dire : Petit Français, que veux-tu faire de l’armure des Grecs ? […] De lents dialogues se déroulent avec une ampleur majestueuse, auxquels le décor d’un temple grec conviendrait mieux que celui de Belriguardo. […] Le génie allemand s’est enhardi pour monter au sanctuaire des arts, et sur les traces du Grec et du Breton, il a poursuivi la plus noble gloire.
S’il n’y a pas de génie littéraire dans la famille, on choisit un gradué d’Oxford, homme consciencieux, homme docte, qui traite le défunt comme un auteur grec, entasse une infinité de documents, les surcharge d’une infinité de commentaires, couronne le tout d’une infinité de dissertations, et vient dix ans après, un jour de Noël, avec une cravate blanche et un sourire serein, offrir à la famille assemblée trois in-quarto de huit cents pages, dont le style léger endormirait un Allemand de Berlin. […] C’est bien pis lorsqu’elle fabrique le pudding ; il y a là une scène entière, dramatique et lyrique, avec exclamations, protase, péripéties, aussi complète qu’une tragédie grecque.
Quant à vous, jeune entre ces deux vieillards, serviteur empêché de ces deux faiblesses, vous me parûtes un jeune Grec dévoué par bon goût à la vieillesse et au génie, entre Platon vieilli et une belle ombre d’Athénienne, recueillant sur les lèvres d’un siècle mourant les traditions du passé et les secrets de l’avenir. […] Excepté dans la Jeune Captive, pièce teinte avec son sang au pied de l’échafaud, André Chénier me paraissait un pastiche du Grec plus qu’un Français.
Quand mes parents savaient que je pouvais être nourri, vêtu, gorgé de latin, bourré de grec, tout était résolu. […] Un nez grec, comme dessiné par Phidias et réuni par un double arc à des lèvres élégamment sinueuses, spiritualisait son visage de forme ovale, et dont le teint, comparable au tissu des camélias blancs, se rougissait aux joues par de jolis tons roses.
Tous ceux-là je les lis « comme des anciens grecs, latins, classiques en général », donc, peut-être, je lis « comme un vivant » celui-ci : Verlaine. […] Laissant de côté la séduisante erreur romantique, dont l’esprit latin commence à se délivrer avec peine, je salue la noble figure du poète Écouchard Lebrun qui fut le maître et l’inspirateur d’André Chénier et qui vécut assez pour conduire les Muses grecques à la cour de Bonaparte.
Toute mon âme s’employait, sérieuse, à apprendre et à savoir pour travailler par là au bien commun ; je me croyais né pour cette fin, pour être le promoteur de toute vérité et de toute droiture. » En effet, à l’école, puis à Cambridge, puis chez son père, il se munissait et se préparait de toute sa force, « libre de tout reproche, et approuvé par tous les hommes de bien », parcourant l’immense champ des littératures grecque et latine, non-seulement les grands écrivains, mais tous les écrivains, et jusqu’au milieu du moyen âge ; en même temps l’hébreu ancien, le syriaque et l’hébreu des rabbins, le français et l’espagnol, l’ancienne littérature anglaise, toute la littérature italienne, avec tant de profit et de zèle, qu’il écrivait en vers et en prose italienne et latine comme un Italien et un Latin ; par-dessus tout cela, la musique, les mathématiques, la théologie, et d’autres choses encore. […] Un pédant hérissé, né de l’accouplement d’un lexique grec et d’une grammaire syriaque, Saumaise avait dégorgé contre le peuple anglais un vocabulaire d’injures et un in-folio de citations. […] Mais il avait encore d’autres maîtres, Beaumont, Fletcher, Burton, Drummond, Ben Jonson, Shakspeare, toute la splendide Renaissance anglaise, et par derrière elle la poésie italienne, l’antiquité latine, la belle littérature grecque, et toutes les sources d’où la Renaissance anglaise avait jailli.
Pour la première fois depuis la ruine de la tribune antique, elle a trouvé le sol dans lequel elle peut s’enraciner et vivre, et une moisson d’orateurs se lève, égale, par la diversité des talents, par l’énergie des convictions et par la magnificence du style, à celle qui couvrit jadis l’agora grecque et le forum romain. […] La fine déduction grecque ou française n’a jamais trouvé place chez les nations germaniques ; tout y est gros ou mal dégrossi ; il ne sert de rien à celui-ci d’étudier Cicéron et d’emprisonner son élan dans les digues régulières de la rhétorique latine. […] « Les Anglais ont ordinairement vingt ans avant d’avoir parlé à quelque personne au-dessus de leur maître d’école et de leurs compagnons de collége ; s’il arrive qu’ils aient du savoir, tout se termine au grec et au latin, mais pas un seul mot de l’histoire ou des langues modernes.
L’imparfaite unité métaphysique constituée à la fin du Moyen Âge a été dès lors irrévocablement dissoute, comme l’ontologie grecque avait déjà détruit à jamais la grande unité théologique, correspondante au polythéisme. […] Il est aisé de reconnaître que les discussions ontologiques des écoles grecques se sont essentiellement reproduites sous d’autres formes, chez les scolastiques du Moyen Âge, et nous retrouvons aujourd’hui l’équivalent parmi nos psychologues ou idéologues ; aucune des doctrines controversées n’ayant pu, pendant ces vingt siècles de stériles débats, aboutir à des démonstrations décisives, pas seulement en ce qui concerne l’existence des corps extérieurs, encore aussi problématique pour les argumenteurs modernes que pour leurs plus antiques prédécesseurs. […] Leur essor initial respectif se rapporte, historiquement, à l’antiquité grecque, au Moyen Âge, et à l’époque moderne.
Ou, sur un autre registre, songeons à ces racines faites de consonnes, simples directions de la voix, imprononçables par elles-mêmes, et auxquelles les linguistes ramènent la presque totalité des mots sanscrits ou grecs : paradis d’une langue, comme les mouvements abstraits de cette mécanique que Léonard appelait le paradis des sciences, et comme ces actions dont parle Valéry, « qui se ralentissent en œuvres distinctes. » Avec la pratique de la langue et des livres de philosophie, qu’un accident de carrière, aussi vraisemblable que ceux qui advinrent en effet, aurait pu lui donner, Valéry se transporterait ici dans le monde de la relation pure, familière à un lecteur de l’Analytique transcendentale, de Renouvier et d’Hamelin. […] « Certains peuples se perdent dans leurs pensées ; mais, pour nous autres Grecs, toutes choses sont formes. […] L’architecte, au temps où, grec ou gothique, il existait, pouvait réaliser du style pur comme la musique réalise du sentiment poétique pur.
S’il est enclin à la maraude, aux excursions vers les mondes du parisianisme louche, de la putréfaction galante, le monde « de l’obole, de la natte et de la cuvette », dont un rhéteur grec (Démétrius de Phalère) signalait déjà les ravages dans la littérature, s’il a, plus que nul autre et avec plus de talent que Dom Reneus, propagé le culte de sainte Muqueuse, s’il a chanté (à mi-voix) ce qu’il appelle modestement « des amours bizarres », ce fut, au moins en un langage qui, étant de bonne race, a souffert en souriant ses familiarités d’oratorien secret ; et si tels de ses livres sont comparables à ces femmes d’un blond vif qui ne peuvent lever les bras sans répandre une odeur malsaine à la vertu, il en est d’autres dont les parfums ne sont que ceux de la belle littérature et de l’art pur ; son goût de la beauté a triomphé de son goût de la dépravation. […] Il agrandit un horizon que le clergé d’aujourd’hui a réduit aux dimensions d’un panorama, et, comme les mystiques catholiques de race grecque, il fait entrer dans sa religion la philosophie de son temps. […] Ce que cette littérature forte et large doit aux tragiques grecs, à Shakespeare, à Whitman, on le sent plutôt qu’on ne peut le déterminer. […] Quant aux brillantes et éclatantes symphonies de couleurs et de lignes, quelle que soit leur importance pour le peintre, elles ne sont dans son travail que de simples procédés de symbolisation. » En son étude sur Gauguin, un an plus tard, il revint sur cette théorie, la développa, exposant, avec une grande sûreté de logique, les principes élémentaires de l’art symboliste ou idéiste, qu’il résume ainsi : L’œuvre d’art devra être : « 1° Idéiste, puisque son idéal unique sera l’expression de l’Idée ; » 2° Symboliste, puisqu’elle exprimera cette idée par des formes ; » 3° Synthétique, puisqu’elle écrira ces formes, ces signes, selon un mode de compréhension générale ; » 4° Subjective, puisque l’objet n’y sera jamais considéré en tant qu’objet, mais en tant que signe d’idée perçu par le sujet ; » 5° (C’est une conséquence) Décorative ― car la peinture décorative proprement dite, telle que l’ont comprise les Égyptiens, très probablement les Grecs et les Primitifs, n’est rien autre chose qu’une manifestation d’art à la fois subjectif, synthétique, symboliste et idéiste. » Après avoir ajouté que l’art décoratif est le seul art, que « la peinture n’a pu être créée que pour décorer de pensées, de rêves et d’idées les murales banalités des édifices humains », il impose encore à l’artiste le nécessaire don d’émotivité, en alléguant, seule, « cette transcendantale émotivité, si grande et si précieuse, qui fait frissonner l’âme devant le drame ondoyant des abstractions ».
La petite sauterelle du Désert s’était développée tout à coup au grand air de là-bas ; sous ses vêtements libres, elle avait pris la splendeur de lignes des statues grecques, elle s’était épanouie en femme faite et admirable. […] On lui demandait si Planche était le fils de l’auteur du Dictionnaire grec, ou du pharmacien de l’angle de la Chaussée-d’Antin. « — De tous les deux », répondit-il ; il y avait, en effet, chez Planche, de la férule et de la formule, du magister et de l’apothicaire. […] — Les Grecs, a dit Goetheb dans un mot célèbre, ont fait le plus beau songe de la vie. — Ce songe je l’ai refait avec eux. » Ces mots qui terminent la préface du beau livre que M. […] On a beaucoup écrit sur le théâtre grec. […] Pour expliquer les premières origines du théâtre grec, M.
C’est aussi qu’Aristide Bruant a su donner à sa poésie et à sa personne un caractère soutenu, une physionomie originale et se composer tout entier corps et âme, en grand style canaille, avec une perfection qu’atteignirent seuls avant lui quelques cyniques grecs et, mieux que tout autre, ce Diogène qui fut, vivant, la plus amusante des œuvres d’art. […] » — « Je suis jaloux de Pindare », dit Moréas en frisant des deux mains les bouts de ses moustaches. « Je ne lui pardonne que parce que c’est un Grec, un compatriote. Qu’il reste Grec ; est-ce qu’on ne m’a pas, moi ! […] Je ne suis pas de vraie race grecque ; et je crois d’ailleurs qu’il n’en existe plus de représentants. […] Mais je m’y refusai absolument : j’avais appris en même temps le grec et le français et je ne séparais pas les deux langues ; je voulais voir la France ; enfant, déjà, j’avais la nostalgie de Paris.
11° Il faut remplacer l’étude du latin et du grec, qui est devenue inutile, par celle des langues vivantes, qui est utile. […] C’est lui qui déclare que Baudelaire est entortillé et confus ; Verlaine un simple pochard, et Moréas un pédant grec. […] L’histoire critique de la philosophie donne deux maîtres livres : le rapport fameux de Ravaisson et les Sceptiques grecs de Brochard. […] Cependant qu’Aristote, la philosophie grecque en général, les moralistes latins, Saint Thomas et les scolastiques étaient tenus dans un mépris complet. […] L’autorité et la direction des études appartiennent au père ; la gestion de la maison appartient à la mère, qui l’inculque aux filles, comme le père inculque le latin et le grec aux garçons.
Mais Henri de Régnier parle de Swinburne (« épris du Rythme, poète d’épopée, plein du grec », a dit Maupassant en ses notes précédant la traduction de Gabriel Mourey44 — et très intuitivement il dénonce en leurs prémisses les thèmes l’inspiration de plus en plus consciente et prépondérante de Viélé-Griffin, plein aussi du souffle grec : évocation de spectacles lointains et de visions mythiques… Faut-il à son propos parler de Swinburne, d’autres de Walt Whitman, plus tard ? […] Dumur qui dans son Recueil de poèmes La Neva propose curieusement une prosodie où il tente de traiter selon la Grecque et la Latine notre métrique, s’en va vers le Roman. […] De la sorte, l’Homme énonçant une idée, le Mime exécutait le geste commandé par ses paroles, le Ballet intervenait pour exprimer le résult de ces actes en la nature, et la musique les sentiments généraux du drame — un peu selon le rôle du chœur Grec. […] Elle n’est point un corps humain qui évolue mais pour lui, une métaphore : glaive, coupe, fleur une écriture corporelle, des signes, des images, animation d’hiéroglyphes… Si l’on examine de près ces propositions d’art scénique — scénique seulement, car d’idées génératrices, il n’en est question l’on trouve au résumé les divers aspects du Théâtre légendaire occidental, Grec et Wagnérien, avec prépondérance de nécessité Symbolique : l’évocation et la suggestion qui sont l’art propre de Mallarmé. […] Mais le « Moi » conscient par introspection des idées « immortelles et innées » les rappelle et les rapporte à soi hors du monde d’apparences matérielles — qui ne sont que Symboles : les thèmes qu’eût pu concevoir Mallarmé se seraient donc essentiellement rattachés (nous l’avons vu par le seul qu’il ait accidentellement indiqué) à la pensée Platonicienne — l’Idée archétype de toutes choses… Funeste concept à heureuse destinée en la philosophie grecque et par elle en les spéculations occidentales, du millénaire Système Indou du philosophe Vyasa94 tandis que de son antagoniste, que l’on pourrait dire « évolutionniste », Kapila95, la doctrine puissante n’apparaît qu’en les Ioniens sachant la mutabilité des choses, et ne s’est avérée qu’hier — encore sournoisement attaquée ou adultérée).
Les Grecs avaient un mot pour désigner celui qui apprend tard (ὀψιμαθής), celui qui, se mettant trop tard à une étude, apprend nécessairement mal.
» C’est un Arabe qui parle d’un chrétien ; c’est un Troyen qui parle d’un Grec.
Patin m’a souvent fait remarquer qu’une des plus belles épigraphes et des mieux appliquées est celle que M. de Fezensac a mise à l’Histoire de mon régiment pendant la retraite de Russie ; elle est prise du second livre de l’Enéide : Illiaci cineres et flamma extrema meorum, Testor in occasu vestro nec tela nec ullas Vitavisse vices Danaum, et, si fata fuissent Ut eadorem, meruisse manu…56 « Cendres d’Ilion, incendie suprême, tombeau des miens, je vous prends à témoin que, dans votre ruine, je n’ai rien fait pour éviter les traits des Grecs, ni aucun des hasards funestes, et que si le destin avait été que je tombasse, j’ai tout fait pour mériter de mourir. » — Quelle plus belle manière et plus touchante, pour un soldat, de s’excuser de n’être point mort, d’avoir survécu à un immense désastre !
Allons, va recevoir ta pension, ou je me fâche. » Mme de Launay eût encore moins compris sa singulière amie si on lui avait dit que sa pensée avait été d’abord de faire offrande des premiers quartiers échus à la cause des Grecs ; car elle ne savait comment justifier et purifier à ses yeux cet argent.
Vers douze ans, il apprit le grec et parvint à le savoir assez bien sans autre secours que les livres, car il ne rentra plus jamais dans aucune école.
Arago, à propos des classiques grecs et latins ; et, s’il déploie dans la discussion moins de prestesse sémillante, ou de riche et poétique abandon, que nos champions de France, il y porte des raisons encore mieux enchaînées, une politesse ingénieuse non moindre.
Il paraît qu’Hesnault fut un peu amoureux d’elle, comme Ménage de Mme de La Fayette son écolière183 ; mais, très-peu pédant qu’il était, il ne le lui dit pas en vers grecs ni latins.
On n’en tolère pas d’autre, on n’en imagine pas d’autre, et si, dans ce cercle fermé, un étranger parvient à s’introduire, c’est à la condition d’employer l’idiome oratoire que la raison raisonnante impose à tous ses hôtes, Grecs, Anglais, barbares, paysans et sauvages, si différents qu’ils soient entre eux, et si différents qu’ils soient d’elle-même.
Nulle part l’action n’est vraie, directement tirée de la réalité commune, simplement fondée sur les passions universelles : les Grecs et les Turcs de Racine sont bien plus près de nous, et par leurs actes, et par leurs sentiments, que les Espagnols et les Français de V.
Lisez les Grecs : si vous croyez que l’atticisme est toujours de la dernière finesse !
S’il n’admire pas Homère, c’est qu’il ne sait pas le grec, et qu’il préfère la Henriade à l’Iliade.
Peut-être même faudrait-il dépasser encore cet horizon trop étroit et ne chercher la justice, la grande paix, la solution définitive, la complète harmonie que dans un plus vaste ensemble, auquel l’humanité elle-même serait subordonnée, dans ce [en grec] mystérieux, qui sera encore quand l’humanité aura disparu.
Il y a, je le sais, un rire philosophique, qui ne saurait être banni sans porter atteinte à la nature humaine ; c’est le rire des Grecs, qui aimaient à pleurer et à rire sur le même sujet, à voir la comédie après la tragédie, et souvent la parodie de la pièce même à laquelle ils venaient d’assister.
Sans parler de l'Egypte, qui donna ses Dieux, avec les Arts, aux autres Nations, on fait que les Grecs & les Romains avoient, dans le temps même qu'ils furent le plus tolérans, un Magistrat pour veiller à la conservation de la Religion.
J’ai là (ce qui vaut mieux) sur ma table ses grandes feuilles-manuscrites, toutes chargées de notes gracieuses ou sévères, d’extraits d’auteurs latins, grecs, anglais, italiens, provisions de toute sorte et pierres d’attente qu’il amassait pour des temps meilleurs et pour l’avenir.
Né en 1762 à Constantinople, d’une mère grecque, nourri d’abord en France sous le beau ciel du Languedoc, après ses études faites à Paris au collège de Navarre, il essaya quelque temps de la vie militaire ; mais, dégoûté bientôt des exemples et des mœurs oisives de garnison, il chercha l’indépendance.
* * * — L’amour romain avait volé le soupir de l’amour grec.
Le clergé grec, par exemple, ayant cette maxime : « Qui pourrait nous faire juges « de ceux qui sont nos maîtres ?
Nous avons, chez les Grecs, les Fables Milésiennes, qui sont restées comme une espèce de réservoir commun où ont puisé successivement presque tous les conteurs ; nous avons l’Ane d’or d’Apulée, l’Ane de Lucien, etc.
Je ne demande pas le grand, le lointain, le romantique ; ce que l’on fait en Italie ou en Arabie ; ce qu’est l’art grec ou le ménestrel provençal, j’embrasse le commun, j’explore et je m’assieds au pied du familier, du bas.
Assurément, il n’arrive à personne de parler de la beauté, de la grandeur d’un feuilleton, de célébrer le style de Ponson du Terrail, l’harmonie des périodes chez Xavier de Montépin, de rechercher, parmi les génies grecs, latins ou français, la filiation littéraire de M.
Comment l’école d’Alexandrie, comment Plotin, son fondateur68, au milieu des lumières de la civilisation grecque et latine, a-t-il pu arriver à cette étrange notion de la Divinité ? […] Il est impossible de démontrer plus péremptoirement, par l’histoire entière de la sculpture grecque, et par des textes authentiques des plus grands critiques de l’antiquité, que le procédé de l’art chez les Grecs n’a pas été l’imitation de la nature, ni sur un modèle particulier ni sur plusieurs, le modèle le plus beau étant toujours très imparfait, et plusieurs modèles ne pouvant composer une beauté unique. Le procédé véritable de l’art grec a été la représentation d’une beauté idéale que la nature ne possédait guère plus en Grèce que parmi nous, quelle ne pouvait donc offrir à l’artiste. Nous regrettons que l’honorable lauréat, devenu depuis membre de l’Institut, ait prétendu que cette locution de beau idéal, si elle eût été connue des Grecs, aurait voulu dire beau visible, parce que idéal vient de εἶδος, qui signifierait seulement, suivant M. […] Il a fallu du moins enlever aux Grecs les frontons du Parthénon : nous, nous avons livré à l’étranger, nous lui avons vendu tous ces monuments du génie français qu’avaient recueillis avec un soin religieux Richelieu et Mazarin.
Et voilà l’architecture gothique préférée à l’architecture grecque, et encore, l’esprit classique français blessé en un endroit des plus sensibles. Mais si l’inspiration chrétienne est si belle, l’antiquité grecque et latine vont déchoir dans l’esprit de notre critique ? […] Et ce n’est rien encore auprès des Martyrs ; il y a là Grèce antique, Rome antique, Rome chrétienne, Gaule, Pays-Bas, Armorique, Paris au ive siècle, Gaulois, Francs, Grecs, Romains.
Les tables comparatives dressées par les linguistes qui font autorité dans ces questions accusent un parallélisme plus étroit entre le vieux slavon et le sanskrit, qu’entre cette dernière langue et le grec des plus anciennes époques. […] Ces Slaves, ces Lithuaniens, ces Finnois doivent se faire Grecs par la religion, les lois, le gouvernement ; ces âmes commencent une histoire : pourront-elles vivre sur le testament d’âmes séniles et épuisées, qui en finissaient une autre ? […] Vers cette époque les « diacres civils », embryon du tchinovnisme futur, commencent d’aider les clercs dans leurs traductions du latin et du grec. […] Les héros nationaux, Ilia de Mourom, Vladimir, Ivan le Terrible, Mazeppa, coudoient ceux de Byzance, de la Table ronde et des Mille et une Nuits, Alexandre le Macédonien, Salomon, le tsar Kitovras, le sage Akir, le beau Deugène du roman de chevalerie grecque. […] Le français, renforcé de grec et de latin, appelant à son aide tous ses patois du Nord et du Midi, la langue de Rabelais enfin, peut seule donner une idée de cette souplesse et de cette énergie. » — Je dois pourtant faire entrevoir quelques-unes de ces pages classiques ; on les apprend en Russie dans toutes les écoles.
C’est, avec la poétique, la seule erreur des Grecs. […] L’éclectisme, en effet, n’a pas plus de fondement en critique ou en histoire qu’en philosophie, et quiconque voudra bien descendre jusqu’au fond de soi-même pour s’y interroger, s’apercevra promptement qu’il ne peut pas aimer également l’architecture gothique et l’architecture grecque. […] Car si l’on fait une fois commencer l’histoire d’un mot français avec celle du mot latin dont il est dérivé, quelle raison aura-t-on de ne pas poursuivre et remonter jusqu’au grec, jusqu’au sanscrit, jusqu’à la prétendue langue mère indo-européenne ? […] et l’abus qu’elle a fait, pour la soutenir, des ornements appelés littéraires : la citation et l’allusion savantes, la métaphore et la périphrase, le grec et le latin, l’ithos et le pathos, l’hypotypose et la prosopopée. […] Ad augusta per angusta : elle n’a pas vu que la perfection est la récompense ou le prix du soin inquiet de la forme, Elle n’a pas voulu, selon l’expression de Boileau, « parler grec et latin en français » ; — ou du moins Boileau se trompe en en faisant le reproche à Ronsard, dont la veine est de soi bien française ; — mais elle a voulu faire passer en français toutes les richesses de la poésie grecque et latine et, faute d’un peu de discernement, les pauvretés avec les richesses.
Qu’il eût de l’esprit comme Voltaire, qu’il fût fringant comme un roué, beau comme un Dieu grec, et redoutable comme un bravo, il suffisait pour s’en convaincre de le voir une fois et de l’entendre. […] Puis la sonnerie des victoires napoléoniennes se répercuta dans d’autres odes, et dans des strophes magnifiques l’appel des revendications grecques. […] Cette prose impeccable, tour à tour colorée comme une peinture flamande, taillée en plein marbre comme une statue grecque, rythmée et souple comme une phrase de musique, s’emploie à représenter des êtres si difformes et si diminués que l’application de cet outil de génie à cette plate besogne vous étonne, vous déconcerte, vous fait presque mal. […] Taine, en composant ses Origines, a inauguré une forme particulière dans ce vieil art d’écrire l’histoire, déjà discuté, analysé et défini par les rhéteurs grecs. […] Si Ronsard a parlé grec et latin en français, c’est que l’enivrement de l’érudition fut le délice de la Renaissance, et que l’on aime aisément trop ce que l’on aime passionnément.
De Villers peut marcher avec Feugères ; ce sont deux Grecs. Ils ont étudié la sculpture et la poésie grecques et n’en ont pris que la surface. […] Encore s’ils avaient compris le fond de la poésie et de la sculpture grecques ! […] Michelet, moins concis, nous développe la même pensée en ces termes : « Le mot du prêtre de Saïs au Grec Hérodote est profond : Vous serez toujours des enfants. […] Proudhon dit : « Ce qui m’a le plus surpris, depuis que cette hypothèse de l’égalité des sexes, renouvelée des Grecs, comme tant d’autres, s’est produite parmi nous, a été de voir qu’elle comptait parmi ses partisans presque autant d’hommes que de femmes.
A demi Grec par une mère grecque, il l’est tout entier par son génie. […] Ceux qui subirent le joug superbe et se domestiquèrent, comme Fontanes, devinrent fonctionnaires ; mais il est peu probable que Chénier, indépendant et républicain comme un Grec de l’Attique, eût consenti au servage. […] Wilde aurait pu aussi bien user du latin et du grec. […] Ce ne sera pas pour moi seulement un roi grec, impuissant devant des fatalités inexorables, il sera toute l’humanité, éternellement aveugle à ses destins ; car le roi de Thèbes n’y voyait pas plus clair lorsqu’il interrogeait le Sphinx de ses yeux fixes que lorsqu’il errait, portant en ses prunelles sanglantes le signe visible de sa cécité. […] Mallarmé, d’ailleurs, revendique cette acception de la musique « au sens grec » dans une lettre écrite en 1893 à Edmund Gosse où il définit la « Musique » comme un « rythme entre des rapports » (Correspondance, éd.
En 1556, les Grecs de Chio préférèrent les Turcs aux Génois. […] Nous y trouvons, sans effort, des héros, presque des dieux, de même que les Grecs d’Alexandrie se plaisaient, lorsqu’ils sentaient trop cruellement l’amertume de leur décadence, à évoquer l’entreprise des Sept Chefs ou la conquête de la Toison d’Or. […] Pareillement, Aziyadé est une personne qu’il me fut peut-être loisible de connaître au temps où les courtiers de Constantinople et de Smyrne couraient sur mes talons, en m’insinuant à l’oreille le monotone vocabulaire de leur sabir tentateur : Moussiou… Moussiou… oune Tourque très zôlie… Mari pacha, parti pour la guerre… Bonne occasion, tou sais… Viens, Moussiou… Je dois dire, par respect pour la vérité historique, et afin d’épargner une erreur aux voyageurs mal informés que ces prétendues Tourques sont habituellement des Grecques, des Juives et parfois (ô surprise) des Montmartroises déguisées en belles Fatmas… Quoi qu’il en soit, aucun homme n’osera conter de telles « bonnes fortunes » après les chefs-d’œuvre de Loti.
Les savants, de leur côté, la traduisirent en latin et en grec ; il leur semblait que ces vers, d’une simplicité antique, fussent un larcin qu’il fallait restituer à la langue de Théocrite et de Virgile. […] Je sais bien qu’au moment où Goethe publia son poème, les esprits se portaient avec ardeur vers l’étude de la littérature grecque ; je sais bien que Goethe lui-même y cherchait depuis longtemps ses modèles, qu’il était alors en relation presque journalière avec Voss, le traducteur d’Homère, et qu’on avait déjà observé l’influence salutaire de l’antiquité sur son Iphigénie. […] Nous nous bornerons à une seule remarque : chez les Grecs et chez les Latins, les figures de mot sont fréquentes, au moins dans la poésie descriptive ; ici, au contraire, elles sont relativement fort rares ; l’ensemble seul nous représente les objets, et il n’y a de peinture vive que celle qui résulte de l’ordonnance générale du style. […] Depuis les Grecs, aucune poésie n’a été plus profondément nationale et aucun peuple ne s’est plus absolument identifié avec ses poètes. […] Fils d’une race proscrite dont il ne partage point les passions, étranger au sein de sa famille, il passe sa jeunesse dans une solitude demi-volontaire, demi-forcée, relégué au fond de sa petite chambre, apprenant l’hébreu après le grec, le chaldaïque après l’hébreu, et le sanscrit, et l’arabe, et le persan.
Certes, on avait raison de ne pas vouloir s’en tenir aux Grecs et aux Romains, d’autant qu’ils n’avaient pas représenté à la scène tous les sentiments humains, bien qu’ils n’y fussent pas étrangers dans la vie réelle. […] La croyance à la transmission inéluctable des caractères par voie de filiation a été aussi funeste que l’anankè grec et le fatum des latins, sans omettre la providence des chrétiens ; non seulement, elle a été la sanction de toutes les injustices, de toutes les spoliations et de tous les privilèges, mais encore elle a rabaissé l’humanité tout entière en ôtant à l’homme son libre arbitre, conséquemment sa responsabilité.
Sully Prudhomme a héritée des classiques, ses maîtres, qui eux-mêmes l’avaient prise, en la restreignant, à l’antiquité grecque. […] Je crois qu’il n’y a pas une esthétique au sens où l’entendaient les Grecs, mais des esthétiques, de même que les savants arrivent de plus en plus à concevoir qu’il y a non pas une science, mais des sciences, c’est-à-dire des systèmes de représentations symboliques du réel, qui ne sont pas rigoureusement complémentaires.
Ils ne pensent pas du tout « que l’esprit français ait besoin d’être régénéré par une sève plus généreuse », les Daunou, les Chénier [Marie-Joseph], les Hoffmann, ni toute cette génération d’hellénistes qui a si bien su le grec, les Clavier, les Villoison, les Boissonnade, Courier lui-même, l’auteur de la Lettre à M. […] Mme de Staël avait raison quand, dans son Allemagne, elle posait en principe que, « le paganisme et le christianisme, le Nord et le Midi, l’antiquité et le Moyen Âge, la chevalerie et les institutions grecques et romaines » s’étant partagé l’histoire de la littérature, le romantisme était donc, par contraste avec le classicisme, tout à la fois le chevaleresque, le Moyen Âge, les « littératures du Nord » et le christianisme [Cf. […] Influence de Chateaubriand sur le développement du sentiment historique ; — et que pour s’en rendre compte, on n’a qu’à comparer ses Martyrs aux Histoires de Voltaire. — Quelle que soit en effet la vérité vraie de ses Francs, de ses Gaulois, de ses Romains et de ses Grecs ; — laquelle est toujours discutable ; — au nom d’une érudition devenue depuis lui plus précise ; — ils ne se ressemblent pas entre eux ; — et c’est ce qui les distingue des Grecs et des Romains de la tragédie pseudo-classique. — Ce qui revient à dire qu’il a eu l’art d’individualiser les époques de l’histoire ; — comme il avait fait les scènes de la nature ; — et c’est la justice que lui a rendue Augustin Thierry [Cf. plus loin, p. 430, l’article Augustin Thierry]. — De l’importance de cette innovation d’art ; — et comment en devenant le principe de tout ce que le romantisme désignera par le nom de couleur locale, — elle a contribué au renouvellement de la poésie ; — au renouvellement de la manière d’écrire et de concevoir l’histoire ; — et au renouvellement de la critique même ; — s’il y a quelque chose de Chateaubriand jusque dans Villemain, Sainte-Beuve, et Renan. […] 2º L’Homme et l’Écrivain ; — et qu’il mérite qu’on ne l’oublie point, pour la seule originalité de sa physionomie ; — comme ayant passé sa vie de soldat à déserter son poste ; — sa vie publique à jouer au « paysan » en traduisant du grec dans le français d’Amyot ; — et comme ayant réuni dans ses meilleurs écrits le sentiment le plus délicat du style à une rare grossièreté de pensées. — Quelles raisons il a eues de se ranger dans l’opposition libérale sous la Restauration ; — et si la principale n’en a pas été son échec à l’Académie des inscriptions, 1818 ?
Après cette énumération sévère des travaux de Maturin, nous sommes loin, à ce qu’il semble, de pouvoir compter sur la gloire de son nom, comme Homère et Tasso comptaient sur la prise de Troie et de Jérusalem, après le dénombrement de la flotte grecque et de l’armée croisée. […] Mais après une heure tout au plus donnée à l’indulgence, son front se rembrunit, il tance l’art grec ainsi qu’un écolier indocile, il s’apitoie avec colère sur les proportions tout humaines de ces temples déserts. […] Ses conjectures sur les ruines de Balbek dépassent de bien haut ses réflexions chagrines sur l’architecture grecque. […] Ceux qui le connaissent familièrement n’ont jamais vu en lui qu’un homme très simple, d’une instruction solide, lisant facilement l’italien et le grec moderne, parlant avec une pureté remarquable l’anglais et l’espagnol, préférant volontiers entre tous les livres les relations de voyages. […] Je ne veux pas le nier, entre le rhéteur grec et l’euphuiste de la cour de Louis XIV, il s’est rencontré plus d’un descripteur habile qui a su trouver dans cette maladie de l’âme humaine des épisodes pathétiques et déchirants.
C’est justement ce qui embarrasse les critiques intransigeants, lorsqu’ils veulent juger le prosateur de Madame Bovary admirant avec fracas Boileau, Homère, les tragiques grecs, nos classiques, Victor Hugo et Leconte de Lisle. […] La littérature grecque non seulement n’a pas de formule, mais on peut dire qu’elle n’a jamais cherché ses œuvres. […] Le seizième et le dix-septième siècle n’ont vécu que de l’imitation grecque ou latine. […] Malgré l’hostilité ultra-moderniste de quelques écoles, la connaissance approfondie des classiques grecs et latins paraît être le fondement de toute culture et de toute production. […] Pour être sûr de ne pas perdre votre personnalité dans une assimilation étroite des œuvres contemporaines, remontez aux Grecs, aux Latins, à nos prosateurs du dix-septième et du dix-huitième siècle.
Karr, il s’enveloppe dans son logis, d’une robe turque, et se coiffe d’une grecque en maroquin couverte de broderies d’or. […] Elle était rentrée avant nous ; nous la trouvâmes en pantalon à pieds de cachemire rouge, enveloppée dans une robe-de-chambre en velours brun et coiffée d’un bonnet aussi de velours, de forme grecque et richement brodé. […] J’ai vu plusieurs costumes grecs tachés du sang des officiers qui les portaient à Missolonghi.
— Il se compare encore à l’artiste grec qui composa sa Vénus de traits divers empruntés à diverses beautés ; et c’est ainsi qu’il a fait dans Werther, dit-il, tout en y laissant à sa Charlotte le caractère dominant du principal modèle.
Sans doute ce n’est pas l’Espagne dont tu m’envoies le charmant écho dans cette vraie colombe dont tu traduis la langue avec émotion93 ; mais c’est du calme, de l’air, sans sonnette aux portes, sans pianos, sans bonnet grec dans un grenier. — Ici tout va de plain-pied… du moins à la surface des prés que j’ai parcourus.
Louis Langlois, qui se plaisait à traduire en vers les élégiaques latins, est également parti de ce même goût personnel pour léguer à l’Académie une rente de 1,500 francs destinée à l’auteur de la meilleure traduction en vers ou en prose d’un ouvrage grec, ou latin, ou étranger.
Jacques Amiot, qui avait un français d’un coloris si vif et qui avait mis du rouge à Plutarque (entendez-le à bonne fin), semblait en effet avoir emprunté son nom au mot grec qui signifie vermillon, ἄμμιον.
Il osa désobéir à ce bon père qu’il vénérait, et seul, sans appui, brouillé avec sa famille (quoique sa mère le secourût sous main et par intervalles), logé dans un taudis, dînant toujours à six sous, le voilà qui tente de se fonder une existence d’indépendance et d’étude ; la géométrie et le grec le passionnent, et il rêve la gloire du théâtre.
Par les Éloges de Thomas, par les pastorales de Bernardin de Saint-Pierre, par la compilation de Raynal, par les comédies de Beaumarchais, même par le Jeune Anacharsis et par la vogue nouvelle de l’antiquité grecque et romaine, les dogmes d’égalité et de liberté filtrent et pénètrent dans toute la classe qui sait lire585. « Ces jours derniers, dit Métra586, il y avait un dîner de quarante ecclésiastiques de campagne chez le curé d’Orangis, à cinq lieues de Paris.
Homère fut sincère dans son temps, car les fables de l’Olympe étaient réputées vraies par tout l’univers grec et même égyptien.
Il lisait les chefs-d’œuvre de l’antiquité comme on lit des romans, les latins dans le texte, les grecs dans la traduction, avec cette pénétration du génie qui sent l’original sous le traducteur.
Elle est la déesse Jördh de la mythologie nordique, et trouve son équivalent dans la figure de Gaïa dans le monde grec.
Quoique les Divinités du Paganisme eussent une existence réelle dans l'opinion des Grecs & des Latins, Homere & Virgile les représentent sous des images visibles & connues, toutes les fois qu'ils les introduisent sur la Scene pour leur faire jouer un rôle.
M. de Latouche, dans ses idées d’honnête homme, crut avoir tout sauvé, avoir concilié la probité avec la malice, en donnant à la somme reçue une application patriotique et en publiant le lendemain que M. de La Rochefoucauld venait d’envoyer son offrande de souscription en faveur des Grecs.
» Et là-dessus il s’élève contre la polychromie de l’architecture et de la sculpture, affirme que Pausanias n’a dit nulle part que les Grecs peignaient leurs statues, et que l’exemple de Pompéi n’est nullement probant à cause de la décadence de l’art ; — enfin, lâchant la polychromie, le vieux Delécluze s’étend longuement sur les difficultés que les chrétiens fervents éprouvent à mourir.
Je revoyais l’ancienne salle de spectacle, le petit bois plein de terreur, où étaient enterrés le père et la mère de ma tante, l’espèce de temple grec où les femmes attendaient le retour de leurs maris, de la Cour des comptes et du ministère des affaires étrangères ; enfin je me rappelais Germain, ce vieux brutal de jardinier, qui vous jetait son râteau dans les reins, quand il vous surprenait à voler du raisin.
Samedi 18 février C’est curieux la révolution amenée par l’art japonais chez un peuple esclave dans le domaine de l’art, de la symétrie grecque, et qui soudain, s’est mis à se passionner pour une assiette, dont la fleur n’était plus au beau milieu, pour une étoffe où l’harmonie n’était plus faite au moyen de passages et de transitions par des demi-teintes, mais seulement par la juxtaposition savamment coloriste des couleurs.
La Judée et ses aspects se retrouvent d’une manière générale dans les poètes bibliques et dans leur forme d’imagination ; la nature orientale se peint dans l’exubérance littéraire des Hindous, la Grèce aux lignes précises dans la poésie grecque.
Une certaine obscurité plane sur l’étymologie du mot latin ; on le rattache généralement au grec […], qui signifie errer, au sens physique, et, par extension, divaguer.
Oui, nous admirions dans cet esprit méridional, vibrant et sensible, dupe de la couleur et de la surface, amoureux de la forme ; comme un Phocéen, — mais ne la réalisant pas comme un Grec, — cette pérennité d’une idée vraie, cette impersonnalité du point de vue, qui est peut-être toute l’impartialité permise à nos chétifs esprits d’un jour !
Il y avait là des Françaises, des Anglaises, des Américaines du Nord et du Sud, des Italiennes, des Espagnoles, des Allemandes, des Belges, des femmes venues des îles de l’archipel grec et de l’Asie Mineure, et la race se reconnaissait à la forme des traits, à la nuance de la peau, à un peu plus de raideur, ou d’abandon, ou de volonté tranquille dans la tenue, bien que les chaises fussent toutes exactement alignées, les tailles droites, les mains posées à plat ou jointes sur les robes tombant à plis pareils.
Zola n’était pas encore au temps où Mme de Staël écrivait : « La littérature est l’expression de la société. » Avant Mme de Staël, La Bruyère avait commencé son livre des Caractères par cette phrase charmante en sa douce malice : « Je rends à mon siècle ce qu’il m’a prêté. » Les Grecs et les Latins, avant La Bruyère, avaient plus d’une fois dit à peu près la même chose.
Pour les littératures grecque, espagnole et allemande, j’ai déjà esquissé ce travail, mais je n’en dirai rien ici.
Il était tout naturel qu’avant de les entretenir de poëtes grecs et d’historiens romains il les entretînt d’un sujet plus agréable à tous ; et quoi de plus agréable pour eux et même pour lui que de leur parler de M. de Lamartine ? […] Cet effort devait être encore plus stérile que dans le domaine politique et administratif, et cela par des raisons analogues ; parce que la religion nationale, très simple à son origine et très conforme aux mœurs rudes et agrestes du Latium et de l’Étrurie, s’altérait de plus en plus dans cette diffusion générale où les peuples annexés lui apportaient leur culte, les philosophies leurs systèmes, les civilisations grecque ou orientale leurs corruptions et leurs voluptés. […] Il réunit, dans un type violent, gigantesque et sans harmonie, quelque chose du barbare, du Romain, du Grec, de l’Oriental, du vieillard, de l’enfant, du héros païen et du héros chrétien ; il est, au plus haut degré, un grand homme byzantin.
Là-dessus, de toutes parts, l’on chronique ; les articles surgissent, les sonnets aussi, et, comme la langue française paraît indigne de sujets si parisiens, les langues mortes ressuscitent pour chanter le triste abandon de l’une et la liberté retrouvée de l’autre… Et l’on voit, sur la jetée du Havre, Calypso accoudée et qui pleure ; là-bas, des falaises qui se dressent toutes grises ; l’horizon brumeux, la mer bouillonnante, une barque qui emporte Ulysse vers Terre-Neuve, et la blanche voile qui fuit, sous la brise, fuit et disparaît… tout cela est grec ! […] Enfin que ce soit du grec, du français ou du bigorne, en prose ou bien en vers, nous savons maintenant que M. […] Et l’on voit s’effondrer les palais romains, les colonnades grecques, s’enfuir les fantômes surannés, comiquement empêtrés dans les plis des tuniques et des péplums. […] Durant le temps qu’il rêvait à l’art, sa seule doctrine a été de détruire l’originalité, le tempérament, la personnalité chez l’artiste, et de le ramener à la plate copie de ce qu’il appelait l’idéal grec. Lui aussi, il croyait que les Grecs avaient inventé une beauté spéciale, un idéal de songe, une fantaisie chimérique des lignes, tout un monde de féerie entrevu à travers des rêves de poètes et des sommeils de dieux.
C’est ce qui nous laisse si loin des anciens, et surtout des Grecs, qui sont toujours dans la réalité, qui peignent ce qu’ils sentent, décrivent ce qu’ils voient ; qui ne se croient pas dans l’obligation d’exagérer leurs impressions et d’enfler leur langage. […] Tant qu’on ne concevra pas l’histoire moderne, d’une manière analogue à l’histoire des Grecs et des Romains, il faudra renoncer à exciter le même intérêt. […] Le gouvernement et les mœurs des Grecs et des Romains devinrent classiques comme leurs poésies. […] Telle fut la marche première de la science chez les Grecs, qui la revêtirent de la poésie et de l’éloquence. […] On s’introduisait dans les mœurs, dans les opinions des Grecs et des Romains, et par là on entendait mieux leurs livres.
On jouissait de sa modestie autant que de son triomphe ; ses admirateurs devenaient ses amis ; son visage, penché en arrière, écartait d’une vive saccade les mèches de sa noire chevelure humides de sueur, mais sa bouche était toujours gracieuse, et, s’il n’eut pas eu le nez trop court et cassé par un coup de fer, il aurait ressemblé à un lutteur grec se reposant après le combat. […] À quatorze ans, il suivait seulement l’ornière banale des études de collège, grec et latin.
C’est que ces vestiges de l’antiquité grecque et de l’esprit hellène ne constituent qu’une minime partie de notre patrimoine intellectuel. […] Faut-il évoquer la simplicité d’écriture des Évangiles, la banalité sublime d’Homère, le style populaire des Tragiques grecs pour démontrer que M.
Le dogme, quel qu’il soit, juif ou grec, rapetisse à sa taille le vrai et l’idéal, la lumière et l’azur : « il coupe l’absolu sur sa brièveté. » Tous les cultes ne sont, à Memphis comme à Rome, Que des réductions de l’éternel sur l’homme 173. […] Sous ce rapport on peut le rapprocher, d’une manière bien inattendue, du vieux philosophe d’Ephèse, Heraclite, dont les sentences voulant montrer dans la mort l’œuvre même de toute vie, s’appuie sur l’analogie des mots, en grec, désignent la vie et l’arc (βίος et βίός) il s’écrie : l’arc a pour nom vie et pour œuvre mort. » Malgré ces jeux de mots et d’idées, niera-t-on la profondeur d’Heraclite, l’un des penseurs qui ont été le plus avant au cœur des choses ?
Les philosophes grecs et ceux du moyen âge, Voltaire et Joseph de Maistre, Proud’hon et Le Play, Karl Marx et Bergson, Taine et Renan, passaient tour à tour dans sa conversation. […] On ne saurait franchir la porte Camollia, suivre la via Cavour et arriver à ce campo, sans se rappeler le livre troisième des Commentaires du vieux maréchal, où il raconte comment, exténué de maladie et considéré comme mourant par les Siennois, il se décida, pour leur prouver qu’il n’avait rien perdu de ses forces, à se frotter le visage avec du vin grec et à se vêtir comme pour une fête. « Je me fis bailler », dit-il, « des chausses de velours cramoisi que j’avais apportées d’Alba, couvertes de passementeries d’or et fort découpées et bien faites, car au temps que je les avais fait faire, j’étais amoureux. » Il passe un pourpoint ajusté, une chemise de soie cramoisie brodée d’or, un hausse-col doré également, coiffe un chapeau de soie grise avec un grand cordon d’argent et des plumes d’aigrettes bien argentées, et le voilà dans la salle du conseil « où », dit-il encore, « il bravait plus que quatorze ». […] Ces lois de l’enfer mental, Dupré en saisissait le jeu, il avait, devant elles, cette sensation de la découverte qui faisait crier au savant grec l’Eurêka de la légende. […] Les Serbes, les Bulgares, les Grecs vont suivre, et que d’intérêts plus ou moins avoués se trouvent engagés dans le conflit !
Voici l’art grec en possession d’un type nouveau qui atteint sa perfection dans la seconde moitié du vie siècle. […] L’art grec n’a pas procédé autrement. […] De ce mode de représentation on trouverait dans l’art grec d’admirables exemples. […] On a signalé, dans la céramique grecque, cette recherche de la ligne pour la ligne, qui donne aux figures peintes sur les vases antiques un caractère si particulier. […] Voir Maxime Collignon, Histoire de la sculpture grecque, 1892, t.
Or ils savent qu’il n’y a jamais eu que deux réussites dans le monde, et que dans le monde antique ce fut le peuple grec, et que dans le monde moderne ce fut le peuple français, Étant entendu que le peuple juif est et fut et sera toujours une longue race et la race même de la non-réussite et que le peuple romain était destiné à se faire la voûte d’une immense rotonde. […] Dans le latin, dans le grec, et jusque dans l’allemand tolérer c’est porter, supporter, élever, soutenir, soulever un fardeau de peine. […] La racine correspondante en grec est ταλ ou τηλ, d’où τάλας “celui qui supporte”, τλῆναι “supporter”, τέτληκα “j’ai supporté”, πολύ-τλας “qui supporte beaucoup”. — … — Tolero ne vient pas directement de tollo, mais d’un substantif perdu *tolus, *toleris. […] En ce sens, et d’un seul coup, et du premier coup Ulysse est déjà un Romain parmi ces Grecs. […] Il ne l’aime pas seulement d’une bienveillance et philanthropie antique et païenne et grecque et philanthropique.