Les écrivains politiques en état de frénésie ou de cécité qui se sont faits les organes de cette théorie de la liberté illimitée, et qui ont été assez malheureux pour se faire des adeptes, n’ont pas réfléchi que tout jusqu’à la plume avec laquelle ils niaient la nécessité de la loi était en eux un don, un bienfait, une garantie de la loi ; que l’homme social tout entier n’était qu’un être légal depuis les pieds jusqu’à la tête ; qu’ils n’étaient eux-mêmes les fils de leurs pères que par la loi ; qu’ils ne portaient un nom que par la loi qui leur garantissait cette dénomination de leur être, et qui interdisait aux autres de l’usurper ; qu’ils n’étaient pères de leurs fils que par la loi qui leur imposait l’amour et qui leur assurait l’autorité ; qu’ils n’étaient époux que par la loi qui changeait pour eux un attrait fugitif en une union sacrée qui doublait leur être ; qu’ils ne possédaient la place où reposait leur tête et la place foulée par leurs pieds que par la loi, distributrice gardienne et vengeresse de la propriété de toutes choses ; qu’ils n’avaient de patrie et de concitoyens que par la loi qui les faisait membres solidaires d’une famille humaine immortelle et forte comme une nation ; que chacune de ces lois innombrables qui constituaient l’homme, le père, l’époux, le fils, le frère, le citoyen, le possesseur inviolable de sa part des dons de la vie et de la société, faisaient, à leur insu, partie de leur être, et qu’en démolissant tantôt l’une tantôt l’autre de ces lois, on démolissait pièce à pièce l’homme lui-même dont il ne resterait plus à la fin de ce dépouillement légal qu’un pauvre être nu, sans famille, sans toit et sans pain sur une terre banale et stérile ; que chacune de ces lois faites au profit de l’homme pour lui consacrer un droit moral ou une propriété matérielle était nécessairement limitée par un autre droit moral et matériel constitué au profit d’un autre ou de tous ; que la justice et la raison humaine ne consistaient précisément que dans l’appréciation et dans la détermination de ces limites que le salut de tous imposait à la liberté de chacun ; que la liberté illimitée ne serait que l’empiétement sans limite et sans redressement des égoïsmes et des violences du plus fort ou du plus pervers contre les droits ou les facultés du plus doux ou du plus faible ; que la société ne serait que pillage, oppression, meurtre réciproque ; qu’en un mot la liberté illimitée, cette soi-disant solution radicale des questions de gouvernement tranchait en effet la question, mais comme la mort tranche les problèmes de la vie en la supprimant d’un revers de plume ou d’un coup de poing sur leur table de sophistes. […] Le Thibet, qui sépare l’Inde de la Chine, semble en effet séparer aussi en deux zones géographiques les facultés de l’esprit humain : dans les Indes comme dans l’Arabie et la Grèce, l’imagination ; dans la Chine et dans la Tartarie, la raison.
L’âme est donc en nous un je ne sais quoi qui pense et qui sent ; elle est de plus douée par le Créateur de la faculté de percevoir et de communiquer à d’autres âmes analogues elle-même des sensations et des pensées. C’est cette faculté de percevoir et de communiquer par ses sens des sensations et des idées qui fait de l’âme un être sociable ; sans cela elle serait seule comme Dieu, se suffisant à lui-même dans son infini : le grand solitaire des mondes, selon l’expression d’un ancien.
Notre faculté de souffrir est en raison de notre faculté de sentir : tel meurt d’un événement dont tel autre sourit ; en lui la note avait brisé le clavier.
Mais la faculté de sentir, d’aimer, de souffrir, qui est la plus belle des facultés du cœur, n’est pas la plus forte des qualités de l’esprit : la preuve en est que la plus simple des femmes sent, aime et pleure ; mais le génie seul pense et plane au-dessus de ses propres impressions pour les contempler et pour les juger avec la sublime impassibilité d’un dieu.
Il ne négligeait pas cependant les fonctions plus graves qu’il remplissait comme administrateur à Ferrare ou dans les provinces ; c’était un de ces esprits multiples, mais précis, qui disposent à volonté de leurs facultés diverses, et qui savent tantôt se servir de leur imagination, tantôt la dompter pour la réduire à son rôle dans la vie : le charme, l’ornement ou l’amusement de l’existence. […] C’est de cette double faculté qu’est né le genre héroï-comique ; ce genre a besoin, pour être cultivé et senti, d’une dose égale d’enthousiasme dans le cœur et de raillerie dans l’esprit.
Je n’ai jamais joui de l’entier exercice de mes facultés intellectuelles et créatrices, que mon cœur ne se trouvât auparavant rempli et satisfait, et que mon esprit ne se sentît appuyé, soutenu par une main estimable et chère. […] Il le sentit trop ; il chercha sa consolation dans le sommeil de ses facultés, et il se fit une habitude de l’ivresse, oubli volontaire du sort.
Voyez le crâne de Raphaël dans le moyen âge ; voyez le crâne exquis mais étroit de Voltaire dans le dernier siècle ; ces deux hommes, doués des plus merveilleuses facultés de l’intelligence, seraient des idiots si vous compariez la petitesse de l’organe de leur pensée à la masse tudesque des têtes de David. […] Il y a des gens qui s’offensent de cette faculté, ils redoublent mes tourments en ne me comprenant pas !
« Quoiqu’il se prive dans cet état de plusieurs avantages qu’il tient de la nature, il en regagne de si grands, ses facultés s’exercent et se développent, ses idées s’étendent, ses sentiments s’ennoblissent, son âme tout entière s’élève à tel point que, si les abus de cette nouvelle condition ne le dégradaient souvent au-dessous de celle dont il est sorti, il devrait bénir sans cesse l’instant heureux qui l’en arracha pour jamais, et qui, d’un animal stupide et borné, fit un être intelligent et un homme560 2. » Rousseau se garde donc bien de nous inviter à restaurer en nous l’orang-outang, primitif exemplaire de notre humanité. […] Il nous prend par toutes nos facultés : en politique, en morale, dans la poésie, dans le roman, on le trouve partout, à l’entrée de toutes les avenues du temps présent.
L’invention n’est donc pas toute dans l’imagination, quoiqu’elle semble la plus riche et la plus hardie de toutes nos facultés. […] La faculté la plus inventive, c’est la raison, parce que la raison seule nous découvre la vérité, la seule source des littératures qui ne s’épuise pas.
Je sais bien que le christianisme fait la guerre aux sens, et que l’imagination étant de toutes nos facultés la plus sujette à leur influence, il est d’orthodoxie de ne lui pas être complaisant ; mais il y a un juste milieu entre lui trop complaire et ne lui faire aucune part. Le christianisme ne croit pas qu’il y ait excès à s’aider de toutes nos facultés pour faire pénétrer la lumière au fond de notre âme, à travers nos doutes, nos langueurs et nos ajournements.
… Et quelquefois, je ne sais quoi de noir et de machiavélique, une méchanceté de Liaisons dangereuses, curieuse d’expériences cruelles, un jeu amer avec les faiblesses de la femme… * * * — Une des joies d’orgueil de l’homme de lettres, — quand cet homme de lettres est un artiste, — c’est de sentir en lui la faculté de pouvoir immortaliser, à son gré, ce qu’il lui plaît d’immortaliser. […] Il nous parle de la difficulté de sa vie, du désir et du besoin qu’il aurait d’un éditeur l’achetant, pour six ans, 30 000 francs, et qui lui assurerait ainsi, chaque année, 6 000 francs : le pain pour lui et sa mère, — et par là lui donnerait la faculté de faire « l’Histoire d’une famille », un roman en huit volumes.
Lorsque, le 13 mai 1921, Dada se constituait en tribunal révolutionnaire pour juger Maurice Barrèsag, André Breton, dans l’acte d’accusation qu’il prononça, déclara entre autres choses : « Profiter du crédit que nous valent quelques trouvailles poétiques heureuses et d’une séduction qui est tout autre que celle de l’espritah pour faire admettre aveuglément ses conclusions dans un domaine où ses facultés exceptionnelles ne s’exercent plus constitue une véritable escroquerie. » Voilà une simple et définitive réponse à tous ceux qui, pour faire croire à leur audace, ont choisi des cocardes aux détails et couleurs inusuels, ont vanté l’orchidée d’Oscar Wilde et le boulon à la boutonnière de Picabia. […] La dernière phrase du paragraphe éclaire la visée de ces généralités un peu tortueuses par l’expression claire de la thèse promise dès le titre : la raison et l’esprit ne sont pas une même faculté, la première a longtemps servi d’alibi à la négation du second.
Il y a là une preuve de plus de cette tranquillité d’esprit et de cette faculté de travail uniforme, deux traits distinctifs de la forte nature que nous étudions.
[NdA] Je recommande, sur cette question particulière du duc de Bourgogne et des espérances politiques qui se rattachaient à lui, une bonne thèse présentée à la faculté des lettres par M.
Si Buffon tient du xviiie siècle français par un esprit d’indépendance et par une secrète hostilité à la tradition, il s’en sépare d’ailleurs par l’ensemble de son caractère, par le maniement et la bonne économie de ses facultés, par toute son attitude ; en un mot, son esprit tient du xviiie siècle bien plus que son genre de vie et son talent.
Dans le rapport sur le magnétisme animal ou mesmérisme, parlant au nom d’une commission dont faisaient partie Franklin, Lavoisier, et de savants médecins de la faculté de Paris, Bailly montra toute la sagesse et la mesure de son excellent esprit, et prouva que, dès qu’il s’agissait d’un grand intérêt actuel et pratique, les hypothèses ne prenaient plus sur son imagination.
Il dit qu’il partirait dans huit jours, et à ce terme précis il se mit en route, se traînant jusqu’à Montpellier et passant outre, malgré les médecins de la Faculté qui lui prédisaient qu’il n’arriverait pas en vie jusqu’à Marseille : « Mais quelque chose qu’ils me sussent dire, je me résolus de cheminer tant que la vie me durerait, à quelque prix que ce fût ; et, comme je partais, m’arriva un autre courrier pour me faire hâter ; et, de jour à autre, je recouvrais ma santé en allant, de sorte que quand je fus à Marseille, je me trouvai sans comparaison mieux que quand j’étais parti de ma maison. » Montluc débarqua en Italie pendant l’été (1554).
La nature a réparti aux hommes des dons singuliers, des facultés diverses, dont le mouvement se prononce avant même que la réflexion soit venue75.
Il y a des hommes qui ne savent être qu’une chose, que de bonne heure une seule idée et une seule fumée remplit, et en qui une faculté irrésistible agit dès la jeunesse avec la force, la sagacité et aussi l’aveuglement d’un instinct.
Au lieu d’une route désormais tout ouverte pour lui de grand capitaine en plein soleil, de généreux et féal Français, sous un grand homme dont il aurait été le lieutenant illustre et le second, il va se trouver engagé par la force des choses dans une vie de faction, de lutte en tous sens, de dispute pied à pied et de chicane avec les siens et les orateurs envieux de son parti, de rébellion en face des armées et de la personne même de son roi, d’alliance continuelle avec l’étranger ; il va former et consumer ses facultés d’habile politique et d’habile guerrier dans des manœuvres où l’intérêt et l’ambition personnelle font, avec les noms sans cesse invoqués de Dieu et de conscience, le plus équivoque mélange, tellement que celui même qui s’y est livré si assidûment serait bien embarrassé peut-être à les démêler.
Vous savez que j’ai fait pour votre établissement tout ce que mes facultés me permettaient de faire.
Combes a fait de la princesse des Ursins le sujet d’une de ces thèses consciencieuses de la Faculté des lettres qui deviennent si aisément des livres : la princesse, après avoir été discutée et débattue en Sorbonne, a reparu devant le public dans un tableau solide et étendu.
Le fait est que Laclos, l’auteur des Liaisons dangereuses, du moment qu’il fut devenu l’âme du parti d’Orléans, n’eut qu’à appliquer son art et sa faculté d’intrigue à la politique pour en tirer, dans un autre ordre, des combinaisons non moins perverses et vénéneuses.
C’est l’expression dont on s’est servi dans le Moniteur es parlant de lui le lendemain de sa mort mais aussi les plus dénués de la faculté du style qui fût jamais.
Elle sentait en soi des puissances et des facultés supérieures à ce qu’elle avait réalisé ; mais avec ces qualités élevées, tout à fait viriles par le choix des sujets et par l’étendue des vues, elle était femme, je le répète, et comme telle elle avait besoin de plaire, de réussir, de se sentir entourée de bienveillance ; même quand elle s’élevait le plus et qu’elle planait, elle était de la nature des colombes : une flèche pouvait l’atteindre jusque dans la nue et la blesser.
Je suis sûr que plus d’un esprit chez lequel la faculté dialectique est malade trouverait un traitement salutaire dans l’étude de la nature. » Admirable vue !
Il fallait, à cet effet, une double faculté qui n’en fait qu’une chez lui : avoir un coin particulier dans l’organe de la vision, et y joindre un don, particulier aussi et correspondant, pour l’expression des choses de la vision.
Auguste Widal, professeur à la Faculté de Douai, dans une suite de leçons sur Homère qu’il a données au public et qu’iln’a cessé de revoir et d’améliorer depuis, s’est placé, sans prendre de parti, à une sorte de station moyenne qui lui a permis d’unir bien des comparaisons, de combiner bien des rapprochements, et il a fait un livre qui, dans sa seconde édition surtout, est devenu une excellente et fort agréable étude14.
Jamais ambition royale n’avait rencontré à son service une vigueur et une faculté ministérielle plus appropriée, plus habile, plus astucieuse, plus violente, plus minutieuse et en même temps plus réglée et plus soumise : ce ne fut que plus tard et à la fin que cette soumission se démentit un peu.
Lorsqu’on aura rabattu, çà et là, de quelques assertions hasardées et de quelques interprétations trop subtiles du critique, il restera en définitive, dans le souvenir du lecteur qui l’aura suivi dans son excursion, une plus haute idée de la faculté historique instinctive du grand Corneille.
Il avait conçu, pendant son séjour à Nevers, toute une psychologie nouvelle, une description exacte et approfondie des facultés de l’homme et des formes de l’esprit.
Si, étant né prince, il eût reçu une bonne éducation, s’il se fût trouvé surtout dans des circonstances qui l’eussent obligé d’employer avec un peu d’énergie les facultés que la nature lui avait données, il est vraisemblable que peu de princes eussent mieux mérité du genre humain par la bonté qui aurait sûrement dirigé ses actions, si ses actions avaient été à lui. » C’est là qu’en était venu le Louis XV des derniers temps, celui qui disait : « Après moi le déluge !
L’Antichristianisme, discours prononcé dans l’église métropolitaine de Paris pendant l’octave de la dédicace de cette basilique le 4 juin 1864, par Mgr l’évêque de Sura, doyen de la faculté de théologie ; Paris, Douniol, rue de Tournon, 29.
Germain, professeur d’histoire à la Faculté des lettres de Montpellier.
Un poëte, au contraire, qui, avec les hautes facultés et le renom de M. de Lamartine, arrivant à la politique (puisqu’il faut de la politique absolument), ne donnerait que des livres plus rares, mais venus à terme, et de plus en plus mûris par le goût, ne ferait qu’apporter à tout l’ensemble de sa conduite politique, dans l’opinion, un appui véritable et solide ; il finirait, en étant de plus en plus un poëte incontestable, bien économe et jaloux de sa gloire, par triompher plus aisément sur les autres terrains, et par forcer les dernières préventions de ses collègues les plus prosaïques, même dans les questions de budget et dans le pied-à-terre des chemins vicinaux.
Le coup cependant était porté ; la faculté d’invention devenait suspecte et douteuse chez M.
Sans doute, il y en a chez lesquels la mémoire et toutes les facultés sont tellement abolies qu’ils ne peuvent plus reconnaître même les personnes qu’ils ont le mieux connues et le mieux aimés, ce sont les déments.
En Angleterre, ses préceptes servent à enchaîner la fougue d’une nature encore brutale ; en Allemagne, il apporte comme un code de belles manières littéraires, comme un formalisme compliqué que ces esprits germaniques mettent leur gloire à pratiquer ponctuellement, avec grande contention et contorsion de leurs facultés encore peu agiles.
Buffon croit que des sens plus exercés ajouteraient à nos facultés morales.
Certes, il serait bien étrange qu’il y eût dans la nature, soixante et un corps simples, ni plus ni moins, qu’il y eût dans l’homme huit ou dix facultés, ni plus ni moins.
Ses autres livres sont indifférents : soit que, poussant jusqu’au ridicule la théorie de Taine sur la faculté maîtresse, il découvre en Dumas fils et en Moïse un égal génie législateur2 ; — soit que (ces enfants ne doutent de rien), il vole Shakspeare lui-même, embourgeoise Hamlet et métamorphose le sombre usurpateur du trône de Danemark en je ne sais quel « homme du monde en train de penser à ses devoirs de club 3 !
Suivant moi, à part les cours tout à fait supérieurs et savants, tels que je me figure ceux du Collège de France ou des Facultés, les leçons de littérature, pour être utiles et remplir leur véritable objet, doivent se composer en grande partie de lectures, d’extraits abondants, faits avec choix, et plus ou moins commentés.
Mais Pariset avait assurément une faculté rare, à laquelle il n’a manqué que d’être plus contenue à temps pour acquérir toute sa force et tout son ressort.
Il garda de cette éducation commencée sous les belles années de Louis XVI, la faculté d’espérance sociale et de bienveillance universelle, une vue riante de l’humanité, une teinte de philanthropie dont il avait en lui le principe et le foyer, mais dont la couleur se ressentait de la date de son enfance et de sa première jeunesse.
Il tient à rassurer d’abord ceux du dedans qui peuvent se figurer, d’après les déclamations des exagérés, que la monarchie amène nécessairement avec elle l’oppression de la pensée et l’interdiction du raisonnement : Il s’est formé, dit-il, en Europe une ligue de sots et de fanatiques qui, s’ils le pouvaient, interdiraient à l’homme la faculté de voir et de penser.
La fable qui clôt le livre VIIe, Un animal dans la Lune, nous révèle chez La Fontaine une faculté philosophique que son ingénuité première ne laisserait pas soupçonner : cet homme simple qu’on croirait crédule quand on raisonne avec lui, parce qu’il a l’air d’écouter vos raisons plutôt que de songer à vous donner les siennes, est un émule de Lucrèce et de cette élite des grands poètes qui ont pensé.
De plus, le voilà en possession d’une faculté nouvelle : il appelle les rois, les ministres, les gouvernements à son tribunal ; il ne pense plus guère qu’à juger, à décider, à charger tout le monde de devoirs dont il s’exempte. » Voilà une critique spirituelle d’un travers que nous connaissons : mais est-ce bien là une critique de l’Esprit des Lois ?
Parmi les animaux qui s’accouplent pour chaque parturition et qui jouissent au plus haut degré de la faculté de locomotion, les formes douteuses, mises au rang d’espèces par un zoologiste et de variétés par un autre, se trouvent rarement dans la même contrée, mais sont nombreuses en des stations séparées.
L’égalité ne sera pas même parmi les justes dans le séjour de la félicité qui leur est préparée, car il est dit dans l’Évangile : « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père. » L’égalité est dans la société, sauf la différence des fortunes, sauf la différence des rangs, sauf la différence des facultés, sauf enfin l’inégalité.
Le livre n’est pas venu, malgré les facultés qu’il prouve.
Mais c’est surtout au xixe siècle que la preuve a eu lieu, éclatante et incontestable, de la faculté qu’ont les poètes d’entrer dans la prose avec la supériorité de leur génie, quand ils ont le bonheur d’en avoir… et d’y devenir tout à coup des maîtres.
Octave Feuillet, au contraire, tout repose sur l’analyse attentive des facultés de l’âme ; le monde où il se place est bien le nôtre, les passions qu’il décrit sont bien celles qui nous agitent et nous égarent, les devoirs qu’il indique sont ceux auxquels l’honnête homme essayerait vainement de se soustraire. […] le poëte, c’est l’homme qui a, mieux que nous tous, la rêverie et l’image, le sentiment et l’émotion, la faculté de vibration intime, dont nous possédons tous le germe ; c’est l’homme qui sait faire de son impression individuelle une partie de la nôtre, et qui, placé en face des spectacles extérieurs ou des phénomènes de l’âme, interprète ce que nous voyons par ce qu’il voit, ce que nous ressentons par ce qu’il ressent. […] Charles Reynaud, il semble qu’on échappe à un pédagogue et qu’on se trouve avec un aimable compagnon de route, doué de la faculté de traduire en beaux vers les impressions du voyage ; ou, pour parler un langage d’une actualité plus pittoresque, il semble que l’on quitte un de ces tableaux de haut style où MM. […] Et pourtant il y avait là quelque chose de beau, de noble, de vivace comme ces facultés de l’âme où s’agitaient alors tant de germes féconds et de généreux désirs ; et, vingt-cinq ans plus tard, il doit être permis à un de ceux qui tressaillirent aux accents de ces voix éloquentes, de saluer le penseur éminent, le grand prosateur, l’admirable artiste qui n’a désespéré ni de son temps ni de ses idées, qui, dans l’espace de moins d’une année, vient de publier, sur des sujets bien différents, deux livres également beaux, et de qui l’on peut dire peut être ce que lui-même a dit de Pascal, que, si le philosophe en lui a des supérieurs, l’écrivain n’en a pas. […] Ajoutons aussi que, chez Abailard, malgré son talent oratoire ses facultés poétiques et ce don de persuasion qui passionnait son auditoire, l’examen philosophique, l’essai de discussion et de controverse, le libre effort pour initier la raison aux mystères de la foi et pour comprendre ce qu’il faut se borner à croire, se manifestaient par des subtilités, des arguties que de mâles esprits comme saint Bernard avaient le droit de trouver à la fois inquiétantes et puériles.
Les plus vils usurpateurs, et jusqu’à Robespierre, en ont eu momentanément le renom ; mais, en se livrant à l’ambition « d’aller, comme il disait lui-même à Lally, toujours en avant, et le plus loin possible », ce qui rappelle le mot de Cromwell, Bonaparte a réuni au plus haut degré quatre facultés essentielles : calculer, préparer, hasarder et attendre. […] Je crois avec madame de Tessé que sa faculté d’espérer persista toujours un peu disproportionnée aux circonstances, et que, par instants contenue, elle reprenait les devants au moindre jour qui s’ouvrait. […] — C’est ainsi que son expérience acquise se concilia du mieux qu’elle put avec son inaltérable faculté d’espérer et avec sa foi morale et sociale persistante.
La politique n’a donc plus qu’un principe, l’égalité, source du droit ; un but, la liberté, c’est-à-dire la liberté de chacun, le perfectionnement de chacun, la manifestation des facultés de chacun ; enfin un moyen d’arriver à ce but, la fraternité. […] Dieu, en nous faisant tous semblables, en nous donnant à tous des besoins et des facultés, non pas identiques, mais semblables, nous a donné pour principe unique du droit l’égalité, et pour moyen de réaliser cette égalité la société. […] En effet, après tant de travaux de la philosophie matérialiste, qui pourrait nier que chacun de nous n’apporte en naissant des déterminations, des penchants, des facultés diverses ?
Il a beaucoup exercé la faculté de comprendre. […] Le second point auquel il s’attache est qu’il y a des degrés, qui sont proprement les grades conférés au génie dans les facultés de grammairiens et dans les universités de rhéteurs. […] Les somnambules ont des facultés que nous ne pouvons comprendre. […] Sarrasin, qui vendait des olives dans les brasseries, et que plus d’un bourgeois de Lyon, voyant passer le char funèbre de Laprade, escorté de chasseurs à cheval et suivi des robes jaunes de la Faculté des lettres, pouvait demander comme la bonne femme : — Qui est-ce qui est mort ?
Seulement, il avait en lui la faculté d’en tirer, pour lui-même et pour nous, les conséquences les plus divertissantes et les plus imprévues et de donner à ses imaginations une forme brillamment littéraire. […] Il y parviendra sûrement, puisqu’il a pu, à regarder vivre Balzac, ne pas se laisser étourdir et ne rien perdre de sa faculté critique. […] C’est ce sentiment de la vie, chez Balzac, et cette faculté d’en donner l’illusion que Faguet étudie dans le magistral chapitre qui fait le centre de son livre. […] Dure obligation pour un Baudelaire qui n’avait pas, dans la lutte contre la dette, la prodigieuse faculté de production et les ressources imaginatives d’un Balzac ! […] Cette sorte de faculté apparaît même chez des gens qui, par éducation, par métier, sembleraient les plus éloignés de jamais devoir recourir à l’encre, à plume et au papier.
Cela seul ne suffirait-il pas pour tirer un homme, déjà remarquable à d’autres titres, du banal troupeau de la célébrité contemporaine et pour lui mériter une place tout à fait à part, une place unique dans l’attention des quelques êtres qui ont pu conserver leurs facultés d’hommes en plein milieu de ce grand peuple d’acéphales ou de décapités ? […] Ce roman est le déshonneur voulu de la passion, cette usurière infernale qui nous fait payer de toute notre vie et de toutes nos facultés, l’atome de volupté qu’elle nous prête pour un atome de temps. […] C’étaient, déjà très vigoureuses, les facultés adolescentes du poète qui nous apparaît aujourd’hui dans le magnifique développement des Poèmes Ironiques. […] Il suffit, en effet, de l’avoir entendu une seule fois pour sentir l’étrange exception de cette nature si extraordinairement complexe par les facultés et si merveilleusement simple par l’expression. […] Quand il sera devenu célèbre, il lui faudra sans doute essuyer les crachats de l’univers, et si les hommes pouvaient oublier de le faire souffrir, ses exorbitantes facultés seraient encore — dans l’ergastule abominable de cette vie plate et médiocre — ses plus inexorables tourmenteurs.
Indépendance, individualisme, souci de laisser à la personne humaine l’espace nécessaire à la pousse de ses facultés, voilà le trait essentiel de l’éducation anglaise. […] On sait que les universités d’outre-Manche ne sont point, comme nos « Facultés », des instituts d’État où des fonctionnaires, engrenés dans les rouages de l’administration, répandent avec une régularité automatique, la science et les diplômes. […] Je crois que l’enseignement de nos facultés vaut mieux que celui des Universités anglaises. […] le prouvent), doué singulièrement de la faculté d’apercevoir les anomalies et les mensonges qui rendaient ses contemporains malheureux ou coupables, Dumas fils serait digne d’être rangé au nombre des grands hommes, si ses livres étaient illuminés par ce rayon de beauté qui sauve de l’oubli les œuvres humaines. […] le goût de déduire et la faculté de penser, nous pourrons tirer de ce récit véridique, aussi intéressant qu’un roman d’analyse, une leçon expérimentale, fort utile à quiconque veut se pousser vers les hauts emplois.
Gibbon se pique de prouver que l’érudition bien comprise n’est pas une simple affaire de mémoire, et que toutes les facultés de l’esprit n’ont qu’à gagner à l’étude de l’ancienne littérature.
Celui-ci a tout simplement parlé de Beyle romancier comme il aurait aimé à ce qu’on parlât de lui-même : mais lui du moins, il avait la faculté de concevoir d’un jet et de faire vivre certains êtres qu’il lançait ensuite dans son monde réel ou fantastique et qu’on n’oubliait plus.
Daru alors en Allemagne, en Westphalie (août 1808), et lui apprenant que « les bons Parisiens sont menacés de quatre grandes, comédies en vers », d’Andrieux (Les Deux Vieillards), de Picard (Les Capitulations), de Lemercier (Le Faux Bonhomme), et de lui-même Duval qui se met à lui citer des vers de son Aventurière, et qui regrette de ne le pouvoir consulter plus en détail : « Je me rappelle vos observations sur Le Tyran domestique, ajoute-t-il ; elles m’ont contrarié sans doute, mais j’en ai profité. » D’un caractère à part dans ce groupe des amis d’alors ; ombrageux, jaloux, très sensible à la critique, mais doué d’une certaine force de conception dramatique et de la faculté d’intéresser, Alexandre Duval, Breton de naissance, se pliait malaisément au ton de la petite société des dimanches ; il dépassait un peu par sa chaleur et sa poussée d’imagination l’ordre de critiques de style et d’observations de détail si goûtées d’Andrieux et de ses dociles émules.
Tandis que celui-ci, gai, riant, plein de verve et sous ses airs d’Anacréon, semble avoir rempli sa destinée naturelle, La Fare fait plutôt l’effet d’avoir manqué la sienne ; on voit dans son exemple de riches facultés qui se perdent, et des talents distingués qui s’altèrent et s’abîment faute d’emploi ; on est involontairement attristé.
Ces trois ou quatre points, sur lesquels il veut attirer son attention d’homme à jeun, sont précisément les divers degrés d’impression et de sensation, puis de jugement et de raisonnement, de réflexions générales ; la conception que nous avons du passé, du présent et de l’avenir ; la faculté de retour et de considération interne sur nous-mêmes ; l’invention et la découverte des hautes vérités ; tant de sublimes imaginations des beaux génies, « une infinité de pensées enfin, si grandes et si vastes, et si éloignées de la matière qu’on ne sait presque par quelle porte elles sont entrées dans notre esprit », toutes choses qui restent à jamais inexplicables pour une philosophie atomistique et tout épicurienne.
Cette rare personne était douée des plus heureux dons ; elle n’était plus très jeune ni dans la fleur de beauté ; elle avait, ce qui est mieux, une puissance d’attraction et d’enchantement qui tenait à la transparence de l’âme, une faculté de reconnaissance, de sensibilité émue jusqu’aux larmes pour toute marque de bienveillance dont elle était l’objet.
Ses facultés, à elle, ne paraissent nullement avoir été inférieures à celles de ce frère si éminent.
Un degré de chaleur dans l’air et d’inclinaison dans le sol est la cause première de nos facultés et de nos passions.
Il ne se peut de plus beau plaidoyer en faveur de l’ambition, considérée comme le déploiement des plus hautes facultés de l’être humain au complet.
Fiez-vous à lui, mes très chers frères ; il vous guidera mieux, quand il s’agira de sentiment, que les grands raisonnements des philosophes, que la trompeuse expérience du monde, et que les sophismes dangereux de votre raison. » Ce bon frère continua, et je m’en allai parce qu’il commençait à m’ennuyer, et que mon instinct ne peut supporter l’ennui ; cependant j’ai entrevu dans son discours quelques vérités applicables à la petite fille… Ainsi traitait-on cette vieille enfant malade et qui avait tant abusé et mésusé dans sa jeunesse de la faculté d’aimer, qu’elle n’en avait plus la force ni la foi dans ses derniers jours : c’était du moins quelque chose, et mieux que rien, d’en avoir gardé, à ce point, l’inquiétude et le tourment.
Il arrive aussi que l’âme est pénétrée insensiblement d’une langueur qui assoupit toute la vivacité des facultés intellectuelles et l’endort dans un demi-sommeil vide de toute pensée, dans lequel néanmoins elle se sent la puissance de rêver les plus belles choses… Rien ne peut figurer plus fidèlement cet état de l’âme que le soir qui tombe en ce moment.
On est porté aujourd’hui à précipiter tous les mouvements ; lui, savait s’arrêter et arrêter les autres. » Ce Saurin, dont on n’a gardé qu’un bien faible souvenir, s’il avait cette faculté-là, nous manque bien aujourd’hui.
Liautard qui était jusqu’au cou dans toute cette manigance, ou plutôt on se figure sans peine « combien il fallut de soins et de minutieuses attentions pour dépouiller le roi de ses propres idées, pour refaire en quelque sorte son cerveau, sa mémoire, son cœur, toutes ses facultés, toutes ses affections. » Ce qu’il y a de plus certain, c’est que Louis XVIII, ainsi travaillé, faiblit à vue d’œil et baissa.
Des Prédicateurs du xviie siècle avant Bossuet ; thèse présentée à la Faculté des Lettres de Paris par P.
Elle est toute trouvée : « L’ambition, a dit un autre moraliste des plus consommés, Senac de Meilhan, est une passion dangereuse et vaine, mais ce serait un malheur pour la plupart des hommes que d’en être totalement dénués ; elle sert à occuper l’esprit, à préserver de l’ennui qui naît de la satiété ; elle s’oppose dans la jeunesse à l’abus des plaisirs qui entraînerait trop vivement, elle les remplace en partie dans la vieillesse, et sert à entretenir dans l’esprit une activité qui fait sentir l’existence et ranime nos facultés. » Qu’Herman donc, s’il veut rester fidèle à sa femme, au moins dans l’essentiel (car je néglige tout ce qui ne tire pas à conséquence), devienne ambitieux ; il le faut à tout prix, et ce n’est que de ce jour-là que sa conversion me paraîtra assurée.
., sont permises en des choses plus graves, sinon plus sérieuses, par exemple en épigraphie — cet âge de pierre — de l’archéologie, — et Dieu sait si l’on y abuse de la faculté de voir, par la raison qu’on ne saurait voir mieux !
Tel est, en Touraine, le droit de préage, c’est-à-dire la faculté pour lui d’envoyer ses chevaux, vaches et bœufs « paître à garde faite dans les prés de ses sujets ».
Ainsi l’on nomme la cause pour reflet ; l’effet pour la cause ; l’instrument pour l’acte ou l’acteur ; l’œuvre pour l’auteur ; les dieux pour les actions, les objets, les éléments auxquels ils président ; le contenant pour le contenu ; la résidence pour l’habitant ; le lieu d’origine pour le produit ; le signe pour la chose signifiée ; le possesseur pour la chose possédée ; les parties du corps pour les facultés ou les qualités dont on convient qu’elles sont le siège ; l’espèce pour le genre ; le genre ou l’individu pour l’espèce ; la matière pour l’objet qui en est fait ; la partie pour le tout ; le fleuve pour le pays qu’il arrose ou pour le peuple qui vit sur ses bords.
Là, les individus sont plus effacés, évitent de se mettre en évidence : ils agissent sur les âmes par la direction privée plus que par la prédication publique ; ils trouvent leur plaisir dans le sentiment de l’immense force collective dont ils participent, à laquelle ils contribuent par leur obéissance même, plutôt que dans le libre gouvernement de leurs facultés en vue de l’intérêt divin.
La liberté, c’est la diversité et la faculté de manifester cette diversité.
« Le bon jugement en littérature, disait-il, est une faculté très lente, et qui n’atteint que fort tard le dernier point de son accroissement. » Arrivé à ce point de maturité, M.
Je ne dirai pas qu’il se dégoûta de l’Égypte, ce puissant esprit ne se dégoûtait pas ; mais, quand un de ses rêves favoris lui échappait, il avait la faculté de prendre son esprit, comme il disait, et de le porter ailleurs.
Il y joignait un cœur tout jeune, conservé dans sa fraîcheur et sa plénitude, un cœur qui n’avait pas dépensé son trésor, une faculté puissante et un souffle de parole ardente qui cherchait son jour et qui ne le trouvait pas.
Cette faculté merveilleuse d’autorité et de sérénité (pour prendre un mot qu’il affectionne), cet art souverain de conférer aux choses une apparente simplicité, une évidence décevante, et qui n’était que dans l’idée, a été l’une des principales causes de l’illusion qui a perdu le dernier régime.
Hoffman avait une bien autre étendue de connaissances et d’idées que Dussault ; il savait toutes choses, assez bien l’Antiquité, très bien la géographie, de la médecine, sans compter qu’Hoffman était un auteur dans le vrai sens du mot ; il a fait preuve de cette faculté à la scène dans d’agréables inventions, dans le joli Roman d’une heure, dans l’excellente bouffonnerie des Rendez-vous bourgeois.
Il n’avait ni la valeur rapide et foudroyante d’un Gustave-Adolphe ou d’un Condé, ni cette faculté de géométrie transcendante qui caractérise Napoléon et que ce génie puissant appliquait à la guerre avec la même aisance et la même ampleur que Monge l’appliquait à d’autres objets.
Il avait de cette malice en causant ; il excellait à railler et à contrefaire : ces deux facultés se tiennent, a remarqué M.
Il combat Hobbes, il combat d’avance Bentham, il réfute son ami janséniste M. de Valincour, qui refusait à la raison de l’homme, sans la Grâce, cette faculté de justice.
Dans le chapitre « Des menteurs », par exemple, après s’être étendu en commençant sur son défaut de mémoire, et avoir déduit les raisons diverses qu’il a de s’en consoler, il ajoutera tout à coup cette raison jeune et charmante : « D’autre part (grâce à cette faculté d’oubli), les lieux et les livres que je revois me rient toujours d’une fraîche nouvelleté. » C’est ainsi que, sur tous les propos qu’il touche, il recommence sans cesse, et fait jaillir des sources de fraîcheur.
La Cour était son élément, le seul théâtre où il pût exercer et développer ses facultés souples, liantes, patientes, assidues : ce fut son idéal dès ses premières années.
Savez-vous ce qui, de nos jours, a manqué à nos poètes, si pleins à leur début de facultés naturelles, de promesses et d’inspirations heureuses ?
Jamais les facultés de l’âme humaine, fouillée et enrichie par le creusement mystérieux des révolutions, n’ont été plus profondes et plus hautes.
Les classiques ne sont pas si peu instruits qu’on le suppose de la nature des facultés morales de l’homme, des besoins qu’elles éprouvent, et des moyens qu’on doit employer pour les satisfaire.
Ni ses velléités féodales, ni ses colères de frondeur rétrospectif, ni ce tempérament d’Alceste qui donne si souvent à Saint-Simon l’air du Misanthrope, mais d’un misanthrope bien autrement colossal que celui de Molière, n’étaient capables de si profondément altérer des facultés qui, après tout, aimaient la grandeur et qui étaient faites pour l’histoire.
que la vie finisse de lui apprendre ce métier de critique auquel, de facultés, je le crois destiné d’après ce livre.
Il était né armé de facultés soudaines, qu’il put aiguiser mais auxquelles il n’ajouta pas, et par conséquent, conclusion dernière, il a cet avantage, interdit à presque tous les autres hommes, même de génie, mais d’un génie inférieur au sien, que les livres de son âge mûr ne font pas rougir de honte les élucubrations de sa jeunesse, et qu’on peut le voir avec plaisir et le reconnaître dans ce miroir renversé.
À présent, nous avons cette Vie de Jésus, accueillie avec une curiosité d’une part si confiante, et de l’autre presque épouvantée, et nous savons qu’il n’y a là-dedans ni monstre ni prodige, ni Renan nouveau avec des facultés nouvelles, mais tout bêtement le Renan, déjà fripé, de notre connaissance, l’expulsé de séminaire qui a de l’évêque rentré dans le ventre, le Grippe-Soleil du docteur Strauss, toujours à la suite de monseigneur, et l’écrivain du Journal des Débats à son dimanche… Ô gens de cervelle enflammée, comment trouvez-vous un pareil Antéchrist ?
Prenez les diverses spécialités de sujets que Baudelaire admet à ses expériences, le récit « du littérateur », où vous trouvez, par exemple, des caricatures et des contorsions d’imagination comme celles-ci : « Vous vous sentirez vous évaporant, et vous attribuerez à votre pipe (dans laquelle vous vous sentez accroupi et ramassé comme le tabac), l’étrange faculté de vous fumer » ; prenez le récit de La Dame un peu mûre, et dites si tout cela n’est pas d’un comique dont le haschisch n’est que l’occasion, et d’un comique d’autant plus piquant qu’il est… hypocrite.
Ils ont peint d’après nature, au contraire ; ils ont possédé, l’un et l’autre, la faculté géniale de voir et de rendre leur vision avec des mots, leurs types sont vrais et ils sont de la province.
La faculté de penser est native en nous, puisqu’elle est nous-mêmes, et qu’on ne peut concevoir un homme sans faculté de penser ; mais l’art de parler est acquis et nous vient des autres, puisqu’on voit des hommes qui ne parlent pas parce qu’ils n’entendent pas parler, et qu’on voit parler tous les hommes qui entendent parler les autres. […] Elles sont amovibles dans la famille par la faculté du divorce ; dans la religion, par le presbytérianisme, qui n’impose aucun caractère de consécration à ses ministres ; dans l’État, par les institutions populaires, qui font du pouvoir et du ministère des fonctions perpétuellement révocables et amovibles. […] Appelé, en 1811, à professer l’histoire de la philosophie moderne à la faculté des lettres de l’académie de Paris, M. […] Royer-Collard, celle des notions qui nous sont données dans ce fait, et celle des facultés et des procédés intérieurs par lesquels elles nous sont données. […] « Je me souviens, dit-iL70, qu’à mon entrée dans le monde, il n’y avait qu’une voix sur l’irrémédiable décadence, sur la mort accomplie et déjà froide de cette mystérieuse faculté de l’esprit humain qu’on appelle la poésie.
Il est peut-être bon aussi de faire remarquer à ces prétendus voyants qu’il y a chez l’écrivain des facultés obligatoires qui le déterminent à se faire écrivain, de préférence à toutes les autres voies, et que ces facultés obligatoires n’appartiennent pas à tout le monde. […] Quand on regarde un tableau on est calme, on jouit sainement de ses facultés ; pour apprécier une œuvre produite dans l’exaltation, il faut être exalté soi-même. […] « Une jeune fille, belle et pure, mortifiée sous le joug de son père comme dans les austérités du cloître, retrouvant, à un moment donné, de puissantes facultés de dévouement et d’amour, puis se desséchant dans une longue attente, frappée d’un cruel mécompte et se transfigurant par un dernier sacrifice. […] Je recommande au frère Morave About une bonne place au bureau des mœurs pour employer ses facultés de moralité ; mais le plus sûr moyen de répandre ses vertus parmi le public serait d’acheter une petite voiture, deux chevaux, un orgue et d’emprunter un casque à Manginu !
Et après une verbeuse dissertation, sur les livres de Job, d’Esther, de Judith, des Machabées, sur les facultés d’assimilation des races judaïques, sur la philosophie de Spinoza, il revient au Christ, qu’il déclare un plagiaire, et n’ayant d’original et de bien à lui, que le sentiment. […] Ça n’est pas Assi et consorts qui ont vaincu, ces jours-ci, c’est Louis Blanc et les maires capitulards, venant, au nom de la fraternité, faire tomber les chassepots des mains des bataillons de l’Ordre… Jeudi 30 mars Il y a chez moi une faculté tyrannique : l’enfantement continu, perpétuel, d’une conception portant le cachet de ma personnalité. […] On cause de la triste actualité, et on ne voit de résurrection pour la France, que grâce à cette admirable faculté de travail qu’elle possède, cette faculté de travail diurne et nocturne, que n’ont pas les autres pays, que n’a pas l’Angleterre, où il est presque impossible d’obtenir un travail de nuit : une faculté peut-être due à la supériorité de la force nerveuse des Français, attestée par les travaux de Dumont d’Urville.
Ils trouveront des expressions fortes d’un relief accusé ; leur palette sera chargée de couleurs intenses et franches, qui rivaliseront avec celles de la réalité ; mais ils n’auront point, comme les Grecs, la faculté de dégager les détails des ensembles, de se tracer des plans, d’imprimer l’unité à une œuvre, de saisir nettement un contour et de le corriger au besoin ; ils n’auront pas le sens de la beauté plastique. […] Ces hommes ont des génies bien divers ; mais une grande faculté prédomine en eux tous, c’est leur imagination. […] Depuis le temps des premiers Égyptiens jusqu’à Courbet, l’art a passé, nous dit Proudhon, par une série de phases idéalistes : l’idéalisme égyptien, qui. obéissant à des règles conventionnelles, crée des types dont il fait des allégories et des symboles ; l’idéalisme grec, qui, au lieu de s’en tenir, comme le précédent, à un type générique de la race, conçoit des types plus particuliers, plus caractérisés par l’âge, le sexe, la fonction habituelle, la classe, la faculté maîtresse, la passion dominante ; l’idéalisme ascétique du Moyen-Âge, qui essaye de rendre, non plus la beauté de la forme corporelle, mais celle de l’âme avec ses vertus et ses aspirations mystiques ; l’idéalisme ambigu de la Renaissance, qui fait servir le culte païen de la beauté plastique à la glorification de la pensée chrétienne. […] C’est contre ces dernières réserves que sont dirigées les revendications du réalisme actuel : pour lui, du moment que l’observation doit remplacer à elle seule l’imagination, la fantaisie, l’humour, le sentiment personnel et toutes les autres facultés littéraires, l’art n’ayant plus le devoir de choisir, le goût ne peut plus exercer son rôle d’arbitre souverain : il est révoqué de ses emplois, relevé de sa surveillance.
mais ce n’est là qu’une diversité tout extérieure et sans importance ; l’important est d’examiner si le procédé de composition est autre, si la manière de voir et de rendre n’est plus la même, si des facultés nouvelles ont paru chez M. […] Certes, et l’on ne saurait trop le redire, il a fait preuve d’une vigueur et d’une opiniâtreté d’observation peu communes, d’une faculté de déduction très sûre, d’une incroyable volonté d’intelligence. […] Il s’obstine, et tellement, qu’il perd à ce jeu, — un véritable jeu de patience, — ses facultés amoureuses. […] Ce que Brizeux a tenté pour le paysage breton, lui, il l’a réalisé pour le paysage normand, parce que, avec le sentiment et la poésie du premier, il a les éclatantes et solides facultés de l’écrivain. […] Il n’aurait pas en lui cette faculté qui consiste à comparer, et à décider après avoir comparé !
Il est faux que Molière ait fait prendre aux acteurs des masques représentant les traits des médecins du Roi ; il cherche à se réconcilier avec la Faculté. […] Cette fois on était sûr que la foule s’y porterait ; aussi usa-t-on de la faculté qu’avaient les théâtres de « jouer au double », c’est-à-dire de doubler le prix du parterre et des loges hautes, et la recette, qui, avant Les Précieuses ridicules, n’avait jamais dépassé 393 livres, qui, à la première représentation de cette pièce, n’avait atteint encore que 563 livres, s’éleva à 1 400. […] On a assez généralement regardé L’Amour médecin comme le premier acte d’hostilité de Molière contre la Faculté. […] Aujourd’hui, nous le savons, on trouve encore des gens qui, sans compter de parents dans la Faculté, sans nourrir de rancune contre l’auteur qui flétrit l’hypocrisie, regardent comme plus comique que fondée la guerre qu’il déclara aux docteurs de son temps. […] Ces censeurs de Molière jugent la Faculté d’autrefois par celle de nos jours, ou du moins croient qu’il n’existe entre elles que cette différence en amélioration que deux siècles amènent naturellement chez un peuple policé.
Autant que l’histoire et l’éloquence, elle est fondée sur le besoin des hommes, et ne leur servit pas moins à mesurer l’étendue de leurs facultés. […] Ajoutons que sans les créations imaginaires l’homme aurait méconnu ses étonnantes facultés de conception : son orgueil jouit de cette découverte, et s’admire dans l’ordonnance régulière sur laquelle il établit tout l’idéal de ses compositions chimériques. […] Cette faculté, qui relève toutes les autres, accomplit le talent de l’orateur, soit dans le style simple, soit dans le style sublime, soit dans le style tempéré, ou moyen entre les deux premiers. […] Sa fable prouverait que le plus grand talent n’a que les facultés propres au genre pour lequel il est né : or il est nécessaire de les bien différencier pour se rendre capable d’approfondir celui qu’on choisit. […] C’est à cette faculté qu’on reconnaît les ouvrages des hommes qui sauront en faire de nouveaux, et, au défaut contraire, ceux qui démentiront les promesses d’un talent dont ils trahissent l’espoir.
En 1628, la Faculté de médecine le choisit pour faire le discours latin d’apparat, proprement dit le paranymphe, qui était d’usage à la réception des licenciés ; c’était une grande solennité scholaire. Avant de leur décerner le bonnet doctoral ou, comme on disait, le laurier, et de les lancer dans le monde, la Faculté, en bonne mère, les faisait louer et préconiser en public.
La violence d’une passion déterminée, comme la jalousie dans Othello, l’ambition dans Macbeth, n’absorbe jamais les facultés intellectuelles et morales de ses héros tragiques, et n’empêche pas ce qui est humain en eux de se développer librement. […] Grâce à cette faculté de pouvoir prendre toutes les formes sans en avoir aucune, il devient éminemment propre à être l’expression mobile de l’esprit qui se manifeste et agit par le corps.
Et pour les êtres, dont Flaubert a peuplé le monde de ses livres, ce monde fictif à l’apparence réelle, l’auteur s’est trouvé posséder cette faculté créatrice, donnée seulement à quelques-uns, la faculté de les créer, un peu à l’instar de Dieu.
Son origine gauloise, son goût excessif pour la raillerie, son père spirituel Rabelais, son trop d’esprit, faculté si nuisible au génie poétique d’une race humaine, l’empêcheront peut-être toujours d’être un peuple épique, et encore plus un peuple lyrique. […] La Clef du Caveau, que nous avons vue alors entre les mains de plusieurs de nos condisciples, devenus des chansonniers et des vaudevillistes, était un livre où se trouvaient notés, figurés et alignés, pour la faculté des débutants, tous les airs populaires sur la mesure desquels il fallait, comme sur le lit de Procuste, allonger ou raccourcir son génie quand on voulait écrire pour le Caveau.
La symétrie des formes, la répétition indéfinie du même motif architectural, font que notre faculté de percevoir oscille du même au même, et se déshabitue de ces changements incessants qui, dans la vie journalière, nous ramènent sans cesse à la conscience de notre personnalité : l’indication, même légère, d’une idée, suffira alors à remplir de cette idée notre âme entière. […] Et cette sympathie se produit en particulier quand la nature nous présente des êtres aux proportions normales, tels que notre attention se divise également entre toutes les parties de la figure sans se fixer sur aucune d’elles : notre faculté de percevoir se trouvant alors bercée par cette espèce d’harmonie, rien n’arrête plus le libre essor de la sensibilité, qui n’attend jamais que la chute de l’obstacle pour être émue sympathiquement. — Il résulte de cette analyse que le sentiment du beau n’est pas un sentiment spécial, mais que tout sentiment éprouvé par nous revêtira un caractère esthétique, pourvu qu’il ait été suggéré, et non pas causé.
La faculté qu’on avait de choisir ne peut pas se lire dans le choix qu’on a fait en vertu d’elle. […] En celui qui se meut on laissera sans doute des hommes ; mais ils auront abdiqué momentanément leur conscience ou du moins leurs facultés d’observation ; ils ne conserveront, aux yeux de l’unique physicien, que l’aspect matériel de leur personne pendant tout le temps qu’il sera question de physique.
Nous ignorons toute la puissance de nos facultés. […] Il concentra toutes ses facultés dans la méditation la plus profonde pour donner à son ouvrage une forme positive, et le réduire à de plus étroites proportions.
Alors seulement la réunion est parfaite, les goûts se communiquent, les sentiments se répondent, les idées deviennent communes, les facultés intellectuelles se modèlent mutuellement ; toute la vie est double, et toute la vie est une prolongation de la jeunesse.
Un roi malade et ennuyé désespère toute la Faculté par sa mélancolie opiniâtre.
Viens lui parler de devoir, de convenance, lui dire combien la vérité morale est aimable, combien le sens moral infaillible… Ne t’épargne pas sur ce sujet… Déploie toutes tes facultés de déclamation et d’emphase à la louange de la vertu… Pousse ta prose éloquente jusqu’à surpasser l’éclat de la poésie… Il y manque toujours une toute petite parole à voix basse, que Celui-là seul peut prononcer de qui le verbe atteint d’un coup son plein effet, et qui dit aux choses qui ne sont pas d’être, et elles sont à l’instant.
Il se plaint, en terminant, de tout le monde : « C’est ce qui s’est passé en cette seconde guerre, dit-il, où Rohan et Soubise ont eu pour contraires tous les grands de la Religion de France, soit par envie ou peu de zèle, tous les officiers du roi à cause de leur avarice, et la plupart des principaux des villes gagnés par les appâts de la Cour… Quand nous serons plus gens de bien, Dieu nous assistera plus puissamment. » Par cette paix les réformés obtenaient ce qui à leurs yeux était l’essentiel, la subsistance des nouvelles fortifications qu’ils avaient élevées dans la plupart des petites villes du Midi, c’est-à-dire la faculté de recommencer la guerre.
À cette demande d’un chapitre additionnel à l’usage des rois qui n’ont pas assez de caractère pour l’être, Frédéric répondit : L’article que vous désirez, que je devrais ajouter à ma petite brochure, j’en ai commis le soin à Prométhée ; il est le seul qui puisse le fournir : mes facultés ne s’étendent pas aussi loin.
On m’assure qu’il en était autrement et que M. de Pontmartin, écolier, a réussi au contraire dans les facultés latines.
Pour faire sa paix avec la Faculté à laquelle il était alors suspect et réputé hostile, il affecta de ne prendre pour assistants que des docteurs qui en fussent membres : « Ces Conférences, nous dit Legendre qui, dans son enthousiasme, les appelle le plus bel endroit de la vie de M. de Harlay, ces Conférences les plus célèbres dont on ait gardé mémoire, se tinrent dans la salle de l’archevêché qui, après celle du Palais, est la plus grande de Paris.
Excellent sujet, doué de docilité et d’application, il réussit dans les diverses facultés de l’enseignement ; mais on a remarqué que, bien que d’abord assez fort en grec, il négligea ensuite presque entièrement cette langue.
Et à ce sujet, je ne puis m’empêcher de me rappeler une analyse du savant Fauriel, une leçon professée, il y a trente ans, à la Faculté des Lettres.
Très peu d’esprits ont le loisir et la faculté de tout lire, d’avoir présents au même instant à la pensée les différents termes de comparaison, et de ne se décider qu’après examen et toutes pièces vues, toutes parties entendues.
Comprendre une situation, recueillir les influences éparses autour de lui et les diriger vers un point auquel il était de leur intérêt d’arriver, c’était là son talent particulier, Mais soutenir une lutte longue et prolongée, intimider et dominer les partis en lutte, cela dépassait la mesure de ses facultés, ou plutôt de son tempérament calme et froid31. » Il fut heureux d’échapper le plus tôt possible aux ennuis de sa situation à l’intérieur en prenant en main le jeu diplomatique et en allant représenter la France au congrès de Vienne.
Vivre, puisqu’il le faut, de la vie de tous, subir les hasards, les nécessités du grand chemin, y recueillir les enseignements qui s’offrent, y fournir au besoin sa tâche de pionnier ; puis se dédoubler soi-même, et dans une part plus secrète réserver ce qui ne doit pas tarir ; l’employer, l’entretenir, s’il se peut, à l’amour, à la religion, à la poésie ; cultiver surtout sa faculté de concevoir, de sentir et d’admirer : n’est-ce pas là une manière d’aller décemment ici-bas, après même que le but grandiose a disparu, et de supporter la défaite de sa première espérance ?
A un certain degré, cette mêlée, cette lutte de diverses natures en une seule, aurait pu paraître intéressante, et elle a certainement paru telle à quelques personnes qui l’ont connu ; je sais une femme distinguée qui a écrit : « On sent dans Benjamin Constant un besoin d’être aimé, dirigé, soigné, qui charme à côté de si grandes facultés… » Pourtant, à moins d’être femme peut-être, et avec la meilleure volonté du monde, il n’y a pas moyen de n’être point ici frappé de ce choc d’éléments inconciliables et d’un désaccord qui crie.
En vain se répète-t-elle le plus qu’elle peut et avec une grâce parfaite : « Je veux de l’ombre ; le demi-jour suffit à mon bonheur, et, comme dit Montaigne, on n’est bien que dans l’arrière-boutique ; » sa forte nature, ses facultés supérieures se sentent souvent à l’étroit derrière le paravent et dans l’entresol où le sort la confine.
La vie s’écoule, pour ainsi dire, inaperçue des hommes heureux ; mais lorsque l’âme est en souffrance, la pensée se multiplie pour chercher un espoir, ou pour découvrir un motif de regret, pour approfondir le passé, pour deviner l’avenir, et cette faculté d’observation, qui, dans le calme et le bonheur, se porte presque entièrement sur les objets extérieurs, ne s’exerce dans l’infortune que sur nos propres impressions.
Au fait, ce n’est ni dans le peuple ni dans la petite bourgeoisie, mais seulement dans les classes oisives et dont la sensibilité est encore affinée par toutes les délicatesses de la vie, que pouvait se rencontrer une espèce d’amour assez compliquée, assez riche de nuances pour lui offrir une matière égale à ses facultés d’analyste.
Thiers, en possession de pièces confidentielles dont nul autre que lui n’avait eu jusqu’ici connaissance, et y appliquant sa merveilleuse faculté d’éclaircissement, s’est attaché à fixer avec la dernière précision l’instant où ce projet d’usurpation fatale entra dans la tête de Napoléon et y prit le caractère d’une résolution arrêtée ; car pour l’idée vague, elle avait dû lui traverser depuis longtemps la pensée.
J’ai toujours regardé comme une des premières qualités d’un homme la faculté de conserver sa tête froide au moment du péril, et j’ai même une sorte de mépris pour ceux qui s’abandonnent aux larmes quand il faut agir.
Elle se trompe sur elle-même quand elle dit : « J’ai une force ou une faculté qui rend propre à tout : c’est de savoir souffrir, et beaucoup souffrir sans me plaindre. » Elle sait souffrir, mais elle se plaint, elle crie ; elle passe en un clin d’œil de la convulsion à l’abattement : « Enfin, que vous dirai-je ?
Faites un seul moment une supposition : retirez au grand Corneille toute sa chaleur, toute son inspiration de cœur et d’âme, et demandez-vous ce qu’il deviendra avec cette faculté desséchée et refroidie de finesse exacte et de raisonnement.
Homme, elles lui ont procuré la considération qui ne suit pas toujours la renommée ; poète, elles l’ont amené à la perfection de son talent et au goût, à ce goût naturel, qui tient à l’usage complet et sûr de toutes les louables facultés.
À ceux qui douteraient de son talent, il suffit, ce me semble, de voir son buste pour comprendre à l’instant qu’une pareille tête ne saurait se joindre avec l’idée de facultés vulgaires.
Notez que cet emprisonnement de Gourville paraît être, d’après ce que lui-même raconte, assez injuste et peu fondé en motifs ; mais il ne s’en indigne pas ; il n’a pas cette faculté de s’indigner de l’injustice ; il connaît trop son monde, il ne prétend que faire tourner le plus possible cet accident à profit pour l’avenir.
Un Français, un Allemand et un Anglais seront toujours très inférieurs sous ce rapport, toutes choses égales d’ailleurs en facultés, à un Corse, un Albanais ou un Grec ; et il est bien permis de faire entrer encore en ligne de compte l’imagination, l’esprit vif et la finesse innée qui appartiennent comme de droit aux méridionaux, que j’appellerai les enfants du soleil.
Ce n’est pas mal qu’un législateur pousse les hommes, fût-ce même moyennant un peu d’illusion, à toutes leurs facultés et à toute leur vertu ; mais il doit savoir au-dedans à quelles conditions cela est possible et prendre ses précautions en conséquence.
Sa sévérité est en raison de sa faculté d’admiration même.
Mais lui, il n’est pas de cet avis : « Les facultés de l’esprit qui doivent former le génie de l’administrateur, pense-t-il, sont tellement étendues et diversifiées, qu’elles semblent pour ainsi dire hors de la domination de la langue. » En parcourant toutes les qualités qu’il jugeait nécessaire à l’administrateur des finances, il n’en négligeait aucune de celles qu’il croyait posséder lui-même, et il n’avait garde d’omettre « ce tact aussi fin que rapide ; ce talent de connaître les hommes, et de les distinguer par des nuances fugitives, plus subtiles que l’expression ; cet art de surprendre leur caractère lorsqu’ils parlent et lorsqu’ils écoutent… ».
disait-il, tous les hommes sans doute sont égaux devant vous, lorsqu’ils communiquent avec votre bonté, lorsqu’ils vous adressent leurs plaintes, et lorsque leur bonheur occupe votre pensée ; mais, si vous avez permis qu’il y eût une image de vous sur la terre, si vous avez permis du moins à des êtres finis de s’élever jusqu’à la conception de votre existence éternelle, c’est à l’homme dans sa perfection que vous avez accordé cette précieuse prérogative ; c’est à l’homme parvenu par degrés à développer le beau système de ses facultés morales ; c’est à l’homme enfin, lorsqu’il se montre dans toute la gloire de son esprit.
Véron consiste à supposer à un homme admirant une œuvre, les facultés et la situation d’esprit d’un analyste.
La coopération des facultés exactes et de celles qui portent le romancier à altérer la réalité est facile et fructeuse en des oeuvres homogènes dans lesquelles l’analyse seule distingue des disparates.
Il cherche quelle est la qualité distinctive de ce grand écrivain, et il trouve que c’est le bon sens, c’est-à-dire « la faculté de voir juste et de se conduire en conséquence ».
Facultés contrastantes, électriques, multiformes, elle est vive comme de Staël, mais non triste, car les êtres faits pour la lumière sont très gais, telle nous la voyons aujourd’hui dans ses Horizons prochains et à travers son anonyme.
Mais les lois qui n’en suivent pas les dérèglements ont cru imiter Dieu en en faisant un peuple à part, exclus de tout nom, de toute succession, de toute faculté de tester, et, par conséquent, de faire souche et lignée ; en un mot, un peuple dévoué à l’obscurité la plus profonde, sans consistance, sans existence, la plus vive image du néant.
Mais des facultés si sereines suffisent-elles quand on a des responsabilités de souverain sur la tête ?
Pour une seule faculté intellectuelle, en effet, on a pu se croire autorisé par l’expérience à parler de localisation précise dans le cerveau : je fais allusion à la mémoire, et plus spécialement à la mémoire des mots.
Jouffroy vécut à l’abri du style obscur et sublime ; ses phrases restèrent libres de généralités et de métaphores, et il ne fut point tenté d’étudier, au lieu des idées et des sensations, « les capacités et les facultés. » Il vécut retiré, presque toujours à la campagne, dans une petite maison, au pied d’une colline, près d’une jolie rivière murmurante, dans son comté de Kent.
Le développement complet de toutes les facultés et de toutes les convoitises humaines, la destruction complète de tous les freins et de toutes les pudeurs humaines, voilà les deux traits marquants de cette culture grandiose et perverse. […] Rarement une génération s’est trouvée plus mutilée de toutes les facultés qui produisent la contemplation et l’ornement, plus réduite aux facultés qui nourrissent la discussion et la morale. […] Dès ce moment, il y a en lui comme un second être, souverain du premier, grandiose et terrible, dont les apparitions sont soudaines, dont les démarches sont inconnues, qui double ou brise ses facultés, qui le prosterne ou l’exalte, qui l’inonde de sueurs d’angoisse, qui le ravit de transports de joie, et qui par sa force, sa bizarrerie, son indépendance, lui atteste la présence et l’action d’un maître étranger et supérieur.
Il ne s’éveille, il ne se forme qu’à Monmouth, chez un pasteur à qui il est envoyé pour apprendre l’anglais, et surtout à Strasbourg, à la Faculté de théologie protestante, organisée à la manière germanique. On comprend qu’il ait décrié l’enseignement de nos lycées, exprimé son mépris pour nos Facultés, chanté son cantique d’actions de grâces devant la liberté critique d’une Faculté allemande. […] Ainsi, par une rencontre bizarre, le dévouement de fait que j’ai montré depuis et pendant vingt et un ans serait oublié en un jour, et ce serait un passant, qui avait tué l’enseignement de l’histoire à notre Faculté, qui récolterait les remerciements !
Il a l’occasion de montrer les facultés intellectuelles les plus rares, les plus diverses, les plus variées. […] La mort vint mettre un terme à l’exercice de tant de facultés que n’avait pu affaiblir la souffrance physique. […] L’auteur, aujourd’hui maître de conférences dans une de nos facultés, s’est révélé poète à dix-sept ans. […] La démence est la perte des facultés intellectuelles. La folie n’est qu’un usage bizarre et singulier de ces facultés.
L’homme né avec une faculté éminente qui absorbe toutes les autres est bien plus heureux que celui qui trouve en lui des besoins toujours nouveaux, qu’il ne peut satisfaire. […] Taine régna sur nous par deux qualités souveraines qui furent ses facultés maîtresses : la puissance de sa vision extérieure ; l’intensité de sa réflexion intérieure. […] Que nous parle-t-il d’états et d’opérations de l’homme intérieur et invisible, qui ont pour causes certaines facultés générales de penser et de sentir ? […] Or, il y a, dans cette machine compliquée, un rouage principal qui donne le branle à tous les autres : une faculté maîtresse. […] Un Loti, doué de la faculté de penser.
Enfin, la rencontre et l’union, dans le génie de Pascal, des plus hautes facultés qui fassent le géomètre avec les plus rares qui font le grand écrivain, — lesquelles d’ordinaire se soutiennent et se corroborent si peu les unes les autres qu’au contraire elles semblent s’exclure, — n’a pas dû contribuer médiocrement à fixer sur l’œuvre et sur l’homme une attention, pour ne pas dire une curiosité particulière. […] Mais s’il est une faculté qui soit le propre du génie, c’est celle d’anticiper ou de suppléer l’expérience, et Pascal, j’ose le croire, en était bien capable, en amour comme en politique. […] Tout ce que nous avons dit de sa science des passions de l’amour est vrai, mais seulement entre les bornes où son genre d’existence a comme confiné ses facultés d’observateur.
Mais il faut une heureuse rencontre de circonstances pour qu’un moraliste « écrive bien » au sens que nous donnons à ces deux mots ; il faut un équilibre très rare entre deux facultés très différentes ; il faut que le génie psychologique se double de génie pittoresque, comme chez La Bruyère, ou de génie musical, comme chez Rousseau. […] Et l’on devine que la faculté (maladive) qu’il a de s’attendrir ainsi à tout propos et de verser des larmes de joie lui donne un orgueil immense, et que toutes ses mauvaises actions deviennent vite insignifiantes, pour un homme qui possède un cœur si sensible. […] Jules Renard triomphe dans cet exercice, grâce à une faculté dont il fut doué au plus haut point et que l’on désigne couramment du beau nom d’intelligence, mais qu’il serait plus juste d’appeler la pénétration ou la perspicacité. […] Si la poésie est avant tout la faculté de penser par images, qui donc aujourd’hui, plus que M. […] Le démon qui incite quelquefois M. de Gourmont à émettre des opinions inquiétantes fut toujours sans prise sur ses facultés d’écrivain.
L’image n’est pas belle, mais ces sortes d’esprits ne sont pas seulement mous, ils sont filants comme le macaroni, et ont la faculté de s’allonger indéfiniment sans rompre. […] Elle se tua en dehors de son art : les facultés physiques, excepté aux beaux et sublimes endroits, la trahissaient dans la continuité du rôle. […] CLXVIII Après une conversation avec l’aimable Doudan, je conçois qu’on pourrait faire un joli essai dont le sujet serait : N’entre-t-il pas une certaine part de grossièreté dans tous les personnages puissants qui ont la faculté d’entraîner les masses, et même dans les talents littéraires ?
Une à une, sous cet effroi, toutes ses facultés s’anéantirent. […] C’est justement avec ces facultés qu’ils créent un nouveau genre, qui par des milliers de rejetons pullule encore aujourd’hui, avec une abondance telle que les talents s’y comptent par centaines, et qu’on ne peut le comparer pour la séve originale et nationale qu’à la peinture du grand siècle des Hollandais. […] Vous nous lisez pour emporter des émotions, non des phrases ; vous venez chercher chez nous une culture morale, et non de jolies façons de parler. — Et là-dessus Wordsworth, classant ses poëmes suivant les diverses facultés de l’homme et les différents âges de la vie, entreprend de nous conduire, par tous les compartiments et tous les degrés de l’éducation intérieure, jusqu’aux convictions et aux sentiments qu’il a lui-même atteints.
D’autres ont sans doute ou eurent une langue plus riche, une imagination plus féconde, un don plus net de l’observation, plus de fantaisie, des facultés plus aptes à claironner les musiques du verbe, — soit, mais avec une langue timide et pauvre, d’enfantines combinaisons dramatiques, un système presque énervant de répétition phraséologique, avec ces maladresses, avec toutes les maladresses, Maurice Maeterlinck œuvre des livres et des livrets d’une originalité certaine, d’une nouveauté si vraiment neuve qu’elle déconcertera longtemps encore le lamentable troupeau des misonéistes, le peuple de ceux qui pardonnent une hardiesse, s’il y a un précédent, — comme dans le protocole — mais qui regardent en défiance le génie, qui est la hardiesse perpétuelle. […] Le talent d’un écrivain n’est souvent que la faculté terrible de redire en phrases qui semblent belles les éternelles clameurs de la médiocre humanité ; des génies même, et gigantesques, comme Victor Hugo ou Adam de Saint-Victor furent destinés à proférer d’admirables musiques dont la grandeur est de recéler l’immense vacuité des déserts ; leur âme est pareille à l’âme informe et docile des sables et des foules ; ils aiment, ils songent, ils veulent les amours, les songes, les désirs de tous les hommes et de toutes les bêtes ; poètes, ils crient magnifiquement ce qui ne vaut pas la peine d’être pensé. […] Au contraire la prédominance des tendances à vivre, dans un tempérament, émousse l’acuité des facultés imaginatives : chez les femmes les plus intelligentes et les mieux douées pour les métiers cérébraux, les images motrices se traduisent plus facilement en actes qu’en art.
Ils s’aimèrent de toutes les facultés puissantes qui étaient en eux et qui avaient vainement cherché matière et issue jusque-là.
Là où la veille il n’y avait rien, le lendemain il y a un monde : que ce monde soit celui de Shakespeare ou d’Homère, de Molière ou d’Aristophane, de Sophocle ou de Corneille, d’Archimède ou de Pascal ; que ce soit, dans l’ordre réel, l’enchaînement des hauts faits d’un héros ou ces autres bienfaits publics émanés d’un législateur et d’un sage, il n’importe : la médiocrité de la foule, en ajoutant petit à petit tout son effort durant des années, n’aurait pu y atteindre ; tous les ingénieux Marivaux en tout genre, tous les distingués et les habiles, tous les grands médiocres (comme Marivaux lui-même les appelle), entasseraient grain sur grain pendant des siècles pour s’élever et se guinder en se concertant jusqu’à cette sphère supérieure, ils n’en sauraient venir à bout : ce sont des facultés distinctes et diversement royales, don de la nature et du ciel, qui destinent et vouent quelques mortels fortunés à ces rôles, tout aisés pour eux, d’enchanteurs de l’humanité, de conducteurs vaillants et de guides.
Par dédain pour les qualités tempérées qui suffisent aux conditions d’une société vieillie, il disait : « Mêlez un peu d’orgueil qui empêche d’oublier ce qu’on se doit, de sensibilité qui empêche d’oublier ce qu’on doit aux autres, et vous ferez de la vertu dans les temps modernes. » Mais pour les anciens, tout en sachant en quoi nous les surpassons, il les montre bien supérieurs en énergie, en déploiement de facultés de tout genre : forcés par la forme de leur gouvernement de s’occuper de la chose publique d’en remplir presque indifféremment tous les emplois de paix et de guerre, de s’y rendre propres et de s’y tenir prêts à tout instant, de parler devant des multitudes vives, spirituelles, mobiles et passionnées : Quelle devait être, dit-il, l’explosion des talents animés, stimulés par d’aussi puissants motifs !
Ce qui manque à l’abbé de Pons comme à La Motte, dans l’émancipation littéraire qu’ils tentent, c’est une connaissance, une comparaison directe et plus variée des littératures et des poésies, l’habitude de se placer à des points de vue historiques différents, la faculté de s’éloigner tant soit peu de leur quai et de leur Louvre, en un mot ce qui fait et achève l’éducation du goût.
Sa jeunesse fut, de toutes celles que j’ai connues, la plus irrévérente et la plus dénuée de la faculté du respect.
Les habiles critiques qui ont étudié et éclairé ses œuvres ont remarqué combien, en cela, il fut peu favorisé du sort, combien sa faculté poétique ne rencontra guère que de chétives occasions, et ils ont répondu pour lui, et à sa décharge, en alléguant l’exemple de Martial, à qui l’on demandait, sur des riens, des épigrammes pleines de feu : « Tu me demandes, ô Cæcilianus, des épigrammes toutes piquantes et toutes vives, et tu ne m’offres que des thèmes froids et morts.
Voici ce jugement mémorable et souvent cité : « Je vis, je ne fis que voir, dit-elle en parlant d’un de ses voyages à Paris, en février 1791, le puissant Mirabeau, Bétonnant Cazalès, l’audacieux Maury, etc. » ; et, se reprenant à ce nom de Mirabeau, elle ajoutait en manière de rétractation et de repentir : « Le seul homme dans la Révolution, dont le génie pût diriger des hommes, impulser une assemblée : grand par ses facultés, petit par ses vices, mais toujours supérieur au vulgaire et immanquablement son maître dès qu’il voulait prendre le soin de le commander.
Mais Du Bellay ne pouvait deviner une science de linguistique qui ne datera que du xixe siècle, et il est peut-être bon que la force humaine, la faculté d’initiative de chacun s’exagère sa vertu et son pouvoir pour arriver et atteindre à tout son effet, à tout son talent.
N’ayant pas le tempérament oratoire, cette faculté qui perçoit la distance entre deux idées et toute la série des raisonnements par où l’on s’avance de l’une à l’autre, incapable de suivre un principe dans ses conséquences les plus lointaines et d’emporter l’une après l’autre toutes les défenses d’un auditeur par la marche savante des preuves, Boileau se trouve assez mal à l’aise dans son rôle d’orateur moraliste.
Guillaume Fichet à la Sorbonne, Robert Gaguin aux Mathurins, d’autres aux Bernardins, à Navarre, enseignaient larhétorique, et la Faculté, en 1489, assigna une heure dans l’après-dîner aux poètes, c’est-à-dire aux maîtres des humanités.
La métaphysique ne tient pas davantage de place dans son œuvre : l’affirmation de Dieu, la négation de la Providence et du miracle, voilà toute la métaphysique de Voltaire ; ajoutez-y ce fameux dada que de longue date il a emprunté à Locke, que Dieu, tout-puissant, a bien pu attribuer à la matière la faculté de pensée.
Mais bien qu’il sache décrire d’un trait saillant ces figures, toujours il les observe du point de vue d’un philosophe qui a acquis la faculté de s’étonner que le monde soit ce qu’il est.
Faculté bienfaisante ou funeste, selon les cas, mais plutôt bienfaisante si elle est portée à un tel degré que nulle expérience ne la décourage — ou si elle est tempérée par assez de bon sens et par assez de nécessités matérielles pour qu’on ne lui lâche la bride qu’à bon escient et en manière de divertissement passager.
Ils confirment, dans une certaine mesure, ce qu’on sait de la faculté d’improvisation que possédait Molière et du plaisir qu’il prenait à l’exercer.
Ce moment dura près de quarante années, les plus belles peut-être de l’histoire de notre nation, non seulement par la gloire des lettres et des arts, mais par l’emploi le plus complet de toutes ses facultés : au dedans, par les conquêtes pacifiques de l’unité sur les restes des institutions et des habitudes féodales ; au dehors, par des guerres glorieuses qui réunissaient au corps de la France des provinces qui en étaient comme les membres naturels.
Ce penseur n’est pas seulement un philosophe et un écrivain du plus grand mérite, mais il a acquis une connaissance approfondie des sciences exactes et des sciences physiques, et même il a fait preuve de précieuses facultés d’invention mathématique.
Quand l’objet scientifique a par lui-même quelque intérêt esthétique ou moral, il occupe tout entier celui qui s’y applique ; quand, au contraire, il ne dit absolument rien à l’imagination et au cœur, il laisse ces deux facultés libres de vaquer à leur aise.
La Sorbonne, c’est-à-dire la faculté de théologie, censure un conte (Bélisaire) où Marmontel s’est permis de prêcher la tolérance et parmi les propositions qu’elle condamne se trouve celle-ci : « On n’éclaire pas les esprits avec des bûchers ».
En parlant si librement de Bettina, j’ai presque besoin de m’en excuser, car Bettina Brentano, devenue Mme d’Arnim, veuve aujourd’hui d’Achim d’Arnim, l’un des poètes distingués de l’Allemagne, vit à Berlin, entourée des hommes les plus remarquables, jouissant d’une considération qui n’est pas due seulement aux facultés élevées de l’esprit, mais qui tient aussi aux vertus excellentes de l’âme et du caractère.
Sur la fin de sa vie il n’avait le plein usage de ses facultés que vers le milieu de la journée, et on remarquait que son esprit montait et baissait chaque jour avec le soleil.
Un grand malheur qui le frappa en 1838, la mort de Mme la duchesse de Broglie, augmenta en lui cette disposition sérieuse et réservée, cette faculté de s’abstenir, dans laquelle la pensée religieuse a pris plus de part et tenu plus de place chaque jour.
Ceci interrompit un peu les fêtes de Sceaux, et il y a deux temps, deux époques distinctes dans cette longue vie mythologique de plaisirs, dans ce que j’appelle cette vie entre deux charmilles : la première époque, celle des espérances, de l’ivresse orgueilleuse, et de l’ambition cachée sous les fleurs ; puis la seconde époque, après le but manqué, après le désappointement et le mécompte, si l’on peut employer ces mots ; car, même après une telle chute, après la dégradation du rang et l’outrage, après la conspiration avortée et la prison, cette incorrigible nature, revenue aux lieux accoutumés, retrouva sans trop d’effort le même orgueil, le même enivrement, le même entêtement de soi, la même faculté d’illusion active et bruyante, de même qu’à soixante-dix ans elle se voyait encore jeune et toujours bergère.
Cette intelligence vaste, féconde et puissante, revêtue d’une si admirable et si soudaine faculté de mise en œuvre par la parole, lui échappait, et il ne voulait voir que l’apparence, le jeu, le coup de théâtre, l’appareil sonore, sans rendre justice à l’âme réelle qui unissait, qui inspirait et passionnait tout cela.
Cependant, avec une faculté d’expression vive, expansive et affectueuse, il tâtonnait, il se disposait à tenter le théâtre ; il cherchait encore sa veine, lorsque le succès inespéré de la chanson des Bœufs, faite un jour au hasard, lui ouvrit toute une perspective : J’ai deux grands bœufs dans mon étable, Deux grands bœufs blancs marqués de roux, etc.
Sa politique est tout entière à susciter une telle fermentation chez les voisins, qu’on lui laisse la faculté d’étendre sur tout le royaume l’influence de la Courtille.
À cette date de 1787, l’abbé Maury, qui avait passé la quarantaine, doué d’un talent actif et robuste, d’une faculté puissante, propre à tout, et d’une grande force d’application, en cherchait l’emploi du côté de la politique, qui commençait à agiter tous les esprits.
Enfin, ce qui mit le comble à sa réputation, ce fut Bélisaire (1767), et ce xve chapitre sur la tolérance, où la faculté de théologie signala toutes sortes de propositions condamnables.
ne cessaient de retentir dans mon âme et d’en ébranler puissamment toutes les facultés.
La morale à tirer d’une étude sur le caractère de Bonneval est bien celle-ci : Que de belles et brillantes facultés perdues, égarées, tournées à mal, par un défaut, par un travers, par un ressort trop brusque et cassant, dont la détente part à l’improviste, et ne se laisse pas diriger !
Il y eut là pour lui cinq ou six années uniques (1771-1776) où, sous le coup de la lutte et de la nécessité, et dans le premier souffle de la faveur, il arriva à la pleine expansion de lui-même, et où il se sentit naître comme des facultés surnaturelles qu’il ne retrouvera plus jamais à ce degré.
De plus, la qualité dominante du vrai critique, c’est cette même puissance de sympathie et de sociabilité qui, poussée plus loin encore et servie par des facultés créatrices, constituerait le génie.
La lucidité un peu vide de sa critique, son ardente bonne volonté, des facultés d’enthousiasme intelligent, un style clair, vivant n’ont pas empêché M.
Faculté d’induction splendide !
est-ce la faculté de l’enthousiasme ?
Monnier a une faculté étrange, mais il n’en a qu’une.
Qu’on ne s’en étonne pas ; de toutes les facultés de l’homme, l’imagination est la première qui s’éveille.
Chez les nobles esprits qu’elle a séduits, leurrés par ses mirages, la politique ne tarde pas à absorber, quand elle ne les déprime pas tout à fait, ce qu’il y a de meilleur dans leurs facultés et leurs activités mentales. […] Avec un tel luxe de précautions empiriques, pas d’erreurs possibles : on peut, d’ailleurs, en avoir un aperçu, réduit, chaque semaine, dans Le Figaro, où les peintres, invités à établir leur état psychique, essentiel et comparé, à dresser rapidement la nomenclature de leur anthropométrie morale, ne parlent que de leur merveilleux génie et des exceptionnels prodiges que sont leurs facultés picturales, visuelles, auditives, olfactives, tactiles, gustatives, intellectuelles, amoureuses et littéraires, comme M. […] Même quand il crut devoir orienter son esprit vers la science et qu’il suivait les cours, à la Faculté de médecine, on le laissa faire, et pas un de ceux qui vivaient près de lui ne douta un seul instant, que cette incursion scientifique n’aboutît à la littérature. […] D’ailleurs, je cherche vainement quelqu’un qui soit doué, comme lui, de la faculté héroïque — plus rare qu’on ne croit — de la satire : non pas la satire essoufflée et grinçante qui salit de son rire baveux les idées qu’elle effleure et les hommes qu’elle frôle, mais la satire énorme, passionnée, qui vient des sources les plus profondes de l’enthousiasme déçu et de l’amour trahi, la satire justiciaire qui marque les faces et les choses de traits sanglants qui ne s’effaceront plus, la satire qui se hausse, comme un poème, jusqu’aux lyriques sommets du comique shakespearien. […] Déjà, ses dons d’intuition égalaient ses facultés d’observation… Elle ne parlait jamais à quiconque de cette « manie » de griffonner, et brûlait ses bouts de papier, qu’elle croyait ne pouvoir intéresser personne.
L’auteur d’une thèse présentée en 1875 à la Faculté des lettres de Paris, M. […] Mais il est un point par lequel ces deux grands esprits se touchent et se ressemblent : la santé, le bel équilibre des facultés intellectuelles ordonnées et maintenues sous la suprématie de la raison. […] Des facultés de l’esprit, laquelle est reine et maîtresse ? […] Le mot et la chose ont pris de nos jours une importance capitale, unique, je ne sais quelle vertu transcendante qu’ils n’avaient pas autrefois et qui n’est point juste, même dans la hiérarchie des facultés spécialement poétiques. […] Dès la première atteinte de la souffrance, le cœur lui manque et il exprime son désespoir de la manière la plus outrée : « Je suis miné par une espèce de fièvre nerveuse qui me ronge et m’ôte toutes mes facultés.
Nous le voyons faire et refaire trois et quatre fois un seul vers ; et c’est ici que son goût et la tournure de son goût, comme aussi sa patience, comme aussi sa faculté éminente de n’être jamais satisfait de lui, qui est la vertu même de l’artiste, éclatent pleinement et peuvent être surpris comme dans l’intimité. […] C’est la rude rançon des intellectuels, des avertis, des réfléchis, qui savent observer, qui savent comprendre, à qui ces hautes facultés ont donné beaucoup de satisfaction pendant leur vie et qui payent cela par ceci que ces mêmes facultés empêchent, au moment de leur condamnation, qu’on les puisse tromper ; et dès lors ils sont plus malheureux que les simples. […] Sans cette cohésion nouvelle, le peuple cesserait très vite d’exister, ou, si l’on veut, cette cohésion est le signe que ce peuple avait en lui faculté d’être un peuple. […] Il acquit une certaine autorité au club des Jacobins (qui n’était encore qu’à demi républicain), contribua très puissamment à l’organisation du jacobinisme en province et eut encore une très grande situation politique, quoiqu’il soit certain que les facultés de l’orateur lui manquassent.
Docteur ès lettres en 1896 et, l’année suivante, docteur en théologie, il obtint aussitôt une chaire à la Faculté de philosophie scolastique du séminaire de Saragosse, qu’un bref du Saint-Siège a élevé au rang d’Université pontificale. […] Évidemment la faculté d’écrire en vers ne constitue pas la poésie, et un Barthélemy surpassera, dans ce genre d’exercice, les poètes les plus féconds. […] … Je connais une Faculté qui viendra en faire a cérémonie dans votre salle. » La Faculté dont il s’agit n’est qu’une troupe de comédiens. […] Koszul y voit la preuve que sa faculté d’enthousiasme était incorrigible. […] L’éducation scientifique est plus utile à un romancier né que l’éducation exclusivement littéraire qui peut développer son esprit critique, mais intimider sa faculté de création.
Demogeot, professeur suppléant d’éloquence française à la Faculté des lettres, vient de publier un utile et intéressant volume, le Tableau de la Littérature française au xviie siècle avant Corneille et Descartes 119. […] Je profiterai, dans tout le cours de cette Étude, d’un travail intitulé : Malherbe, Recherches sur sa Vie et Critique de ses Œuvres (1852), par M. de Gournay, ancien professeur à la Faculté des lettres de Caen, mort depuis inspecteur d’académie, homme d’un savoir élaboré et d’un esprit fin.
« L’intelligence est donc, selon moi, la faculté heureuse qui, en histoire, enseigne à démêler le vrai du faux, à peindre les hommes avec justesse, à éclaircir les secrets de la politique et de la guerre, à narrer avec un ordre lumineux, à être équitable enfin, en un mot à être un véritable narrateur. […] L’intelligence, faculté pour ainsi dire neutre et indifférente, qui suffît à l’histoire technique, ne suffit donc nullement à la grande histoire.
XVI Bien jeune encore et lorsque mes premiers succès littéraires m’avaient donné le pressentiment d’une carrière aussi complète, que mes modestes facultés d’amateur plutôt que d’artiste me permettaient de former un plan de vie plus ou moins illustre, je m’étais dit et j’avais dit bien souvent à mes amis de jeunesse : « Si Dieu me seconde, j’emploierai les années qu’il daignera m’accorder à trois grandes choses qui sont, selon moi, les trois missions de l’homme d’élite ici-bas. » (J’aurais dû dire les trois vanités, maintenant que toutes ces vanités sont mortes en moi et que je les expie par autant d’humiliations sur la terre, afin qu’elles me soient pardonnées là-haut.) […] Le vulgaire, trop jaloux de sa nature pour reconnaître deux facultés dans un même homme, me jetait sans cesse à la face cette accusation hébétée de poésie.
De plus (toujours dans la même supposition) il jouit de toutes ses facultés, il est d’une bonne santé, exempt de maux, content de ses enfants, d’une belle figure ; et, si, indépendamment de tant d’avantages, il termine bien sa carrière, il sera celui que vous cherchez, et digne d’être appelé heureux ; mais, avant sa mort, il faut suspendre notre jugement et l’appeler, jusque-là, l’homme favorisé de la fortune, et non l’homme heureux. […] « Ce roi posséda de telles richesses, qu’aucun de ses successeurs ne put jamais les surpasser, ni même en approcher : il fit élever, pour mettre ses trésors en sûreté, un bâtiment en pierre ; mais l’ouvrier chargé de la construction de cet édifice voulut se ménager la faculté de se rendre maître d’une partie de l’argent qui y serait déposé.
On parle de son théâtre de Nohant où l’on joue pour elle seule et sa bonne, jusqu’à quatre heures du matin… Puis, nous causons de sa prodigieuse faculté de travail ; sur quoi elle nous dit que son travail n’est pas méritoire, l’ayant toujours eu facile. […] Une épouvante nous a pris du double fond de son âme, de la faculté puissante, de la science, du génie consommé, que tout son être a du mensonge… 23 août Gautier dîne à côté de nous chez Peters.
Le langage ordinaire, dans son évolution, transforme les mots en vue de l’usage le plus commode ; la poésie les transforme dans le sens de la représentation la plus vive et la plus sympathique ; l’une a pour but la métaphore utile qui « économise l’attention » et rend plus facile l’exercice de l’intelligence ; l’autre la métaphore proprement esthétique, qui multiplie la faculté de sentir et la puissance de sociabilité. […] Une faculté extraordinaire, dont il ne savait pas l’objet, lui était venue.
Tel est l’homme : il est un être vivant, capable de sentir, de penser, de juger, de raisonner, de vouloir, de distinguer chaque acte singulier de chacune de ces facultés, & de faire ainsi des abstractions. […] De même le point auquel nous rapportons les observations que l’on a faites touchant le bon & le mauvais usage que nous pouvons faire des facultés de notre entendement, s’appelle Logique.
On se fabrique une certaine idée de l’homme, de ses penchants, de ses facultés, de ses devoirs, idée mutilée, mais d’autant plus nette qu’elle est plus réduite. […] D’autre part, il se délivre de l’ennui, son ennemi capital, et contente son besoin d’action ; le devoir conçu donne un emploi aux facultés et un but à la vie, provoque les associations, les fondations, les prédications, et, rencontrant des âmes et des nerfs plus endurcis, les lance, sans trop les faire souffrir, dans les longues luttes, à travers le ridicule et le danger. […] C’est là la faculté fondamentale qu’on retrouve dans toutes les parties de la vie publique, enfouie, mais présente, comme une de ces roches primitives et profondes qui, prolongées au loin dans la campagne, donnent à tous les accidents du sol leur assiette et leur soutien.
Cet artiste, doué d’une merveilleuse faculté d’analyse, arrivait souvent, par une heureuse concurrence de petits moyens, à des résultats d’un effet puissant […] Granet et Alfred Dedreux ; mais ils appliquent leur faculté d’improvisateur à des genres bien différents : M. […] Le buste est un genre qui demande moins d’imagination et des facultés moins hautes que la grande sculpture, mais non moins délicates.
Le créateur des images sent que d’une réalité à une autre on peut toujours établir le pont d’une « métaphore », et que la capacité de φερειν, limitée chez l’homme ordinaire à la faculté de jeter une passerelle sur un ruisseau, devient chez un Hugo la puissance de lancer le pont sur la Manche, ou de creuser le canal de Suez, c’est-à-dire de réunir par l’art ce que la nature sociale sépare. […] Chez Victor Hugo il est visible que les deux facultés ne forment que les espèces d’un même genre. […] Dans l’Ame et la Danse, Valéry fait dire à Eryximaque : « La raison, quelquefois, me semble être la faculté de notre âme de ne rien comprendre à notre corps. » La Jeune Parque figure un effort poétique pour écarter cette raison, cette facile intelligibilité qui nous empêche de comprendre le corps, de poser frais et nu le problème du corps. — Psychologique en un sens tout à fait opposé à celui que le théâtre, le roman, le langage courant donnent à ce mot lorsqu’ils en font l’épithète d’« analyse ».
Une chaire de littérature étrangère fut créée pour lui à la Faculté des Lettres. […] Le Cours qu’il professait à la Faculté des Lettres lui en fournissait le fond. […] Nous aurions à caractériser son Cours à la Faculté des Lettres et à résumer quelques-uns des souvenirs de son enseignement, si son successeur, qui fut dans les dernières années son suppléant, M. […] Victor Le Clerc au nom de la Faculté des Lettres ; d’autres éloges viendront en leur lieu.
C’est que Lamartine dédaigna de soumettre ses prodigieuses facultés natives à la discipline jalouse de l’art. […] Misérable confusion entre les choses du cœur qui appartiennent à tous, et la rare faculté de les exprimer idéalisées par l’imagination ! […] L’équilibre dans leurs puissantes facultés intellectuelles, la continuité de l’inspiration leur font malheureusement défaut. […] Mais nous, qui connaissons ses drames, ses romans encore inédits, nous croyons fermement que l’heure n’est pas lointaine où il affirmera incontestablement et dans sa plénitude les hautes facultés dont il n’a montré encore qu’une partie. […] Par suite de sa faculté de percevoir les plus lointaines analogies, et par une légitime horreur de la banalité, il abonde en images singulières dans leur justesse, consent à des inversions, se complait dans des tours de phrase d’un maniérisme curieux.
Si cette faculté ne se manifeste pas chez eux avec plus de feu, c’est précisément, sans doute, à cause de la basse température de leur sang. […] Enfin, l’homme sera, par les mêmes soins, pourvu d’une belle queue, longue et flexible, terminée par un œil, ce qui augmentera beaucoup ses facultés d’attention et d’observation ; il aura de plus un appendice mystérieux et invisible, mais d’une utilité rare, « la trompe anormale », au moyen de quoi il percevra les fluides éthérés et entrera en communication avec les habitants des astres. […] Il demanda pour les ouvriers le droit à la vie, le droit à la beauté, le droit au loisir, et voici en quels termes admirables il formulait son idée : « La seule richesse, c’est la vie, la vie avec toutes ses facultés d’amour, de joie et d’admiration. […] Le physique et le moral On a un peu exagéré, ces dernières années, l’état de dépendance dans lequel se trouve le moral par rapport au physique, l’âme ou l’ensemble de nos facultés par rapport au système nerveux. […] Avoir un fonds solide de scepticisme, c’est-à-dire la faculté de se reprendre à tout moment, de se retourner, de faire face successivement aux métamorphoses de la vie.
Les jugements de Taine, assis sur une sensibilité juste, une faculté logique et oratoire puissante, un grand style, n’en ont pas moins formé pendant trente ans le massif le plus solide de la critique d’art. […] Il prend les choses dans ses belles facultés comme il les a reçues. » Le temps de Louis XIIl est encore une suite du seizième siècle, et l’on songe ici aux fières paroles de Descartes, comparant ses découvertes à quelques batailles qu’il a livrées et où il a eu l’heur de son côté. […] Fromentin était un scrupuleux qui a tout fait avec hésitation, qui s’est toujours senti à la fois paralysé et éclairé par sa faculté critique. « J’ai souvent été surpris, dit Maxime Du Camp, de sa sévérité avec lui-même et du mécontentement qu’il se témoignait. » Il a porté cette sévérité dans sa peinture, sur laquelle il ne se faisait aucune illusion ; dans ses écrits, exceptionnels et peu nombreux bien qu’il écrivît avec facilité. […] Ce démon n’a même pas eu besoin de l’empêcher de construire, de lui ôter la faculté technique : il a procédé avec plus d’économie et d’élégance, comme Apollon, quand, ayant laissé à Cassandre le don de prophétie, il lui enleva seulement celui de se faire croire. […] Souffrir par sa faute est un tourment de damné. » Il ignorera la liberté, parce qu’il entendra, par liberté, non le devoir de vouloir, c’est-à-dire de choisir, mais le droit de ne pas vouloir et la faculté de ne pas choisir. « Mon idole, c’est la liberté, ma croix, c’est le vouloir. » Et la liberté ainsi entendue, c’est bien en effet une idole, non un dieu, et il faut sans doute que l’homme passe sur cette croix du vouloir pour s’incorporer à Dieu.
Bergeret est cet homme pâle, à la poitrine étroite, aux cheveux très fins et un peu rares, à l’œil très intelligent et au sourire triste, qui professe la littérature latine à la Faculté des Lettres. […] Bergeret, maître de conférences à la Faculté des Lettres. […] L’art qui s’adresse à nos facultés esthétiques est un art faux. […] Comme elle ne connaît ni la mesure ni la défiance, elle court, dans la fougue naïve de ses facultés, se livrer tout entière par l’admiration aux objets dont le premier aspect l’a séduite, par l’affection aux âmes dont elle a reçu quelque preuve de tendresse. […] En novembre 1871, un compte rendu de la réception de Jules Janin, où l’esprit caustique et la faculté de généreuse indignation d’Édouard Ruel se révèlent avec une puissance déjà remarquable.
Elle commence à naître quand, du sein de l’accablement, de la prostration de toutes les facultés, se produit un vague besoin de laisser couler les larmes, de donner une issue, quelle qu’elle soit, au désespoir. […] C’est l’éveil de la faculté créatrice ; c’est la consolation suprême du génie. […] Pour exprimer d’une manière sensible cette donnée abstraite, qui pour d’autres n’eût été qu’un sujet de dissertation rimée et de froide rhétorique, Dante possédait heureusement l’intelligence profonde de tous les arts : une faculté plastique extraordinaire tout à la fois grecque et latine, avec un sentiment musical que l’on pourrait dire moderne et qui lui fait trouver, dans un idiome encore âpre et contracté, des effets de mélodie et d’harmonie tels que les langues les mieux assouplies et les poésies les plus exquises en offrent peu d’exemples. […] En 1765, à l’âge de seize ans, Gœthe commençait à Leipzig le cours de ses études académiques, et se faisait inscrire dans la nation bavaroise (les étudiants se divisaient alors en nations), à la faculté de droit.
Seulement les bonnes méthodes peuvent nous apprendre à développer et à mieux utiliser les facultés que la nature nous a dévolues, tandis que les mauvaises méthodes peuvent nous empêcher d’en tirer un heureux profit. […] Chaque année, je développe dans mon cours de physiologie à la Faculté des sciences ces idées nouvelles sur les milieux organiques, idées que je considère comme la base de la physiologie générale ; elles sont nécessairement aussi la base de la pathologie générale, et ces mêmes notions nous guideront dans l’application de l’expérimentation aux êtres vivants. […] Quoique bien différents les uns des autres sous le rapport de leurs fonctions dans l’organisme, ces trois ordres de corps sont tous capables de donner des réactions physico-chimiques sous l’influence des excitants extérieurs, chaleur, lumière, électricité ; mais les parties vivantes ont, en outre, la faculté d’être irritables, c’est-à-dire de réagir sous l’influence de certains excitants d’une façon spéciale qui caractérise les tissus vivants : telles sont la contraction musculaire, la transmission nerveuse, la sécrétion glandulaire, etc. […] Ainsi, au point de vue physiologique, l’étude expérimentale des organes des sens et des fonctions cérébrales doit être faite sur l’homme, parce que, d’une part, l’homme est au-dessus des animaux pour des facultés dont les animaux sont dépourvus, et que, d’autre part, les animaux ne peuvent pas nous rendre compte directement des sensations qu’ils éprouvent. […] Cette glycogénie animale que j’ai découverte, c’est-à-dire cette faculté que possèdent les animaux, aussi bien que les végétaux, de produire du sucre, est aujourd’hui un résultat acquis à la science, mais on n’est point encore fixé sur une théorie plausible des phénomènes.
Si le génie ne tient pas tout entier dans cette courte définition, c’est du moins une de ses facultés, un de ses privilèges que d’apercevoir des rapports. […] Et, comme il faut qu’un peu de gaieté se mêle toujours aux choses les plus tristes, il n’y eut enfin que les médecins et les apothicaires qui gardèrent au grand homme une longue rancune des immortelles plaisanteries qu’il avait dirigées contre la Faculté. […] Aussi bien n’avait-il ni cette patience au travail, ni cette puissance de concentration, ni cette faculté d’éloquence familière et soutenue qui sont les premières qualités du grand historien. […] Il faut prendre parti : l’applaudir, si vraiment il a mis les plus rares facultés qu’un homme ait jamais reçues de la nature au service de la justice et de la vérité ; le blâmer et le condamner, s’il n’en a, presque en toute circonstance, usé que dans son intérêt, dans l’intérêt de sa sécurité, de sa fortune, de sa réputation avant tout et par-dessus tout. […] Je vois, oui, je vois très clairement ce que l’on peut dépenser dans ce genre de travaux et de science, de patience et de logique ; mettons aussi de « divination », c’est un mot qui plaît aux érudits ; mais ce que je ne vois pas, et pour de bonnes raisons, c’est que ces facultés méritent ce que l’on mène de tapage autour de ceux qui les possèdent.
C’est dans cette discussion que le Conseil d’État se sentit partagé entre le respect dû à ce savant octogénaire, à ce sage esprit en qui ne s’est affaiblie aucune faculté et d’où ne s’est échappée aucune portion de savoir, et l’admiration due à ce jeune législateur qui, malgré sa jeunesse, affronte les points les plus ardus de la législation.
Récapitulant tous les talents et toutes les facultés qu’il reconnaît ne posséder que d’une manière secondaire et inférieure à ce qu’il avait vu chez d’autres, il ajoute que pour l’esprit de connaissance et de discernement, il croit que peu de personnes l’ont plus que lui : Et cela, conclut-il, m’a fait penser bien des fois fort extravagamment que, de toutes les charges qui sont dans un royaume, celle de roi serait celle dont je serais le plus capable ; car l’esprit de connaissance et de discernement est juste celui qui convient aux rois : ils n’ont qu’à savoir bien choisir ; et, donnant à un chacun l’emploi qui lui convient, ils se servent de toutes ces sortes d’esprits que Dieu a distribués aux hommes, sans qu’il soit nécessaire qu’ils les aient.
Il a composé deux ouvrages principaux sur ces objets ou sujets du monde intérieur : Recherches sur la nature et les lois de l’imagination, 1807 ; Études sur l’Homme, ou recherches sur les facultés de sentir et de penser, 1821.
Je ne nie pas la faculté poétique, jusqu’à un certain point universelle, de l’humanité.
Camboulia, professeur de littérature à la Faculté de Montpellier, dans le Magasin de librairie du 25 août 1860 ; un article de M.
Le dernier mot de Marais sur Voltaire, le sentiment qu’il partage avec le président Bouhier et qui était, à cette date, l’opinion presque universelle, c’est que « le talent de l’homme est merveilleux, mais que le jugement n’y répond point. » La faculté judicieuse et la raison de Voltaire ne commencèrent à se dégager et à se dessiner nettement à tous les yeux que dans la seconde moitié de sa carrière et depuis sa retraite à Ferney ou aux Délices.
Or, de nos jours, le nombre a été grand de ceux qui, doués d’une faculté rare et d’un talent fécond, ont été mis en demeure d’en prodiguer les fruits à chaque saison.
Il embrassait plus comme écrivain ; il avait plus que Royer-Collard le talent d’écrire, cette faculté que M.
Mais en y réfléchissant, il me vient de grandes hésitations à traiter le sujet de cette manière : ainsi envisagé, l’ouvrage serait une entreprise de très-longue haleine ; de plus, le mérite principal de l’historien est de savoir bien faire le tissu des faits, et j’ignore si cet art est à ma portée : ce à quoi j’ai le mieux réussi jusqu’à présent, c’est à juger les faits plutôt qu’à les raconter ; et, dans une histoire proprement dite, cette faculté que je me connais n’aurait à s’exercer que de loin en loin et d’une façon secondaire, à moins de sortir du genre et d’alourdir le récit.
Et si, par la délicatesse exquise de sa modestie, il sort un peu de la manière plus couramment démocratique des mœurs de son pays, il y rentre tout à fait par cette énergie et cette faculté de résistance, qui ne s’affiche pas, mais se retrouve toujours.
Ces rares perfections me captivèrent au point, que bientôt il n’y eut pas une puissance ou une faculté de mon corps ou de mon âme qui ne fût asservie sans retour ; et je ne pouvais m’empêcher de considérer la dame dont la mort avait causé tant de douleurs et de regrets comme l’étoile de Vénus, dont l’éclat du soleil éclipse et fait disparaître entièrement les rayons. » Telle est la description que Laurent nous a laissée de l’objet de sa passion, dans le commentaire qu’il a fait sur le premier sonnet qu’il écrivit à sa louange16 ; et à moins que l’on n’en mette une grande partie sur le compte de l’amour, toujours partial dans ses jugements, il faut avouer qu’il y a eu bien peu de poëtes assez heureux pour trouver un objet aussi propre à exciter leur enthousiasme, et à justifier les transports de leur admiration.
Il ressemble surtout à Rabelais : c’est la même érudition encyclopédique, la même prédominance de la faculté de connaître sur le sens artistique, la même joie des sens largement ouverts à la vie, le même cynisme de propos, le même fatras, la même indifférence aux qualités d’ordre, d’harmonie, de mesure.
« Notre grande et puissante mère nature » nous enseigne à fuir la douleur et à chercher le plaisir : elle nous fournit les outils à cette besogne, nos instincts, nos organes, nos facultés ; elle nous prescrit le choix et la mesure.
Il a la plus étendue, la plus inépuisable faculté d’aimer qu’on puisse voir.
Si nous appelons génie l’instinct que traduit une parole spontanée et nouvelle et talent la faculté d’ordonner, d’harmonier les mots, les images et les sons, on décidera que tout écrivain créateur, s’il veut faire œuvre pérennelle, doit avoir à un égal degré talent et génie, qu’il doit être à la fois artiste et poète, subjectif puisqu’il est trouveur et conscient aussi des masses objectives pour douer sa trouvaille d’une forme aux justes proportions.
De plus, le voilà en possession d’une faculté nouvelle : il appelle les rois, les ministres, les gouvernements à son tribunal ; il ne pense plus guère qu’à juger, à décider, à charger tout le monde des devoirs dont il s’exempte.
N’en fais rien, je t’en supplie par la foi en Jésus-Christ, et ne souffre pas qu’on le fasse… Sans doute il faut ôter aux criminels la faculté de commettre de nouveaux crimes ; mais c’est assez que, laissés en vie, avec tous leurs membres, la loi les fasse passer de l’agitation insensée dans un repos inoffensif, ou qu’ils soient arrachés aux mauvaises œuvres pour être employés à quelque œuvre utile.
Il avait rendu à notre pays l’émotion littéraire dont la faculté même semblait perdue parmi tant d’autres ruines.
M. de Chateaubriand commença sa carrière politique avec la Restauration en 1814 ; il avait quarante-cinq ans, il avait publié tous ses grands ouvrages littéraires, et il se sentait dans un certain embarras pour appliquer désormais ses hautes et vives facultés.
Il tenait de sa mère la largeur du visage, les instincts, les appétits prodigues et sensuels, mais probablement aussi ce certain fonds gaillard et gaulois, cette faculté de se familiariser et de s’humaniser que les Riquetti n’avaient pas, et qui deviendra un des moyens de sa puissance.
Il a gardé de son premier métier de poète la faculté des images : seulement les siennes sont sobres, d’une nature sombre et forte ; on dirait qu’il les a trempées dans le Styx : « Pour vous, s’écrira-t-il, détruisez le parti rebelle, bronzez la liberté !
Les hommes doués d’une force extrême ou d’une faculté extraordinaire. — Voir les 6 géants Môssi et leur mère — A la recherche de son pareil — Le maître chasseur et ses 2 compagnons — Amatelenga — Hâbleurs bambara, etc.
Le jeune Alfred-Eugène Cazalis, fils de pasteur, étudiant à la Faculté de théologie de Montauban, soldat au iie d’infanterie, qui va mourir à dix-neuf ans pour la France écrit à ses parents : De plus en plus, en face de ceux qui ont lutté et qui sont morts, en présence de l’effort immense qui a été tenté, je pense à la France qui vient, à la France divine qui doit être.
N’entendons-nous pas là, chaleureusement exprimée, la défense de ce sentiment nouveau, qu’il n’y a dans la nature et dans l’être, ni rupture, ni opposition, ni séparation radicale, que chaque parcelle du tout poursuit silencieusement sa lente genèse infaillible, prenant sa part du devenir commun ; que l’intelligence, loin d’être une faculté d’origine spéciale, hors de l’animalité, prend sa source, plonge ses racines dans le monde de l’instinct, dans les entrailles du sol ?
Il est remarquable que, dans les pays absolutistes, les Églises sont le plus souvent autocéphales et font un avec l’État ; les individus y perdent du même coup cette faculté de recourir contre la puissance gouvernante, et de lui dérober une part de leur personnalité, que l’indépendance de l’Église vis-à-vis de l’État a plus d’une fois garantie174.
Il ne se dit pas que cette faculté d’adaptation des Européens provient peut-être de ce qu’ils sont plus capables de comprendre. […] Il insiste avec vigueur sur un paradoxe de la situation actuelle : cette faculté qui est donnée aux conseils municipaux de laisser s’effondrer les églises, même lorsque des particuliers offrent de prendre les réparations à leur charge. […] Il ne veut point que l’homme développe librement ses facultés ; il veut nous interdire tout perfectionnement, tout désir de progrès, nous réduire, sous couleur de morale et de vie simple, à l’ignorance et à la servitude primitives. […] Il montre sans peine que cette conscience du moi est fragile, intermittente, et fondée sur la mémoire qui est la plus débile de nos facultés. […] Il affirme donc « la priorité sur l’activité réfléchie d’une activité plus obscure et plus riche qui consiste dans la faculté de saisir immédiatement la vie »… Plus riche, je n’en jurerais pas, mais plus obscure, assurément.
Certes, c’est une faculté rare, et qui caractérise, qui signale déjà l’artiste que le don de saisir sous forme d’image ce que le vulgaire des hommes n’entrevoit que sous forme d’expression abstraite des choses ; — et cependant c’est encore peu. […] Rare et précieuse faculté ! […] Tirez nos romanciers de ces régions basses et obscures où le sentiment et la sensation sont encore engagés et confondus l’un dans l’autre, on dirait que la faculté matérielle elle-même de combiner les mots les trahit ou les abandonne. […] Et voulez-vous enfin la voir maintenant s’exercer, cette faculté d’observer, non plus dans la représentation de l’enfance, mais dans l’étude réelle de l’homme ? […] » Elle cessa presque d’être elle-même du jour qu’ayant fait emploi de tous ces « souvenirs de la maison paternelle », il ne lui demeura plus, de cette « langue mère de l’imagination », que la faculté spéculative de combiner des signes, et des signes, si je puis m’exprimer ainsi, dont elle n’avait pas vécu la signification.
Elles sont fort belles, on y sent le désir et la faculté de beaucoup comprendre. […] Paul Bourget par exemple, c’est cette large faculté de comprendre, c’est cette intelligence des sentiments les plus divers, c’est ce penchant à communier avec toutes les créatures. […] À votre place, je n’aimerais guère les physiologistes qui sont indiscrets, qui vous expliquent beaucoup trop, qui disent que vous êtes malades quand nous vous croyons inspirées et qui appellent prédominance des mouvements réflexes votre faculté sublime d’aimer et de souffrir.
C’est même cette précieuse faculté de se tromper qu’ils exploitent au profit de l’art et qui les a portés à se faire peintres, poètes, romanciers, etc., afin de communiquer à autrui leurs imaginations. […] … Lucidité toutefois funeste en ce point que ceux qui ne comprennent pas ces puissantes facultés doutent quelquefois de la moralité de celui qui les possède. » Les gens qui attaquent la moralité de Balzac sont donc des gens qui ne comprennent pas sa force et croient que le roman n’est qu’une « fête, un bal donné par un hôte complaisant à des imaginations qui veulent s’amuser ». […] Les choses auxquelles le réaliste soumet sa pensée, il est obligé, lui idéaliste, de les soumettre à ses facultés pensantes. […] Il aura donc la faculté d’embrasser beaucoup de choses, et peut-être, précisément à cause de cela, il en saisira peu, et souvent il perdra, à l’examen attentif, ce que lui aura appris un simple aperçu. […] « Nous venons bien sans doute de reconnaître au réaliste un prix moral, et à l’idéaliste une faculté d’expériences, mais seulement en tant que l’un et l’autre ne procèdent pas d’une manière tout à fait conséquente, et que chez eux la nature prévaut sur le système.
Ne sachant rien, il fallait tout tirer de moi-même ; j’étais prodigieusement inventif. » Déjà s’annonce cette faculté qui fut la constante ressource de son génie. […] La faculté d’amplifier se contrebalance par celle de raccourcir. […] Il immobilise le roman et le suspend à sa guise pour donner cours à sa faculté presque surhumaine de manieur de mots et d’images. […] Il est probable qu’il eût porté plus tard cette faculté d’analyse à des sujets moins proches. […] Il se mettait sous clé, si l’on peut dire, avec la faculté de se reprendre un jour, si bon lui semblait.
En réalité, l’imagination produit sans cesse un mélange de bon, de médiocre, et de mauvais, et la faculté critique ne cesse pas un instant de fonctionner. […] Sentimental, doué à merveille de toutes les facultés d’expression, c’était en outre un homme d’une inintelligence complète : et non pas d’une inintelligence raisonneuse, comme tant d’autres poètes, mais simplement d’une incapacité absolue à penser par lui-même. […] Si la raison, en effet, s’est constituée en nous, comme nos autres facultés, sous l’effet de l’évolution, la prétention qu’elle a de connaître et de comprendre est parfaitement insensée… Mais je crains bien d’enlever à ces premiers chapitres, en les résumant comme je fais, la part principale de leur intérêt. […] Les plus intimes amis de Tourguenef, aussi longtemps qu’il a vécu, n’ont rien vu en lui qu’une façon de bon géant, très intelligent, très instruit, d’une obligeance infatigable, et joignant à la faculté de savoir parler la faculté plus rare de savoir écouter. […] Ce roman, d’après lui, pourra trouver dans la science contemporaine une source précieuse de renseignements : « Car c’est une erreur puérile de croire que les facultés de l’artiste et celles du savant soient inconciliables.
Et il arrivait ceci : c’est que la mère témoignant tout haut au visiteur, l’ennui, qu’elle éprouvait de voir sa fille, qui avait un brevet d’institutrice et la faculté de gagner sa vie, courir les aventures, la fille criait de l’autre côté du drap : « Tu te trompes, maman… un jour je ferai la fortune de la maison ! […] Parolière et musicienne — ce qui est une faculté toute particulière — Holmès disserte sur la qualité des vers, qu’il faut mettre dans ce qu’elle fait : des vers, dit-elle, « légèrement à l’état de squelette, et dont la chair est faite de sa musique ».
VIII J’étais né avec un grand attrait naturel pour les facultés supérieures de l’âme et de l’esprit, et par conséquent avec un grand goût littéraire, le plus noble exercice de ces facultés : dès le collège, il y avait de la littérature dans mes amitiés.
Mais il voulait une égalité de droit qui donne à chacun la faculté de s’élever par le travail et la vertu au niveau relatif de ses forces, une assistance paternelle et fraternelle des gouvernements et des citoyens aux classes les plus déshéritées de lumières et de fortune ; une Providence de tous pour tous, exprimée et administrée par un gouvernement de la misère publique, sans faiblesse pour la paresse, sans indulgence pour le vice, mais sans insensibilité pour le vrai malheur. […] « Et croyez-moi, poursuivait-il en plaisantant, si jamais vous ressuscitez sur cette pauvre terre et que la Providence vous rende, dans une révolution de votre pays, un rôle semblable à celui qu’elle vous a donné en 1848 en France, demandez pour vous, ou pour tout autre, une dictature de dix ans ou une dictature à vie, avec faculté de désigner votre successeur, pour donner à la liberté le temps de devenir une habitude, pour refréner vigoureusement les factions et pour modérer sévèrement les sectes qui perdent la liberté.
L’imagination dans l’observation est toujours l’imagination et c’est une des facultés essentielles du poète. […] Tout d’abord la faculté d’individualiser les personnages qu’il présente et d’en faire une peinture si saisissante de vérité, que ces figures imaginaires prennent des allures et comme un relief de portraits. […] Chacun, s’il est doué de cette précieuse faculté sans laquelle nulle activité esthétique n’est possible — et qui est l’antique Mnémosyne elle-même mère des Muses — récolte à tout instant les éléments de ses ouvrages. […] Du critique de race, il a ces qualités essentielles sans lesquelles il est inutile d’étudier les travaux d’autrui : une impartialité dont la robustesse n’est pas entamée par ce qu’il a de points de vue personnels et particuliers : une justesse de jugement à peu près sans défaillance ; l’aptitude aux idées générales sans laquelle il ne saurait y avoir de largeur de vue ni de critique féconde ; l’intelligence d’autrui, la faculté d’entrer dans des sentiments étrangers, de façon à pouvoir apprécier avec rectitude ; enfin l’ample culture qu’il faut pour faire des rapprochements saisissants et pour apercevoir à première vue la généalogie insoupçonnée des ouvrages qui lui sont soumis.
Son analyse des facultés et des opérations de l’esprit humain ne doit pas être passée sous silence. […] Il y a un abîme entre la faculté de juger et celle de vouloir, entre l’intelligence et la volonté. […] Alors l’autorité, c’est-à-dire le droit ou la faculté dont jouit un être raisonnable d’être cru sur parole, était le fondement principal de toutes les croyances. […] Telle n’est pas, en général, la méthode de La Bruyère, quoique les facultés poétiques ne lui manquent pas, comme nous le reconnaîtrons plus tard. […] Justement sévère pour leurs vices et leurs faiblesses, il n’est point injuste envers les facultés dont elles sont douées et il apprécie fort bien l’emploi qu’elles en pourraient faire.
Et je me plains enfin de ce que le chevalier de la Légion d’Honneur nommé en 1895 n’était que le doyen de la Faculté des Lettres de Bordeaux, et non pas moi ; car, de moi, il ne fut jamais question. […] Quelqu’un fit alors la remarque que le vénérable doyen de la Faculté à laquelle appartenait ce jeune homme n’avait pas la croix, et l’on s’avisa qu’il serait convenable de régler en même temps l’affaire de cet ancien. […] Je reconnais volontiers que, parlant dans ma robe de doyen au nom de la Faculté des lettres de Bordeaux, je n’avais pas le droit de l’engager tout entière dans mon sentiment particulier et personnel. […] Depuis le jour où l’universelle fièvre m’a saisi, j’ai constaté chez moi une lamentable impuissance de mes facultés critiques. […] Le mérite ne réside pas dans la gloire, mais dans les facultés qui la procurent, et la jouissance est dans la création d’œuvres immortelles.
La faculté maîtresse de M. […] Elle va à créer des sub-sous-genres et des hypo-sub-sous-genres qui ne représentent plus des fractions des facultés de l’esprit. […] Nous le voyons faire et refaire trois et quatre fois un seul vers ; et c’est ici que son goût et la tournure de son goût, comme aussi sa patience, comme aussi sa faculté éminente de n’être jamais satisfait de lui, qui est la vertu même de l’artiste, éclatent pleinement et peuvent être surpris comme dans l’intimité. […] Sa volonté fut extraordinaire ; mais elle ne fut pas méthodique, donc il n’est pas pour enseigner cette faculté.
Et, grâce à cette faculté surprenante d’isolement, on peut dire de lui ce qu’on ne saurait dire de beaucoup d’hommes : Il vécut misérable et il fut heureux…. […] Il faut qu’un autre élément vienne à son secours ; il ne suffit pas que l’auteur énumère les douleurs qui déchirent l’âme d’un individu, il faut que nous entendions les cris, que nous voyions les tortures de celui qui souffre, que le romancier le mette en pleine lumière, qu’il l’évoque à nos regards, et qu’il l’évoque dans son milieu, qu’il nous donne, en un mot, la sensation, l’illusion de la vie… Or les grands artistes seuls, les grands poètes sont doués de cette faculté évocatrice… M. […] Dumas, dont je ne veux pas rabaisser la merveilleuse faculté d’invention, a groupé dans un cadre pittoresque, les éléments d’une action poignante. […] Des âmes neuves, des types d’humanité encore inédits se révéleraient peut-être… Les hommes ont une faculté presque inépuisable d’adaptation à toutes les conditions extérieures de la vie sociale… Le désordre ne saurait s’éterniser, parce qu’il ne conviendra jamais qu’à une minorité infime… Enfin, il y aurait toujours bien autant de vertu et d’abnégation dans ce monde-là que dans l’ancien, car le fond de la nature humaine ne change guère, et l’altruisme aussi est dans la nature ; il y est moins, voilà tout… Et quand les mêmes injustices et les mêmes violences renaîtraient sous d’autres formes ? […] On croit, en parcourant certaines pages des Contemporains, manier ces cottes de mailles fabriquées à Tolède, si fines qu’elles tenaient dans la paume d’un enfant, si résistantes qu’elles bravaient les coups de poignards… Mais ces facultés du critique ne se développent qu’au détriment d’autres facultés.
Et en effet, dans cette période d’entreprise encore confuse et de méditation ardente où il se trouvait, il s’était dit, pour un temps, de s’affranchir par l’esprit de tout élément et ascendant étranger, de donner un libre cours à sa faculté intérieure, à ses impulsions et à ses impressions, de se laisser faire naïvement à tous les êtres de la nature, à commencer par l’homme, et d’entrer par là dans une sorte d’harmonie et d’intimité avec tout ce qui vit.
Plein de feu, d’ardeur, d’une âme affectueuse et amicale, unissant à un fonds d’instruction solide les goûts les plus divers, ceux de l’art, de la curiosité et de la réalité, il semble ne vouloir faire usage de toutes ces facultés que pour en mieux servir ses amis ; il se transforme et se confond, pour ainsi dire, en eux ; et ce sont eux les premiers qui, de leur côté, sont obligés de lui rappeler qu’il y a aussi une propriété intellectuelle qu’il faut savoir s’assurer à temps par quelque travail personnel : il est naturellement si libéral et prodigue de lui-même envers les autres qu’on peut sans inconvénient lui conseiller de commencer un peu à songer à lui, de penser à se réserver une part qui lui soit propre, et, en concentrant ses études sur un point, de se faire la place qu’il mérite d’obtenir un jour.
Il ne s’agit que d’un peu de réflexion pour s’éclairer et voir les choses telles qu’elles sont ; lorsque le temps a usé une partie de nos facultés, nous ne sommes pas entièrement détruits pour cela, seulement il faut savoir quitter le premier rang et se contenter alors du quatrième.
Fauriel ne fit jamais son livre ; mais on eut des pages de son livre découpées en leçons, quand il eut à faire un Cours à la Faculté des lettres ; ce fut la seule manière dont on put les lui arracher, et, tels quels, ces précieux cahiers ont été publiés après sa mort (1846).
Parmi les guerriers, on n’en voyait pas de plus enviables et de plus grandement famés que les Turenne ou les Catinat ; et dans l’ordre des productions de l’esprit, la supériorité admise et admirée ne dépassait jamais le cercle des facultés humaines ; c’en était le couronnement et la fleur, flos et honos, l’enchantement, la décoration et la grâce.
A travers les conversations galantes et libres qui étaient le bon ton du temps et où elle tenait le dé, on ne saurait méconnaître désormais en elle ce caractère élevé, religieux, de plus en plus mystique en avançant, cette faculté d’exaltation et de sacrifice pour son frère, qui éclate à tous les instants décisifs et qui fait comme l’étoile de sa vie.
Au prix de quelques ennuis, de quelques contrariétés passagères, elle vous apportera des torrents d’air salubre, respirable, favorable au développement des facultés, des avertissements utiles, des surveillances parfois importunes, plus souvent profitables. » (La voix de l’orateur ne peut dominer le bruit des conversations.)
À quatorze ans, présentée à Mme de Boismorel, elle est blessée d’entendre appeler sa grand’maman « mademoiselle » « Un peu après, dit-elle, je ne pouvais me dissimuler que je valais mieux que Mlle d’Hannaches dont les soixante ans et la généalogie ne lui donnaient pas la faculté de faire une lettre qui eût le sens commun ou qui fût lisible. » — Vers la même époque, elle passe huit jours à Versailles chez une femme de la Dauphine, et dit à sa mère : « Encore quelques jours et je détesterai si fort ces gens-là, que je ne saurai plus que faire de ma haine Quel mal te font-ils donc Sentir l’injustice et contempler à tout moment l’absurdité. » — Au château de Fontenay, invitée à dîner, on la fait manger, elle et sa mère, à l’office, etc En 1818, dans une petite ville du nord, le comte de…, dînant chez un sous-préfet bourgeois et placé à table à côté de la maîtresse de la maison, lui dit en acceptant du potage « Merci, mon cœur ».
Cette science ou connaissance s’appelle conscience, parce que son objet est interne et présent ; elle s’oppose ainsi aux connaissances dont l’objet n’est point présent ou n’est point interne ; à ce titre, on la sépare de la perception extérieure et de la mémoire, et l’on fait d’elle un département distinct, auquel on prépose une faculté distincte.
Au contraire, il se renoue, se recompose et se développe indéfiniment plus haut de vertu en vertu, de sainteté en sainteté, de grandeur en grandeur, dans une société toujours croissante et toujours multipliante, pour multiplier les adorations par les adorateurs, les forces par les facultés, les vertus par les œuvres, dans cette échelle ascendante par laquelle monta le Jacob symbolique, et qui rapproche du Dieu de vie ses hiérarchiques créations !
« En résumé, dit-il, mêlant en lui à une vraie faculté créatrice de civilisation on ne sait quel esprit de procédure et de chicane, fondateur et procureur d’une dynastie, quelque chose de Charlemagne et quelque chose d’un avoué. » Nous l’avons connu aussi ; nous l’avons beaucoup estimé, peu aimé ; nous ne lui devons rien ; nous pourrions le peindre impartialement, la justice ne manquerait pas au portrait.
Ledru-Rollin, chef des journalistes radicaux, et ayant, malgré ses amis, reconnu en lui des facultés de parole et des puissances de conception très-grandes avec des intentions non déguisées contre le socialisme subversif, notre ennemi commun, j’avais conçu pour lui une secrète estime, et je n’étais pas loin d’espérer que le concours d’un homme aussi bien doué ne pût être, sous une forme ou sous une autre, très-utile à la république ; depuis, il suivit légèrement une émeute sans portée qu’il devait répudier courageusement ou conduire ; il se réfugia en Angleterre par une fausse porte, mais il parut de ce jour-là se retirer de la politique, et il vécut en mort de ses souvenirs, de ses regrets et peut-être de son mépris pour les vivants.
LXX Quant à la faculté d’écrire les vers, Chateaubriand ne l’avait pas reçue plus que Voltaire ; la poésie, dans sa vraie forme sérieuse (le vers), excepté la poésie badine, ne leur était pas naturelle.
vous l’avez rendu à la vie peut-être : de votre part un ressuscité ne m’étonnerait pas plus qu’un revenant ; et comme je me persuade que les hôtes de Macbeth sont, ainsi que moi, doués de la faculté de voir, je ne puis vous dire combien il me faut de réflexions avant de comprendre pourquoi, dans votre sagesse, vous donnez à mes regards plus de puissance, ou plus d’égarement qu’aux leurs.
Le naturalisme, par l’importance même qu’il attribue à l’objet, pousse facilement à diminuer la part de l’ouvrier ; et d’autre part les artistes qui ne savent pas très bien leur métier, ou les gens d’esprit qui ne sont pas artistes, oublient facilement que la faculté de sentir n’implique pas toujours une puissance égale d’expression, jet que l’image qu’on a dans l’esprit ne s’objective pas toute seule, sans grand labeur et contention d’esprit.
Catulle Mendès, de hautes facultés littéraires qui permettent de tout espérer de lui…… C’est un plaisir pour moi de constater le succès éclatant d’une œuvre incomplète mais de haute valeur, intéressante, élevée, pathétique, servie par un style magistral auquel on ne saurait reprocher que son excessive vérité de facture et l’abus de détails trop amoureusement caressés.
Après la mort de Charron, le parlement voulut supprimer le livre, et la faculté de théologie le censurer en forme ; mais, grâce à quelques changements qu’y fit le président Jeannin, la seconde édition put paraître en 1604.
II Avec la faculté que j’ai de suffire à mon propre bonheur et d’aimer par conséquent la solitude, la petite pension de la rue des Deux-Églises 23 eût été, en effet, pour moi un paradis, sans la crise terrible que traversait ma conscience et le changement d’assise que je devais faire subir à ma vie.
De tels artistes sont les pionniers de la science et remplissent bien le véritable but de l’art, qui est de contrôler les facultés humaines pour édifier de plus en plus solidement l’évolution expérimentale, c’est-à-dire la vie consciente. » Complément au mois wagnérien de Juin MARSEILLE Répertoire des concerts populaires : Introduction au 3e acte de Lohengrin.
. — Or, la foi, l’affirmation, exigent un effort ; affirmer est toujours créer ; le doute n’exige que l’abstention d’une faculté.
Ses hautes facultés, appréciées de tous ceux qui l’avaient vu dès l’enfance, le firent attacher en qualité de chanoine (1775) à l’évêque de Tréguier, et il le suivit dans son diocèse.
Newton avait la faculté d’évoquer devant ses yeux l’image du soleil, même dans l’obscurité, en faisant simplement un certain effort visuel, à peu près comme quelqu’un qui essaie attentivement de distinguer un objet difficile à voir ; mais Newton savait parfaitement qu’il était comme le créateur de ce soleil imaginaire.
Sentir les beautés partout où elles se trouvent n’est pas une délicatesse de moins, mais une faculté de plus.
S’il y a çà et là, ici, quelques idées qui échappent à la fausseté de l’ensemble, quelques clartés qui n’ont pas péri sous la préoccupation inouïe de l’auteur, c’est un fait de hasard ou d’inconséquence qui ne prouve rien en faveur de ses facultés et de leur retour à l’ordre et au vrai.
Plus haut que les autres par les facultés, plus fort par l’âme, il a marché plus vite ; sa conduite a tout le frappant d’un présage.
L’amour même n’est souvent que de la pitié en elles, et nous, les orgueilleux qui savons de quelles rares facultés doit se composer une femme vraiment organisée pour l’amour, nous n’avons pas de sujet d’être bien fiers de celui que nous imaginons leur inspirer.
Ils n’avaient soif que de liliales puretés dans l’univers, et dans l’homme, ils sacrifiaient hardiment le corps aux facultés supérieures.
Tout homme éminent porte en lui plusieurs âmes, on l’a dit, et c’est cette contradiction intérieure même qui fait sa force : si appliqué qu’il soit à réfléchir et à transformer en règles générales ses aptitudes personnelles, une partie de lui-même échappe toujours à sa réflexion, et ce qui lui échappe le plus c’est cette faculté intime, toute inconsciente et intuitive, qui est proprement son génie.
Dans l’étude des livres, dans la critique, il voyait « le banal malentendu d’employer, comme par besoin sa pure faculté de jugement à l’évaluation de choses entrées déjà censément dans l’art ou de seconde main, bref à des œuvres. […] Le symbole De la faculté d’apercevoir les analogies, surgit dans une organisation poétique la tendance à construire des symboles. […] Ce genre d’investigation peut-êtreaété éludé, en paix, comme dangereux, par ceux-là qui, sommés d’une faculté, se ruèrent à son injonction : craignant de la diminuer au clair de la réponse. […] Je fis des pas dans la rue et reconnus en le son nul la corde tendus de l’instrument de musique, qui était oublié et que le glorieux souvenir certainement venait de visiter de son aile ou d’une palme. » Ce mot de Pénultième avait été rabâché par lui, dans la journée, à des collégiens ou bien avait été médité sur quelque livre « reste mal abjuré d’un labeur de linguistique par lequel quotidiennement sanglote de s’interrompre ma noble faculté poétique ». […] Le Démon de l’Analogie nous met dans les mains une des clefs de sa « noble faculté poétique ».
Le goût change et se renouvelle parce que l’âme, en vertu de la liberté, qui est sa faculté propre et le plus beau don que lui ait fait le Créateur, échappe à toute nécessité, même à celle du bien. […] Sa faculté de s’insinuer tient du prodige. […] Ce docteur en toutes facultés portait la peine de son étonnante érudition. […] Quel exemple frappant de cette faculté que la chanson des Aventuriers de la mer ! […] Quant à ce singulier développement des mâles facultés qui font l’homme de théâtre et qui allaient faire de Mme Émile de Girardin un véritable auteur dramatique, si on veut le suivre jusqu’au bout, c’est lui qui a produit l’incomparable bouffonnerie du Chapeau d’un horloger.
Jeter un fait dans l’abîme destin ou dans le tiroir injustice, c’est renoncer à l’exercice des plus naturelles facultés analytiques. […] Sens, ou faculté, la parole ne peut logiquement être séparée de l’ouïe, mais l’éducation de l’ouïe est beaucoup moins sensible que celle de l’appareil vocal ; on peut donc les considérer séparément, ou du moins sans observer un ordre précis en des acquisitions qui sont enchevêtrées comme tous les jeux de la vie. […] L’Art (que je considère ici comme une des Facultés de l’âme individuelle) est donc, de même que l’individu lui-même, anormal, illogique et incompréhensible. […] » Cette faculté fait qu’on l’estime. […] « Celui qui ne comprend pas » est donc surtout passif, et négatif ; il est celui qui « ne… pas » ; la borne qui ne remue pas, le pavé qui ne se révolte pas, etc… Passive, sa faculté d’incompréhension est illimitée et toujours égale à elle-même ; négative, elle se façonne, elle se modèle comme cire, sur le sujet qu’il faut « ne pas comprendre », et spécialement elle excelle en les questions abstraites comme à peu près les « gardes » de la chanson : Ils nous parlent de la gloire, Nous qui n’y comprenons rien ; Mais s’ils nous parlaient de boire, Tous les gardes, ils le savent bien.
Par les soins pénibles qu’elle exige, la correction déprime les facultés de l’esprit. […] Pendant votre travail de rédaction, pendant l’élaboration de votre œuvre, il est profitable, il est nécessaire d’entretenir vos facultés d’écrivain, de tenir en éveil votre inspiration ; et, par conséquent, vous ferez bien de lire, de temps à autre, quelques romans, quelques bons romans. […] Les caractéristiques en sont les suivantes : une documentation aussi exacte et, s’il est possible, aussi nouvelle que pour un ouvrage d’histoire proprement dite ; — toutes les facultés imaginables de l’auteur concourant à ressusciter le milieu, les faits, les mœurs, les personnages qu’il raconte ; exclusion de tout procédé théâtral. […] La mémoire est une faculté précieuse, plus précieuse peut-être que l’intelligence, puisqu’elle arrive quelquefois à la suppléer. […] » La mémoire peut être considérée comme une faculté qui oublie ou, si l’on veut, qui ne retient que pour oublier.
.) — Le docteur Franz ajoute : « Puisque les idées sont produites par la réflexion appliquée aux sensations, pour qu’un individu se fasse par la vue une idée exacte des objets, il est nécessaire, dans tous les cas, que les facultés de son esprit soient complètes et aient leur jeu libre. […] Bayle, cité par Garnier, Traité des facultés de l’âme, I, 354.
Par l’influence combinée de l’état antérieur et des aptitudes et facultés héréditaires, il explique son état social, intellectuel et moral au moment donné ; par l’influence combinée de cet état nouveau et des mêmes aptitudes et tendances héréditaires, il explique son état social, intellectuel et moral au moment postérieur, et ainsi de suite, soit en remontant le cours des temps depuis l’époque contemporaine jusqu’aux plus anciennes origines historiques, soit en descendant le cours des temps depuis les plus anciennes origines historiques jusqu’à l’époque contemporaine. — On conçoit que dans cette prodigieuse évolution, qui s’étend depuis la formation du système solaire jusqu’à celle de l’homme moderne, les lacunes soient grandes et nombreuses ; elles le sont en effet, et souvent nous n’avons pour les combler que des conjectures. […] Stuart Mill a donc tort de dire que « dans les portions lointaines des régions stellaires, où les phénomènes peuvent être tout à fait différents de ceux que nous connaissons, ce serait folie d’affirmer le règne d’aucune loi générale ou spéciale, et que, si un homme habitué à l’abstraction et à l’analyse exerçait loyalement ses facultés à cet effet, il n’aurait pas de difficulté, quand son imagination aurait pris le pli, à concevoir qu’en certains endroits, par exemple dans un des firmaments dont l’astronomie stellaire compose à présent l’univers, les événements puissent se succéder au hasard, sans aucune loi fixe, aucune portion de notre expérience ou de notre constitution mentale ne nous fournissant une raison suffisante ni même une raison quelconque pour croire que cela n’a lieu nulle part ». — Sans doute il est possible que là-bas les corps ne s’attirent pas.
Quelques-uns de ces jeunes plants auront certainement hérité de la faculté de sécréter du nectar. […] Pourquoi l’Autruche n’a-t-elle pas acquis la faculté de voler ?
Où sont les vrais poètes, sinon dans une certaine faculté qui les invite à rêver une vie plus belle et plus parfaite, dût-elle naître de la douleur qu’ils prennent à celle-ci ? […] Du timide, a gardé cette faculté de méditation solitaire qui domine aussi bien la douleur du Livre de Pierre (extrait d’un de ses premiers romans) que les Voyages de Psychodore et qui le poussa aux audaces de la pensée.
On le sent empêtré dans une formule littéraire où ses facultés d’observation, son analyse, sa logique ne peuvent lui servir à rien. […] Des deux facultés de l’homme, sentir et comprendre, la première a fait les poètes, et la seconde, les savants. […] On agit sur les nerfs ; on ne parle point à l’intelligence, aux facultés de compréhension et d’application. […] Il s’est fait le substitut de Dieu sur cette terre, et dès lors les plus étranges imaginations sont venues gâter ses facultés d’observation. […] L’imagination, la faculté d’imaginer n’est pas toute là.
Quand on dit la lumière de l’esprit, ce mot de lumière est pris métaphoriquement ; car come la lumière dans le sens propre nous fait voir les objets corporels, de même la faculté de conoitre et d’apercevoir éclaire l’esprit et le met en état de porter des jugemens sains. […] vue se dit au propre de la faculté de voir, et par extension de la manière de regarder les objets : ensuite on done par métaphore le nom de vue aux pensées, aux projets, aux desseins : avoir de grandes vues, perdre de vue une entreprise, n’y plus penser. […] Dès que nous avons eu quelque usage de notre faculté de consentir ou de ne pas consentir à ce qu’on nous proposoit, nous avons consenti, ou nous n’avons pas consenti, nous avons dit oui, ou nous avons dit non : ensuite à mesure que nous avons réfléchi sur nos propres sentimens intérieurs, et que nous les avons réduits à certaines classes, nous avons apelé afirmation cette manière uniforme dont notre esprit est afecté quand il aquiesce, quand il consent, et nous avons apelé négation la manière dont notre esprit est afecté quand il sent qu’il refuse de consentir à quelque jugement. […] Les abstractions sont une faculté particulière de notre esprit, qui doit nous faire reconoitre combien nous somes élevés au dessus des êtres purement corporels.
Dans l’Architecture & l’Harmonie, le type intellectuel que le critique est obligé de se former, exige une étude d’autant plus profonde des possibles, & pour en déterminer le choix, une connoissance d’autant plus précise du rapport des objets avec nos organes, que les beautés physiques de ces deux arts n’ont pour arbitre que le goût, c’est-à-dire ce tact de l’ame, cette faculté innée ou acquise de saisir & de préférer le beau, espece d’instinct qui juge les regles & qui n’en a point. […] L’homme ne connoît d’ame que la sienne ; il ne peut donner que ses facultés, ses sentimens & ses idées, ses passions, ses vices & ses vertus au colosse qu’il anime. […] On croyoit aux sphinx, aux sirenes, aux satyres ; on voyoit que la nature elle-même confondoit quelquefois dans ses productions les formes & les facultés des especes différentes ; & en imitant ce mélange, on rendoit sensibles par une seule image les rapports de plusieurs idées. […] Finesse (Philosophie Morale) Finesse, (Philosophie-Morale.) c’est la faculté d’appercevoir dans les rapports superficiels des circonstances & des choses, les facettes presque insensibles qui se répondent, les points indivisibles qui se touchent, les fils déliés qui s’entrelacent & s’unissent. […] L’homme pénétrant voit loin ; l’homme fin voit clair, mais de près : ces deux facultés peuvent se comparer au télescope & au microscope.
Rousseau, qui précisément est cela, à peu près, non pas tout à fait, enfin qui approche d’être cela, ne se reconnaît qu’à demi, se plaint d’être méconnu à moitié et trace le portrait de l’homme moral supérieur, à savoir d’un stoïcien pessimiste, stoïcien en tant qu’insensible aux malheurs qui lui arrivent, pessimiste en tant que « doué, comme on a dit, de cette faculté donnée à quelques-uns de souffrir des malheurs de tous ». […] Le ridicule, au contraire, le travers, le défaut, excite sa joie, sa malice, son ironie, ses facultés épigrammatiques, ses facultés de parodie ; le voilà tout entier en action et en mouvement. […] Or les facultés intellectuelles de la femme ne supportent pas le savoir : « La recherche des vérités abstraites et spéculatives, des principes, des axiomes dans les sciences, tout ce qui tend à généraliser les idées n’est pas du ressort des femmes ; leurs études doivent se rapporter toutes à la pratique ; c’est à elles à faire l’application des principes que l’homme a trouvés et c’est à elles de faire les observations qui mènent l’homme à l’établissement des principes. […] Quelque impression que fît cet usage sur le cœur des hommes, toujours était-il excellent pour donner au sexe une bonne constitution dans la jeunesse par des exercices agréables, modérés, salutaires et pour aiguiser et former son goût par le désir continuel de plaire sans jamais exposer ses mœurs. » C’est conformément à ces idées que Sophie, quand elle défie Émile à la course, « retrousse sa robe des deux côtés et, plus curieuse d’étaler une jambe fine aux yeux d’Émile que de le vaincre à ce combat, regarde si ses jupes sont assez courtes… », c’est conformément à ces idées que Rousseau, en proscrivant le théâtre, recommande les bals et souhaite qu’il y en ait d’officiels, présidés par un magistrat, surveillés par les pères et les mères, où « l’agréable réunion des deux termes de la vie donnât à l’assemblée un certain coup d’œil attendrissant, où l’on vît quelquefois couler des larmes de joie et de souvenir capables d’en arracher à un spectateur sensible, et où l’on couronnât la jeune personne qui se serait comportée le plus honnêtement, le plus modestement et aurait plu davantage à tout le monde…5 Une faculté à leur donner, car elles ne l’ont pas ou elles l’ont peu, c’est le don d’observation psychologique, et l’on a vu qu’il leur est absolument indispensable, ou plutôt qu’il est indispensable aux maris qu’elles le possèdent, puisque, manque de connaître les hommes, elles pourraient être séduites par eux. Le sens du monde, la faculté de connaître, de deviner les hommes, leur est donc absolument nécessaire : « La femme qui est faible et qui ne voit rien au dehors apprécie et juge les mobiles qu’elle peut mettre en œuvre pour suppléer à sa faiblesse ; et ces mobiles sont les passions de l’homme.
Il voudrait croire que l’auteur de la cinquième Soirée de Médan n’a pas écrit ceci de sang-froid, dans la pleine possession de ses facultés. […] Cette faculté d’assimilation, grâce à laquelle Gabriel Charmes saisissait, d’une vue rapide, les résultats généraux des sciences spéciales ; ce soin de s’adresser d’abord aux guides sûrs et aux livres ignorés du vulgaire ; ce mépris des renseignements de pacotille, qui suffisent d’ordinaire aux touristes, même quand ils écrivent ; ce goût de l’histoire et ce sérieux penchant à la politique ; ce respect du passé et ce souci du présent ; cette vivacité d’impression et cette richesse d’information ; cette belle ardeur de jeunesse, qui abordait sans crainte, avec une témérité presque toujours heureuse, tous les aspects des plus difficiles questions ; ce désir de l’inédit, du nouveau, de l’exotique, joint à l’amour profond et au souvenir, toujours présent, de la patrie lointaine, toutes ces qualités si diverses, qui se rencontrent si rarement, et qui se conciliaient dans l’unité de cette âme si généreuse et si pleine, nous pourrions les noter, en lisant les notes hâtivement rédigées, le soir, dans les auberges ou dans les khans, aux étapes de ce Voyage en Syrie, où apparaissent, en des visions précises, les Phéniciens, marchands, marins, fabricants et un peu pirates, mais agents de civilisation et ouvriers de progrès ; — les Arabes, jardiniers voluptueux, planteurs d’orangers, chanteurs de cantilènes fleuries ; — les croisés, tour à tour mystiques et doux comme Godefroy de Bouillon, rêveurs comme des troubadours, féroces comme des Maures et pillards comme des templiers ; — les marchands français du xviie siècle, dont quelques hommes courageux tâchent encore aujourd’hui de continuer la tradition ; — Bonaparte, essayant, comme le pharaon Toutmos III, de forcer les passes du Carmel, et échouant devant cette misérable bicoque de Saint-Jean-d’Acre ; — les pachas turcs, diplomates malins, policiers incommodes, un peu marchands d’antiquités, ambitieux d’être considérés, par la presse européenne, comme des partisans de la civilisation occidentale, et s’occupant, dans ce dessein, à organiser des fanfares municipales qui déchirent les oreilles, et à faire construire des routes pavées où personne ne passe. […] Un appareil ambulant est une espèce de mémoire portative, auprès duquel nos malheureuses facultés d’attention font vraiment triste figure, et qui enregistre à souhait les modes mobiles et les furtives apparences de ce monde périssable. […] Frédéric Masson, l’homme incomparable auquel je voudrais qu’on élevât des autels… » Et plus loin : « On arrive à trouver en Napoléon une faculté d’aimer aussi grande que l’est chez lui la faculté de penser et d’agir, et qui montre un amant et un époux aussi étonnants qu’ont pu être le guerrier et l’homme d’État. » Je ne sais si l’empereur eût goûté cette forme particulière de l’admiration, qui confie au public des détails ordinairement réservés à l’intimité ; et j’incline à croire qu’il eût ordonné à son ministre de la police de mettre au pilon, avec tous les égards dus aux bonnes intentions de l’auteur, le livre, d’ailleurs original et intéressant, qui s’intitule : Napoléon et les femmes.
Rien donc ne manqua, ni au collége, ni au logis, pour mettre en jeu des facultés naturelles si vives dès le premier jour.
Mais il n’y en a qu’un depuis qu’on écrit les annales des peuples, et, en considérant la prodigieuse rencontre de facultés diverses que la nature et la société doivent faire concorder dans un même homme pour faire un Tacite, il n’est pas probable qu’il y en ait deux.
Balayer de la scène le moyen âge et installer à sa place un âge de justice, de logique, de vérité, de liberté, de fraternité, conçu d’une seule pièce et jeté d’un seul jet ; En religion, conserver la belle morale et la sainte piété chrétienne, en détrônant les intolérances ; En politique, supprimer les féodalités oppressives des peuples, pour les admettre aux droits de famille nationale, et leur laisser la faculté de grandir au niveau de leur droit, de leur travail, de leur activité libre ; En législation, supprimer les privilèges iniques pour inaugurer les lois communes à tous et à tous utiles ; En magistrature, remplacer l’hérédité, principe accidentel et brutal d’autorité, par la capacité, principe intelligent, moral et rationnel ; En autorité législative, remplacer la volonté d’un seul par la délibération publique des supériorités élues, représentant les lumières et les intérêts généraux du peuple tout entier ; Enfin, en pouvoir exécutif, respecter la monarchie, exception unique à la loi de capacité, pour représenter la durée éternelle d’une autorité sans rivale, sans éclipse, sans interrègne ; honorer cette majesté à perpétuité de la nation, mais la désarmer de tout arbitraire, et n’en faire que la majestueuse personnification de la perpétuité du peuple : voilà la véritable Révolution française, voilà le plan des architectes sages et éloquents des deux siècles.
Ce front est plane et limpide comme le marbre qu’il aime tant à décrire ; l’harmonie de ses facultés n’y souffre ni plis, ni creux, ni saillies, signes de prédominance ou de vide dans les dispositions de l’intelligence.
Elle va plus vite dans le ciel que ma plume sur ce papier, mais je puis la suivre des yeux ; merveilleuse faculté de voir, si élevée, si étendue, si jouissante !
Dans cet ordre d’idées, non-seulement la forêt vierge ne s’accommode point au développement de l’espèce humaine, mais encore elle serait plutôt faite pour dégrader ses facultés morales et intellectuelles.
La faculté la plus forte de George Sand, c’est l’imagination, et elle en a toutes les formes, toutes les qualités, de la plus vulgaire à la plus fine.
La critique est la faculté générale et dominante du dix-neuvième siècle.
Léon Dumont ; il entendit Tristan pendant un voyage en Allemagne, et ses notes ont été publiées récemment par Alexandre Büchner, professeur de littérature étrangère, à la Faculté de Caen : « Tristan et Isolde : — Ce n’est pas du tout de la musique, ce n’est que du bruit et des cris.
Arnould n’a pas la faculté d’évoquer et le don de la vie : sa phrase est lourde, sa méthode est lente, son livre est gros.
Une épouvante nous a pris du double fond de son âme, de la faculté puissante, de la science, du génie consommé, que tout son être a du mensonge… * * * Ces notes, je les extrais de notre journal : Journal des Goncourt (Mémoires de la vie littéraire) ; elles sont l’embryon documentaire sur lequel, deux ans après, mon frère et moi composions Germinie Lacerteux, étudiée et montrée par nous en service chez notre vieille cousine, Mlle de Courmont, dont nous écrivions une biographie véridique à la façon d’une biographie d’histoire moderne.
Seulement alors il demandait qu’on l’injectât de morphine, mais à des doses infinitésimales, et qui lui donnaient le repos et le calme, pendant quelques minutes, puis il revenait à sa vie douloureuse, se secouait, et disait à l’ami médecin, qui se trouvait près de lui : « Faisons un peu de gymnastique intellectuelle, causons de… » Et il nommait une thèse médicale quelconque, voulant conserver intactes les facultés de son cerveau, jusqu’au bout.
Les imaginations puissantes sont les plus malheureuses, parce qu’elles ont la faculté de recevoir, sans avoir le don de ranimer.
Émile Zola, du reste, convenait merveilleusement, de facultés et de goût, à cette besogne.
La métaphysique de la plupart des métaphysiciens n’est donc que la loi même du fonctionnement de l’entendement, lequel est une des facultés de la pensée, mais non pas la pensée même.
On s’aperçoit à l’exposé de leur sort que les facultés brillantes, que les événements remarqués qui distinguent la plupart des hommes qu’on a vus jouer quelque rôle dans l’histoire, ne sont que des accidents ordinaires dans la vie des vrais poètes : leur esprit semble au-dessus de toutes les chances de la destinée, et suffit de plus au travail qui bâtit des monuments immortels, en dépit des cris injurieux, et des coups de la fortune. […] L’abus du raisonnement mine peu à peu les facultés de l’imagination : n’en est-il pas de la jeunesse des peuples et de leur maturité, comme de ces deux époques dans la vie des hommes ? […] Le sublime, en effet, est le point suprême des vues de la raison naturelle ; mais il est relatif aux facultés de notre jugement, et n’excède pas la portée de notre esprit, qui se l’explique et l’admire ; tandis que le merveilleux nous étonne, parce qu’il surpasse notre intelligence, et qu’il nous dévoile un comble de hauteur au-dessus de nous et de notre compréhension. […] Nous savons, par exemple, que la nature et l’industrie humaines ont la double faculté de rebâtir et de repeupler des villes détruites. […] Il prend d’ailleurs les fées et les enchanteurs à l’époque où le nord avait rempli l’Europe de leurs histoires miraculeuses ; chez les Maures et les Sarrasins, dont les mœurs n’étaient qu’amour et galanterie ; chez les neveux des Celtes et des Gaulois, enclins à supposer en leurs prophétesses des facultés surnaturelles et presque divines ; chez les Francs, accoutumés à croire que le beau sexe conquiert les châteaux et les ruine en un clin d’œil, peu surpris de voir les transformations et les prodiges qu’opèrent ses charmes, et ne répugnant pas à prendre les dames pour des enchanteresses et pour des fées, qui rajeunissent par fois les vieillards, qui vieillissent très vite les jeunes gens, métamorphosent les hommes d’esprit en bêtes, et mènent tout à la baguette.
On pourrait encore examiner la question de savoir si, sous le prodigieux amas de ces publications, après avoir quelque temps lutté, les facultés maîtresses de l’historien — l’art de peindre, l’art de composer, l’art de généraliser — n’ont pas fini par succomber, au pire détriment des intérêts de l’histoire. […] Comme Pascal, avec la faculté de concevoir les ensembles, Bossuet avait le goût et le souci du détail. […] Cette faculté de généralisation, qui dégage rapidement d’une expérience ou d’une observation les lois qu’elle enveloppe, ou, inversement, qui trouve d’abord l’endroit précis d’une théorie qu’un fait nouveau confirme ou modifie, peu de savants, peu de philosophes, l’ont jamais possédée à un plus haut degré que Buffon. […] Quand on délivre l’homme de toute contrainte et de toute règle, quand on fait de lui le centre du monde, c’est aux impulsions de sa sensibilité qu’on l’abandonne ; et, de toutes ses facultés, c’est la plus changeante, la plus diverse, la plus dépendante elle-même des moindres occasions, qu’on lui donne pour guide. Qui ne le voit, en effet, que ce qui nous caractérise individuellement, à peine est-ce, en vérité, notre faculté de penser ou de vouloir, quelque inégale qu’elle soit d’un homme à un autre homme, mais c’est notre faculté de sentir, dont il y a presque autant de modes que d’individus ?
Le bon-sens est peut-être chez l’homme la faculté la plus rare, & beaucoup plus rare que l’esprit même ; c’est le bon-sens qui manque à plusieurs hommes. […] S’il est considéré comme semence productive, les trois quarts & demi des citoyens en sont privés & languissent toute leur vie, sans pouvoir déployer leurs propres facultés. […] L’effet en est inévitable sur toute âme qui n’est point endurcie : c’est-là sans doute la plus belle faculté de l’homme ; c’est-elle qui a élevé les Hôpitaux, les maisons de charité, les monumens qui rémédient à l’imperfection de nos loix ; & ce sont tous ces établissemens utiles, qui empêchent que ce monde ne soit tout-à-fait une vallée de larmes.
C’est précisément pour cela que l’éducation littéraire, bien comprise, est peut-être celle qui annonce le mieux le développement complet de l’intelligence : elle en fait jouer toutes les facultés, elle assouplit tout, fortifie tout, et n’en laisse atrophier aucune, comme elle n’en porte aucune à s’hypertrophier. […] Ce fut ainsi que quarante-trois ans après le premier, un autre Platter vint s’inscrire à Montpellier sur les registres de la Faculté de médecine. […] « Dès qu’ils en ont assez, ils commencent à faire tapage avec les plumes, les mains, les pieds ; et pour peu que le professeur fasse la sourde oreille, ils se mettent à faire un tel vacarme qu’il lui est impossible de continuer. » Mêmes habitudes à Toulouse, à la Faculté de droit : on invective le professeur, s’il prétend continuer ; on l’applaudit, on l’acclame, s’il se résigne à cesser. […] Un roi de France, jadis, avait octroyé à la Faculté de Montpellier un cadavre par an ; cela parut insuffisant à ceux qui voulaient acquérir la science de l’anatomie. […] — Ce nouveau sentiment n’est qu’une idée ou représentation, puisque l’âme sent bien que ce n’est pas la sensation même, et que ce mouvement ne lui vient pas, comme l’autre, de toute l’étendue du nerf ni d’une action étrangère. — Les perceptions, les idées, la mémoire, c’est toujours la même opération qui vient de la seule faculté que l’âme a de sentir.
Qu’il puisse y avoir beaucoup de vrai dans ces prescriptions d’analyse, Joseph de Maistre n’a pas assez d’éclats de voix ni de sifflets pour le nier ; nous dirons simplement que l’erreur est d’y mettre tout, de croire que la méthode crée l’esprit et que le mot garantit l’idée, de passer le niveau sur les facultés humaines et d’en supprimer le jet naturel, de méconnaître, non pas seulement ce que le génie, mais ce que le bon sens apporte volontiers de libre et de vif avec lui. […] Il vérifia aussi, par son exemple, ce mot du moraliste : « Il se refait vers le milieu de la vie une manière de bail avec nos diverses facultés ; bien peu le renouvellent. » Ce qui est vrai même dans le cours naturel d’une vie arriva ici par secousse : Daunou dut rompre, un certain jour, avec une partie de son être ; il se replia au dedans, et, sous son enveloppe sévère, il déroba de plus en plus une de ces âmes sensibles, délicates, à jamais contraintes et trop souvent consternées, qui ne recommencent plus l’expérience et n’en demeurent que plus fidèles aux empreintes reçues.
Est-ce que l’abus du dostoïevskysme ne laisserait plus à Gide la faculté de suivre un raisonnement ? […] Son père, professeur à la Faculté de droit de Paris, était fils d’un vieux et austère huguenot, en son vivant président du tribunal d’Uzès.
« Jenny vous prie de vouloir bien lui donner gain de cause dans votre prochaine lettre, à moins, dit-elle, que vous n’ayez la faculté de changer à votre gré de visage, car elle persiste très-sérieusement à vous croire un peu fée… » — La vérité est que Mme Valmore elle-même, dans sa lettre à moi adressée (précédemment, page 99), s’est dite blonde.
Après avoir été chargé quelque temps d’un cours d’histoire au collège de Charlemagne et à celui d’Henri IV, Charles Labitte avait été envoyé à la Faculté de Rennes par M.
Il a vu les attitudes, le regard, le poil, l’habitation, la forme d’un renard ou d’une belette, et l’émotion produite par le concours de tous ces détails sensibles engendre en lui un personnage moral avec toutes les parties de ses facultés et de ses penchants.
La nation avait certes la faculté de modifier la forme extérieure de sa souveraineté, de niveler son aristocratie, de salarier son Église, d’abaisser ou même de supprimer son trône pour régner elle-même par ses propres magistratures.
« Ainsi vivait Humboldt, suivant une règle extérieure uniforme, mais, au dedans, en relations avec tout l’univers, et les jours de sa vieillesse s’écoulaient doués d’une vigueur de facultés toute juvénile.
Louis XI lui rend bien plus qu’il n’a perdu ; grandes pensions, grands domaines, grand mariage, dépouilles des disgraciés, titres honorables, faveur déclarée, et ce qu’un esprit de sa trempe estime singulièrement, un maître digne du serviteur, et l’emploi de ses rares facultés tel qu’il le pouvait rêver.
Dans cet état, on perd la triste faculté qu’ont les « heureux » de sentir le malheur en dehors du moment où il les frappe, et de l’allonger par l’appréhension et par le souvenir.
C’est qu’il est très complexe dans sa transparence… On rencontre, en littérature, de beaux monstres, des phénomènes, assez faciles à décrire grâce à l’évidence de leur faculté maîtresse et de leurs partis pris.
Et puis la vie circule dans tout cela, une vie mondaine et moderne, rapide et fébrile, aiguisée par le tact social et par une merveilleuse faculté d’ajuster et de tirer l’épigramme.
Aujourd’hui c’est Paul Bert, qui disserte sur le temps qu’a pu durer le Paradis, sur les facultés génératrices d’Ève, et les deux cornes qu’elle avait vraisemblablement, etc., etc.
Premièrement l’étude de la philosophie positive, en considérant les résultats de l’activité de nos facultés intellectuelles, nous fournit le seul vrai moyen rationnel de mettre en évidence les lois logiques de l’esprit humain, qui ont été recherchées jusqu’ici par des voies si peu propres à les dévoiler.
Vous tous, qui avez la science, le jugement et l’imagination, ne formez qu’une ligue en faveur de l’ordre et de la civilisation ; tournez vers le bien et vers le beau toutes les facultés que vous avez reçues du Ciel, mettez en commun tous vos trésors et toutes vos forces pour faire avancer le grand œuvre du 19e siècle, et laissez les versificateurs continuer en paix leur innocent métier.
Les enfants ont à un très haut degré la faculté d’imiter ; tout ce qu’ils peuvent déjà connaître, ils s’amusent à l’imiter. — Aux temps du monde enfant, il n’y eut que des peuples poètes ; la poésie n’est qu’imitation.
S’il est vrai qu’une des facultés qui font les grands poètes, c’est de saisir entre le monde moral et le monde matériel beaucoup plus de rapports et de plus inattendus que ne fait le commun des hommes, M. […] Regardons-y de plus près et tâchons d’abord de savoir en quoi consiste précisément cette faculté de peindre. […] Mais il en est d’autres chez qui prédominent hautement, de façon brutale et exorbitante, une faculté, un goût, une manie ; des espèces de monstres puissants, simples et clairs, et dont il est agréable de dessiner à grands traits la figure saillante. […] Il voit bien les choses concrètes, tout l’extérieur de la vie, et il a, pour rendre ce qu’il voit, une faculté spéciale : c’est de pouvoir retenir et accumuler une plus grande quantité de détails qu’aucun autre descripteur de la même École, et cela froidement, tranquillement, sans lassitude ni dégoût et en donnant à toute chose la même saillie nette et crue. […] Zola et sa faculté épique, ni les procédés dont elles comportent et commandent l’emploi, ne se sont plus puissamment étalés que dans ce livre grandiose et sombre.
Seulement ils avaient perdu, sous l’effet d’une séculaire désuétude — et sans doute ils l’ignoraient — la faculté d’agir dans le monde réel. […] C’est que l’art, en même temps qu’il exige un esprit capable de créer la vie, exige également la faculté de réaliser au dehors la vie créée ; il comporte une part manuelle, le travail de la rédaction : et l’âme du prince sera toujours impropre à un tel travail. […] Renan : « Les objections contre la légitimité même des facultés rationnelles de l’esprit ne m’ont jamais beaucoup touché, je l’avoue. […] Le public, de son côté, a perdu non seulement le goût de la beauté et du style, mais jusqu’à la faculté d’aimer les œuvres d’art. […] Mais, si planter des faits est pour les professeurs une occupation agréable et commode, il leur est souvent difficile de déraciner tout le reste, et notamment certaines facultés d’imagination et de fantaisie.
Ainsi, en empruntant aux sciences naturelles leurs procédés d’analyse minutieuse, nos écrivains réalistes, naturalistes, — peu importe le nom qu’on leur donne, — se sont trouvés en face de ce problème redoutable : contraindre nos facultés littéraires à un emploi nouveau qui leur répugne. […] Mais l’artiste sévère intervient aussitôt pour régler le diapason ; il a reçu ce qu’il faut le plus souhaiter à l’écrivain, une éducation tout à l’encontre de ses instincts ; il la doit à ses premiers maîtres français, surtout à Voltaire ; de là l’équilibre de ses facultés. […] Penchée sur le chevet de ses chers fils, qui reposaient côte-à-côte, elle peignait ces jeunes boucles de cheveux, frisant en désordre, elle les regardait à travers ses larmes ; tout son être, ses sentiments et ses facultés se concentraient dans ce regard ; elle ne pouvait s’en rassasier. […] J’emprunte aux Lettres sur les Âmes mortes deux passages tout à fait significatifs : Ceux qui ont disséqué mes facultés d’écrivain n’ont pas su discerner le trait essentiel de ma nature. […] Voilà ma faculté maîtresse. — Le lecteur est révolté de la bassesse de tous mes héros ; il lui semble en fermant le livre qu’il sort d’une cave asphyxiante et revient à la lumière du jour.
A quelqu’un de doué comme il l’est de la faculté de saisir le ridicule en sa nuance la plus ténue, la vie, en son ordinaire, n’offre-t-elle point abondamment de quoi sourire à son spectacle. […] Que d’appareils plus ou moins baroques, de machines plus ou moins bizarres furent inventés et calculés pour doter notre espèce terrestre de la prodigieuse faculté que nous refusait notre pesanteur et que nous interdisait notre nature ! […] Il en parlait avec un certain malaise et ne paraissait pas souhaiter que se renouvelât en lui cette faculté exceptionnelle.
Paroles de Bonnet J’étais à Genève en 1787 ; j’eus le désir de voir l’illustre Bonnet, disciple de Locke, précurseur de Condillac, auteur de l’Essai analytique des Facultés de l’Âme et des Observations sur les Corps organisés. […] On sent trop que le plan d’un pareil ouvrage doit différer suivant l’esprit des siècles, le genre des lecteurs et les facultés de l’écrivain. […] Fort de son talent et de sa cause, il rend à l’incrédulité tous ses dédains, et lui reproche surtout d’avoir affaibli les facultés de l’esprit humain, qu’elle se vante d’avoir agrandi.
Cette faculté de se représenter la vie, et non seulement comme un tableau, mais comme un tableau animé où les personnages marchent, s’agitent selon les mille petits gestes, il l’a utilisée de la façon la plus curieuse en un roman qui semble en littérature la transposition anticipée du cinématographe. […] Mais là, Aurier pécha moins par omission que par jeunesse, et s’il montra un talent moins sûr que son intelligence, c’est que toutes les facultés de l’âme n’atteignent pas à la même heure leur complet développement ; chez lui, l’intelligence avait fleuri la première et attiré à soi la meilleure partie de la sève. […] On peut cependant, par la volonté et par le travail acquérir un style presque personnel en cultivant, selon sa direction naturelle, la faculté qu’a tout homme intelligent d’exprimer sa pensée au moyen de phrases.
Il ne peut m’avoir donné la faculté de tout voir pour me tourmenter en ne me donnant rien. […] Ce qui me fait aussi douter de votre sentiment, c’est que ce sentiment vous aurait donné comme une révélation d’un monde supérieur et vous aurait, momentanément du moins, doué de facultés, qui vous permettraient de comprendre que devant des natures comme la mienne on ne trouve grâce qu’en dépouillant tout artifice, à moins d’être… ne l’essayez pas, — en mettant son âme et sa vie à nu comme devant Dieu. […] Il en résulte une paralysie de facultés et huit pages de littérature.
Ce que nous connaissons des discours des sauvages contient beaucoup d’idées recherchées ; la recherche est le caractère des beaux esprits de la classe inférieure ; les injures mêmes des gens du peuple sont composées quelquefois avec une recherche tout à fait singulière, comme si, dans ces moments où la colère exalte les facultés, leur esprit saisissait avec plus de facilité et d’abondance les rapports de ce genre, les seuls où il soit capable d’atteindre. […] Des partis toujours aux prises pour s’arracher le pouvoir, tour à tour vaincus et méritant leur défaite, sans que jamais un seul ait mérité la victoire, n’offrent pas un spectacle très-dramatique, ni très-propre à porter nos sentiments et nos facultés à ce degré d’exaltation qui est un des plus nobles buts de l’art. […] Il se croyait précieux devant Dieu, soutenu par son bras, armé de sa puissance ; déchu de ce rang mystérieux où il s’était placé, il ne s’en connaît plus aucun sur la terre ; dépouillé de la force qu’il croyait son droit, il ne suppose pas qu’il lui en puisse rester aucune : aussi ne résiste-t-il à rien ; ce serait essayer ce qu’il suppose impossible : pour réveiller son énergie, il faut qu’un danger pressant, soudain, provoque, pour ainsi dire, à son insu, des facultés qu’il désavoue : attaqué dans sa vie, il se défend et meurt avec courage. […] Richard, inférieur à Macbeth pour la profondeur des sentiments autant qu’il lui est supérieur par la force de l’esprit, a cherché, dans le crime même, le plaisir d’exercer des facultés comprimées, et de faire sentir aux autres une supériorité ignorée ou dédaignée.
Les facultés et qualités qu’il réunit, et dont quelques-unes peuvent se masquer l’une l’autre étant serrées comme en faisceau, se dédoublent quelquefois, se divisent chez de proches parents moins complets, et se laissent mieux mesurer isolément.
Quel poète ne les a pas éprouvées toutes par la sympathique faculté de saisir tout ce que l’humanité souffre encore en lui ?
Cet aveu n’est pas une médiocre louange, car l’universalité, ce n’est pas seulement l’étendue des facultés, c’est leur justesse ; l’universalité, c’est l’équilibre ; l’équilibre, c’est le bon sens ; le bon sens par excellence, c’est plus que le sens du génie, c’est le sens de la vérité.
Elle veillait seule en lui, quand toutes les autres facultés de son âme sommeillaient, ou plutôt elle était son âme tout entière, réveillée par quelque apparition des beautés admirées toute sa vie et qu’il s’était comme incorporées.
Ils ne sont pas toujours les plus laborieux ; comme il leur est permis de produire peu, ils sont enclins à une certaine nonchalance ; ils laissent volontiers leurs facultés naturelles s’arrêter au demi-talent des amateurs ; mais en revanche ils peuvent se payer le luxe d’une indépendance de pensée qui décèle leur sécurité et d’un raffinement de forme qui prouve leur loisir.
Cette fusion intime entre le poème et la musique, ou pour mieux dire, cette simultanéité de conception impliquant une seule pensée créatrice et la double faculté musicale et poétique dans un même cerveau, est un des points auxquels Wagner s’attache le plus, avec raison. « L’exécution musicale de Tristan dit-il, n’offre plus une seule répétition de mots, la mélodie est déjà construite poétiquement. » La forme musicale se trouvant ainsi figurée d’avance dans le poème et lui donnant une valeur particulière qui répond exactement au but poétique, il reste à savoir si l’invention mélodique n’y perd rien de la liberté d’allures nécessaire à son développement.
Le Lichtwelt et le Schallwelt, les mondes des couleurs et des sons, agissent sur ses organes percepteurs, sur ses facultés auditives et visuelles.
Avec la dévorante faculté d’assimilation qu’il possède, il a bientôt absorbé l’antique monarque du lieu.
En quoi ces deux facultés s’opposent-elles ?
Ils ont eu l’ardeur, l’intensité, la griserie d’usage avec de telles facultés, et ils ont eu aussi le raffinement, presque la corruption, l’affectation, la préciosité, la mignardise prise au xviiie siècle, dont ils ont trop raffolé.
Il l’essaye, et par conséquent sort un peu de lui, élargit son horizon, augmente son âme ; il n’y réussit pas, et par conséquent reste encore lui-même, garde sa faculté créatrice, n’est arrivé, et c’est heureux, qu’à avoir un moi plus riche, un moi plus renseigné et un moi plus souple. […] Il vit ainsi Poitiers, Toulouse, Montpellier, Lyon ; très probablement (si l’on s’en rapporte au chapitre v de Pantagruel, qui ne laisse pas d’avoir un air autobiographique) Bordeaux, qu’il estime peu comme ville savante, Nîmes, Avignon, Valence, où les écoliers sont battus « dont il eut dépit », Bourges et sa « faculté des Loix », Orléans, et Paris. […] La fin de la lettre de Gargantua à Pantagruel étudiant à Paris, citée partout, est admirable ; mais elle commence bien par ceci : « Très cher fils, entre les dons grâces et prérogatives, desquels le souverain plasmateur Dieu tout puissant a endouairé et aorné l’humaine nature à son commencement, celle me semble singulière et excellente par laquelle elle peut, en état mortel, acquérir espèce d’immortalité et en décours de vie transitoire perpétuer son nom et sa semence… » — À Pantagruel explorateur Gargantua écrit à peu près sur le même style : « Fils très cher, l’affection que naturellement porte le père à son fils bien aimé est en mon endroit tant accrue par l’égard et révérence des grâces particulières en toi par l’élection divine posées, que depuis ton partement m’a non une fois tollu tout autre pense ment… » — A quoi Pantagruel répond en accord parfait : « Père très débonnaire, comme à tous accidents en cette vie transitoire non doutés ni soupçonnés, nos sens et facultés animales pâtissent plus énormes et impotentes perturbations (voire jusques à en être souvent l’âme désemparée du corps quoique telles subites nouvelles fussent à contentement et souhait) que si eussent auparavant été propensées et prévues ; ainsi m’a grandement ému et perturbé l’inopinée venue de votre écuyer Malicorne. » Il est évident que quand Rabelais s’avise qu’une chose qu’il rapporte est censée chose écrite, il songe à écrire, et que quand il songe à écrire, il écrit majestueusement et lourdement, avec des souvenirs malheureux et des imitations maladroites de la rhétorique cicéronienne. […] Non seulement la plénitude de justice parfaite, mais la plus petite partie d’icelle surmonte toutes nos facultés. » Alors pourquoi Dieu commande-t-il ?
La vraie, l’unique méthode, la méthode expérimentale date pour eux de Bacon et du Novum Organum ; la connaissance de l’homme, de ses facultés, du mécanisme de l’esprit, de l’origine et de la formation des idées, n’a commencé qu’avec Locke et l’Essai sur l’entendement humain ; et quant à celle du système du monde, elle ne remonte pas au-delà de la publication du livre des Principes. […] Ce sont, en effet, d’autres facultés, ce sont d’autres pouvoirs ou d’autres formes de l’intelligence qui ont engendré, dans l’histoire de l’humanité, les grandes religions et la grande poésie, facultés si différentes de la faculté de concevoir et de raisonner, que celle-ci les dessèche à mesure qu’elle occupe et qu’elle envahit l’entendement. […] Mais, à défaut des secrets de leur cœur, nous connaissons au moins les principes que nos libertins affichaient, et en voici quelques-uns : « Les beaux esprits, disaient-ils, ne croient point en Dieu que par bienséance, et par maxime d’État. » Ils disaient encore : « Toutes choses sont conduites et gouvernées par le Destin, lequel est irrévocable, infaillible, nécessaire et inévitable à tous les hommes, quoi qu’ils puissent faire. » Et ils disaient enfin : « Il n’y a point d’autre divinité ni puissance souveraine au monde que la Nature, laquelle il faut contenter en toutes choses, sans rien refuser à notre corps ou à nos sens de ce qu’ils désirent de nous en l’exercice de leurs puissances ou facultés naturelles. » Qu’on les désigne donc eux-mêmes du nom que l’on voudra, si c’est autour de ces principes que se sont groupés les « libertins » du xviiie siècle, leurs doctrines, nous pouvons le dire, étaient déjà celles de nos modernes déterministes, naturalistes, ou matérialistes. […] Il croit « qu’il ne faut rien refuser à notre corps ou à nos sens de ce qu’ils désirent de nous en l’exercice de leurs puissances et facultés naturelles » ; il croit qu’en suivant nos instincts, nous obéissons au vœu de la nature ; et, puisqu’enfin nous faisons nous-mêmes partie de la nature, il croit qu’on ne saurait dire s’il y a plus d’insolence et plus d’orgueil ou plus de sottise et de folie, à vouloir vivre non seulement en dehors d’elle, mais contre elle.
. — Rousseau reconnaît qu’une qualité distingue l’homme de l’animal : la faculté de se perfectionner. […] Jean-Jacques ne se fait pas cette objection, et poursuit intrépidement : Il serait triste pour nous d’être forcés de convenir que cette faculté distinctive et presque illimitée est la source de tous les malheurs de l’homme ; que c’est elle qui le tire, à force de temps, de cette condition originaire dans laquelle il coulait des jours tranquilles et innocents. […] A vrai dire, on ne voit pas du tout pourquoi il juge que ce fut le meilleur moment de l’humanité, puisqu’il nous a dit auparavant que les prétendus progrès qui l’avaient amenée là étaient autant de désastres… Quoi qu’il en soit, voyons son idéal : Ainsi, quoique les hommes fussent devenus moins endurants et que la pitié naturelle eût déjà subi quelque altération, cette période de développement des facultés humaines, tenant un juste milieu entre l’indolence de l’état primitif et la pétulante activité de notre amour-propre… dut être l’époque la plus heureuse et la plus durable. […] — Cependant l’inégalité s’accroît et se multiplie, et avec elle tous les vices… Et voici la conclusion et le résumé de l’ouvrage ; conclusion remarquable de lourdeur et, à un moment, d’obscurité : Il suit de cet exposé que l’inégalité, étant presque nulle dans l’état de nature, tire sa force et son accroissement du développement de nos facultés et des progrès de l’esprit humain, et devient enfin stable et légitime par l’établissement de la propriété et des lois. […] Ce pessimisme, quoique mitigé, avait paru odieux à Rousseau : et alors (chose vraiment admirable), Rousseau, pauvre, infirme et malade, avait écrit à l’auteur une longue lettre qui contient déjà plusieurs des principaux éléments de la Profession de foi du Vicaire Savoyard, — et où il démontrait que « de tous les maux de l’humanité, il n’y en avait pas un dont la nature ne fût disculpée, et qui n’eût sa source dans l’abus que l’homme a fait de ses facultés plus que dans la nature elle-même ». — Il soutenait même expressément que la destruction de Lisbonne et de ses habitants, c’était encore la faute des hommes, puisque c’était la faute de la civilisation.
Corneille, pour avoir perdu du temps à raisonner et n’avoir pas poussé assez loin les facultés d’analyse, admirables, du reste, qu’il avait en lui ; Racine pour avoir, Athalie mise à part, restreint ses facultés d’analyse sur les passions de l’amour et de l’ambition ; et certes, là, il s’est montré étonnant ; mais tout compte fait, le registre n’est pas assez étendu et le domaine a été, volontairement, trop circonscrit ; et quel dommage, étant données la finesse et la pénétration de cet homme-là ! […] Tout ce qu’il lisait, tout ce qu’il rêvait prenait immédiatement en lui la forme dramatique et il suivait cette sorte d’impulsion, cette sorte d’appel, cette sorte de vocation, sans appliquer lui-même au sujet la faculté critique, sans se demander : « Ceci, — indépendamment de ce que je suis bien sûr d’y mettre, — est-il intéressant en soi ? […] Un professeur à la Faculté des Lettres de Paris avait l’habitude de rire des plaisanteries qu’il faisait dans son cours. […] « Un des arguments que l’on fait valoir contre cette hypothèse consiste à affirmer que, depuis Homère et Platon, Virgile et Horace, Corneille et Racine, le cerveau humain dans sa faculté créatrice, l’imagination, semble être restée stationnaire.
On ne pourrait pas « traiter » Dumas par la méthode de la « faculté maîtresse ». À vrai dire, manquent de faculté maîtresse et les très grands hommes et les imbéciles. […] « Je cherchai, a-t-il dit, dans la préface de La Femme de Claude, le point sur lequel ma faculté d’observation pouvait se porter avec le plus de fruit. […] Dumas n’avait même de faculté d’observation que sur ce « point »-là. Mais ce point est large, et la faculté d’observation dont il était doué à cet endroit était d’une pénétration infinie.
Après le vide et l’ennui du quinzième siècle, il s’est réveillé, par une seconde naissance, comme jadis en Grèce il s’est éveillé par une première naissance, et cette fois, comme l’autre, les sollicitations du dehors sont venues toutes ensemble pour faire sortir ses facultés de leur inertie et de leur torpeur. […] Involontairement, de prime-saut, sans calcul, ils découpent la vie en scènes, et la portent par morceaux sur les planches ; cela va si loin que souvent leur personnage57 de théâtre se fait acteur, et joue une pièce dans la pièce : la faculté scénique est la forme naturelle de leur esprit.
Toutes ses facultés, en effet, ont l’air d’yeux braqués sur tous les points à la fois. […] Les vrais artistes savent ce qu’il faut de vaillance pour rester, je ne dis pas insensibles à ces injustices, à ces moqueries, à ces insultes, mais assez libre de ses facultés, assez confiant en soi-même, pour continuer la lutte et ne point succomber sous le découragement, brisé, comme tant d’autres, par l’ignorance éternelle et l’éternelle routine. […] Ses brillantes facultés se paralysent, son cerveau se vide de toutes les choses délicates qui l’ornaient. […] Jean Lombard avait gardé de son origine prolétaire, affinée par un prodigieux labeur intellectuel, par un âpre désir de savoir, par de tourmentantes facultés de sentir, il avait gardé la foi carrée du peuple, son enthousiasme robuste, son entêtement brutal, sa certitude simpliste en l’avenir des bienfaisantes justices.