C’est comme une mort lente et successive des manifestations presque immatérielles qui émanaient de son corps. […] La mort, ce n’est donc pas assez ! […] Cette pauvre Rose est la mort, mais la mort tout occupée de la vie. […] Et je ne sais quelle horreur nous est venue de cette mort d’hôpital qui semble n’être qu’une formalité administrative. […] J’ai jeté la couverture sur le traversin, comme un drap sur l’ombre d’un mort.
Il aperçoit l’énormité du crime : d’un côté, s’il désobéit, il devient sujet à la mort ; de l’autre, s’il reste fidèle, il garde son immortalité, mais il perd sa compagne, désormais condamnée au tombeau. […] si la mort ne lui était d’aucune ressource ? […] Ève lui propose de vivre dans la continence, ou de se donner la mort, pour sauver sa postérité. […] Milton s’est emparé, avec beaucoup d’art, de ce premier mystère des Écritures ; il a mêlé partout l’histoire d’un Dieu qui, dès le commencement des siècles, se dévoue à la mort pour racheter l’homme de la mort. […] Voyez, par exemple, comme il a transporté à la mère d’Euryale les plaintes d’Andromaque sur la mort d’Hector.
Le despotisme, qui dans Rome engloutissait tout, se réserva jusqu’au droit d’être flatté pendant la vie et après la mort. […] Outre ces deux éloges, ce prince prononça encore celui d’Octavie sa sœur, et il le prononça dans le temple de César qui, pendant sa vie, prêtre et tyran, après sa mort devint dieu. […] On nous a transmis sur cet éloge quelques détails assez curieux ; l’orateur commença par vanter beaucoup les ancêtres du prince mort, comme si Claude avait rien de commun avec ses aïeux, que d’avoir déshonoré un grand nom par une vie lâche. […] Quelque penchant qu’eussent les Romains à louer leurs empereurs, il y a apparence que Néron, empoisonneur, incendiaire et parricide, ne fut point loué après sa mort. […] On trouve dans le Jules César de Shakespeare une imitation éloquente et forte de ce discours d’Antoine ; et le même morceau, fort embelli dans la tragédie française de La Mort de César, est sûrement un des discours les plus éloquents qu’il y ait jamais eu dans aucune langue.
Je lui restai toujours attaché de cœur jusqu’à sa mort. […] Mieux vaut la paix du ciel, où nous nous retrouverons tous, consolés, les uns d’être morts, les autres d’avoir vécu ! […] Mais la mort même ne put séparer les pensées. […] J’y fis paraître la Mort de Socrate, les Secondes Méditations. J’y composai, après la mort de lord Byron, le cinquième chant du poème de Childe Harold.
— dit Legrand à son noir. — Une tête de mort, — répond le nègre de plus en plus épouvanté ; — une tête de mort clouée sur la branche. — Eh bien, — dit Legrand, — tu connais ta gauche et ta droite ? […] Il n’a pas que le spleen de la vie, il a aussi celui de la mort ! […] un corps vivant encore, mais que la Mort avait déjà marqué de sa royale estampille. […] Edgar Poe n’est pas seulement mort de faim. […] La mort de la femme de Poe n’entraîna pas, du reste, la mort de l’âme qui l’avait si éperdument aimée.
La mort de Casimir Delavigne fait, avec celle de M. […] Campenon, mort il y a un mois environ, n’était qu’un poëte gracieux de l’école de Delille, et un homme de goût, né à la Guadeloupe et paresseux comme un créole. […] Quant à cette banale accusation d’avoir trempé dans la mort de son frère André, il serait temps de laisser une si odieuse calomnie. Venir lapider sans cesse Marie-Joseph avec les ossements d’André, c’est violer soi-même la piété qu’on doit aux morts, et prendre plaisir à ce sacrilége qu’on fait mine d’exécrer. […] La mort tragique de sa fille et de son gendre.
La course à la mort Vie moderne, 25 juillet 1851. […] La Course à la Mort ! […] Cet apparat scientifique n’est qu’un semblant ; le pessimisme que décrit la Course à la Mort a d’autres origines qu’une conviction spéculative. […] L’étrange héros de la Course à la Mort n’aime pas, on doute du moins qu’il aime et se sent douter, interroge sans cesse son pâle cœur, ne sait que résoudre et se résigne à son atonie. […] Et si l’on joint à cette originalité fondamentale celle du faire, le style, qui n’est plus ni coloré, ni abandonné au rendu des choses visibles, mais abstrait et apte à figurer les faits de l’âme des procédés qui ne sont pas la description, mais l’analyse psychologique et rapprochent ainsi la Course à la Mort des dernières œuvres de M.
Ce livre de La vie et la mort d’un clown l’atteste. […] La Vie et la mort d’un clown est un roman à la manière de Han d’Islande et de Bug-Jargal. […] Cette vie et cette mort d’un clown est assurément plus intéressante, parce qu’elle est plus près de nous, que la vie sauvage de Han d’Islande et la vengeance du nègre Bug-Jargal ; mais regardée en dehors de la lueur que Victor Hugo y projette, ce roman de La Vie et la mort d’un clown n’est point, de construction, une œuvre d’art et une composition savante. […] Son livre, ce roman de La Vie et la mort d’un clown, très frappant, mais trop frappé, aura-t-il le succès qu’obtiennent tout à l’heure des œuvres de moindre effort et de tendance moins haute ? […] La Vie et la mort d’un clown (Constitutionnel, 25 août 1879).
La mort de Hugo était la mort d’un astre. « L’art était fini ! […] Les funérailles du premier juin ont été dignes du mort qu’on panthéonisait et dignes de la classe qui escortait le cadavre. […] Jules Ferry lui souhaitant sa fête, deux ans avant sa mort, ne l’aurait pas salué du nom de Maître. […] Un socialisme qui se limite à cette réforme sociale pratique : l’abolition de la peine de mort, n’est de nature qu’à inquiéter les bourreaux, dont il menace les droits acquis. […] La mise en scène de sa mort est le couronnement de sa carrière de comédien, si riche en effets savamment machinés.
Si vous pouviez comprendre et le peu qu’est la vie, Et de quelles douceurs cette mort est suivie ! […] Tu préfères la mort à l’amour de Pauline ! […] À la mort. […] Sera-ce pour une déesse impudique qu’il se passionnera, ou pour un dieu abominable qu’il courra à la mort ? […] La religion chrétienne, en nous rouvrant, par les mérites du Fils de l’homme, les routes éclatantes que la mort avait couvertes de ses ombres, nous a rappelés à nos primitives amours.
On vouloit que la mort y vînt à pas plus lents et plus affreux. […] On vouloit diversifier les genres de mort de ces hommes souvent innocens. […] Les principes de morale où les grecs étoient alors élevez, ne leur permettoient pas d’avoir d’autres sentimens que des sentimens d’aversion pour un spectacle où, dans le dessein de divertir l’assemblée, on égorgeoit des hommes qui souvent n’avoient pas merité la mort. […] Tous les supplices dont il permet l’usage, sont de ceux qui tuent les condamnez sans leur faire souffrir d’autre peine que la mort. […] Il a même rendu capables de se tuer ceux des animaux à qui la nature a voulu refuser des armes qui pussent faire des blessures mortelles à leurs semblables, il leur fournit avec industrie des armes artificielles qui blessent facilement à mort.
Cependant les héros durent recevoir de plus grands honneurs après leur mort, car on respecte toujours plus ce qu’on ne voit pas. […] Tant qu’il vécut, ces monuments restèrent ; mais à sa mort on les vendit, et une collection qui avait coûté tant de soins, se trouva encore dispersée. […] La lente morsure des serpents me donne une mort cruelle. […] N’entends-je pas les déesses de la mort qui m’appellent ? […] Il est temps de finir mes chants ; les déesses m’invitent, elles s’avancent ; Odin, de son palais, les a envoyées vers moi ; je serai assis sur un siège élevé, et les déesses de la mort me verseront le breuvage immortel.
Mais si Brutus est le héros de la pièce, César sa puissance, sa mort, en voilà le sujet. […] Avant que se préparât la mort de César, la pièce n’a pas commencé ; après la mort de Brutus, elle finit. […] Cette tragédie finit à la mort de César, que l’auteur a mise en récit. […] Il en est de même des prodiges qu’il rapporte et qui eurent lieu à la mort de Duffe. […] La vraie tragédie de Richard, duc d’York, et la mort du bon roi Henri VI.
Sa mort fut le premier des assassinats que le fanatisme de ce siècle fit commettre. […] À sa mort il se trouva des orateurs pour le louer. […] Cela n’empêcha point que, dans des panégyriques de son temps, et même après sa mort, il n’ait été appelé le grand Henri III. […] La mort de Louis, son frère, massacré le lendemain, révolta encore plus, car il était cardinal. […] Le même jour, on publia un grand nombre d’éloges funèbres en l’honneur du mort.
Le beau passe-temps de m’apporter ici les morts du voisinage ! […] ce n’est que la mort ! […] Liaison de la vie avec la mort. […] C’est un mort qui parle. […] Que sont devenus le stoïcisme et le mépris de la mort ?
Est-il mort ? […] D’un mot, il va l’en retirer mort ou vif. — « Malheureuse ! […] et toi, Conducteur des morts ! […] Ô toi qui es mort ; tant pleuré ! […] Que ne suis-je mort avec mes guerriers morts !
Mais nous souviendrons-nous longtemps de l’idée et de la mort de Raousset ? […] Après avoir merveilleusement commencé, il a tragiquement fini, d’une mort sublime, mais inutile. […] À vingt ans de là il refusait encore de se mettre à genoux devant la mort ! […] Il est mort jeune ; plaignons sa mère, mais ne le plaignons pas, lui ! La mort dans la jeunesse sied aux héros.
La mort viendra, le jour où les Parques auront filé l’écheveau. […] Il n’est pas dans la destinée que l’homme échappe à la mort, quand même pour aïeux il a des immortels. Souvent celui qui, à travers la bataille et le bruit des traits, a passé sain et sauf, la mort le surprend à son foyer. […] L’homme de courage met en deuil le peuple par sa mort ; et, vivant, il est l’égal des demi-dieux. […] « Honte à celui qui tombe mort sur la poussière, le dos percé de la pointe du fer !
Taine a pu rédiger, à des intervalles divers, depuis vingt ans, et classer sous ce titre qui exprime, je crois, son principal souci moral : Préparation à la mort. […] — Depuis les années 1870 et 1871 qui ont beaucoup assombri mon caractère, mon esprit se reporte avec complaisance à la préparation à la mort. […] Accepter, s’accorder avec l’univers, voilà la vraie préparation à la mort. […] Pour moi, je ne connaîtrai plus la sécurité avant ma mort. […] Taine, qui est né catholique et qui a vécu en libre-penseur, est mort protestant.
On l’a jeté parmi les serpents, et il y est mort, frappant du pied sa harpe. […] En fait d’idées, les plus profonds récrivent les doctrines mortes d’auteurs morts. […] Mort en 901. Adlhem, mort en 709. Bède, mort en 735.
Louis XIV mort, il ne cessa de pousser sa fortune ; il s’y rencontra encore de légères et courtes vicissitudes ; mais, depuis le ministère du cardinal de Fleury, il n’avait cessé d’avoir le vent en poupe. […] Il en avait eu deux fils, dont un mort en bas âge et un seul survivant, le comte de Gisors, celui dont M. […] Le comte de Gisors étudiait de près les hommes, les institutions ; il fut guidé et piloté à certains jours en Angleterre par Horace Walpole, qui garda de lui la meilleure idée, et qui, en apprenant sa mort, écrivait : « Je suis très chagrin de la mort du duc de Gisors ; il m’avait été recommandé quand il vint en Angleterre. […] A son retour, le comte de Gisors donna un bon exemple : il ne craignait pas la mort, mais il craignait la petite vérole et ses laideurs. […] La mort s’ensuivit trois jours après (26 juin).
De l’état des morts. — Ils distinguaient après la mort, l’âme, le corps et l’ombre. […] Toutes ces expressions emportent la même idée : ce sont les mânes ou l’ombre d’un mort qu’on rencontre aux Enfers ; c’est encore cela qu’on voit errer autour de son tombeau. Observez pourtant que le génie du défunt était autre chose : il gardait le sépulcre, et se montrait sous la forme de quelque animal, symbole de la qualité dominante du mort. […] Nos anges gardiens ont remplacé les génies, avec cette différence, qu’ils ne s’occupent plus de nous après la mort. […] On croyait que le sang, la fumée et ce qu’il y a de plus spiritueux dans nos aliments, était la part des morts comme celle des dieux.
Peu de temps avant la mort d’Alfieri, Fabre vint habiter comme maître de maison le palais de la comtesse. […] La mort serait pour moi un véritable bonheur ; je déteste la vie, le monde, et tout ce qui s’y fait et s’y voit. […] On croyait sérieusement alors qu’Alfieri était mort grand homme. […] Ainsi la mort seule dénoua ce drame et congédia les trois acteurs. […] Mais longtemps avant sa mort il était remplacé dans le cœur de Mme d’Albany.
Sans cesse occupé du tombeau, et comme penché sur les gouffres d’une autre vie, Bossuet aime à laisser tomber de sa bouche ces grands mots de temps et de mort, qui retentissent dans les abîmes silencieux de l’éternité. […] la voilà telle que la mort nous l’a faite ! pourquoi frissonne-t-on à ce mot si simple, telle que la mort nous l’a faite ? C’est par l’opposition qui se trouve entre ce grand cœur, cette princesse si admirée, et cet accident, inévitable de la mort, qui lui est arrivé comme à la plus misérable des femmes ; c’est parce que ce verbe faire, appliqué à la mort qui défait tout, produit une contradiction dans les mots et un choc dans les pensées, qui ébranlent l’âme ; comme si, pour peindre cet événement malheureux, les termes avaient changé d’acception, et que le langage fût bouleversé comme le cœur. […] Tout consiste en quelques oppositions vulgaires de la beauté, de la jeunesse, de la grandeur et de la mort ; et c’est pourtant sur ce fond stérile que Bossuet a bâti un des plus beaux monuments de l’éloquence ; c’est de là qu’il est parti pour montrer la misère de l’homme par son côté périssable, et sa grandeur par son côté immortel.
Robert, procureur du roi, qui avaient prononcé la sentence ; on disait même qu’il y avait eu quatre voix à mort pour Bourdin. […] Le 9 janvier 1695, le roi lui écrivait de sa main une belle lettre sur la mort de l’abbesse de Port-Royal, sa sœur. […] La mort subite, qui, dans l’antiquité, était le vœu et faisait l’envie d’usage, est l’épouvante et l’horreur du chrétien. […] La mort de M. de Paris, ma très belle, vous aura infailliblement surprise. […] Il suppose, d’après quelques mots confidentiels rapportés par deux amis de M. de Harlay, qu’il n’était pas si peu préparé à la mort qu’on l’avait cru généralement.
C’est une sœur qui pleure un frère ; ce n’est nullement une amante qui s’accuse de la mort d’une victime. […] Il fut jeune ; la mort l’en punit : c’était une grande dureté du destin. […] Il a succombé à l’agitation d’une vie trop rude pour lui, accoutumé au calme et au repos ; on ne sait pas bien encore par quelle mort ; on parle de fièvre, de duel, de poison ; pour moi, je crois sa mort naturelle. […] J’en éprouve une peine mortelle, et c’est le jour des Morts que j’ai appris cette triste nouvelle. […] Et si vous doutez de son talent, regardez sa vie et regardez sa mort ; il a vécu de ses rêves, il a peint du sang de son cœur, il est mort de son génie.
Depuis longtemps, Catilina, le consul aurait dû t’envoyer à la mort, et faire tomber ta tête sous le glaive dont tu veux nous frapper. […] Scipion, qui cependant n’était pas magistrat, l’en punit par la mort. […] Si je l’avais fait, ou je serais mort glorieusement à Rome, ou je jouirais maintenant du fruit de ma victoire ! […] Mieux vaut la mort avec les honnêtes gens que la victoire avec les pervers. […] Cicéron mort, les triumvirs s’entre-disputèrent la république : Octave prévalut.
Mon âme a-t-elle médité ta mort ? […] La mort environne le jeune Ryno ; mais je marcherai sans bruit, ô mon héros ! […] Elle vit son cher Dargo qu’on lui apportait comme s’il eût été mort. […] ils sont morts ; leurs épées sont rougies de sang. […] C’est la voix d’Alpin qui pleure les morts.
L’analogie dans la situation est évidente ; c’est une passion sans issue, qui ne peut mener qu’à la mort. […] En inventant le Todestrank, le philtre de mort, Wagner a transfiguré la légende entière. […] Ici, c’est la mort qu’ils se donnent, et de plein gré ; et lorsque la coupe est vidée et que devant eux se dresse la mort immédiate et certaine, alors ils peuvent se dire leur amour, car la mort abolit les nécessaires mensonges de la vie. […] La mort leur avait donné l’unique minute de bonheur ; mais de bonheur indicible, absolu. […] Frédéric Villot est un graveur, né à Liège en 1809 et mort à Paris en 1875.
Mort le triomphateur de l’Opéra ! […] et qu’en feras-tu à ta mort ? […] La mort de M. […] tout cela mort et à jamais perdu ! […] Armand Carrel est mort le premier, et, ce jour-là, est mort un grand écrivain, qui eût été plus tard un grand orateur.
Il eut l’amour de la mort, le désir de la mort, l’ambition de la mort, la vocation de la guillotine. […] Mais la mort n’est pas loin. — Cette mort est suivie D’un vivre sans mourir, fin d’une fausse vie, Vie de notre vie et mort de notre mort. […] Tel ce pauvre Larroumet, mort récemment. […] Cette cohésion des morts avec les vivants consiste en ceci : les vivants veulent que les morts continuent de vivre. […] Non, non, on ne hait jamais autant le vivant à cause du mort que le mort à cause du vivant.
Nous avons vu jusqu’à présent, que dès qu’un homme en place, roi ou prince, cardinal ou évêque, général d’armée ou ministre, enfin quiconque, ou avait fait ou avait dû faire de grandes choses, était mort, tout aussitôt un orateur sacré, nommé par la famille, s’emparait de ce grand homme, et après avoir choisi un texte, fait un exorde ou trivial ou touchant, sur la vanité des grandeurs de ce monde, divisé le mérite du mort en deux ou trois points, et chacun des trois points en quatre ; après avoir parlé longuement de la généalogie, en disant qu’il n’en parlerait pas, faisait ensuite le détail des grandes qualités que le mort avait eues ou qu’il devait avoir, mêlait à ces qualités des réflexions ou fines ou profondes, ou élevées ou communes, sur les vertus, sur les vices, sur la cour, sur la guerre, et finissait enfin par assurer que celui qu’on louait, avait été un très grand homme dans ce monde, et serait probablement un très grand saint dans l’autre. […] C’est un honneur qui, sous le nom du mort, est rendu aux vivants. […] Dans tous les cas on veut avoir ou de l’éloquence ou de l’esprit, car il est juste que dans le public on parle du mort ; mais il est un peu plus juste (comme tout le monde le sent) qu’on parle de l’orateur. […] Le public écoute, applaudit l’orateur, quand il le mérite, et laisse le mort pour ce qu’il est. […] On veut qu’il y ait des rangs, même après la mort, et que les titres des grands passent, pour ainsi dire, à leurs réputations.
Elle vient de prendre, vis-à-vis du public, son rang de Dauphine littéraire, en publiant un roman : Au lit de mort ! […] Au lit de mort ! […] fût-ce au lit de mort, sans calembour. […] Mme Marie-Alexandre Dumas nous a donné dans Au lit de mort, tout ce qu’elle pouvait nous donner. […] Au lit de mort.
La mort de Charles Nodier n’a pas semblé moins prématurée que celle de Casimir Delavigne ; et quoiqu’il eût passé le terme de soixante ans, ce qui est toujours un long âge pour une vie si remplie de pensées et d’émotions, on ne peut, quand on l’a connu, c’est-à-dire aimé, s’ôter de l’idée qu’il est mort jeune. […] Depuis des années, il avait si souvent parlé de la mort, et nous l’avions en toute rencontre retrouvé si vivant par l’esprit qu’on ne pouvait se figurer qu’il ne s’exagérât pas un peu ses maux, et à lui aussi on pourrait appliquer ce qu’on disait de M. […] Nodier est mort en homme des espérances immortelles, en homme religieux et en chrétien. […] Ainsi l’auraient pensé d’eux-mêmes Le Sage ou l’abbé Prévost mourants194 ; Nodier allait être déjà un mort illustre. […] Nodier est mort le 27 janvier 1844.
Si Vauvenargues n’était pas mort au milieu de cette gloire, il aurait eu le sort de tous les favoris. […] Mais il mourut jeune, à temps, avec la beauté d’une espérance que la mort a trompée, mais que la vie n’a pas trahie. […] La mort lui a été favorable comme la maladie. Sans la maladie, sans la douleur qui lui a donné le peu de fil et de mordant qu’on trouve dans ses œuvres, il aurait été, comme tous les humanitaires de son temps, un badaud, un optimiste, un philanthrope, un niais d’esprit, et sans la mort prématurée qui le fait vivre, il serait mort, sur pied, de son vivant ! […] Il n’a été qu’un mort de plus dans ce cimetière de Gray où sont rangées les grandeurs qui n’ont pu aboutir, les génies qui ont gardé leur lumière !
Si Vauvenargues n’était pas mort au milieu de cette gloire, il aurait eu le sort de tous les favoris. […] Mais il mourût jeune, à temps, avec la beauté d’une espérance que la mort a trompée, mais que la vie n’a pas trahie. […] La mort lui a été favorable comme la maladie. Sans la maladie, sans la douleur qui lui a donné le peu de fil et de mordant qu’on trouve dans ses œuvres, il aurait été, comme tous les humanitaires de son temps, un badaud, un optimiste, un philanthrope, un niais d’esprit, et sans la mort prématurée qui le fait vivre, il serait mort, sur pied, de son vivant ! […] Il n’a été qu’un mort de plus dans ce cimetière de Gray, où sont rangées les grandeurs qui n’ont pu aboutir, les génies qui ont gardé leur lumière !
I), dont l’apparition précéda la mort d’Auguste. […] Il arriva au philosophe, après la mort du militaire, ce qui serait arrivé au militaire après la mort du philosophe. […] Sa mort suivit de près cette réforme. […] S’ils craignaient la mort, pourquoi mouraient-ils sans se plaindre ? […] C’est qu’il n’y a plus de mal à leur faire : ils sont morts.
Je ne pus m’empêcher de dire : — « J’espère, monseigneur, que vous voterez pour la mise en liberté du roi. » — « Certainement, répondit-il, et pour ma propre mort ! […] Je ne crois pas qu’il soit possible de ressentir un malheur de famille plus vivement que je ne ressentis la mort du roi. […] C’était six ou sept semaines environ après la mort du roi ; le duc d’Orléans était en grand deuil, comme elle l’était elle-même. […] Elle fut impitoyable et retourna le poignard en tous sens : « Je présume, dit-elle que la mort du roi à hâté la sienne, ou peut-être est-ce la manière cruelle dont son procès a été mené, et votre vote pour sa mort. » Il lui répéta dans cette conversation ce qu’il avait dit tant de foisv : « Je connais ma position ; je ne pouvais éviter de faire ce que j’ai fait. […] Le roi fut condamné à mort dans la séance permanente du 16 au 17 janvier, dans la nuit du mercredi au jeudi.
Un Dieu est mort pour lui. […] Il est mort en croisade et il y est mort à la maladie et à la peine et Joinville le défend fort bien sur ce point). […] C’est toujours la mort. […] Notre mort. […] C’est la mort de la vie et de la liberté.
GRANGE, [Joseph de Chancel de la ] né au Château d’Antoniat, près de Périgueux, en 1676, mort au même Château en 1758. […] La Grange, de Montpellier, mort à Paris en 1769, Auteur d’une douzaine de Comédies, dont quelques-unes eurent du succès dans leur nouveauté. […] la Grange de Checieux, mort à Paris en 1774, Auteur d’un Ouvrage de Politique, intitulé la Conduite des François justifiée, accueilli du Public dans le temps, & qui méritoit de l’être. […] Cette derniere Traduction est posthume, & précédée d’un Discours préliminaire, dans lequel on ouvera des détails sur le mérite & le talent personnel de ce Littérateur, mort à Paris en 1776. GRAVILLE, [Barthelemi-Claude Graillard de] né à Paris en 1727, mort en 1764.
la mort ! la mort ! […] la mort ! la mort ! […] dit-il, il est mort.
il craignait sans doute de nous informer trop tôt de la condamnation sans remède de Hyeronimo ; mais chaque heure de silence nous paraissait le coup de la mort pour tous les quatre ! […] Le lendemain du jugement à mort, comme je vous ai dit, le bourreau vint avec les hommes noirs au cachot. […] — C’est par là, lui dis-je, le visage tout rayonnant d’assurance (car l’amour ne doute de rien), c’est par là qu’ils croient te mener à la mort, et c’est par là que je te mènerai à la vie. […] ne mourons pas sans avoir échangé deux anneaux de fiançailles ou de mariage que nous nous rendrons après la mort pour nous reconnaître entre toutes ces âmes qui habitent là-haut, dans le bleu, au-dessus des montagnes. […] Et lui-même, si juste et si bon, est-ce qu’il pourrait vivre de la mort d’autrui ?
elle lui fut trop promptement ravie par la mort. […] Le prince de Léon était devenu le duc de Rohan par la mort de son frère. […] Cette mort soudaine et terrible avait frappé la société du faubourg Saint-Germain d’une émotion qui durait encore. […] Les contours du visage sont élégants, mais fermes ; on voit que l’homme serait bien mort pour une noble cause. […] On s’aperçut qu’il était mort dans l’acte le plus fervent de sa piété.
Madame devient la reine du moment, et ce moment durera jusqu’à sa mort ; elle donne le ton à toute cette jeune cour, dispose de toutes les parties de divertissements : Elles se faisaient toutes pour elle, et il paraissait que le roi n’y avait de plaisir que par celui qu’elle en recevait. […] En cette soudaine atteinte où la mort la prit comme à la gorge, elle garda sa présence d’esprit, pensa aux choses essentielles, à Dieu, à son âme, à Monsieur, au roi, aux siens, à ses amis, adressa à tous des paroles simples, vraies, d’une mesure charmante et, s’il se peut dire, d’une décence suprême. […] Puisqu’il y a eu des personnes qui sont mortes de douleur, il m’est honteux d’avoir pu survivre à la mienne. […] Mon tempérament y résista, je n’en fus pas même malade ; mais ma vie devint si chagrine et si languissante, qu’elle ne valait guère mieux que la mort. […] L’époque de la mort de Madame fut un événement pour plusieurs.
La douleur et la mort sont les premiers moyens des situations tragiques, et la religion modifie toujours puissamment l’action de la douleur, et la terreur de la mort. […] Quelle impression recevaient-ils par le tableau de la mort et de la douleur ? […] L’image de la mort produisait un effet moins sombre sur les Grecs que sur les modernes. Les croyances du paganisme adoucissaient extrêmement la crainte de la mort. […] Ces opinions pouvaient avoir leur utilité politique ; mais comme l’idée de la mort fait éprouver à l’imagination des modernes une impression plus forte et plus sensible, elle est parmi nous d’un plus grand effet tragique.
Il est évident que le juré qui ne voudra pas appliquer la peine de mort, dans les cas prévus par la loi, sera obligé de trahir sa propre conscience, de mentir à l’évidence du fait, ce qui est un très grand mal, parce que c’est une sorte d’immoralité qu’on ne se reproche point. […] Le spectacle public de la mort d’un coupable fait descendre dans les basses classes un instinct de cruauté qui ne saurait plus être assez contenu. […] N’envions point aux Romains leurs Brutus envoyant un fils à la mort ou poignardant un père ; n’imitons point les Athéniens jaloux, coupant le pouce aux malheureux Éginètes, parce qu’ils étaient trop habiles rameurs ; n’exigeons point de nos femmes l’horrible insensibilité des femmes de Sparte. […] L’ancienne jurisprudence donnait droit de vie et de mort aux pères sur leurs enfants ; et, comme tout marche en même temps, l’ancien droit public donnait la même latitude de pouvoir aux métropoles sur les colonies. […] si vous pouviez supprimer le malheur, vous ne pourriez supprimer aussi la mort, qui viendrait toujours interrompre tant de félicités, après nous avoir successivement privés des êtres les plus chers.
Un messager, arrivé en toute hâte à Sardes, annonça à Crésus et le succès de la chasse et la mort de son fils. […] Va prendre l’enfant de Mandane, porte-le chez toi ; et, après l’avoir mis à mort, fais-le enterrer […] N’aviez-vous pas réellement ordonné cette mort ? […] Quant à Astyage personnellement, Cyrus ne lui fit aucun mal, et le garda constamment près de lui jusqu’à sa mort. […] Tel fut le sort d’Épialte, dont la mort suivit de près ces événements.
Il y a aujourd’hui trois mois, trois mois qu’il est mort. […] Liberté, Egalité, Fraternité ou la Mort. […] Cette tombe deviendra la pierre abandonnée des morts sans famille. […] Dans les rues de Paris, la mort croise la mort : le fourgon des pompes funèbres croise le corbillard. […] Mon frère était mort à Auteuil, le 20 juin.
» Et chacun, tour à tour, conte les hantises de la mort près de son individu. […] venait de me dire Pélagie, quand la petite a mis sur la table une dépêche, qui contenait ces deux mots : Flaubert mort ! […] Mme Commanville nous a parlé du cher mort, de ses derniers instants, de son livre qu’elle croit incomplet d’une dizaine de pages. […] » Ce matin, Pouchet m’entraîne dans une allée écartée, et me dit : « Il n’est pas mort d’un coup de sang, il est mort d’une attaque d’épilepsie… Dans sa jeunesse, oui, vous le savez, il avait eu des attaques… Le voyage d’Orient l’avait, pour ainsi dire, guéri… Il a été seize ans, sans plus en avoir… mais les ennuis des affaires de sa nièce, lui en ont redonné… et samedi, il est mort d’une attaque d’épilepsie congestive… oui avec tous les symptômes, avec de l’écume à la bouche… Tenez, sa nièce désirait qu’on moulât sa main… on ne l’a pas pu… elle avait gardé une si terrible contracture… Peut-être, si j’avais été là, en le faisant respirer une demi-heure, j’aurais pu le sauver… » Ça été tout de même une sacrée impression d’entrer dans le cabinet du mort… son mouchoir sur la table, à côté de ses papiers, sa pipette avec sa cendre sur la cheminée, le volume de Corneille, dont il avait lu des passages la veille, mal repoussé sur les rayons de la bibliothèque. […] Daudet, Zola et moi, nous repartons, refusant de nous mêler à la ripaille qui se prépare pour ce soir, et revenons, en parlant pieusement du mort.
Aussi, à la mort de Duclos, et pour toute expression de regret, Voltaire, dans une lettre à La Harpe, faisant allusion à cette mort et à celle de M. […] Je lui dis qu’il n’avait été frappé que de l’horreur des supplices sans porter sa vue, en rétrogradant, sur l’énormité de certains crimes qu’on ne peut punir que de mort, et quelquefois d’une mort terrible, suivant les cas. […] Il y aurait, sans doute, des délits qui ne seraient pas punis de mort, ainsi qu’ils le sont actuellement ; mais il y a des crimes qui ne peuvent l’être d’une mort trop effrayante. […] Duclos était à Naples quand il apprit la mort de sa mère, âgée de cent deux ans. Ses amis de Paris, connaissant sa tendresse pour elle et ne voulant pas attrister son voyage, se concertèrent avec sa famille pour la lui cacher et pour que cette mort ne fût point annoncée par la Gazette de France : mais Duclos l’apprit d’autre part et par la Gazette d’Avignon.
Nouvelle de l’autre monde Vers les bords du fleuve fatal Qui porte les morts sur son onde, Et qui roule son noir cristal Dans les plaines de l’autre monde ; Dans une forêt de cyprès Sont des routes froides et sombres. […] Là, malgré la rigueur du sort, Les amants se content fleurettes, Et font revivre après leur mort Leurs amours et leurs amourettes. […] » Chez les morts, sans cérémonie, On se parle ainsi brusquement, Et dès qu’on sort de cette vie On ne fait plus de compliment. […] De nos cendres froides il sort Une vive source de flammes Qui s’attache à nos froides âmes Et nous ronge après être mort. […] À tous les morts qu’elle verra, Elle ira faire des avances.
Milton, à l’exemple du poète de Mantoue, a placé la Mort à l’entrée de son enfer (Lethum), et le Péché, qui n’est que le mala mentis gaudia, les joies coupables du cœur . […] Harris, dans son Hermès, a remarqué que le genre masculin, attribué à la mort par Milton, forme ici une grande beauté. […] La mort est aussi du genre masculin en grec, θάνατος. Racine même la fait de ce genre dans notre langue, La mort est le seul Dieu que j’osois implorer. Que penser maintenant de la critique de Voltaire, qui n’a pas su, ou qui a feint d’ignorer que la mort, death en anglais, pouvait être à volonté du genre masculin, féminin ou neutre ?
Apôtre de la raison jusqu’au bout, on peut dire que Voltaire est mort en combattant. […] est-il mort ? » L’agonie commença à midi, et il était mort à quatre heures moins un quart. […] Thiers ne vint que deux heures après la mort. […] Ces traces-là sont indélébiles, elles reparaissent à l’heure de la mort.
Rousseau l’éloquence de nos tribunes ; il était le maître de diction des orateurs qui allaient naître et parler après sa mort. […] Ces deux hommes morts, on n’entendit et on n’écouta plus rien. […] C’était une corde nouvelle, corde trempée de sang et de larmes, que la mort avait ajoutée à la lyre moderne : cela ressemblait aux voix des pleureuses qu’on entend de loin en Orient suivre en chantant les cercueils au bord de la mer derrière les oliviers ou les cyprès des champs des morts. […] La tristesse fait maintenant partie de la langue ; c’est un don de la mort trouvé sur tant de tombeaux. […] Ô Mort !
Le propriétaire a vu par deux fois Rodolphe Bresdin faire cuire un morceau de bœuf sur quelques branches mortes ramassées dans le verger ! […] Je ne sais ce qu’on doit le plus admirer ici, de la composition ou de l’exécution : La Mort va travailler. […] Tout auprès, un vieux singe, repliant ses deux genoux et plongeant ses bras entre ses deux genoux, s’étudie à se faire petit, petit, dans l’espérance que la mort ne le verra pas. […] Aussi insensible que la nature mourante, l’homme mourant ne voit pas le Christ ; la créature expirera sans une prière, sans une élévation d’âme : la Mort a tué jusqu’à l’espérance ! […] Deux squelettes triomphants, plantés chacun sur un arbre mort, élèvent en l’air leurs bras joyeux, et se préparent à entonner l’Hosanna de la destruction !
Il portait l’âme d’un pécheur mort le jour même. […] Quant à nous, nous avons évité la mort. […] La mort trop récente ne l’avait presque point défiguré. […] Quelques jours après, il était mort. […] Car il est mort du choc d’un automobile conduit par M.
La mort pour prime au travail et à l’économie, voilà la théorie de la Convention. […] Leur mort fut le talion de leurs jours. […] Tout son passé lui apparaissait à l’heure de la mort. […] C’est lui qui suivit ces victimes du tribunal au cachot, du cachot à la mort. […] La mémoire des morts n’est pas une monnaie de trafic entre les mains des vivants.
… Tenez j’aurais voulu que vous fussiez mort, l’année dernière, vous m’auriez laissé au moins la mémoire et le souvenir d’un ami ! […] Une simple pierre portant son nom et deux dates, sa naissance et sa mort. […] Et maintenant dans les oreilles du vivant, le mot la mort, sa mort, ça va être l’effet et la fin de toutes les phrases de l’avocat général faisant son métier, de toutes les phrases de son défenseur s’efforçant d’agir dramatiquement sur la pitié du jury. […] Couché, allongé sur son lit, en une complète immobilité, ainsi qu’un beau mort arabe à la barbe noire et blanche, il nous dit : « Je ne suis pas encore mort ! […] Nous apprenons ici la mort de Sainte-Beuve.
Avec moi, frère, en vrai sage, Bois à la mort, c’est plus gai. […] Pour Loti comme pour Baudelaire, — et c’est là leur seul point commun, — la mort est toujours présente. D’un bout à l’autre de son œuvre, on sent passer le vent de la mort comme celui de la mer auquel il s’identifie. […] L’inconnu de la mort vient pour lui se mêler à toute manifestation de la vie, le plus simple fait revêt une apparence de profondeur et de mystère ; dans la grande épouvante qu’il découvre épandue, les amours lui semblent plus forts ; et c’est toute la poésie de la mort qui s’ajoute à celle de la vie. Aux yeux de Baudelaire, la mort flétrissait la vie, aux yeux de Loti, elle l’idéalise.
Enfin, l’empereur étant mort avant d’avoir vengé le poète, Dante vient à Paris, retourne en Italie, et se fixe enfin pour mourir à Ravenne. […] L’imagination habitait pour ainsi dire ces mondes intellectuels des morts autant et plus que le monde des vivants. […] Nous avons touché à l’arche, et la majesté du dieu nous frappe de mort. […] Lacordaire, son ami, dans un récit véritablement virgilien de sa mort, il ôta son chapeau pour saluer le soleil et le firmament. […] C’est la poésie qu’il faut chercher dans ce livre ; ce ne sont pas des opinions posthumes ou des allusions mortes.
« “Cet amour nous conduisit à une même mort. […] Le poète de la théologie est mort, celui de l’amour est immortel. […] « “Mais ce que tu ne peux avoir appris de personne, c’est combien cette mort fut atroce. […] Ils sont dans ce regard effaré et énigmatique que le père attache sur ses pauvres enfants à ce bruit qui renferme cinq condamnations à une mort lente. […] Je me découvre, par respect pour cet entretien de la vie avec la mort, et j’ai sous les yeux et dans le cœur toute la poésie du Purgatoire.
Arnauld était mort à Bruxelles le 8 août 1694 ; son cœur, selon le vœu des religieuses de Port-Royal des Champs, fut rapporté parmi elles. […] Je me souviens que lui ayant dit, en le quittant, que j’espérais le retrouver en meilleure santé le lendemain, il me répondit, le plus haut qu’il put : Mort, mort ! […] En proposant ces doutes, je ne suis pas sans me dire que si M. le duc a été réellement auteur involontaire de cette mort, on a dû le dissimuler dans les récits imprimés. Et pourtant Saint-Simon aime trop à croire à ces morts violentes et à ces empoisonnements pour être cru sur simple parole. […] Vous avez honoré sa mémoire par ce que vous avez dit de lui après sa mort ; messieurs de Saint-Victor devraient être contents et ne rien demander davantage.
Se tuer pour ne pas céder, dans la position de Frédéric, c’était faire acte de fierté encore plus que de courage, surtout de courage patriotique et civil : Les Caton et les Othon, lui disait Voltaire, dont Votre Majesté trouve la mort belle, n’avaient guère autre chose à faire qu’à servir ou qu’à mourir ; encore Othon n’était-il pas sûr qu’on l’eût laissé vivre ; il prévint par une mort volontaire celle qu’on lui eût fait souffrir. […] Au moins ne pourra-t-on pas dire que j’aie survécu à la liberté de ma patrie et à la grandeur de ma maison, et l’époque de ma mort deviendra celle de la tyrannie de la maison d’Autriche. […] Grâce à Dieu, je n’ai pas eu cent hommes de morts. » Mais il avait le droit d’ajouter : « À présent je descendrai en paix dans la tombe, depuis que la réputation et l’honneur de ma nation est sauvé. […] La mort du cardinal de Tencin, en mars 1758, vient priver d’un canal commode et sûr, dans le cas où il y aurait eu lieu de nouveau à l’employer. […] Femme sans préjugés, sans vice et sans erreur, Quand la mort t’enleva de ces tristes contrées.
Démétrius, l’autre fils d’Ivan, beaucoup plus jeune que Fédor, et tout enfant à la mort de son père, annonçait, dit-on, des dispositions ardentes et cruelles : mais il vécut peu. […] Les morts, après huit ans, sortent-ils du tombeau ? […] Hérodote, le premier, nous a donné l’histoire du faux Smerdis, de ce mage qui, à la mort de Cambyse, se fit passer pour Smerdis, fils de Cyrus, et qui régna huit mois. […] Néron, malgré ses cruautés, était populaire, et les bruits sur sa mort s’étaient fort contredits : c’était assez pour ouvrir la voie aux fourbes qui se donnèrent pour lui, et aux dupes qui les crurent. […] Au bout d’un instant, il reprit connaissance, mais il se sentait frappé à mort.
Ils ont mis sur la scene des souverains morts depuis peu de tems, et quelquefois même des princes vivans. […] Deux nations voisines de la nôtre font encore monter sur le théatre des souverains morts depuis cent ans ou environ. […] Peu de mois après la mort de Henri IV on répresenta dans Paris une tragedie dont le sujet étoit la mort funeste de ce prince ; Louis XIII qui regnoit alors, faisoit lui-même un personnage dans la piece, et de sa loge il pouvoit se voir répresenter sur le théatre où le poëte lui faisoit dire que l’étude l’assommoit, qu’un livre lui faisoit mal à la tête, qu’il ne pouvoit guerir qu’au son du tambour, et plusieurs autres gentillesses de ce genre dignes d’un fils d’Alaric ou d’Athalaric. […] Monsieur Racine soutient dans la préface de Bajazet, dont la mort tragique étoit un évenement recent quand il le mit au théatre, que l’éloignement des lieux où un évenement est arrivé peut suppléer à la distance des tems, et que nous ne mettons presque point de difference entre ce qui est arrivé mille ans avant notre tems et ce qui est arrivé à mille lieuës de notre païs. […] D’ailleurs le commerce entre la France et Constantinople est si grand, que nous connoissons bien mieux les moeurs et les usages des turcs par les relations verbales de nos amis qui ont vêcu avec eux, que nous ne connoissons ceux des grecs et des romains sur le recit d’auteurs morts, et à qui l’on ne sçauroit demander des explications quand ils sont obscurs ou trop succincts.
A la mort de M. […] mademoiselle, mon fils, mon cher enfant, répondez-moi, est-il mort ? […] est-il mort sur-le-champ ? […] On n’attendait que la mort de cette princesse pour commencer le blocus final où le célèbre monastère devait succomber. […] Mme de Sévigné, parlant de la mort de M. de Turenne, dit : Ce pauvre homme.
il serait mort avant de l’avoir trouvé pour l’appliquer aux nécessités urgentes et permanentes de son association nationale. […] Si l’homme de l’humanité ne cultivait que le blé, et ne multipliait que pour la mort, sur l’écorce de cette planète, le regard de la Providence divine daignerait-il seulement y tomber ? […] La souveraineté de la nature dit à l’homme : Tu seras propriétaire, sous peine de mort de l’individu ; et la souveraineté de la nature dit à la propriété : Tu seras héréditaire, sous peine de mort de la famille ; enfin, la souveraineté de la nature dit à la société : Tu seras héréditaire sous peine de mort de l’humanité. La loi vengeresse des attentats du sophisme contre ces décrets de la nature, c’est la mort de l’espèce […] L’homme mort, sa volonté ne meurt pas : elle revit dans l’aîné, ou dans le plus chéri, ou dans le plus capable de sa race.
Une sentence de mort est portée contre Faust, parce qu’il a tué le frère de Marguerite. […] que la mort est amère ! […] La mort épie mes pas. […] Viens, viens, ou je te livre à la mort avec elle. […] Sa mort atteste la force et le désintéressement de son amour.
Il échoua dans sa brigue et revint découronné à Florence, où Côme lui donna néanmoins une généreuse hospitalité jusqu’à sa mort. […] Cette pensée répandait l’amertume sur ses derniers jours ; et peu de temps avant sa mort, comme on le portait dans les appartements de son palais, au moment où il venait de recevoir la nouvelle de la mort de son fils, il s’écria avec un soupir : Cette maison est trop grande pour une famille si peu nombreuse ! […] Sa vie avait été celle d’un philosophe, sa mort fut celle d’un sage. […] Sa mort ne fut qu’un départ pour un séjour plus permanent. […] ) Dans ses traits enchanteurs la mort paraissait belle.
Ni la longue absence, ni les années, ni le monde, ces trois morts sous des aspects différents, ne purent l’effacer. […] Quant à elle, plus forte que ses nerfs, par l’affection, elle n’avait pas même sourcillé et elle aurait pris en souriant la mort de sa main comme elle aurait pris autre chose. La mort n’est pas la plus cruelle des choses que les êtres aimés puissent nous donner. […] Aussi bien, à dater de la mort de son frère, Mlle Eugénie n’est plus. […] Une autre femme pleurant comme elle la mort d’un frère (Mme Augustus Craven dont nous allons parler), y a péri.
les voilà trois sur l’escarpolette » : le père, la mère et l’enfant. 4e tableau : « Ils sont deux sur l’escarpolette » : l’enfant est mort. 5e tableau : « Il n’en reste qu’un sur l’escarpolette » : le père est mort à son tour. […] L’âme, le corps et la mort, tout simplement. […] La Mort, qui passe, fait de l’esprit et les met d’accord Mais voici le « comble ». […] , et où le poète développe cette pensée que, puisque nous sommes les époux de la Vie et que la Vie est fille de la Mort, nous avons la Mort pour belle-mère ! […] Voyez les Deux Roses, Des pas sur le sable, A Éva, Dans les foins, Oaristys, Devise amoureuse, Aux morts, A une jeune fille poète, Si l’on me disait…, Ce beau printemps.
Idomenée est mort après sa naissance ; Térée est rentré dans les ténebres ; Guillaume Tell, après avoir débité un François Suisse, a dit : Je pars, j’erre en ces rocs où par-tout se hérisse Cette chaîne de monts qui couronne la Suisse* Et personne n’a été tenté de le rappeler. […] Artaxerce, environné de tant de poignards, n’est réellement mort que du poison de l’ennui mortel qu’il a communiqué aux Spectateurs ; & l’on ne sait pas ce que Barnewelt seroit devenu, si on eût permis qu’il parût sur la Scène. […] Détracteur de la vie, Young, Anglois farouche, Noctambule pressé que le soleil se couche, Pour méditer en paix tes funebres tableaux, Apôtre de la mort, prêchant sur des tombeaux, A travers quel nuage ou quel verre infidele Vois-tu donc les devoirs de la race mortelle ! Lorsque, loin des vivans, tu vis auprès des morts, Rêveur infortuné, crois-tu veiller ? […] c’est trop sur la tombe où l’homme en paix s’endort, Cultiver de tes mains les cyprès de la mort ; C’est trop nous appeler sous ces ombres funebres, Pose la bêche, Young, & sors de ces ténebres.
Il y a aujourd’hui sept mois qu’il est mort. […] Et du balcon de Burty, j’entrevois une rixe, aux cris de : À mort ! […] En tous cas, la mort de la Commune, dans ces conditions, eût été une grande mort, une mort qui eût fait faire un rude chemin aux idées, qu’elle abritait sous son drapeau. […] Il y a aujourd’hui un an qu’il est mort. […] Je reçois, ce soir, la nouvelle de la mort de ma chère cousine.
S’il avait tenu son épée, Hagene était mort. […] Il luttait contre la mort. […] Il y a là, couché devant la porte, un chevalier mort. […] Car, jamais jusqu’à ma mort, je ne m’en pourrais consoler. […] Nous déplorerons toujours la mort de Sîfrit.
Peut-être Lazare, pâle encore de sa maladie, se fit-il entourer de bandelettes comme un mort et enfermer dans son tombeau de famille. […] La mort, d’ailleurs, allait dans quelques jours lui rendre sa liberté divine, et l’arracher aux fatales nécessités d’un rôle qui chaque jour devenait plus exigeant, plus difficile à soutenir. […] L’un d’eux, nommé comme son père Hanan, fit lapider Jacques, frère du Seigneur, dans des circonstances qui ne sont pas sans analogie avec la mort de Jésus. […] La mort de Jésus fut une des mille applications de cette politique. […] La mort de Jésus fut ainsi résolue dès le mois de février ou le commencement de mars 1033.
On acquiesça à leur demande ; des ordres furent donnés pour qu’on hâtât la mort des trois condamnés, et qu’on les détachât de la croix. […] Quant à Jésus, ils le trouvèrent mort, et ne jugèrent pas à propos de lui casser les jambes. […] Il est évident en effet que des doutes s’élevèrent sur la réalité de la mort de Jésus. […] Il est douteux que les Juifs fussent dès lors préoccupés de la crainte que Jésus ne passât pour ressuscité ; mais en tout cas ils devaient veiller à ce qu’il fût bien mort. […] Jean dit : « à Pilate » ; mais cela ne se peut, car Marc (XV, 44-45) veut que le soir Pilate ignorât encore la mort de Jésus.
Prévost de Courmières, lieutenant-colonel de dragons et chevalier de Saint-Louis, né en 1747 et mort en 1838, se trouvait auprès de l’abbé dans le temps même de sa mort. […] L’auteur fait allusion à la mort connue de l’abbé Prévost qui, étant tombé frappé d’apoplexie dans la forêt de Chantilly, fut transporté dans un village voisin, où un chirurgien ignorant procéda incontinent, dit-on, à l’ouverture, ce qui détermina en effet la mort ; je cite de souvenir après une simple lecture, mais assez fidèlement, je crois : Pleurez ! […] Avant le défilé, qui se fit devant les autorités, il y en eut un devant le buste, et comme tout exprès en l’honneur du mort. […] Sa mort, survenue brusquement le 25 novembre 1763, est restée enveloppée de mystère dans quelques-unes de ses circonstances, et ce qui s’est dit l’autre jour à Hesdin, dans la cérémonie même, n’est pas de nature à lever tous les doutes. […] Duchange, adopter l’opinion commune et la tradition sur la mort de l’abbé Prévost, attribuée à la promptitude d’un chirurgien ignorant ; d’autre part, dans le discours qu’il a prononcé, M. le docteur Danvin a dit : Il existe, sur la fin de l’abbé Prévost, une histoire lugubre que l’on rencontre reproduite partout : on rapporte que, trouvé sur un grand chemin dans un état de mort apparente, il aurait été, de son vivant, soumis à l’autopsie, et aurait pu rouvrir les yeux pour voir le misérable état où il était.
Si tu étais demeuré ici, tu ne serais pas mort. Mort ! […] Dans tout je vois la mort. […] serait-il mort aussi ? […] j’ai vu comme la mort nous l’ôte.
On parle du cerveau du mort, qui est chez un tel, de son bras, qui est chez un autre, de je ne sais quoi de son corps, qui se trouve chez un troisième. […] Après un silence, il ajoute que cette mort a fait un trou dans le nihilisme de ses convictions religieuses, tant il lui est affreux de penser à une séparation éternelle. […] Je serais cependant bien heureux de finir mon roman commencé… Après que la mort me prenne, quand elle voudra, j’en ai assez de la vie. […] * * * — Le bruit court que le comte de Chambord est mort. […] Je leur lis quelques notes de mes Mémoires : ils ont l’air sincèrement étonnés de la vie de ces pages parlant du passé mort.
HABERT, [Philippe] Commissaire d’Artillerie, un des premiers qui furent reçus à l’Académie Françoise, né à Paris en 1603, mort en 1637, d’une autre famille que les précédens. Nous connoissons de lui un Poëme de trois cents Vers, intitulé le Temple de la Mort, où l’harmonie se fait sentir autant que la verve, & où le langage est beaucoup plus pur que dans la plupart des Ouvrages de son temps & même de celui-ci ; ce qui prouve qu’il avoit du génie, & qu’il auroit pu porter plus loin la perfection de ses talens, si la mort n’eût abrégé sa carriere. […] HABERT, [Germain] Abbé & Comte de Cérisy, de l’Académie Françoise, mort à Paris, sa patrie, en 1655, frere du précédent, & aussi bon Poëte que lui.
Elle le cloua au trône, pour que le trône fût l’instrument de ses tortures et enfin de sa mort. […] La religion y conduit en un jour, la philosophie n’y conduit que par une longue vie, par le malheur et par la mort. […] Que n’ont-ils été aussi inflexibles dans le jugement à mort du roi ! […] Une république pure ou la mort ! […] La mort du roi laissait un problème à débattre à la nation.
D’Aubigné nous dit que Henri IV, dans le temps où il lui avait conseillé d’écrire cette Histoire, avait promis une somme raisonnable pour les voyages, pour la reconnaissance des lieux et des villes où s’étaient livrés les combats ; mais, les promesses étant demeurées sans effet, et après la mort de ce roi, ce fut à l’historien même à se pourvoir, à s’enquérir de toutes manières. […] Parlant du connétable de Montmorency, blessé à mort dans la bataille de Saint-Denis à l’âge de soixante-quatorze ans ; après quelques détails sur l’action, il dit : Il faut venir au connétable, lequel le lendemain mourut chargé de six coups, en âge, en lieu et condition honorables ; grand capitaine, bon serviteur, mauvais ami ; profitant des inventions, labeurs et pertes d’autrui, agissant par ruses, mais à leur défaut usant de sa valeur. […] Un des plus beaux et des plus incontestables endroits de l’Histoire de d’Aubigné en sa dernière partie est la scène de Saint-Cloud et ce qui s’y passe aussitôt après la mort de Henri III (1589). Par le fait de cette mort, Henri IV « se trouvait roi plus tôt qu’il n’avait pensé et désiré, et demi-assis sur un trône tremblant ». […] Après la mort de Henri IV, d’Aubigné prit tout à fait l’attitude de mécontent, d’homme en disgrâce, d’ennemi déclaré des nouveautés ; la vieillesse seyait à ce visage de plus en plus altier et chagrin.
Rancé s’y montre aussi mort que possible à tous les mouvements et à tous les bruits du dehors, et aux disputes même où il est en jeu. […] Toutes les espèces fabuleuses se sont réveillées, et j’ai reconnu que je n’étois pas encore autant mort que je le devrois être. […] Il y a un endroit qui m’a paru un charmant exemple de ce qu’on peut appeler l’euphémisme chrétien : il s’agit de la mort, comme toujours ; mais Rancé évite d’en prononcer le nom, tout en y voulant tourner et comme apprivoiser l’esprit un peu faible de son ami, qui est vieux et, de plus, malade en ce moment. […] Horace dit de la mort : In aeternum exilium , partir pour l’éternel exil ; et le chrétien dit : S’en retourner dans la patrie éternelle. […] Parlant de la mort de M. de Nocé, pénitent de qualité et l’un des ermites voisins de la Trappe, il écrit à Mme de Guise, qui le questionnait : « Il n’y a point, Madame, de circonstances brillantes dans la mort du solitaire.
Dans les tragédies de Shakespeare, l’enfance et la vieillesse, le crime et la vertu, reçoivent la mort, et expriment tous les mouvements naturels à cette situation. […] On pourrait dire du crime peint par Shakespeare, comme la Bible de la mort, qu’il est le roi des épouvantements. […] La société lui retire ce qui est la vie, avant que la nature lui ait donné la mort. […] La mort de Catherine d’Aragon, dans Henri VIII. […] Je vous nuirais si je vous défendais, disent un certain nombre d’amis prudents qui conserveraient cette même discrétion, jusques et compris votre arrêt de mort.
Il y a un endroit remarquable pour le sublime dans l’Iliade : c’est celui où Achille, après la mort de Patrocle, paraît désarmé sur le retranchement des Grecs, et épouvante les bataillons troyens par ses cris100. […] Les enfants sont tués, et ils ne sont point morts par l’épée ; ils ne sont point tombés par la guerre… « Le Seigneur vous couronnera d’une couronne de maux. […] Homère a mille façons sublimes de peindre une mort violente ; mais l’Écriture les a toutes surpassées par ce seul mot : « Le premier-né de la mort dévorera sa beauté. » Le premier-né de la mort, pour dire la mort la plus affreuse, est une de ces figures qu’on ne trouve que dans la Bible. […] C’est ainsi que l’Écriture appelle encore la mort, le roi des épouvantements ; c’est ainsi qu’elle dit, en parlant du méchant. […] La Vulgate porte, la mort aînée, primogenia mors .
Il est mort en 1848, quand Taine et Renan écrivaient déjà. […] Il y demeure quatre mois entre la vie et la mort, et il apprend, dans son lit de malade, la mort de Louis XVI. […] Mêlons des voluptés à la mort ! […] Et il est mort parfaitement résigné. […] Ces deux voix sorties du tombeau, cette mort qui servait d’interprète à la mort m’ont frappé.
Parlant de Mme Roland à l’article de la mort et se faisant sans doute l’écho d’une tradition filiale, M. […] Elle indiqua par un signe démonstratif qu’elle était condamnée à mort. […] Us sont bien difficiles, ceux qui veulent mieux et qui s’amusent aujourd’hui à chicaner une telle mort. […] Étendons notre vue ; il y a plus d’une façon de belle mort ; personne n’en a le monopole. […] En allant à la mort, elle embrassa tous les prisonniers de sa chambrée, qui étaient devenus ses amis ; l’un d’eux, M.
Être mort, c’est être tout-puissant. […] Une fois morts, ces êtres-là vivent. […] les poètes sont morts, leur pensée règne. […] À la mort, les différences éclatent. […] Leur mort dégage de l’autorité.
Sait-on combien Marat mort a eu d’autels et de tombeaux ? […] La mort, ce n’est donc pas assez ! […] Cette pauvre Rose est la mort, mais la mort tout occupée de la vie. […] J’ai jeté la couverture sur le traversin, comme un drap sur l’ombre d’un mort. […] Leur visage ne dit, n’exprime rien ; on sent qu’il fait le mort.
Un poëte le peut faire : il peut lui faire dire : je serois en droit de me plaindre d’une mort aussi prématurée que la mienne, quand bien même elle arriveroit par la faute de la nature ; mais je meurs empoisonné : poursuivez donc la vengeance de ma mort, et ne rougissez point de vous faire délateurs pour l’obtenir. […] C’est un chef-d’oeuvre du Poussin que de nous avoir fait reconnoître Agrippine dans son tableau de la mort de Germanicus avec autant d’esprit qu’il l’a fait. […] On ne demande point ce que devient un mort, on l’enterre. […] Quelque esprit malin envoïe lui demander la liste de ses morts. […] Cependant la mort du comte est un évenement plus terrible et par consequent bien plus capable d’attacher que la conversation de Chimene et de Rodrigue, quelqu’interessante qu’elle puisse être.
Ils se promettent sa mort, s’il retourne en France. […] Vous ne direz pas alors : Qui me délivrera de ce corps de mort ? […] Si vous aviez une bonne conscience, vous craindriez peu la mort. Il vaudrait mieux éviter le péché que fuir la mort. […] La mort de tout est la condition de la vie universelle.
Nous disons innocente, car un enfant n’est jamais coupable, et sous les premiers cheveux blancs Henri Heine est mort enfant ! […] Cependant je ne la détournai pas assez du chemin de la mort. […] les voilà honteux, même après leur mort, de leur nudité ! […] Mort douce et nonchalante, désirée de ceux qui ne craignent ici-bas que la douleur ! […] Jeunesse qu’il a faite, il est mort, ton poète !
Mort ! mort ! […] Du côté de la mort. […] naître pour vivre en désirant la mort ! […] On sait que Théophile Gautier a écrit une Comédie de la mort, avec ces deux sous-titres : La Vie dans la Mort ; la Mort dans la Vie (1838).
c’est la mort qu’il est forcé de se donner. […] Il fût infailliblement mort de faim. […] Dites qu’on l’emporte, il est mort. […] Mort ! […] Oui, mort à dix-huit ans !
Je l’aimai et je l’estimai jusqu’à sa mort. […] Je le cultivai sans en faire mon modèle jusqu’à sa mort. […] Je dînai chez lui quatre jours avant sa mort. […] Il fut diplomate jusqu’avec la mort. […] il avait médité notre mort, qu’on le déchire !
Tel on le va voir au sortir des bras de la Dubarry, dans les transes pusillanimes de la maladie et de la mort, tel il était avant la Pompadour, avant sa maladie de Metz, avant ces vains éclairs dont la nation fut dupe un instant et qui lui valurent ce surnom presque dérisoire de Bien-aimé. […] Il serait touchant de rapprocher les détails de sa fin prématurée, et sa mort si courageusement chrétienne, de la triste agonie du roi son père. […] Varin, conservateur à la bibliothèque de l’Arsenal, et nous y reviendrons peut-être quelque jour ; mais aujourd’hui il nous a paru utile de présenter isolément, et sans correctif, le spectacle d’une mort beaucoup moins belle, et qui, dans ses détails les plus domestiques (c’est le lot des monarchies absolues), appartient de droit à l’histoire. […] Qu’on relise les surprenantes et incomparables pages de Saint-Simon où revivent les scènes si contrastées de la mort du grand Dauphin : les princes avaient parfois de tels historiographes à leur Cour sans s’en douter. […] Ami de M. de Choiseul, ennemi du ministère d’Aiguillon et de la maîtresse favorite, il eût pu dire aux approches du danger, comme Saint-Simon à la nouvelle de la mort de Monseigneur : « La joie néanmoins perçoit à travers les réflexions momentanées de religion et d’humanité par lesquelles j’essayois de me rappeler. » A nos yeux comme aux siens, est-il besoin d’en avertir ?
Ce n’est donc pas sa mort que je sonne, mais son sommeil, le couvre-feu. […] Il n’avait pas seulement, comme tous les romantiques du temps, fait ses humanités dans Shakespeare et bu dans la coupe Tête de mort où lord Byron avait laissé le sang de ses lèvres pour sa peine d’avoir osé jouer avec la douleur ! […] Un jour, cette passion, dont Les Confidences sont l’écho, l’entraîna en Pologne, au siège de Varsovie, pour s’y faire tuer, et il y fut laissé pour mort sur des monceaux de cadavres. […] Qu’on lise par hasard, aux pandectes du ciel, Que, le temps étant mort, la voix de l’Éternel Doit, dans un coin obscur de l’obscure Judée, Traduire en jugement la terre décédée ! […] Vous ne comprenez pas ces morts de tous les temps, Tenant tous à la fois dans un seul de vos champs ; Ces assises du globe, où, poussière à poussière, L’Éternel pèsera la terre tout entière !
Le Romain, fier et courageux, voyant approcher les tyrans, choisit la mort pour barrière ; alors il crut avoir trouvé une ressource contre le malheur : et par un sentiment bizarre, mais vrai, le pouvoir de se donner la mort fit braver la mort même. […] Othon passa presque pour un grand homme pour avoir su mourir, et Pétrone, l’homme le plus voluptueux de son siècle, se donna la mort avec plus de tranquillité que Caton. […] L’homme, plus éclairé, apprit que le courage était de souffrir, et que l’honneur n’était pas de prévenir la mort, mais de savoir l’attendre. […] Nous venons d’en voir un d’un orateur gaulois ; un autre Gaulois, né à Bordeaux, et disciple d’Ausone, qui à vingt-quatre ans commença par être consul, et qui, après avoir occupé au Capitole la place des Fabius et des Émile, entra dans l’église, fut prêtre, ensuite évêque, et obtint, après sa mort, l’apothéose que la religion accorde aux vertus. […] À sa mort son oraison funèbre fut prononcée dans Milan par saint Ambroise.
La mort seule absout de certains services comme de certaines célébrités. […] Cette mort est honorable quand la peine a un noble but. […] Le but des supplices est de corriger les hommes et non pas de les conduire à la mort. […] Une mort prématurée l’a enlevé de ce monde lorsqu’on avait le moins lieu de s’y attendre. […] Qu’avons-nous à leur porter en échange, que de l’opium et que la mort ?
Elle lui annonce la mort d’un bon ami de la famille à Gaillac. […] Le soir, quand je suis seule, toutes ces figures de mort me reviennent. […] « Pourquoi parler de mort un jour de naissance ? c’est que la vie et la mort sont sœurs et naissent ensemble comme deux jumelles. […] Il lui serait venu de sourire sur son lit de mort comme un martyr sur son chevalet.
. — Sa carrière rompue à la mort de Henri IV, — Son rôle dans les troubles civils, — Guerrier tout politique ; sa physionomie. […] Rohan le sentit, et cette mort lui arracha un cri de douleur dont il a consigné l’expression dans le premier de ses discours politiques. […] Il écrit cela à quelques jours seulement de la mort de Henri IV. […] Je pleure sa personne, je regrette l’occasion perdue, et soupire du profond de mon coeur la façon de sa mort. […] Mais il avait raison d’envisager ainsi sa carrière comme coupée en deux par cette mort.
Je ne souhaite point male mort au document : le document a du bon. […] Un poète mort il y a cent ans, par exemple, est-ce du vieux et bon vin ? […] Enfin Rodrigue est mort, et sa mort m’a changée D’implacable ennemie en amante affligée. […] Voilà une mort qui vaut plusieurs belles tragédies. […] Dès lors c’est une mort réelle qu’il va subir, et non plus une mort fictive.
La tête de mort (Peuhl) En entrant dans un village, un homme a trouvé une tête décharnée et aux orbites vides de leurs yeux, qui était sur le bord de la route. C’était la tête d’un homme mort depuis sept ans : « Pourquoi cette tête-là est-elle ici ? […] Il dit au chef de village. « J’ai vu la tête d’un homme mort depuis sept ans. […] Si tu étais entré dans le village sans me poser de questions, si tu n’avais parlé à personne, on ne t’aurait pas amené ici pour te donner la mort !
En entrant, j’ai vu un grabat d’où s’est levée une tête de mort ou à peu près. […] Aussi, qu’il est aisé de les consoler, de les résigner à la mort ! […] Là, j’étais avec mon grand-père, des oncles, des aïeux, une foule de morts aimés. […] « Il est mort, mon cher petit chien. […] La mort est au fond de tout, et on creuse toujours comme qui cherche l’immortalité !
Il n’est guère possible de douter qu’il n’ait lui-même choisi parmi ses disciples ceux qu’on appelait par excellence les « apôtres » ou les « douze », puisqu’au lendemain de sa mort on les trouve formant un corps et remplissant par élection les vides qui se produisaient dans leur sein 818. […] En tout cas, ce ne fut qu’après sa mort que l’on vit se constituer des églises particulières, et encore cette première constitution se fit-elle purement et simplement sur le modèle des synagogues. […] » Et Jésus insistant avec plus de force encore : « Je suis le pain de vie ; vos pères ont mangé la manne dans le désert et sont morts. […] Quand il fut mort, la forme sous laquelle il apparaissait au pieux souvenir de ses disciples était celle de président d’un banquet mystique, tenant le pain, le bénissant, le rompant et le présentant aux assistants 860. […] Après la mort de Jésus, il devint le grand symbole de la communion chrétienne 864, et ce fut au moment le plus solennel de la vie du Sauveur qu’on en rapporta l’établissement.
C’est cette gravure allemande, la Revue des Morts, moins les Champs-Elysées, moins la poésie, moins surtout Napoléon. […] Il avait compté sans la mort. […] , c’est par la peinture de genre qu’il vivra, s’il vit, ce peintre effrayant de nature humaine, de société, de caractère, d’histoire, qui allait être encore un peintre de batailles, s’il n’était pas mort ! […] Voilà le critique, exécuteur de ses hautes œuvres littéraires, qu’elle a chargé de décapiter, à froid et après la mort, un grand homme d’esprit qu’elle n’aurait pas touché vivant. […] Aujourd’hui toujours Revue, elle veut vendre du Balzac mort et insulté comme elle a vendu du Balzac vivant.
La lettre où elle rapporte la mort du dauphin et le deuil du roi est pleine de larmes, d’une simplicité parfaite et d’une onction pénétrante. […] Ses lettres sont remplies des nouvelles de la cour et de la ville, telles que les naissances, les mariages, et surtout les morts, qui font plus d’impression sur son âme attristée. « Je n’entends parler que de morts, dit-elle ; M. le duc de Foix est mort ; madame la comtesse de Miossens est morte ; M. de Montpéroux, commandant la cavalerie, est mort ; l’archevêque de Lyon se meurt, et le marquis d’Effiat se mourait hier. […] Ainsi retirée de la cour à moitié, la mort de Louis XIV ne la prit pas au dépourvu ; son asile était prêt, arrangé de ses mains avec une longue et attentive prévoyance, véritable sanctuaire décoré d’ombrages, de parfums et de cantiques pieux.
Je me rappelle ceux de mes amis, à moi, qui sont morts à vingt ans et qui resteront, à cause de cela, les plus aimés. […] Les plus belles œuvres d’art et les plus beaux livres, ce ne sont peut-être pas ceux que nous avons, mais ceux qui devaient sortir de l’âme de tous ces jeunes morts. […] Il y a dans les Violettes, une jeunesse et une fraîcheur de sentiment tout à fait charmantes… Nous sommes pleins de bienveillance pour les morts que nous avons connus et aimés. […] Le tableau de ce duel au sabre, de ce duel à mort, dans une écurie close, derrière la croupe des lourds chevaux et sous la lumière fantastique d’une lanterne, n’est point d’une imagination médiocre.
Beaume Desdossat, [Jacques-François de la] de l’Académie des Arcades, Chanoine d’Avignon, sa patrie, mort en 1756, est principalement connu par ses Christiades, ou le Paradis reconquis, Ouvrage en prose, où sont observées toutes les regles de la Poésie épique, mais où celles du goût sont fort négligées. […] Beaumelle, [Laurent Angliviel de la] né à Valleraugue, Diocese d’Alais, en 1727, mort à Paris en 1773. […] Quelque temps avant sa mort, il se proposoit de donner une nouvelle édition de cet Ouvrage. […] Son Commentaire sur la Henriade, qui n’a paru qu’après sa mort, est le meilleur Livre de critique littéraire qu’on puisse mettre entre les mains des jeunes gens, pour leur former le jugement & le goût.
Elle y apprit bientôt après la mort de la reine d’Écosse, sa mère. […] Ce favori, célèbre depuis par sa fortune et par sa mort tragique, se nommait David Rizzio. […] Le pauvre Italien, se rapprochant de la reine, saisit sa robe en criant : « Je suis mort ! […] « Madame, il ne faut plus parler de David, car il est mort. » Alors la reine poussa un cri, puis se tournant vers le roi : « Ah ! […] Un pressentiment lui prophétisait la mort !
Avant lui, Marot avait traduit six sonnets sur la mort de Laure. […] Cette traduction fut trouvée dans ses papiers après sa mort. […] Agrippa s’imaginait avoir été cause de cette mort. […] ŒDIPE Est-il mort ? […] On le crut mort ; on éloigna sa jeune épouse.
Quant à la maison où le grand poète est mort, je crois, avec M. […] Lorsque l’abbé Paysant arriva rue de Richelieu, il y trouva Molière mort entre les bras d’un gentilhomme, M. […] Mais qu’est-ce que cette mort comparée au scandale des funérailles de Molière, à ce refus de sépulture ordonné par M. […] Molière est mort, plusieurs le pleurent, et, s’il vivait, ils lui porteraient envie. […] Les représentations ne devinrent quotidiennes qu’après la mort de Molière.
L’auteur est mort, et ce livre fut sa vie… Il le pensa, mais debout ; il l’écrivit, mais en agissant, en observant, en se mêlant aux choses et aux hommes de son siècle. […] Là est le mérite de ce mort d’hier dont on a publié l’œuvre. […] Il savait bien que, plus d’un demi-siècle avant lui, Joseph de Maistre et de Bonald étaient morts désespérant de la Monarchie, l’un disant : « Je meurs avec l’Europe ! […] C’est, après sa mort, son fils qui l’a publié. […] Pour se l’attacher et lui faire porter éternellement sa marque, elle l’avait taché d’une goutte de sang qui n’était pas, celle-là, une éclaboussure de bataille… Mais ce crime tremblé de la mort du duc d’Enghien fut un crime perdu.
La mort n’altère pas sa joie immense. […] Trois jours après la mort de M. […] Agénor a vaincu la mort. […] Morts et vivants, M. […] Est-ce vivre que d’attendre la mort ?
COLLETET, [Guillaume] Avocat au Conseil & au Parlement, de l’Académie Françoise, né à Paris en 1598, mort dans la même ville en 1659 ; Poëte sans imagination, sans goût, sans élocution, & cependant un de ceux que le Cardinal de Richelieu faisoit travailler pour le Théatre. […] Malgré cette précaution, la Muse cessa d’être inspirée dès qu’elle eut perdu son Apollon, c’est-à-dire qu’après la mort de Colletet, Claudine né publia que les Vers suivans, pour se dispenser d’en produire d’autres. Le cœur gros de soupirs, les yeux noyés de larmes, Plus triste que la Mort dont je sens les larmes, Jusque dans le tombeau je vous suis, cher époux ; Comme je vous aimai d’une ardeur sans seconde, Comme je vous louai d’un langage assez doux, Pour ne plus rien aimer, ni rien louer au monde, J’ensevelis mon cœur & ma plume avec vous. […] Claudine n’est pas la seule femme dont la mort d’un mari ou d’un ami ait entiérement desséché le génie.
A part la résurrection d’un mort, d’un Lazare, miracle réservé au seul Jésus en personne, je ne crois pas qu’il y eût une seule guérison surnaturelle et miraculeuse qu’il repoussât, si elle était faite au nom du Christ et par l’intercession d’un saint, ce saint fût-il un des hommes du jour. […] Les Grands qui étaient tous les jours chez lui durant sa maladie montraient bien par leurs soins combien ils le chérissaient et combien ils craignaient sa mort, et la comtesse de Grammont, qui y était presque tous les jours, me dit le soir de la grande fête, les larmes aux yeux : « Hélas ! […] En une nuit, on lui donna trois fois l’émétique, qui l’arracha des mains de la mort. […] Leur tous-les-jours était assez ordinaire. — Non, il ne l’était pas autant qu’on le croirait, et cette simplicité, cette vertu, cette prud’homie touchante de Racine, couronnée d’une belle et douce mort, est-ce donc chose si ordinaire ? […] Un testament de mort, c’est-à-dire un testament écrit ou dicté quand on se croit à l’article de la mort.
Marie Stuart, née le 8 décembre 1542, six jours avant la mort de son père, lequel était en lutte, comme tous les rois ses devanciers, avec sa turbulente noblesse, commença en orpheline sa destinée d’inconstance et de malheurs. […] Le 13 août 1548, Marie Stuart, âgée de moins de six ans, débarqua à Brest ; fiancée au jeune Dauphin qui devint François II, et élevée avec les enfants de Henri II et de Catherine de Médicis, elle resta en France, soit comme dauphine, soit comme reine, jusqu’à la mort si prématurée de son mari. […] Une autre imprudence bien impolitique qui s’afficha avec éclat, ce fut lorsque Henri II, à la mort de Marie Tudor, fit prendre à Marie Stuart dauphine les armes d’Angleterre à côté des armes d’Écosse, la présentant dès lors en rivale déclarée et en concurrente d’Élisabeth. […] Mais à dix-neuf ans et au moment de son départ de France, la jeune veuve avait tout son éclat de beauté, n’était une certaine vivacité de teint qu’elle perdit à la mort de son premier mari et qui fit place à plus de blancheur. […] Que reprocher d’ailleurs à celle qui, après dix-neuf ans de supplice et de torture morale, dans la nuit qui précéda sa mort, chercha dans la vie des saints, que ses filles avaient coutume de lui lire tous les soirs, un grand coupable à qui Dieu eût pardonné ?
Et dès lors il ne craignait plus rien, pas même la mort. […] Keats est mort à vingt-cinq ans ; Novalis, à vingt-neuf ans ; Shelley, à trente ans ; Hölderlin est mort fou. […] Les deux femmes jouent aux dés : la Mort gagne. […] La crainte de l’ennui, cette mort prématurée. […] vivent peut-être encore après ce que nous appelons la mort.
L’admiration ou la mort ! […] c’est la mort déjà ! […] Le lendemain, le malade était mort. […] « Un enfant mort ? […] Ce portrait, le maréchal le garda jusqu’à sa mort au chevet de son lit.
Il sait trahir et frapper à mort, sans qu’on voie la main d’où partent les coups. […] Villon, à la veille d’aller à la potence, nargue la mort dans une ballade. […] Son père est mort Dieu ait son âme ! […] L’un des principaux est Chrestien de Troyes, mort en 1191. […] Mort vers 1184.
Le génie n’était pas mort en Espagne, il sommeillait. […] La mort, c’est l’oubli. Reculer de quelques années sa mort, c’est toujours mourir. […] Enfin le prétendant était mort de tristesse et de dégoût plus que d’années à Rome ; cette mort avait rendu la liberté à la comtesse d’Albany. […] Triste mort pour celui que l’on croyait un grand homme !
Croyances sur l’âme et sur la mort. […] On craignait moins la mort que la privation de sépulture. […] Le culte des morts. […] Tout mort qu’il était, il savait être fort et actif. […] Le vivant ne pouvait se passer du mort, ni le mort du vivant.
Selon le calcul que nous adoptons, la mort de Jésus tomba l’an 33 de notre ère 1218. […] La mort de Jésus paraît du reste avoir été tout à fait étrangère à ces deux destitutions 1221. […] Le vrai coupable de la mort de Jésus finit sa vie au comble des honneurs et de la considération, sans avoir douté un instant qu’il eût rendu un grand service à la nation. […] Quant au malheureux Juda de Kerioth, des légendes terribles coururent sur sa mort. […] Le pouvoir civil, en effet, bien qu’innocent de la mort de Jésus (il ne fit que contre-signer la sentence, et encore malgré lui), devait en porter lourdement la responsabilité.
Gabriel Ferry8 Le Coureur des bois 9 est le livre mort d’un homme mort qui avait du talent, mais qui n’en a guères laissé que la mâle promesse, et à qui la mort, comme toujours, n’a pas manqué de conquérir la bienveillance universelle. […] L’intérêt d’une mort prématurée — et même poétique — ne doit pas faire oublier à la Critique impartiale et sévère qu’elle s’adresse à ceux qui survivent, et que la seule question qu’il y ait pour elle n’est jamais qu’une question de littérature. Cette mort fut poétique, en effet, dans un temps où la vie ne l’est plus, et elle parle plus haut à l’imagination que les œuvres de celui-là qui s’appellera Gabriel Ferry dans l’histoire littéraire du xixe siècle.
Il a ainsi sa part jusque dans les auto-da-fé qui n’eurent lieu qu’après sa mort. […] Le Crucifix était celui qu’avait tenu embrassé l’impératrice mourante, et celui que lui-même il demanda à l’article de la mort. […] La veille de sa mort, il eut un scrupule et fit remettre à l’un de ses aides de chambre 600 écus d’or, pour en acheter à Bruxelles 200 florins de rente viagère au profit de la mère de l’enfant. […] Charles-Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste, par M. Mignet ; 1 vol. in-8º, cinquième édition 1862 ; — Retraite et mort de Charles-Quint au monastère de Yuste, lettres inédites, tirées des archives de Simancas, et publiées par M.
Après la mort de celle-ci, c’est sur les enfants de la co-épouse qu’elle se venge (v. les contes de marâtre cités plus haut). […] De son côté lui et son compagnon acceptent volontiers la mort en échange de la possession de femmes qu’ils désirent (v. […] Pour satisfaire ses moindres désirs, il envoie à la mort sans scrupule. […] Voyez avec quelle indifférence le conteur narre la mort des porteurs de mauvaises nouvelles (S. […] D’ailleurs, en ce pays, on a si souvent la mort sous les yeux qu’on se familiarise avec l’idée d’une fin définitive.
Une lettre d’un capucin du couvent de Sorrente, qui mentionne cette mort en passant, laisse croire que le Tasse ne revit jamais sa sœur. […] La mort est sur son front et dans tous ses sens. […] Ils l’accueillirent en homme dont la vie ou la mort devait également porter un éternel honneur à leur maison. […] La ville entière assista à ce triomphe de la poésie devenu ainsi le triomphe de la mort. […] jusque dans le calme de la mort, on ne sait quelle obliquité des traits du visage, qui rappelle la démence luttant avec le génie.
Voiture, [Vincent] de l’Académie Françoise, né à Amiens en 1598, mort à Paris en 1648. […] Fût-il d’Hector ou d’Alexandre, Est aussi facile à répandre Que l’est celui du plus bas rang ; Que, d’une force sans seconde, La Mort sait ses traits élancer, Et qu’un peu de plomb peut casser La plus belle tête du monde ; Qui l’a bonne y doit regarder. […] Quoi que votre esprit se propose, Quand votre course sera close, On vous abandonnera fort, Et, Seigneur, c’est fort peu de chose Qu’un demi-Dieu, quand il est mort. Du moment que la fiere Parque Nous a fait entrer dans la barque Où l’on ne reçoit point les corps, Et la Gloire & la Renommée Ne sont que songe & que fumée, Et ne vont point jusques aux Morts ; Au delà des bords du Cocyte, Il n’est plus parlé de mérite, Ni de vaillance, ni de sang ; L’ombre d’Achille ou de Thersite, La plus grande & la plus petite Vont toutes en un même rang.
Si Villon a eu bien des traverses et des mésaventures dans sa vie, il a eu bien du bonheur après sa mort, le plus grand bonheur et la meilleure fortune pour un poète : il a fait école ; il a fait tradition, et a eu même sa légende. […] Depuis sa mort, ce Villon qui avait frisé la potence, considéré comme l’un des pères de la poésie, s’est vu, à chaque reprise et à chaque renaissance littéraire, recherché des meilleurs et salué. […] Campaux, que celle de se transporter en pensée à sa dernière heure, et là, de son lit de mort, d’exhaler son âme en confessions, en adieux et en legs à tous ceux qu’il a aimés et connus. […] Il était préoccupé de l’idée de la mort : il avait de bonnes raisons pour cela, des raisons très particulières, sans compter que le Moyen Âge tout entier en avait l’imagination frappée. […] Ainsi, dans Le Chevalier délibéré, Olivier de La Marche, un poète et un historien de ce temps-là, passe en revue, dans vingt-huit stances successives, les princes et les seigneurs morts de son temps ; et dans l’Exemple du mirouer d’entendement par la mort y après avoir raconté la mort de quantité de dames d’un haut rang et d’une naissance distinguée, il demande ce que chacune de ces dames est devenue.
Enfin, il y a ce dernier sonnet d’elle, qui est également un vœu de mort, non plus de mort au sein du bonheur, mais de mort plus triste et plus terne, quand il n’y a plus pour le cœur de bonheur possible, plus un seul reste de jeunesse et de flamme : Tant que mes yeux pourront larmes épandre, A l’heur65 ; passé avec toi regretter, Et qu’aux sanglots et soupirs résister Pourra ma voix, et un peu faire entendre ; Tant que ma main pourra les cordes tendre Du mignard luth pour tes grâces chanter ; Tant que l’esprit se voudra contenter De ne vouloir rien fors que toi comprendre ; Je ne souhaite encore point mourir : Mais quand mes yeux je sentirai tarir, Ma voix cassée et ma main impuissante, Et mon esprit en ce mortel séjour Ne pouvant plus montrer signe d’amante, Prierai la mort noircir mon plus clair jour. […] et la mort après, et la mort avec ! […] Louise Labé ne passa guère quarante ans ; on ne sait pas exactement la date de sa mort, on n’a que celle de son testament (28 avril 1565). Tant qu’elle vécut de sa vraie vie et qu’elle fut elle-même, c’était une aimable païenne de la Renaissance : aux approches de la mort, si l’on en juge par les formes et la teneur dudit testament, elle fut reprise et ressaisie par tous les liens et toutes les nécessités de la coutume. […] Fille du vieux Chaos, garde-nous sous ton aile ; Et toi, sœur du Sommeil, toi qui nous as bercés, Mort, ne nous livre pas ; contre ton sein fidèle Tiens-nous bien embrassés.
Les uns ont l’étoile au front jusque dans la mort ; les autres, à partir d’un certain jour, n’ont que la jettature et le guignon. […] Il aimait sa jeune femme, qui devait elle-même mourir de sa mort. « Je ne souffre que pour elle » : c’étaient par moments les seuls mots qu’il pût prononcer. […] La foule criait : Mort à Franceschi ! […] Une note du ministère de la guerre, rédigée au lendemain de sa mort, nous apprend qu’il était le dernier de quatre frères, tous militaires et morts au service. […] Stengel tomba blessé à mort d’un coup de pointe en chargeant à Mondovi.
L’un a été de peu son devancier ; deux sont morts ; le troisième est un étranger du Nord qui a chanté dans notre langue avec élégance. […] Dans l’endroit le plus retiré des bocages, il consacre un petit bouquet de cyprès, de bouleaux et d’arbres verts, aux jeunes écrivains morts avant le temps. […] l’École normale a donné deux poëtes morts de bonne heure, qui ont comme ouvert et fermé la Restauration, l’un la servant, l’autre la combattant, mais modérés tous deux, Loyson et Farcy. […] Aimé de Loy, né en 1798, est mort en 1834. […] Il serait injuste d’environner d’un trop grand appareil de critique l’œuvre posthume et véritablement aimable d’un poëte mort sans rien d’amer et qui a vécu si malheureux.
Tous sont morts. […] Je touche à la perfection et à la mort. Mais la mort est une sottise. » En quoi la mort est-elle une sottise ? […] La mort me sera douce. […] Sa mort fut celle d’un saint.
— Mort de l’Athénée 64 XVII. — Calme plat. — Laprade. — Chateaubriand. — Quelques vérités sur la situation en littérature, etc 70 XVIII. — Grand mouvement de réimpressions dans la librairie française. — Les formats Charpentier. — L'Illustration. — M. Édouard Charton. — Les Voyages en zigzag de Töpffer 74 XIX. — Cousin — Lettres du Père André. — Alfred de Musset. — Vers pour l’anniversaire de la mort du duc d’Orléans. — Inconvenance. — Louis-Philippe et la duchesse de Berry. — Madame Louise Colet. — Eugène Sue. — Les Mystères de Paris. […] — Serment des députés. — Conférences du Père Lacordaire à Notre-Dame. . — Lacordaire et Montalembert — Improvisations politiques de M. de Lamartine 153 XXXVIII. — Lacordaire, Henri V et Chateaubriand. — Mort de Casimir Delavigne. — Nobles paroles de Victor Hugo sur sa tombe. — Candidatures académiques. — Tibère, tragédie de Marie-Joseph Chénier, au Théâtre-Français. — Article scandaleux de Janin 158 XXXIX. — Préface d’Ève, par Léon Gozlan 164 XL. — Réponse au Journal du Léman166 166 XLI. — Année stérile. — Article de M. […] Letronne. — Flourens. — Mort de Fauriel 244 LXIV. — Les vacances de l’Académie. — Prix sur Voltaire décerné à M. […] Villemain sur cet ouvrage. — Esprit des institutions militaires, par le duc de Raguse. — Mort d’Alexandre Soumet. — Jules de Rességuier. — Latour de Saint-Ibar. — Virginie 306 LXXVIII. — La question des jésuites à la Chambre des députés. — MM.
Ses idées sur l’amour et la beauté, sur la mort et l’autre vie, sont telles que chacun les pressent, les rêve et les aime. […] La pièce qui a pour titre Pensée des morts nous semble le miracle de cette poésie simple, pénétrante et bénie. […] Puis, quand il a tout énuméré, quand il a touché une à une toutes ces plaies du cœur, une pensée le saisit, une inquiétude le prend, qu’a ressentie quiconque est resté orphelin ici-bas ; il se demande si tous ces morts qui voient désormais la lumière se souviennent encore de nous. Soudain le rythme change, il devient plus vif, plus pressant ; il palpite de sollicitude ; on dirait qu’à cette crainte d’un oubli le poète tombe à genoux, et qu’il prie à mains jointes, avec sanglots, pour obtenir des morts un souvenir miséricordieux : Ah ! […] C’est par une promenade dans les bois en automne que commencent les deux poètes, et que la pensée des morts leur revient également.
Simonide, né 458 ans avant notre ère, et mort, diton, après une vie de cent dix années, aurait été postérieur à Solon et en partie contemporain de Pindare. […] Rien de plus beau que son épitaphe de Léonidas99 : « Aux morts des Thermopyles une fortune glorieuse, une belle destinée, pour tombeau un autel, monument de leurs ancêtres, une calamité qui est une gloire. […] Pour Sparte, la mort, ce n’est pas de mourir, c’est d’avoir fui. » C’était encore Simonide qui avait consacré au même souvenir cette inscription, la meilleure de toutes, parce qu’elle est la plus simple. […] va dire à Lacédémone que nous sommes morts ici, en obéissant à ses lois. » Ailleurs c’est encore la même pensée, avec des formes plus poétiques, cette première résistance sur le seuil de la Grèce étant comme l’exemple toujours présent à la nation102 : « Ces hommes, en donnant à leur patrie une gloire ineffaçable, se sont plongés eux-mêmes dans la nuit du trépas ; mais dans la mort ils ne mouraient pas, puisque du séjour d’Adès leur vertu triomphante les ramène au grand jour. » Ou bien encore : « La terre glorieuse a couvert, ô Léonidas ! ceux qui avec toi sont morts ici, roi de Sparte aux belles fêtes, ayant soutenu l’assaut de flèches innombrables, de coursiers rapides et du peuple Mède103. » Après les Thermopyles, après Sparte, Athènes, Salamine enlève le cœur du poëte.
Il dédie son livre à la mémoire de l’abbé Séguin, vieux prêtre, son directeur, mort l’année dernière à l’âge de quatre-vingt-quinze ans : « C’est pour obéir aux ordres du directeur de ma vie que j’ai écrit l’histoire de l’abbé de Rancé. […] C’est sur ces entrefaites que la mort de madame de Montbazon (1657) vint lui porter un coup dont on a tant parlé, que l’imagination publique s’est plu à commenter, à charger d’une légende romanesque, comme pour l’histoire d’Abélard et d’Héloïse, et sur lequel lui-même il est demeuré plus muet que la tombe. […] « Comme il avait étudié les sciences occultes, il essaya les moyens en usage pour faire revenir les morts. […] L’illustre biographe qui vient d’aborder l’homme sous le saint l’a bien senti : il a jeté tout d’abord un coup d’œil de connaissance sur cette haine passionnée de la vie, sur cet amour amer de la mort : le côté fixe et glorieux de l’éternité y a un peu faibli. […] Les serments vont toujours leur train ; ce sont toujours les mêmes mots, mais ils sont morts ; l’âme y manque : je vous aime n’est plus là qu’une expression d’habitude, un protocole obligé, le j’ai l’honneur d’être de toute lettre d’amour.
Un homme, les yeux ouverts ou fermés, voit à trois pas de lui une tête de mort parfaitement distincte, quoiqu’il n’y ait devant lui aucune tête de mort. […] D’ordinaire, cette sensation a pour antécédents un certain ébranlement des nerfs optiques, un certain rejaillissement de rayons lumineux, enfin la présence d’une tête de mort réelle. […] Si la sensation se produit en leur absence, la perception affirmative naîtra en leur absence, et l’homme verra une tête de mort qui n’est pas. […] L’halluciné qui voit à trois pas de lui une tête de mort éprouve en ce moment-là une sensation visuelle interne exactement semblable à celle qu’il éprouverait si ses yeux ouverts recevaient au même moment les rayons lumineux qui partiraient d’une tête de mort réelle. […] Et cependant l’action des centres sensitifs est celle que provoqueraient en eux, à l’état normal, des rayons gris et jaunâtres, tels qu’en lancerait une véritable tête de mort.
Une récompense décernée à cet officier dans le moment où sa vie et sa mort sont encore incertaines, peut hâter sa guérison ou lui donner, en mourant, la satisfaction la plus chère à celui qui a versé son sang pour la patrie. […] » En marge on lit d’une autre main : « Il est mort de ses blessures. » Le décret qui le nommait général de brigade était rédigé. Peut-on dire que William d’Alton est mort virtuellement général de brigade ? Il est mort le 23 nivôse, la proposition du ministre est du 29. […] Alexandre d’Alton, qui était baron de l’Empire, prit à ce moment le titre de comte, titre que son fils, Alfred d’Alton, mort depuis général de brigade, a dû faire régulariser, et qu’il a obtenu par décret en 1860.
Eugène Sue est mort en Savoie. Il est mort, dit-on, en libre penseur, et ses dernières paroles ont été pour se vanter de cette superbe manière de mourir. […] Il est tombé dans le bruit de la mort de Béranger et il s’y est perdu, D’un autre côté, est-ce défiance ou ingratitude ? […] Cet homme est mort le cœur brisé par l’angoisse, comme Lamennais. […] Deux jours avant sa mort, il était obligé d’essuyer encore les aubades qui devaient cruellement offenser ses nerfs de grand seigneur manqué et de voluptueux, et la mort seule put le débarrasser de cette éclatante misère, des importunités de ce bruit qu’il avait tant aimé et auquel il avait sacrifié toute sa vie.
Alors, la France, en déplorant la mort de ses grands hommes, voyait de leurs cendres renaître, pour ainsi dire, d’autres grands hommes. […] Dans ces temps de désastre, où la famine et la guerre étaient unies, où nos campagnes étaient couvertes de mourants, et les champs de batailles couverts de morts, il était profondément affecté des malheurs publics. […] À la mort du grand dauphin, héritier de son sang, il refusa de l’être de ses pensions. […] « Pourquoi vous attirez-vous par vos péchés un tel malheur, que de voir enlever par la mort, du milieu de vous, l’époux, l’épouse et l’enfant. » Jér. […] On a encore de lui l’oraison funèbre de Bossuet, celle du premier maréchal de Noailles, mort en 1709, et celle de Henri de Bourbon, père du grand Condé.
La Restauration fut notre mère ; est-ce à nous de lui arracher son manteau après sa mort et de montrer sa nudité à ses ennemis pour leur donner la mauvaise joie de ses ridicules et de ses fous rires ? […] » Je ne demandais plus à la muse que j’aime Qu’un seul chant pour ma mort, solennel et suprême ! […] » C’est que la mort n’est pas ce qu’une foule en pense ! […] Aujourd’hui, vous pensez que l’heure est venue de parler de moi, j’en suis fier ; nous nous aimons depuis quarante ans et nous ne sommes pas morts. […] On le juge, on le condamne à mort ; il marche au supplice des assassins, etc., etc.
Fils de M. de Bombelles, émigré français rentré avec le roi et devenu, depuis la mort de sa femme, évêque d’Amiens, il était resté au service de l’empereur François. […] Son mari est mort, et elle vit maintenant retirée du monde dans quelque asile religieux d’Allemagne. […] J’y fis connaissance avec un ami de madame de Staël, l’aimable professeur Rosini, auteur de la Monaca de Monza, avec lequel j’entretins depuis une amitié qui ne s’éteignit qu’à sa mort. […] la pensée des morts sortit de là. N’est-ce pas parce que la mort est le fond de tout tableau terrestre, et que la couronne blanche sur ses cheveux noirs me rappela la couronne blanche sur un linceul ?
… Elle dort encore dans la montagne depuis la mort de Helge, la fille de roi, couverte de la brillante cotte de mailles. […] Il vengera ma mort. » Les lecteurs ont déjà reconnu le premier germe de l’admirable adieu de Brunnhilde à Sieglinde (Walkure, acte III). […] Ce voyageur, qui n’est autre qu’Odin ou Wotan, évoque du sommeil de la mort la prophétesse Wola (ou Wala). Voici un passage du texte original : « Odin chanta devant cette tombe l’évocation des morts, regarda le Nord et traça des runes ; il demanda une réponse, Wola se leva enfin, et chanta les paroles de mort : Wola « Quel est parmi les hommes cet homme à moi inconnu qui répand la tristesse dans mon esprit ? […] XV : Mort et funérailles de Wagner ; continuation de son œuvre : ses revirements intéressés ; son attitude envers les compositeurs ; l’homme dans l’intimité, l’artiste en public.
* Oui, je vous revois tous, et toutes, âmes mortes ! […] Marguerite pioche le champ de pommes de terre et de sarrasin, ramasse le bois mort pour l’hiver ; elle fait le pain de seigle ; et moi je ne fais rien que ce que vous voyez, ajouta-t-il en laissant tomber ses deux mains sur ses genoux comme un homme oisif. […] les feuilles mortes du jardin que le vent et les torrents balayaient seuls, jonchaient les pelouses autrefois si vertes, et couvraient le seuil de la barrière entrouverte par laquelle on entre dans l’enclos. […] Chaque source balbutiait, comme autrefois, sa note que j’avais reproduite ; chaque rayon sur l’herbe, son image que j’avais repeinte ; chaque arbre, son ombre, ses nids, ses brises dans ses feuilles vertes ou ses frissons dans ses feuilles mortes, que j’avais goûtés, recueillis et répercutés dans mes propres harmonies : tout y était encore, excepté l’écho mort et le miroir terni en moi. […] Vous savez que j’ai ajouté à ce cimetière ombragé de vieux noyers, un petit coin de terre retranché au jardin, afin que ce petit coin de terre, dont j’ai fait don au village, fût à la fois la propriété de la mort et la propriété de la famille, et que, si la nécessité nous dépouillait un jour de l’habitation et du domaine de Saint-Point, cette nécessité ne fît pas du moins passer ce domaine des morts dans les mains d’une famille étrangère ou d’un propriétaire indifférent.
En pleurant ce prince, on lui reprocha sa mort même ; ce furent en effet son malheureux amour pour la femme de son neveu, la persécution du jeune époux, et les préparatifs d’une guerre sans autre objet que celui de tirer la belle Charlotte de la cour de Bruxelles où le prince de Condé l’avait conduite, qui rallumèrent cet esprit de la Ligue que Henri alors dans sa sagesse et dans sa vertu avait pris tant de soin à calmer et à éteindre, cet esprit qui arma un bras fanatique contre lui4. […] Catherine de Vivonne était fille de Jean de Vivonne, marquis de Pisani, mort depuis un an. […] Les jeunes époux s’établirent, en se mariant, dans l’hôtel du marquis de Pisani, père de la marquise, mort depuis une année. […] Ce fut l’ode de Malherbe sur la mort de Henri IV, qui éveilla le talent de La Fontaine ; et qui n’a entendu citer ces vers sur la mort de mademoiselle du Périer, Elle était de ce monde où les plus belles choses Ont le pire destin ; Et rose, elle a vécu ce que vivent les roses, L’espace d’un matin ? […] On lit dans les Mémoires de Sully, qu’après la mort du roi le prince « le Condé écrivit à la reine : Vous savez pourquoi j’ai quitté la France, nous faisions cause commune. » (Ibid.
« Le dernier des classiques est mort ! […] L’Académie des inscriptions lui devait un signe d’attention : il est mort sans l’avoir reçu d’elle ; depuis, il mérita place dans une Académie plus littéraire, et il mourut sans y avoir été admis. […] J’ai aussi un paquet de la rhubarbe empoisonnée à laquelle il croit devoir sa mort. […] On avait pu chercher à punir une telle indiscrétion ; mais je sus bientôt qu’il n’en était rien, et lui-même attribue sa mort à d’autres causes. […] Pitt était mort comme Moïse avant d’avoir rendu la liberté au monde ; Bonaparte était vaincu et prisonnier à Sainte-Hélène.
Pourtant il y a du bon dans l’apostrophe aux guerriers morts à Marathon. […] En tout cas, à l’époque où il se paraît de ce témoignage, Boileau n’y pouvait plus contredire ; il était mort. […] « On ne doit aux morts, dit au même lieu Lamotte, que la vérité ; aux vivants, on doit des égards. » Encore une pensée spécieuse. […] Que gagne un mort à ce qu’on la lui dise, ou un vivant à ce qu’on la lui taise ? La vérité se doit à tous, mais aux vivants bien plus qu’aux morts, et aux morts dans l’intérêt seul des vivants.
Suivant le rite voulu par « sa Terre et ses Morts », il exalte les voluptés ensoleillées de la Judée sanglante des Rois et des Prophètes. […] Dans le gris du ciel qui s’y reflète Ainsi qu’un arbre mort qui mire son squelette, Veux-tu que nous penchions notre aube sur cette eau ? […] La Luxure et la Mort sont jumelles ! […] » C’est la poésie de l’amour et de la mort, c’est la pensée amère qui secoue Iphigénie à l’évocation des ténèbres inférieures ! […] Arnoux (l’Allée des Mortes), etc… 31.
Quels vivants vaudraient pour moi ces morts ressuscités dans ce qu’ils ont eu de mieux sur la terre, leur pensée ? […] La mort est leur supplice, oui, mais elle est aussi leur asile ! […] … XXXVIII Quant à moi, je serais mort déjà mille fois de la mort de Caton, si j’étais de la religion de Caton ; mais je n’en suis pas ; j’adore Dieu dans ses desseins ; je crois que la mort patiente du dernier des mendiants sur sa paille est plus sublime que la mort impatiente de Caton sur le tronçon de son épée ! […] c’est par la vertu même de ce travail à mort qui est ma condition. Tout n’est pas supplice dans ce travail à mort ; non, le travail à mort, comme tous les autres supplices infligés par la Providence, a aussi sa goutte d’eau dans l’éponge à la pointe de la lance qui a bu le sang !
— Il est donc mort ? il est donc mort ? […] — Oui, mon enfant, il est mort. […] Le père était mort, le fils était mort. […] fait-il… C’est un nommé Perreux qui est mort ?
Il n’y a donc pour un grand écrivain, même quand il est mort, jamais de consécration, de consécration forçant les respects et écartant les blasphèmes. […] Cet instinct de la destruction était peut-être encore plus féroce, plus inhumain, plus enragé chez un enfant beau, chez un enfant intelligent, chez le petit de Béhaine, mort d’une méningite. […] La pauvre fille me raconte dans son baragouin, entrecoupé de sanglots, cette soudaine mort de Nittis. […] sans lui, fait-elle, on se coucherait par terre comme un chien galeux… et que la maladie… que la mort vienne… elle serait la bienvenue ! […] Ce soir retour à Paris, et visite de bureaux de journaux, où je sollicite un peu de bruit autour de ce mort illustre.
La joie, l’ambition, le ressaisissement ; il se mêle aux affaires publiques, s’éprend, est trahi, retourne à la guerre et, mortellement atteint sur un champ de bataille, s’abandonne tout entier, au seuil de l’ombre, à cette méditation muette de la mort, cette contemplation ravie de l’inconnaissable où ne le touchent plus les caresses de son fils et de son amante. […] Que l’on rapproche ce salut par la simplification de l’esprit et par l’innocence de la vie, de la conversion do Lévine, à ces pauvres paroles d’un paysan, qu’il faut vivre pour autrui ; que l’on relise la série de récits moraux, publiés sous le titre : La Recherche du Bonheur, Les Trois Morts, La Mort d’Ivan Iliitch, La Puissance des Ténèbres, Ivan l’Imbécile, ce sera encore l’humilité d’esprit, la pureté de cœur, la frugalité et la pauvreté que les œuvres de Tolstoï paraîtront recommander et suggérer avec une onction communicative et une insistance ouverte qui sont le fait, non plus d’un artiste, mais d’un prédicant. […] Pour tout homme réfléchi, la pensée de sa propre mort et de celle de ses proches est la suprême épreuve du système de croyances sur lequel il a construit sa vie. […] Il semblera inutile, après cette analyse, que nous discutions la valeur de la solution apportée par Tolstoï au problème de la vie et de la mort. […] Mais tous ceux qui aiment le feu de la vie malgré l’incessante mort de ses flammes, trouveront en ces livres la plus grande et la plus vraie des images fictives de ce monde, la plus complète représentation qui soit des derniers fleurissements de la force sur ce globe.
Elle souffrit longtemps, nous dit Tallemant des Réaux en parlant de cette fin de vie de la marquise, il (Maucroix) souffrait assurément plus qu’elle : je n’ai jamais vu un homme si affligé, et, à cause de lui, je me suis réjoui de la mort de cette belle, parce qu’il était en un tel état que je ne savais ce qui en serait arrivé. […] Prenez au contraire l’abbé de Chaulieu, de vingt ans plus jeune que Maucroix, et qui mourut onze ans après lui, ayant également poussé très loin sa carrière, et vous aurez l’épicurien à la fois de pratique et de système, celui qui, au milieu de ses refrains bachiques ou de ses nonchalances voluptueuses, raisonnera sur la mort en des vers philosophiques selon les principes d’Épicure tour à tour, ou selon ceux du déisme. […] Il faudra encore une fois prendre des résolutions contre la mort. […] Ce sont trois pièces qui sont imitées d’Horace, de Malherbe ; le poète y redit, en l’affaiblissant, ce que ce dernier avait dit de la mort, qui n’épargne personne. […] Mais la fatigue inaccoutumée d’une telle vie se fit bientôt sentir à Maucroix ; il tomba gravement malade avant la fin de la session, et il vit en face la mort.
Affre, mort si glorieusement archevêque de Paris ; M. […] Pour se faire d’avance aux jours des grands supplices Un cœur plus fort, Ils essayaient leur tombe et voulaient par prémices Goûter la mort ! […] On sait le mot de Bossuet, d’après Tertullien, lorsque parlant du cadavre de l’homme : « Il devient un je ne sais quoi, s’écrie-t-il qui n’a plus de nom dans aucune langue. » L’admirable page qu’on va lire de l’abbé Gerbet est comme le développement et le commentaire du mot de Bossuet dans cette première station aux Catacombes, il s’attache d’abord à étudier le néant de la vie, « le travail, je ne dis pas de la mort, mais de ce qui est au-delà de la mort » ; l’idée de réveil et de vie future viendra après. […] Le combat qui existe en vous et en moi entre la mort et la vie, sera fini, que ce combat entre une mort et une mort durera encore longtemps. […] C’est le sentiment vif de cette incomparable et idéale agonie qui lui inspira un Dialogue entre Platon et Fénelon, où celui-ci révèle au disciple de Socrate ce qu’il lui a manqué de savoir sur les choses d’au-delà, et où il raconte, sous un voile à demi soulevé, ce que c’est qu’une mort selon Jésus Christ : Ô vous, qui avez écrit le Phédon, vous, le peintre à jamais admiré d’une immortelle agonie, que ne vous est-il donné d’être le témoin de ce que nous voyons de nos yeux, de ce que nous entendons de nos oreilles, de ce que nous saisissons de tous les sens intimes de l’âme, lorsque, par un concours de circonstances que Dieu a faites, par une complication rare de joie et de douleurs, la mort chrétienne, se révélant sous un demi jour nouveau, ressemble à ces soirées extraordinaires dont le crépuscule a des teintes inconnues et sans nom !
Cette épée, attachée par un fil, est suspendue sur le sein du mort, et dans la lame est passée une feuille de papier sur laquelle sont écrits ces mots : Je vote la mort du tyran. […] il est sur un lit de mort. […] Partout la trahison, à l’œil louche et perfide, la mort et la dévastation le suivent. […] citoyens, je vous prie de croire que la mort est préférable à ce que j’éprouve en ce moment. […] Je vis et me porte bien, après avoir vu la mort d’assez près.
… Mais il est mort. […] Hélas, c’est la mort qui est venue. […] On a même patiemment attendu qu’il fût mort, mort réellement, mort sans chances de renaître, pour énoncer, de façon formelle, ces deux vérités éclatantes et tardives. […] Caro est mort, ç’a été une grande tristesse ici. […] le pauvre garçon, il est mort trop tôt.
Or, tout le monde sçait bien que l’éneïde est de ces ouvrages qu’on appelle posthumes, parce qu’ils ne sont publiez qu’après la mort de l’auteur. […] C’est ce qui arrive toujours quand son artisan n’a point de successeur, et encore plus lorsqu’il est mort depuis long-temps sans avoir été remplacé. […] Ainsi les soixante ans qui se sont écoulez depuis la mort de Moliere, sans que personne l’ait remplacé, donnent un lustre à sa réputation qu’elle ne pouvoit pas avoir un an après sa mort. Le public n’a point mis dans la classe de Moliere les meilleurs des poetes comiques qui ont travaillé depuis sa mort.
MÉNAGE, [Gilles] de l’Académie Della Crusca, né à Angers en 1613, mort à Paris en 1692 ; un des plus célebres Littérateurs du Siecle dernier. […] Ses Origines de la Langue Françoise & de la Langue Italienne, considérablement augmentées depuis sa mort, sont d’un homme qui avoit un grand fond d’érudition, mais pas toujours le discernement bien sûr, ni la critique bien exacte. […] Pour s’en venger, le Président fit, après la mort de Ménage, son Eloge d’une maniere ironique, à peu près comme Voltaire a fait celui de Crébillon, qui n’avoit pas composé des Epigrammes contre lui, mais des Tragédies meilleures que les siennes. […] Habert, sieur de Montmor, Maître des Requêtes, reçu à l’Académie Françoise en 1635, mort en 1679.
Consacrons quelques pages à cette poétique des morts. […] Font-ils des décombres, elle y sème des fleurs ; entrouvrent-ils un tombeau, elle y place le nid d’une colombe : sans cesse occupée à reproduire, elle environne la mort des plus douces illusions de la vie. […] Sur les murailles on voyait des peintures, à demi effacées, représentant la vie de saint Bruno ; un cadran était resté sur un des pignons de l’église ; et dans le sanctuaire, au lieu de cette hymne de paix qui s’élevait jadis en l’honneur des morts, on entendait crier l’instrument du manœuvre qui sciait des tombeaux. […] L’homme n’est lui-même qu’un édifice tombé, qu’un débris du péché et de la mort ; son amour tiède, sa foi chancelante, sa charité bornée, ses sentiments incomplets, ses pensées insuffisantes, son cœur brisé, tout chez lui n’est que ruines209.
Parmi les dix ouvrages de David, les principaux sont Marat, la Mort de Socrate, Bonaparte au Mont-Saint-Bernard, Télémaque et Eucharis. […] Quelle était donc cette laideur que la sainte Mort a si vite effacée du bout de son aile ? Marat peut désormais défier l’Apollon, la Mort vient de le baiser de ses lèvres amoureuses, et il repose dans le calme de sa métamorphose. […] Ce tableau avait pour pendant à la Convention la Mort de Lepelletier-Saint-Fargeau. […] Guérin est représenté par deux esquisses, dont l’une, la Mort de Priam, est une chose superbe.
Ils rêvent horriblement de la mort : « Mourir, aller nous ne savons pas où ! […] si l’on pouvait avoir un entretien de deux jours seulement avec les morts ! […] Quelle mort ? […] Schopenhauer, Métaphysique de l’amour et de la mort. […] Mort d’Ophélia, funérailles d’Imogène.
Ainsi, en se suggestionnant cette pérennité de sa propre vie dans son œuvre, elle éteint une de ses angoisses : la peur affreuse de la mort. […] L’aube, ici, c’est l’apparition de la mort, qui hante déjà l’esprit de la poétesse. […] À chaque vers, on apercevra l’image de la mort que la poétesse devinait toute proche d’elle. […] La mort, la mort fait seule épouser la Beauté. […] … Alors, elle se réfugie dans la pensée de la mort.
Il sait aussi que l’amour est inséparable de la mort, parce que la mort est inséparable de la vie… Et maintenant lisez les Chants de l’Amour et de la Mort : Je voudrais te parer de fleurs rares, de fleurs Souffrantes, qui mourraient pâles sur ton corps pâle. […] et comme cela fait accepter la mort ! […] Et cette exhortation à l’homme : Que les pouvoirs obscurs d’un monde élémentaire Connaissent grâce à toi le rythme harmonieux ; Et si, tous les dieux morts, tu restes solitaire, Garde au moins les vertus que tu prêtas aux dieux !
Quand le peuple croit entendre la voix des morts dans les vents, quand il parle des fantômes de la nuit, quand il va en pèlerinage pour le soulagement de ses maux, il est évident que ces opinions ne sont que des relations touchantes entre quelques scènes naturelles, quelques dogmes sacrés, et la misère de nos cœurs. […] La mort, si poétique parce qu’elle touche aux choses immortelles, si mystérieuse à cause de son silence, devait avoir mille manières de s’annoncer pour le peuple. […] Souvent le mort chéri, sortant du tombeau, se présentait à son ami, lui recommandait de dire des prières pour le racheter des flammes, et le conduire à la félicité des élus. […] Enfin, les vents, les pluies, les soleils, les saisons, les cultures, les arts, la naissance, l’enfance, l’hymen, la vieillesse, la mort, tout avait ses saints et ses images, et jamais peuple ne fut plus environné de divinités amies, que ne l’était le peuple chrétien. […] Il sera saisi d’une terreur d’autant plus étrange, qu’il n’en connaîtra pas l’objet ; il tremblera dans un cimetière où il aura gravé que la mort est un sommeil éternel ; et, en affectant de mépriser la puissance divine, il ira interroger la bohémienne, ou chercher ses destinées dans les bigarrures d’une carte.
Ce dernier tomba mort et écrasa dans sa chute l’actrice qui représentait Marie. […] La femme répond que les morts riaient. […] La Folie du Sage, tragi-comédie, la Mort de Crispe, et la Mort du grand Osman, les deux premières pièces jouées en 1644 et 1645, la dernière après la mort de l’auteur en 1656, composent, avec les tragédies citées plus haut, le bagage dramatique de Tristan. […] Mondory était mort de la même façon, après la Marianne de Tristan. […] — La Mort de Néron (1703). — Anecdote. — Abeille
Embrasse-moi et donne-moi la mort, mon amour ! […] Tout n’était donc que chagrin, misère, malheur et mort. […] Le long des sentes forestières, où craquent des branches de bois mort, les feuilles mortes commencent à tourbillonner. […] Tous ces morts sont très vivants. […] Dumanet et Pitou sont morts.
Quel effet cette mort va-t-elle faire sur Goethe à un âge si avancé ? […] La mort est quelque chose de bien étrange ! […] Goethe était mort. […] Il n’était point mort, il était transfiguré ! […] Maintenant tout est mort dans la maison de Goethe.
Son père et sa mère, morts avant le temps, le laissèrent sous la garde de tuteurs qui spolièrent leur pupille. […] Je ne doute pas que, si l’on fût venu alors avec une lumière, on ne m’eût trouvé pâle comme un mort, et portant sur mon visage tous les signes de la plus grande frayeur. […] Voici comment Pétrarque lui-même, informé plus tard de toutes les circonstances de cette mort, se la retrace dans un de ses souvenirs écrits. […] Enfin telle était la mort elle-même sur ce beau visage ! […] qui m’appelles des profondeurs du ciel, par la mémoire de ta mort si amère, oh !
. — Mort de Darius. — Avènement de Xerxès. — Le songe de Xerxès. […] La mort le surprit au moment où il allait se mettre à la tête de cet armement formidable. […] Le pacte avec la mort fut aussitôt conclu devant elle. […] Mais nous voulons rester libres, et, jusqu’à la mort, nous nous défendrons. […] Mais il tomba mort en remettant l’étincelle aux prêtres.
Or, Rolla savait que l’aurore pour lui était la mort ; il mourait d’avance dans sa pensée. […] que la mort est un grand révélateur ! […] que m’importe ou la mort ou la vie ? […] Ce n’est que depuis sa mort prématurée, ce n’est qu’en ce moment où j’écris, que j’ai ouvert ses volumes fermés pour moi et que j’ai lu enfin ses poésies. […] tant de tendresse après sa mort !
Il vole résolument son hôte ; il s’avance à pas de loup vers son lit, bien résolu de tuer le dormeur s’il ouvre les yeux au bruit ; il épie le réveil, il médite la mort, il regarde. […] Tomber du trône dans les mains meurtrières du savetier Simon jusqu’à ce que mort s’ensuive, ne fut jamais la même chose que tomber d’un mur de dix pieds sur le pavé de la rue. […] Rousseau ont contribué à produire les meurtres juridiques de 1793 ; les idées fausses de l’évêque produiraient la disette, la suppression du travail, l’extinction des salaires, la colère contre les riches et la mort des peuples. […] Ces rencontres se nouent et se dénouent sans cesse ; de là la vie et la mort. […] est-ce elle qui a fait la mort ?
Charlemagne n’était pas mort, que l’un de ses vieux soldats faisait déjà en toute naïveté au moine de Saint-Gall le tableau merveilleux des exploits et de la sagesse du grand empereur : la poésie était alors la forme des intelligences. […] Enfin le héros, blâmé dans son orgueil, est grand dans la défaite et dans la mort : haute intuition d’avoir exalté le vaincu, et doublé la puissance de l’admiration de toute la tendresse de la pitié ! […] Il ne regarde pas la nature : de ce merveilleux décor pyrénéen, qu’il n’a pas vu du reste, quelles vagues et maigres phrases tire-t-il pour encadrer la mort de Roland ! […] Je n’en veux pour preuve que le morceau, si souvent cité et avec raison, de la mort de Raoul : cet Ernaut de Douai qui fuit devant Raoul, la main coupée, demandant grâce à son impitoyable ennemi, secours à tous les amis qu’il rencontre, reprenant haleine, chaque fois qu’un baron de son parti arrête Raoul, piquant son cheval avec désespoir, dès qu il voit son défenseur abattu, cette poursuite sans cesse interrompue et reprise, acharnée, haletante, puis Bernier enfin s’interposant, le combat de Bernier contre Raoul, et la mort de Raoul, combat et mort décomposés en chacun de leurs moments avec une vigoureuse précision, la tristesse du vainqueur, et la rage féroce d’Ernaut qui, se voyant sauvé, se venge de ses terreurs récentes sur son ennemi abattu, voilà, à coup sûr, une scène neuve, rare, émouvante. […] La Vie de saint Faron, par Helgaire, évêque de Meaux (mort en 875).
Le sentiment national et l’idée de la mort. — 3. […] Sentiment national et idée de la mort. […] Nous touchons ici à ce qui fait de Villon un grand poète : il est le poète de la mort. […] Vieillesse du corps, mort du corps, l’ami de « la belle heaumière » et de la « gente saucissière » ne regarde que cela dans la vieillesse et dans la mort. […] Cette retraite de l’idée chrétienne donne un accent plus profondément angoissé à la méditation où s’élève Villon, de l’universelle nécessité de la mort.
Nous nous souvenons de l’avoir vue, quelques mois avant sa mort, à une fête. […] Elle fut douce, mais faible envers la mort. […] Elle avait vendu sa vie, on vendit sa mort. […] Le dénouement, c’est la mort de Marguerite. […] A sa mort, Vénus a déchiré ses belles joues et l’Amour a poussé des cris plaintifs.
Ma mort serait un chagrin momentané pour quelques-uns, un bien pour d’autres, et pour moi le plus grand des biens… Que deviendrai-je ? […] Elle leva les yeux, elle les promena lentement sur ces portiques, morts eux-mêmes depuis tant d’années, et qui avaient vu tant mourir. […] Les actions magnanimes sont celles dont le résultat prévu est le malheur et la mort. […] Chateaubriand tenta de se réconcilier avec lui par sa brochure : Le roi est mort, vive le roi ! […] Il la perdit un an avant sa propre mort.
Aux Morts, le Dernier souvenir, les Damnés, Fiat nox, In Excelsis, la Mort du soleil, les Spectres, le Vent froid de la nuit, la Dernière vision, l’Anathème, Solvet saeclum, Dies Irae, tous ces poèmes, prodigieux par la magnificence et la dureté des lamentations, ne sont que prières à la Mort, effusions noires vers le néant. […] Il est certain qu’en dépit de ces minutes on continue de vivre ; et cependant ceux pour qui elles reviennent souvent devraient, s’ils étaient aussi sincères qu’ils le paraissent, se réfugier volontairement dans la mort. […] Il révèle à Çunacépa qu’il échappera à la mort en récitant sept fois l’hymne sacré d’Indra. […] Leconte de Lisle nous le dit dans la Mort de Sigurd, l’Épée d’Angantyr, le Cœur d’Hialmar, etc. Il dit leur fierté, leurs morts silencieuses, les chants de leurs bardes, leurs fêtes, leurs mystérieuses assemblées, leur attente d’un paradis guerrier, sensuel et grave.
Souvenirs sur Schnorr (le créateur de Tristan, mort en 1865) ; 7. […] La mort de Richard Wagner (13 février 1883). […] La mort de Tristan et d’Iseult a été reprise par R. […] Wolzogen en fut le rédacteur en chef jusqu’à sa mort et la revue cessa alors d’être publiée. […] Elle publia l’une des premières traductions de Parsifal après la mort de Wagner.
Guillaume Du Bellay, seigneur de Langey, mort en 1543. […] Mort en 1604. […] Mort en 1614. […] Mort en 1577. […] Né à Paris en 1541, mort le 16 novembre 1603.
Je sais que jamais un vrai grand homme n’a pensé qu’il fût grand homme, et que, quand on broute sa gloire en herbe de son vivant, on ne la récolte pas en épis après sa mort. […] Depuis qu’il est mort, je n’y tiens plus. […] Il a eu tout de moi ; il n’aura après ma mort aucune surprise ; je n’ai rien réservé pour personne. […] La seule mort acceptable est la mort noble, qui est non un accident pathologique, mais une fin voulue et précieuse devant l’Éternel. La mort sur le champ de bataille est la plus belle de toutes ; il y en a d’autres illustres.
Mort de Calvin. — § V. […] Mort de Calvin. […] Ceux qui s’échappaient jusqu’à des propos de mort contre Calvin, étaient livrés au bourreau. […] Les éditions s’en renouvelèrent rapidement et sans interruption, jusqu’à la mort de Calvin. […] Discours de Théodore de Bèze sur la vie et la mort de Calvin.
L’admiration pour l’harmonie des langues mortes et savantes, se remarque surtout dans ceux qui ayant mis beaucoup de temps à les étudier, se flattent de les bien savoir, et les savent en effet aussi bien qu’on peut savoir une langue morte, c’est-à-dire très mal. […] Pour décider cette question, autant du moins que nous sommes à portée de la décider, il faut d’abord fixer ce qu’on entend ou ce qu’on doit entendre par l’harmonie d’une langue ; il faut examiner ensuite en quoi peut consister par rapport à nous l’harmonie des langues mortes, et surtout de la langue latine, qui de toutes les langues mortes nous est la plus familière et la plus connue. […] Voilà, je pense, tout ce qu’on peut dire de raisonnable et d’intelligible, sur l’espèce de plaisir que nous goûtons par l’harmonie des langues mortes. […] J’ignore quelle réponse opposeront à Despréaux ceux que nous combattons dans cet écrit ; car Despréaux est pour eux une grande autorité, ne fût-ce que parce qu’il est mort. […] Ce chanoine de Rouen est auteur, par malheur pour lui, d’une élégie latine sur la mort de M. de Fontenelle, dont on n’a pas fait, dans les collèges même, tout le cas que l’auteur aurait désiré.
Deux ou trois pièces à peine, le Cauchemar, la Tête de mort, présagent le besoin de sensations plus fortes : elles viendront assez tôt. […] Devenue libre et maîtresse d’elle-même par la mort d’un vieux parent, elle veut en avoir le cœur net ; elle tente l’aventure, prend un déguisement viril et se lance tête baissée à travers la vie. […] Le Christ, pour lui, n’est pas venu et n’est pas mort. […] Ici la forme est inspirée du Moyen-Age, de sa mythologie et des images de la mort qui lui sont familières. […] Toujours, au milieu du festin, au sein de l’ivresse, et quand le poète enflammé exhalera l’ardeur de ses chants entre les bras de Théone ou de Cinthie, la Mort se lèvera tout à coup et apparaîtra devant ses yeux, non la Mort des anciens dont l’idée ne faisait qu’aiguiser plutôt et raviver le sentiment du plaisir, mais la Mort de la Danse macabre, avec son ricanement féroce, et qui vous met et vous laisse au cœur une certaine petite crainte a l’Hamlet que la nuit funèbre ne soit pas le long sommeil, mais le rêve, et que tout ne soit pas fini après la vie : La mort ne serait plus le remède suprême ; L’homme, contre le sort, dans la tombe elle-même N’aurait pas de recours, Et l’on ne pourrait plus se consoler de vivre, Par l’espoir tant fêté du calme qui doit suivre L’orage de nos jours !
Je conviendrai sans peine qu’il est de plus belles morts que celle du prince de Ligne ; mais, à moins de se placer au point de vue de l’éternité (chose toujours rare), on devra convenir aussi qu’il est peu de morts plus aisées et plus douces. […] Il est deux points qui m’ont toujours choqué chez mes meilleurs amis jansénistes, c’est quand ils insistent sur la damnation des enfants morts sans baptême, et sur celle des vieillards morts sans confession. […] « Les âmes froides n’ont que de la mémoire ; les âmes tendres ont des souvenirs, et le passé pour elles n’est point mort, il n’est qu’absent. […] Eynard cite le passage d’une lettre d’Ymbert Galloix, jeune homme de Genève, mort à Paris en 1828, et il le proclame un jeune poète plein de génie. […] L’art du bonheur dans la dévotion est de se donner une dernière illusion plus longue que la vie, et dont on ne puisse se détromper avant la mort.
L’ouvrage ne parut d’abord que par parties ; il se vendait chez Louvet, l’un des Girondins échappés à la mort et qui, rentré à la Convention, s’était établi, avec sa Lodoïska, libraire dans la galerie de Bois, au Palais-Royal, autrement dit Maison-Égalité. […] Dauban, l’éditeur actuel des Mémoires de Mme Roland et qui arrive à sa date, 71 ans après la mort de cette femme illustre, a beau jeu pour venir nous développer aujourd’hui sa doctrine austère ; il est bon, toutefois, de l’entendre à ce sujet. […] Toute altération d’un manuscrit de Mémoires, quelle que soit l’intention qui l’a inspirée, lorsqu’elle modifie la donnée fournie par l’auteur, la base de l’étude du moi humain, nous paraît un abus de confiance soit envers le mort qui ne peut protester, soit envers le public qui se trouve abusé. […] Vous voulez défendre contre lui-même, dites-vous, le souvenir d’un mort illustre ? […] Cette page inique et faite pour offenser indistinctement ceux qui étaient nommés comme ceux qui ne l’étaient pas, et les Grégoire, et les Sieyès, et les Daunou, cette page outrageuse pour des morts et des victimes de la veille comme Rabaut et Fauchet, avait été biffée, et avec grande raison.
Renart fait le mort et se tient coi ; Chanteclair s’endort ; Renart s’approche pour le happer, mais le manque. […] Dagorne, le chef anglais, est mort ; Bombourg lui a succédé ; mais il n’observe pas la même trêve qui consistait, dans ces guerres de nobles, à épargner le menu peuple et ceux qui travaillent le blé. […] Au premier choc, les Bretons ont le dessous ; trois ou quatre d’entre eux sont quasi morts et faits prisonniers. […] Tous les Lacédémoniens étaient morts ou mortellement blessés ; deux Argiens seuls restaient debout, et, dans leur empressement, ils coururent à Argos annoncer leur victoire. […] Mais pour Sparte, ce n’est pas de mourir, c’est de fuir qui est proprement la mort.
Villon aperçoit dans le monde l’universelle souveraineté de la mort : Mon père est mort, Dieu en ait l’âme ; Quand est du corps, il gît sous l’âme (cercueil). […] Après quoi Villon poursuit son propos : Puisque papes, rois, fils de rois… Sont ensevelis morts et froids, En autrui mains (aux mains d’autrui) passent leurs rênes ; Moi, pauvre mercerot de Rennes, Mourrai-je pas ? […] Père, mère, petits et grands, Pâris et Hélène, les dames et les seigneurs du temps jadis, papes, empereurs et dauphins, sont morts : donc tous les hommes meurent Voilà l’induction, qui tire la loi d’une collection de faits particuliers. […] Ainsi l’oraison funèbre de la duchesse d’Orléans et le sermon sur la Mort ont même plan, même division et même conclusion. […] Ainsi Cicéron justifie Milon accusé d’assassinat, en déterminant les circonstances particulières de la mort de Clodius, qui sont que Milon avait été attaqué par lui et contraint à se défendre, et en se fondant sur le principe de droit qu’un meurtre commis en état de légitime défense n’est pas punissable.
Les morts alors ressusciteront, et le Messie procédera au jugement 772. […] Quoi qu’il en soit, à sa mort, la foi de plusieurs fut ébranlée, et ses disciples donnèrent à la prédiction du Christ un sens plus adouci 800. […] Après la mort de Jean, ou du dernier survivant quel qu’il fût du groupe qui avait vu le maître, la parole de celui-ci était convaincue de mensonge 812. […] La première fois qu’on annonça à l’humanité que sa planète allait finir, comme l’enfant qui accueille la mort avec un sourire, elle éprouva le plus vif accès de joie qu’elle eût jamais ressenti. […] L’empereur mort qui doit revenir est Néron, dont le nom est donné en chiffres (XIII, 18).
Il est mort en chrétien, c’est la vérité, affirmant, devant l’hostie que le prêtre allait lui mettre dans la bouche, que Dieu était réellement, virtuellement et substantiellement là pour lui. […] Une pareille éducation, qui commençait même avant que la tête de l’enfant fût ouverte aux premières impressions de l’existence, mais dont il devait plus tard recevoir, en apprenant cela, l’enseignement, n’a peut-être agi qu’à la mort sur l’âme de Montesquieu. […] Vian donne la liste de ces travaux morts et ensevelis, et que la Grandeur et décadence des Romains et L’Esprit des Lois, plus tard, expièrent. […] N’ayant été chrétien qu’à sa mort, il fut donc philosophe toute sa vie, mais un philosophe boutonné dans sa philosophie et ne donnant pas dans la déboutonnée et la scandaleuse du temps. […] Si j’avais eu à donner un conseil à Louis Vian, mort depuis la publication de son livre, c’eût été d’ôter de sa prochaine édition cette préface.
Mort de sir Walter Scott 17 septembre 1832. La longue agonie sans espérance qui, depuis plusieurs mois, assiégeait l’une des plus glorieuses et des plus brillantes existences du siècle, vient enfin de se terminer ; Walter Scott est mort, vendredi dernier, à sa terre d’Abbotsford. […] Il est permis de croire qu’en mourant Walter Scott n’emporte pas de grande pensée inachevée ; son génie s’était épanché à l’aise et abondamment ; il avait assez dit pour sa gloire et pour nos plaisirs ; quoiqu’il n’eût que soixante-deux ans, il est mort plein d’œuvres et il avait rassasié le monde. […] En Angleterre, les grands poètes sont également morts ou en train de se taire : Crabbe, Shelley, Byron, Walter Scott s’en sont allés. […] La sympathie universelle, un redoublement de déférence et de vénération, les hommages de son souverain et de la nation britannique dans ce dernier voyage exécuté aux frais de l’État, tout acheva de le dédommager, et il est mort comme il avait vécu, heureux, bienveillant, paisible, et, même dans ses extrêmes souffrances, ne rejetant pas la vie.
Les Fedeli Nous avons dit qu’Isabelle Andreini laissait un fils né en 1579, ayant vingt-cinq ans, par conséquent, à la mort de sa mère. […] À la mort de sa mère Isabelle, il annonça, comme son père Francesco, l’intention de renoncer au théâtre, mais il ne persista pas comme lui dans sa résolution. […] Ils assistèrent par conséquent aux États-Généraux de 1614, au mariage du jeune Louis XIII avec Anne d’Autriche (1615), à la chute et à la mort de Concini (1617). […] Ils revinrent en 1621, à la mort du connétable de Luynes, lorsque, sous le ministère du chancelier Sillery et de son fils Puysieux, Marie de Médicis eut ressaisi une partie de son influence. […] Magnin, est une extravagante féerie dans laquelle apparaissent la Mort et les Esprits follets.
Un paysan inconnu combattait à côté de lui, armé d’un manche de charrue dont il frappait les ennemis ; à chaque coup, il traçait autour de lui un cercle de morts. […] Toutes les nuits le champ héroïque rejetait ses morts qui recommençaient la bataille ; la campagne retentissait du fracas des lances et du ronflement des chevaux. […] Un tumulus fut dressé à Marathon sur ses vaillants morts, entouré de dix colonnes, une pour chaque tribu, qui portaient leurs noms. […] Si Sparte avait combattu, elle aurait livré aux corbeaux les Ilotes tués dans ses rangs ; la noble Athènes, chez qui le servage n’était qu’une fraternité inférieure, accorda aux esclaves morts pour sa liberté, un tombeau d’honneur. […] Le Messager même ne lui manque pas ; il est représenté par ce soldat qui courut annoncer sa délivrance à Athènes, et tomba mort sur la place, en agitant sa palme, comme un coursier épuisé par l’élan d’un dieu.
Junia Calvina, l’amante de Britannicus, sur laquelle le poëte prend soin de nous instruire dans sa préface, et qu’il a tant de peur que nous ne confondions avec Junia Silana, n’étoit point à Rome dans le tems de la mort de Britannicus. […] Avant que Claudius épousât Agrippine, et plus de sept ans avant la mort de Britannicus, elle avoit été mariée à Lucius Vitellius, le frere de Vitellius qui fut empereur dans la suite. Seneque, dans la satire ingenieuse qu’il écrivit sur la mort de l’empereur Claudius, parle de Junia Calvina en homme qui la tenoit réellement coupable du crime d’inceste avec son propre frere, pour lequel elle avoit été exilée sous le regne de ce prince. […] Tacite nous apprend que dès les premiers jours du regne de Neron, Agrippine obligea cet affranchi celebre à se donner la mort. […] Flaminius défait à Trasiméne étoit plebeïen, et Flaminius qui fut ambassadeur de la republique auprès de Prusias, et qui fut cause de la mort d’Annibal, étoit patricien.
Emmanuel Delbousquet Il fut de ceux-là que la mort arrête en pleine conquête et qui tombent sans avoir connu leur gloire. […] Remy de Gourmont Puisqu’il ne nous laissa que de trop brèves pages, l’œuvre seulement de quelques années ; puisqu’il est mort à l’âge où plus d’un beau génie dormait encore, parfum inconnu, dans le calice fermé de la fleur, Mikhaël ne devrait pas être jugé, mais seulement aimé… Parallèlement à ses poèmes, Mikhaël avait écrit des contes en prose ; ils tiennent dans le petit volume des Œuvres, juste autant, juste aussi peu de place que les vers… Il suffit d’avoir écrit ce peu de vers et ce peu de prose : la postérité n’en demanderait pas davantage, s’il y avait encore place pour les préférés des dieux dans le-musée que nous enrichissons vainement pour elle et que les barbares futurs n’auront peut-être jamais la curiosité d’ouvrir. […] Un souffle de mort avait fauché à son tour le musicien, et ce souvenir funèbre ajouta, semble-t-il, à l’émotion poignante du drame… Poète né au pays du soleil, Éphraïm Mikhaël a la mélancolie des hommes du Nord ; sa prescience de la mort obsède parfois.
DUPLEIX, [Scipion] Historiographe de France, né à Condon en 1569, mort dans la même ville en 1661 ; le premier Auteur qui ait publié en François un Ouvrage de Philosophie scholastique, & le premier Historien qui ait cité en marge les sources où il a puise les faits qu’il rapporte. […] Après sa mort, il en parla sans déguisement & sans respect. […] DUPRÉ DE SAINT MAUR, [Nicolas-François] Maître des Comptes, de l’Académie Françoise, né à Paris, mort en 1774. […] L’Introduction, entre autres, à la Description de la Lorraine & du Barrois, qui forme un volume in-8° de plus de cinq cents pages, peut être regardée comme un des meilleurs Ouvrages qui aient paru en ce genre : c’est une véritable Histoire, mais abrégée, de la Lorraine & du Barrois, depuis la plus haute antiquité jusqu’à la mort du dernier Duc, le feu Roi de Pologne, Stanislas I.
Le ciel qui veut ma mort, et qui l’a suspendue, Mon père, en ce moment, m’amène à votre vue. […] Le bonheur m’aveugla, la mort m’a détrompé ; Je pardonne à la main par qui Dieu m’a frappé : J’étois maître en ces lieux, seul j’y commande encore, Seul je puis faire grâce, et la fais à Zamore. Vis, superbe ennemi ; sois libre, et te souvien Quel fut et le devoir et la mort d’un chrétien. […] À quelle religion appartiennent cette morale et cette mort ?
Il est mort plein d’années, Dieu ait son âme ! […] Il alla souper chez le mort et revint sain et sauf. […] Monseigneur a causé la mort de la vierge ailée. […] Que la reine l’ait aimé jusqu’à la mort et par-delà la mort, cela n’est point douteux. […] Pour la même raison, loin de s’affliger de la mort de ses proches, il s’en réjouissait quand cette mort était chrétienne.
Quelques amis manquaient cependant : les uns étaient morts, les autres en exil ! […] Avec Philoxène Boyer, le dernier admirateur est mort. […] Le mort dans son cercueil pleurait le vivant, le plus à plaindre des deux, à coup sûr. […] Mais, de quoi est mort Jules ? […] Oui, hier vivant — aujourd’hui mort.
. — Mort de la marquise de Rambouillet. — La duchesse de Montausier nommée dame d’honneur de la reine. — Injuste accusation du duc de Saint-Simon à ce sujet. […] Cette mort acheva ce qui restait de l’ancienne maison de Rambouillet. […] Sa mort ne fut pas un grand événement. […] qui compromit cette femme illustre, lui fit souffrir un long tourment, et finit par lui causer la mort.
Taine est mort, hier, 5 mars… Je supplie les lecteurs de m’excuser si, à cette heure tardive de la soirée, j’essaye de rédiger quelques notes sur ce mort illustre. […] Je la sens si vivement, cette influence, je lui garde, à cet illustre mort, une si vive reconnaissance ! […] Renan mort, que nous reste-t-il donc !
Je reçus avec la nouvelle de sa mort l’héritage qu’elle m’avait légué. […] La vie de l’homme, avec tous ses projets, s’élève comme une petite tour dont la mort est le couronnement. […] Elle a présenté à la mort un visage serein. […] Paul mourut deux mois après la mort de sa chère Virginie, dont il prononçait sans cesse le nom. […] La mort est le plus grand des biens, ajouta-t-elle ; on doit la désirer.
Son nom fut Jean-Baptiste Poquelin ; il était Parisien, fils d’un Valet de Chambre Tapissier du Roi, et avait été reçu dès son bas âge en survivance de cette Charge, qu’il a depuis exercée dans son quartier jusques à sa mort. […] Sa mort dont on a parlé diversement, fit incontinent paraître quantité de Madrigaux ou Épitaphes. […] De tout ce qu’on fit sur cette mort rien ne fut plus approuvé que ces quatre vers latins qu’on a trouvé à propos de converser. Le Lecteur observa que sur la fin de la Comédie Le Malade imaginaire qui était représenté par cet excellent Auteur, contrefait le mort. […] Cette réunion des deux troupes qui a mis les Comédiens Italiens en possession du Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne, a été d’autant plus agréable à sa Majesté qu’elle avait eu dessein de la faire, comme on l’a déjà expliqué, incontinent après la mort de Monsieur de Molière.
et qui ne se doute pas que l’Ange de la Mort l’a marquée. « Ô Mort ! ô Mort ! […] Par une de ces anomalies, par une de ces ironies de la puissance qui se joue de l’esprit de l’homme, c’est le côté sombre et poignant de la mort que ces riants historiens de la vie, dépaysés cette fois, ont le mieux rendu et le mieux compris ! […] En racontant comme ils l’ont fait Marie-Antoinette, ce règne qui passe entre deux insultes : l’insulte de Louis XV, qui osa bien présenter madame Du Barry à la Dauphiné, femme de son fils, et l’insulte des Tricoteuses qui vouaient à la mort l’Autrichienne, ils n’ont raconté que la Reine, mais pas assez la femme du Roi.
et qui ne se doute pas que l’Ange de la Mort l’a marquée ! « Ô Mort ! ô Mort ! […] Par une de ces anomalies, par une de ces ironies de la puissance, qui se joue de l’esprit de l’homme, c’est le côté sombre et poignant de la mort que ces riants historiens de la vie, dépaysés cette fois, ont le mieux rendu et le mieux compris ! […] En racontant comme ils l’ont fait Marie-Antoinette, ce règne qui passe entre deux insultes : l’insulte de Louis XV, qui osa bien présenter Mme Du Barry à la Dauphine, femme de son fils, et l’insulte des Tricoteuses qui vouaient à la mort l’Autrichienne, ils n’ont raconté que la Reine, mais pas assez la femme du Roi.
Je pensais fortement qu’il fallait me disposer à quitter les vivants, qui sont morts, afin d’aller trouver les morts, qui sont vivants. […] Si c’est en mort, mais que ce soit sans vilenie, douce me sera telle issue. […] Depuis la mort de Mazarin (1661), il joue le rôle de héros bienfaisant. […] La mort n’est pas pour moi le comble des disgrâces. […] Eurydice, qui vient d’apprendre la mort de Suréna, « demeure immobile et sans larmes ».
Le troisième acte est à chercher dans la prison pénitentiaire, mais sans la mort. […] Là, entre la poire et le fromage, Méténier me résume au dessert, les quatre toilettes de condamnés à mort, auxquelles il a assisté comme chien du commissaire de police. […] Un corps de fer, ainsi qu’on le sait, et ayant toutes ses dents à sa mort, et de ses vieilles dents cassant encore un noyau d’abricot, six mois avant qu’elle n’arrivât. […] À quatre heures du matin, on venait lui annoncer que l’ingénieur était mort. […] L’un de nous se demande rêveusement, si les morts n’y laissent pas de leur image, revenant à de certaines heures.
Il finit cette même lettre où il a causé métaphysique, en annonçant à son frère la mort de Mme de Pompadour, ou, pour parler comme lui, de la Pompadour, car Frédéric n’y met pas tant de façons. […] Il lui écrivait, le 18 février 1776 : Mon très cher frère, on ignore le moment de sa mort ; mais on est obligé à prévenir tant que l’on peut les malheurs qui peuvent arriver dans la suite. Pour moi, qui ai dévoué ma vie à l’État, je ferais une faute impardonnable, mon cher frère, si je ne tâchais pas autant qu’il est dans mon pouvoir, non pas de régner après ma mort, mais de faire participer au gouvernement une personne de votre sagesse… Je n’ai en cela, mon cher frère, que l’État en vue, car je sais très bien que, quand même le ciel tomberait, tout me pourrait être fort égal le moment après ma mort. […] Et sur la mort d’un de leurs généraux : C’est réellement une perte que celle du général Sobeck. […] Le prince Henri vint deux fois à Paris : la première en 1784, du vivant de Frédéric, la seconde en 1788-1789, après la mort de son frère.
La mort du prince de Conti (2 août 1776) vint apporter un grand changement dans son existence. […] Sa mort plongea Mme de Boufflers dans la plus vive et la plus profonde affliction. […] « Quoique je ne sois plus certainement qu’à quelques semaines, chère Madame, et peut-être à quelques jours de ma propre mort, je ne puis m’empêcher d’être frappé de la mort du prince de Conti, une si grande perte à tous égards. […] Je vois la mort approcher par degrés, sans aucune crainte ou regret. […] « Lorsqu’il s’agit de remplir un devoir important, ne considérer les périls et la mort même que comme des inconvénients et non comme des obstacles.
Que me servira votre âme immortelle après votre mort ? […] Cinq jours avant sa mort, il adressa à Frédéric une admirable lettre qui peint l’une des plus belles âmes qui aient passé sur la terre, et qui couronne dignement cette idéale amitié. […] Il attendait son ami ; il comptait sur lui chaque jour ; il apprit sa mort avant d’avoir pu lui répondre une parole émue. […] N’en doutons pas : nous le verrons pleurer bientôt à la mort d’autres amis, et il semble que, de tous, M. de Suhm lui ait été le plus cher. […] Je viens d’apprendre la mort de Suhm, mon ami intime, qui m’aimait aussi sincèrement que je l’aimais, et qui m’a témoigné jusqu’à sa mort la confiance qu’il avait en mon amitié et dans ma tendresse, dont il était persuadé.
Il est mort en sage et en poète. […] La mort de mon protecteur, M. […] Et au lieu du mariage projeté c’est la mort qui est venue. […] Et une fois de plus le problème de la mort se posa devant lui. […] est-ce qu’il n’est pas mort ?
Ce travail est suivi d’un essai de dramatisation du dernier épisode, c’est-à-dire, de la mort de Siegfried, mais ce poème d’opéra « La Mort de Siegfried » est bien moins intéressant que l’esquisse qui le précède. […] La seule idée vraiment profonde que Wagner ait introduite — et encore n’est-elle que vaguement indiquée — c’est celle de l’expiation de la faute des Dieux par la mort d’un homme, Siegfried. […] Dès 1848 Wagner avait donc en main son « Esquisse de drame » et l’essai complet de dramatisation du dernier épisode, poème d’opéra qu’il nommait la Mort de Siegfried. […] Mais il reconnut bientôt que la même chose lui était arrivée pour son Jeune Siegfried que pour la Mort de Siegfried. […] C’était en même temps la mort de toute réforme selon l’esprit wagnérien, et un coup terrible porté à la musique française.
La prosopopée, par laquelle on fait parler les morts, les absents, ou les choses, se ramène à la métaphore et à l’allégorie, qui la contiennent en germe. […] … Et quand sa bouche, ouverte avec effort, Crie, il y plonge ensemble et la flamme et la mort. […] Voici une large période qui n’est au fond qu’une antithèse : Cent mille hommes criblés d’obus et de mitraille, Cent mille hommes couchés dans un champ de bataille, Tombés pour leur pays par leur mort agrandi, Comme on tombe à Fleurus, comme on tombe à Lodi, Cent mille ardents soldats, héros et non victimes, Morts dans un tourbillon d’événements sublimes, D’où prend son vol la fière et blanche Liberté, Sont un malheur moins grand pour la société, Sont pour l’humanité, qui sur le vrai se fonde, Une calamité moins haute et moins profonde, Un coup moins lamentable et moins infortuné Qu’un innocent, un seul innocent, condamné, Dont le sang ruisselant sous un infâme glaive, Fume entre les pavés de la place de Grève, Qu’un juste assassiné dans la forêt des lois, Et dont l’âme a le droit d’aller dire à Dieu : “Vois ! […] Ici la faute est juste et la loi criminelle ; Le prince pèche ici bien plus que le rebelle ; J’offense justement un injuste pouvoir Et ne crains pas la mort qui punit le devoir…..
Sa pompe funèbre, ajoute-t-il, a honoré le prince, son siècle, Rome et la tribune romaine ; et il n’a rien manqué au bonheur de sa vie, car il a été loué après sa mort par le plus éloquent des hommes43. » Un tel éloge, prononcé par Tacite, devait être intéressant ; mais nous ne l’avons plus : heureusement il nous reste de lui le chef-d’œuvre et le modèle de tous les éloges historiques, c’est sa vie d’Agricola. […] Les recherches des délateurs nous ont ôté jusqu’à la liberté de parler et d’entendre, et nous eussions perdu le souvenir même avec la voix, s’il était aussi facile à l’homme d’oublier que de se taire44. » Il se représente ensuite, au sortir du règne de Domitien, comme échappé aux chaînes et à la mort, survivant aux autres, et, pour ainsi dire, à lui-même, privé de quinze ans de sa vie, qui se sont écoulés dans l’inaction et le silence, mais voulant du moins employer les restes d’un talent faible et d’une voix presque éteinte, à transmettre à la postérité et l’esclavage passé, et la félicité présente de Rome. […] Domitien, naturellement féroce, et d’autant plus implacable dans sa haine qu’elle était plus cachée, était cependant retenu par la prudence et la modération d’Agricola ; car il n’affectait point ce faste de vertu et ce vain fanatisme qui, en bravant tout, veut attirer sur soi l’œil de la renommée ; que ceux qui n’admirent que l’excès sachent que même sous de mauvais princes, il peut y avoir de grands hommes, et qu’une vertu calme et modeste, soutenue par la fermeté et les talents, peut parvenir à la gloire, comme ces hommes qui n’y marchent qu’à travers les précipices, et achèvent la célébrité par une mort éclatante, mais inutile à la patrie46. » Toutes les fois que Tacite parle des vertus d’Agricola, son âme fière et ardente paraît s’adoucir un peu ; mais il reprend la mâle sévérité de son pinceau pour peindre le tyran soupçonné d’avoir fait empoisonner ce grand homme, s’informant avec une curiosité inquiète des progrès de sa maladie, attendant sa mort de moment en moment, et osant feindre de la douleur, lorsqu’assuré qu’Agricola n’est plus, il est enfin tranquille sur l’objet de sa haine. L’orateur (car Tacite l’est dans ce moment) félicite Agricola de sa mort ; il n’a point vu les derniers crimes du tyran, il n’a point vu ces temps où Domitien, las de verser le sang goutte à goutte, frappa, pour ainsi dire, la république et Rome d’un seul coup, lorsque le sénat se vit entouré d’assassins, quand le tyran lui-même, spectateur des meurtres qu’il ordonnait, jouissait de la pâleur des mourants, et calculait, au milieu des bourreaux, les soupirs et les plaintes. « Tu as été heureux, lui dit-il ; mais ta fille et moi, qui nous consolera d’avoir perdu un père ?
Elle était ce qu’on appelle une bonne maîtresse, et plus on l’approchait, plus on la regretta : Saint-Cloud, écrivait-elle dans l’automne de 1717, n’est qu’une maison d’été ; beaucoup de mes gens y ont des chambres sans cheminée ; ils ne peuvent donc y passer l’hiver, car je serais cause de leur mort, et je ne suis pas assez dure pour cela ; ceux qui souffrent m’inspirent toujours de la pitié. […] À toutes les époques cependant et dès avant la mort de Monsieur, elle sut s’y faire une retraite et une sorte de solitude. […] Elle écrivait de Saint-Cloud le 17 juin 1698 ; Je n’ai pas besoin de beaucoup de consolation à l’égard de la mort ; je ne désire pas la mort, et je ne la redoute point. On n’a pas besoin du catéchisme de Heidelberg pour apprendre à ne pas trop s’attacher à ce monde, surtout en ce pays où tout est si plein de fausseté, d’envie et de méchanceté, et où les vices les plus inouïs s’étalent sans retenue ; mais désirer la mort est une chose tout à fait opposée à la nature. […] Après la mort de Monsieur, Madame put vivre davantage à sa guise.
Ils sont venus à nous en se donnant la main, l’oncle et le neveu ; celui-ci nous a raconté, dès notre enfance, la mort mémorable de l’autre. […] Aussi, quoique mort avant le terme, peu de gens ont plus vécu que lui. […] Cette mort, qui se confond avec la catastrophe du Vésuve, lui a donné dans la postérité l’air d’un observateur opiniâtre, et d’un martyr généreux de la science. […] Il avait toujours estimé « qu’une mort subite est la dernière félicité de la vie ». […] Il faut relire ce récit de sa mort dans la célèbre lettre que son neveu écrivit à Tacite sur ce sujet.
Le récit qu’elle a fait de cette mort égale les beaux récits qu’on a des morts les plus touchantes ; il s’y trouve en chemin de ces mots simples et qui éclairent toute une scène : « … Je montai chez elle. […] Je hais comme la mort que les gens de son âge puissent croire que j’ai des galanteries. […] Même quand Mme de La Fayette n’alla plus à Versailles et n’embrassa plus en pleurant de reconnaissance les genoux du roi, même quand M. de La Rochefoucauld fut mort, elle garda son crédit, sa considération : « Jamais femme sans sortir de sa place, nous dit Mme de Sévigné, n’a fait de si bonnes affaires. » Louis XIV aima toujours en elle la favorite de Madame, un témoin de cette mort touchante et de ces belles années avec lesquelles elle restait liée dans son souvenir, n’ayant plus guère reparu à la cour depuis. […] Après l’amour, après l’amitié absolue, sans arrière-pensée ni retour ailleurs, tout entière occupée et pénétrée, et la même que nous, il n’y a que la mort ou Dieu. […] Depuis la mort de M. de La Rochefoucauld, les idées de Mme de La Fayette se tournèrent de plus en plus à la religion ; on en a un témoignage précieux dans une belle et longue lettre de Du Guet, qui est à elle.
La mort n’est qu’un sommeil sans fin. […] Les Grecs aussi craignaient la mort. […] La mort en fut bien aggravée. […] Ils savaient que les morts sont morts et ils se persuadaient parfois que les morts sont vivants. […] Il a vraiment mérité sa mort.
On peut dire que celle-ci est le type du genre : par une idée naturelle, et pourtant nouvelle, Bossuet fait de l’éloge des morts une méditation sur la mort. L’occasion du discours en devient la base : à la lumière de la mort Bossuet regarde les occupations de la vie, par la mort il juge et règle la vie. […] Mais, en se proposant avant tout d’instruire des vivants à l’occasion des morts, Bossuet n’a pas oublié que son office était de faire entendre l’éloge des morts. […] Bossuet est frappé de la mort. La mort est l’immense, universelle, irréparable injustice de ce monde.
. — Poèmes de la mort (1887). […] Ses Poèmes de la mort attestent sa fidélité à un art sévère, au culte respectueux de la rime, à un procédé qui ne laisse rien au hasard. Sa Mort du Centaure, drame lyrique, œuvre désintéressée et volontairement injouable, contient particulièrement de superbes morceaux.
Ce type abrégé et expressif demeure pour représenter les millions d’hommes à jamais obscurs qui ont vécu et sont morts pour se grouper sous ce signe. […] Et, quand on pense que des millions de millions d’êtres sont nés et sont morts de la sorte sans qu’il en reste de souvenir, on éprouve le même effroi qu’en présence du néant ou de l’infini. […] Mortes, mortes à jamais ? […] Et pourtant il n’est pas mort ; car il a servi à esquisser Alexandrie, et Alexandrie demeure un fait immense dans l’histoire de l’humanité. […] En hâtant le progrès, nous hâtons notre mort.
Quant à ma correspondance, ce sera ma honte après ma mort, si on la publie. […] Le 17 mai, jour de la mort du vieux pécheur, au matin, rien n’était signé encore. […] On sait l’importance que les catholiques attachent au moment de la mort. […] Une bonne mort couvre tout. […] La mort de Louis XIV ne fut plus pour moi la fin du monde.
Il séduisait l’homme par la joie, il l’attendrit par la mort qu’il partage et souffre avec lui. […] Ses Ménades ajouteront plus tard à leurs noms celui de « Servantes de la mort » : Ditis famulae. […] Qu’il se garde de mettre le pied dans l’initiation qu’on lui offre, la mort est au bout ! […] Les Mystères Dionysiaques furent interdits, sous peine de mort, dans toute l’ltalie. […] En l’arrachant de la nature pour l’exalter au-dessus d’elle, ses fanatiques l’ont blessé à mort.
À l’heure de la mort, quel fut notre Dieu ?… Une mort nouvelle nous attend. […] Mon père est mort, ma sœur est morte, mon frère est mort. […] Mort de l’aïeule. […] Mort du père du maître de la ferme.
Il nous semble qu’on a vanté trop exclusivement son Petit Carême : l’auteur y montre, sans doute, une grande connaissance du cœur humain, des vues fines sur les vices des cours, des moralités écrites avec une élégance qui ne bannit pas la simplicité ; mais il y a certainement une éloquence plus pleine, un style plus hardi, des mouvements plus pathétiques et des pensées plus profondes dans quelques-uns de ses autres sermons, tels que ceux sur la mort, sur l’impénitence finale, sur le petit nombre des élus, sur la mort du pécheur, sur la nécessité d’un avenir, sur la passion de Jésus-Christ. Lisez, par exemple, cette peinture du pécheur mourant : « Enfin, au milieu de ses tristes efforts, ses yeux se fixent, ses traits changent, son visage se défigure, sa bouche livide s’entrouvre d’elle-même, tout son esprit frémit ; et, par ce dernier effort, son âme s’arrache avec regret de ce corps de boue, et se trouve seule au pied du tribunal redoutable193. » À ce tableau de l’homme impie dans la mort, joignez celui des choses du monde dans le néant. […] Mort du Pécheur, prem. part.
Son œuvre est un poème, sa vie une poésie : en lui naissance, patrie, nature, génie, vie, amour, infortune et mort, tout est d’un poète. […] La jeunesse, en qui la vie semble inépuisable, parce qu’elle est neuve, se complaît à ces images de mort ; elles ne sont pour elle que la mélancolique poésie de la destruction et du renouvellement des choses humaines. […] … Mais Dieu l’a permis ainsi pour punir en elle mes propres iniquités, et pour empoisonner par sa mort le reste des jours, peut-être, hélas ! […] … Je déplore par-dessus tout la promptitude de cette mort, qui n’a été précédée que d’une maladie de trente-six heures, suite, comme je le conjecture, ou du poison ou d’un brisement de cœur. […] Une amitié qui survécut au malheur et à la mort du Tasse, et dont on trouve des traces touchantes dans les lettres du duc d’Urbin, ne tarda pas à éclore entre les deux adolescents.
Si le sbire que tu as blessé est mort, les sbires seront ici en même temps que le jour. […] Un dernier rayon de la lune, à travers les feuilles mortes de la vigne, éclairait ces mornes adieux ; les bras se détachaient pour se resserrer encore. […] il était déjà bien loin sur le chemin de la mort et il ne pouvait entendre la voix de sa mère. […] Regardez ce bel enfant de trois mois qui dort, tout rose, sur sa coupe blanche et toujours pleine ; c’est pourtant un fruit d’une veille de mort. […] mon père et ma tante, le moment où les sbires l’enchaînèrent, le lendemain, là, sur le plancher, et l’entraînèrent à la prison de Lucques en l’accablant d’outrages et de menaces de mort, m’en apprit bien vite plus que je n’en aurais su en trois ans.
C’est elle qui purifie par lui l’atmosphère des miasmes putrides qui soufflent la mort, et qui ranime les corps languissants comme les plantes flétries. […] Puis, desséché par une mort lente, je t’entraînerai sous la terre ! […] toi qui m’as enfantée pour le châtiment des vivants et des morts, entends-moi ! […] — Mais si l’impie revient de son péché, il vivra et ne mourra pas. — Est-ce que je désire la mort de l’impie ? […] Contesté de son vivant, persécuté, exilé peut-être, Eschyle, mort, fut divinisé.
C’est, à ce qu’il semble, l’an 31, et certainement après la mort de Jean, qu’eut lieu le plus important des séjours de Jésus dans la capitale. […] Avant le dernier séjour, de beaucoup le plus long de tous qu’il fit à Jérusalem et qui se termina par sa mort, Jésus essaya cependant de se faire écouter. […] Hillel et Schammaï étaient morts ; la plus grande autorité du temps était Gamaliel, petit-fils de Hillel. […] Après la mort de Jésus, il exprima sur la secte nouvelle des vues très modérées 627. […] Enfin, le laps de huit jours est beaucoup trop court pour expliquer tout ce qui dut se passer entre l’arrivée de Jésus dans cette ville et sa mort.
Voltaire, courtisan et philosophe, acheva et condensa, en ses vers hypocrites, les accusations et les calomnies mortes des partis, et il en raviva les poisons. […] On a le droit de s’étonner du silence des historiens qui ne parlent jamais de l’industrie protestante qu’à propos de la révocation de l’édit de Nantes, sous Louis XIV, et négligent de poser au xvie siècle cette question de vie et de mort qui donne un intérêt si suprême, un instant si marqué, une âme si forte à l’intérêt catholique ! Or, en la posant, cette question, on sort du vague des mots et des idées, on entre dans le vif des faits, on met la main sur la clef de l’Économique de l’époque, on ressuscite le peuple et tout va facilement s’expliquer… La Ligue, ce n’est plus un parti, c’est le peuple, c’est la défense jusqu’à la mort de son patrimoine menacé, de l’héritage de ses enfants, de ce patrimoine sans lequel il se sent spolié dans ses pratiques, ses salaires, ses achats, ses plaisirs, et déshonoré comme vassal industriel des falsificateurs qui, au nom d’un principe nouveau, viennent rompre les cadres de ses robustes catégories. […] Et, type merveilleusement approprié de la politique à double sourire de sa maison, le bon et loyal Henri fut un finaud qui finit par se prendre dans sa propre finesse, car il est mort poignardé pour avoir voulu faire ce qui, plus tard, a perdu sa race, de la conciliation entre les partis et des fusions impossibles. […] À la mort de la duchesse de Beaufort, qu’il allait épouser quand elle mourut, le duc de Retz lui dit en riant qu’il était bien heureux, et que Dieu lui avait fait une fière grâce par cette mort, en lui épargnant une grande sottise, il en convint et se consola si bien qu’en trois semaines Mlle d’Entragues, une gaîté de femme !
— Mort ! […] Il était de ceux qui éloignent, jusqu’au miracle, l’image de la mort. […] et qu’il aimait, en sont morts, près de lui ! […] Mais il redoutait aussi la mort. […] … Finis, morts, disparus !
Est-ce la mort de Socrate du P. […] Turenne est-il mort par un javelot ? […] Racine ne pouvait traiter la mort de Henri III. […] La grande célébrité de La Harpe a commencé après sa mort. […] Quel sujet plus beau et plus touchant que la mort de Jésus ?
Zola affirme, chez Daudet, que le pauvre garçon avait la conscience de son état, le sentiment de sa mort prochaine. […] C’était terrible, ce regard fixe et ce figement de la vie, dit Zola, qui ajoute : « La mort de Flaubert, le foudroiement, voilà la mort désirable ! […] Il continue de parler de la mort, quand sa femme attristée par ses vilains dires, coupe la conversation, mais il y revient encore, disant que pour l’homme qui souffre, l’approche de la mort est l’annonce de la cessation de la souffrance. […] Mais le chien a refusé de manger, est mort. […] Mais à la mort du troisième, l’intérêt baisse dans l’omnibus, et quand elle en arrive à la mort de son quatrième enfant, mangé, au bord du Nil, par un crocodile — et c’est cependant celui qui a dû le plus souffrir, — tout le monde éclate de rire.
La mort néfaste du duc d’Enghien a coûté à des millions de cœurs, en France, des larmes qui n’ont pas demandé de salaire. […] L’épisode de la mort du duc d’Enghien l’avait rejeté d’horreur dans le peu d’opposition qu’on osait faire alors indirectement à la tyrannie. […] Princesse tragique dès son berceau, elle fut triste jusqu’à la mort. […] Qu’importait au monde actuel un poème épique de plus sur les exploits de Bacchus, chanté après coup par un Grec chrétien, comme un écho mort que chanterait une croyance finie ? […] Phryxos mort, ses fils partirent pour aller réclamer en Grèce l’héritage de leur père et pour le venger.
Les biens étaient évanouis, les fils étaient morts dans le dénûment. […] me dit-il, ils sont tous morts, et morts dans le plus complet dénûment ! […] — Tous morts ruinés, monsieur, pour rendre les dots à leurs femmes. — Mon Dieu ! […] En arrivant, six mois après, à Sidney, il trouva le consul mort la veille. […] Je le fis et je lui en donnai la nouvelle quand je reçus celle de sa mort.
» — « Seigneur, lui répond cet homme, laisse-moi d’abord aller ensevelir mon père. » Jésus reprend : « Laisse les morts ensevelir leurs morts ; toi, va et annonce le règne de Dieu. » — Un autre lui dit : « Je te suivrai, Seigneur, mais permets-moi auparavant d’aller mettre ordre aux affaires de ma maison. » Jésus lui répond : « Celui qui met la main à la charrue et regarde derrière lui, n’est pas fait pour le royaume de Dieu 887. » Une assurance extraordinaire, et parfois des accents de singulière douceur, renversant toutes nos idées, faisaient passer ces exagérations. « Venez à moi, criait-il, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous soulagerai. […] Parfois, on est tenté de croire que, voyant dans sa propre mort un moyen de fonder son royaume, il conçut de propos délibéré le dessein de se faire tuer 889. D’autres fois (quoiqu’une telle pensée n’ait été érigée en dogme que plus tard), la mort se présente à lui comme un sacrifice, destiné à apaiser son Père et à sauver les hommes 890. […] Le ton qu’il avait pris ne pouvait être soutenu plus de quelques mois ; il était temps que la mort vînt dénouer une situation tendue à l’excès, l’enlever aux impossibilités d’une voie sans issue, et, en le délivrant d’une épreuve trop prolongée, l’introduire désormais impeccable dans sa céleste sérénité. […] Les traits Matth., X, 38 ; XVI, 24 ; Marc, VIII, 34 ; Luc, XIV, 27, ne peuvent avoir été conçus qu’après la mort de Jésus.
On lit dans les mémoires de Montpensier « qu’immédiatement après la mort de Madame (le 20 juin 1670), le roi et la reine allèrent à Saint-Cloud pour jeter de l’eau bénite sur le corps de Madame ; de là au Palais-Royal pour rendre visite à Monsieur. […] La nouvelle de cette mort, arrivée à la suite de trois années de retraite et de maladie, se perdit dans le mouvement et dans le bruit de la cour et du monde. […] Combien cette mort fait perdre de son esprit et de sa gaîté à l’Amphitryon de Molière ! et quelle condamnation la pure vertu dont la société de Rambouillet avait été l’école, prononça par cette mort sur la conduite de Louis XIV ! […] La duchesse de Richelieu fut nommée dame d’honneur à la place de madame de Montausier, peu de temps après sa mort.
Elle vient d’une grande chose, de la foi qui lui montre l’enfer à œil nu et de l’indignité sentie, qui lui dit qu’il y peut tomber, tandis que la peur d’Edgar Poe est la peur de l’enfant ou du lâche d’esprit, fasciné par ce que la mort, qui garde le secret de l’autre monde, quand la religion ne nous le dit pas, a d’inconnu, de ténébreux, de froid. […] Il n’a pas que le spleen de la vie, il a aussi celui de la mort ! […] Baudelaire, un suicide, la mort bohême, finit la vie bohême d’Edgar Poe. « Un malin, dans les ténèbres du petit jour, raconte amèrement M. […] non, un corps vivant encore, mais que la mort avait marqué de sa royale estampille. […] Le traducteur qui l’a racontée dans la passion ou la pitié qu’il a pour son poëte, a fait de l’histoire et de cette mort d’Edgar Poe une accusation terrible, une imprécation contre l’Amérique toute entière !
Qu’on ne s’en étonne pas : sa mort, aujourd’hui même, nous intéresse plus que toutes ces révolutions qui ne sont pour la plupart que des monuments de férocité ou de faiblesse, et des crimes de mercenaires payés par des tyrans. […] On lui dit qu’il était mort dans une bataille en combattant avec courage ; il remit la couronne sur sa tête, et continua d’offrir de l’encens aux dieux. […] « Évoque devant moi les grands hommes ; je veux les voir et converser avec eux, disait un jeune prince plein d’imagination et d’enthousiasme, à une Pythonisse célèbre qui passait dans l’Orient pour évoquer les morts. » Un sage qui n’était pas loin de là, et qui passait sa vie dans la retraite, approcha et lui dit : « Je vais exécuter ce que tu demandes. […] si je dois vivre, si les jours de Démosthène doivent être conservés, que mes conservateurs soient mon pays, les flottes que j’ai armées à mes dépens, les fortifications que j’ai élevées, l’or que j’ai fourni à mes concitoyens, leur liberté que j’ai défendue, leurs lois que j’ai rétablies, le génie sacré de nos législateurs, les vertus de nos ancêtres, l’amour de mes concitoyens qui m’ont couronné plus d’une fois, la Grèce entière que j’ai vengée jusqu’à mon dernier soupir ; voilà quels doivent être mes défenseurs ; et si, dans ma vieillesse, je suis condamné à traîner une vie importune aux dépens des autres, que ce soit aux dépens des prisonniers que j’ai rachetés, des pères à qui j’ai payé la dot de leurs filles, des citoyens indigents dont j’ai acquitté les dettes ; ce n’est qu’à ceux-là que Démosthène veut devoir : s’ils ne peuvent rien pour moi, je choisis la mort ; cesse donc de me séduire, etc. » J’aime ensuite à voir la pitié de dédain avec laquelle il regarde le courtisan qui le croyait sans défense, parce qu’il n’avait autour de lui ni armes, ni soldats, ni remparts, comme si le courage n’était pas la défense la plus sûre pour un grand homme. […] Il finit par dire qu’il veut renvoyer à Athènes le corps de Démosthène, et que sa tombe sera un plus grand ornement pour sa patrie, que le tombeau de ceux qui sont morts à Marathon.
… Mais laissons dormir les morts. […] Jamais créature humaine ne souhaita plus ardemment la mort. […] c’est la mort : il faut partir. […] Ils s’en allaient comme la mort et Jésus-Christ viennent. […] Venir regarder un mort dans sa tombe avec les yeux de la haine, c’est le profaner, et on doit le respect aux morts.
FAYDIT, [Pierre] Abbé, né à Riom en Auvergne, mort en 1709, esprit bizarre & impétueux, dont on ne lit plus les Ouvrages, malgré le ton d’originalité qui y regne. […] Il fit plusieurs Epigrammes contre la Mort, qui prouvoient que la Mort avoit raison de débarrasser la Société d’un mauvais plaisant, qui en est le plus terrible fléau.
Il sait et célèbre les anniversaires de leur mort. […] Il a vécu en pourceau et est mort de même. […] Néanmoins je vous dirai que mes larmes n’ont pas été à cause de lui tout seul, quelque homme de mérite qu’il soit, mais pour le malheur commun de tout le monde qui perd beaucoup à sa mort. […] Gronovius est mort à Leyden. […] Plempius, célèbre professeur en médecine, est mort… Adieu la bonne doctrine en ce pays-là !
On peut dire que si le rondeau, à cette époque, est mort sous Benserade181, le sonnet a fini avec Saint-Pavin. […] On aime à retrouver tout un monde dans un fraisier ; mais il ne faut pas que le fraisier soit trop desséché ni mort. […] Quoi de plus sévèrement pensé, de plus sérieusement rendu que ce point d’une méditation sur la mort ? Que l’homme connoît peu la mort qu’il appréhende, Quand il dit qu’elle le surprend ! […] Racan, dans ses belles stances sur la Retraite, avait dit : L’âge insensiblement nous conduit à la mort.
Tout cela est un poids mort dans la littérature, comme Cyras ou Clélie, et pour les mêmes raisons. […] Tout le matériel et tout le personnel des vieilles légendes subsista, dûment consacré et baptisé au nom de Jésus-Christ : le pays des morts fut le purgatoire de saint Patrice ; mais l’esprit chrétien ne pénétra pas profondément : tout ce monde merveilleux garda l’intégrité de son âme celtique. […] C’en est fait dès lors : plus fort que leurs volontés, plus fort que le devoir, plus fort que la religion, l’amour souverain les lie jusqu’à la mort. […] Il ne songe pas un moment que derrière l’extérieure bizarrerie des faits il y ait une pensée vraie, un sentiment sérieux : il serait bien étonné si on lui disait qu’il nous a parlé de l’empire des morts, et de héros qui, comme Hercule et comme Orphée, ont été Illuc unde negant redire quemquam, et forcé l’avare roi des morts à lâcher sa proie. […] Ce sera Perceval qui en deviendra le gardien : après sa mort, le Graal remontera au ciel.
Roland, blessé à mort, presque expirant, assomme avec son cor d’ivoire un Sarrasin qui a voulu le lui dérober. […] Roland s’évanouit, quand il voit tomber mort son ami Olivier. […] Un chevalier arrache le cœur de celui qu’il vient de terrasser et le jetant à un cousin du mort, il lui crie : « Vous pouvez le saler et le faire rôtir. » Les rancunes invétérées des vainqueurs sont plus fortes que la mort et le temps. […] Il ne veut pas qu’on les condamne, parce que vivre, c’est agir, et que, sans les passions, l’homme serait voué à l’immobilité de la mort. […] Voir surtout ses Dialogues des morts.
Je n’ai jamais vu un enterrement, où derrière le mort, il soit si peu question de lui. […] La naissance, la vie, la mort, ces trois accidents de l’être ; sont des opérations chimiques. […] Ce papier est la seule mémoire de tant de morts. Né, Marié, Mort, — que d’ombres n’ont que cette biographie ! […] Un chat le suit, blanc comme les animaux qui habitent la mort, comme les souris blanches des cimetières.
Me croit-on mort ? […] Philippe II, le père, répond : C’est que, l’infant étant mort de sa belle mort, le cercueil préparé ne s’est point trouvé assez long, et l’on a dû couper la tête. […] Shakespeare mort, c’est le point mis à la fin du seizième siècle. […] Voltaire mort, c’est le point mis à la fin du dix-huitième siècle. […] au rebut des religions mortes.
Elle fut la cause innocente de la mort de son mari. […] C’était le sujet des Âmes mortes. […] Elle ne devait ressusciter qu’après la mort de l’empereur Nicolas. […] Et la mort de Bazarof ! […] Le père était mort, le maigre patrimoine dispersé entre les enfants, vite évanoui.
DESLANDES, [André-François] de l’Académie de Berlin, mort en 1757, âgé de 67 ans. […] On peut placer dans cette derniere classe celui qui a pour titre : Réflexions sur les Grands Hommes qui sont morts en plaisantant. D’abord, presque tous les Grands Hommes qu’il cite ne le sont pas ; secondement, leurs plaisanteries ne sont pas des plaisanteries ; enfin les réflexions de l’Auteur sur la mort, ne sont pas des réflexions, mais des saillies qui n’ont pas même le ton des saillies.
Ils les aiment morts ou vivants, ils les lisent, ils les écoutent. […] Ils attendent que l’on frappe à la porte, ils attendent que la lampe s’éteigne, ils attendent la Peur, ils attendent la Mort. […] Dans le recueil de ses dernières œuvres on compterait sans doute plus de cinquante vers ainsi finis : oiseaux d’or, cygnes d’or, vasques d’or, fleur d’or, et lac mort, jour mort, rêve mort, automne mort. […] Tu as été la cause de ma mort. […] Pierre Louys a bien senti que ce livre de chair aboutissait logiquement à la mort : Aphrodite se clôt par une scène de mort, par des funérailles.
Terre aimable, tel est le mort que tu possèdes ! […] Et cette existence que tu as si petite, elle est comme écrasée ; elle n’a rien en elle-même d’agréable ; mais elle est plus triste que l’odieuse mort. […] Morts et vivants, il est encor, pour nous unir, Un commerce d’amour et de doux souvenir. […] pourquoi cette jeune fille enlevée par la mort à vingt ans, et qui est là pour simuler l’élégie, pour émouvoir et surprendre la sensibilité des lecteurs et surtout des lectrices ? […] Enfin, un jeune savant de Bordeaux, helléniste de la première distinction, mort depuis, M.
Apollinaire est mort : Breton l’a tuéz. […] Il restera un fantôme ; car sa naissance ne représente pas une origine et la mort ne terminera rien. […] Le titre de l’article d’Élisabeth de Gramont, duchesse de Clermont-Tonnerre, consacré à son ami Remy de Gourmont mort en 1915 est « Tardif envoi de fleurs » (et non de pleurs). […] À la demande d’Apollinaire, il écrit un article sur lui qui paraît quelques jours avant sa mort, le 15 octobre 1918, dans L’Éventail. […] L’allusion à Giraudoux peut renvoyer à ses chroniques littéraires des Feuillets d’art : au premier numéro d’août 1919 il énumère les poètes morts à la guerre et au n° 4 de décembre 1919 il célèbre l’anniversaire de la mort de Charles-Louis Philippe et d’un « poète illustre ».
Stéphane Mallarmé a mis en tête de sa traduction des poèmes d’Edgar Poe8 ce sonnet préliminaire : LE TOMBEAU D’EDGAR POE Tel qu’en Lui-même enfin l’éternité le change Le Poète suscite avec un glaive nu Son siècle épouvanté de n’avoir pas connu Que la Mort triomphait dans cette voix étrange Eux comme un vil sursaut d’hydre oyant jadis l’ange Donner un sens plus pur aux mots de la tribu Proclamèrent très haut le sortilège bu Dans le flot sans honneur de quelque noir mélange Du sol et de la nue hostiles ô grief Si notre idée avec ne sculpte un bas-relief Dont la tombe de Poe éblouissante s’orne Calme bloc ici-bas chu d’un désastre obscur Que ce granit du moins montre à jamais sa borne Aux noirs vols du Blasphème épars dans le futur Qu’est-ce que cela veut dire ? […] Et maintenant voici la traduction que je vous propose : « Redevenu vraiment lui-même, tel qu’enfin l’éternité nous le montre, le poète, de l’éclair de son glaive nu, réveille et avertit son siècle, épouvanté de ne s’être pas aperçu que sa voix étrange était la grande voix de la Mort (ou que nul n’a dit mieux que lui les choses de la Mort). […] Quant au reste, ce sont de vagues, harmonieuses et mystiques rêveries sur l’amour et la mort.
HELVÉTIUS, [Claude-Adrien] ancien Maître d’Hôtel de la Reine, ci-devant Fermier-Général, né à Paris en 1715, mort dans la même ville en 1771. […] Helvétius, la premiere chose que je fais après sa mort, est de l’outrager avec fureur, & de déchirer son cadavre. […] lui qui a attendu sa mort pour relever les erreurs du Livre de l’Esprit, avec une sévérité & une amertume qui décelent plus de haine pour l’Auteur, que d’amour & de zele pour la vérité. Lisez, M., lisez les Questions sur l’Encyclopédie * ; & si vous vous rappelez la maniere dont certains Sauvages traitent leurs ennemis, qu’ils mettent en pieces après leur mort, vous aurez une idée de celle dont l’honnête Philosophe des Alpes a traité cet Ecrivain, jusqu’alors l’objet de ses adulations. » *.
Les éloges qu’on prononce dans les différentes Académies, à la mort de chaque Académicien, sont de bons matériaux pour l’histoire littéraire, pourvu qu’on réduise certaines louanges à leur juste valeur. […] Cet ouvrage contient la liste des Académies établies à Paris & dans les différentes villes du Royaume, & celle des auteurs vivans & des écrivains morts depuis 1751. […] Pour que les mémoires qui concernent les écrivains morts depuis peu, ne s’égarent point, M. […] Le Necrologe des hommes célébres qu’ils publient tous les ans, renferme les éloges historiques des gens de lettres & des artistes morts dans l’année.
depuis que le roi est mort ! […] Tout s’est évanoui ; tout a disparu, tout est mort ! […] Nous et nos œuvres nous devons le tribut à la mort ! […] Que ces gens-là soient vieux ou jeunes, beaux ou laids, vivants ou morts, qu’importe41 ? […] Ils n’ont jamais pu se réunir, et se retrouver, une seule fois, avant leur mort, depuis la première irruption du Vésuve, en 1789 !
. — Flammes mortes (1888). — Poèmes complets d’Edgar Poe, traduction (1891). — Lawn Tennis (1891). — L’Automne, trois actes, en collaboration avec Paul Adam (1893). — L’Embarquement pour ailleurs (1893). — Passé le Détroit (1895). — Les Brisants (1896). — L’Œuvre nuptial (1896). — Trois Cœurs, un acte (1897). — Cœurs en détresse (1898). — Les Arts de la vie et le Règne de la laideur (1899). […] Gabriel Mourey a traduit dans ses Flammes mortes, avec le vocable rare d’un moderniste exquisément inspiré. […] Jean Lombard Un poète d’un charme alanguissant, d’un esprit plutôt septentrional que chauffé à blanc par nos soleils méridionaux, telles sont les Flammes mortes de M.
Baudouri, [Joseph] Jésuite, né à Vannes en 1710, mort à Paris en 1749. […] Si sa carriere n’eût été abrégée par une mort prématurée, il eût pu figurer parmi nos excellens Orateurs, quoiqu’il n’ait fait que des Discours Latins. […] Baudot de Juilli, [Nicolas] né à Vendôme en 1678, mort en 1759.
L’idée unique de Baudelaire est l’idée de la mort ; le sentiment unique de Baudelaire est le sentiment de la mort. […] Obsédé et assoiffé de la mort, Baudelaire, sans être chrétien, nous rappelle le christianisme angoissé du xve siècle : par une propriété de son tempérament, la mort qui est sa pensée, la mort qui est son désir, c’est la mort visible en la pourriture du corps, la mort perçue sur le cadavre par l’odorat et le toucher. […] Il n’y a que la mort. En certains endroits, un accent personnel se laisse sentir, et certain appel à la mort, certaine effusion de pitié sur les vivants, nous découvrent l’âme douloureuse du poète.
Mais les générations venues depuis sa mort ne savent plus bien ce qu’était ce personnage intrépide et inachevé, si souvent invoqué comme chef dans les luttes politiques, cet écrivain dont il ne reste que peu d’ouvrages et un souvenir si supérieur à ce qu’on lit de lui. […] Le premier conseil de guerre s’étant déclaré incompétent, il fut traduit devant un second, qui eut ordre de passer outre, et il fut condamné à mort. […] Mais, auparavant, j’ai à parler d’un article qu’il donna à la Revue de Paris en juin 1830, et qui, sous ce titre : « Une mort volontaire », contenait des réflexions inspirées par le suicide du jeune et malheureux Sautelet. […] Pour mieux dégoûter du suicide, l’ami ne craint pas de nous montrer l’impression d’horreur que cause même aux indifférents la vue d’un homme jeune et beau, d’une noble créature qui a ainsi attenté contre elle-même, et qui a tout fait pour dégrader et dévaster son image (jusque dans les traits qu’une mort ordinaire et naturelle sait respecter. […] Dans ces pages de Carrel sur Une mort volontaire, il a passé comme un frisson d’épouvante.
Mais quand l’homme est mort et dissous, où est l’homme ? […] L’homme une fois mort, pensez-vous qu’il revive ? […] « L’enfer et la mort ont dit : Nous en avons ouï parler. […] « Les portes de la mort se sont-elles ouvertes devant toi ? […] pourquoi, misérable que je suis, n’ai-je pas trouvé la mort ?
Il y a eu de nos jours, et dans un intervalle de peu d’années, trois belles morts, trois morts généreuses, égales à tout ce qu’on peut admirer en ce genre dans le passé, et qui laissent ceux qui ont succombé dans une attitude historique suprême, plus grands qu’il ne leur avait été donné de paraître jusque-là dans leur vie ; la mort de M. Affre, archevêque de Paris, sur les barricades ; la mort de M. […] il emporte jusque dans la mort la conscience d’avoir vécu. […] Je n’ai eu à regretter que deux morts et quelques blessés. […] Il agissait et vivait à tous les instants, la mort dans le cœur, le calme sur le front.
FERRAND, [Antoine] Conseiller à la Cour des Aides de Paris, sa patrie, mort en 1719, âgé de 42 ans. […] Parmi ses Poëmes, on doit distinguer le Temple de la Mort, & les Tombeaux. Aucun homme de Lettres n’oubliera ce Vers si caractéristique, où, d’un seul trait, digne de Michel-Ange, il peint le Temple de la Mort, Le Temps, qui détruit tout, en affermit les murs.
Il faut du nerf dans l’esprit, et une autorité efficace… » Fénelon écrivait cela au duc de Chevreuse, quinze jours avant la mort du prince qui était dans sa trentième année ; c’est un dernier mot, et qui revient à dire que le duc de Bourgogne a besoin de coup d’œil, de dominer sa matière, de ne pas s’y perdre et s’y noyer. […] En avril 1711, à la mort de son père, le duc de Bourgogne devint le Dauphin immédiat, et, comme le dit M. […] Ce règne en espérance dura moins d’une année, et lui-même il fut enlevé par une mort soudaine en février 1712. […] Muni de ces leçons si dures dans le rang suprême, dont sa vertu et son excellent esprit avaient su si bien profiter, il se trouva, à la mort d’un père que sa piété lui fit regretter, l’unique appui et repos de l’âge avancé du roi, qui n’eut plus pour lui de réserve, qui ordonna à tous ses ministres d’aller travailler chez lui, de lui rendre compte de tout sans exception, de recevoir même ses ordres comme les siens sur les affaires qu’il lui renvoyait et dont il se déchargeait sur lui en grand nombre. […] De toute cette discussion, et sans nous y engager, il résulte bien clairement qu’au moment où le duc de Bourgogne se vit Dauphin par la mort de son père, bien des ambitions et des espérances se donnèrent carrière à son sujet, qu’on dévora en idée ce règne futur et qui paraissait si rapproché et immanquable ; que bien des honnêtes gens et de vertueux utopistes crurent que leur heure, d’une minute à l’autre, allait sonner, et qu’il se fit dans ces têtes ardentes, et en vue de leur idée favorite, bien des rêves de pot au lait qu’un souffle de fièvre maligne renversa.
Étouffant toute personnelle sympathie, ils atteignirent, d’emblée, une quasi-férocité : Flaubert, que nous retrouverons maintenant à chaque pas de notre étude, car il fut par excellence antithétique et divers, adressait à Feydeau, au sujet de la mort prochaine de Madame Feydeau, cet encouragement décisif : « Pauvre petite femme ! […] Retrouver aujourd’hui cette prononciation enfantine, entendre sa voix comme je l’ai entendue dans ce passé effacé, lointain, où les souvenirs ne rencontrent que la mort, cela me fait peur ». […] Lundi 20 juin, 5 heures du matin : Le petit jour glisse sur sa figure qui a pris le jaune briqué et terreux de la mort. […] Il est mort après deux ou trois doux soupirs de la respiration d’un petit enfant qui s’endort… » On ne pouvait mieux réaliser les plus avancés desiderata de l’Impassibilité scientifique. […] Mais le poumon s’ulcère ; puis survient la phthisie qui détermine la mort.
La mort étend sa main glacée sur les rois ; le sceptre et la couronne tombent à terre et gisent dans la poudre, confondus avec la pauvre faucille et la bêche. […] Ils abattent encore un ennemi ; puis, tôt ou tard, ils succombent, et, se traînant pâles captifs, rendent à la mort le dernier soupir. […] Sur l’autel sanglant de la mort le vainqueur est immolé en sacrifice. […] à soudaine mort nous filons ta toile ; la trame est achevée. À soudaine mort nous dévouons la moitié de ton corps.
Ils ne vénèrent, il est vrai, que leurs illustres morts, et se montrent plus qu’indifférents pour les morts ordinaires, même pour les morts qu’ils ont aimés ; rien n’est odieux à mes yeux comme leurs cimetières de village ! […] Ici l’on passe ; là-bas où vous êtes, on existe, on s’aime, on s’apprécie, on se comprend, on se respecte jusques après la mort. […] Raspail, qui avait continué de vivre en Belgique, à la nouvelle de cette mort, ait écrit cinq jours après au fils de la chère défunte cette lettre pathétique et grave, qui mérite de rester attachée à sa mémoire comme la suprême oraison funèbre : « Monsieur, j’ai lu et relu, les yeux remplis de larmes, votre pieuse lettre ; c’est le dernier adieu que votre illustre mère vous a chargé de me transmettre, vous, le légataire universel de ses souvenirs, de ses affections et de ses grandes qualités. […] … » — « Je ne suis consolée en ce moment par le bonheur de personne, disait-elle encore ; le bonheur d’autrui serait ma force. » — Un proverbe valaque l’avait frappée : Donne jusqu’à la mort.
Il a parlé de la mort : toujours on sent Horace, ou Sénèque, ou la Bible derrière lui. […] La mort de son fils Marc-Antoine l’affola : bien des années auparavant, il avait écrit à sa femme, sur la mort de leur fille, une lettre déchirante. […] Il dit aussi les grands lieux communs de la vie et de la mort ; il les dit en apparence sans intérêt personnel, dérobant la particularité de ses expériences sous l’impersonnelle démonstration de la vérité générale. […] La mort l’attrapa sur l’arrondissement d’une période, et l’an climatérique l’avait surpris délibérant si erreur et doute étaient masculins ou féminins. […] Non, et bien au contraire ; car sa règle était l’usage, l’usage présent et vivant sans doute, non pas l’usage des gens qui étaient morts depuis trois quarts de siècle.
L’aîné tombe au champ d’honneur. « Sa mort m’encourage, écrit le cadet ; désormais nous serons deux. » A son tour, il est frappé ; alors, le vieillard se présente au Temple et veut monter en chaire. […] Il prêche, il tire argument de ses morts pour réconforter les fidèles de Castres. […] Là-dessus, il médite : « C’est une dure mort, comme disent les mineurs, que celle que nous provoquons ! […] Vous ne porterez pas notre deuil, car nous serons morts le sourire aux lèvres et une joie surhumaine au cœur. […] « La mort de Francis Monod, m’écrit M.
. — Sa mort. — Les martyrs sous Marie. — L’Angleterre est désormais protestante. […] Nos cheveux tombent ; toilette funèbre qui annonce un homme entré bien avant dans la région et les domaines de la mort. […] Ainsi chaque repas nous sauve d’une mort et prépare à une autre mort la pâture. […] qu’il n’en soit plus ainsi, et que je ne retourne jamais aux folies dont je suis humilié, qui amènent le chagrin, et la mort, et ton déplaisir pire que la mort ! […] « Ô éloquente, juste et puissante mort !
N’est-ce pas misère que la brièveté où mène la longue durée de l’existence (car tout ce qui finit par la mort est court, la mort n’a point d’âge ; à la pensée de celui qui meurt, c’est un songe) ? […] « — Dieu est peut-être mort, disait un jour à celui qui écrit ces lignes Gérard de Nerval, confondant le Progrès avec Dieu, et prenant l’interruption du mouvement pour la mort de l’Être. […] Elle se sert de la mort, chose grave. […] La mort sur la barricade, ou la tombe dans l’exil, c’est pour le dévouement un en-cas acceptable. […] Le dernier mot d’une société bien faite ne peut pas être la mort !
Plus tard, lorsqu’après être allé étudier en Suisse, il revint en France en qualité de ministre de l’Évangile, la première nouvelle qu’il apprit en remettant le pied dans sa patrie fut l’exécution du ministre Rochette, condamné à mort par le Parlement de Toulouse, pour avoir fait la cène, baptisé et marié des protestants ; il ne recula pas néanmoins devant le péril de son ministère, et se mit à prêcher dans les campagnes. […] Alors comme dans la suite, c’était toujours le même homme, soit que pour enseigner la modération aux siens il bravât la mort, soit qu’il la subît pour ne pas proscrire. […] En présence du tribunal inique, il lui lança de vertueuses invectives ; il monta sur la charrette, le sarcasme à la bouche ; et parmi tant de cruelles morts, la mort de cet homme bon fut une des plus amères, parce qu’à ses derniers moments il désespéra de la patrie.
) On a, de nos jours, comme sans doute on a eu de tout temps, la manie de grossir la vie et les mérites des hommes qui sont morts appartenant à une école, à un parti ou à une communion. […] Hégésippe Moreau est mort pauvre, à l’hôpital ; poète de sensibilité et de talent, il intéresse par ses écrits et par son malheur. […] Quand un poète est mort, on ne lui ménage pas les lignes. […] C’est un de nos morts… Je prends dans ces lignes toute la part qui m’en revient et qui est à mon intention : cette part, c’est l’envie, l’égoïsme, la médiocrité, la camaraderie ; c’est d’être un compilateur hypocrite, un écrivain à teintes grises, que sais-je encore ?
La gravité de l’histoire ne permet pas de scruter anecdotiquement les contes sur la mort de l’amie de Voltaire. […] Plus la mort semble approcher, plus le flot se clarifie, plus le crépuscule réfléchit d’aurore matinale dans les splendeurs de ce soleil couchant. […] Au-dessous de lui, dans la nue, L’étendard de sa mort, la croix brille à mes yeux. Sous ses pieds triomphants la mort est abattue, Des portes de l’enfer il sort victorieux. […] Voltaire ne voulait pas plus de la voirie après sa mort que de l’échafaud pendant sa vie.
Olier conçoit comme l’idéal de la vie du chrétien ce qu’il appelle « l’état de mort ». Qu’est-ce que l’état de mort ? […] Olier imagine comme bien supérieur à l’état de mort l’état de sépulture. […] À défaut du martyre, il courtisa si bien la mort, que cette froide fiancée, la seule qu’il ait aimée, finit par le prendre. […] C’était l’année de la mort de M.
Elle est née le 27 novembre 1635, dans la prison de la conciergerie de Mort, où son père était renfermé. […] À la mort de Scarron, sa veuve se trouva dans le besoin. […] À la mort de Scarron madame d’Albret et madame de Richelieu offrirent à l’envi un logement dans leur hôtel a sa veuve, qui préféra de se retirer dans un couvent. […] Elle la perdit en 1666, à la mort de cette princesse. […] Suivant Auger, Scarron n’aurait épousé Françoise d’Aubigné qu’en 1658, à l’âge de 23 ans, puisqu’il suppose que Scarron, mort en 1660, mourut 2 ans après son mariage.
ils laissèrent les morts ensevelir les morts, les néo-parnassiens ressasser les parnassiens d’antan et, libres, confiants en eux-mêmes, ils s’élancèrent à la conquête d’une Beauté nouvelle, de leur Beauté ! […] Mort, vous, Toi, dieu parmi les demi-dieux ! […] Sournoise, elle s’infiltre ; elle est la mort au bonheur ! […] Et ils vaticinent, les fous, la mort du sol, la fin des germes, et que la terre est condamnée. […] … L’écho des jours perdus est mort en ma mémoire.
] né à Fontenoy-le-Château, près de Nancy, en 1750, mort à Paris en 1780. Celui-ci, mort dans son printemps, avoit un véritable talent pour la Poésie & sur-tout pour la Satire. […] On sait qu’il est devenu sou des suites d’une chute de cheval, & qu’il est mort peu de temps après, pour avoir avalé, dans sa démence, la clef de son logement.
Mais la mort prématurée de Caïus et de son frère Lucius vint tout changer. […] Le sénat le jugea digne de mort ; et il fut exécuté dans sa prison. […] Cette mort parut enlever une dernière protection aux Romains. […] À Rome on acquérait le même droit en se donnant la mort. […] Mais la mort du protecteur vint le distraire.
Fior d’Aliza commençait déjà à aller ramasser le bois mort, dans le petit bois de lauriers, pour cuire les châtaignes dans la marmite de terre, et Hyeronimo commençait aussi à remuer la terre pour y semer le maïs et le millet. […] Est-ce que le bois mort dans les bois de lauriers n’appartient pas à celle qui le ramasse, comme l’épi oublié à la glaneuse ? […] Fior d’Aliza se recula comme si elle avait vu le dard d’un serpent sous le bois mort. […] Ces belles larges feuilles qui étaient bien à nous, puisque leurs pampres nous avaient cherchés de si loin pour s’accrocher à nos tuiles sur le toit et à nos piliers de pierre devant la porte, et jusqu’aux lucarnes de la chambre haute de Fior d’Aliza, où elles se glissaient par les fentes du volet ; ces beaux sarments serpentant qui faisaient notre ombre l’été, notre gaieté l’automne, notre joie sur la table l’hiver, nous caressaient pour la dernière fois comme un chien qui meurt en vous léchant les pieds ; morts non pas pour tout le monde, monsieur, mais morts pour nous. […] c’est trop vrai, ajouta-t-il en levant les mains au ciel et en regardant les feuilles mortes qui n’avaient plus la force de supporter le poids de leurs lourdes grappes flétries.
Et sa virtuosité est telle qu’il se plaît, dans le Dialogue de Monos et Una, au tour de force de dégrader, par d’infinies atténuations, la vie cérébrale d’un mort récent, de sa plénitude au néant. […] Liyeïa ne semble transposer quelques-uns des incidents de la mort de sa femme, que prophétiquement ; car il l’écrivit avant que les rechutes et les guérisons successives de Virginie Poe pussent lui fournir le modèle des altérations par lesquelles passe le cadavre de Lady Rowena. […] Ayant perdu dans son enfance une femme qui lui témoignait quelque affection, il passa de longues nuits couché sur cette tombe, et eut le temps, pendant ces lamentables veilles, de méditer les hideurs de la putréfaction, et de concevoir l’idée, fréquente dans ses contes, de la persistance du sentiment après la mort. […] Bedloe, on se rappelle de quelle façon équivoque celui-ci, ayant raconté que dans une vision opiacée il s’était vu tomber mort, refusa de répondre quand on lui fit remarquer qu’il venait de prouver l’inanité de son hallucination. […] Les sombres allégories du Palais hanté, du Ver conquérant, de la Cité en la Mer voilent les images de la Folie, de la Mort, du Jugement dernier, sous la noire dentelle de leur style.
de quelle nature est celui qui, pour son ambition, a pu donner la mort ? […] On se demande pourquoi, dans un état si pénible, les suicides ne sont pas plus fréquents, car la mort est le seul remède à l’irréparable ? […] Si l’on quitte la vie pour échapper aux peines du cœur, on désire laisser quelques regrets après soi ; si l’on est conduit au suicide par un profond dégoût de l’existence qui sert à juger la destinée humaine, il faut que des réflexions profondes, de longs retours sur soi, aient précédé cette résolution ; et la haine qu’éprouve l’homme criminel contre ses ennemis, le besoin qu’il a de leur nuire, lui feraient craindre de les laisser en repos par sa mort ; la fureur dont il est agité, loin de le dégoûter de la vie, fait qu’il s’acharne davantage à tout ce qui lui a coûté si cher. […] Le courage, qui fait braver la mort, n’a point de rapport avec la disposition qui décide à se la donner : les grands criminels peuvent être intrépides dans le danger, c’est une suite de l’enivrement, c’est une émotion, c’est un moyen, c’est un espoir, c’est une action ; mais ces mêmes hommes, quoique les plus malheureux des êtres, ne se tuent presque jamais, soit que la Providence n’ait pas voulu leur laisser cette sublime ressource, soit qu’il y ait dans le crime une ardente personnalité qui, sans donner aucune jouissance, exclut les sentiments élevés avec lesquels on renonce à la vie. […] il serait si difficile de ne pas s’intéresser à l’homme plus grand que la nature, alors qu’il rejette ce qu’il tient d’elle, alors qu’il se sert de la vie pour détruire la vie, alors qu’il sait dompter par la puissance de l’âme le plus fort mouvement de l’homme, l’instinct de sa conservation : il serait si difficile de ne pas croire à quelques mouvements de générosité dans l’homme qui, par repentir, se donnerait la mort ; qu’il est bon que les véritables scélérats soient incapables d’une telle action ; ce serait une souffrance pour une âme honnête, que de ne pas pouvoir mépriser complètement l’être qui lui inspire de l’horreur.
Madame de Montausier y fut rappelée quelques mois avant lui par la mort de son père. […] Dirai-je que la mort de Voiture, arrivée dans la même année 1648, cette mort pour laquelle l’Académie française avait pris le deuil, fit aussi un vide dans l’hôtel de Rambouillet ? […] Quelques années avant, elle avait perdu, comme nous l’avons dit, son second fils, mort de la peste entre ses bras. […] C’était un homme avec qui il fallait compter, pour qui le roi n’eut toujours des égards infinis et beaucoup de confiance, et monseigneur une déférence totale tant qu’il vécut, et qui bien que peu affligé de sa mort, a conservé toujours pour tout ce qui lui a appartenu, et jusques à ses domestiques, toutes sortes d’égards et d’attentions. » Saint-Simon ajoute à ces graves notions, celle-ci, qui n’est pas sans mérite : « La propreté de M. de Montausier, qui vivait avec une grande splendeur, était redoutable à sa table, où il avait été l’inventeur des grandes cuillers et des grandes fourchettes qu’il mit en usage et à la mode. »
Il ne pensa jamais à être de pied en cap un historien… Il est mort même sans avoir publié ces notules historiques, qu’il avait peut-être préparées pour d’autres plumes que la sienne, tout en se contentant d’initier les autres, de les renseigner, de les instruire, de venir en aide à quelque bon travail futur, et, par ce côté-là encore, éternellement professeur ! […] Pour toutes les questions de la vie ou de la pensée, c’est toujours ou la mort sans phrases, ou la mort avec des phrases et des sursis, que nous agitons ! […] Il n’échappa au lieu commun de la mort du temps qu’en s’engageant dans la marine, et l’ironie qui gouverne le monde fit du professeur de beau langage, du doux Ionien de la rhétorique que nous avons connu, un matelot à bord du Brûle-Gueule… Je n’oserai jamais dire un rude matelot ! […] Il souscrit au mot ivre de Valady : « Barbaroux, cet étourdi sublime, qui dans dix ans sera un grand homme. » Sa mort l’empêcha de tromper cette espérance : les dix ans ne seraient jamais venus !
Loin de ce tumulte impur des fêtes de Néron, si l’âme poétique palpitait encore, c’était dans quelques vers obscurs et mélancoliques de Perse, mort à trente ans, ou dans quelques indiscrets élans de Lucain, tué, plus jeune encore, par la tyrannie qu’il avait cru pouvoir impunément flatter. […] L’émotion des auditeurs est extrême, dans la liberté de l’ivresse ; et Néron, qui a compris la plainte, n’a plus qu’à l’étouffer par une prompte mort. […] Le poids de la mort est lourd à celui qui, trop connu de tous, meurt sans se connaître lui-même. » Rien de moins fécond et de plus monotone que cette passion du repos et de l’oubli sur la terre, quand elle ne se tourne pas en aspiration vers le ciel. […] À peine était-il né, et, rampant sur terre, avait-il jeté un faible cri, que dans son sein Calliope le reçut, et dépouilla pour la première fois le long deuil d’Orphée : Enfant, dit-elle, consacré désormais aux Muses, et bientôt supérieur aux poëtes antiques, ce ne sont ni les fleuves, ni les bêtes féroces, ni les forêts gétiques, que tu remueras de ta lyre ; mais les Sept Collines, le Tibre du dieu Mars, les chevaliers et le sénat vêtu de la pourpre, tu les entraîneras par l’éloquence de ton chant. » Le poëte alors rappelait ces premiers essais de Lucain qui lui valurent la jalousie de Néron, et ce poëme inachevé qui lui mérita la mort. […] et, à la voix de Polla, obtiens, je t’en supplie, un jour, par la grâce des dieux infernaux… loin d’ici la mort !
Mais il me semble que la Prière de Jules Tellier à la mort est un poème que nos anthologistes pourraient dès aujourd’hui recueillir. […] Maurice Barrès En juin 1889 est mort un jeune homme de vingt-six ans, M. […] [Préface à : Du sang, de la volupté et de la mort (1894).]
Mort de M. […] Alexandre Vinet est mort le 4 mai (1847) à Clarens ; il n’avait guère que cinquante ans. […] Lorsque nous venions parler, il y a quelques mois, de la mort de Rodolphe Topffer, enlevé à la veille même de la révolution de Genève, nous aurions pu dire qu’il y avait eu une opportunité du moins dans cette mort si prématurée, et, rappelant d’immortels et classiques passages, nous aurions pu, sans parodie, nous écrier qu’il n’avait pas eu du moins la douleur de voir le Sénat assiégé et les magistrats réduits par les armes : Non vidit obsessam Curiam et clausum armis Senatum… En parlant de la sorte, nous n’aurions rien dit d’exagéré.
Chapitre ii Et réapparaissent à l’armée Chaque jour des soldats arrivent du dépôt dans la zone de mort. […] Ils semblent avoir hâte de se dire les uns aux autres ce que la vie et la mort soulèvent en eux de réflexions. […] On parle du lendemain, de l’attaque, de la vie, de la mort, du bon Dieu, et l’on se sépare après avoir fait ensemble la prière du soir. » (Bulletin de l’Association de la jeunesse catholique française.) […] Mais ces morts ne seront pas stériles. » Un de ces combattants écrit : « Nous devons conclure des immenses pertes que fait notre association, non à une désorganisation, mais à un avenir plus beau que son passé ; il rapportera beaucoup de fruits, le grain sélectionné qui est confié en telle abondance à la terre bénie de France. »
L’unité de l’Allemagne serait la crise incessante et le danger de mort perpétuel de la France. […] L’émigration en pays ennemi sauva seule de la mort l’antagoniste de l’émigration. […] La Russie, l’Autriche et l’Angleterre continuèrent seules le duel à mort contre les armées et les escadres de la république. […] La guerre à mort est désormais la seule diplomatie entre les deux peuples. […] Que le courrier de la France nous apporte aujourd’hui la nouvelle du renvoi ou de la mort de M.
Tous ces encouragemens ne firent pas beaucoup de fruits dans un païs où un regard affable du souverain suffit pour envoïer vingt personnes de condition affronter gaiement sur une breche la mort la moins évitable. […] Lucain le seul homme de lettres distingué qui ait été mis à mort dans ces temps-là, fut condamné comme conspirateur et non pas comme poëte. La mort de Lucain dégoûta-t-elle ceux qui avoient du génie de faire des vers ? […] La mort de Domitien fut l’ouvrage d’un complot de valets, et le lendemain de sa mort Nerva regnoit déja paisiblement. […] Quel homme eut été le maréchal De Guebriant sans la mort prématurée qui l’enleva dans la force de son âge ?
Le devoir de chaque génération est d’enterrer ses morts et de célébrer plus particulièrement ceux qui ont droit à des honneurs distingués. […] Il traitait les langues étrangères et les maniait comme livres et papiers, comme il eût fait des langues mortes, non comme parlantes et vivantes. […] Il ne quitta cette étroite et sombre rue Serpente, où le jour manquait, qu’après la mort de l’aïeule. […] L’idée de la mort, d’une mort très-prochaine, lui était continuellement présente. […] » Il avait projeté, avant d’en être réduit à cette extrémité, un travail sur la Danse des morts au Moyen-Age, et il avait prié un des employés de la Bibliothèque, M.
Un peu après, quand Gustave, passant durant la nuit près de la chambre de Valérie, chastement sommeillante, ne peut résister au désir de la regarder encore une fois, et qu’il l’entend murmurer en songe les mots de Gustave et de mort, c’est là un songe officiel de roman, c’est de la fable sentimentale toute pure, couleur de 1803. […] Ce trait est bien de celle qui, femme du monde, s’était figuré volontiers que Gustave ou quelque autre était mort d’amour pour elle211. […] répliquait quelqu’un devant qui elle disait que le jeune homme était mort ; mort ? […] mon très-cher, s’écriait-elle avec sa grâce naturelle, s’il n’est pas mort, il n’en est guère mieux pour cela. » 212. […] Les illustres Mémoires produiront une lettre tout affectueuse, tout empressée, qu’elle lui adressait à Rome sur la nouvelle de la mort de Mme de Beaumont.
On le crut mort ; les cris d’effroi et de douleur retentirent jusqu’au village d’Arcey. […] Les grandes émotions, même celle de la mort, sont lyriques. […] Leurs âmes s’envolèrent dans deux strophes dont la cadence musicale faisait un horrible contraste avec la mort. […] Elles donnaient l’élan, elles doublaient les forces, elles voilaient la mort. […] Il échappa avec peine à la mort.
Sophie de Lyonne et Juliette de Vivarez sont les premières que cite M. de Surville ; elles étaient même connues de Clotilde avant la mort de Bérenger. […] La mort révolutionnaire l’y épiait et l’y surprit. […] Possible atout que, sur l’amaz des tiens, Entre les morts… ta despouille sanglante… Arreste ! […] En 1495, près de sa mort, elle ravive sa verve héroïque et elle adresse au Rhône ces strophes où revivent sa fidélité et son adoration pour Charles VIII, son roi et son héros. […] » Ainsy, bravant la mort qui jà vous environne, Fondez sur l’ennemy lasche et présomptueulx.
État de la poésie française après la mort de Marot. […] État de la poésie française après la mort de Marot. […] Tel était, depuis la mort de Marot, l’état de la poésie française. […] Il parut cinq ans après la mort de Marot, et deux ans après l’Art poétique de Sebilet. […] Mort en 1502.
Mais sa spécialité est le coloriage des enfants morts. […] » Et il disait cela, les yeux clignotants avec dedans un regard blessé — et triste comme la mort. […] Je vois la tombe d’un fils, que le père a eu l’idée d’entourer de deux étages de sonnettes percées de petits trous, qui doivent, par les grands vents, bercer le mort de leur musique éolienne… C’est beau tout de même cette nécropole polonaise, sur laquelle toutes ces âmes, veuves de la patrie, ont jeté ce cri posthume : Exoriatur nostris ex ossibus ultor … Puis le marquis de Bouillé à côté d’Alcide Tousez, les jeux de la Mort et du Hasard. […] Et le vieux pommier aux pommes vertes, criantes sous la dent, est mort… Mais, toujours, le pavillon de la Ganachière commande la passerelle de fil de fer qui bondit sous le pas, et l’immense vigne vierge lui est toujours un manteau, vert au printemps, pourpre à l’automne. […] Trois statues de la Mort.
Racan, [Honorat de Beuil, Marquis de] l’un des premiers reçus à l’Académie Françoise, né à la Roche-Racan en Touraine en 1589, mort en 1670. […] Cette mort, qui promet un si digne loyer, N’est toujours que la mort qu’avecque moins de peine L’on trouve en son foyer.
Elle devint même la cause innocente de nouveaux malheurs pour ce pays qu’elle chérissait, lorsqu’à la mort de son père et de son frère, celui-ci n’ayant pas laissé d’enfants, Louis XIV, à cause d’elle, éleva des prétentions sur le Palatinat. […] Louvois a fait brûler dans le Palatinat ; je crois qu’il brûle terriblement dans l’autre monde, car il est mort si brusquement qu’il n’a pas eu le temps de se repentir. » Sa vertu en de telles conjonctures fut de rester fidèle à la France et à Louis XIV, tout en se sentant déchirée dans cette intime et secrète partie d’elle-même. […] Un des orateurs qui ont célébré Madame à l’époque de sa mort, son aumônier (l’abbé de Saint-Géry de Magnas), a dit à ce sujet : Demandée en mariage pour Monsieur par Louis XIV, la condition principale fut qu’elle embrasserait la religion catholique. […] C’est ainsi qu’apprenant que cette princesse s’est évanouie de douleur à la nouvelle subite de la mort de l’électeur palatin, son père, Mme de Sévigné badine là-dessus : « Voilà Madame à crier, dit-elle, à pleurer, à faire un bruit étrange, on dit à s’évanouir, je n’en crois rien ; elle me paraît incapable de cette marque de faiblesse ; c’est tout ce que pourra faire la mort que de fixer tous ses esprits. » Fixer tous ses esprits, parce que ses esprits (dans la langue de la physique du temps) étaient toujours en mouvement et en grande agitation. […] C’était à la mort de Monsieur (juin 1701).
Si Bertrand fût mort en 1830, vers le temps où il complétait les essais qu’on publie aujourd’hui pour la première fois, son cercueil aurait trouvé le groupe des amis encore réunis, et sa mémoire n’aurait pas manqué de cortège. Au lieu de cette opportunité du moins dans le malheur, il survécut obscurément, se fit perdre de vue durant plus de dix années sans donner signe de vie au public ni aux amis ; il se laissa devancer sur tous les points ; la mort même, on peut le dire, la mort dans sa rigueur tardive l’a trompé. […] C’est un devoir à chaque groupe littéraire, comme à chaque bataillon en campagne, de retirer et d’enterrer ses morts. […] Il avait plus d’un rapport, en ces moments, avec le peintre paysagiste La Berge, mort d’épuisement sur une herbe ou sur une mousse. […] Ainsi mon âme est une solitude où, sur le bord de l’abîme, une main à la vie et l’autre à la mort, je pousse un sanglot désolé.
On publia en 1730, sous le titre bizarre d’Histoire de la mère et du fils, c’est-à-dire de Marie de Médicis et de Louis XIII, un fragment d’histoire commençant à la mort de Henri IV, et qu’on attribua à Mézeray, par la raison que le manuscrit s’était trouvé à sa mort parmi ses papiers. […] La haute fortune de Richelieu dut s’y prendre à deux fois avant de réussir : « Il y a des temps, dit-il énergiquement, où la fortune commence et ne peut achever son ouvrage. » La France, depuis la mort de Henri IV, était retombée du régime le plus florissant et le plus prospère dans la situation la plus misérable. […] Dès le lendemain de la mort de Henri IV, la reine avait pu reconnaître la faiblesse de ses conseillers : il s’agissait de publier une déclaration conçue au nom du feu roi, pour la proclamer immédiatement régente ; Villeroy, plus hardi, offrait de dresser la pièce et de la signer ; le chancelier de Sillery, qui avait le cœur de cire , dit Richelieu, ne voulut jamais la sceller, et sa raison fut que, s’il le faisait, le comte de Soissons s’en prendrait à lui et le tuerait. […] Les affaires étaient en cet état, et le parti des princes aussi bas que possible, lorsque tout changea en un clin d’œil par la mort du maréchal d’Ancre, qui fut tué le 24 avril 1617 par ordre du roi et à l’instigation de Luynes. […] Il nous fait voir l’insolence qui, à cette mort d’un favori, n’a fait que changer de sujet.
À peine mort, les créanciers, qui sont les mouches de tout cadavre, s’abattirent sur le sien. […] Ce n’est plus le désespéré qui serait mort chaque jour si, chaque soir, en prenant la plume, il n’avait pas tenu sa vengeance ! […] Mais les profonds comme Saint-Simon, mais les zingari de l’Histoire, qui voient la mort à travers les pompes et les fleurs de la vie, ont vu jusqu’au fond de ce crime qui les contient tous… Ils ont vu ce Péché qui engendre la mort dans Milton. Le péché de Louis XIV a engendré la mort de la Monarchie, tuée bien avant que la tête de Louis XVI tombât ! […] Cette histoire de choses mortes qui donne une si grande idée du temps où elles étaient vivantes, n’est à présent qu’un vain document sur un temps qui n’est plus.
Ce n’est pas même l’amour de la mort ; car la mort peut tenter un poète, la mort est quelque chose encore de la vie : elle en est l’image silencieuse, immobile et glacée, et un grand poète peut vouloir être le Pygmalion de cette Galathée funèbre. Mais la philosophie de Hegel n’est pas même la mort de la vie : elle en est la négation, l’absence, le néant, l’impossibilité ! […] Il n’a pas expiré, il n’a pas le moins du monde été frappé à mort par la nouvelle philosophie allemande. Dans les toiles d’araignées de la dialectique berlinoise, une mouche même ne trouverait pas la mort, et d’autant moins un Dieu ! […] Mais, né malingre, il prétendit toujours qu’il était né mort et que sa vie n’était que le galvanisme de la volonté et des nerfs.
Dübner, mort l’année dernière à pareil jour. […] Quoiqu’il ait rencontré là aussi des difficultés et peut-être des luttes sourdes, il put mener à bonne fin, avant sa mort, le meilleur de sa tâche. […] « Mort il y a juste un an, le 13 octobre 1867, Dübner n’avait pas accompli sa soixante-cinquième année : à ne voir que sa vie saine et son apparence robuste, de longs jours lui semblaient encore promis. […] Qu’il repose en paix dans la sépulture du lieu riant où il est mort sans vieillir, où il a vécu ! […] — Je n’ai garde, on le pense bien, de venir rouvrir des débats que la mort a fermé.
Viennet avait écrit je ne sais plus quelle lettre qui courait dans les journaux ; c’était au lendemain de sa mort. […] Il est mort sans peur. […] La crainte de la mort et des enfers lui semblait en particulier le principe générateur de toutes les mauvaises passions. Par une analyse sophistique et subtile, assez semblable à celle que l’abbé de Condillac appliqua depuis à la sensation, ou Helvétius à l’amour physique, Lucrèce faisait dériver de cette crainte de la mort l’ambition, l’avarice, l’envie, les haines fraternelles, les proscriptions sanglantes, les suicides ; il pensait donc servir la patrie en guérissant les Romains de cette terreur chimérique, et en prouvant que la mort ne menait à rien ; de là ces arides théories d’athéisme et de néant, toujours entremêlées de conseils probes, de consolations mornes et sévères. […] Sainte-Beuve l’avait fait copier peu de mois avant sa mort, voulant le réimprimer dans un de ses livres, comme il a déjà fait pour d’autres articles de sa jeunesse au Globe et au National ; il en a introduit quelques-uns dans cette dernière édition des Portraits contemporains, dont il n’a pu qu’indiquer la marche à ses éditeurs posthumes, en la laissant inachevée. — L’article sur M. de Pongerville est du mois d’avril 1830 ; M.
Le feu consume, avec toi douze enfants des magnanimes Troyens. » Mort à son tour, Achille surgit de sa tombe, et somme l’armée qu’il a fait vaincre de lui livrer sa part du butin. […] Ainsi déguisé en oiseau, il échappait à la mort : la molle enveloppe amortissait sa chute sur la barque prête à le recevoir, qui le conduisait en exil. […] Une autre condition de cette lutte était que chaque vaincu serait immédiatement mis à mort. […] Myrtilos, en mourant, invoqua son père, et l’adjura de venger sa mort. […] Mais l’héritage était attaché à un agneau d’or, don de discorde, présent funeste d’Hermès, poursuivant sur les Pélopides la mort de son fils.
Cet écrivain est mort en 1692, dans la soixante dix-neuvième année de son âge. […] Des marchands, logés dans une chambre voisine, ayant entendu la conversation, crurent que c’étoit la mort de quelque grand prince, appellé Masard, dont on complotoit la perte. […] D’Aubignac est mort à Nemours en 1676, & Richelet à Paris, le 29 novembre 1698. […] Ses ennemis répandirent à sa mort des bruits capables de faire tort à sa mémoire. […] On l’opposa à la Fontaine, pour la manière dont il avoit vêcu, & dont il étoit mort.
Aujourd’hui qu’il est mort, il est bien plus qu’une espérance : il est un regret. […] Une fois mort, quand on a le bonheur de l’être, on ne chicane plus ni votre mérite, ni votre gloire, et si quelqu’un s’en avisait jamais, on l’accuserait bien vite, ce quelqu’un-là, de profaner la cendre des morts. […] Plus tard, sans doute, la Postérité aux yeux secs ne se gêne pas infiniment avec les faire part de gloire qu’on lui adresse, et tranquillement elle les déchire ; mais la postérité ne commence pas le lendemain de la mort d’un homme, et c’est ce lendemain — ce bienheureux lendemain d’une épitaphe neuve — dont il semble que l’on puisse toujours profiter. […] La mort prématurée de Rigault lui profitera-t-elle, à cette traduction, quoique l’étude qui précède ne soit pas un ouvrage posthume de cet écrivain regretté ? […] Grâce à la mort de son auteur, la seule chose dont elle soit ornée, cette notice profitera peut-être à la publicité de cette traduction d’Horace : mais profitera-t-elle à Horace lui-même, à Horace, le poète de tous les égoïstes qui veulent passer pour sages et de tous les pédants qui veulent qu’on les croie très forts en latin ?
Il aurait vu qu’en dehors de l’Europe il n’y a sur le globe que des races mortes, déclassées, incommunicables, un système pénitentiaire enragé, des cellules, des murailles de la Chine, des déserts, des hiéroglyphes, du fétichisme, de la sauvagerie, — de l’immobilité, par conséquent. […] Il s’agit de la mort de ce Fernand le Catholique (plus connu parmi nous sous le nom de Ferdinand), dont la vie, dit très bien Cénac-Moncaut, avait été employée à détruire l’indépendance de la Navarre, et dont la mort consomma la déchéance de l’Aragon. […] Ainsi les morts emportent avec eux la puissance… Elle se retire des Pyrénées, et les royaumes abandonnés ne seront plus désormais que des provinces tributaires. […] Il en a dit un digne de saint Paul : « La mort est une promotion. » Cénac-Moncaut s’est presque rencontré avec Dubucq dans cette grande idée, mais il l’a renversée et l’a développée dans une expression qui fait équation avec elle. Ce pouvoir politique qui se prouve par les tombeaux, ces morts qui emportent la puissance, ces royaumes qui tombent parce qu’ils n’ont plus de cendres à fournir à leurs caveaux funéraires, tout cela nous touche comme la vraie beauté.
Mais s’il n’a pas été baptisé comme nous, s’il a combattu trente ans contre l’Église et la Monarchie, cette fille de l’Église, et s’il est mort comme il a vécu, il n’en était pas moins chrétien par bien des points de son âme, — un chrétien de nature, et de nature indestructible. […] Mais aujourd’hui, il n’est plus… Certes, le mal qu’il a fait n’est pas épuisé ; mais il est borné par la mort, qui a brisé l’homme et sa plume. […] La mort ne consacre plus rien. La Révolution, si souvent comparée à Saturne, qui dévorait ses enfants, les mange aussi bien morts que vifs. […] Toujours leur chef, quoique mort !
Je ne veux m’occuper ni occuper mes lecteurs des insensés et des imbéciles qu’Auguste Comte, mort récemment, a laissés après lui pour répandre la religion qu’il a fondée, et qui fonctionnent, eux et leur culte, pour le moment, dans quelque grenier. […] II Cette séparation très marquée entre les Talapoins du positivisme et ses philosophes, sinon plus positifs, au moins plus rassis et surtout plus habiles, existait déjà du temps du prophète et du dieu : mais c’est depuis sa mort que cette séparation s’est énergiquement accusée, et on le conçoit. […] Une fois mort, au contraire, on ne le craignait plus ; on était tranquille. […] Mais encore une fois, aujourd’hui qu’il est mort, et bien mort, voilà qu’on l’en tire, et qu’après l’avoir bien lavé, épongé et essuyé de cette religion qui pourrait bien tout perdre, on le donne pour un immense philosophe, dont la philosophie doit être la seule religion des temps futurs. […] Il se distingue des autres philosophes qui traitent le passé avec l’insolence du présent, et il le salue comme un mort, il est vrai, mais il le salue !
où retentit comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, Madame est morte. » Et quelques moments après, ayant parlé de la grandeur d’âme de cette princesse, tout à coup il s’arrête ; et montrant la tombe où elle était renfermée : « La voilà, malgré son grand cœur, cette princesse si admirée et si chérie ; la voilà telle que la mort nous l’a faite ! […] tant la mort est prompte à remplir ces places ! […] Il remarque que la mort ne nous laisse pas même de quoi occuper une place, et que l’espace n’est occupé que par les tombeaux. […] Au lieu de déplorer la mort des autres, grand prince, dorénavant je veux apprendre de vous à rendre la mienne sainte. […] Qui mieux que lui a parlé de la vie, de la mort, de l’éternité, du temps ?
Un tel abus de raisonnement donnerait la mort au génie et glacerait le feu de l’invention. […] Philippe II, soupçonneux et cruel rival de son fils Carlos, le frappe d’une sentence de mort, que prononce un tribunal vendu. […] Le Jules César de Shakespeare présente deux parts de la vie de Brutus, et non un seul péril de ce héros ; cette pièce, qui contient plusieurs mois, se compose de la mort du tyran dans Rome et de la mort du libérateur à la bataille de Philippesaf. […] Par cette cause, le monstre marin, que Neptune déchaîne à la voix de Thésée contre son fils Hippolyte, rend sa mort dramatiquement vraisemblable. […] Si deux ennemis s’entre-tuent, ou qu’un hasard subit cause la mort d’un individu, la pitié ne naîtra point ou sera trop passagère.
Nous n’avons plus d’argent pour enterrer nos morts… Le prêtre est là marquant le prix des funérailles, Et les corps étendus, troués par les mitrailles, Attendent un linceul, une croix, un remords. […] Elles ne veulent pas quitter leurs membres morts. […] Ayant eu à son retour de Lyon à Paris une première obligation à M. de Latour, elle s’en autorisa, quelque temps après, pour venir lui recommander un poète-ouvrier de Rouen, de son métier imprimeur sur toile et rimeur dans les mortes saisons. […] Le mariage, une grossesse, l’opiniâtreté de la jeune mère à vouloir nourrir, tout cela devait vite devenir fatalement une cause de mort. […] Il est mort selon son vœu : il disait un jour, en pleine santé, qu’il fallait que l’homme de lettres mourût comme Eugène Delacroix, en ne laissant tomber le pinceau qu’au dernier moment.
Pétrarque était mort en 1374, Boccace en 1375. […] Les canzoni (odes) sont mortes, le sonnet vit et a donné la vie à Laure. […] Que de fois n’ai-je pas erré sur les traces de ce palais avec un digne successeur de Laurent, le dernier grand-duc de Toscane, aujourd’hui mort en exil, en Bohême ! […] Sa mélancolie redoubla ; la solitude du cœur, à un certain âge, est la mort anticipée. […] Le peuple, irrité, vint au pied des remparts pour l’outrager de paroles et pour menacer de mort ses enfants. « Frappez-les !
La musique sanglote avec lui au chevet du lit de mort de sa mère et s’associe à ses funérailles. […] La mort du père de Mozart venait d’ajouter la note suprême de la tristesse sans consolation au clavier de l’âme du compositeur. […] À la mort de son père chéri, Mozart écrivit à sa sœur une lettre touchante où nous avons remarqué le passage suivant : « Comme la mort, lorsqu’on y réfléchit, paraît être le vrai but de la vie… Je me suis tellement familiarisé avec cette idée, que je ne me couche jamais sans penser que peut-être je ne verrai plus la douce et amère lumière du jour ! […] Et sur un ordre de don Juan, qui ordonne à Leporello de préparer un nouveau souper, l’esprit de la mort lui crie : “Arrête ! […] N’ai-je pas vu aussi un rossignol tomber de la branche, après avoir chanté jusqu’à la mort, pour sa compagne, le cœur éclaté de mélodie ?...
Léon Cahun qui égale Élémir Bourges ne respiraient cette atmosphère de mort et de volupté qui flotte autour des amies de Chrysis. […] Il n’a rien de commun avec le fatalisme de Pierre Loti, qui n’exprime que sa propre résignation, individuelle, devant la mort ? […] Dès le Soleil des Morts, on pouvait prévoir l’évolution finale de cette intelligence souple, riche, subtile. […] Ce dernier parut neuf jours avant sa mort. […] Il attache des petites femmes à sa grosse corde et les conduit à la mort.
À la mort de l’abbé de La Caille, il s’attacha à d’Alembert avec confiance, non comme à un chef, mais comme à un grand géomètre et à un protecteur naturel. […] D’Alembert mort, Bailly fut nommé pour remplacer M. de Tressan (1783). […] Je ne sais ce qu’on pouvait y gagner, car il n’est que trop vrai que Bailly, condamné à mort par le Tribunal révolutionnaire, et conduit le 12 novembre 1793 au Champ-de-Mars, lieu désigné pour son exécution, eut à y subir des outrages inaccoutumés, et devant lesquels la mort elle-même n’est plus qu’un bienfait. […] Sa mort (c’est tout dire) fait autant d’honneur que de honte à l’espèce humaine. […] [NdA] Lire sur cette mort de Bailly et sur ses magnanimes dispositions de la victime, les Mémoires du comte Beugnot.
Celui-ci, malgré tous les symptômes d’orage, ne sait pas se mettre à couvert, et périt d’une mort misérable. […] Commynes n’avait que vingt-cinq ans alors, et il servit fidèlement Louis XI comme conseiller et chambellan jusqu’à la mort du roi (1483). […] Ces idées de Commynes purent ne lui venir à lui-même qu’après la mort de son maître, quand il eut connu à son tour l’adversité, l’oppression, et qu’il eut pu vérifier par expérience sa maxime : « Les plus grands maux viennent volontiers des plus forts ; car les faibles ne cherchent que patience. » Mais, quelle que soit leur date dans la vie de Commynes, les idées qu’on vient de voir donnent la mesure de l’étendue de son horizon. […] Leurs vies en seroient plus longues ; les maladies en viendroient plus tard ; et leur mort en seroit plus regrettée et de plus de gens, et moins désirée… L’équivalent de Tacite ne se trouve-t-il point dans ces passages, et dans tels autres où Commynes a des accents qui parfois rappellent ceux de Bossuet ? […] Mal enrichi par Louis XI, qui le combla des confiscations injustes faites sur la maison de La Trémoille, Commynes eut, après la mort de son maître, à purger ses comptes, et il ne rendit qu’à la dernière extrémité les dépouilles de l’innocent.
En revanche, il est arrivé au cardinal Mazarin, après sa mort, plusieurs bonnes fortunes, et c’est de nos jours particulièrement que sa réputation de grand politique a trouvé des appréciateurs attentifs, compétents, et des vengeurs. […] Sans doute il fut heureux, il réussit finalement en tout ; « il est mort, comme on l’a dit, entre les bras de la Fortune ». […] La mort servit donc l’heureux Mazarin à souhait en l’enlevant au comble de la prospérité et dans la maturité de la puissance humaine. Après une consultation de médecins, le célèbre Guénaud lui ayant nettement déclaré qu’il était atteint à mort et qu’il n’avait guère que pour deux mois à vivre, il se mit à penser sérieusement à sa fin, et il le fit avec un singulier mélange de fermeté, de parade et de petitesse. […] Un autre trait que l’on doit également à Brienne, et que Shakespeare n’aurait pas omis dans une Mort de Mazarin, est d’une grande énergie et d’une effrayante vérité.
— Son théâtre. — Son départ pour la Grèce et sa mort. […] On a maudit ses idées pendant sa vie ; on a tâché de dénigrer son génie après sa mort. […] Demain il va donner l’assaut, et il pense à sa propre mort qu’il pressent, au carnage des siens qu’il prépare. […] Quelqu’un de nous a-t-il pu oublier la mort de Lara après l’avoir lue ? […] Plus d’amour ; — la terre n’avait plus qu’une pensée, celle de la mort, — de la mort présente et sans gloire, et la dent — de la famine mordait toutes les entrailles.
Imprimé en Hollande cinquante ans après la mort de l’héroïne, vingt-sept ans après celle de l’auteur, ce livre était semé de fautes hollandaises, les plus belles fautes qui puissent étaler leur sottise sur le sens ou la langue d’un ouvrage. […] Intellectuellement, c’est tout madame de La Fayette, avec sa douceur de regard, sa pureté de style, sa lueur de perle… Quoique fort bienvenue de cette éblouissante Henriette, qui a laissé inextinguibles dans l’Histoire l’éclair de sa vie et l’éclair de sa mort ; quoique mêlée à ces intrigues, voilées de décence, d’une cour qui commençait alors de mettre la convenance par-dessus toutes ses passions, madame de La Fayette ne nous donne pas sur les hommes et les choses de son temps des lumières bien nouvelles. […] La tragédie de cette mort, que Bossuet raconte avec des éclats de tonnerre, madame de La Fayette nous la dit avec cette émotion contenue de grande dame de son temps, où le cœur ne rompait pas le busc, et où la Convenance, sœur de l’Opinion et reine comme elle, n’empêchait pas les larmes de naître, mais les empêchait de tomber.
Pour moi, né après la mort de mon père, j’ai trouvé ma mère s’appelant Mme Sainte-Beuve tout court. […] N’y a-t-il pas eu durant le cours de nos orages divers de plus grands morts ? […] Je l’obtins surtout pour avoir fait une pièce de vers latins sur le sujet qui nous avait été proposé de la mort du duc de Berry. […] Sainte-Beuve, à l’autre extrémité de sa vie, à ses derniers mois, lorsque M. de Lamartine est mort (le 28 février 1869), M. […] Mme Sainte-Beuve est morte à Paris, dans sa maison de la rue Montparnasse, où est mort aussi son fils, le 17 novembre 1850, à cinq heures de l’après-midi.
Une partie des os de la face et du crâne étaient altérés ou atteints de mort : il fallut appliquer le trépan. […] Neuilly, nom symbolique, lui représente ses amis morts durant le siége, et il les invoque comme un seul être. […] C’est une généreuse passion de la mort, le culte sombre des idées vaincues, une abjuration stoïque de l’avenir. […] Ballanche est mort le 12 juin 1847.) […] Ampère a donné sur Ballanche, au lendemain de sa mort, une Étude étendue (1848).
C’est dans cette troisième puissance que l’homme se sent blessé à mort. […] Dès que vous sortez du règne insensible, vous trouvez le décret de la mort violente écrit sur les frontières mêmes de la vie. […] N’avez-vous jamais remarqué que, sur le champ de mort, l’homme ne désobéit jamais ? […] La terre entière, continuellement imbibée de sang, n’est qu’un autel immense où tout ce qui vit doit être immolé sans fin, sans mesure, sans relâche, jusqu’à la consommation des choses, jusqu’à l’extinction du mal, jusqu’à la mort de la mort. […] Il était mort entouré de sa femme, de ses enfants, de ses amis ; il s’éteignit dans la prière et dans l’espérance.
C’est le véritable nom de ce gouvernement à deux têtes ou plutôt à deux cœurs, qui a traversé tant d’années de calamités sans se diviser, après quoi le ministre est mort de douleur de la mort du souverain, laissant pour toute fortune une tombe sacrée à celui qu’il a tant aimé. […] Ce genre de mort et la perte de cet excellent jeune homme, qui m’était très attaché, me furent plus pénibles qu’on ne saurait se l’imaginer. […] C’est le jeudi saint que cette mort arriva. […] Le Directoire ordonna au général Duphot de fomenter l’insurrection de Rome contre le Pape ; un coup de feu l’atteignit ; il tomba mort. […] Ce martyre du pape, terminé par sa mort, commence.
Il y a quelque chose de plus mort que la mort ; c’est le mouvement de la place d’une ville de province. […] Il a un ravissement mort et comme une pâmoison mystique. […] Il est encore chaud, sous la sculpture profonde de la mort sur un vieux cadavre. Ce mort a réveillé une image dans ma mémoire : le supplicié par le garrot de Goya. […] Et il tremble ce pauvre vieux, comme un vieil arbre mort, fouetté par un vent d’hiver.
Fort comme la mort. — 1889. […] De loin en loin, l’un d’eux échappe à la mort, il éclaire. […] Les Siècles morts. — 1890. […] je voterai pour son fils). » — « Mais son fils est mort aussi. » — « Soun doun tous morts ! […] (Ils sont donc tous morts ?
L’énigme donnée à deviner sous peine de mort. […] La mort aux porteurs de mauvaises nouvelles. […] ) Le Ciel, l’araignée et la mort. […] — Tous ceux où l’on voit des morts agir n’ont pas ce caractère, à mon avis. […] Le mort du Cadavre ambulant est un mort que l’on n’a pas enterré et non un véritable revenant.
N’eussions-nous rien de plus à garder de Thierry, il est sauvé de la mort. […] Mais ne trouves-tu pas que ce serait une mort trop bien choisie ? […] Il obtint cette mort le 26 mai 1915, à Aix-Noulette, durant la bataille d’Arras. […] Et nos morts ? […] Peu après, il apprend la mort de Vaillant.
On ne s’attend pas que je suive Villars dans les dernières années de sa vie ; il avait soixante-deux ans à la mort de Louis XIV, et il en vécut encore près de vingt. […] Ce discours vous déplaira fort, Et je confesse que j’ai tort De parler du soin de ma vie À celui qui n’eut d’autre envie Que de chercher partout la mort… Mais vous et moi, c’est bien différent, continuait agréablement Voltaire : si, en l’une de vos belles journées, un coup de canon vous avait envoyé chez Pluton, vous étiez sûr d’avoir toutes les consolations magnifiques qu’on décerne aux fameux capitaines : service solennel, oraison funèbre, et Saint-Denis peut-être au bout : Mais si quelque jour, moi chétif, J’allais passer le noir esquif, Je n’aurais qu’une vile bière ; Deux prêtres s’en iraient gaiement Porter ma figure légère Et la loger mesquinement Dans un recoin du cimetière. […] Le public, disposé à tout blâmer, trouva, pour cette fois avec raison, que tout le monde avait tort : Voltaire, d’avoir offensé le chevalier de Rohan ; celui-ci, d’avoir osé commettre un crime digne de mort, en faisant battre un citoyen ; le gouvernement, de n’avoir pas puni la notoriété d’une mauvaise action, et d’avoir fait mettre le battu à la Bastille pour tranquilliser le batteur. […] Le prêtre qui l’exhortait au moment de la mort lui disait que Dieu, en lui laissant le temps de se reconnaître, lui faisait plus de grâce qu’au maréchal de Berwick, qui venait d’être emporté devant Philipsbourg d’un coup de canon. « Il a été tué ! J’avais toujours bien dit, s’écria Villars mourant, que cet homme-là était plus heureux que moi. » — Berwick étant mort seulement le 12, et si loin de là, Villars a eu tout juste le temps d’apprendre la nouvelle et de dire ce mot.
Nous ne savons rien et ne pouvons rien savoir, nous allons malgré nous où nous mènent nos désirs et les fatalités du dehors ; puis la mort finit tout. […] (La préoccupation de la mort est très sensible dans l’œuvre de Maupassant.) […] Je ne dirai donc qu’un mot de ce merveilleux livre : Fort comme la mort. […] Comment Olivier se met à aimer la jeune fille sans le savoir, et comment la comtesse s’en aperçoit et prend le parti désespéré d’en avertir son ami ; comment Bertin souffre d’aimer cette enfant — lui, un vieil homme — et comment la comtesse souffre de n’être plus aimée de ce vieil homme parce qu’elle n’est plus une jeune femme ; la lutte d’Olivier contre cette passion insensée et de la comtesse contre les premières flétrissures de l’âge ; et comment la jeune fille traverse tout ce drame (qu’elle a déchaîné) sans en soupçonner le premier mot ; et comment enfin les deux vieux amants assistent, impuissants, au supplice l’un de l’autre, jusqu’à ce qu’Olivier se réfugie dans une mort à demi volontaire : voilà tout le roman. […] Fort comme la mort, chez Ollendorff.
— entre le mal que, sans le vouloir, il a fait, et le bien qu’il voulait et qu’il n’a pas su faire ; — entre les incompréhensibles faiblesses de sa vie publique et l’héroïsme surnaturel de sa mort. […] Après sa mort, révolutionnaires et royalistes ont écartelé sa mémoire, les uns pour diminuer le crime du coup de hache, et les autres pour le grandir. […] Tout cela classé, récapitulé et réglé, comme, dans un herbier, des plantes mortes ; tout cela à l’état de faits morts aussi, qui n’engendrent pas une pensée dans la tête qui les relate et n’y appellent jamais une réflexion… Louis XVI n’est jamais là-dedans que le plus stérile des nomenclateurs, de la plus étonnante impassibilité. […] … Imaginerait-on jamais que l’impératrice Marie-Thérèse, sa belle-mère, à lui, meurt, et qu’il note sa mort sans autre souci que des révérences, qu’il compte, ce jour-là, comme un maître à danser : 314 d’hommes et 256 de femmes ?
Félix, sur les quatrième, cinquième et sixième Conférences de Notre-Dame, prouve, par sa teneur, ses termes exprès, le ton qui l’anime, que le saint-simonisme n’est pas mort ou que ce qui en survit n’est pas simplement une opinion individuelle. […] Non, « elle est sur les champs de bataille, couverts de frères blessés qui se sont égorgés entre eux… Elle est dans des bouges infects où l’homme meurt de douleur, de honte et de misère… elle est sur ces calvaires impies où l’homme condamne à mort son frère… Elle est dans les ateliers où l’on travaille… dans les lupanars où la fille du peuple vend sa chair (bien portante) jusqu’à ce qu’on la jette pourrie à l’hôpital. […] La chair de l’homme dont la substance est dévorée par les maladies qui la mènent à la mort et la chair du Verbe prise par lui, le Verbe, dans des entrailles immaculées et dont la substance immortelle doit braver la mort et donner ici-bas un témoignage de puissance et de toute-puissance, par le fait éclatant de la résurrection, ces deux contraires, du tout au tout, sont mêlés par M. […] Chrétienne, elle s’est levée pour objecter à l’homme de la chair, la chair corrompue et l’esprit de vie, à l’esprit de mort !
il nous l’a exposé assez longuement, et dans ses conversations avec le duc de Bourgogne, et depuis dans celles qu’il eut avec le duc d’Orléans à la veille de la mort de Louis XIV et de la Régence. […] Le duc de Bourgogne mort à trente ans, Saint-Simon, qui n’en avait que trente-sept, restait fort considérable et fort compté par sa liaison intime et noblement professée en toute circonstance avec le duc d’Orléans, que toutes les calomnies et les cabales ne pouvaient empêcher de devenir, après la mort de Louis XIV et de ses héritiers en âge de régner, le personnage principal du royaume. […] La mort subite du régent (1723) vint peu après l’avertir de ce que la mort du duc de Bourgogne lui avait déjà dit si éloquemment au cœur, que les choses du monde sont périssables, et qu’il faut, quand on est chrétien, penser à mieux. […] Après la mort de Saint-Simon, ses Mémoires eurent bien des vicissitudes. […] Il dit quelque part, à l’occasion des joies secrètes et des mille ambitions flatteuses mises en mouvement par une mort de prince : « Tout cela, et tout à la fois, se sentait comme au nez. » 94.
Il se fait montrer par le maréchal de Lorges les postes qu’occupaient à Sasbach Montécuculli et Turenne, l’endroit où celui-ci a été frappé à mort, et l’arbre au pied duquel on le transporta pour y mourir. […] On a ici, en suivant Dangeau pas à pas, une impression bien nette de ce qu’était un de ces fameux sièges classiques de Louis XIV, solennels, réguliers, un peu courts à notre gré, toujours sûrs de résultat, pleins d’éclat pourtant, de nobles actions, de dangers et de belles morts. […] Il s’y est donné aussi toute carrière pour le soupçon et pour les profondeurs mystérieuses, ayant bien soin de faire entendre que cette mort subite n’est pas venue au hasard, et laissant planer l’accusation dans un vague infini. Il paraît croire, d’ailleurs, que si Louvois n’était pas mort à propos ce jour-là, les ordres étaient donnés pour le conduire à la Bastille. […] Cela se soutient et se régularise de plus en plus les années suivantes, et Dangeau, par des résumés de fin d’année, prend soin de constater cette réforme de plus en plus laborieuse de régime, qui suit la mort de Louvois.
Ce furent les dernières paroles qu’il prononça, car il fut aussitôt atteint d’une balle qui le renversa mort. » On reporta son corps à Saint-Cyr, qui cacha cette mort aux troupes jusqu’à la fin de la journée. […] On raisonna beaucoup dans le temps sur cette mort ; il me semble qu’elle s’explique tout naturellement. […] Six semaines après, le 30 septembre, Bonaparte, revenant d’Égypte, relâchait dans le golfe d’Ajaccio ; il y apprenait pour première nouvelle la mort de Joubert sur le champ de bataille de Novi et ce concours d’événements qui marquaient comme au front des étoiles que l’heure du destin était arrivée. Cette mort, avec les circonstances qui l’avaient amenée, était un nouvel et dernier augure. […] Mais en un sens, et si l’on ne cherche que ce qui le distingue des autres, il est mort à temps, au moment où ce simulacre de république dont il était l’une des plus nobles colonnes, allait s’écrouler sous un choc puissant ; il est mort jeune avec ce qui devait mourir alors pour n’avoir pas à se démentir ou à se transformer.
On y assiste ; dans un tête-à-tête avec son fils, elle lui adresse successivement quatre requêtes, et lui demande au moins de quatre choses l’une : 1° de ne point mourir, lui son fils, de ne point souffrir mort, s’il est possible ; 2° cette première requête refusée, et puisque cette mort est jugée nécessaire, de ne point la souffrir si amère, si honteuse et si cruelle ; 3° cette requête rejetée encore par Jésus au nom des Écritures et des Prophéties, de permettre au moins que sa mère meure la première et n’ait point à voir de ses yeux une mort si terrible ; 4° puisque cette troisième pétition n’est pas plus accueillie que les deux autres, de vouloir bien qu’elle perde au moins connaissance pendant la durée de la Passion, qu’elle soit ravie en esprit et demeure comme une chose insensible, privée d’intelligence et de sentiment. Mais Jésus a refusé cette dernière requête elle-même : quand le fils souffre d’une telle mort, il convient qu’une mère douce et tendre le ressente ; il est juste que le glaive de douleur la transperce. […] C’est alors que la Vierge, ainsi repoussée, en remercie presque son fils et le prie de l’excuser de ses faiblesses ; mais au même moment, tout en paraissant se soumettre, elle revient doucement à la charge en refaisant presque ses mêmes demandes, ses mêmes prières, en les faisant à mains jointes et comme les plus petites, les plus humbles, les plus attendrissantes supplications qui puissent, à pareille heure, sortir des lèvres d’une mère : Notre-Dame Au moins veuillez, de votre grâce, Mourir de mort brève et légère ! Jésus Je mourrai de mort très-amère. […] Les seules approches de la mort, la seule vue d’une agonie seraient pour elle une souillure.
Une femme dans ces temps affreux, dont nous avons vécu contemporains ; une femme condamnée à mort avec celui qu’elle aimait, laissant bien loin d’elle le secours du courage, marchait au supplice avec joie, jouissait d’avoir échappé au tourment de survivre, était fière de partager le sort de son amant, et présageant, peut-être, le terme où elle pouvait perdre l’amour qu’il avait pour elle, éprouvait un sentiment féroce et tendre, qui lui faisait chérir la mort comme une réunion éternelle. […] Rien ne fatigue l’existence, comme ces intérêts divers dont la réunion a été considérée comme un bon système de félicité, en fait de malheur on n’affaiblit pas ce qu’on divise, après la raison qui dégage de toutes les passions : ce qu’il y a de moins malheureux encore, c’est de s’abandonner entièrement à une seule ; sans doute, ainsi l’on s’expose à recevoir la mort de ses propres affections. […] qu’il est beau ce sentiment qui, dans l’âge avancé, fait éprouver une passion peut-être plus profonde encore que dans la jeunesse ; une passion qui rassemble dans l’âme tout ce que le temps enlève aux sensations ; une passion qui fait de la vie un seul souvenir, et dérobant à sa fin tout ce qu’a d’horrible, l’isolement et l’abandon, vous assure de recevoir la mort, dans les mêmes bras qui soutinrent votre jeunesse, et vous entraînèrent aux liens brûlants de l’amour. […] Il faut pour jamais renoncer à voir celui dont la présence renouvellerait vos souvenirs, et dont les discours les rendraient plus amers ; il faut errer dans les lieux où il vous a aimé, dans ces lieux dont l’immobilité est là, pour attester le changement de tout le reste ; le désespoir est au fond du cœur, tandis que mille devoirs, que la fierté même commande de le cacher, on n’attire la pitié par aucun malheur apparent ; seule en secret, tout votre être a passé de la vie à la mort. […] Il est un dernier malheur dont la pensée n’ose approcher, c’est la perte sanglante de ce qu’on aime, c’est cette séparation terrible qui menace chaque jour tout ce qui respire, tout ce qui vit sous l’empire de la mort.
… » Et la Nuit les serrait dans ses flots harmoniques ; Les sources chantaient sous des dômes d’arbres verts Mystérieusement ; d’idéales musiques Leur inondaient le cœur, tombant des deux ouverts … Et les Amants disaient ; « Que résonnent tes glas, Nuit rédemptrice, ô Mort !… » Mais la Mort ne vint pas. […] Mais, près de l’Or ouvrant son radieux halo, Wellgunde rit, Woglinde fuit, Flosshilde chante, Innocence mêlée à la candeur de l’eau, Et tout l’obscur destin — l’âme au gouffre penchante Les héros morts, les deux déchus, la fin, la nuit — Pour les folles enfants est un jouet qui luit ! […] Siegfried, astre évadé des ombres transitoires, Soleil épanoui dans l’azur de la mort, Avec toi, la splendeur humaine de l’effort S’abîmait dans le deuil ces suprêmes victoires. […] Éphraïm-Georges Michel, dit Éphraïm Mikhaël (1866-1890), est un poète symboliste mort prématurément de la tuberculose.
Mon fils est mort ! […] Tu construis la mort quand Dieu sème la vie ! […] La mort pour le bourgeois ! […] de quoi est mort le maréchal ? […] le bon conseil que donnent les morts !)
Le Christ n’est pas mort pour moi. […] On ne l’a pas assez dit, pas assez senti, ni de son vivant ni depuis sa mort. […] Elle a enfin compris que la Démocratie est sa mort. […] C’est l’œuvre de la terre natale et des morts. […] La mort l’a empêché de réviser les épreuves de ce recueil.
On demande ordinairement si la mort de quelqu’un des personnages est nécessaire dans la tragédie. Une mort est à la vérité un événement important ; mais souvent il sert plus à la facilité du dénouement qu’à l’importance de l’action, et le péril de la mort n’y sert pas quelquefois davantage. […] Cornélie, dans la Mort de Pompée, pleurant la mort de son époux vaincu par César, vient lui apprendre une conspiration formée contre lui. […] « Cette entreprise (de descendre en Italie) fut en partie cause de sa mort, qui est l’action de ma tragédie. […] Mais après la mort de ce poète, on lui a rendu justice, comme à Racine, sur l’usage qu’il avait fait de l’amour.
Certaines héroïnes de Heine, légères et touchantes comme des esprits de mortes, sont les sœurs de Viola et de la princesse Hedwige. […] Par un réalisme étrange, Heine sait nous faire voir et tâter des mains des ombres de divinités, si vieilles que tous leurs adorateurs sont morts, des allégories d’idées abstraites, des âmes bizarres et quainteuses. […] Heine analyse et énumère toutes les navrantes variétés de cette infortune, l’amour dédaigné, l’amour agréé, puis rejeté pour quelque vile passion de lucre, ces amours couronnées de cyprès que la mort a disjoints et que relient encore des rêves pleins de fantômes. […] Jusque dans cette épreuve finale qui vide et retourne l’homme du dedans, l’approche de la mort, il fut aussi amer et aussi spirituel, aussi prêt à mêler les choses tragiques et badines, que dans ses plus merveilleuses pages d’humour. […] Il lui fallait la garantie que la mort n’est pas une subite inconscience, une boîte en bois dans de la terre grasse.
Que de poètes morts jeunes ! […] C’est sa façon de commémorer la mort de Moréas. […] L’ambitieux est mort d’avoir vécu. […] Qu’apporta leur mort, sinon la certitude de son entière inutilité ? […] Moréas, symboliste, puis chef de l’école romane, est mort le 25 mars 1910.
Mais admettons même que l’animal ait l’idée de la mort. Il ne se représente certainement pas qu’il est destine a mourir, qu’il mourra de mort naturelle si ce n’est pas de mort violente. […] Il importe donc que les morts restent présents. […] Les morts se seront alors rapprochés des dieux. […] Ainsi, la poussée vitale ignore la mort.
Ce petit roi de France, fils posthume de Louis le Hutin, ne vécut que peu de jours ; lui mort, le trône appartenait naturellement à Philippe le Long, l’aîné de ses deux oncles. […] Monmerqué puisés surtout à des sources italiennes et dans une charte du tribun Rienzi, il résulte aussi de ses inductions, d’ailleurs assez obscures et timidement déduites, que cet enfant pourrait bien n’être pas mort au moment où on l’a cru, qu’il y aurait eu substitution pour le soustraire aux intentions funestes des intéressés et de la comtesse d’Artois particulièrement : « Qui ne reculerait (écrit M. […] Ce ne serait que Henri IV qui, descendu de Robert de France, sixième fils de Louis IX, aurait enfin fait rentrer la couronne dans la lignée directe du saint roi. » Le fait est qu’une quarantaine d’années après la mort ou la prétendue mort de ce petit roi Jean, parut en France un aventurier qui se donna pour lui, qui raconta toute une histoire romanesque à laquelle plusieurs puissances et personnages politiques d’alors ajoutèrent foi, notamment Rienzi.
. — mort d’alexandre soumet. — jules de rességuier. — latour de saint-ibar. — virginie. […] Il a donc lutté, il est mort à la peine, mais l’avenir lui a donné raison, et sa politique a triomphé en définitive à Waterloo. […] — La mort frappe coup sur coup au sein de l’Académie et parmi les générations dont le tour ne semblait pas encore venu. […] Soumet, mort ces jours derniers, appartenait par son talent et par ses succès à une école qu’on est encore accoutumé d’appeler l’école moderne.
» — Et Prométhée leur répond : — « Les trois Parques et les Érynnies à la mémoire fidèle. » — Héraclite, cité par Plutarque, disait que « si le Soleil s’avisait de franchir les bornes qui lui sont proscrites, les Érynnies, agents de la Justice, sauraient bien lui faire rebrousser chemin. » — Dans l’Iliade, Xanthos, un des chevaux divins d’Achille, prend une voix humaine pour prédire sa mort au héros rentrant dans la guerre de Troie : mais les Érynnies, indignées de cette violation des lois naturelles, accourent aussitôt, et font taire impérieusement l’animal qui ose usurper la parole réservée aux hommes. […] A son appel, elles s’élançaient vers le meurtrier ; et le poursuivaient avec rage, jusqu’à l’épuisement et jusqu’à la mort. […] Mort, il les retrouvait aux Enfers, où, comme les diables du Dante, elles torturaient les damnés païens. […] En dehors même de leur ministère criminel, l’approche des Érynnies était redoutée ; leur apparition signifiait la mort à qui les voyait.
Je vais vous retracer sa naissance, ses inspirations, son chant et sa mort, ou plutôt je vais le laisser parler, vivre, chanter et mourir lui-même devant vous. […] Dieu n’a laissé ni vide, ni lacune, ni mort dans son œuvre de vie. […] On ne sent pas la mort quand on meurt à ces accents : le dernier soupir s’exhale au rythme des instruments. […] Qui ne tente rien n’a rien ; il faut vaincre ou mourir, et c’est au théâtre que nous trouverons la mort ou la gloire. […] Notre cœur ne peut rien inventer quoiqu’il puisse tout sentir ; c’est le malheur, l’amour, la piété, la mort qui le rendent harmonieux.
Je touche à la perfection et à la mort. Mais la mort est une sottise. […] Je suis dégoûte de la Mort. […] Kyra Mariora, ton mari, qu’il est à la mort — Et s’il est à la mort, après ? […] Kyra Mariora, ton mari, qu’il est bien mort !
Lenormand sur ce qu’il pensait de la mort de son ami, il lui répondait : … J’ai lu le petit livre de Delécluze. […] Voilà bien du bavardage, mon cher ami, pour vous dire que je ne crois pas, comme Delécluze, que l’amour soit le seul motif de la mort de notre ami. En un mot, dans cette manière de voir qui serait volontiers la mienne, la passion amoureuse de Léopold Robert serait moins un cause active de sa mort qu’une forme qu’aurait affectée et revêtue sa maladie morale.