N’ai-je pas celui de me tromper ? […] Est-il honnête de tromper l’espérance de quatre mille souscripteurs, et n’avons-nous aucun engagement avec les libraires ? […] D’après tout cela, vous croirez que je tiens beaucoup à l’Encyclopédie et vous vous tromperez. […] Je n’ose me flatter d’obtenir de vous le même degré de confiance ; croyez, monsieur, que je me trompe, mais ne croyez pas que je mente. […] J’ai mis au net le Traité d’Harmonie de Bemetzrieder ; c’est, si je ne me trompe, un bel et charmant ouvrage.
Rod, il ne tarda pas à s’apercevoir qu’il s’était trompé. […] Il voit comme toutes nos aspirations sont contrariées et nos désirs trompés. […] Quoi qu’il puisse faire désormais, Jacques Halluys méprisera celle qui l’a trompé. […] On se trompe. […] Elle trompe son mari ; car si la chair n’a pas failli, la trahison reste la même.
Ils se trompent, n’est-ce pas, Pierre Vasilitch ? […] Si je ne me trompe, c’est l’an dernier que Karentef est venu ici pour la première fois. […] Et si je me trompe, ajouta-t-il d’un air pensif, si je me trompe… après tout, ce n’est pas une si grande chute. […] Mais avec mon caractère, et dans ma position… Est-ce que je me serais trompé ? […] Le lendemain, comme il engageait Pierre à revenir plus souvent, et comme Pierre lui répondait de nouveau qu’il craignait de le déranger : « Tu te trompes, mon ami, répondit Boris, tu ne nous gênes nullement quand tu viens nous voir.
La prudence y fût-elle toujours trompée, on en concluroit que la prudence humaine n’est qu’erreur, ou du moins qu’elle a des bornes bien étroites. […] Ainsi le parti de l’erreur se grossit tous les jours de ceux mêmes qui l’ont reconnuë ; tout désabusés qu’ils sont, ils tiennent le même langage que ceux qui sont encore trompés ; et ils deviennent eux-mêmes une nouvelle autorité pour en abuser d’autres. […] Minerve, ailleurs, va elle-même exhorter Pandare à la plus grande de toutes les perfidies ; et dans la suite, elle trompe le religieux Hector, en faveur du cruel Achille. […] Je ne sçai si je me trompe, mais il me paroît heureux d’avoir fait ainsi du bouclier d’Achille, un titre de sa grandeur, et pour ainsi dire, son manifeste. […] On dira que je suis un ignorant ; j’en demeure déja d’accord ; j’ai songé néanmoins à ne parler que de ce que j’entends ; il faudra faire voir en quoi je me suis trompé ; il ne suffira pas même de me convaincre de plusieurs fautes ; je serai toûjours en droit de tenir pour bien remarqué de ma part, tout ce qu’on passera sous silence.
De tout ils ne prennent rien de ce qui trompe ou de ce qui grise. […] Leurs mères semblent les avoir conçus, dans la pensée fixe et peureuse de l’image du mari qu’elles trompaient. […] » * * * — Il y a des gens si funambulesques, que leur père semble avoir été trompé par Pierrot. […] * * * — Voici un type de bonté féminine sur lequel il n’y a pas à se tromper : le teint un peu tiqueté de taches de rousseur, les lèvres épaisses, et la bouche comprimée et entr’ouverte comme un gros bouton de fleur, vulgo en cul de poule. […] Elle se trompait ?
Sainte-Beuve m’aime et m’estime, mais me connaît à peine et s’est trompé en voulant entrer dans les secrets de ma manière de produire. […] « Sur les détails de ma vie, il s’est trompé en beaucoup de points. […] » Je ne me trompais pas.
» — Votre esprit N’a-t-il pas trompé votre oreille ? […] En 1820, Schiller n’était pas traduit87 : Mme de Staël, dans son Allemagne, l’avait magnifiquement analysé ; mais, si je ne me trompe, la première connaissance plus détaillée qui en vint à M. […] Ou je me trompe, ou je vois dans ce départ empressé quelque chose de généreux, un trait tout à fait digne d’un lendemain de haute tragédie.
Je me dois à moi-même de ne pas laisser à la jeunesse qui nous suit la faible autorité de mon nom sur ces axiomes, dont l’adoption trompe et ruine le peuple. […] On a vu au commencement de ce commentaire combien le critique a été trompé, et combien sont réelles et attestées mes enquêtes personnelles auprès du curé de Bessancourt. […] Mais elle en tirera cette grande leçon : c’est que, quand l’opinion et la nature se combattent dans le cœur d’un citoyen, c’est la nature qu’il faut écouter ; car l’opinion se trompe souvent, et la nature est infaillible.
« Longtemps la gloire fugitive Semble tromper leur noble orgueil ; La gloire enfin pour eux arrive, Et toujours sa palme tardive Croît plus belle au pied d’un cercueil. […] Est-ce moi que l’on trompe, moi, qui ai vu naître tes premiers sentiments ? […] Ses projets de retraite, la dispense du noviciat, la disposition de ses biens en ma faveur, avaient apparemment produit cette correspondance secrète qui servit à me tromper.
Ce fut peut-être cette assiduité à fréquenter la bibliothèque d’Alexandrie qui trompa l’empereur Adrien, et qui lui fit écrire au consul Servianus : « Ceux qui adorent Sérapis sont chrétiens ; ceux qui se prétendent évêques du Christ sont en même temps dévots à Sérapis. » Sous la domination romaine, la bibliothèque d’Alexandrie appartenait à l’empereur. […] Qu’on ne s’y trompe pas, ceci était de la religion, et un cynique était un austère. […] Alors une trompe formidable s’allonge, saisit le petit, et le ramène doucement vers la maison.
Boileau, et ce petit nombre d’hommes de goût qui juge et se tait, quand la multitude crie et se trompe, aperçurent un progrès dans ce nouvel ouvrage. […] N’en crois pas un dépit qui te trompe et ne te venge pas. […] On voit bien que je veux parler d’ Athalie : car je ne dis rien d’ Esther , dont le sujet trompa Racine et fit illusion à la cour, mais que la postérité, en admirant les détails du style, a retranchée du nombre des tragédies. ô fragilité des jugemens !
Mais, comme toujours, ces complaisants s’étaient trompés : le comte d’Artois avait juré au lit de mort de madame de Polastron, son dernier attachement, que nulle autre femme ne la remplacerait jamais dans son cœur, et qu’il allait donner ce cœur à Dieu seul. […] Les factions trompèrent ses espérances. […] Une maternité d’adoption trompait ses regrets.
Mme de Coulanges était sans doute de celles qui avaient le plus pris sa défense : aussi était-elle outrée plus tard au nom de tout son sexe quand elle vit qu’il n’y avait plus moyen de se faire illusion, et que le héros de roman n’était décidément qu’un joueur, un voluptueux et le plus spirituel des libertins : « La Fare m’a trompée, disait-elle plaisamment, je ne le salue plus. » Cette trahison de cœur et la douleur qu’elle en ressentit conduisirent Mme de La Sablière, âme fière et délicate, à une religion de plus en plus touchée, qui se termina même, par des austérités véritables : elle mourut plusieurs années après aux Incurables, où elle avait fini par habiter. […] » Demandez plutôt à La Fare mourant si cette paresse à laquelle il se fiait ne l’a pas trompé ; lui qui se plaignait de l’esprit de servitude de son temps, et qui regrettait le xvie siècle parce qu’on y portait le cœur fier et haut, demandez-lui si c’est là qu’il en voulait venir ?
Si vous avez été trompée, la perfidie en est d’autant plus affreuse, et vous n’avez aucun reproche à vous faire. […] [NdA] Elle se trompe : aucun roi de France n’eut pareil faible.
Au reste, qui s’est trompé sur La Fontaine a bien pu se tromper sur Béranger. » J’ai rendu, j’ai reproduit fidèlement l’impression de quelques sincères amis du poëte, et il était juste qu’elle se fît jour pour la première fois dans sa vivacité ; car en tout ce qu’on avait imprimé jusqu’ici sur Béranger, on n’en avait pas tenu compte.
Se trompait-il en cela ? […] « Je vous supplie très-humblement, écrivait-il dans sa langue légèrement arriérée et à la gauloise, d’avoir un peu de créance à un homme qui est tout, à vous, et de ne point vous fâcher si, dans celles que j’ai l’honneur de vous écrire, je préfère la vérité, quoique mal polie, à une lâche complaisance qui ne serait bonne qu’à vous tromper, si vous en étiez capable, et à me déshonorer.
Ils y furent trompés, et quelques-uns eurent plus tard à s’en repentir. […] Tout demeura calme… J’avoue que ces commencements furent un peu délicats et qu’ils ne me donnèrent pas peu d’inquiétude, quand je faisais réflexion que mes troupes étaient éparses dans les villages du plat pays, que toute la sûreté de la frontière qui les couvrait consistait en de mauvaises places de guerre toutes ouvertes, et que les Hollandais pourraient entrer avec toutes leurs forces dans le plat pays et ruiner tous mes projets… » Enfin, le grand roi trompa son monde, et il s’en félicite.
Le comte Mattioli, l’un des ministres du duc de Mantoue, et qu’on se flattait d’avoir gagné, promettait de conclure l’affaire moyennant finance ; il y avait déjà production de traités et signature engagée de la part de la France ; mais le fourbe trompait tout le monde et livrait le secret de la négociation aux ennemis. […] « Ce prince, disait dès lors un bon observateur, est naturellement caché et secret ; quelque soin qu’on prenne de pénétrer ses véritables sentiments, on les connaît difficilement, et j’ai remarqué qu’il fait des amitiés à des gens pour qui je sais qu’il a de l’aversion… Je suis fort trompé si Madame Royale elle-même doit faire beaucoup de fondement sur sa tendresse et sur sa déférence, quand il sera le maître.
Mais à vingt ans, sous la Restauration, dans ce cadre nouvellement réparé et redoré à neuf ou à l’antique, il était permis de s’y tromper. […] Les amateurs recherchent les portraits avant la lettre ; je fais comme eux, et, quoi qu’il arrive ensuite, je suis sûr que, pour les lignes essentielles ou délicates, ces premières épreuves à l’usage des amis, et qui ne sont point dans le commerce, ne trompent pas.
Cette Épître nous montre par une suite d’exemples ou de remarques habilement choisies que pour qui veut connaître à fond un seul homme, un individu, tout trompe, tout est sujet à méprise, et l’apparence et l’habitude, et les opinions et le langage, et les actions même qui souvent sont en sens inverse de leur mobile : il n’y a qu’une chose qui ne trompe pas, c’est quand on a pu saisir une fois le secret ressort d’un chacun, sa passion maîtresse et dominante (the ruling passion), dans le cas où chez lui une telle passion existe.
Quelqu’un me dit, après avoir lu ce récit : « C’est le dévergondage de la vertu. » Je n’aime pas à prédire, et je désire me tromper ; mais soyez sûr que la page déshonnête, inutile, et qu’un coup de ciseau filial aurait bien fait de couper, va prendre désormais une place disproportionnée dans les Mémoires restaurés de Mme Roland. […] Roland, de lui épargner ce chagrin, de le tromper plutôt s’il le fallait.
Ce serait seulement un homme qui s’est trompé ! […] Marie-Antoinette, dans son indignation, se trompe ici sur un détail du procès, ce qui est bien permis : dans la scène du bosquet la prétendue reine n’avait pas reçu la rose, mais l’avait elle-même laissé tomber. — On remarque, à l’examen, une autre inadvertance, mais celle-ci moins explicable ou plutôt tout à fait inexplicable : il y avait trois mois, à cette date du 1er septembre, que l’arrêt du Parlement était rendu : il est en effet du 31 mai 1786.
La reine le lui rappela, et pour lors il reprit avec esprit : « Messieurs, vous êtes bien plus heureux que si je « ne m’étais pas trompé. » Ce fut beaucoup de cris de : Vive le Roi ! […] « Je crains de m’être bien trompée, disait-elle, sur la route qu’il aurait fallu suivre. » Que de variations, que de vicissitudes durant cette année (avril 1790-avril 1791) jusqu’à l’heure de la mort de Mirabeau !
Ce n’était qu’une fourberie : les plus habiles y furent trompés. […] Mais tout d’un coup on apprend à Versailles, par un avis venu de la Cour même de Savoie, que Mattioli trompe tout le monde, qu’il s’est avancé sans y être autorisé, qu’il a menti impudemment, et il n’est plus question pour le moment que d’étouffer l’affaire.
Ainsi l’on dit, trompé par la désinence si douce qui insinue aux ignorants le féminin, les belles dimanches, le soir de la dimanche. […] L’autre s’avoisine tout à fait ; elle est simple et grave ; il ne reste pas, on le dirait, une parcelle de sang dans les fibres de sa peau mate ; ses grands yeux s’arrêtent sur nous, amortis par le verre de ses lunettes ; ses manches, larges et pendantes, couvrent presque entièrement la main ; elle parle d’une voix égale, et nous montre, l’un après l’autre, par les trous de ta grille, les souris en pelote, les porte-montre brodés de perles, les coques d’œufs remplies de fleurs microscopiques, les coquilles d’escargots avec des saintes dedans, ces mille prodiges d’adresse et de laideur par quoi de pauvres recluses trompent leur ennui.
IV Il faut qu’il soit honnête homme, c’est-à-dire probe d’esprit, sincère, véridique : car, s’il trompe, ou s’il dissimule, ou s’il invente, ou s’il ment, plus d’histoire ; il n’est plus que le faussaire des actes de Dieu. […] Ils se trompent, ceux qui croient que son luxe sera de la libéralité : il saura dissiper, jamais donner.
elle te trompe, car sa fonction affirme une compétence qu’elle ne peut avoir… (Je songe seulement que la compétence du gouvernement est encore plus contestable sur la même matière… et, comme on m’affirme que M. […] Je l’aurais cru moins insensible, je ne dis pas à, l’argent, mais aux titres, aux marques extérieures de la puissance : je m’étais trompé.
Je suis de ceux qui doutent, en effet, qu’il soit donné à l’homme d’embrasser avec cette ampleur, avec cette certitude, les causes et les sources de sa propre histoire dans le passé : il a tant à faire pour la comprendre bien imparfaitement dans le présent, et pour ne pas s’y tromper à toute heure ! […] Clarendon se trompa sur son époque ; il méconnut le sens des grands événements auxquels il avait assisté… Ainsi, vous paraissez croire que la Providence s’y prend avec plus de façons quand il s’agit de ces hommes éminents qu’on appelle Mazarin ou Walpole, que quand il s’agit des simples honnêtes gens privés !
On se trompe de route, et l’on est en pleine forêt. […] Un talent fier comme celui-là a été mis au monde pour oser, tenter, se tromper souvent, pour se perdre comme le Rhône, et pour se retrouver aussi.
Sur quoi Geoffroy dit crûment : Rousseau s’est trompé lui-même… Il a dû lire avec plaisir Gil Blas, puisqu’il est impossible qu’un homme d’esprit ne trouve pas cette lecture agréable ; mais il a raison de dire qu’il n’était pas encore mûr pour un tel ouvrage, et il ne l’a jamais été. […] C’est ainsi qu’il vieillissait dans sa retraite de Passy, solitaire, au milieu de ses livres, ne causant guère avec les vivants que plume en main, critique intègre, instruit, digne d’estime, même quand il s’est trompé.
Et puis, si l’on va au fond, le public n’a pas été trompé sur un point capital : il n’a pas, je le crois, été assez frappé du talent, mais il a senti, à travers ce récit où tant de tons se croisent et se heurtent, une opiniâtre personnalité, une vanité persistante et amère qui, à la longue, devient presque un tic. […] Nous autres littérateurs, en entendant d’abord ces lectures, séduits par les beaux morceaux, nous n’avions pas été assez sensibles à ce défaut capital ; mais le public, moins attentif à la main-d’œuvre et aux détails, il ne s’y est pas trompé, et il n’a pas agréé l’homme à travers l’écrivain.
Voltaire se trompait peut-être et avait le bandeau sur les yeux quand il écrivait : Jamais personne ne fut si savante qu’elle, et jamais personne ne mérita moins qu’on dît d’elle : C’est une femme savante… Les dames qui jouaient avec elle chez la reine étaient bien loin de se douter qu’elles fussent à côté du Commentateur de Newton : on la prenait pour une personne ordinaire. […] Son secrétaire Longchamp nous a raconté dans le plus grand détail la manière dont il prit dès l’origine toute cette aventure, sa colère dès l’abord et sa fureur de se voir trompé, puis sa résignation à demi risible, à demi touchante.
Il se déclare en conséquence son disciple, son disciple non seulement dans ses écrits, mais dans ses actions ; car, trompé par la distance et par le nuage doré de la jeunesse, il voit en lui presque un Lycurgue et un Solon, un législateur et un sage. […] Je ne sais si je me trompe, il me semble qu’il y avait bien de l’esprit ; le roi en avait et en faisait avoir. » Notez bien l’attrait jusque dans la colère.
Son Arlequin, toujours simple et bon, toujours facile à tromper, croit ce qu’on lui dit, fait ce que l’on veut, et vient se mettre de moitié dans les pièges qu’on veut lui tendre : rien ne l’étonne, tout l’embarrasse ; il n’a point de raison, il n’a que de la sensibilité ; il se fâche, s’apaise, s’afflige, se console dans le même instant : sa joie et sa douleur sont également plaisantes. […] Mais il pleure de si bonne grâce, qu’il y aurait de l’humeur à le trouver mauvais. » Dans Le Bon Ménage, Arlequin, bon mari et toujours amoureux, se croit, à un certain moment, trompé par sa femme, qui a reçu un billet d’un M.
Mais Alfred paraît ; c’est à l’Opéra que Léonie l’aperçoit d’abord ; il y est fort occupé auprès d’une élégante, Mme de Rosbel ; ou plutôt, tandis que la foule des adorateurs s’agitait autour de la coquette, qui se mettait en frais pour eux tous, Alfred, plus tranquille, « lui parlait peu, ne la regardait jamais, et l’écoutait avec l’air de ne point approuver ce qu’elle disait, ou d’en rire avec ironie » : Cette espèce de gaieté (c’est Léonie qui raconte) contrastait si bien avec les airs doucereux et flatteurs des courtisans de Mme de Rosbel, que personne ne se serait trompé sur le genre d’intimité qui existait entre elle et M. de Nelfort. […] » Les femmes, pour peu qu’elles écrivent et qu’elles marquent, portent très bien en elles le cachet des époques diverses, et, si l’on voulait désigner en leurs personnes les périodes successives de Louis XVI, du Directoire et de l’Empire, de la Restauration et du régime de Louis-Philippe, on arriverait à quelques aperçus de mœurs qui ne tromperaient pas.