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1111. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France »

Triste fleur d’hiver, elle avorta, ne s’épanouit jamais. — (Ne reconnaissez-vous pas Michelet, même dans le tour de la phrase ?) 

1112. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Œil épanoui, Je peins, ébloui Ou triste, Le ciel radieux, Et, mélodieux Artiste, Près du fleuve grec Murmurant avec Les cygnes Fiers de leur candeur, Je dis la splendeur Des lignes.

1113. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre X. Des Romains ; de leurs éloges, du temps de la république ; de Cicéron. »

Il est triste que celui qui, dans Rome libre, avait été surnommé le père de la patrie, ait été forcé, dix-sept ans après, à louer l’oppresseur de la patrie.

1114. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

D’impitoyables créanciers ne veilleront plus sur les travaux du vendangeur, et l’habitant des champs ne passera plus un hiver triste et désolé auprès de ses greniers déserts.

1115. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Pour notre héroïne, il n’y a pas de suicide, mais reprise, après l’abandon du « séducteur », de la vie triste et monotone à laquelle elle avait cru échapper. […] Triste et morne captif, ô comble de douleurs, Qui pleure sans pouvoir même essuyer ses pleurs ! […] « Il était impossible pour une fête nationale de faire un choix moins national, plus injuste, plus absurde, plus triste et plus bête que l’anniversaire du 14 Juillet. […] Ces palmiers, ces fleurs, mis là pour elle et pour ce seul jour, masquaient mal la nudité du grand escalier de pierre, si froid, si triste. […] Le marchand de vin me voyant ainsi triste dans mon coin, ne mangeant pas, me fit un petit signe et m’attira à part.

1116. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Il est sensuel et triste ; il est tendre et désabusé, il est violent et délicat, et il donne à ses personnages une âme vivante et des paroles qui vont au cœur et le déchirent. […] Le visage du satyre est dur et triste. […] « On lui raconta de tristes histoires sur son compte, et elle ne s’en cacha guère. […] « Tristes querelles ! […] j’en suis triste jusqu’aux larmes !

1117. (1923) Au service de la déesse

Mais il ne tremble pas ; car il écrit, avec une fâcheuse bravoure : « La Bruyère, La Rochefoucauld, Molière, La Fontaine furent des observateurs de génie ; leur œuvre est triste et fausse, car l’humanité y apparaît foncièrement mauvaise… » Triste et fausse, l’œuvre de La Fontaine, de Molière, de La Rochefoucauld, de La Bruyère : je n’y consentirai jamais. […] Un roman triste, je l’accorde ; mais chaste ? […] C’est Marcel Bouve, qui m’ennuie, avec ses projets de tuer, sa morne manie de tuer, son bavardage de voyou, ses silences d’ivrogne triste et ses façons de bête sournoise. […] Il a tort, s’il se lance à une investigation de prophète triste. […] Il accuse, et n’a pas tort, ses aînés d’avoir cédé à la hantise de la défaite jusqu’à bâtir sur le dépit de la défaite une idéologie de triste résignation.

1118. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Il a eu une enfance triste et une jeunesse grave : jamais il ne prendra légèrement les choses de l’amour. […] Puis, au moment du départ, elle le voit si triste, si triste ! […] Et pourtant il revient, par un triste temps de neige, à la petite maison de Chaville, et Sapho le reprend d’un tour de main. […] Au reste, je ne connais guère de drame plus pénétré de compassion, plus imprégné du sentiment de la triste condition humaine. […] Ils paraissent fort tristes et peu intelligents.

1119. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

et quel air triste, énigmatique, équivoque, languissant, dédaigneux et pourri elle avait ! […] Ce sujet, bon pour quelque disciple de Scribe (il y en a encore et il y en aura toujours), il a eu l’idée de le traiter comme il avait fait la Lépreuse, conte triste et lointain d’une Bretagne de légende. […] Caroline, montée en graine, est devenue dévote, d’une dévotion étroite et triste. […] » fait à son tour la fille galante ; et elle dit les misères de sa vie, les jours où elle a manqué de pain, et les affres de son métier de joie, et la honte et la nausée « de ne pouvoir choisir »… Et, toute pleine elle-même de navrement, la sage courtisane exhorte la triste épouse et la triste vierge à la résignation. […] La pièce était triste, d’une vérité forte.

1120. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Courir aux succès de tribune au lieu des grands résultats d’opinion, jeter quelques imprécations retentissantes au parti du gouvernement, embarrasser les ministres dans toutes les questions, se coaliser avec tous les partis de la guerre ou de l’anarchie dans la chambre ; se faire applaudir par les factions au lieu de se faire estimer par la nation propriétaire et conservatrice ; ébranler, hors de saison, un gouvernement mal assis, mais qui couvrait momentanément au moins les intérêts les plus sacrés de l’ordre et de la paix ; menacer sans cesse de faire écrouler cette tente tricolore sur la tête de ceux qui s’y étaient abrités ; jouer le rôle d’agitateur au nom des royalistes conservateurs, de tribun populaire au nom des aristocraties, de provocateur de l’Europe au nom d’un pays si intéressé à la paix ; se coaliser tour à tour avec tous les éléments de perturbation qui fermentaient dans la chambre et dans la rue ; harceler le pilote au milieu des écueils et prendre ainsi la responsabilité des naufrages aux yeux d’un pays qui voulait à tout prix être sauvé ; former des alliances avec tel ministre ambitieux, pour l’aider à donner l’assaut à tel autre ministre ; renverser en commun un ministère, sans vouloir soutenir l’autre, et recommencer le lendemain avec tous les assaillants le même jeu contre le cabinet qu’on avait inauguré la veille ; être, en un mot, un instrument de désorganisation perpétuelle, se prêtant à tous les rivaux de pouvoir pour renverser leurs concurrents et triompher subalternement sur des décombres de gouvernement ; danger pour tous, secours pour personne ; condottiere de tribune toujours prêt à l’assaut, mais infidèle à la victoire ; faire du parti légitimiste un appoint de toutes les minorités, même de la minorité démagogique dans le parlement : voilà, selon moi, la direction ou plutôt voilà l’aberration imprimée à ce parti, moelle de la France, qui réduisait les royalistes à ce triste rôle d’être à la fois haïs par la démocratie pour leur supériorité sociale, haïs par les conservateurs industriels pour leur action subversive de tout gouvernement, haïs par les prolétaires honnêtes pour leur participation à tous les désordres qui tuent le travail et tarissent la vie avec le salaire. […] — Votre Majesté, répondis-je avec une vraie douleur de ne pouvoir céder, m’a vivement ému, m’a convaincu de son éloquence ; elle serait aussi élevée à la tribune que sur son trône ; mais l’admiration n’est pas de la conversion, et je la supplie de trouver bon que je sorte de sa présence comme j’y suis entré, nullement hostile, mais libre de tout lien avec sa dynastie. » Il lâcha le bouton de mon habit, qu’il tenait encore, avec un mouvement saccadé de mécontentement visible sur ses traits, et je sortis triste mais résolu de sa présence. […] XLII J’étais au coin de la cheminée, muet et consterné de la résolution, selon moi si fatale, conseillée ou acceptée par tous ; mais je n’étais que témoin sans responsabilité officielle dans le débat ; mon visage seul, triste et désapprobateur malgré moi, montrait sans doute que la résolution de dissoudre la chambre en ce moment m’inspirait un trop juste effroi.

1121. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

C’est enfin la préoccupation de ne point laisser décroître, par notre faute, la somme de vertus indispensable à la vie de l’humanité, et de sauver de ce trésor fragile et nécessaire tout ce qui peut encore en être sauvé ; c’est le désir de rechercher s’il ne subsiste pas, chez ces êtres accablés, humiliés et ulcérés par leur triste destinée, quelques germes de noblesse et de dignité morale, de préserver ces germes et de les faire fructifier ; bref, d’« élever » les malheureux par la manière dont on leur tend la main. […] Elle s’indigne d’abord : « Ta faute, dit-elle à Norah, n’est pas seulement horrible en elle-même ; elle ridiculise, elle bafoue mes scrupules et ma résignation et rend grotesques à mes propres yeux cinq années de ma triste vie ! […] Loyale, et pour se faire pardonner « sa vilaine, sa coupable coquetterie », elle lui conte, héroïquement et maladroitement, sa triste histoire et sa dernière et grotesque déception, et comment elle n’était plus elle-même quand le hussard est survenu. « Vous devez me croire, monsieur, car il faut être très humble et par conséquent très sincère pour dire tout ce que je vous ai dit là et que je n’avais dit à personne, bien sûr. » Mais le lieutenant ne la croit pas.

1122. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Je préfère Verlaine quand je parcours les rues tristes des faubourgs ou les bois rouillés par l’automne, quand j’entends la pluie chanter aux vitres. […] Sa mise en œuvre exclusive des idées de la Révolution dont la banqueroute est prochaine, son manque de sensibilité, son optimisme têtu l’éloignent de plus en plus des jeunes esprits que travaillent les inquiétudes de l’heure présente et qui se montrent davantage hospitaliers aux poèmes d’un Laforgue, d’un Verlaine, d’un Corbière, d’un Rimbaud dont la blague fiévreuse ou l’apaisement triste, par leur outrance délicieuse, ont préparé les voies à une renaissance classique. […] C’est une lyre lointaine et triste, parfois amère.

1123. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Un réaliste est là d’aventure : sans plus ample informé, il saisit au pied levé ce triste spectacle de l’héroïsme qui fuit ou qui patauge. […] Villon commence ses Poésies diverses par un quatrain qui tourne un triste supplice en dérision grossière. […] Triste est cette vieille femme coiffée d’un humble bonnet, et que ronge quelque chagrin domestique. Plus triste encore est cette femme hydropique doucement résignée soit à la mort, soit à la vie. […] « Nos tragédies, dit Mercier, ressemblent assez à nos jardins : ils sont beaux, mais symétriques, peu variés, magnifiquement tristes.

1124. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Qui sait même si l’on ne doit pas à cette triste réflexion le tableau des nobles chagrins du Misanthrope, de qui l’humeur exprime avec tant d’éloquence ce même sentiment, déplorable pour l’humanité ? […] Il ne veut entendre que des chansons qui consacrent les ris, le vin, les récoltes abondantes, le recouvrement des biens, et la douce fécondité des femmes ; dernière scène aussi gaie que les précédentes, où sa critique raille les tristes poètes qui ne savent chanter que les fureurs de Mars, au milieu des festins de la concorde et de la joie. […] « J’ai fait du mariage une assez triste épreuve : « À vingt ans mon mari m’a laissé mère et veuve. […] « Mais d’un veuvage affreux les tristes insomnies « Ne m’arracheront point de noires perfidies j « Et je veux chez les morts emporter, si je peux, « Un cœur qui ne brûla que de ses premiers feux. […] Le père du Glorieux pouvait être fondu dans un pareil moule ; et sa figure, moins triste, eût été mieux assortie au principal personnage.

1125. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Lui qui mélancoliquement suivit, très moderne toutefois, la route austère de la tradition védhique, lui qui, seul glorieusement triste et tout en dehors des petites querelles, voulut l’honneur redoutable d’être le solitaire aède des hymnaires d’Isis, le poète mystique des Noces de Sathan, de la Porte héroïque du ciel, de Prière ; le romancier de la lyrique rédemption par la perversité qui écrivit l’Éternelle poupée, le quintessencié féministe nous tint à peu près ce langage : — Je m’étonne de la déclaration de Mistral, qui est cependant un grand poète ; Hugo qui, certes, écrivit plus de trente mille vers, ne ressentit jamais cette lassitude de la rime, Lamartine non plus ! […]         « Mais rien plus ne me consterne         Que baisers à contretemps. » Puis un rythme lent, un rythme triste, un rythme blême Mouilla la nuit de larmes. […] Oh cher ami, que vous fit le normal diapason pour, ainsi, le décréter triste ? […] Ayant jeté un triste regard du côté du théâtre, le député-poète m’entraîna dans une brasserie silencieuse et put clamer à son aise : — L’influence de Mistral ?

1126. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Écoutez la fin de la Chanson d’Ève : Une aube pâle emplit le ciel triste, le Rêve Comme un grand voile d’or de la terre se lève. […] Tantôt il évoque, en des récits simples, naïfs, aux dialogues vifs et colorés, les existences claires ou tristes des gens de son village ; il nous parle de leurs amours, de leurs infortunes ; il comprend si bien les petits, les humbles, leurs misères et jusqu’à leurs vices ! […] Gilkin est obsédé par les idées de débauche et de mort ; il aperçoit partout la ruse, la haine et décrit une bien triste humanité. […] Ève sait, mais Ève est triste de savoir. […] Nous goûtons la même sensibilité un peu triste dans l’Âme en exil de Georges Marlow, dans les poèmes de Franz Ansel.

1127. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Milton, dans son Paradis perdu, nous représente les anges déchus, dont Satan est le chef, les Esprits rebelles et précipités dans l’abîme, qui se livrent encore dans leurs tristes loisirs à leurs anciens goûts favoris ; et quelques-uns d’entre eux et des plus distingués, dit le poète, « assis à l’écart sur une colline solitaire, s’entretiennent en discours infinis de pensées élevées et subtiles, ils raisonnent à perte de vue de providence, prescience, volonté et destin : destin fixé, volonté libre, prescience absolue, et ils ne trouvent point d’issue, ajoute le poëte, perdus qu’ils sont dans ces tortueux dédales. » N’imitons pas ces anges sublimes et déchus. […] C’est là un triste état moral pour une nation et le plus grand symptôme de l’énervement intellectuel.

1128. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

J’aperçois dans les vignes quelques chapeaux qui se lèvent au bruit du sabot de mon cheval sur les pierres et quelques gestes affectueux et tristes qui me disent : « Nous reconnaissons de loin, nous aimons toujours notre ancien maître ; pourquoi la rigueur du ciel nous en a-t-elle séparés ? […] Mais je suis triste tant que je me souviens de ce village entrevu.

1129. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Ils sont doux, tristes et tièdes, comme une première mélancolie de l’âme, avant l’âge des désespoirs passionnés : Ce qui m’estoit plaisant Ores m’est peine dure ; Le jour le plus luisant M’est nuit noire et obscure, .......... […] de la belle contrée Dont aviez eu le sceptre en la main, Lorsque pensive, et baignant vostre sein Du beau crystal de vos larmes roulées, Triste, marchiez par les longues allées Du grand jardin de ce royal chasteau Qui prend son nom de la beauté d’une eau.

1130. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

C’était de l’amour et de la religion, des pressentiments de la vie future délicieux et tristes comme elle, des extases et des découragemens, des horizons de lumière et des abîmes de ténèbres, de la joie et des larmes, de l’avenir et du désespoir ! […] Plus tard à la vieillesse des peuples, triste, sombre, gémissante et découragée comme eux, et respirant à la fois dans ses strophes, les pressentiments lugubres, les rêves fantastiques des dernières catastrophes du monde, et les fermes et divines espérances d’une résurrection de l’humanité sous une autre forme : voilà la poésie.

1131. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Le prix de la place, dans ce temple consacré du wagnérisme, est une bagatelle : vingt marcs, qui font vingt-cinq francs de notre triste monnaie française. […] La salle du théâtre de Munich, rappelant en beaucoup plus grand le Vaudeville de Paris, était médiocrement éclairée et d’aspect assez triste.

1132. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Samedi 19 août Triste journée. […] Oui, — et il continuait avec le triste haussement d’épaules d’un homme qui se sent au bout de la traîne de sa vie, — oui je voudrais écrire un livre, qui montrerait comment se fait la production dans un cerveau.

1133. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Il s’accomplit tout seul, artiste, œuvre et modèle ; Ni petit, ni mauvais, il n’est ni grand ni bon ; Car sa taille n’a pas de mesure hors d’elle, Et sa nécessité ne comporte aucun don. » Zénon, Spinosa, Hegel, reconnaîtraient dans ces vers la fière et triste image de leur pensée. […] Et cette imitation si pénible de Lucrèce, qui nous peint l’homme se ruant à la volupté et en sortant avec une tristesse invincible : Amour, ne ris-tu pas des roucoulants aveux Que depuis tant d’avrils la puberté rabâche, Pour en venir toujours (triste après) où tu veux.

1134. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Triste livre et livre attristant, qui ne rachète par aucun genre d’agrément sa tristesse. […] Mais, en d’autres termes, moins gais que ceux d’une si bouffonne préface, un tel procédé, c’est la mort même, la mort déshonorante de toute littérature créatrice, qui se déclare incapable de vivre par elle-même, impuissante et finie ; c’est le moyen le plus honteux employé pour la faire durer un peu encore, si cela s’appelle durer que traîner sa paralysie hébétée et son cul-de-jattisme final sur les béquilles d’emprunt du document humain, et, pour parler avec l’élégance de M. de Goncourt, qui se plaint qu’on le blague, c’est vraiment une chose assez triste pour qu’il n’y ait plus à blaguer !

1135. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Il sortait d’une famille de marins ; par son père, il appartient à la race bretonne pure, à cette race triste, douce, inflexible, dont il a si bien parlé dans son Étude sur Lamennais.

1136. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Si, pour les écrivains qui se respectent, il est, à certains égards, bien pénible de venir même toucher par allusion à ces tristes conflits, quelque chose ici l’emporte, le besoin pour eux de rendre hommage à la vérité et de ne pas laisser s’autoriser par leur silence l’ombre d’un doute sur ce qu’ils pensent, sur ce qu’ils souffrent de tout ce bruit.

1137. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

Chénier, dans une délicieuse épître, dit à sa Muse qu’il envoie au logis de son ami : … Là, ta course fidèle Le trouvera peut-être aux genoux d’une belle ; S’il est ainsi, respecte un moment précieux ; Sinon, tu peux entrer… Et il ajoute sur lui-même : Les ruisseaux et les bois, et Vénus, et l’étude, Adoucissent un peu ma triste solitude.

1138. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Vous supposez dès le début que l’homme est condamné à chercher ici-bas la vérité, seul, par lui-même, à la sueur de son front ; et tout cet effort infatigable de l’humanité pendant des siècles, ce sang, ces larmes répandues à travers ses diverses servitudes, ces joies quand elle se repose et se développe harmonieusement, ces religions qui fondent, ces philosophies qui préparent ou détruisent, cette loi de perfectibilité infinie et d’association croissante, tout cela n’aura abouti pour vous qu’à la conception mélancolique et glacée d’un ensemble d’êtres rationnels avant tout, destinés à s’observer, à se connaître, s’ils en ont la capacité et le loisir, à chercher concurremment ce qu’aucun ne sait, ce qu’aucun ne saura ; honnêtes gens tristes et solitaires, sortis d’un christianisme philosophique d’où la foi et la vie ont disparu, ayant besoin d’espérer, s’essayant à croire, oubliant et rapprenant la psychologie tous les ans, pour s’assurer qu’ils ne se sont pas trompés, et pour vérifier sans cesse les résultats probables de leur observation personnelle.

1139. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

Nous entendons parler ici de l’amour « triste, plaintif, dolent », de l’amour tel qu’il évolue chez les affinés ou exaspérés, et non du sentiment « joyeux, alerte, sain, sans remords, sans amertume », assez peu efficace et fécond, vraiment, comme matière esthétique.

1140. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre II. De l’ambition. »

quelle triste couronne elle promet !

1141. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

Il passait par Amboise où Fouquet avait été enfermé d’abord : « Je demandai à voir cette chambre, triste plaisir, je vous le confesse, mais enfin je le demandai.

1142. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

Et cette autre, en vieil françoys, si triste aussi dans sa conclusion : Autant en emporte ly vens.

1143. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

Ronsard a pu se repentir, et revenir dans sa triste Franciade au grêle décasyllabe : son œuvre était faite et a prévalu contre lui-même.

1144. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

C’est alors que le génie prend sa lampe et l’allume, et que l’oiseau solitaire, sauvage, inapprivoisable, brun et triste de plumage, ouvre son gosier, commence son chant, fait retentir le bocage et rompt mélodieusement le silence et les ténèbres de la nuit542. » Ne voilà-t-il pas déjà du Chateaubriand ?

1145. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

Homère, ce qu’il exprimait sans effort, c’étaient tous les beaux sentiments tristes et doux accumulés dans l’âme humaine depuis trois mille ans : l’amour chaste et rêveur, la sympathie pour la vie universelle, un désir de communion avec la nature, l’inquiétude devant son mystère, l’espoir ou la bonté du Dieu qu’elle révèle confusément ; je ne sais quoi encore, un suave mélange de piété chrétienne, de songe

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