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729. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nolhac, Pierre de (1859-1936) »

La nature avait bien sa part, à côté de ces recherches intellectuelles, mais elle était vue et traduite comme dans une églogue antique : on retrouvait le lettré aux champs… Comme fruit de cette première période, nous avons eu de M. de Nolhac, en tant que poète, une plaquette tirée à petit nombre pour quelques intimes, Paysages d’Auvergne.

730. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 362-361

Le miel que cette abeille avoit tiré des fleurs, Pouvoit de sa piqûre adoucir les douleurs*.

731. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 401-402

On sent qu’il n’étoit pas encore parvenu à ce point de maturité que demande la perfection de l’art : mais quand on se rappelle les obstacles que la fortune la plus cruelle n’a cessé d’opposer à son amour pour la gloire littéraire, on a lieu d’être étonné du parti qu’il a tiré de ses talens naturels.

732. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 214-216

Les saillies de son esprit le firent aimer du Cardinal de Retz, qui fut tirer parti, en faveur de la Fronde, de son Génie chansonnier, toujours prêt à la servir.

733. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Bug-Jargal » (1826-1832) — Préface de 1826 »

Quoi qu’il en soit, l’auteur ne songeait pas à tirer cet ouvrage de l’espèce de demi-jour où il était comme enseveli ; mais, averti qu’un libraire de la capitale se proposait de réimprimer son esquisse anonyme, il a cru devoir prévenir cette réimpression en mettant lui-même au jour son travail revu et en quelque sorte refait, précaution qui épargne un ennui à son amour-propre d’auteur, et au libraire susdit une mauvaise spéculation.

734. (1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Carle Van Loo » pp. 92-93

L’imbécile tire son épée contre une magicienne qui s’envole dans les airs, qui est hors de sa portée et qui laisse à ses pieds ses enfants égorgés.

735. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Amédée Vanloo » p. 218

Faites graver ce Saint Thomas, et vous n’en tirerez jamais qu’une de ces mauvaises estampes que nos paysans viennent acheter sur le quai des Théatins pour les clouer sur un des murs de leurs chaumières.

736. (1925) Proses datées

Parmi ceux-là, je note Ephraïm Mikhaël, Pierre Quillard, Ferdinand Herold et Bernard Lazare, qui tiraient de cette fréquentation un légitime orgueil. […] Alors, en souriant, il m’adressait la parole, me demandait, mon nom, m’encourageait, si bien que je tirais un papier. […] Il décida l’équipage à tirer au sort qui partiraient les premiers. […] A plus d’un, une pareille enquête serait néfaste, mais La Pouplinière s’en tire plutôt à son honneur. […] La lettre du 30 mai est de 720 livres « tirée par M. 

737. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

C’est le voyage dont il a tiré ses deux livres, en y transposant des réminiscences de ses deux séjours antérieurs. […] Expert dans les deux arts, il appliquera son intelligence à les bien distinguer, à tirer de tous deux, sur leur terrain propre, leur plein rendement. […] Elle est tirée d’Un Été dans le Sahara qui parut en 1856, un an avant Madame Bovary, et qui était la première œuvre de Fromentin. […] Cet amour de Dominique qu’elle connaît à présent, Madeleine en tire à la fois une angoisse et quelque bonheur. […] Nous ne savons pas si nous nous en serions tirés, tandis que nous savons que nous nous en sommes tirés.

738. (1900) Molière pp. -283

En pareil cas on ne laisse pas de tirer un profit de lumière et d’instruction des contradictions même qu’on essuie sans y souscrire. […] En abordant dans cet esprit l’œuvre originale que nous tirons de l’ombre pour eux, les lecteurs n’auront, nous l’espérons, nul effort à faire pour se laisser contredire, instruire, divertir, par les enseignements les plus personnels, et même les plus risqués en apparence, du conférencier. […] Il en tirera la comédie avec plus d’audace encore. […] Mais, messieurs, quelle preuve de génie, d’avoir tiré de la mort même une comédie ! […] Plus ils sèment d’amusement sur la peinture des passions mauvaises et des sentiments mesquins, plus ils en tirent d’incidents comiques, soyez persuadés que plus ils en ressentent d’horreur et de dégoût.

739. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXIV » pp. 95-96

Je joins ici un feuilleton tiré de la Démocratie pacifique, journal phalanstérien et fouriériste, nouvellement publié, quotidien (numéro du samedi 5 août).

740. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Ajalbert, Jean (1863-1947) »

. — La Fille Élisa, pièce tirée du roman d’Ed. de Goncourt (1891). — En Auvergne (1898)

741. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Reboul, Jean (1796-1864) »

Reboul a tiré d’une commode un manuscrit et m’a lu des vers énergiques d’un poème qu’il composa sur le Dernier Jour.

742. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 388-389

Le sujet de la Comédie du Muet est tiré de Térence ; l’intrigue en est bien conduite, le comique saillant & plein de finesse, le dialogue naturel, le style agréable & léger.

743. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

La philosophie qui tire toutes nos idées des sens échoue donc devant l’idée du beau. […] Et quel travail plus stérile que de calquer des œuvres essentiellement inimitables par la vie dont elles sont douces, pour en tirer un simulacre médiocre ? […] Mais comment et par quel prestige tirer l’infini du fini ? […] Estimer, mépriser, locutions universelles, phénomènes certains, d’où une impartiale analyse peut tirer les plus hautes notions. […] Ces principes sont ceux que le temps a tirés peu à peu du christianisme pour leur donner à conduire les sociétés modernes.

744. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

La troupe prit le nom de Confrères de la Passion, nom qui rappelait les sujets des pièces, toutes tirées de l’Ancien, du Nouveau-Testament ou de la Vie des Saints. […] Si la langue fut un obstacle pour Jodelle, Garnier sut vaincre cet obstacle en forgeant au besoin des mots qu’il tirait du latin. […] Pour se tirer des fausses positions où il se trouvait tout à coup, il fallait une comédie nouvelle. […] Le sujet fut tiré de la situation même dans laquelle se trouvait alors la Comédie-Française. […] Il put enfin se tirer des griffes du Saint-Office et se retirer à Paris, où il devint précepteur des fils du duc de Saint-Aignan.

745. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

Le plus remarquable dans cette épître au roi Christian VII, du reste agréable, c’est une contradiction fondamentale, dont je ne sais pas comment Voltaire se tire pour son compte et dont ce n’est pas à moi de le tirer. […] On reconnaîtra qu’il est difficile de tirer une doctrine précise de ces affirmations, d’une part toujours retirées à demi et d’autre part contradictoires. […] Chacun ne tirerait de revenu que de sa terre et n’en tirerait précisément que ce qu’il lui faut pour ne pas mourir de faim. […] Conséquence à la manière de mes adversaires, que j’aime autant prévenir que de leur laisser la honte de la tirer. […] La théorie de l’Etat omni-possesseur résulte tellement de la doctrine générale du Contrat social qu’on l’en tirerait légitimement quand bien même Rousseau ne l’en aurait pas tirée lui-même.

746. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Le monarque eût pu tirer d’eux une punition terrible ; mais il ne chercha qu’à les couvrir de ridicules. […] Les ministres n’en tirèrent pas plus de parti que toute la médecine. […] Il alla souvent dans ces lieux renommés, d’où l’église tire tant de corps saints. […] La cour de Rome le pressoit toujours de la satisfaire, lorsque la mort vint le tirer d’embarras. […] Les seules circonstances l’ont tiré de la foule.

747. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Mais du moins reste-t-il un fruit à tirer de ces contradictions excessives. […] On essaye encore de se tirer d’embarras à la faveur des allégories ; et l’on va jusqu’à faire un parallele scandaleux des livres saints, avec les imaginations d’Homere. […] Mais je veux que ces éloges, que ces préférences partent quelquefois d’une véritable modestie ; faudroit-il pour cela, prendre les auteurs modestes au mot, et tirer avantage contre eux de l’injustice qu’ils se feroient ? […] C’est ce que Madame Dacier paroît penser à l’égard d’Homere ; et si le principe qu’elle pose est vrai, elle a raison d’en tirer cette conséquence. […] Si ces corrections sont bonnes, je ne prétends pas en tirer vanité.

748. (1923) Paul Valéry

C’est le secret des inventeurs. » Le secret aussi de l’invention qui nous fait inventer nous-mêmes pour nous-mêmes et qui tire de cette famille de figures la figure que nous sommes. […] Le seul technicien qui tire son nom de l’acte créateur pur, ποιειν, c’est le Poète. […] (Il a écrit la Jeune Parque péniblement, l’a tirée peu à peu d’un monde de ratures, et les poèmes suivants avec une assez grande facilité). […] Il ne tire de lui-même que des attitudes et des images par lesquelles il s’intéresse, et nous intéresse, à deux êtres généraux, à deux universaux, à deux Idées, qui sont l’univers et la poésie. […] Quel travail toujours triste et nouveau Te tire avec retard, larme, de l’ombre amère ?

749. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Ces longs raisonnements tirés de ligne en ligne vous empêchent d’entrer d’abord en des connoissances plus hautes qui ne trompent jamais. […] Le seul ouvrage de M. de Méré qui vaille aujourd’hui la peine qu’on s’y arrête avec détail, ce sont ses Lettres ; l’on en pourrait tirer un certain nombre de singulières et d’intéressantes. […] Qu’est-ce que prétendre tirer de l’oubli ? […] C’est de ces Conversations que j’ai tiré le plus grand nombre de mes citations, et aussi du premier des traités posthumes, qui a pour titre : de la vraie Honnêteté. […] Sans doute le Recueil de Rondeaux imprimé en 1650, celui même d’où La Bruyère a tiré les deux rondeaux qu’on lit dans l’un de ses chapitres.

750. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

VIII La satire, en repliant l’individu sur lui-même, eu le séparant violemment des mœurs et des idées de son temps, fut la mort de ce bel art classique, dont la beauté parfaite avait eu pour principe, en Grèce, l’incarnation d’un petit nombre d’idées hautement générales, que le poète n’avait pas tirées de son propre fonds, dans une forme plastique, pure, transparente et idéale, où sa personnalité ne paraissait pas. […] Ce n’est pas par une fantaisie aristocratique que Shakespeare met habituellement des princes sur la scène, c’est par une nécessité de l’art, c’est afin d’avoir des figures indépendantes ; et pour cela il ne suffit pas de prendre des princes, il faut encore les tirer du fond des âges fabuleux de la vieille Europe. […] D’un motif aussi absurde il a tiré un vrai poème, parce qu’il en a tiré une comédie. […] Les intérêts dans lesquels se meut la comédie n’ont pas besoin d’être tirés des domaines opposés à la morale, à la religion, à l’art. […] Nous avons cherché, en ce qui concerne Molière, à tirer le plus de conséquences logiques que nous avons pu des prémisses générales posées par Hegel.

751. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Tout le territoire, à dix lieues de Paris, est chasse gardée ; « on n’y saurait tirer un coup de fusil156, aussi voyez-vous dans toutes les plaines les perdrix, familiarisées avec l’homme, becqueter le grain tranquillement et ne point s’écarter quand il passe ». […] Deux pages lui ôtent ses pantoufles ; le grand maître de la garde-robe lui tire sa camisole de nuit par la manche droite, le premier valet de garde-robe par la manche gauche, et tous deux le remettent à un officier de garde-robe, pendant qu’un valet de garde-robe apporte la chemise dans un surtout de taffetas blanc  C’est ici l’instant solennel, le point culminant de la cérémonie ; la cinquième entrée a été introduite, et, dans quelques minutes, quand le roi aura pris la chemise, tout le demeurant des gens connus et des officiers de la maison qui attendent dans la galerie apportera le dernier flot. […] Comptez celles d’une semaine. « Hier dimanche, dit le duc de Luynes, je trouvai en chemin le roi qui allait tirer dans la plaine Saint-Denis, et qui a été coucher à la Muette, où il compte continuer à tirer aujourd’hui et demain, et revenir ici mardi ou mercredi matin pour courre le cerf ce même jour mercredi186. » Deux mois plus tard, « le roi, dit encore M. de Luynes, a été tous les jours de la semaine dernière et de celle-ci à la chasse, hors aujourd’hui et les dimanches, et tué, depuis le commencement des perdreaux, trois mille cinq cents pièces ». […] De 1775 à 1789191, récapitulant lui-même ce qu’il a fait, il trouve « cent quatre chasses au sanglier, cent trente-quatre au cerf, deux cent soixante-six au chevreuil, trente-trois hourailleries, mille vingt-cinq tirés », en tout quinze cent soixante-deux jours de chasse, c’est-à-dire une chasse au moins tous les trois jours ; outre cela, cent quarante-neuf voyages sans chasse, et deux cent vingt-trois promenades à cheval ou en voiture. « Pendant quatre mois de l’année192 il va à Rambouillet deux fois par semaine et n’en revient qu’après avoir soupé, c’est-à-dire à trois heures du matin »  Cette habitude invétérée finit par se tourner en manie et même en quelque chose de pis. « Il n’y a pas d’exemple, écrit Arthur Young, le 26 juin 1789, d’une nonchalance et d’une stupidité pareilles à celles de la cour ; le moment demanderait la plus grande décision, et hier, pendant qu’on discutait s’il serait doge de Venise ou roi de France, le roi était à la chasse. » Son journal semble celui d’un piqueur. […] Bailly, vêpres et salut, grand couvert… 5 octobre, tiré à la porte de Châtillon, tué quatre-vingt-une pièces, interrompu par les événements ; aller et retour à cheval. 6 octobre, départ pour Paris à midi et demi, visite à l’hôtel de ville, soupé et couché aux Tuileries. 7 octobre, rien, mes tantes sont venues dîner. 8, rien… 12, rien, le cerf chassait à Port-Royal. » — Enfermé à Paris, captif de la multitude, son cœur suit toujours sa meute.

752. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Vous auriez dû vous servir de l’huile blanche que je vous ai donnée. » Il tire la fiole de sa poche, et la farde sur les deux joues. […] Il se moque des auteurs qui, dans la même pièce, « montrent le même personnage au berceau, homme fait et vieillard de soixante ans, qui, avec trois épées rouillées et des mots longs d’une toise, font défiler devant vous toutes les guerres d’York et de Lancastre, qui tirent des pétards pour effrayer les dames, renversent des trônes disjoints pour amuser les enfants135. » Il veut présenter sur la scène « des actions et des paroles telles qu’on les rencontre dans le monde, donner une image de son temps, jouer avec les folies humaines. » Plus de « monstres, mais des hommes », des hommes comme nous en voyons dans la rue, avec leurs travers et leur humeur, avec « cette singularité prédominante qui, emportant du même côté toutes leurs puissances et toutes leurs passions », les marque d’une empreinte unique136. […] quelque idiote sortie de l’hôpital, qui se tiendrait roide, les mains comme ceci, la bouche tirée d’un côté, et les yeux sur vous154 ?  […] Ils le tirent au sort ; l’un des perdants, pour se venger, annonce d’avance au public tous les événements de la pièce. […] Pareillement, les idées, une fois qu’elles sont dans la tête humaine, tirent chacune de leur côté à l’aveugle, et leur équilibre imparfait semble à chaque minute sur le point de se renverser.

753. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Allez en paix, me dit le caporal ; quand vous auriez été cent, vous ne vous seriez pas tirés d’ici. […] Sur-le-champ le cardinal envoya cet ordre avant que Pier Luigi le sût, car il s’y serait opposé ; et deux de ses principaux gentilshommes me tirèrent de ma prison, à quatre heures de la nuit, et me conduisirent dans son palais, où je fus accueilli avec toute la bonté possible. […] Soudain je pousse la porte, je lui mets la pointe de mon épée sur la poitrine, sans lui donner le temps de tirer la sienne, et je lui dis : Vil poltron, recommande ton âme à Dieu, car tu vas mourir ! […] Tire, lui dis-je, l’anneau que tu as au doigt, et mets-le au doigt de cette fille. […] me répondit-il, est-ce que vous avez envie de vous tirer du sang avec moi ?

754. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Plein de colère, Hagene saisit promptement le fourreau de son épée et en tire la bonne lame ; il lui abat la tête et la jette à terre. […] Maintenant en tire vengeance qui veut, homme ou femme. […] Volkêr s’assit sur une pierre sous la porte du palais ; jamais il n’exista un plus généreux joueur de viole ; il tira des cordes de son instrument des sons si doux, que les fiers étrangers remercièrent Volkêr ! […] Il tira une épée acérée qui était forte et longue, et il asséna sur Blœde un coup si prompt de cette épée, qu’à l’instant sa tête vola à ses pieds. « Ce sera là la dot, dit Dancwart le héros, pour la fiancée de Nuodunc, à qui tu voulais offrir ton amour. […] Puis il se mit à tirer vengeance du mal qu’on leur avait fait.

755. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Le fils de l’auteur d’Athalie écrivit le poème de la Religion ; le fils de l’auteur de Notre-Dame-de-Paris et de la Préface de Cromwell faisait des romans et tirait les derniers coups de feu inutiles de cette guerre de 1830 terminée, et à laquelle son père avait pris une si éclatante et fière part. […] Il est vrai qu’immédiatement après l’avoir lâché, Hazlitt, comme Trissotin qui ne peut pas souffrir qu’on aille, de maison en maison, trimbaler ses vers, et qui tire, sans point ni virgule, les siens de sa poche, fait immédiatement son petit speech sur le Roi Lear… Nous aussi nous croyons, comme Hazlitt, que raconter un drame du vieux Shakespeare, dont la première représentation n’est pas d’hier soir et qu’on peut lire dans le premier cabinet de lecture venu, est une impertinence. […] Elle était tirée d’un épisode du roman de Brut (1153), et elle avait été mise à la scène et jouée sous différents noms d’auteurs, je ne sais combien de fois. […] XVI Si, pour notre part, il nous est impossible d’admettre que le drame de Henri V, dont François-Victor Hugo tire par les cheveux — et des cheveux aussi courts que ceux d’une tête ronde — une théorie politique contre le droit divin ; s’il nous est impossible d’admettre que ce drame ait été pour Shakespeare ce qu’il est pour son traducteur, nous n’en voyons pas moins comme lui les beautés supérieures de cette œuvre, splendide et charmante… Charmante, en effet, car ce n’est point l’élément du terrible et du pathétique, si familiers l’un et l’autre au génie de Shakespeare, qui brille ici de sa flamme sombre et convulsive, mais l’élément du gracieux, de l’aimable et du bon, qui étaient autant dans Shakespeare que celui du terrible et du beau. […] Il cite Monstrelet et Chastellain, et oppose énergiquement au Roi anglais « flegmatique, — dit-il, — rigide, altier et antipathique », cette ravissante fantaisie de Shakespeare, qui tire, comme on tire un instrument merveilleux d’un étui tombé dans la fange, une perfection de roi du fond du plus mauvais sujet d’Angleterre.

756. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Un honorable chanoine de l’église de Paris, compatriote de la famille Désaugiers, écrivant à l’un des frères du célèbre chansonnier sur la nouvelle de sa mort (août 1827), lui rendait ce gracieux témoignage : « Je n’oublierai jamais l’homme aimable que j’ai vu dans sa première enfance, et dont feu l’abbé Arnaud avait tiré l’horoscope qu’il a si bien justifié : « Voilà, disait-il du jeune Tonin 19, voilà une tête grecque. » Il aurait pu dire aussi : « Voilà une tête romaine, et y découvrir des traits de ressemblance avec le bon, l’aimable Horace, que votre ingénieux chansonnier rappelait si souvent. […] Ce ne sont pas celles qui ont pour titre et pour sujet un de ces noms tirés au sort, comme c’était d’usage dans les réunions du Caveau, la neige, la plume, le noir, le long ; il s’agissait de broder là-dessus quelques couplets, vraie gageure de société et pur jeu d’esprit. […] Béranger a des arrière-pensées ; il en est tapissé, et bien lui en prend ainsi qu’à nous, puisque c’est de là qu’il tire ses points de vue supérieurs et qu’il démasque au besoin ses horizons. […] Mais Désaugiers était de l’ancienne race, de cette malice du bon vieux temps et d’avant Voltaire ; on lui pardonnait de rire comme dans les vieux noëls, sans que cela tirât à conséquence.

757. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

Encore faut-il noter que, parmi ces chevaux de race, il est un troupeau privilégié qui, né auprès du râtelier, écarte ses pareils et mange à pleine bouche, gras, brillant, le poil poli et jusqu’au ventre en la litière, sans autre occupation que de toujours tirer à soi. […] M. de Rohan tirait de ses abbayes, non pas 60 000 livres, mais 400 000, et M. de Brienne, le plus opulent de tous après M. de Rohan, le 24 août 1788, au moment de quitter le ministère108, envoyait prendre au « Trésor les 20 000 livres de son mois qui n’était pas encore échu, exactitude d’autant plus remarquable, que, sans compter les appointements de sa place et les 6 000 livres de pension attachées à son cordon bleu, il possédait en bénéfices 678 000 livres de rente, et que, tout récemment encore, une coupe de bois dans une de ses abbayes lui avait valu un million ». […] Une partie va s’avilir dans la servitude de cour ; l’autre se mélange à la canaille plumière qui change en encre le sang des sujets du roi ; l’autre périt étouffée par de viles robes, ignobles atomes de la poussière de cabinet qu’une charge tire de la crasse » ; et tout cela, parvenus d’ancienne ou de nouvelle race, fait une bande qui est la cour. — « La cour ! […] La première classe, « tirée de la noblesse et de la bonne bourgeoisie, n’a que les prétentions sans vrai ministère.

758. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 5-64

CL Je ne fis semblant de rien et je continuai à interroger, sans affectation, l’enfant jaseur, pour tirer par hasard quelque indice ou quelque espérance de ce qui s’échappait de ses lèvres. […] CLXI Je tirai le verrou, je poussai la porte, j’entrai, toute tremblante, dans la petite chambre à voûte basse, éclairée le jour par une large meurtrière, qu’un triple grillage séparait du ciel ; le vent qui sortit de la chambre, quand la porte s’ouvrit, et des chauves-souris, qui battaient leurs ailes aveugles contre les murs, faillirent éteindre la lampe que je tenais dans ma main gauche pour m’éclairer jusqu’au lit. […] Chapitre VI CLXXVII Le bargello tira des verrous, tourna des clefs énormes dans les serrures, en me montrant comment il fallait m’y prendre pour ouvrir la petite porte basse encastrée dans la grande, et comment il fallait bien refermer cette portelle sur moi, avant d’entrer dans la cour, de peur de surprise ; puis nous nous trouvâmes dans le préau. […] Plusieurs arrestations de voyageurs étrangers et plusieurs coups de tromblon tirés sur les chevaux pour rançonner les voitures avaient signalé la présence d’un brigand, posté dans les cavernes de ces broussailles.

759. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Il faut dire, sans en tirer de conséquences, que l’on condamna peu après un faussaire du nom d’Haudiquier, pour fabrication de titres, et que Despréaux se trouva lui avoir payé vingt-cinq louis pour un travail de la nature duquel on n’est pas éclairci. […] La première année, tandis que le roi allait en Flandre, ils restèrent à Paris, et s’en tirèrent par un mot d’esprit : « Leurs tailleurs avaient été plus longs à leur faire des habits de campagne que Sa Majesté à prendre les villes qu’elle assiégeait. » Mais l’année suivante, il fallut partir ; et leur ignorance des choses militaires, leur gaucherie à cheval, leur peu d’inclination à se faire tuer, donnèrent lieu à toute sorte d’épigrammes et d’anecdotes, dont s’amusèrent leurs ennemis, leurs envieux et la malignité secrète des indifférents. […] Il excellait à engager l’adversaire, à en tirer les ripostes qui insensiblement le découvraient. […] Quand il se représentait, naïf croyant pour qui « c’est Dieu qui tonne », en face de l’esprit fort qui Prêche que trois font trois et ne font jamais un ; quand il défendait Tartufe contre les « bigots » soulevés, et que dans ce Lutrin d’une ironie vraiment si laïque, il tirait ses effets comiques d’une bénédiction sacerdotale, ou lâchait des traits comme celui-ci : Abîme tout plutôt, c’est l’esprit de l’Église, assurément Pradon avait tort de l’accuser d’athéisme, mais assurément aussi il ne pouvait passer pour un chrétien bien fervent, ni surtout pour un janséniste.

760. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Il est nécessaire de l’en tirer, de la vêtir, de la parer pour l’introduire dans les salons, dans les familles, dans les écoles. […] Mentionnerai-je à ce propos ces œuvres qui ont pour but d’amuser en instruisant ou d’instruire en amusant et qui ont pour point de départ quelque vérité scientifique dont l’auteur tire hardiment des conséquences extraordinaires ? […] On sait quel parti les romanciers, depuis Alexandre Dumas père jusqu’aux feuilletonistes de journaux à un sou, ont tiré du sommeil provoqué et de la suggestion, et je n’énumérerai pas les innombrables écrivains-carabins qui ont puisé dans des traités de médecine des descriptions de maladies à faire frémir ou à faire vomir. […] Le philosophe emploie la méthode déductive ; d’un principe unique, je pourrais dire d’un axiome, il tire l’existence de Dieu, l’existence du monde, toute une série de corollaires enchaînés comme les théorèmes d’Euclide.

761. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

Vendredi 16 février Ce soir, au milieu de paroles vides et baveuses, un homme politique dit, que les seules salles à manger à Paris, où mangeaient des hommes d’État de l’étranger, et dont les maîtres de maison avaient tiré une force et une puissance extraordinaires : c’étaient les salles à manger de Girardin et de Gambetta. […] Ce poète, aux récits invraisemblables, nous fait un tableau amusant d’une ville du Texas, avec sa population de convicts, ses mœurs au revolver, ses lieux de plaisir, où on lit sur une pancarte : Prière de ne pas tirer sur le pianiste qui fait de son mieux. Il nous parle de la salle de spectacle, qui comme le plus grand local, sert aux assises, et où l’on pend sur la scène, après le théâtre, — et où il a vu, dit-il, un pendu qui se raccrochait aux montants des coulisses, et sur lequel les spectateurs tiraient de leur place. […] Eh bien, quand un lapin partait, au lieu de tirer dessus, je me foutais à pleurer ! 

762. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Du conflit des idées elle tire une idée nouvelle, qui ne doit aux idées d’où elle sort que parfois les lettres qui forment leur commune armature ; la langue transporte à volonté l’idée de rouge au mot noir, ou l’idée de tuer au mot protéger : et cela est très clair. […] » De tous les carbonates, un seul est usuel et son usage est constant ; on le tire de la foule, on le spécifie, et avec quelle simplicité de moyens : par un changement de genre. […] Désespérant de jamais sentir la différence trop profonde qu’il y a entre colorer et colorier, le peuple s’en tire en fabricant couleurer qui répond à tous ses besoins dans cet ordre d’idées. […] La forme populaire se retrouve dans médaille, venu de l’italien ; de metallia le vieux français avait tiré maille (monnaie).

763. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

Les meilleures démonstrations, les plus décisives et, ainsi qu’on dit, les plus « topiques », ne sont-elles pas celles qui se tirent, ou qui se dégagent, en quelque manière, de l’effort même qu’on avait entrepris avec le ferme propos de ruiner ce qu’elles établissent ? […] Il y a une métaphysique du positivisme, et cette métaphysique ne se surajoute pas du dehors à l’édifice de la doctrine, mais on dirait plutôt, il faut même dire qu’elle en sort, si le positivisme, en fait, et par les moyens que nous venons d’indiquer, ne l’a pas tirée d’ailleurs que de la théorie de la « relativité de la connaissance. » Il en a également tiré la théorie de l’« Inconnaissable », et c’est le moment de rappeler les paroles si souvent citées d’Herbert Spencer : « De la nécessité de penser eu relation, il s’ensuit que le relatif est lui-même inconcevable, à moins d’être rapporté à un non relatif réel. […] D’où la tirerons-nous ?

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