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242. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

La première de ces choses peut n’être qu’un système, la seconde est une vie. […] Un système est aisément conséquent, et n’en est pas de même d’un homme. […] Au fond, cette pluralité de systèmes et leurs contradictions constituent le système de l’auteur ; un scepticisme emporté, sans frein, est l’idée de tout le drame. […] Dans le système absorbant de l’auteur, tout est vain, son système aussi bien que le reste. […] Comment édifieriez-vous sur une fiction un système vrai ?

243. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Avant d’en venir au système qui prévalut et qui présida à la réorganisation de l’Université sous Fontanes, on avait à passer par des épreuves successives : le système de Roederer fut un de ces essais intermédiaires. […] Je n’insiste pas sur ce système qui n’a point été mis à l’épreuve et qui, dès lors, ne peut être qu’imparfaitement jugé. […] Ce que le système offre, à première vue, de trop mince et de trop étendu en surface, aurait pu se corriger dans la pratique. […] Les classiques peuvent enregistrer cet imposant témoignage de plus à l’appui de leur système : Benjamin Constant a fait une tragédie et une poétique, disait Napoléon.

244. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

. — Système des langues. — Premiers symptômes d’idéologie. […] C’est là que parurent successivement sa Dissertation sur les langues en général, et sur la langue française en particulier, en tête du numéro de mars 1717 ; ses Réflexions sur l’éloquence, en tête du numéro de mai 1718 ; son Nouveau Système d’éducation, en tête du numéro de juillet, même année : notre auteur, toutes les fois qu’il y écrit, a de droit la place d’honneur dans le Mercure. […] Ce qui n’est pas clair, n’est pas français ; ce qui n’est pas clair est encore anglais, italien, (allemand,) grec ou latin. » L’abbé de Pons n’admet point que les langues soient autre chose que des systèmes de signes arbitraires établis pour le commerce mutuel des pensées. […] Je n’ai que le temps de noter de l’abbé de Pons son Nouveau Système d’éducation, sa nouvelle méthode pour former la jeunesse française. […] Mais les langues, toujours par l’effet d’un système, n’y tiennent pas assez de place.

245. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

» Qu’on veuille y réfléchir : ce n’est pas là un accident oratoire que cette opposition ainsi proférée et proclamée au début de la carrière, par un homme public jeune et grave, âgé de trente-quatre ans ; c’est une intention, une volonté réfléchie et formelle, un système ; c’est tout un engagement et un serment ; et il l’a tenu ! […] Cette doctrine particulière, qu’il étudia et analysa avec une fermeté ingénieuse, ne fut jamais chez lui que secondaire et subordonnée à des principes religieux et moraux supérieurs ; il ne poussa jamais l’examen à ses dernières limites, et les aventures, les constructions de système de ceux qui affectaient en toute occasion de se proclamer ses disciples, par un sentiment de reconnaissance et de déférence sans doute, mais aussi pour se couvrir au besoin de lui, lui restèrent choses extérieures et presque étrangères. […] Le sien était pur, franc, net, purgé de tout système, admirablement tempéré et équilibré. […] Séparé, dès ce temps, des royalistes purs, en ce qu’il ne partageait pas cette sorte de culte mystique ou de passion exaltée dont n’étaient pas encore tout à fait revenus, à cette date, plusieurs de ceux même qu’on appela ensuite doctrinaires, il était et resta toujours séparé et très-distinct de ces derniers en ce qu’il n’eut jamais l’esprit de système, ni non plus l’esprit d’opposition surexcitée et de faction dont quelques-uns ne furent pas exempts à de certains jours. […] A la tribune, s’il eut le mérite d’apporter de prime-abord un talent d’improvisation véritable, chose alors très-neuve, maître d’ailleurs de sa parole, il la gouverna toujours et sut la tenir également éloignée de la passion on du système.

246. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Dans une lettre du 10 mai 1732, adressée au roi son père, à propos des fortifications qu’on s’obstinait à faire dans le système ancien, malgré la quantité et la force du canon introduit depuis quelques années dans les sièges, il se déclare en disant : « Cependant on fortifie toujours et avec des dépenses énormes, tant les préjugés et les usages sont forts chez les hommes ! […] Effectivement il en coûte moins aux gens bornés de bien exécuter un système établi que d’en inventer ou d’en rechercher un autre. Aussi n’est-ce pas l’affaire de tous les hommes ; mais c’est un malheur pour les gens à talent et à génie de ne pouvoir persuader la vérité aux ministres, aux généraux, aux princes même ; car partout on suit la routine, et c’est un défaut pour un homme de passer pour un inventeur, qu’il faut qu’un particulier cache avec soin s’il est sage, parce que l’on s’aliène les esprits ; et il n’est permis qu’à un souverain d’être créateur d’un nouveau système. » Et c’est bien là une des raisons pour lesquelles il aurait tant aimé à être un souverain. Parlant du chevalier de Folard, qu’il voudrait bien emmener avec lui en Saxe pour le faire causer sur ses systèmes de fortification et de tactique que le brave et digne officier mêlait dans les dernières années de sa vie avec sa dévotion janséniste convulsionnaire : « Enfin, disait-il, je compte qu’il amusera Votre Majesté sur toute sorte de métiers. […] Il dénonce le complet changement de système et de balance qui va se faire en Europe : « Ceux qui seront les plus habiles en profiteront. » Il supplie le roi son frère de ne rien précipiter en matière d’alliances, de ne pas se lier les mains : il est mis, par le maréchal de Belle-Isle, dans le secret des expéditions qui vont se tenter au cœur de l’Allemagne ; il doit servir dans cette armée même, mais sous condition, car s’il arrivait que le roi son frère prit des engagements contre la France, il ne serait « ni décent ni honnête » qu’il fût à la guerre de ce côté.

247. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Quelques tracasseries décidèrent Voltaire à compléter son système de défense. […] Sa défiance des systèmes, ses tendances aristocratiques, son bon sens, tout concourt à lui faire adopter une politique opportuniste comme nous dirions, et réaliste. […] Par la bruyante publicité qu’il donnait à toutes les erreurs de la justice, Voltaire contribua plus que personne à la réforme de la procédure ; il fit éclater à tous les yeux les vices du système, il les rendit intolérables. […] Voltaire est un journaliste de génie : agir sur l’opinion qui agit sur le pouvoir, dans un pays où le pouvoir est faible et l’opinion forte, c’est tout le système du journalisme contemporain ; et c’est Voltaire qui l’a créé. […] Mais il a eu pourtant l’intelligence la plus alerte, la plus curieuse : une intelligence toujours en éveil, débrouillarde, lucide, merveilleux filtre d’idées ; personne n’a possédé plus que cet homme-là le don de réduire un gros système à une courte phrase, et de choisir le petit échantillon sur lequel on peut juger d’une vaste doctrine.

248. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre III. La notion d’espace. »

Cela posé, si pour diviser un continu, il suffit de considérer comme coupures un certain nombre d’éléments tous discernables les uns des autres, on dit que ce continu est à une dimension ; si au contraire pour diviser un continu, il est nécessaire de considérer comme coupures un système d’éléments formant eux-mêmes un ou plusieurs continus, nous dirons que ce continu est à plusieurs dimensions. […] En somme, le système d’axes de coordonnées auxquels nous rapportons naturellement tous les objets extérieurs, c’est un système d’axes invariablement lié à notre corps, et que nous transportons partout avec nous. […] Autre remarque : je viens de dire que c’est à notre propre corps que nous rapportons naturellement les objets extérieurs ; que nous transportons pour ainsi dire partout avec nous un système d’axes auxquels nous rapportons tous les points de l’espace, et que ce système d’axes est comme invariablement lié à notre corps.

249. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

La question est maintenant de savoir si la physiologie est une science d’observation ou une science d’expérience, si elle peut agir artificiellement sur les phénomènes et se fournir à elle-même des sujets d’observation, ou si elle doit les attendre, comme l’astronomie qui ne peut rien changer au système planétaire, et qui en contemple immobile les révolutions. […] Cependant, combien d’expériences décisives ont été faites sur la sensibilité du système nerveux ! […] Autant on doit être sévère pour les philosophes qui nient la philosophie, autant nous trouvons naturel et excusable l’orgueil du savant qui, marchant d’un pied ferme sur le terrain solide de la réalité, ne peut s’empêcher de contempler avec quelque pitié nos fragiles systèmes et nos éternelles controverses. […] Quoi que puissent penser ultérieurement les métaphysiciens, quelque système qu’ils veuillent soutenir, ces deux propositions sont inébranlables, et elles suffisent pour rendre la science possible. […] Faut-il croire que la nature et la liberté sont, comme le corps et l’âme dans le système de Leibnitz, deux horloges allant d’accord parce qu’elles ont été primitivement montées ensemble, mais en réalité ne se connaissant pas, et n’ayant aucun empire l’une sur l’autre ?

250. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre III. Partie historique de la Poésie descriptive chez les Modernes. »

Nous avons donc eu raison de dire que c’est au christianisme que Bernardin de Saint-Pierre doit son talent pour peindre les scènes de la solitude : il le lui doit, parce que nos dogmes, en détruisant les divinités mythologiques, ont rendu la vérité et la majesté aux déserts ; il le lui doit, parce qu’il a trouvé dans le système de Moïse le véritable système de la nature.

251. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

Bonald ne paraît pas s’être douté qu’il lui avait suffi de quelques descriptions exactes pour introduire dans son système une contradiction qui le ruine. […] 5° Rôle de la parole. — C’est ici qu’apparaît dans tout son jour la tendance platonicienne du système. […] On voit que le mot a, pour Bonald, la même propriété qui appartient, dans le système de Platon, au phénomène sensible : Bonald aurait pu dire que le mot nous fait souvenir de l’idée. […] En somme, il n’a pas compris Bonald, et Bonald en retour, n’a pas compris que Damiron, en lui signalant les petites perceptions, avait touché le point faible de son système. […] De Bonald paraît avoir conçu son système philosophique entre 1796 et 1802, date de la publication de la Législation primitive.

252. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Ces deux grands écrivains semblent lutter de génie pour donner, chacun dans leur système, à leurs contre-vérités, l’autorité et l’éclat de la vérité. […] Ajoutez que le véritable système du monde fut parfaitement connu de la plus haute antiquité. […] C’est dans le Panthéon que le paganisme est rectifié et ramené au système primitif, dont il n’était qu’une corruption visible. […] Ce que tu me dis de Chambéry m’a serré le cœur ; je suis cependant bien aise que tu aies vu par toi-même l’effet inévitable d’un système dont nous avons eu le bonheur de te séparer entièrement. […] Ce monde s’agite toujours, dans la même anxiété, à la poursuite de vérités ou de systèmes soi-disant immuables et définitifs, et qui nous échappent toujours, comme l’horizon qui semble marcher échappe au navigateur qui le poursuit sur la mer.

253. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Mais ce n’était certes pas un système propre à former des écrivains, à leur apprendre la sobriété, l’art de composer un ouvrage, de choisir leurs mots, de surveiller l’expression de leurs idées. […] Montaigne, comme Rabelais, critique le système en usage. […] Mais ce n’est pas seulement le fond, c’est aussi et surtout la forme des écrits qui, pendant deux siècles, portent l’empreinte du système alors constitué. […] Il prouve la nécessité de connaître, pour en juger les effets, le ressort essentiel de tout système scolaire. […] L’orthographe qu’elle consacre est à mi chemin entre le système phonétique et le système étymologique ; la langue écrite suit lentement, d’âge en âge, les changements qui se produisent dans la langue parlée ; et les règles, multipliées par des grammairiens subtils, se simplifient aussi à mesure qu’augmente le nombre des gens sachant lire et écrire.

254. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Plusieurs raisons me le font croire : la principale, c’est l’effet remarquable de la réclusion et de la culture sur les fonctions du système reproducteur, système qui paraît beaucoup plus sensible que toute autre partie de l’organisation à l’influence des changements dans les conditions de la vie. […] Lors donc que, d’une part, des animaux et des plantes domestiques, quoique souvent faibles et malades, se reproduisent volontiers à l’état de réclusion, et que, d’autre part, des individus, pris jeunes à l’état sauvage, parfaitement apprivoisés, capables de longévité et bien portants, ce dont je pourrais fournir de nombreux exemples, ont néanmoins leur système reproducteur si profondément affecté par des causes inaperçues, qu’il est incapable de fonctionner, nous ne pouvons être surpris que ce système, quand il agit à l’état de réclusion, n’agisse pas régulièrement, et ne produise pas des petits parfaitement semblables à leurs parents. […] Le système de la multiplicité d’origine de nos races domestiques a été poussé à l’extrême et à l’absurde par quelques naturalistes. […] Généralement, l’amélioration des races n’est aucunement due à leur croisement, et tous les meilleurs éleveurs sont fortement opposés à ce système, excepté quelquefois parmi des sous-races étroitement alliées. […] Je crois que les conditions de vie, par leur action sur le système reproducteur, sont des causes de variabilité de la plus haute importance.

255. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Le tome xiie , qui est d’un volume plus considérable, renferme trois livres, — le premier qui a titre : « Blocus continental », où sont exposées les mesures relatives à cet immense système prohibitif, et les démêlés avec la Hollande dont elles sont l’occasion ; — un second livre qui a pour titre : « Torrès-Vedras », et un troisième, « Fuentes d’Onoro », contiennent principalement le récit de Pexpédition de Masséna en Portugal (1810-1811), mais aussi toutes les opérations militaires et autres en Espagne, et de plus les premiers préparatifs de Napoléon vers le Nord contre la Russie. […] Mais ceci tient à tout un système général d’écrire l’histoire, et nous sommes ramené à la préface de M.  […] Il fait d’une remarque juste un semblant de système ; d’une condition essentielle qu’il nomme d’un nom nouveau, il fait la condition unique et universelle. […] Je ne sais si, par l’improvisation de ce système simple, M. 

256. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

Guizot avait donc mis, du premier jour, sa raison et son talent au service du système de résistance. […] Guizot dans la défense du système : « Je sais, disait-il, que les doctrinaires ont de grands défauts et qu’ils n’ont pas l’art de se faire aimer du gros public ; il n’y a qu’eux pourtant qui veuillent franchement ce que j’ai voulu. […] Guizot à côté de lui, tel qu’il fut un peu plus tard, revêtant le système de toute la force et de la fierté de sa parole, et lui donnant tout son décorum. […] Molé était chargé de diriger les affaires et d’inaugurer un système un peu différent (1837-1839).

257. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Car si les principes généraux du système n’ont rien en eux-mêmes de trop choquant, Ronsard s’égare étrangement dans les procédés d’exécution, dans le passage du principe à l’œuvre. […] Son grand malheur est venu non pas tant des erreurs de son système que d’avoir eu un système, en vertu duquel il a agi sans et contre la nature. […] Les humanistes avaient fondé un système d’éducation qui l’excluait.

258. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Le peu qu’on sait avec certitude de sa biographie positive et non légendaire a été très bien recueilli et exposé au tome XXXIIe des Mémoires de Niceron : si l’honnête biographe nous y représente Rabelais sous des traits un peu austères ou du moins très sérieux, et en toute sobriété, il a du moins cet avantage de ne rien dire de hasardé et d’être sans système. […] Ces chapitres xxiii et xxiv du premier livre sont vraiment admirables, et nous offrent le plus sain et le plus vaste système d’éducation qui se puisse imaginer, un système mieux ménagé que celui de l’Émile, à la Montaigne, tout pratique, tourné à l’utilité, au développement de tout l’homme, tant des facultés du corps que de celles de l’esprit. […] Il a trouvé ainsi moyen de gâter par du système une Étude d’ailleurs estimable, qui suppose beaucoup de lecture et une connaissance assez intime de son sujet.

259. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Rousseau, que l’on trouve sur le chemin de toutes les vérités, lorsqu’il n’est pas contraint d’en sortir par l’esprit de système, Rousseau avait bien compris l’obstacle de l’union des sexes dans l’état absolu d’ignorance ; et c’est même une des objections qu’il se propose dans son Discours sur l’Inégalité des conditions : cependant cela ne l’empêche point, dans son Contrat social, de se hâter de dissoudre les liens de famille sitôt que, selon lui, le besoin cesse de s’en faire sentir pour l’enfant. […] Ancillon, qui professe la doctrine des systèmes politiques fondés sur l’expérience, au lieu de la doctrine des systèmes fondés sur une théorie spéculative ; M.  […] Ainsi le système de l’égalité est venu s’appliquer au monde intellectuel : il semblerait qu’on veut y substituer aussi la division indéfinie des propriétés au droit d’aînesse.

260. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « MM. Delondre et Caro. Feuchtersleben et ses critiques. — L’Hygiène de l’âme » pp. 329-343

C’est sur ce principe que « l’idée est la mère du fait », que le baron de Feuchtersleben aurait bâti son système, s’il avait su bâtir ; car ce principe, que l’Allemagne a depuis vingt ans appliqué aux sciences, aux religions, à l’art, à l’histoire, l’avait pénétré, et il aurait pu l’appliquer à son ordre de connaissances et d’études, à la condition de posséder la vigueur de déduction que doivent avoir tous les grands esprits secondaires qui viennent après les inventeurs. […] Malheureusement, le petit baron de Feuchtersleben, si cher, pour le moment, aux professeurs de philosophie discrète, était, de fait, un esprit trop débile, malgré ses hygiènes et ses médications, pour lever la grande mécanique du système de Hégel et s’en servir avec ses petites mains de pygmée. […] Et nous, qui sourions aujourd’hui de Stahl et de son système, nous ne ririons pas du baron de Feuchtersleben et de son almanach de sornettes, bon à vendre à la foire de Francfort ?

261. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

En effet les services qu’il rend dans le système de la formation s’étendent à toutes les branches de ce système. […] SYSTÈME FIGURÉ DES PARTIES DE LA GRAMMAIRE. […] Ce caractere se prête donc, comme les autres consonnes, au système d’épellation proposé dès 1660 par l’auteur de la Grammaire générale, mis dans tout son jour par M.  […] Harduin : peut-être que la combinaison des unes avec les autres pourra servir quelque jour à les concilier & à faire disparoître les prétendues contradictions du système de prononciation dont il s’agit ici. […] Conformément au système de la Grammaire générale de P.

262. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

X Pourquoi donc, me dira-t-on, ce système d’alliance que vous proclamez le seul possible, entre l’Autriche et la France, n’existe-t-il pas encore ? […] Donnez donc des systèmes représentatifs aux nomades de la Mésopotamie ; donnez des tribunes à des peuples qui parlent des langues différentes ; donnez la liberté de la presse aux sauvages Kurdes des frontières de Perse ; donnez des préfets et des receveurs généraux aux huttes des Tartares, aux tentes errantes de l’Éthiopie ou de la Mecque ! […] Nous croyons qu’une fois la monarchie militaire et unitaire du Piémont écartée, le système fédéral n’éprouvera aucune opposition sérieuse de l’Europe, excepté de la part de l’Angleterre. […] Nous le croyons avec tant de foi que, malgré notre amour de la paix, si le Piémont et l’Angleterre s’obstinaient, le Piémont par ambition, l’Angleterre par ressentiment de nos victoires et par prévision de nos embarras, à ruiner le système d’une Italie fédérale, à élever avec les débris de tant d’États un trône, italien de nom, anglais de base, antifrançais d’intention, sur toute la péninsule ; et si le Piémont et l’Angleterre mettaient l’élévation de ce trône au prix de la paix ou de la guerre avec le Piémont et avec l’Angleterre, nous dirions franchement : La guerre ! […] Le système fédératif, républicain ici, monarchique là, fait de la péninsule régénérée les États-Unis italiens.

263. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Le monde est un chaos, une poussière de systèmes, où apparaissent çà et là quelques tourbillons plus réguliers. […] Chaque système social est aussi envahissant que ses forces le lui permettent. […] Je les trouve dans un immense ensemble de doctrines, d’opinions, d’idées, de sentiments plus ou moins coordonnés en système et variant d’une époque à l’autre, d’un groupe social à un autre groupe, et même d’un individu à un autre individu. […] Pourtant, la santé de la société, comme celle du corps et celle de l’âme, la santé relative que nous pouvons, avec quelque témérité, espérer, ne peut naître que d’un équilibre de forces opposées, d’un système de tendances divergentes qui abandonnent, pour s’unir, quelque chose de leur nature et se méconnaissent elles-mêmes. […] L’équivalent de la « vertu » dans l’organisme, ce serait l’exaltation excessive de certaines fonctions aux dépens de quelques autres, de la respiration par exemple, aux dépens de la digestion ou du système musculaire aux dépens du système circulatoire.

264. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Mais moi qui n’ai aucun système et qui à cause de cela ne ferai aucune fortune, (je dis même intellectuelle), je suis forcé d’avouer que je vois des critiques fort troubles et des pathétiques fort clairs, comme je vois des critiques profonds et des pathétiques fort superficiels. […] Descartes lui-même a-t-il déduit sa métaphysique, sa physique, sa physiologie, tout son système à partir de sa méthode. […] Ce que je dis, c’est que justement parce que sa morale était provisoire, justement parce qu’elle n’entrait pas dans son système, parce qu’elle n’était pas arrêtée, parce que pour ainsi dire elle n’était pas officielle, justement parce qu’il s’y est moins défendu, moins observé, c’est elle qui nous livre son secret. […] Quoi qu’on pense métaphysiquement du système cartésien, quand Descartes avait fait éclater sa méthode, cum irrupisset, quand il avait fait entrer par irruption sa méthode, il avait conquis sa part dans l’histoire éternelle. Quoi qu’on pense métaphysiquement du système bergsonien, quand Bergson a fait jaillir sa méthode, il a conquis sa part dans l’histoire éternelle.

265. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Proudhon a été trop scandaleusement retentissant, il a fait trop de remue-ménage, pour qu’on ne soit pas très désireux de connaître ce qu’un pareil homme devait être en dehors de ses idées et de ses systèmes et tout bêtement dans le plain-pied et les intimités de sa vie, et c’est là ce que sa correspondance, qui, du reste, en étonnera plus d’un, nous apprend. […] Et cependant, quoiqu’il n’ait été qu’un Robespierre abstrait, qui n’a coupé le cou seulement qu’à des systèmes, il est certain pour moi — même d’après sa correspondance — qu’il était beaucoup trop homme d’idée pour reculer devant les conséquences des siennes, eussent-elles conduit toute une génération à l’échafaud ! […] Il y a la Révolution française, et tous les publicistes du droit populaire et tous les systèmes et tous les gouvernements qui n’ont pas vécu et qu’elle a enfantés, cette mère Gigogne d’avortons ! […] Cette Correspondance, qui embrasse toute la vie intellectuelle de Proudhon, nous dégage du système ce qu’était l’homme, — l’homme primitif, primesautier, naïf, la créature vivante, l’être moral, en un mot ; car, il faut bien le dire, le monstre était moral. […] Avec ses théories philosophiques ou économiques, il ira rejoindre dans l’oubli Campanella et tant d’autres, jusqu’à ce que le crochet de quelque curieux ou de quelque penseur original l’y rattrape pour le jeter dans la hotte de quelque système, comme dernièrement il est arrivé à Campanella.

266. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

L’Archaïsme, qui était un système pauvre et faux, et qui devint en Ronsard une véritable monstruosité de manière, le perdit misérablement, et la même chose, le système, le parti pris, la pénurie de cerveau qui fait que le système ne se modifie pas, qu’il est identiquement le même en 1856 qu’en 1830, l’adoration de sa manière, parce que c’est l’adoration de sa propre personnalité, perdront également M.  […] Victor Hugo, qui fait des vers depuis quarante ans, publie deux volumes embrassant toutes les dates de sa vie, il est impossible qu’il n’y en ait pas quelques-uns qui aient trompé le système dépravé du poète. […] Vivant tous à la fois, ………………………………………………… Tel est le système religieux de M. Hugo, et les vers sont dignes du système. […] car ce n’est pas Dieu qui officie dans son système, c’est l’attraction !

267. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Une préface, non-seulement érudite, mais philosophique, d’un ordre élevé, y met en lumière les divers systèmes des anciens sur le principe du droit, et témoigne d’un esprit devenu maître en ces questions, et qui s’entend avec Chrysippe comme avec Kant. […] Il se plaisait à traduire pour s’exercer au style ; la forme le préoccupait plus que le fond, et il se sentait même une sorte de prévention contre la pensée et les systèmes. […] Et même lorsqu’il l’eut abandonnée, même depuis qu’il a marqué si haut sa place parmi les défenseurs d’un autre système, prenez garde ! […] Puis, après avoir réfuté quelques systèmes exclusifs sortis du dernier siècle, l’auteur aborde sur deux ou trois questions, tant spéciales que générales, l’analyse du fond, et nous montre à l’œuvre cette science à laquelle il voudrait nous convertir. […] La préface, où l’auteur a rassemblé les points principaux de l’examen et a présenté la génération des divers systèmes, de Kant à Hégel, est fort appréciée des gens du métier.

268. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Le tout devait se clore par un exposé du système du monde selon la science la plus avancée. […] C’est là, sans doute, qu’il se proposait de peindre « toutes les espèces à qui la nature ou les plaisirs (per Veneris res) ont ouvert les portes de la vie. » « Traduire quelque part, se dit-il, le magnum crescendi immissis certamen habenis. » Il revient, en plus d’un endroit, sur ce système naturel des atomes, ou, comme il les appelle, des organes secrets vivants, dont l’infinité constitue L’Océan éternel où bouillonne la vie. […] André Chénier rentrerait ici dans le système de l’optimisme de Pope, s’il faisait intervenir Dieu ; mais comme il s’en abstient absolument, il faut convenir que cette morale va plutôt à l’éthique de Spinosa, de même que sa physiologie corpusculaire allait à la philosophie zoologique de Lamarck. […] … Non ; mais voici une source d’erreur bien ordinaire : beaucoup d’hommes, invinciblement attachés aux préjugés de leur enfance, mettent leur gloire, leur piété, à prouver aux autres un système avant de se le prouver à eux-mêmes. Ils disent : Ce système, je ne veux point l’examiner pour moi.

269. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Appendice sur La Fontaine »

Pour apprécier, en toute connaissance de cause, Racine et son système tragique, il n’est certes pas inutile d’avoir vu ce système, encore méconnaissable chez Jodelle et Garnier, recevoir grossièrement, sous la plume de Hardy, la forme qu’il ne perdra plus désormais, et n’arriver à l’auteur des Frères ennemis qu’après les élaborations de Mairet et avec la sanction du grand Corneille. […] A ne les considérer que sous le côté littéraire, il est permis de soupçonner que Boileau et La Fontaine n’avaient peut-être pas tout ce qu’il fallait pour s’apprécier complétement l’un l’autre ; ils représentaient, en quelque sorte, deux systèmes différents, sinon opposés, de langue et de poésie.

270. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Victor Vousin. Cours de l’histoire de la philosophie moderne, 5 vol. ix-18. »

C’était un système honorable, spécieux, surtout bien rédigé, et l’on aime tant les bonnes rédactions en France ! […] Quand on ne le considérerait, après tout, que comme une méthode historique pour aborder l’examen des systèmes de philosophie dans le passé, il faudrait reconnaître qu’il a produit de positifs et féconds résultats. […] Il fait un pas, et les systèmes arbitraires sont renversés ; les statues de leurs auteurs restent seules debout sur leurs ruines.

271. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IV. La folie et les lésions du cerveau »

Selon les uns, la lésion a lieu surtout dans les viscères ; aussi, selon quelques médecins allemands, la folie est-elle une affection viscérale, une irradiation morbide qui se transmet des viscères au système cérébral : telle est l’opinion de Nasse, Jacobi, Flemming. […] Delasiauve présente à son tour un autre système : il distingue deux grandes classes de folies : les folies affectives et les folies intellectuelles, et il pense qu’il peut y avoir autant d’aberrations particulières qu’il y a de facultés normales. […] Guislain, l’Esquirol de la Belgique, dans son ouvrage sur les phrénopathies, aussi remarquable par la finesse de l’observation que par la circonspection du jugement, par la richesse des descriptions et des analyses que par la clarté et l’élégance du langage, a inventé un système de classification très savant et très compliqué, dont le point de départ est emprunté à l’observation psychologique de l’état normal.

272. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Guizot » pp. 201-215

Et si ce congé aux historiens n’était qu’un mot de désespoir, un mot de renard qui regarde la grappe et la trouve bonne pour les goujats, je n’en tiendrais que le compte qu’il faudrait ; mais ce n’est pas cela, c’est bien autre chose, c’est tout un système que la Critique doit dénoncer et flétrir, parce qu’il est mauvais et funeste et qu’il peut devenir populaire. Oui, funeste à Shakespeare que, de fait, ce système rapetisse, dans le livre même d’Emerson ; funeste à tous les grands hommes, dont il est la décapitation évidente ; et funeste par cela seul à l’histoire, qui n’est faite qu’à coups de grands hommes, — ou du moins qu’à coups de grandes individualités. Panthéiste poétique, qui n’est ni un philosophe ni un historien et qui croit naïvement faire de la philosophie et de l’histoire, Emerson a couvert de l’éclat d’un talent qui produit l’effet d’un flot pailleté de lumière succédant éternellement à un autre flot pailleté de lumière, un système misérable qui doit plaire aux esprits abaissés d’une génération qui hait toute distinction comme une aristocratie, et aux esprits niais qui ne peuvent se tenir de tendresse et fluent dans la philanthropie.

273. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

Quand rien n’est calme et personne impartial, à une époque telle que la nôtre, ingénieuse, entortillée, paradoxale, sceptique et nerveuse, vaniteuse à la rage et désespérée de philosophie impuissante, Lerminier, tranchant sur cette époque et sur son passé, car il eut son bouillonnement sanguin, son exubérance et ses systèmes de jeunesse, est enfin arrivé au calme et à l’impartialité. […] Il y a dans les constitutions des diverses républiques de ce pays un despotisme de dispositions qui doit plaire à la plupart d’entre eux, hommes de formules, faisant, chacun à sa façon, de la liberté politique un système. Qui prendrait Saint-Simon, Fourier, Owen, Cabet, Blanc, et chercherait les parentés d’idées qui existent dans leurs systèmes avec les idées des anciens législateurs de la Grèce, s’émerveillerait de ce qu’il y trouverait d’analogue ou d’entièrement semblable.

274. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Roger de Beauvoir. Colombes et Couleuvres. »

et qui sera obéi, tous trois personnels et sincères comme tout ce qui s’écoute soi-même, les Poètes de notre temps se classent en Écoles, et, quel que soit leur talent d’ailleurs, ils ne sont, en définitive, que les attachés d’un système — des poètes de parti pris. […] Nous n’avons pas, il est vrai, parmi nous le génie et la grande figure jupitéréenne de Ronsard, sa dictature indiscutée et funeste, funeste même pour lui, car le faux système a tué sa gloire en l’écrasant dans son œuf d’aigle ; mais, si l’on cherchait bien, on trouverait Desportes, et, en disant cela, nous ne disons de mal de personne… M.  […] Un homme de race germanique a morfondu un rare génie dans ce qui aurait dévoré la supériorité de Goethe lui-même, c’est Bysshe Shelley, l’ami de Byron, le gendre de Godwin, l’auteur d’Alastor, et il est enseveli sous son œuvre comme un philosophe allemand sous son système.

275. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Un peu de gageure s’y glisse encore ; il y a un système qu’il soutient agréablement et sur lequel on lui fait la guerre autour de lui. […] À y voir un système, le livre de La Rochefoucauld ne saurait être vrai que moyennant bien des explications et des traductions de langage qui en modifieraient les termes. […] L’inconvénient du système de La Rochefoucauld est de donner pour tous les ordres d’action une explication uniforme et jusqu’à un certain point abstraite, quand la nature, au contraire, a multiplié les instincts, les goûts, les talents divers, et qu’elle a coloré en mille sens cette poursuite entrecroisée de tous, cette course impétueuse et savante de chacun vers l’objet de son désir. […] Notez que ces grands psychologistes, qui font fi de lui quant au système, ne sont à aucun degré moralistes.

276. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

Celle des anciens s’emparait plus vivement de l’âme ; mais elle pouvait l’égarer beaucoup plus facilement par l’esprit de système, et elle était bien moins susceptible de progrès certains et positifs. […] Depuis Newton, l’on ne fait plus de système nouveau sur l’origine des couleurs, ni sur les forces qui font mouvoir la terre. […] Les dogmes ou les systèmes métaphysiques une fois adoptés, on en défend tout alors, même l’idée que l’on croit fausse ; et par un singulier effet de la dispute, ce que l’on soutient finit par devenir ce que l’on croit. […] Certains systèmes philosophiques menacent aussi la morale individuelle d’une dégradation semblable.

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