Gardons-la précieusement, quitte à nous en corriger quand sera passé le temps de nous en servir. […] Mais, que nous nous ne servions ou non, la chose lui est fort indifférente. […] Les mots dont il s’est servi sont consacrés. […] J’ai eu tort de me servir de ces mots : vieille nourrice ! […] Si Toinette était une autre fille, la scène n’aurait pas le sens commun, car à quoi sert-elle ?
Passe encore pour Marianne ; quoique l’on puisse dire, à notre avis, qu’elle aide un peu trop sa figure, et qu’elle ne s’en sert pas toujours très catholiquement. […] Henry Harrisse, dans ses Notes pour servir à l’histoire de Manon Lescaut, a prouvé qu’au moins en cette circonstance ils avaient agi de bonne foi. […] Et n’est-ce pas dire que la diversité, la complexité, l’ampleur et la puissance en sont incomparables à toutes les autres formes dont le roman s’est servi ou se sert ? […] L’usage naturel des moellons et leur cause finale ne sont pas d’encombrer la voie publique, mais de servir tôt ou tard à bâtir des maisons, — sinon des monuments. […] Ces observations peuvent servir, puisque M.
En effet, puisque vous vous êtes servi de la sagesse et de la toute-puissance de Dieu pour expliquer l’histoire des âmes, vous pouvez vous en servir pour expliquer l’histoire des corps. […] Est-ce Philinte ou le grand qu’il sert que vous condamnez ? […] Rien ne servait. […] Leur plus grand chagrin est de servir trop peu, de demeurer l’arme au bras, attendant qu’on les emploie. […] « Il n’y a que ces gens-là, disait Napoléon, qui sachent servir ».
Il a de l’esprit, il sait s’en servir. […] On se sert généralement du phénomène de la vision. […] Laissons la conscience, qui ne peut servir qu’à compliquer le problème. […] Cela lui servit en politique et en morale, aussi bien qu’en philologie. […] Notes pour servir à l’histoire de l’orthographe.
Quelle qu’elle soit, la préface de Cromwell a servi de signe de ralliement. […] Et que m’importait de n’avoir d’autres vêtements que ceux qui me couvraient, et de servir une pauvre république qui ne pouvait donner un sou à personne ? […] Il croit avoir reçu une mission providentielle et être autorisé pour l’accomplir à se servir de tous les moyens. […] Que les mots dont il se sert existent ou non dans le dictionnaire, c’est le moindre de ses soucis. […] Chez M. de Amicis, la nature est toujours simple, et si je puis me servir de cette expression, égale à elle-même.
Elle est simple de pensée, hardie dans l’expression, et peut servir de modèle à tous ceux qui voudront flétrir les injustes popularités. […] Il est évident que l’image doit obéir à la pensée, lui servir d’ornement et de parure, et qu’elle n’a par elle-même aucune valeur indépendante. […] Hugo se sert pour rimer quelques stances ; il n’y a chez le poète aucune douleur sincère, aucun regret cuisant, aucun besoin d’épanchement et de confiance. […] Ni les historiens ni les poètes ne souscriront à cette affirmation ; mais la théorie du drame réel pourra du moins nous servir à juger les drames de M. […] Cette première épreuve pourrait tout au plus servir à transformer le talent lyrique de M.
Je pris un supplément d’eau de Seltz et l’on me servit, avec le choix des moyens, un clysopompe et un verre à pied. […] Il est entré dans la littérature par le journal le Figaro, qui a servi aux premières armes d’une foule d’écrivains fort estimés aujourd’hui. […] … mais dès qu’il est seul, son domestique lui sert volailles et aloyaux, dont il ne laisse que le souvenir. […] Dumas n’a point de voiture, et se sert de celles de place. […] Hugo a une cour de jeunes poètes qui se sont enflammés pour lui du fond de leur province et dont il se sert avec l’adresse la plus réfléchie.
Donc, contentez-vous d’être un homme de l’esprit que vous avez, si vous êtes un des heureux et des privilégiés de ce bas monde, et sachez vous en servir habilement, honnêtement. […] Tel a été l’aide tout-puissant dont s’est servi Molière pour tirer parti d’un pareil héros, plus difficile à remuer que Tartuffe en personne. […] On en a tant abusé chez les Anglais, qu’il s’appelle Lovelace ; on s’en est tant servi parmi nous, qu’il s’est appelé Robert Macaire. […] — Vous savez cependant que je ne manque pas de cœur, et que je sais me servir de mon épée. […] Ce proverbe est un oracle, un oracle qui sert, depuis la quatre-vingt-seizième olympiade.
Dans cette œuvre qui est la base de toutes nos sciences exactes, leur analyse est si rigoureuse qu’aujourd’hui encore, en Angleterre, la géométrie d’Euclide sert de manuel aux écoliers. […] Presque tout notre vocabulaire philosophique et scientifique est étranger ; pour nous en bien servir, nous sommes obligés de savoir le grec et le latin ; et le plus souvent nous nous en servons mal. […] En 776, ceux d’Olympie servent d’ère et de point de départ pour attacher la chaîne des années. […] Les hercules que j’ai cités ne servent pas seulement à la parade. […] Comme les lettres servaient de chiffre, ce mot désigne les trois choses.
Vraiment, grand Anatole France, le banquet de la vie ne vous aura pas été servi trop parcimonieusement ! […] Albert Vandal m’offrit aimablement de m’y servir d’introducteur. […] Manet l’a, d’ailleurs, maintes fois représentée et elle lui servit souvent de modèle, car elle fréquentait volontiers l’atelier du peintre. […] Ce salon donnait dans une salle à manger où était servi un plantureux goûter. […] L’un de ceux-là est de servir de « parrain » à un nouvel élu, lors de sa réception.
Elle lui servit de secrétaire intime ; elle prit, avec lui, le goût de la haute littérature et de la philosophie naturelle. […] Il ne s’en servait que comme d’une distraction, mais son génie éteint dans ses larmes se retrouvait tout entier dans ses pièces. […] et n’admirez-vous pas que tout ce que j’ai de raison ne serve qu’à me faire connaître ma faiblesse sans pouvoir en triompher ? […] On peut, par politique, en prendre le parti, Quand de nos jeunes ans l’éclat est amorti ; Cela sert à couvrir de fâcheuses disgrâces. […] Et n’admirez-vous pas que tout ce que j’ai de raison ne sert qu’à me faire connaître ma faiblesse sans en pouvoir triompher ?
Ce principe général peut servir d’introduction à la troisième partie, toute théorique. […] L’œuvre d’art, qui, par essence, doit servir à une fonction religieuse, devra donc, aussi, être l’agent d’une civilisation allemande. […] Cette étude se divise en trois parties : le rôle de l’art dans la religion ; — l’essence de la religion ; — comment l’art lui pourra servir. […] Le mérite de l’auteur n’est pas moindre dans la suite, au long de l’œuvre, et sa version française, d’une précision si animée et d’une si exacte élégance, devrait servir de modèle à tous ceux qui entreprennent de traduire les ouvrages des écrivains étrangers. […] Dujardin dresse un portrait de Wagner théoricien de l’art, qui sert le symbolisme.
Pour l’espace, on se représente le bord immobile du trou où l’on est tombé ; pour le temps, il y a aussi des fixités apparentes qui servent de points de repère. […] Cette différence est un des éléments qui servent à nous faire distinguer le passé de l’avenir. […] Mais alors, encore une fois, à quoi sert votre intuition pure du temps, qui, étant bonne à tout, n’est bonne à rien ? […] En effet, la simultanéité et la succession ne tomberaient pas elles-mêmes sous notre perception si la représentation du temps ne leur servait a priori de fondement. » Selon nous, comme selon Guyau, c’est juste l’opposé de l’ordre réel. […] Kant continue : — « Le temps est une représentation nécessaire qui sert de fondement à toutes les intuitions. » Nous nions encore, avec Guyau, cette proposition.
Il n’y a guère de passion ou de désir, de joie ou de tristesse, qui ne s’accompagne de symptômes physiques ; et, là où ces symptômes se présentent, ils nous servent vraisemblablement à quelque chose dans l’appréciation des intensités. […] Dans le monde moral, comme dans le monde physique, l’attraction sert à expliquer le mouvement plutôt qu’à le produire. […] En outre, même quand la sensation reste purement représentative, sa cause extérieure ne peut dépasser un certain degré de force ou de faiblesse sans provoquer de notre part des mouvements, qui nous servent à la mesurer. […] En un mot, le physicien ne fait jamais intervenir des sensations doubles ou triples les unes des autres, mais seulement des sensations identiques, destinées à servir d’intermédiaires entre deux quantités physiques qu’on pourra alors égaler l’une à l’autre. […] Et il ne sert à rien de répondre, comme font souvent les adversaires de la psychophysique, que toute mesure implique superposition, et qu’il n’y a pas lieu de chercher un rapport numérique entre des intensités, qui ne sont pas choses superposables.
On discute les définitions qu’elle pose et les théories qu’elle expose ; elle s’est servie en effet d’une métaphysique pour se donner un corps ; mais elle aurait pu à la rigueur en prendre un autre, et même n’en prendre aucun. […] Maintenant, la distinction entre le clos et l’ouvert, nécessaire pour résoudre ou supprimer les problèmes théoriques, peut-elle nous servir pratiquement ? […] Or l’homme a nécessairement la propriété de ses instruments, au moins pendant qu’il s’en sert. […] Surtout, ils doivent agir sur une matière, servir d’armes de chasse ou de pêche, par exemple ; le groupe dont il est membre aura jeté son dévolu sur une forêt, un lac, une rivière ; et cette place, à son tour, un autre groupe pourra juger plus commode de s’y installer que de chercher ailleurs. […] Une impulsion spirituelle avait peut-être été imprimée au début : l’extension s’était faite automatiquement, servie par le coup de pioche accidentel qui heurta sous terre un trésor miraculeux 27.
Le principe de la liberté va servir à doubler un trône au pied des Alpes ; l’avenir dira si le sang français aura été versé pour des alliés reconnaissants ou pour des voisins suspects. […] Nous faisons servir à nos usages la sagacité de l’éléphant et l’odorat du chien. […] Lisez-le ; on aime toujours l’homme privé dans l’homme public : « Toutes les fois que j’ai songé aux meilleurs moyens d’être utile à ma patrie et de servir ainsi sans interruption les intérêts de la république, pensées qui me préoccupent souvent et longuement, rien ne m’a paru plus propre à ce dessein que d’ouvrir à mes concitoyens, comme je crois l’avoir déjà fait par plusieurs traités, la route aux nobles études. […] À l’époque de l’invasion de l’Italie par les barbares, les manuscrits qui contenaient la richesse intellectuelle de tant de siècles tombèrent dans le mépris de conquérants qui ne savaient ni parler ni lire ; et, quand le christianisme vint prendre la place des superstitions et des philosophies antiques, les moines qui recueillirent ces manuscrits se servirent de ces pages pour écrire des ouvrages chrétiens. […] Car notre patrie ne nous a point donné les trésors de la vie et de l’éducation pour ne point en attendre un jour les fruits, pour servir sans retour nos propres intérêts, protéger notre repos et abriter nos paisibles jouissances ; mais pour avoir un titre sacré sur toutes les meilleures facultés de notre âme, de notre esprit, de notre raison, les employer à la servir elle-même, et ne nous en abandonner l’usage qu’après en avoir tiré tout le parti que ses besoins réclament.
C’est ainsi que le saint homme servait en conscience un amour naissant, en croyant servir le ciel ; c’est la première fois sans doute que la piété la plus sincère sonnait à des profanes l’heure des rencontres. […] L’illustre comte de Maistre, mon allié par le mariage de la plus charmante de mes sœurs, madame Césarine, comtesse de Vignet, avec un neveu du comte de Maistre, me servit de parrain, chargé des pouvoirs de mon père. […] Je ne le permis pas par respect pour ce jeune proscrit d’un trône, et j’allai au palais Pitti lui présenter mes hommages et des espérances de réconciliation avec la cause des rois, qu’il ne tarda pas à aller servir en Espagne. […] Comment une dynastie qui n’était qu’une première famille libre dans un pays libre, dont le gouvernement servait de modèle et d’émulation au monde, comment une dynastie plus que constitutionnelle, qui était à elle seule la constitution et la nationalité dans la terre des Léopold et des Médicis, a-t-elle été perfidement envahie et honteusement chassée de cette oasis, créée par elle, et chassée par les Piémontais du palais Pitti, où le roi Charles-Albert, ce roi d’ambition à tout prix, avait cherché et trouvé un asile chez ceux-là mêmes qu’il persécutait en reconnaissance de leurs bienfaits ? […] La religion elle-même avait servi de manteau à l’amour.
Si, au contraire, vous reconnaissez dans les sensations un rapport vague mais, significatif, à telle région plus ou moins large de l’étendue, c’est donc qu’elles ont déjà quelque chose d’extensif, et alors à quoi sert votre forme à priori ? […] À quoi sert donc, encore une fois, votre forme a priori, votre moule produit par une pensée distincte de la sensation ? […] Le toucher est pour elle une seconde vue ; ses deux ailes lui servent d’yeux et apprécient les degrés divers d’élasticité ou de tension aérienne. […] Pour le goût, certains muscles difficiles à déterminer servent à donner une plus grande diffusion aux substances sapides de la langue et du palais. […] James Ward se sert ici du mot apartness ; Riehl, du mot aussereinander.
Tous les raisonnements qu’on fait soit en discourant, soit en écrivant, devraient finir par la même formule ; mais, tout étant égal d’ailleurs, celui qui ne l’a jamais employée à faux sera le vrai juge du droit qu’on a de s’en servir. […] Les animaux nous servent ou nous nuisent, et ils sont bons à connaître et pour les avantages que nous en retirons, et pour les dommages que nous en avons à craindre. […] C’est assurément par la logique qu’il faudrait commencer, c’est-à-dire par la perfection de l’instrument dont on doit se servir, si cet enseignement abstrait était à la portée des enfants ; mais ; parvenus jusqu’ici, ils y auront été préparés par un suffisant exercice de leur raison. […] Celle de Port-Royal n’est qu’un essai superficiel, elle peut toutefois servir de modèle et de guide, la bonne édition est celle de feu M. […] On étudierait donc à cinq ou six ans ce qu’on ne saurait bien apprendre, et ce qui ne. pourrait servir qu’à vingt-cinq ou trente, et peut-être plus tard, car à quel âge un médecin est-il en état de sentir la vérité ou la fausseté d’un aphorisme d’Hippocrats ?
Une Providence indulgente la servit encore en préservant ses dernières années de l’isolement qui d’ordinaire les accompagne. […] De plus, le Consul, qui aimait assez qu’on sût pour lui ce qu’il ignorait, trouvait particulièrement en M. de Rémusat un tact sûr, la connaissance parfaite des convenances et de certains usages à rétablir, tout ce qui enfin, à cette époque, pouvait servir cette partie importante et délicate de son dessein. […] Le goût remontait à ses hautes sources ; la religion, servie par M. de Chateaubriand, représentait ses grands modèles. […] La jeune servante, Marie, qui sert de messagère auprès du jeune homme, répond à quelques questions qu’il lui adresse, et ce peu suffit pour fixer l’imagination de l’amant, tout en l’excitant davantage. […] Il est plus facile, croyez-moi, d’abandonner son cœur à l’amour et au repos dans la retraite, que de servir Dieu dans le monde ; c’est l’œuvre aussi d’une vraie piété d’y parvenir en cette dernière voie… Gravez au dedans de vous-même cette première vérité, que la religion veut l’ordre avant tout, et que, puisqu’elle a permis et consacré l’établissement des sociétés, elle se plaît à encourager tous les devoirs qui concourent à les maintenir… Mais surtout chassez de votre esprit cette erreur, que les peines seules peuvent nous rendre agréables à Dieu.
. — Il sert de véhicule aux idées nouvelles. — Les livres sont écrits pour les gens du monde. — Les philosophes sont gens du monde et par suite écrivains […] L’esprit est un gourmet ; servons-lui des plats savoureux, délicats, accommodés à son goût ; il mangera d’autant plus que la sensualité aiguisera l’appétit. […] Devant cette table si bien servie, l’attrait est vif pour la brillante société dont la grande affaire est le plaisir et l’amusement. […] Il a beau s’égarer ou se salir ; il n’en convient que mieux à son auditoire, et ses défauts lui servent autant que ses qualités. — Après une première génération d’esprits sains, voici la seconde, où l’équilibre mental n’est plus exact. […] Il semble qu’il n’y ait plus qu’elle au monde ; du moins elle est partout et elle inonde tous les genres littéraires ; on ne s’inquiète pas si elle les déforme, il suffit qu’ils lui servent de conduits.
Quant aux chèvres, aux moutons et à l’âne, ils se gardaient eux-mêmes dans la bruyère, et quand ils tardaient à se rapprocher, le soir le chien que j’envoyais dans la montagne me comprenait ; il les ramenait tout seul à la cabane ; ce bon chien était le père de celui que vous voyez couché aux pieds de son maître ; il l’a si bien instruit, qu’il nous sert comme son père ; c’est un serviteur sans gages, pour l’amour de Dieu. […] Jurez que vous me servirez pour découdre d’un coup de canif cette fiançaille entre ces enfants, qui ne savent pas même ce que fiançaille veut dire. […] dont les racines ne seront plus à nous pendant que leurs feuilles, leur ombre et leurs grappes nous serviraient encore de si bas. […] Toutes nos larmes ne lui serviront pas d’autre sève ! […] Livrons les dernières grappes aux oiseaux, ces dernières feuilles aux chèvres, ces derniers sarments à notre foyer d’hiver ; morte elle nous servira encore tant qu’elle pourra, et nous bénirons encore ses dernières pousses.
Hugon avait servi d’acolyte au sacre de M. de Talleyrand à la chapelle d’Issy, en 1788. […] La Somme de saint Thomas d’Aquin, résumé de la scolastique antérieure, est comme un immense casier qui, si le catholicisme est éternel, servira à tous les siècles, les décisions des conciles et des papes à venir y ayant leur place en quelque sorte d’avance étiquetée. […] Il ne sert non plus de rien d’alléguer que l’Église fera peut-être un jour des concessions qui rendront inutiles des ruptures comme celle à laquelle je dus me résigner, et qu’alors on jugera que j’ai renoncé au royaume de Dieu pour des vétilles. […] Cela me sert à bien des fins : d’abord à acquérir des connaissances belles et utiles, puis à me distraire de certaines choses en m’occupant d’autres… Il ne manquerait rien à mon bonheur si les désolantes pensées que tu sais ne m’affligeaient continuellement l’âme, et cela selon une effroyable progression d’accroissement. […] L’Écriture, à ses yeux, n’était utile que pour fournir aux prédicateurs des passages éloquents ; or l’hébreu ne sert de rien pour cela.
Cependant elle a servi de texte à un biographe moderne de Molière, pour imputer positivement à toutes les précieuses, comme une des habitudes qui leur étaient communes, les plus ridicules exercices. […] Il paraît par ce fait que le mot de précieuse, usité jusqu’en 1656 comme substantif exclusivement, et d’abord entendu diversement par les gens du monde, selon l’estime qu’ils avaient pour les mœurs et le bel esprit, pouvait également servir à l’écrivain satirique pour déprécier, et au bel esprit bienveillant pour louer. […] Il avait pu croire aussi l’autorité de l’exemple si puissante que personne n’y ait échappé, et qu’ainsi toute apparence contraire était hypocrisie, et que le poète comique qui démasquerait cette hypocrisie, servirait les mœurs et la justice. […] On mêlait un travail manuel aux conversations ; on composait des habits sur des mannequins pour servir de règle à la parure, pour créer une mode53. […] Une occupation manuelle est pour les femmes une contenance : elle permet de reposer l’esprit de conversation ; elle dispense de parler quand on n’a rien à dire ; elle donne un moment de réflexion avant de parler ; elle sert de prétexte pour ne point écouter, et autorise une distraction quand on ne vent point répondre.
D’autres ont ajouté : — « On appelle classiques tous les ouvrages faits pour servir de modèles, et romantiques tous les ouvrages absurdes : donc, pour peu qu’on ait le sens commun, il est impossible qu’on soutienne la cause du romantisme. » Ceci est plus fort. […] La chanson enflammait nos aïeux dans leurs combats, elle les servait dans leurs amours, les consolait dans leurs disgrâces, les égayait sous le chaume et même dans les palais… Ce ne seront jamais les amours ni les combats qui nous manqueront ; le frais laurier de la chanson ne peut pas vieillir ni mourir sur la terre de France. […] Il n’est plus douteux d’ailleurs que les Romantiques (pour nous servir encore de cette expression déjà surannée) n’aient en ce moment l’avantage du talent comme celui de la position. — « Mais, nous dit-on, n’y a-t-il point parmi les rangs des Romantiques des gens à idées extravagantes, à imagination déréglée, dont les compositions ne ressemblent à rien et dont le style est alternativement barbare et ridicule ? […] Les besoins philosophiques et historiques du siècle sont admirablement bien servis par les cours de MM. […] Aucun amour-propre, aucun intérêt hors de l’art ne nous a dirigés ; nous n’avons d’autre ambition que de faire connaître le grand poète anglais au public français ; si nos ouvrages sont applaudis, c’est Shakespeare qu’on applaudira ; si Shakespeare n’est pas compris, ce sera la faute de ses interprètes ; d’autres plus habiles ou plus heureux viendront, et nous serons les premiers à servir et à proclamer leur triomphe.
» — Vous valez cent fois mieux ; Mais que vous sert votre mérite ? […] Je vous ai dit il y a quelques semaines que La Fontaine est un épicurien qui croit à la Providence ; c’est précisément ce qu’il est dans cette fable : un épicurien qui croit à une providence dans les destins de laquelle il est impossible d’entrer et sacrilège de prétendre entrer : Cette aventure en soi, sans aller plus avant, Peut servir de leçon à la plupart des hommes. […] Nos amis ont grand tort ; et tort qui se repose Sur de tels paresseux, à servir ainsi lents. […] Bouillon traduit et traduit bien, mais sèchement, le vers de l’Arioste ; tandis que M. de La Fontaine fait absolument œuvre de créateur, fait absolument œuvre originale, fait absolument une œuvre telle qu’il est le véritable inventeur de ce conte, que l’Arioste ne lui sert que de prétexte à raconter lui-même ? […] Les romantiques ont aussi épargné La Fontaine parce qu’ils ont senti que La Fontaine était tellement en dehors de toutes les querelles d’école, et même de toutes les classifications, qu’il ne pouvait point les gêner et que même, à certains égards (par la liberté qu’il a prise dans ses vers irréguliers), il était leur auxiliaire et qu’il pouvait leur servir d’argument, de raison ou d’exemple.
Ayant fait toutes mes réserves, j’ai le droit maintenant d’ajouter que ces deux volumes doivent peut-être à ce genre de commentaire animé et plein d’effusion, à tout ce luxe inusité, d’avoir du mouvement et de la vie ; d’un peu nus et d’un peu secs qu’ils eussent été autrement (les écrivains qu’on appelle attiques le sont parfois), ils sont devenus plus nourris, plus riches, d’une lecture plus diversifiée et, somme toute, fort agréable ; seulement, dans le plat varié qu’on nous sert, cela saute aux yeux tout d’abord, la sauce a inondé le poisson. […] Vous, partisan illimité de la presse, n’avez-vous pas accepté une place où vous serviez le Gouvernement qui comprima cette liberté15 ? […] Boissonade aime ainsi à mettre à la suite tous les passages plus ou moins analogues qu’il a remarqués et distingués à la loupe dans ses lectures : c’est un enfileur de perles. — A quoi cela sert-il ? […] Je ne puis croire d’abord que vous me refusiez l’ornement que je sollicite pour mon livre, et, dans tous les cas, bien que j’aie la conscience de m’être souvent lourdement mépris et surtout d’être passablement ignorant dans l’histoire de la philosophie où vous tenez le sceptre, Wyttenbach (in qua tu régnas, Wyttenbachi), j’aime à croire que vous êtes trop généreux pour songer à faire de moi un sujet de risée : ce n’est pas là le caractère que je vous connais. » Un érudit plus ferré que Boissonade, et plus crâne aussi, eût répondu aux amis de Wyttenbach : « Je l’attends l’arme au poing et je serai toujours prêt à le servir. » Un beau duel avec un illustre est une bonne fortune pour tout débutant qui aspire à se faire un nom.
Né en octobre 1665, à Paris, sur la paroisse Saint-Eustache, rue du Bouloi, mort à l’âge de soixante-douze ans, en juin 1737, même paroisse, même rue et peut-être même logis, Mathieu Marais est une de ces figures secondaires, mais non vulgaires et nullement effacées, qui peuvent servir à personnifier une génération et toute une classe d’esprits. […] Il avait demandé à La Monnoye un distique latin pour servir d’inscription au portrait du maître ; La Monnoye lit deux vers dont voici le sens : « Je suis ce Bayle qui corrige les autres quand ils se trompent, et qui sais moi-même toujours plaire, même en péchant. » Peu satisfait de l’aveu trop humble, Marais le pria de refaire un autre distique plus élogieux : « Je n’ai jamais pu souffrir, écrit-il à Mme de Mérigniac, que notre commune maîtresse eût des défauts. » Quand il ne peut nier absolument ces défauts de son auteur chéri, il les atténue et les explique. […] Critiquant Basnage et son style trop peu approprié, il disait encore, revenant toujours à Bayle dont l’idée ne le quittait pas : « Je voudrais qu’on parlât sérieusement dans des ouvrages sérieux, et il faut être aussi grand maître que lui pour faire recevoir ce badinage. » Les livres pesants de Basnage, malgré la part d’estime qu’il leur accorde, lui servaient de repoussoir et le rejetaient de plus en plus vers ses premières amours, vers ce Bayle à qui il accordait toutes les sortes d’esprit : « Plus je lis cet ouvrage (l’Histoire des Juifs), moins je me trouve digne d’avoir commerce avec un homme si profond. […] « Si tous les hommes, dit Bayle, cité par Marais, étaient philosophes, on ne se servirait que de bons raisonnements ; mais, dans l’état où sont les sociétés, il faut quelque autre chose que la raison pour les maintenir, et pour conserver la prééminence quand on l’a une fois acquise. » On ne sait si c’est une justification ou une simple explication ; mais Marais, qui cite le passage en le tronquant un peu, s’en contente.
Cette dame charitable se servait beaucoup de Félicité Barilliet « pour lui garder ses pauvres », pour lui veiller ses malades. […] Ses chefs, tant qu’il servit, nous le présentent comme « le type du vrai et excellent sous-officier d’élite, apportant dans l’exercice de ses devoirs un zèle, une fermeté et un dévouement exemplaires, faisant parfaitement honneur à sa modeste position, et trouvant le moyen de venir constamment en aide à sa bonne mère, sans jamais en dire mot à personne : une enquête a été nécessaire pour arriver à la preuve de sa belle action et de sa pieuse conduite filiale. » En 25 ans de service, c’est à peine si quelques punitions sont venues le frapper, et pour les manquements les plus légers : trois fois en tout consigné, et une seule fois à la salle de police ; il paraît que c’est rare et presque phénoménal eu égard à la sévérité de la discipline militaire. […] Aussi, après avoir vendu pièce à pièce son bien patrimonial, est-il resté endetté d’un tiers de la somme, dont il sert les intérêts. […] Je sais aussi de sa domestique, qui le sert depuis quarante ans, qu’elle lui a donné tous ses gages pour l’aider dans une heure de détresse au sujet d’un payement. » Voilà une domestique qui pourrait aussi être proposée pour un prix de vertu.
Ceux qui nous servent dans nos prétentions et qui rentrent dans nos systèmes sont tout ; ceux qui les contrarient ne sont que peu ou rien, ou moins que rien, selon le plus ou moins de superbe du prétendant. […] On sert ses amis, ses admirations littéraires, à l’occasion, par une pointe, comme en tactique bien entendue. […] Nisard, après être entré dans son sujet sans trop de parti-pris peut-être, et avec l’idée de peindre surtout les mœurs romaines par les poëtes, est vite arrivé à concevoir que ce cadre était tout naturellement ouvert à une protestation motivée contre le goût et les prétentions d’une école qu’il craignait d’avoir d’abord servie, et qu’il jugeait sage de répudier. […] On lui doit une collection des Classiques latins ; mais surtout il a publié son Histoire de la Littérature française (1844), à laquelle son Précis d’autrefois n’a servi que comme d’un premier canevas.
Ce n’est pas ce qui nous occupera chez Bayle ; nous ne saisirons et ne relèverons en lui que les traits essentiels du génie critique qu’il représente à un degré merveilleux dans sa pureté et son plein, dans son empressement discursif, dans sa curiosité affamée, dans sa sagacité pénétrante, dans sa versatilité perpétuelle et son appropriation à chaque chose : ce génie, selon nous, domine même son rôle philosophique et cette mission morale qu’il a remplie ; il peut servir du moins à en expliquer le plus naturellement les phases et les incertitudes. […] Quand plus tard il s’agira pour lui d’aller s’établir en Hollande, il laissera échapper son secret : « Le cartésianisme, dit-il, ne sera pas une affaire (un obstacle) ; je le regarde simplement comme une hypothèse ingénieuse qui peut servir à expliquer certains effets naturels… Plus j’étudie la philosophie, « plus j’y trouve d’incertitude. […] Si nous osions nous égayer tant soit peu à quelqu’un de ces badinages chez lui si fréquents, nous pourrions soutenir que la faculté critique de Bayle a été merveilleusement servie par son manque de désir amoureux et de passion galante130. […] Newton, dit-il, a été aussi vertueux qu’il a été grand philosophe : tels sont pour la plupart ceux qui sont bien pénétrés de l’amour des sciences, qui n’en font point un indigne métier, et qui ne les font point servir aux misérables fureurs de l’esprit de parti.
En bon bourgeois aussi, le collaborateur indigne de Guillaume de Lorris méprise les femmes : et de ce mépris brutal et profond naît pour lui l’impossibilité de comprendre l’amour courtois : comment peut-on perdre temps en propos ingénieux, en grimaces dévotes, avec cet être fragile, vicieux, bavard, menteur, et qui ne sert pour un prud’homme qu’à tenir le ménage et donner des enfants ? […] Jean de Meung est un original et hardi penseur, qui s’est servi de la science de l’école avec indépendance : son Roman de la Rose enferme un système complet de philosophie, et cette philosophie est tout émancipée déjà de la théologie ; ce n’est pas la langue seulement, c’est la pensée qui est laïque dans ce poème. […] Sa situation est celle des premiers réformateurs du xvie siècle, de ces humanistes chrétiens qui croient servir Jésus-Christ en se servant de leur raison, et qui très sincèrement, très pieusement, espèrent la réforme de l’Église du progrès de la philosophie. […] Dont l’Almageste, traduit au xiie siècle par Gérard de Crémone, servait de texte dans les écoles pour les lectures astronomiques.
Ils servent à décrire et à définir : leur contenu, ce sont les types et les lois. […] La Fronde précise ses espérances : il combat, il sert, il trompe la cour, les princes ; il tient le Parlement et le duc d’Orléans ; il négocie à Rome, il y jette cent mille écus ; le voilà cardinal ; c’est une nécessité pour un prêtre qui veut être ministre. […] Rien ne l’égare aussi, pas même ses vices, ni son amour-propre, qui servent ou qui s’effacent à propos. […] N’ayant pas, au reste, la vanité professionnelle de l’écrivain, il n’en a pas les scrupules d’art, et il copie indifféremment les documents qu’il a sous les yeux, journaux ou pamphlets, autant que cela sert à son dessein.
Aussi sa philosophie sera-t-elle matérialiste, pratique, mondaine : elle se résumera, à ce point de vue, dans le Mondain (1736), cri de satisfaction optimiste de l’homme riche, bien vêtu, bien nourri, bien servi, flatté dans tous ses sens par les multiples commodités de la vie civilisée. […] Ainsi se forme une première idée générale qui sert de base au Siècle de Louis XIV. […] L’Angleterre et la France de Louis XIV lui servirent à faire honte à la France de Louis XV. […] Les ouvriers du progrès seront les grands hommes, par qui les lumières et le bien-être se répandent ; et les grands siècles de l’esprit humain seront ceux où les circonstances serviront les grands hommes, c’est-à-dire où ils auront l’autorité pour eux, et non contre eux, quand les despotes seront de grands hommes, serviteurs ou protecteurs de la raison.
Or ce que j’ai voulu inculquer avant tout en ce livre, c’est la foi à la raison, la foi à la nature humaine. « Je voudrais qu’il servît à combattre l’espèce d’affaissement moral qui est la maladie de la génération nouvelle ; qu’il pût ramener dans le droit chemin de la vie quelqu’une de ces âmes énervées qui se plaignent de manquer de foi, qui ne savent où se prendre et vont cherchant partout, sans le rencontrer nulle part, un objet de culte et de dévouement. […] Il y a des époques où toute la question est dans la politique : ainsi, par exemple, à la limite du Moyen Âge et des temps modernes, à l’époque de Philippe le Bel, de Louis XI, les docteurs et les penseurs étaient peu de chose, ou n’avaient de valeur réelle qu’en tant qu’ils servaient la politique. […] Ce n’est pas une blâmable ambition qui a entraîné dans ce tourbillon toutes les sommités intellectuelles de la première moitié de ce siècle ; ces hommes éminents ont fait ce qu’ils devaient faire pour servir la société de leur temps. […] Dites donc encore qu’il n’y a moyen de servir l’humanité qu’en se jetant dans la mêlée.