Il y a, enfin, la curiosité de savoir comment un critique dramatique, un peu plus solidement arc-bouté sur ses facultés et sur ses connaissances que les feuilletonistes d’à présent, troussait ses feuilletons en 1767 ! […] Mais, heureusement pour lui, il ne savait pas l’allemand ; circonstance qui épargna à sa vieille royauté expirante la familiarité de ce welche en mesure de traiter, par la plaisanterie, d’égal à égal avec lui ! […] Lessing savait bien ce que Voltaire ne savait qu’à peu près ou mal… Linguiste immense, fort dans les langues anciennes, dont Voltaire avait seulement éraflé le dictionnaire, Lessing lisait dans leur propre langue tous les théâtres de l’Europe moderne, et encore par là il tenait Voltaire, ce menteur et ce pickpocket de Voltaire, qui aurait si bien escroqué la gloire d’autrui, si on l’eût laissé faire. […] Lessing, qui sait tout et qui le sait bien, a une loyauté d’érudition et d’idées à laquelle il est impossible d’imposer… Et c’est là surtout ce qui fait respecter sa puissance de plaisanterie.
N’allez pas croire que nous voulions rire de ce monsieur Jourdain qui fait de la prose, mais qui le sait… N’allez pas vous imaginer que nous nous inscrivions en faux contre sa couronne. […] … qui, excepté les clercs, comme on disait au moyen âge, sait quelque chose de cette édition princeps dont il a déjà paru plus de dix volumes en quatre ans ? Et qui saurait sans moi que Cottin a prêché ! […] « Et qui saurait, sans moi, qu’après tout saint Thomas d’Aquin n’était pas un cuistre ?
Or, en matière historique — sans parler de la rareté avec laquelle se montrent des rapports constants entre deux phénomènes — qui ne sait combien il est difficile de dire avec précision quand commence ou, quand finit chacun d’eux, et d’établir, par suite, celui qui est apparu le premier ? […] C’est en partant de la notion de la densité, ou de l’homogénéité, ou de l’unification sociales que nous avons abouti à celle de l’égalité, et non réciproquement : à défaut de l’antériorité historique, nous avons fixé une antériorité psychologique. — Mais qui sait, après tout, si ces déductions psychologiques elles-mêmes ne se laisseraient pas convertir ? […] D’ailleurs, le nombre des hommes agglomérés ne s’augmente pas de lui-même et mécaniquement : en même temps que de conditions physiologiques, on sait qu’il dépend de conditions psychologiques qu’il s’agirait d’analyser et de classer. — Inversement l’homogénéité d’une société dépend de conditions physiologiques en même temps que de conditions psychologiques. […] L’idée de l’égalité ne saurait être la source des multiples courants qui ont entraîné nos sociétés ; elle en est plutôt le confluent.
C’est un vice contre lequel on ne sauroit être trop en garde, que d’appliquer la grammaire d’une langue à toute autre indistinctement ; chaque langue a la sienne, analogue à son génie particulier. […] C’est ainsi que l’esprit humain a su trouver des richesses dans le sein même de l’indigence, & assujettir les termes les plus vagues aux expressions les plus précises. […] Tels sont en latin bos, sus, &c. on trouve bos mactatus & bos nata, sus immundus & sus pigra ; tel est en françois le nom enfant, puisqu’on dit en parlant d’un garçon, le bel enfant ; & en parlant d’une fille, la belle enfant, ma chere enfant. […] Les caracteres élémentaires sont ceux que l’usage a destinés primitivement à la représentation des élemens de la parole, savoir les sons & les articulations. […] Les lettres sont les signes des élémens de la voix, savoir des sons & des articulations.
Ce n’est point aux Mémoires mêmes qu’il faut s’en prendre de cet empressement qu’ils rencontrent plutôt qu’ils ne le font naître ; ce n’est pas non plus à la vénération nationale pour un grand nom qu’il faut en savoir gré seulement. […] Longchamp et Wagnière, qui sûrement, quand ils écrivaient leurs notes, ne savaient prévoir de si loin ni notre malheur ni la bonne fortune de leur livre. […] A tout prendre pourtant, puisque nous sommes dans un siècle de biographies, ils méritent autant que bien d’autres la peine qu’on les parcoure, et, anecdotes pour anecdotes, celles qui concernent Voltaire ne sauraient être les moins intéressantes.
Des moyens de trouver la formule générale d’une époque Nous savons comment d’un grand nombre de faits particuliers on peut tirer des vérités plus larges, plus étendues qui s’y trouvent contenues. […] Seulement reste à savoir comment il convient de mener cette enquête, portant non seulement sur toutes les branches de la civilisation, mais sur toutes les forces qui peuvent modifier l’évolution humaine. […] Nous savons donc que l’évolution littéraire ne peut être séparée que par abstraction du reste de l’évolution sociale ; qu’il y a ainsi des ressemblances et aussi des rapports de cause à effet ou d’effet à cause entre les œuvres qui nous intéressent et leur entourage.
C’était l’ennemi du faux en toutes choses, du faux goût, du faux savoir ; du faux en morale, en politique, en littérature, en conversation ; l’ennemi des esprits faux et des cœurs faux. […] Louis XIV avait donné Montausier pour gouverneur à l’héritier du trône, et l’on sait comment Montausier remplit cette éminente fonction. […] Segrais raconte que le cardinal envoya Boisrobert à la marquise, pour lui demander son amitié, mais à une condition trop onéreuse pour elle, qui ne savait ce que c’était de prendre parti, et de rendre de mauvais offices à personne.
. — Une gloire marchandée, versée à petits coups, convient peut-être aux écrivains à teintes grises dont vous voulez tracer un portrait composé de petites intentions rapprochées ; mais, s’il s’agit d’un poète véritable, lisez son livre et sachez vous incliner. […] S’il avait eu plus de souplesse, plus de basse complaisance, il vivrait encore peut-être ; je sais bien où il pourrait se trouver, mais je n’irais pas l’y chercher, afin de m’occuper de lui. — Cette petite vérole courante, — nous savons son nom : — c’est l’égoïsme et l’envie, c’est la médiocrité de certains Carons, meneurs de spectres, qui refusent l’entrée des champs Élysées aux Ombres couronnées du laurier immortel, et qui les laissent errer sur des rivages sans nom, parce qu’elles n’ont pas, pour frayer leur passage, l’obole frappée à l’effigie des camaraderies. […] C’est un de nos morts… Je prends dans ces lignes toute la part qui m’en revient et qui est à mon intention : cette part, c’est l’envie, l’égoïsme, la médiocrité, la camaraderie ; c’est d’être un compilateur hypocrite, un écrivain à teintes grises, que sais-je encore ?
Il me le permit, et dans le vase je ne trouvai rien, si ce n’est la pression de la pesanteur et je ne sais quelle obscure tendance réciproque entre ses parties ; mais quand je pénétrai dans l’autre objet, quelle surprise ! […] Il s’agit, en somme, de savoir quel est le rôle, quelle est l’action et la force propre de l’intelligence en face du monde. […] Il n’a pas su montrer dans cette « volonté de vivre » qui, selon lui, fait le fond commun de tous les êtres, la vraie origine de nos idées universelles et nécessaires, des formes à la fois cérébrales et mentales à travers lesquelles nous apercevons toutes choses.
Les transports qui suivent la reconnaissance des deux époux ; cette comparaison si touchante d’une veuve qui retrouve son époux, à un matelot qui découvre la terre au moment du naufrage ; le couple conduit au flambeau dans son appartement ; les plaisirs de l’amour, suivis des joies de la douleur ou de la confidence des peines passées ; la double volupté du bonheur présent, et du malheur en souvenir ; le sommeil qui vient par degrés fermer les yeux et la bouche d’Ulysse, tandis qu’il raconte ses aventures à Pénélope attentive, ce sont autant de traits du grand maître ; on ne les saurait trop admirer. […] Ils ont un goût plus sûr, une imagination plus noble : ils ne savent travailler que l’ensemble, et négligent les ornements ; un berger qui se plaint, un vieillard qui raconte, un héros qui combat, voilà pour eux tout un poème ; et l’on ne sait comment il arrive que ce poème, où il n’y a rien, est cependant mieux rempli que nos romans chargés d’incidents et de personnages.
Je ne sais comment m’y prendre ! […] Et il ne saurait tarder ! […] Tu serais cause de ma perte car les yébem, à leur retour, me tueraient sans pitié sitôt qu’ils auraient senti l’odeur de chair humaine dans leur case. » Sakaye qui savait que le guinné-aux-yeux-de-soleil ne pouvait rien contre lui, puisque le grigri l’empêchait de se mettre debout, entra précipitamment dans la case.
On sait tout ce que les philosophes avaient dit contre la guerre. […] Savoir quand on peut et ce qu’on peut, savoir ignorer ce qu’on ne sait pas, et croire à l’évidence sans se l’expliquer : telle est la maxime qui domine ses études. […] Ce fut, on le sait, la destinée de Descartes, auquel M. […] Nul ne le sait ; mais toujours est-il que M. […] Il y a même, je t’assure, je ne sais quel charme secret qui naît de cette dure destinée qui m’a toujours séparé de toi.
Voyons à qui l’aura, c’est-à-dire, voyons à ceci, (attendamus ad hoc nempe) à savoir qui l’aura. […] On n’entend ce que l’Abréviateur a voulu dire, que lorsque l’on sait en détail l’Histoire de Joseph & celle d’Appius. […] Il, illud, à savoir l’avantage, le bonheur de trouver dans un amant qu’on aime un époux que l’on doit aimer. […] Il, illud, à savoir d’être les amis de Dieu, est combien glorieux pour les hommes ! […] On sait que Pierre Lombard & S.
Le temps sait tout ; et nous ne pouvons savoir quelque chose qu’en l’associant à nos ignorances et en lui demandant ses secrets. […] En vérité, si je l’avais pris, ce rôle, je ne saurais pas aujourd’hui où cacher ma honte. […] Tout le monde croyait que c’était chez moi faute de caractère et d’énergie, que je ne saurais jamais prendre un parti, et que, par conséquent, je ne serais bon ni à moi ni aux autres. […] La majorité se reconstitua sous la main de cet homme d’État et le suivit, malheureusement pour la couronne, jusqu’à la catastrophe qu’il ne sut ni prévoir, ni conjurer, ni dompter. […] Si jamais j’avais besoin de chercher des vengeurs de ce rire à contre sens, qui se trompe de but et qui s’attache au revers, je sais où je les trouverais !
Je n’en sais rien. […] Il leur est arrivé, dans Madame Gervaisais, de parler de l’histoire de la philosophie de manière à faire sourire ceux qui la savent, ou simplement ceux qui sont « au courant ». […] On ne saurait dire plus juste : nous n’avons pas affaire à des inconscients, à des ignorants d’eux-mêmes. […] Cela cadre bien avec ce que nous savons déjà d’eux. […] Mais je ne sais pourquoi je soulève cette question d’immortalité.
Ces poésies toujours trempées de larmes me font l’effet de ces pleureuses gagées des obsèques des anciens et des Orientaux d’aujourd’hui, qui ne savent qu’un métier, et qui meurent de faim si personne ne les loue à tant le sanglot pour pleurer à l’heure. […] Pour moi (toujours l’immortalité à part), je sais trop ce que j’en pense. […] L’âme de l’homme, selon moi, est incontestablement un principe immatériel ; je ne saurais pas le prouver, mais je le sens et je le crois ; c’est la meilleure des preuves. […] Je ne sais pas comment, au pied d’une colonne D’où l’ombre des vieux jours sur le barde descend, L’herbe parle à l’oreille, ou la terre bourdonne, Ou la brise pleure en passant. […] Par la faim et la soif il achète ses biens ; Il sait que nos trésors ne sont que des liens.
Vous me pourrez laisser à Athènes ; — n’importe où ; je ne me plaindrai jamais. — Je ne garderai que le stérile nom d’épouse — et vous serez quitte de tout autre ennui730. » Cela est grand ; cette femme a un cœur fier, et aussi un cœur d’épouse ; elle sait donner et elle sait souffrir ; ce qui est mieux, elle sait se sacrifier sans emphase et d’un ton calme ; ce n’est point une âme vulgaire qui a conçu une pareille âme. […] J’ai trouvé chez lui de beaux morceaux, je n’en ai jamais rencontré d’agréables ; il ne sait pas même disserter avec goût. […] Vous savez que les profits de mon livre auraient pu être plus grands, mais ni ma conscience ni mon honneur ne me permettaient de les prendre. […] On savait qu’il avait vendu les intérêts de l’Angleterre à la France ; on croyait qu’il voulait livrer aux papistes les consciences des protestants. […] La petite Laclos disait à je ne sais plus quel duc en lui prenant son grand cordon : « Mets-toi à genoux là-dessus, vieille ducaille !
Charles Morice Vignier est un des artistes doués du sentiment le plus aristocratique de l’art, que je sache. Sans l’avoir prouvé par des œuvres, — car ses vers, ainsi que l’avoue leur titre, ne sont guère qu’admirables pastiches, — il sait.
Tu l’aurais su, Boileau ! […] Tout poëte aujourd’hui vise au parlementaire ; Après qu’il a chanté, nul ne saura se taire : Il parlera sur tout, sur vingt sujets au choix ; Son gosier le chatouille et veut lancer sa voix. […] Et riant, conversant de rien, de toute chose, Retenant la pensée au calme qui repose, On voyait le soleil vers le couchant rougir, Des saules non plantés les ombres s’élargir, Et sous les longs rayons de cette heure plus sûre S’éclairer les vergers en salles de verdure, Jusqu’à ce que, tournant par un dernier coteau, Nous eûmes retrouvé la route du château, Où d’abord, en entrant, la pelouse apparue Nous offrit du plus loin une enfant accourue13, Jeune fille demain en sa tendre saison, Orgueil et cher appui de l’antique maison, Fleur de tout un passé majestueux et grave, Rejeton précieux où plus d’un nom se grave, Qui refait l’espérance et les fraîches couleurs, Qui sait les souvenirs et non pas les douleurs, Et dont, chaque matin, l’heureuse et blonde tête, Après les jours chargés de gloire et de tempête, Porte légèrement tout ce poids des aïeux, Et court sur le gazon, le vent dans ses cheveux.
Si madame de Maintenon eût vécu jusque-là, elle n’eût ni plus sagement conté, ni jugé plus sainement ; il semblerait en vérité que le Palais-Royal n’en sût pas plus que Trianon. […] M. de Genlis avait une livrée, on dansa, on trinqua, on chansonna ; c’est ce que la postérité saura officiellement. […] Ces temps-là, elle le sait pourtant, étaient difficiles à vivre ; elle-même nous avoue une douzaine au moins d’attaques pressantes que sa vertu eut à repousser, et de plus fragiles auraient pu faillir à sa place sans beaucoup de philosophie.
Il restait au fond des cœurs quelque chose d’ineffaçable, imprimé par l’adversité, je ne sais quoi de vague qui attristait, jusque sous les doigts des Millevoye et des Legouvé, la lyre épicurienne. […] Il apprit tout ce qu’on enseignait à cette époque, et dans ce pays de si vaste savoir. […] Sans les Baisers de Jean Second, qui saurait qu’il eut du génie ?
On se demande d’abord ce que l’auteur a voulu en retraçant son principal caractère, et l’on ne sait trop que répondre. […] Féline vient on ne sait d’où et ne va à rien. Il est, dans tous les cas, d’un ordre inférieur, il est bas ; il n’intéresse ni ne fait rire à aucun moment ; c’est un piètre casuiste qui ne saurait, se duper lui-même, à moins d’être par trop sot.
Quand on sait grouper les mots de façon que chacun d’eux prenne toute la valeur dont il est susceptible, on peut les rendre moins gros et les ajuster davantage à sa pensée. […] Elle exige un sens délicat des convenances, qui sache estimer la valeur des mots, non plus dans leur rapport avec les choses, mais dans leur rapport avec mille circonstances variables de temps et de lieu. […] Les mots propres à être ouïs de tous, et les phrases propres à ces mots, sont ridicules, lorsqu’on ne doit parler qu’aux yeux et pour ainsi dire à l’oreille de son lecteur. » On ne parle pas devant cent personnes comme devant une seule ; le choix de mots, la correction de phrases, qui sont nécessaires, quand on écrit, deviennent ridicules quand on cause ; et je ne sais pas de gens plus fastidieux que ceux qui, dans la conversation, parlent comme un livre.
Signoret — on ne saurait trop le répéter — est un lyrique. […] Les notes qu’il nous communique nous le révèlent comme une nature ardente et passionnée, mêlant le lyrisme méridional à je ne sais quel fatalisme exaspéré. […] Emmanuel Signoret est riche d’expression et, si l’on sait lui pardonner un déplorable abus de fausse joaillerie, de sonorités assourdissantes, d’images futiles et désordonnées, ses poèmes peuvent offrir de remarquables dons d’évocation.
On sait, sans qu’il soit utile de s’appesantir aujourd’hui que par-delà la fin on envisage toute l’œuvre, on sait que le dégoût du banal l’induisit à ne s’intéresser plus qu’aux caractères exceptionnels et dégénérés : une écuyère morphinomane entre deux gymnasiarques, dans Les Frères Zemganno, une prostituée meurtrière, dans La Fille Élisa. […] Il est des auteurs plus heureux à qui l’on ne saurait prédire autant.
Il sait que l’art, sous toutes ses formes, peut tout espérer des nouvelles générations dont on entend sourdre dans nos ateliers le génie encore en germe. […] On vient de démolir l’archevêché, édifice d’un pauvre goût, le mal n’est pas grand ; mais tout en bloc avec l’archevêché on a démoli l’évêché, rare débris du quatorzième siècle que l’architecture démolisseur n’a pas su distinguer du reste. […] On parle de raser l’admirable chapelle de Vincennes, pour faire avec les pierres je ne sais quelle fortification, dont Daumesnil n’avait pourtant pas eu besoin.
On sait qu’à force de volonté et de travail Taine changea sa manière d’écrire et réussit à se faire un style coloré et plastique. […] Tel l’a su : La Fontaine, Molière, Balzac, et ils l’ont réussi spécialement dans tel passage ; je vais analyser ce passage, savoir quelle méthode, quelle espèce d’émotion, quel but les a fait réussir à cet endroit ; cette méthode trouvée, je vais l’essayer sur un autre de leurs morceaux.
Et nous disons : quand la fantaisie le prend d’écrire l’histoire… car, on le sait de reste, Méry, cette belle plume brillante et changeante, ce souple esprit qui a mille manières de s’enlever sur ses longues ailes, n’est qu’exceptionnellement historien. […] Conversationniste éblouissant, qui parle comme il écrit et qui écrit comme il parle (et quand on a dit cela on ne sait pas ce que l’on a vanté le plus de sa conversation ou de son style), cet esprit multicolore a toujours eu la facilité du génie, même les jours où il n’en eut pas la puissance. […] Mais ce que nous avons vu avec bonheur, et ce que la Critique marquera comme un affermissement de l’intelligence de Méry dans une voie où cette intelligence devait s’avancer hardiment en raison même de l’élévation de sa nature, c’est la mâle et saine manière de penser sur les choses religieuses qui sont le fond de cette grande histoire, que Gibbon, malgré un talent qui approchait du génie, n’a pas su juger parce qu’il n’était pas chrétien.
Renan savait qu’il n’y a de vraiment dangereux que l’adversaire dont on a froissé la personne. […] Il faut savoir se borner. […] Renan lui sait gré de s’être parfois plié pour que son peuple de professeurs ne fût pas accablé.
Nous ne savons rien des principes constitutifs de l’âme humaine. […] Si vous demandez à chacune de ces voix, pourquoi elle chante, elle ne saurait pas vous répondre. […] XI Le petit Didier n’avait pu voir impunément, depuis son enfance, la Jumelle grandir et embellir à côté de lui ; il l’aimait sans savoir ce que c’était qu’aimer. […] « Vous ne savez pas de plus douces chansons ! […] XXVI Quant au patriotisme, on sait, par l’expérience de Tyrtée et de tous les poètes, ces musiciens nationaux, combien la mort même pour la patrie inspire le chant.
Et ils le regardent longtemps filer dans la foule comme les bergers de nos montagnes en ramenant leurs moutons bien comptés au village, les soirs d’un mois d’été, regardent tout ébahis glisser une étoile filante qui vient du ciel s’éteindre dans un étang, sans savoir ce qu’elle a à faire dans la vallée et quel message elle apporte ou elle remporte parmi eux. […] VIII Nous le savons, nous qui connaissons depuis son adolescence ce passant dans la vie ; nous désirons vous le faire connaître aussi. […] Il faut les chercher dans la solitude ; c’est là que naissent ces grandes passions, entre ciel et terre, telles que celles que nous avons à vous signaler dans cette âme appelée je ne sais comment dans la langue des purs esprits, appelée ici-bas Louis de Ronchaud. […] Je le sais bien, moi, je ne dois pas le dire, de peur de tenter le désespoir des hommes qui savent plus aisément mourir que souffrir ; ce ne sont pas les plus magnanimes. […] Je n’en sais rien ; mais, histoire ou légende, il n’y aurait rien, dans un tel servage, qui ne fût de nature à dignifier la personne qui sut l’inspirer et le poète qui sut le subir comme une suzeraineté féodale du prestige sur l’imagination.
Leur tombe est sur la colline, Mon pied le sait : la voilà ! […] moi, je ne saurais pas dire, je pleurerais trop, dit la vieille femme. […] moi, je n’oserais pas, je suis trop jeune pour tout savoir et trop innocente pour savoir bien raconter, dit la sposa. […] Ces deux braves hommes ne savaient pas quand nous y étions venus pour la première fois. […] personne de nous ne sait ni lire ni écrire ; qui est-ce qui nous l’apprendrait ?
Carvalho fuit savoir qu’une opposition sourde l’oblige à ajourner son projet. […] Ne sait-on pas que les Allemands seuls admirent Wagner, que la Revue Wagnérienne, — voyez son style, — est rédigée par des Prussiens ? […] Vous savez qu’en composant ce rôle, j’ai pensé à votre voix et à votre diction si nette et si énergique. […] Auch zagte mir jemand wieder, Lachner sei im gangen, gut für die Sache gestimmt. […] Lorsque dans la lettre ci-dessus, Wagner si hautement demandait la « mélodie », il savait déjà bien que la mélodie est la seule forme de la musique, et que les deux sont inséparables ; il avait déjà la profonde conviction que la musique est l’expression, mais il ne savait pas encore ce que c’est que la mélodie qui donnerait l’expression idéale musicale, à l’esprit allemand, dans le drame.
C’était sa vie passée qui lui repassait sous les yeux… elle savait par cœur les cheveux de tous ces gens-là. […] On y voyait Mme Regnault de Saint-Jean-d’Angely, la duchesse de Bréant, etc., etc., un bataillon de vieilles femmes, mais qui avaient conservé ce je ne sais quoi des femmes qui ont été belles. […] * * * Janin nous disait aujourd’hui dans un accès de franchise : « Savez-vous pourquoi j’ai duré vingt ans ? […] Six heures pendant lesquelles ils se sont raconté ce qu’ils savaient déjà, l’un contant à l’autre sa propre histoire ; tout cela scandé à tout moment par : « Tu te souviens bien ? […] Et, repus et saouls de matière, nous nous en allons de ces lits de dentelles, comme d’un musée de préparations anatomiques, et je ne sais quels souvenirs chirurgicaux et désolés nous gardons des aimables et plaisants corps.
Victor Hugo excelle ainsi à rendre pittoresques par des métaphores matérielles, certaines propositions psychologiques, que l’on ne saurait décrire qu’en vers ternes. […] Il sait être grandiose simplement dans une langue sculpturale et biblique, en un style fauve et comme recuit aux beaux passages de la Légende des Siècles. […] Victor Hugo sait faire du sublime, son génie atteint de plus hauts sommets encore dans toutes les scènes auxquelles se mêle un élément de mytère. […] Certains faits contradictoires ne sauraient altérer la valeur de cette induction. […] De même les termes plus abstraits : mystère, trouble, l’éternité, l’au-delà, expriment des entités sur lesquelles nous ne savons rien.