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1147. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXI. Philosophie positive »

Elle doit lui plaire, par son apparente simplicité de point de vue et de déduction, et la faire trembler, par les connaissances terribles qu’elle exige… Or la pensée publique, en France surtout, ressemble aux femmes, qui doivent toujours un peu trembler pour bien nous aimer.

1148. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXI. Sainte Térèse »

Ce n’était pas uniquement, comme ceux qui ne l’ont pas lue ont la bonté de le concéder, une femme supérieure par l’imagination, par la disposition poétique » exaltée par la prière et trouvant dans réchauffante macération de la Règle et du Cloître l’expression embrasée qui ressemble chez elle à un encensoir inextinguible, le cri qui épouvante presque les cœurs et qui fait croire que le Génie a des rugissements comme l’Amour !

1149. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

Ils ressemblent aux flûtes, maintenant brisées, dont on dit qu’ils aimaient à accompagner leurs discours, et le silence pèse sur tous ces débris d’un poids égal.

1150. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Dargaud »

On peut condenser en un mot la philosophie de ces vingt pages : « Toutes les religions — dit quelque part Dargaud avec une imagination qui l’égare — ressemblent à des nuées obscures à leur base et lumineuses à leur sommet. » Après une pareille conclusion, tout n’est-il pas dit, pour qui sait comprendre ?

1151. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

Il l’a, cet accent, — adouci, plaintif et calmé ; mais il l’a… Comme Lamartine, il est un poète de grande inspiration spiritualiste et religieuse, et, disons-le, soit qu’il l’imite, soit qu’il lui ressemble, il procède évidemment de ce beau génie.

1152. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

Et il a aussi dans sa poésie bien des choses qui ressemblent à la foudre.

1153. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

Elle aurait dû le dépasser, — Si paresseuse à se lever, cette aurore, attardée jusqu’au crépuscule, a souvent montré combien, dans les vrais poètes, immortels d’esprit et de cœur, le couchant ressemble à l’aurore.

1154. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Illuminés d’enthousiasme ; hommes de parti enlevants d’éloquence dans des camps opposés ; natures bouillonnantes qui dégorgent incessamment comme la bouche d’un fleuve, soit des pensées, soit des images ; espèces de Pythonisses de leur propre esprit ; passionnés dans leur âme et passionnés dans leur sang que l’Imagination fouette incessamment de ses mille dards enflammés, ils ont les mêmes audaces d’expression et ils se ressemblent jusque dans leur originalité… La seule différence qu’il y ait entre eux, c’est que Diderot l’athée ne fut jamais qu’un athée.

1155. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

Pour que, de toutes les dissonances il résulte une plus étonnante harmonie, il y a dans ce livre des teintes plus tendres que des nuances, des rêveries d’esprit qui ressemblent à des rêves, des amours d’enfants de douze ans veloutés des premières fleurs que la vie emporte sur ses ailes, et tout cela (ces impondérables) est exprimé, qui le croirait ?

1156. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVI. Des sophistes grecs ; du genre de leur éloquence et de leurs éloges ; panégyriques depuis Trajan jusqu’à Dioclétien. »

La louange y est d’autant plus piquante qu’elle se cache : ainsi déguisée, elle ressemble moins à la flatterie de la part de l’orateur, elle fait moins rougir le grand homme qui l’a méritée et craint de l’entendre ; et à l’égard de celui qui ne serait que vain au lieu d’être grand, elle lui épargnerait encore l’embarras pénible d’être modeste.

1157. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. De Mascaron et de Bossuet. »

Ce genre d’éloquence ressemble au mouvement d’un vaisseau dans la tempête, qui tour à tour monte, retombe et disparaît, jusqu’à ce qu’une autre vague vienne le reprendre, et le repousse encore plus haut qu’il n’était.

1158. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

On dirait que de si éminents esprits ressemblent à ces hauts et verts sommets qui, riches de leurs ombrages et de leurs moissons fleuries, versant autour d’eux des sources abondantes, embellis, échauffés des rayons du ciel et faits à ses orages, ne peuvent, par leurs vastes dimensions, servir d’ornements aux parcs étroits, ni aux enceintes bornées des palais : ils ne sont bien que sous leur Olympe. […] « Muses, pour le tracer, cherchez tous vos crayons : « Car, puisqu’en cet exploit tout paraît incroyable, « Que la vérité pure y ressemble à la fable, « De tous vos ornements vous pouvez l’égayer. […] L’enthousiaste Klopstock, dont le religieux poème ressemble bien plus à un hymne qu’à une épopée, respecte tellement la grave unité de son sujet, qu’il en termine la fiction à la mort du Christ, et qu’il ne chante même pas sa résurrection miraculeuse. […] Mais il faut avouer qu’une île enchantée, dont Vénus est la déesse, et où des Nymphes caressent des matelots après un voyage de long cours, ressemble plus à un Musico d’Amsterdam qu’à quelque chose d’honnête. […] Là tout porte l’empreinte divine et symbolique : voyons si la Thessalienne de Lucain, qui révèle aussi les événements futurs, ressemble à ces deux Pythonisses.

1159. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Il est l’homme, ce qui à certains égards et tout respect gardé, est un mérite appréciable, qui ressemble le moins à Kant. […] Ce qui nous met dans l’embarras, c’est qu’il n’est pas aisé d’assigner au juste l’espèce d’égalité propre à produire cet effet ; car il y a deux sortes d’égalité qui se ressemblent par le nom, mais qui sont bien différentes en réalité. […] Celui-là donc qui veut vivre la vie divine, c’est-à-dire ressembler aux dieux le plus possible, il a précisément pour première démarche à faire de se placer par-delà le plaisir et de le laisser en arrière et d’en laisser l’idée en arrière comme négligeable et comme ne devant pas entrer en ligne de compte. […] Mais dès que l’on vous représente, vous, on vous peint par les côtés par où vous ressemblez à la nature et alors, encore, on peut n’avoir pas souci de moralité ; ou l’on vous peint en s’appliquant à ce qui vous distingue de la nature et alors, en ne cherchant que le beau, on trouve le bien et on ne peut pas ne pas le trouver. […] A priori et a posteriori, le pire des gouvernements est le gouvernement d’Athènes ; et Platon aura quelque bienveillance pour toute espèce de gouvernement, à la condition qu’il ne ressemble pas à celui-ci.

1160. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Quand des textes authentiques nous ont révélé les faits et gestes d’un personnage ancien ou moderne, il nous reste à pénétrer, par une intuition qui ressemble au travail du poète ou du romancier, dans l’intérieur de l’âme de ce personnage. […] Renan fait aller et venir dans cette espèce de théâtre métaphysique dont il est à la fois le poète, l’impresario et le public ne ressemblent guère à des créatures de sang et de muscles. […] Ils étaient en proie à cette inquiétude du cœur, grâce et faiblesse des personnalités féminines et de celles qui leur ressemblent. […] Aucun homme n’a moins ressemblé à ce type du songeur incertain et malhabile à la décision que Shakespeare a incamé dans son Hamlet, Gœthe dans son Werther, Benjamin Constant, dans son Adolphe, Sainte-Beuve dans son Amaury, Musset dans son Octave. […] Ou heureuse ou malheureuse, elle remplit tous mes moments… » A une personne à laquelle il paraît avoir beaucoup donné de son cœur, il écrivait : « N’aie pas la moindre inquiétude sur moi, je t’aime à la passion ; ensuite, cet amour ne ressemble peut-être pas à celui que tu as vu dans le monde ou dans les romans.

1161. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Si Descartes avait fait des romans, ils ressembleraient à Zaïde ou à la Princesse de Clèves ; s’il avait fait des tragédies, elles ressembleraient à Bérénice ou à Mithridate ; s’il avait enfin déduit lui-même de ses principes l’esthétique qu’ils enveloppaient, on en aurait vu sortir, vingt ans avant le temps, l’Art poétique de Boileau. […] Ce que nous serions tentés aujourd’hui d’accuser d’invraisemblance dans la diversité même des conditions qu’il traverse, c’est précisément ce qu’il y a de toute son histoire qui ressemble le plus à celle de son temps. […] Nous pourrions ajouter enfin qu’il ne nous émeut guère, et pour les mêmes raisons : parce qu’il est l’occasion ou le prétexte de ses mésaventures plutôt qu’il n’en est la victime ; parce qu’il manque de richesse psychologique et de complexité morale ; parce qu’il ressemble trop à tout le monde, ou du moins aux valets de Molière et de Regnard, à Mascarille et à Crispin, à Lazarille de Tormès et à Guzman d’Alfarache. […] Que voit-on vraiment là qui ressemble à une protestation de Marivaux contre l’invasion de la licence dans le roman de son temps ? […] Mais, au contraire, ce qui fait la rare valeur de Manon Lescaut, ce qui met l’œuvre de Prévost au rang de Paul et Virginie, qui ne lui ressemble guère, ou de Roméo et Juliette, qui lui ressemble encore moins, c’est ce qu’il y a de peu ordinaire et, en ce sens, de peu « naturel », dans ce roman d’une fille et d’un aventurier, c’est ce qu’il y a en Manon, et surtout en des Grieux, de supérieur ou d’étranger à eux-mêmes, dont ils n’ont pas conscience, mais dont Prévost a conscience pour eux et qu’il a, en un jour de bonheur et d’inspiration, admirablement démêlé.

1162. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

En effet, dans les chansons, fabliaux ou mystères, le menu détail abonde : c’est un de ces points par où les extrêmes se touchent, et par où les littératures qui commencent ressemblent aux littératures qui finissent. […] Et puis, un grand homme, en ce temps-là, qui ne ressemblait guère au nôtre, sous ce rapport, n’avait jamais une telle et si superbe conscience de sa valeur que de croire en soi, seul contre tous. […] Certainement Racine n’aimait ni ne supportait volontiers la critique, — en quoi je pense qu’il ressemblait à quantité de gens qui n’ont pourtant écrit ni Bérénice ni Phèdre. […] Tandis que l’on brûlait l’Émile, un peu partout, et que Rousseau, décrété de prise de corps, fuyait vers la frontière, le châtelain de Ferney donnait la comédie sur son théâtre, bâclait en huit jours quelque rapsodie tragique « pour se ménager un alibi nécessaire », et lançait force brochures anonymes que, par un surcroît de précautions qui ressemblait à de la maladresse, il désavouait effrontément à la moindre apparence de danger. […] Voltaire et Bossuet se ressemblent par plus d’un point : s’ils diffèrent l’un de l’autre, c’est comme le xviiie  siècle diffère du xviie .

1163. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

d’autres fois, cette malice du poète ressemble à une mièvrerie. […] La première scène, cependant, se trouve ressembler à celle de Faust. […] Je crois m’apercevoir qu’elle ressemble à la bonne Marguerite. […] Pourtant, je ne le crains pas. — Je vois sortir de terre un spectre sombre et terrible qui ressemble à une divinité infernale ; son visage est caché dans les plis d’un manteau et des nuages sinistres forment son vêtement. […] Je crois, puisque Thomas le dit, que tu es un grand poète ; je t’aime, car tu ressembles aussi à la bouteille : tu verses tes chants, tu inspires le sentiment, l’enthousiasme !

1164. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Il les a obligées, en les combattant, à lui ressembler. […] « Les opinions humaines ne ressemblent donc point à la pièce de toile que le tisserand commence et achève. […] En un mot, ils voyaient la nature comme ils se voyaient. — Et maintenant que nous connaissons mieux la nature, voici un homme qui n’est pas le seul à juger ainsi, qui s’avise, non plus de penser que la nature ressemble à l’humanité, mais que l’humanité doit ressembler à la nature. […] Procédé inverse, même instinct : vouloir que tout se ressemble. […] Et d’abord, à quelle nature prétendez-vous que doit ressembler l’humanité ?

1165. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

De Foe ressemble à l’un de ces braves soldats obscurs et utiles qui, l’estomac vide, le dos chargé, les pieds dans la boue, font les corvées, emboursent les coups, reçoivent tout le jour le feu de l’ennemi et quelquefois par surcroît celui de leurs camarades, et meurent sergents, heureux quand de rencontre ils ont accroché la croix d’honneur. […] J’en suis bien fâché, mais j’ajoute bien bas, tout bas, que la sublime Clarisse est un petit esprit ; sa vertu ressemble à la piété des dévotes, littérale et scrupuleuse1065. […] Voilà certes un talent étrange, composé d’aveuglement et de clairvoyance, et qui ressemble à ces maladies de la rétine dans lesquelles le nerf surexcité devient à la fois obtus et perspicace, incapable d’apercevoir ce que les yeux les plus ordinaires atteignent, capable d’apercevoir ce que les yeux les plus perçants ne saisissent pas. […] Le monde certainement est assez large pour nous contenir tous les deux, toi et moi1087. » Cette sensibilité de femme est trop fine, on ne peut la décrire ; il faudrait traduire une histoire entière, celle de Lefèvre par exemple, pour en faire respirer le parfum ; ce parfum s’évapore sitôt qu’on y touche, et ressemble à la faible senteur fugitive des plantes qu’on a portées un instant dans la chambre d’un convalescent.

1166. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

L’Héroïde, si voisine de l’Épître, ne lui ressemble ni par les nobles et tendres sentiments qu’elle exprime, ni par son style, moins haut que celui de la tragédie, et plus élevé que celui de l’élégie. […] Ces génies lumineux ressemblent à deux phares allumés au haut de l’Hélicon, pour éclairer les poètes qu’ils ont devancés. […] Ses drames ressemblent à de vieux monuments taillés dans le marbre avec rudesse et âpreté, mais résistant par leurs blocs et leur inébranlable architecture à toutes les attaques des siècles. […] Racine s’en approcha le plus souvent dans Acomat, dans Agrippine, dans Joad surtout, et dans quelques scènes de Mithridate ; mais ses jeunes princes et ses héroïnes secondaires ont tous une couleur égale et de pareils traits : il n’est aucune des figures nombreuses tracées par Corneille qui ressemble à l’autre ; et, si nous envisageons celles qu’il place en avant du tableau, ne nous écrierons-nous pas avec le père Brumoy, dans son parallèle des anciens et des modernes : « Les Romains furent-ils jamais si majestueux dans leurs sentiments et dans leurs idées, qu’ils le sont sur notre théâtre ?

1167. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Il faudrait bâtir un monde qui ne ressemblât à rien ni de ce qui se voit ni de ce qui a été vu. […] C’est à Voltaire qu’il ressemble le plus pour la vivacité et la grâce aisée de l’allure preste. […] Trois de ses héros se ressemblent beaucoup : Grandgousier, Gargantua et Pantagruel ; on peut les confondre quelque peu dans le souvenir qu’on garde d’eux et attribuer à celui-ci une lettre de celui-là. […] Surtout il ne ressemble pas à un Montaigne. […] Ne serait-ce pas lui ressembler que de faire comme elle ?

1168. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Les héros de Racine passent pour ressembler aux courtisans de Louis XIV : calomnie pure ! […] Meilhac, celui qui lui paraît, non sans raison, ressembler le plus à son Marivaux. […] On ne peut guère adorer Marivaux sans lui ressembler quelque peu. […] La philosophie de nos jours ressemble à une algèbre : elle abonde en formules et en mots véritablement techniques. […] La gloire d’Alfred de Vigny lui paraît ressembler à une étoile lointaine par son éclat adouci, son mystère, sa hauteur sereine et sa pureté.

1169. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Je sus plus tard qu’il ne l’était pas, qu’on avait acheté cette lithographie coloriée, je ne sais où, parce que l’Enfant Jésus, je crois, qu’elle représentait me ressemblait étonnamment. […] Je me rends compte aujourd’hui qu’elle ressemblait un peu à Balzac. […] D’autre fois, il m’accablait d’éloges et me prédisait que, quand je serais grande, je ressemblerais à Vénus ! […] Elle était accompagnée par sa mère, qui ressemblait à une gitane et avait un terrible accent marseillais. […] — Regarde-le donc, me dit-il, tu ne vois pas comme il ressemble au portrait de ta grand-mère, qui est dans la chambre des tantes, à Montrouge.

1170. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

La phyllie, un grand insecte de l’Inde qui vit dans les feuilles, ressemble à une feuille, dont elle a la couleur et les nervures ; ses pattes ont l’aspect de feuilles naissantes ou de moitiés de feuilles. […] Et c’est pour cela que Taine est un modèle ; car, puisque le style naturel ne s’apprend pas, il reste que c’est dans Taine et dans les écrivains qui lui ressemblent que l’on apprendra le style qui se peut apprendre. » M.  […] Cela ressemble beaucoup (peut-être trop) à la circulation du sang. […] On a aussi reconnu que les beautés du discours ressemblent à celles de l’architecture. […] Sans le roman honnêtement réaliste tous les personnages se ressembleraient à un degré effroyable ; on a essayé de dire l’histoire stupide des larves dont le grouillement forme l’humanité ; c’est difficile et répugnant.

1171. (1887) George Sand

« Tous ses besoins étaient dans son cœur, et son cœur s’ennuyait. » Sous une vive impulsion, qui ressemblait à un coup de la grâce, elle se sentit transformée. […] « Il n’y a en moi, disait-elle un jour, rien de fort que le besoin d’aimer. » C’est par ce besoin d’aimer qu’elle parvint à maintenir en elle, au-dessus des tentations du doute et même un peu contre l’opinion de son siècle « qui n’allait pas de ce côté-là pour le moment », une doctrine toute d’idéal et de sentiment qui ressemblait assez à une sorte de platonisme chrétien. […] Puis il y a les cris des oiseaux, des vautours, et des aigles surtout. » En écoutant tout cela, Valreg poursuit une idée qui l’a bien souvent frappé dans ces harmonies naturelles que produit le hasard ; par cela même qu’elles échappent aux règles tracées, elles atteignent à des effets d’une puissance et d’une signification extraordinaires ; elles remplissent l’air d’une symphonie fantastique qui ressemble à la langue mystérieuse de l’infini. […] S’il n’est pas plastique, c’est-à-dire sculptural, ce style est pourtant très pittoresque, et, quand il s’agit de décrire, il ressemble à une belle peinture. […] Le roman semble s’adapter de lui-même à ces intervalles inoccupés de la vie moderne ; il remplit les repos de l’action ou des affaires, où l’homme, même le plus ordinaire, sent en lui je ne sais quelle vague lassitude ou quelle morne inquiétude qui ressemble à un besoin de penser.

1172. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Vous êtes un brave homme : et il faut que vos enfants prennent bien soin de vous ressembler. […] Des documents que Poe lui avait légués, et de ceux que lui avaient communiqués les amis du poète, il a tiré, sous prétexte de biographie, quelque chose qui ressemblerait plutôt à un réquisitoire. […] Il n’a pas assez d’épithètes railleuses ou méprisantes pour la reine papiste ; il la hait, mais avec une sollicitude passionnée qui ressemble par moments à de la tendresse. […] Pans une longue préface qu’il joint à ses traductions, et qui ressemble aux préfaces-manifestes du théâtre de M.  […] Et j’eus l’impression, en considérant une fois encore l’étrange figure du vieux poète, que son génie ressemblait de très près à son apparence extérieure.

1173. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Cependant, après avoir vaqué au charme et à l’amusement de ce qui l’entourait, Fléchier devait songer à ce qu’on pourrait montrer au public : il fit donc une pièce de vers latins, In conventus juridicos Arvernis habitos carmen, où il célébrait tout le monde, et, par-dessus tout, le roi, qui faisait revivre pour l’Auvergne, en proie jusqu’alors aux violences et aux crimes, un âge meilleur et le règne d’Astrée, Cette pièce officielle, qui fut imprimée à Clermont (1665), ressemble aussi peu à la relations des Grands Jours qu’une oraison funèbre ressemble à la vie réelle de l’homme.

1174. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

Il ne serait pas juste de finir avec Méléagre sur une remarque qui ressemblerait trop à un blâme. […] ce vice, chez les Anciens, en était venu à ressembler, dans certains cas, à une prétention.

1175. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

» — Tout ceci ressemble fort aux émotions et aux conjecturés des peuplés enfants, à leur admiration vive et profonde en face des grandes choses naturelles, à la puissance qu’exercent sur eux l’analogie ; le langage et la métaphore pour les conduire aux mythes solaires ou lunaires. […] Si je puis expliquer ma pensée par un exemple familier, ils ressemblent à une orange avec sa peau.

1176. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

L’homme aujourd’hui ressemble à ces grandes capitales qui sont les chefs-d’oeuvre et les nourrices de sa pensée et de son industrie ; le pavé y couvre la terre, les maisons offusquent le ciel, les lumières artificielles effacent la nuit, les inventions ingénieuses et laborieuses encombrent les rues, les visages actifs et flétris se pressent le long des vitrines ; les souterrains, les égouts, les quais, les palais, les arcs de triomphe, l’entassement des machines étalent et multiplient le magnifique et douloureux spectacle de la nature maîtrisée et défigurée. […] Une ligne de peupliers debout au bord d’un champ ressemble à une bande de frères.

1177. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

« Je ressemble au pélican du désert ; je suis devenu comme le hibou habitant des ruines. […] Ces rochers, les uns debout, les autres couchés, ressemblent, à s’y tromper, à des pierres sépulcrales frappées des derniers feux de la lampe qui se retire.

1178. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

qui ressemblait plus à une princesse qu’à une lavandière. […] CLXXXVII — Mais quand tu seras seul sous le cloître, le long des loges, me dit-elle, comme m’avait dit son mari, ne te fie pas et prends bien garde au meurtrier du sbire dans le dernier cachot, au fond de la cour ; bien qu’il soit bien jeune et qu’il te ressemble quasi de visage, on dit que nous n’en avons jamais eu de si méchant ; mais nous ne l’aurons pas longtemps, à ce qu’on assure, les sbires et les gardes, qui sont acharnés contre ce louveteau, ont déjà été appelés en témoignage, personne ne s’est présenté pour déposer contre eux, et le jugement à mort ne tardera pas à faire justice de celui qui a donné la mort à son prochain.

1179. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Le théâtre contemporain ressemble assez à notre roman moderne, comme d’ailleurs à toute notre littérature. […] Le livre n’est qu’un moyen d’expression comme les autres ; attribuer une dignité spéciale et une précellence esthétique au bouquin, ça ressemble à la folie de l’avare qui aime son or pour lui-même, oubliant qu’il n’est qu’un signe de la richesse ; le livre n’est pareillement qu’un signe de la pensée.

1180. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Par là les acteurs devaient ressembler de plus en plus à des personnages qui agissent, à des peintures vivantes, comme les voulait Voltaire. […] En quoi le maigre croquis du César de la Rome sauvée ressemble-t-il au plus grand homme de l’Italie ancienne et de l’antiquité ?

1181. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Le roi, suivi par son ministre et son grand prêtre, s’avança vers l’ermitage, animé du désir de voir le saint homme, trésor inépuisable de science religieuse ; il regardait le solitaire asile, pareil à la région de Brahma ; il entendit les sentences mystérieuses, extraites des Védas, prononcées sur un rythme cadencé… Ce lieu rayonnait de gloire par la présence d’un certain nombre de brahmanes… dont les uns chantaient le Samavéda, pendant qu’une autre troupe chantait le Bharoundasama… Tous étaient des hommes d’un esprit cultivé et d’un extérieur imposant… Ces lieux ressemblaient à la demeure de Brahma. […] Il est indubitable que je ressemble plus à un catholique ou à un bouddhiste qu’à un rieur sceptique, et j’en ai pour preuve mes sympathies intérieures.

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