L’auteur reconnaît très bien qu’on ne saurait réduire en art les moyens de former les grands hommes ; mais il croit qu’on pourrait porter très loin l’art de rendre les hommes bons. […] Droz a été surtout séduit par le côté riant, familier, humain et affectueux de l’auteur des Essais ; il a reconnu en lui sinon un excellent instituteur, du moins un bon ami ; il a fait avec Montaigne comme tout à l’heure avec Cabanis ; il s’est mis en communication avec lui par la qualité sympathique qui unissait leurs deux natures. […] » Ce serait trop dire que d’appliquer aujourd’hui cette prophétie qui ferait sourire ; mais, à voir néanmoins les difficultés que les guerres générales éprouvent maintenant à éclater, on doit reconnaître que les doux ont gagné leur part d’influence dans le gouvernement de la terre.
C’est assez montrer qu’il y a dans ce premier essai d’un auteur adolescent quelque tâtonnement et du mélange ; mais ce qui s’y reconnaît visiblement, c’est un esprit sage, sain, conservateur d’instinct, qui ne sort pas volontiers des choses établies, et qui a pourtant souci de les rectifier et de les épurer. […] Mais le Portalis politique, qu’il nous importe ici de reconnaître, ne se retrouve pour nous qu’en 1788 dans la Lettre des avocats du parlement de Provence au garde des Sceaux, et dans l’Examen impartial des nouveaux édits, émanés du ministère Brienne-Lamoignon. […] Il y disait en réponse à ceux qui regardaient le serment comme une garantie : Il eût été digne de notre siècle de reconnaître que le serment est une bien faible épreuve pour des hommes polis et raffinés ; qu’il n’est nécessaire que chez des peuples grossiers à qui la fausseté ou le mensonge coûte moins que le parjure ; mais que dans nos mœurs cette auguste cérémonie n’est plus qu’une forme outrageante pour le ciel, inutile pour la société, et offensante pour ceux qu’on oblige à s’y soumettre.
On ne tarde pas, quand on s’est familiarisé avec lui, à reconnaître quelques-unes de ces paroles, la plupart dignes d’être retenues. […] Deux navires danois, c’est-à-dire neutres, qui transportaient des troupes à la solde de l’Angleterre, échouent sur les côtes de Calais ; sur neuf cents hommes d’équipage, les deux tiers périssent à la vue de la population accourue et sans qu’on puisse leur porter secours ; parmi ceux qui se sauvent à la nage et qu’on recueille, on reconnaît des Français émigrés, le duc de Choiseul était du nombre : on les traduit devant une commission militaire ; les naufragés deviennent à l’instant des ennemis. […] On la reconnaît avec le coup d’œil d’une raison exercée.
Qu’ils me pardonnent ce regret où il entre une si haute idée de ce que je leur reconnais avant tout, de leur talent même. […] Qu’on lise les huit articles qu’il a publiés dans le Journal des savants (août 1851-avril 1852), et qui ne sont pas finis ; les deux articles qu’il a publiés dans la Revue des deux mondes (1er août 1851 et 15 mai 1852) : c’est une peinture toujours nouvelle, toujours recommençante, et ne craignant pas même de se recopier (il n’y a pas de redites en amour)16, de cette personne « aux grâces immortelles », et à qui il ne reconnaît plus de défauts. […] Car nous sommes tous de la même famille ; nous avons tous les mêmes misères, auxquelles se mêle un rayon de grandeur : ce rayon-là, qui souvent ne brille qu’un moment et à travers mille nuages, La Rochefoucauld, ne l’apercevant pas en lui, quoiqu’il y fût sans doute mais bien caché, ne l’a pas reconnu dans les autres, ni dans Condé, ni dans Bossuet, ni dans M.
C’est ce qui fait, par exemple, que chez les fous, pour peu qu’on entrevoie une lueur de bon sens, on en est tellement frappé, qu’on croit y reconnaître une raison très-surprenante. […] Quant à la folie proprement dite, outre qu’on n’en cite qu’un assez petit nombre d’exemples, on peut admettre que le génie soit une cause favorable de folie, sans reconnaître que la folie et le génie sont analogues physiologiquement. […] Il est juste de reconnaître que le savant champion de la thèse paradoxale que nous venons de discuter a su la défendre avec beaucoup de verve et de talent.
On ne saurait même se refuser à reconnaître que ces variétés douteuses sont loin d’être rares. […] Cependant, il faut reconnaître que c’est dans les contrées les mieux connues qu’elles se trouvent en plus grand nombre. […] D’autre part, dans le même catalogue, on trouve cinquante-trois variétés, bien reconnues pour telles, qui s’étendent sur 7.7 de ces provinces, tandis que les espèces dont ces variétés dépendent s’étendent sur 14.3 provinces.
De Maistre est si grand que Philarète Chasles n’a pu s’empêcher d’en reconnaître la grandeur. […] Chasles, plus intelligent et plus impartial que je n’eusse attendu d’une sensibilité aussi vibrante que la sienne, a reconnu la supériorité du jugement de J. de Maistre dans son livre d’acharnement sublime contre Bacon, contre cet homme qui fut pis qu’un homme, car il fut l’Erreur vivante, féconde, centrifuge et malheureusement immortelle. […] Il y trouva Jacques II (Histoire de Guillaume III), Jacques II, aussi absolu dans l’ordre de l’action que J. de Maistre dans l’ordre de la pensée, et voilà qu’après avoir reconnu la grandeur de l’un, il méconnaît inconséquemment la grandeur de l’autre.
Si l’on cherchait à y surprendre les premières impressions, les premières émotions de l’homme public et de l’écrivain, on devrait y reconnaître surtout l’influence de Rousseau. […] Si j’en crois de bons témoins, il mérite d’être reconnu celui de tous les hommes peut-être en qui un tel phénomène s’est le plus rencontré et qui s’est le moins permis. […] Le Maistre, que de reconnaître qu’il lui est arrivé, à cet esprit si élevé et si avide des hautes vérités, la même chose qu’on a précisément remarquée de certains empereurs et conquérants : il a eu ses deux phases. […] M. de Maistre nous dira que, lui, il ne rêve pas, qu’il y a possession pour son idée, qu’il y a le fait subsistant et reconnu ; mais ce fait lui-même est une question. […] Le problème qui consiste à chercher à cette Providence un signe distinct, un fanal terrestre, auquel on puisse la reconnaître pour s’y diriger, demeure tout entier pendant et nous écrase.
in-8°, pour y reconnoître en effet une piété lumineuse, attendrissante, & un langage au dessus de son siecle.
La répétition de ce qu’ont dit les Ecrivains secondaires ne porte qu’une lumiere foible, dont on reconnoît l’origine, malgré les efforts qu’on fait pour la cacher.
Il serait aujourd’hui difficile de reconnaître et de rassembler tout ce qu’il a écrit sur la lutte et les espérances des partis. […] L’amour de Manon est si nécessaire à son bonheur, il reconnaît si bien qu’il ne peut se passer d’elle, qu’il hésite longtemps à s’éclairer. […] Dès qu’ils entrent en scène, dès qu’ils parlent, chacun croit les reconnaître et les accueille comme d’anciens amis. […] Bien des maris, fermement convaincus de n’avoir rien à se reprocher, et cependant abandonnés, contre toutes leurs prévisions, se reconnaîtront dans M. de Belnave. […] Par le ton familier, il voudrait se rapprocher de Corneille, et quelquefois, je le reconnais avec plaisir, il a rencontré la grandeur.
Félicitons-nous maintenant d’une sécurité dont la durée dépend de sa prudence déjà reconnue, et profitons-en pour multiplier nos communications littéraires. […] Ces deux poèmes lui servent à distinguer les différences du genre et même à reconnaître une sorte d’épopée domestique, ou moyenne, qui se rapproche de la comédie. […] Autrement il nous eût fallu reconnaître cette distinction, en lisant le Roland furieux, et surtout, le Lutrin. […] Elle est reconnue pour fille du soleil, pour confidente d’Hécate, pour alliée des demi-dieux ; c’est une des créatures immortelles de la mythologie, et le poète Valérius Flaccus lui en conserve tous les traits. […] « À ces petits défauts marqués dans sa peinture, « L’esprit avec plaisir reconnaît la nature.
À ce signe, je reconnais que ceux-là que j’ai perdus furent de saintes gens. […] C’est à cela surtout qu’on les reconnaît. […] Mais il faut reconnaître que Carrel n’eut jamais un sens juste des devoirs du soldat. […] Il faut en reconnaître la clarté, la chaleur et le mouvement. […] Il faut bien reconnaître qu’on n’a pas réussi.
L’essai fut court, il n’arriva pas même jusqu’à la fin de cette scabreuse histoire, et l’on put reconnaître, dès le début, l’impossibilité d’une alliance entre ce talent inquiétant et l’opinion qui l’avait un instant adopté. […] Sans doute il serait injuste de ne pas reconnaître dans ce roman un talent énorme, désolant, effrayant ; mais il y a du talent aussi, et beaucoup, dans certaines œuvres de Voltaire et de Diderot qu’on ne nomme pas entre honnêtes gens. […] Afin de nous y reconnaître, essayons de classer les inspirations du poëte. […] Regardez de près Constantin : vous reconnaîtrez en lui tous ces caractères. […] La retrouver dans ces livres charmants, n’est-ce pas reconnaître, avec l’auteur, qu’il n’a pas été, en les écrivant, aussi infidèle qu’on le dit à cette austère compagne de sa jeunesse et de sa vie ?
On ne reconnaît Calipso qu’[à] une sottise qu’elle fait ; c’est de présenter une pêche à Telemaque, qui a bien plus d’esprit que la nymphe et Mr Boizot, car il continue le récit de ses aventures sans prendre le fruit qu’on lui offre.
Qu’on attaque mes jugemens par des critiques honnêtes, je tâcherai d’y répondre ; mais employer de petits détours pour affoiblir le bon effet d’un Ouvrage, dont les demi-Philosophes ont été forcés de reconnoître la droiture & l’utilité, c’est, en se décriant soi-même, l’accréditer davantage, & confirmer, s’il en étoit besoin, ce que j’ai avancé contre la Philosophie moderne. […] Il faut espérer, Monsieur, que ce Public ouvrira enfin les yeux sur ses prétendus Maîtres, & que des lumieres plus saines le forceront de reconnoître cette vérité, que jamais notre Siecle n’a eu plus besoin d’être éclairé, que depuis que les Philosophes nous éclairent. […] J e n’ai jamais été touché, Monsieur, des éloges donnés aux Trois Siecles, qu’autant que j’ai pu y reconnoître les applaudissemens de l’honnêteté, de la raison, ou l’expression du zele pour les vrais principes. […] S’il craint de paroître devant moi, qu’il dépose ses Pieces entre les mains, non d’un Officier public, mais d’une personne dont les lumieres & la probité reconnues rendent le témoignage valable ; & si je n’en démontre l’abus & la fausseté, je consens à être traité moi-même de Calomniateur public. […] Si l'unité d’esprit, de systêmes, & de style, force les moins habiles à n’y reconnoître qu’une seule main, on se retourne d’un autre côté ; on attribue l’Ouvrage à un Habitué de Paroisse, qui, malheureusement pour ceux qui veulent lui faire honneur de mon travail, est mort il y a près de trois ans ; car pour rendre la chose vraisemblable, on n’auroit pas manqué de lui attribuer, aussi les augmentations faites depuis, & qui n’annoncent pas une plume différente.
Parmi les conjectures de la chronique sur le bourreau masqué qui décapita Charles Ier à White-Hall, il en est une qui croit reconnaître en lui un mari vengeur. […] Elle se révèle à ce trait charmant, et vous reconnaissez en elle une de ces grandes dames naturelles, qui peuvent naître sans déroger dans une cabane ou dans une boutique ; car c’est au cœur qu’elles portent leur blason. […] Il me semble reconnaître un souverain. » Le Caprice, sous la forme d’un enfant ailé, conduit le quadrige ; sa main phosphorique répand sur son sillage une traînée de largesse, du luxe, de fertilité. « Voyez, il me suffit de claquer des doigts, et sur-le-champ des lueurs et des étincelles jaillissent autour du char. […] A Pilnitz même, Olympe est reconnue tout d’abord par M. de Montrigaud, un ancien amant à elle. […] J’aurais admis que la bohémienne décrassée eût reconnu en lui un homme de sa caste et de sa tribu, et qu’elle eût fait à son mari le violent et suprême outrage de le tromper pour si peu.
Et surtout à certains jours, sa voix est si pure et son cœur si profond qu’on reconnaît en elle, le sang des grands poètes, la voix des meneurs d’hommes. […] « Il faut bien le reconnaître, cette strophe, qui a la dureté anguleuse d’un beau marbre bigarré, éblouit l’œil plus qu’elle ne parle directement à l’esprit ou au cœur. […] Malgré l’abus fréquent de la couleur et le trop de « Princesses de luxure », venues davantage de Jean Lombard que d’Ézéchiel, il faut lui reconnaître un emportement, une fougue trop rares désormais. […] Mais s’il est une particularité à laquelle il se doive pourtant reconnaître, c’est à sa bonté, qui n’est autre que son amour de la vérité, c’est-à-dire de la sagesse, suivant l’acception antique : Σοφία. […] Maurras reconnut en lui un frère intellectuel.
Dès les premières pages jusqu’aux dernières de ce premier volume de l’Homme qui rit, j’ai reconnu le Victor Hugo des Misérables, et surtout des Travailleurs de la Mer. […] Je croyais véritablement que l’esprit de parti, la badauderie et la bassesse devant toute puissance reconnue, ces trois choses malheureusement françaises, tambourineraient, une fois de plus, avec fureur, la gloire et le génie du grand poète dont on dit : le Poète, comme on dit : le Pape. Eh bien, il faut le reconnaître, je me trompais ! […] Enfin ce fut Leibnitz lui-même, protestant aussi, qui, malgré sa haute probité, ayant mis la main sur le Diarium de Burchard reconnut qu’il fourmillait de fautes, et néanmoins le publia ! […] une mauvaise action, à effet pervertissant, tout à la fois monstrueux et vulgaire, et qui emporta tous les niais de France dans un transport d’enthousiasme un peu refroidi depuis que les Misérables ont fait la Commune comme Hugo avait fait les Misérables, il y a cependant, il faut le reconnaître, dans le Quatre-vingt-treize d’aujourd’hui, tous les défauts et tous les vices de composition et de langage que nous avons reprochés aux Misérables, quand ils vinrent dépraver l’opinion et la littérature.
On a reconnu généralement que l’auteur de ces essais, avait réussi à en donner une exposition claire et exacte.
« J’ai laissé venir à moi, dit-il, toutes les sensations et toutes les images ; puis je fus guidé dans mon choix par l’instinct de mon cœur, comme je le suis dans l’obscurité par mes doigts habiles à reconnaître les objets familiers.
Ses vers ne veulent pas éblouir, mais on reconnaît qu’il ne tiendrait qu’à lui d’être plus artiste. — Nous lui savons gré, quant à nous, de la sincérité. — Je crois fermement que M.
Tant qu’il a travaillé au Journal Etranger & à la Gazette Littéraire, on a reconnu dans les articles de sa façon, le Savant, l’Homme de goût & le Juge éclairé.
On reconnoît aisément dans cette Traduction la différence des deux plumes.
Il est fâcheux pour sa gloire, que la plus belle de toutes [les Moutons] soit à présent reconnue pour appartenir à Coutel, Poëte qui lui étoit antérieur, comme on peut le voir à son Article.
Quelques-uns des nôtres en ont, sans doute, jugé de même ; car il est facile de reconnoître dans leurs Discours plusieurs morceaux de cet Auteur.
Partout dans l’esprit le même procédé triomphe, et l’on peut le reconnaître dans le raisonnement et la perception comme dans l’invention et dans l’acte réflexe. […] Par cette plasticité, par cette possibilité de bifurcation, le développement de l’invention se différencie essentiellement, malgré les analogies que nous avons reconnues ou que nous aurons à reconnaître encore, de la vie organisée et fixée, comme aussi de l’instinct. […] Nous avons reconnu que le hasard fournissait à l’esprit des éléments, qui, saisis par l’idée directrice, vont produire un germe ou un développement d’invention. […] La nouveauté des idées et des impressions frappe, par elle-même, comme un caractère morbide, et la raison en étant difficile à reconnaître, se voit souvent méconnue. […] Paul Souriau a fort bien reconnu la part de l’irrégulier dans l’invention.
Voilà bien vos chevaux, je les reconnais ; ces hommes blessés, morts ou mourants ; ce tumulte, ce feu, cette obscurité, toutes ces scènes militaires et terribles sont de vous.
Ce n’était pas à la naissance, c’était au culte que l’on reconnaissait vraiment les agnats. […] Comme prêtre du foyer, il ne reconnaît aucun supérieur. […] On reconnaîtra même que lagens est dérivée tout naturellement de la religion domestique et du droit privé des anciens âges. […] Il était bien naturel qu’un homme armé d’une telle puissance fût accepté et reconnu comme chef. […] Il ne pouvait pas faire un contrat avec un citoyen ; du moins la loi ne reconnaissait à un tel contrat aucune valeur.
On la reconnaît en ce qu’elle est “l’alliée naturelle de toutes les bonnes causes. […] Seulement j’avais de la peine à reconnaître un immortel sous les habits et surtout sous le chapeau d’un bourgeois. […] J’étais sur la voie, mais celui que je croyais cette fois reconnaître pour M. […] Roi des chants immortels, reconnais-toi toi-même ! […] Mais on reconnaît encore chez lui les procédés exclusifs de la poésie française.
Dans le même groupe que celui où s’épanouissait l’auteur de la Vieille Fille, je reconnus M. […] Vous y reconnaîtrez une des causes qui expliquent le peu de succès qu’a obtenu jusqu’à ce jour dans notre pays un auteur fort en vogue par toute la France. […] Je fus le premier à reconnaître, quelques instants après, M. […] Plus tard je le rencontrai dans les couloirs, et je lui reconnus une taille forte et élégante ; ses allures me semblèrent distinguées : sa mise était d’un bon tailleur. […] Il est si myope, que si son domestique ne le prévenait pas quand il a les mains sales, il ne reconnaîtrait pas le besoin de les laver.
Les premières lettres de son Werther expriment cette disposition enivrée et enchantée avec un feu, une vie, un débordement d’expression que rien n’égale et que lui-même, vieilli, se reconnaissait impuissant à ressaisir : En vérité, disait-il en écrivant ses mémoires, le poète invoquerait vainement aujourd’hui une imagination presque éteinte ; vainement il lui demanderait de décrire en vives couleurs ces relations charmantes qui autrefois lui firent de la vallée qu’arrose la Lahn un séjour si cher. […] Cela me confirme dans ma résolution de m’en tenir désormais uniquement à la nature : elle seule est d’une richesse inépuisable ; elle seule fait les grands artistes. » Ce que Werther dit là de la peinture, il l’entend également de la poésie : « Il ne s’agit que de reconnaître le beau et d’oser l’exprimer : c’est, à la vérité, demander beaucoup en peu de mots. » Et il cite en exemple une rencontre qu’il a faite, le jeune garçon de ferme amoureux de la fermière veuve, et amoureux tendre, timide, passionné : Il faudrait te répéter ses paroles mot pour mot, si je voulais te peindre la pure inclination, l’amour et la fidélité de cet homme. […] Nous reconnaissons là le souffle des premières et belles parties de Werther, de celles où l’auteur se répand sympathiquement par toute la nature et voudrait s’en emparer : « Ah ! […] Reconnaissez bien votre bonheur, et sachez que des positions plus brillantes ne sont guère à envier. » De telles paroles sont faites pour se joindre désormais à la lecture de Werther et pour en corriger la moralité finale par un témoignage qu’on ne saurait récuser.
J’ai beau plaider pour tout ce qui rapproche et concilie ; je le sens et je le reconnais, il y a une limite qu’on ne franchit pas. […] monsieur Vernet, s’écrie le peintre qui l’avait reconnu ; pour un confrère ! […] Une d’elles, qui le reconnaît pour étranger, s’approche, regarde et lui dit : « Mais il me semble que ce n’est pas tout à fait ça. » Elle avait le droit de se croire très forte sur son lac Léman qu’elle voyait tous les jours. […] De ce que tu te reconnais en eux à première vue, de ce que tu les aimes d’instinct, de ce que, toi et eux, vous vous entendez sans apprentissage et sans effort, de ce qu’ils sont de la maison enfin, ce n’est pas du tout une raison pour les moins considérer et les faire descendre dans ton estime.
En ce sens, les mémoires des grands hommes sont des titres de famille pour tous les hommes qui reconnaissent en ceux qu’ils admirent des frères seulement plus favorisés ou plus bénis, ou plus rudement éprouvés. […] Les grands esprits n’étaient pas alors, pour la société, des guides reconnus ; ils étaient encore moins des foudres errants, déchaînés, et des météores. […] Je veux, même dans ceux que le génie couronne, reconnaître et saluer les premiers d’entre mes semblables. […] A Montesquieu, l’histoire renouvelée ; à Voltaire, la propagation du déisme, du bon sens et de la tolérance ; à Diderot, le résumé encyclopédique des connaissances humaines ; à Jean-Jacques, la restauration du sentiment religieux, des droits de l’homme, tant individuel que social, et le grand principe de la souveraineté démocratique : tels sont les titres généraux que leur reconnaît M.
Quand j’eus fini, j’écrivis à Louis de Vignet que je l’avais reconnu et que je le priais de m’avouer son subterfuge ; on m’écrivit de Paris quelques jours après, pour me nommer l’auteur de cette belle diatribe. […] Je n’en avais pas besoin, ce système fut écarté par tous ; à la première lecture, on reconnut que ce législateur en phrases était le dernier en sens commun. […] Ledru-Rollin, chef des journalistes radicaux, et ayant, malgré ses amis, reconnu en lui des facultés de parole et des puissances de conception très-grandes avec des intentions non déguisées contre le socialisme subversif, notre ennemi commun, j’avais conçu pour lui une secrète estime, et je n’étais pas loin d’espérer que le concours d’un homme aussi bien doué ne pût être, sous une forme ou sous une autre, très-utile à la république ; depuis, il suivit légèrement une émeute sans portée qu’il devait répudier courageusement ou conduire ; il se réfugia en Angleterre par une fausse porte, mais il parut de ce jour-là se retirer de la politique, et il vécut en mort de ses souvenirs, de ses regrets et peut-être de son mépris pour les vivants. […] Ne trouvez donc pas étrange que je la reconnaisse à son armure, et qu’en voyant sa belle compagne anonyme, j’y devine madame la marquise de L… Notre reconnaissance dans ce désert ne peut leur faire aucun tort en France. » Les journaux suivants que nous trouvâmes à notre retour de Balbek, nous apprirent que j’avais eu raison.