Les Fables qu’il a publiées offrent du naturel & de la facilité, qualités précieuses, mais qui ne sont pas capables de racheter le défaut d’élégance & de verve dans la versification.
Ceux qui sont capables d’apprécier la méthode & la précision, la profondeur & la clarté, la multitude des instructions & la briéveté des volumes, l’art de présenter en raccourci des tableaux, sans rien dérober aux objets les plus étendus & les plus multipliés, trouveront toutes ces qualités réunies dans son Abrégé chronologique de l’Histoire de France.
Ce n'est pas qu'on n'y trouve de l'esprit, du savoir, & même un certain talent ; mais il manque de goût & de sentiment, & l'on sait que le génie même auroit de la peine à soutenir un Poëme dépourvu de ces deux qualités.
Nous ne prétendons pas les envelopper tous dans ce reproche ; il en est parmi eux qui conservent encore l’impartialité : mais l’étude, le travail nécessaire pour bien analyser un Ouvrage, pour en donner une juste idée, sont-ils des qualités bien répandues parmi nos Journalistes ?
L’historien de Jeanne d’Arc et de Du Guesclin, le chroniqueur grandiose des guerres des xive et xve siècles dans le pays dont vous êtes présentement l’honneur et qui est notre pays à tous les deux, ces livres robustes et sensés, écrits avec toutes les qualités de l’esprit de la forte race à laquelle vous appartenez, seront jugés plus tard et prochainement, mais aujourd’hui ce que je vous offre n’est pas le témoignage de la justice, c’est le témoignage de la sympathie.
Non seulement tout principe de morale trop concret d’où l’on veut faire dépendre toute une conception de la vie est une déviation et par là une immoralité, mais on en peut dire autant de toute vertu préconisée pour elle-même, distinguée des autres qualités de l’esprit. […] C’est au moins une qualité sans laquelle les vertus ne sont que des défauts ou des vices, mais c’est aussi celle qui excite le moins d’admiration, ce qui est injuste et compréhensible, et peut-être aussi le moins d’estime. […] L’homme réellement moral ne serait pas précisément bon, car la bonté ne l’emporterait point sur ses autres qualités, il serait juste et, au besoin, rigoureux ; il ne serait point généreux, car il donnerait à chacun seulement ce qui lui revient ; le courage ne se ferait point remarquer en lui, car il ne s’exposerait que par nécessité. […] N’ayant pas les défauts de ses qualités, il ne serait pas tout à fait exact de dire qu’il a ces qualités mêmes.
Auguste Fourès Les qualités du jeune poète ont pris plus de netteté et de force dans Provensa !
Auguste Desplaces Le vers de Mme Ségalas a pour qualité distinctive qu’il ne respire pas du tout le métier ; c’est un vers chanté bien plus qu’un vers écrit.
Le grand nombre d’Ouvrages qu’il a déterrés & mis en lumiere, dans le Recueil intitulé Spicilege *, lui ont mérité une place parmi les Savans du siecle dernier ; les excellentes Préfaces qu’il a mises à la tête de chaque édition, prouvent qu’il auroit pu ne pas se borner à la simple qualité d’Editeur.
Mais si le style de M. l’Abbé Auger n’est pas aussi rapide, aussi animé, aussi mâle que celui de Démosthene, aussi élégant, aussi fleuri que celui d’Eschine, il a du moins de la correction & de la netteté, qualités qui deviennent tous les jours plus rares parmi nos Ecrivains.
Fabre manquoit absolument de toutes ces qualités.
Ce précieuses qualités se font sur-tout remarquer dans ses Chansons, dont il a donné depuis peu le Recueil, sous le titre des A-propos de Société.
On dira peut-être que ces sortes de Productions ne supposent pas de grands talens ; mais on ne pourra disconvenir qu’elles n’annoncent au moins du savoir, du discernement, & du zele pour le progrès des Lettres ; qualités qui le rendent plus digne d’éloges, que tant de Compilations indigestes & rebutantes, enfantées par l’incurable manie de faire gémir la presse & le Lecteur.
Ces qualités ont vraisemblablement procuré aux Sermons de Saurin l'honneur de figurer assez souvent dans les Chaires Catholiques : bien de nos Orateurs ont cru ne pouvoir mieux faire, que d'en débiter des lambeaux & quelquefois des Discours entiers.
L'élégance & la noblesse de l'expression n'ont pu sauver de l'oubli ses Poésies Latines, qui manquent d'imagination & de verve, qualités absolument nécessaires à un Poëte pour vivre dans la posterité.
C’est qu’il faut être un grand coloriste, un grand dessinateur, un grand paysagiste, un savant et délicat imitateur de la nature ; avoir une prodigieuse variété de ressource dans l’imagination ; inventer une infinité d’accidents particuliers, de petites actions, exceller dans les détails, posséder toutes les qualités d’un grand peintre et cela dans un haut degré, pour contrebalancer la froideur, la monotonie et le dégoût de ces longues files parallèles de soldats ; de ces corps de troupes oblongs ou carrés, et la symétrie de notre tactique.
Magnifique stoïcisme intellectuel, d’une qualité morale bien supérieure aux fameux « orages désirés » de René. […] Elle disait qu’il n’y avait que les qualités du cœur et de l’esprit qui fussent à redouter pour elle. […] Le don de lier les idées n’est pas la principale qualité de la plupart des écrivains d’aujourd’hui, même des plus brillants. […] Je ne méconnais pas la qualité de sa pensée : je l’ai seulement trouvée un peu trop subtile, fuyante et retorse en certaines occasions. […] Il nous instruit copieusement des qualités, professions et opinions de ses parents et grands-parents.
Zangwill Le cahier que l’on va lire nous a été apporté tel que par le traducteur, mademoiselle Mathilde Salomon, directrice du Collège Sévigné, 10, rue de Condé, Paris sixième ; le nom du traducteur et sa qualité recommandaient amplement le cahier ; le nom de l’auteur n’est point connu encore du public français ; il m’était totalement inconnu. […] Tout cela serait fort bon si nous étions des dieux, ou, pour parler exactement, tout cela serait fort bien si nous étions Dieu ; car si nous voulons évaluer les qualités, les capacités, les amplitudes que de telles méthodes nous demandent pour nous conduire à l’acquisition de quelque connaissance, nous reconnaissons immédiatement que les qualités, capacités, amplitudes attribuées aux anciens dieux par les peuples mythologues seraient absolument insuffisantes aujourd’hui pour constituer le véritable historien, l’homme scientifique, — vir scientificus, — le savant moderne ; il ne suffît pas que le savant moderne soit un dieu ; il faut qu’il soit Dieu ; puisque l’on veut commencer par la série indéfinie, infinie du détail ; puisque l’on veut partir d’un point indéfiniment, infiniment éloigné, étranger, puisqu’avant d’arriver au texte même on veut parcourir un chemin indéfini, infini, pour épuiser tout cet indéfini, tout cet infini, l’infinité de Dieu même est requise, d’un Dieu personnel ou impersonnel, d’un Dieu panthéistique, théistique ou déistique, mais absolument d’un Dieu infini ; et nous touchons ici à l’une des contrariétés intérieures les plus graves du monde moderne, à l’une des contrariétés intérieures les plus poignantes de l’esprit moderne. […] Pourtant ces prêtres administrent Dieu même ; examinons si ces universitaires, si ces historiens modernes, à leur tour, plus ou moins inconsciemment, ne remplaceraient pas les prêtres et ne suppléeraient pas Dieu ; ma proposition est exactement la suivante, que les méthodes scientifiques modernes, importées, transportées telles que dans le domaine de l’histoire, demandent, si on les entend exactement, et dans toute leur extrême rigueur, des qualités qui ne sont point les qualités de l’homme. […] Telle est bien l’ambition inouïe du monde moderne ; ambition non encore éprouvée ; le savant chassant Dieu de partout, inconsidérément, aveuglément, ensemble de la science, où en effet peut-être il n’a que faire, et de la métaphysique, où peut-être on lui pourrait trouver quelque occupation ; Dieu chassé de l’histoire ; et par une singulière ironie, par un nouveau retour, Dieu se retrouvant dans le savant historien, Dieu non chassé du savant historien, c’est-à-dire, littéralement, l’historien ayant conçu sa science selon une méthode qui requiert de lui exactement les qualités d’un Dieu. […] Il y a bien de la fabrication dans Renan, mais combien précautionneuse, attentive, religieuse, éloignée, ménagée, aménagée ; c’est une fabrication en réserve, une fabrication de rêve et d’aménagement, entourée de quels soins, de quelles attentions, délicates, maternelles ; on fabriquera ce Dieu dans un bocal, pour qu’il ne redoute pas les courants d’air ; on lui fera des conditions spéciales ; cette fabrication de Renan est vraiment une opération surhumaine, une génération surhumaine, suivie d’un enfantement surhumain ; et l’humanité de Renan, ou la surhumanité de Renan, si elle usurpe les fonctions divines, premièrement, nous l’avons dit, usurpe les fonctions de connaissance divine, les fonctions de toute connaissance, beaucoup plutôt que les fonctions de production divine, de toute création, deuxièmement, et ceci est capital, usurpe aussi, commence par usurper les qualités, les vertus divines ; cette première usurpation, cette usurpation préalable, pour nous moralistes impénitents, excuse, légitime la grande usurpation ; nous aimons qu’avant d’usurper les droits, on usurpe les devoirs, et avant la puissance, les qualités ; enfin l’accomplissement de cette usurpation est si lointain ; et les précautions dont on l’entoure, justement par ce qu’elles ont de minutieux, par tout le soin qu’elles exigent, peuvent si bien se retourner, s’entendre en précautions prises pour qu’il n’arrive pas ; une opération si lointaine, si délicate, si minutieuse, ne va point sans un nombre incalculable de risques ; Renan, grand artiste, a évidemment compté sur la sourde impression que l’attente et l’escompte de tous ces risques produiraient dans l’esprit du lecteur ; lui-même il envisage complaisamment ces risques ; ils atténuent, par un secret espoir de libération, de risque, d’aventure, et, qui sait, de cassure, disons le mot, de ratage, cette impression de servitude mortelle et d’achèvement clos ; ils effacent peut-être cette impression de servitude ; et quand même ils effaceraient cette impression glaciale ; l’auteur sans doute s’en consolerait aisément ; il ne tient pas tant que cela aux impressions qu’il fait naître ; ces risques soulagent également le lecteur et l’auteur ; par eux-mêmes Renan n’est point engagé au-delà des convenances intellectuelles et morales ; lui-même les envisage complaisamment ; dans cette institution de la Terreur intellectuelle que nous avons passée, la remettant à plus tard, « mais ne pensez-vous pas », dit Eudoxe : « Mais ne pensez-vous pas que le peuple, qui sentira grandir son maître, devinera le danger et se mettra en garde ?
Et il faut tenir compte encore de la qualité propre du génie italien. […] » C’est une question, qu’il y aurait lieu de discuter, et, dans cette sorte de stupeur admirative que nos dilettantes éprouvent ou feignent d’éprouver en présence d’un César Borgia, — lequel peut-être, en sa qualité de fils de son père, était espagnol autant qu’italien, — on trouverait qu’il entre bien de l’ingénuité. […] C’est qu’aussi bien, si le grec a de rares qualités, le latin en a d’autres, et de plus convenables peut-être à la nature du génie français. […] Réputation de Marot ; — et qualités qui la justifient : esprit, clarté, malice. — Que ces qualités sont à peine d’un poète, mais plutôt d’un prosateur qui aurait mis des rimes à sa prose. — Marot n’a eu du poète ni l’intensité du sentiment, ni le pittoresque de la vision, ni l’éclat du style. — Comparaison à cet égard de Marot et de Villon ; — Banalité des idées de Marot ; — et qu’il ne faut point faire peu de cas de Marot ; — mais qu’il est pourtant nécessaire de le réduire à sa juste valeur, si l’on veut bien entendre la réforme et l’œuvre de Ronsard. […] — Qualités des tragédies de Garnier : — noblesse de son imagination ; — son style est celui de l’école de Ronsard. — Comment d’ailleurs il s’est trompé sur la nature de l’action dramatique ; — sur les moyens d’intéresser le public ; — et sur le choix de ses modèles.
On ne trouve pas tout-à-fait l’élégance, la noblesse & la vivacité de style convenables à l’Histoire, dans son Histoire de l’établissement du Christianisme ; mais ces qualités, qui ne dépendent peut-être pas de l’Auteur, sont remplacées par la méthode, la bonne critique & l’érudition.
En qualité de Littérateur, il a fait connoître, par quelques bons Ouvrages, qu’il eût été en état de se distinguer dans cette carriere, s’il s’y fût totalement renfermé.
On les lit encore avec fruit, quoiqu’on sente bien qu’il n’avoit pas toutes les qualités nécessaires pour être un bon Historien.
Il eut cependant bien des qualités propres à le rendre célebre, sans qu’il se donnât la peine de s’encenser lui-même.
Il est le premier qui, sans écrire un corps d’histoire, a néanmoins réuni les qualités les plus essentielles à un bon Historien.
Tel est le titre modeste d’un Ouvrage profond & très-bien discuté, dont le but est de faire connoître le nombre & la qualité des sons, & les diverses articulations qui sont en usage dans notre Langue ; aussi bien que leurs relations avec les signes qu’on emploie pour les représenter sur le papier.
L’Histoire de Saladin mériteroit l’estime des Savans, quand elle ne feroit recommandable que par les recherches qu’elle suppose, & la clarté avec laquelle l’Auteur a su débrouiller les fastes obscurs de la Chronologie arabesque ; mais une qualité plus estimable, c’est l’adresse avec laquelle il a su dire la vérité, sans insulter aux préjugés du Public.
Quiconque lira avec réflexion ses Mémoires historiques & critiques, sur les objets les plus importans du grand Empire des Egyptiens, sera forcé de convenir qu’il a su allier au mérite du savoir, celui d’un style simple, concis, énergique, qualités qui lui donnent un nouveau prix.
On pourroit le regarder comme un bon Traducteur, si la fidélité à rendre le sens de son original étoit la seule qualité nécessaire à quiconque entreprend de faire passer les Poëtes célebres dans une Langue étrangere, sur-tout lorsqu'il s'agit d'une Traduction en Vers.
Prologue Nous, par la grâce du Figaro et notre propre volonté, secrétaire d’État au département de la Fantaisie, Vu l’internement du peuple turc en Asie Mineure ; Vu la cherté des loyers et l’exiguïté des logements parisiens ; Vu l’endurcissement des propriétaires ; Considérant que, par suite de l’internement du peuple turc en Asie Mineure, les appartements de Constantinople sont inoccupés ; Que la magnificence et la somptuosité orientales règnent avec profusion dans ces appartements ; Que les littérateurs, en leur qualité de gens d’imagination, ont évidemment droit à tout le luxe possible ; — Arrêtons : Article premier. — À partir du 15 janvier 1864, les hommes de lettres seront transportés à Constantinople sur des galères richement décorées.
Brunetière a d’autres causes : ses qualités d’abord — et ses défauts ensuite. […] Et Dieu me garde aussi de reprocher à un écrivain doué d’une originalité décidée, de qualités tranchées et fortes, de n’avoir point les qualités contraires ! […] Brunetière n’aime pas, et justement parce qu’il ne trouve pas chez eux ces indispensables qualités communes qu’exigeait M. […] « Qualités classiques, forme classique », c’est bientôt dit. […] Sa prose est d’une qualité excellente, et si nette, si droite, si peu cherchée !
Kestner, né à Hanovre, âgé en 1772 de trente et un ans, résidait depuis quelques années, en qualité de secrétaire d’ambassade, à Wetzlar ; il y avait été introduit de bonne heure dans la famille de monsieur Buff, et il avait contracté avec Charlotte un de ces liens de cœur purs, respectueux, patients, que le mariage devait couronner. […] Je la vois toujours telle que je l’ai quittée ; ainsi, je ne te connais pas en ta qualité de mari ; je ne connais d’autres relations que nos anciennes, auxquelles j’ai associé dans une certaine occasion des passions étrangères. […] Je te dis cela en ma qualité d’homme du monde, qui apprend peu à peu comment les choses se passent. […] L’ordre, la précision et la promptitude sont des qualités dont je tâche tous les jours d’acquérir un peu. » Au milieu de cela, des voyages en Suisse, en Italie, l’étude dans toutes les directions, la comparaison étendue dans toutes les branches des beaux-arts et des littératures ; bientôt les sciences naturelles qui vont s’y joindre ; une vie noble, assise, bien distribuée et ordonnée, occupée et non affairée, à la fois pratique et à demi contemplative (« Je demeure hors de la ville, dans une très belle vallée où le printemps crée dans ce moment son chef-d’œuvre ») ; tout ce qui, enfin, devait faire de cette riche organisation de Goethe le modèle et le type vivant de la critique intelligente et universelle.
Les qualités morales d’Horace Vernet pourraient gagner à être observées à ce demi-jour des dernières années et du déclin ; mais le public, en général, demande moins à l’artiste des vertus que des preuves de talent, et l’instant est venu d’ailleurs de nous séparer de lui. […] Un jour, en sa qualité de chef d’escadron de la garde nationale, il visitait la prison, l’hôtel dit des haricots. […] De son côté, Horace est averti sans doute de la qualité des prisonniers qu’il va trouver. […] Pas trop de poètes on de peintres métaphysiques, je t’en conjure ; pas trop de messieurs de l’Empyrée, ni d’abstracteurs de quintessence : deux ou trois, par génération, suffisent ; mets-les à part et en haut lieu pour la rareté et pour la montre, garde-les pour tes grands dimanches ; mais, les jours ouvrables, sois heureuse encore et contente de retrouver de tes favoris et de tes semblables, de ces talents ou de ces génies faciles, qui, de tout temps, t’ont défrayée et charmée, qui te parlent ton langage et t’y entretiennent, qui te font passer tes plus agréables heures, et non pas les moins salutaires, en t’offrant à toi-même en spectacle sous tes mille aspects vivants, avec tes qualités et défauts divers : crânerie, héroïsme, gaieté, sentiment, humeur légère, audace brillante, coup d’œil net et bon sens pratique37.
Il n’y a pas de dictateur qui tienne : ni le grand Malherbe, ni le grand Balzac, ni la grande Arthénice elle-même (Mme de Rambouillet), n’ont puissance et qualité à cet égard qu’avec l’aide et l’assentiment de tous. […] Il fallut plus tard le reprendre, et il n’eut même toute sa faveur qu’assez longtemps après Balzac et quand on était en pleine possession et jouissance de la qualité fine qu’il désignait. […] Il nous l’a prouvé dans sa Préface, et il ne le montre pas moins dans le chapitre final où il s’est réservé de traiter en détail de la pureté et de la netteté du style, deux qualités qu’il prend soin de distinguer et qui se complètent sans, se confondre. […] « La netteté, on l’a dit depuis, est le vernis des maîtres. » Aristote donnait, entre autres éloges, cette louange à Homère ; il lui reconnaît une qualité entre mille autres, qu’il définit très-bien par le mot ένάργεια, lequel signifie une peinture toute distincte, toute pleine d’évidence, de lumière et de clarté : blancheur, éclat parfait, comme venant άργός, d’où argentum.
Depuis quelques années déjà, il s’accrédite des opinions bien fausses, selon moi, sur la nature, la qualité et le droit des grands hommes. […] Napoléon n’estimait pas les hommes à titre de ses semblables ; il était aussi peu que possible de cette chair et de cette âme communes aux créatures de Dieu : c’était un homme de bronze, comme l’a dit Wieland, qui le sentit tel aussitôt dans un demi-quart d’heure de conversation à Weimar ; égoïste, sans pitié, sans fatigue, sans haine, un demi-dieu si l’on veut, c’est-à-dire plus et moins qu’un homme ; car, depuis le Christianisme, il n’y a rien de plus vraiment grand et beau sur la terre que d’être un homme, un homme dans tout le développement et la proportion des qualités de l’espèce. […] Lucas-Montigny est peut-être encore une notice fort détaillée, écrite par Mirabeau lui-même sur ses ancêtres et en particulier sur son grand-père, Jean-Antoine, qui servit longtemps en qualité de colonel dans les guerres de Louis XIV. […] Et cet homme avait mille qualités sensibles, profondes, compatissantes, et par moments l’éloquence sublime du cœur, comme le prouvent ses lettres adressées au conseil des prud’hommes qu’il avait fait élire à ses vassaux ; il avait des accents de morale riante ; il appelait La Fontaine son vrai père de l’Église ; il aimait les champs, la vie agreste et simple, les coups de chapeau des fermiers, la gaieté diligente des faneuses, ou la mélancolie des automnes prolongés ; et chaque soir, en mettant la main au premier bouton de son habit pour se déshabiller, il se disait : « Voilà la démission d’un des jours qui te furent donnés : qu’en as-tu fait ?
Ses invectives sur Garat, par exemple, sont d’une grande dureté, et ne laissent pas jour aux qualités secondaires de cet homme de talent, de sensibilité même, aimable, disert, aussi bon et aussi sincère qu’on peut l’être n’étant que sophiste brillant et sans la trempe de la vertu : pourtant, après avoir relu l’apologie de Garat lui-même en ses Mémoires, je trouve que, malgré les dénégations de l’écrivain et ses explications ingénieuses, analytiques, élégantes, les jugements de Mme Roland subsistent au fond et restent debout contre lui. […] Quoi qu’il en soit, par les qualités de son cœur et son amour de vieille date pour Mme Roland, le bon Lanthenas méritait de mieux finir. […] Pour couronner le tableau des qualités domestiques chez Mme Roland, il ne faut plus que rappeler le début de cette autre lettre écrite à Bosc, de Villefranche : « Assise au coin du feu, mais à onze heures du matin, après une nuit paisible et les soins divers de la matinée, mon ami à son bureau, ma petite à tricoter, et moi causant avec l’un, veillant l’ouvrage de l’autre, savourant le bonheur d’être bien chaudement au sein de ma petite et chère famille, écrivant à un ami tandis que la neige tombe, etc. » A côté de ces façons d’antique aloi, de ces qualités saines et bonnement bourgeoises, osons noter l’inconvénient ; à défaut du chatouillement aristocratique, la jactance plébéienne et philosophique ne perce-t-elle pas quelquefois ?