« Mes cheveux flottaient sur mon cou découvert ; je portais la barbe longue ; j’avais du sauvage, du chasseur et du missionnaire. […] Fugitive et parjure, je les livrerais au supplice : mon crime retomberait sur eux et ils en porteraient la peine : telle est la rigueur de la loi. — Ô Dieu ! […] Mon chagrin même, par sa nature extraordinaire, portait avec lui quelque remède : on jouit de ce qui n’est pas commun, même quand cette chose est un malheur. […] Les plus chers amis de Napoléon, Berthier par exemple, à qui portaient-ils leur ardent dévouement ? […] Chateaubriand se promène dans les rues pour se faire acclamer et porter sur les épaules des jeunes gens et des étudiants.
L’Académie porta malheur à ce roman. […] Elle portait sans cesse à son nez un gros flacon d’éther, puis renversait sa tête sur le dossier et regardait le ciel noir. […] Il porta des épaulettes d’argent, comme M. […] Cet uniforme, je l’ai porté sous le gouvernement républicain, quand, dans une circonstance mémorable, j’ai rendu la justice au nom du peuple français. […] Cette fidélité lui a porté bonheur.
Le séjour et la solitude des forêts l’ont perdu : on ne s’améliore pas dans les bois avec le caractère qu’il y portait, et le motif qui l’y conduisait. […] Mais le projet du vaisseau avait transpiré, et Agrippine se fait porter en litière de Baules jusqu’à Baïes, où elle soupe. […] Je suis vieux, incapable des moindres soins, et dans l’impossibilité de porter plus loin le fardeau de mon opulence, je demande qu’on m’en soulage. […] De tous les Athéniens, le plus sage n’était pas aussi heureusement né : il pratiqua la vertu malgré le penchant naturel qui le portait au vice. […] Nous remplaçons Mirepoix que portent les précédentes éditions par Maurepas.
Qu’auriez-vous dit si j’avais appelé Moloch Melek, Hannibal Han-Baal, Carthage Karthad-kadtha, et si, au lieu de dire que les esclaves au moulin portaient des muselières, j’avais écrit des pausicapes ! […] La seule chose qu’il demandait à ceux qui lui portaient intérêt, c’était qu’on ne s’occupât jamais de lui. […] Jules Levallois, destine à être un critique qui pense par lui-même et qui a son originalité, dut, on le conçoit, dans un commerce assidu et quotidien, contribuer à aiguiser beaucoup de mes jugements, m’en suggérer même qui étaient de lui et qui portaient avec eux leur expression.
Ce n’est pas qu’elle portât une bien grande chaleur dans les divers sujets et dans les idées qui l’occupaient, ni aucune vue ou espérance d’avenir ; elle avait fait dès longtemps sa retraite dans la lecture et dans la pensée, n’y cherchant que le plaisir d’une réflexion solitaire. […] Il écrivait de Pise à la comtesse (16 février 1816) : « Je ne voulais, Madame, me présenter à vous qu’avec trois volumes à la main (trois volumes de ses Républiques italiennes), je voulais les porter comme une offrande expiatoire ; je sentais fort bien que vous auriez vivement blâmé ce que j’ai pensé et écrit dans cette année. […] Sismondi appartient à la classe des historiens moraux ; il est trop porté à expliquer toutes choses, même celles d’un âge très-éloigné et d’une forme sociale toute différente, par les contrastes et les vicissitudes de liberté et de despotisme, de vertu et de corruption, qu’il entend au sens moderne.
» et de qui elle écrivait à une amie : « Vous savez que j’aimais et que j’aime sincèrement ce prince, le plus innocent qui ait porté ce nom. » Mais il ne s’agit pas ici de princes travestis ni de roi d’Yvetot : Mme Valmore eut réellement accès auprès de vraies puissances, et il faut voir comme elle en agit avec elles et comme elle sut en user. […] Mais nulle part ses paroles émues, ses chants d’oiseau plaintif et ses battements d’ailes ne se portèrent plus souvent ni plus ardemment qu’aux grilles du château de Doullens, où cette singulière République de 1848, qui trouva moyen de canonner, d’emprisonner ou de déporter tous les vrais républicains, ne laissant guère à sa tête que des royalistes, avait renfermé l’opiniâtre et indomptable citoyen Raspail. […] Je vous dois un double remerciement pour m’avoir fait connaître le jugement que portait de moi cette femme distinguée, dont le talent et la personne m’ont toujours inspiré l’admiration la plus sincère et la plus vive sympathie, et pour avoir sanctionné ce jugement de votre autorité… Indifférente aujourd’hui à la publicité…, je ne le suis point à l’estime affectueuse de quelques nobles âmes, à l’approbation de quelques esprits d’élite. — Je vous dois donc, monsieur, une très douce émotion… » — M.
Bancal, lui racontant une ascension qu’il avait faite au Puy-de-Dôme, avait comparé les orages et les tonnerres qu’on rencontre à une certaine hauteur, avec ceux qui attendaient sur leur route péniblement ascendante les amis de la liberté : « L’élévation de votre superbe montagne, lui répond Mme Roland, est l’image de celle où se portent enfin les grandes âmes au milieu des agitations politiques et du bouleversement des passions. » Elle pressentait que c’était là son niveau, et, dans le secret de son cœur, elle ne haïssait pas l’idée d’y être poussée un jour. […] Durant les mois qui précédèrent le 10 août, l’activité politique de notre héroïne n’avait pas cessé, mais l’expérience avait porté fruit ; elle commençait à moins pousser au mouvement tel quel, et à enrayer un peu. […] Près de mourir, elle a pu s’écrier, sans fiction aucune, dans son hymne d’adieu : « Adieu, mon enfant, mon époux, ma bonne, mes amis ; adieu, soleil dont les rayons brillants portaient la sérénité dans mon âme comme ils la rappelaient dans les cieux ; adieu, campagnes solitaires dont le spectacle m’a si souvent émue, et vous, rustiques habitants de Thézée, qui bénissiez ma présence, dont j’essuyais les sueurs, adoucissais la misère et soignais les maladies, adieu !
L’œuvre de destruction commençait alors à s’entamer au vif dans la théorie philosophique et politique ; la tâche, malgré les difficultés du moment, semblait fort simple ; les obstacles étaient bien tranchés, et l’on se portait à l’assaut avec un concert admirable et des espérances à la fois prochaines et infinies. […] C’était lui qui les comprenait le mieux tous ensemble et chacun isolément, qui les appréciait de meilleure grâce, et les portait le plus complaisamment dans son cœur ; qui, avec le moins de personnalité et de quant-à-soi, se transportait le plus volontiers de l’un à l’autre. […] C’est le même ton de franchise, c’est la même sensibilité ; mon luxe est de fraîche date, et le poison n’a point encore Agi. » Et que n’eût-il pas ajouté, si l’éternelle redingote de peluche s’était trouvée précisément la même qu’il portait ce jour de mardi gras où, tombé au plus bas de la détresse, épuisé de marche, défaillant d’inanition, secouru par la pitié d’une femme d’auberge, il jura, tant qu’il aurait un sou vaillant, de ne jamais refuser un pauvre, et de tout donner plutôt que d’exposer son semblable à une journée de pareilles tortures ?
À la ville, les gentilshommes ne portent plus l’épée ; ils ont quitté les broderies, les galons, et se promènent en frac uni, ou courent dans un cabriolet qu’ils conduisent eux-mêmes569. « La simplicité des coutumes anglaises » et les usages du Tiers leur ont paru plus commodes pour la vie privée. […] Ainsi descend et se propage la philosophie du dix-huitième siècle. — Au premier étage de la maison, dans les beaux appartements dorés, les idées n’ont été que des illuminations de soirée, des pétards de salon, des feux de Bengale amusants ; on a joué avec elles, on les a lancées en riant par les fenêtres Recueillies à l’entresol et au rez-de-chaussée, portées dans les boutiques, dans les magasins et dans les cabinets d’affaires, elles y ont trouvé des matériaux combustibles, des tas de bois accumulés depuis longtemps, et voici que de grands feux s’allument. […] Ce sont là des feux de paille, tout au plus des feux de cheminée : mais, avec un seau d’eau froide, on les éteint ; et d’ailleurs ces petits accidents nettoient les cheminées, font tomber la vieille suie. » Prenez garde : dans les caves de la maison, sous les vastes et profondes voûtes qui la portent, il y a un magasin de poudre.
. — Divers points sur lesquels peut porter la contradiction. […] Si elle manquait, ces suites seraient la folie ; le malade imaginerait et raisonnerait d’après ses fantômes, comme il imagine et raisonne d’après les objets réels ; le micrographe essayerait d’effacer les taches grises qui recouvrent son papier ; Nicolaï demanderait aux amis imaginaires, qui viennent le visiter, comment ils se portent. […] Et pourquoi est-ce en arrière, au lieu d’en avant, que la sensation apparente semble se porter ?
C’est une frontière indécise entre l’ordre social et l’anarchie individuelle que le commandement laisse à l’obéissance ; terrain vague, où le commandement n’a pas besoin de s’exercer, et où l’obéissance peut désobéir sans porter atteinte à l’État, c’est-à-dire à l’intérêt de tous. […] Est-ce ainsi qu’il est devenu droit, qu’il est devenu devoir, et qu’il a pu appeler Dieu et les hommes à le protéger, à le défendre, à le venger contre les atteintes que l’égoïsme individuel, la révolte des intérêts particuliers, l’injustice personnelle, l’ambition, l’usurpation, la ruse, la violence, l’impiété des conquérants, la spoliation du plus fort, la tyrannie du plus scélérat peuvent lui porter tous les jours ? […] Il marche à la tyrannie chez lui-même en allant porter sa propre tyrannie dans le monde ; bientôt il ne saura plus où retrouver le principe de l’autorité des gouvernements légitimes, c’est-à-dire naturels, de la société politique, trop vieux et trop irrespectueux pour le gouvernement patriarcal, trop égalitaire pour le gouvernement des castes, trop sceptique pour le gouvernement théocratique, trop ardent en nouveautés pour le gouvernement des coutumes et des dynasties, trop agité pour le gouvernement constitutionnel et l’équilibre des pouvoirs, trop turbulent pour le gouvernement des républiques, et trop impie envers ses propres droits pour les défendre soit contre l’oppression d’en haut, soit contre l’oppression d’en bas.
Ce qu’il faut admirer dans le poète anglais, c’est qu’il a su peindre l’amour aussi fortement que la déraison ; les confondre, pour ainsi dire, en une même folie, en un seul malheur, et porter, par ce hardi mélange, le pathétique à son comble. […] On exige des vers, parce que c’est le langage de la poésie, ou plutôt même celui des passions portées au degré d’enthousiasme que la tragédie suppose, exaltées par les situations critiques et fortes où elle les place, et qui excluent également la platitude et l’emphase. […] Toutes les éditions de Boileau portent : Dans ce sac ridicule où Scapin s’enveloppe, Je ne reconnais plus l’auteur du Misanthrope, et Brossette n’a pas manqué d’observer que « ce n’est pas Scapin qui s’enveloppe dans un sac : c’est le vieux Géronte à qui Scapin persuade de s’y envelopper ».
Mme de Maintenon avait été prise de scrupules à l’endroit de ces représentations tapageuses qui démoralisaient Saint-Cyr : l’œuvre de Racine en porta la peine, et fut étouffée à sa naissance. […] Fuyez l’aspect de ce climat sauvage… Un peuple obéissant vous attend à genoux Sous un ciel plus heureux… ; mais surtout à la fin, dans ce dernier vers qui évoque à nos yeux Monime Souveraine des mers qui la doivent porter, on voit tout un triomphal cortège glisser sur l’étendue resplendissante des eaux. […] Le jugement ici porté se justifierait par : Pradon, Régulus, ou Phèdre et Hippolyte ; Genest, Pénélope ; Longepierre, Médée ; Campistron.
Peu porté et peu exercé à observer, n’ayant dans ses longues journées de Combourg presque point de créatures humaines avoir, sensible aux dehors surtout, il ne connaîtra guère des autres que les masques et les silhouettes. […] Partout le peuple s’était porté avec empressement à ses églises. […] C’est la formule même de son tempérament que fournit Chateaubriand dans cette étonnante lettre de René à Céluta, qui, du point de vue objectif, est bien de la plus extravagante inconvenance : imaginez une jeune sauvage, puérile et tendre, écoutant ces confidences : « Depuis le commencement de ma vie, je n’ai cessé de nourrir des chagrins : j’en portais le germe en moi, comme l’arbre porte le germe de son fruit.
Edmond de Goncourt, ce jargon qui rehausse les spécieuses créations de l’auteur de La Faustin, porterait préjudice à des synthèses d’humanité, larges et dûment symboliques. […] Lui-même est un masque tragique ou bouffon, d’une humanité toutefois parfaite bien que rationnelle. — Tantôt des foules, superficiellement affectées par l’ensemble des représentations ambiantes, se portent avec des alternatives de heurts et de stagnances vers des actes qui demeurent inachevés. […] Théodore de Banville n’a point porté au symbolisme l’aide qu’on attendait.
Houston Stewart Chamberlain Le système harmonique de Richard Wagner63 Si l’on ouvre pour la première fois l’une ou l’autre de ces volumineuses partitions qui s’appellent Tristan, les Maîtres chanteurs, l’Anneau du Nibelung ou Parsifal, on considère d’abord avec étonnement, avec effroi même, ces pages noires de notes, ces portées où grimace la silhouette inédite de traits compliqués et bizarres, ce fouillis où s’entassent dièses, bémols, points, syncopes, tous les signes enfin propres à traduire sur le papier la pensée du compositeur, signes d’autant plus nombreux que la pensée est plus raffinée. […] Sans doute le personnage en scène peut avoir à conclure un long discours ; dans ce cas, il aura recours à la formule précitée ; mais, tandis qu’il fera avec la voix ce saut caractéristique de la dominante à la tonique, l’orchestre, lui, qui selon la définition de Wagner, « entretient le cours interrompu de la mélodie », l’orchestre ne portera pas trace de cette cadence parfaite, et poursuivra sa route en modulant par une cadence rompue, ou par l’introduction d’un accident quelconque, propre à modifier le sens harmonique. […] Pour porter mes décrets, sur toi j’avais compté, De mes décrets ton caprice en appelle !
Jullien, par exemple5, commence son étude sur Tristan en nous disant : « Son esprit, porté vers les spéculations philosophiques et jusqu’alors imbu surtout des doctrines panthéistiques de Hegel et de Schelling… » (148) ; c’est de la pure invention. Jamais homme ne fut moins porté à s’occuper de philosophie proprement dite ; tout ce qui est du domaine de la science positive, tout ce qui est mathématique ou raisonnement abstrait lui répugnait tant que l’auteur de la logique n’a jamais exercé la moindre influence sur lui ; Hegel et Wagner sont les deux antipodes du genre humain. […] C’est accomplir une œuvre utile que de grouper les jugements divers portés chez nous sur l’œuvre du grand réformateur dramatique ; les hommes qui ont défendu la musique wagnérienne, d’après le jugement de leur conscience artistique, la droite raison, la simple équité, et aussi d’après leur compétence réelle, ne peuvent qu’en avoir aujourd’hui de l’honneur ; espérons que les autres en tireront quelque confusion.
Dès qu’elles sont pleines de sottises ou de vérités, elles sont contentes. » Il y a des sciences entières fausses, c’est-à-dire fondées sur ce qui n’est pas (on voit bien qu’il en veut surtout à la théologie et à l’ancienne métaphysique), et ces sciences doivent leur origine à de faux rapports revêtus de mots dont se paye ensuite le vulgaire et même la foule des lettrés : Les signes restent, dit-il, et portent dans les générations suivantes l’existence des chimères et l’épouvante qu’elles causent. […] Il ne faut pas confondre Sieyès avec Condorcet, son premier disciple : disciple de Sieyès dans la seconde partie de sa vie comme il l’avait été de Turgot dans la première, Condorcet se noyait, quand il tenait la plume, dans les exposés théoriques et les déductions analytiques qui portaient souvent sur des utopies arides. […] Notre nation de singes à larynx de perroquets, et qui sera telle tant que vous ne l’aurez pas refaite par un système d’éducation publique tel qu’il n’en existe point encore, prostituera cette nouvelle formule de respect (la solennité d’un deuil national) : autrement les législatures à venir porteront aussi votre deuil.
Il ne faut pas abuser d’une méthode positiviste qui dispense de toutes les questions profondes et vraiment difficiles, de celles qui portent sur le cœur même des choses. […] Qui sait même si, comme le croyait Platon et comme un darwiniste serait porté à le soutenir, nous n’avons pas parfois des réminiscences d’une expérience antérieure à notre naissance, et conséquemment ancestrale ? […] L’œuf se souvient à sa manière de la loi selon laquelle il doit évoluer, lex imita ; de même, l’intelligence porterait en soi son « Discours de la Méthode » à l’état de souvenir inconscient ; la mémoire serait devenue tout organique, tout héréditaire, et la conservation des idées n’aurait pas besoin de la reconnaissance.
Cette difficulté portait sur le singulier accord que nous avions cru remarquer entre la pensée de M. […] Dès qu’on a été persuadé de l’existence d’un traité secret entre le spiritualisme et l’Église, toutes les objections et toutes les préventions dirigées contre l’une ont en même temps porté sur l’autre. […] Nous aurions honte d’imputer à Dieu ce dont nous aurions des remords nous-mêmes, si comme législateurs humains, nous avions porté une pareille loi.
Il avoit porté environ quarante mille écus de dot en entrant dans la Compagnie ; mais pour lui faire mieux observer la pauvreté évangélique, on ne lui rendit rien lorsqu’il sortit. […] Tels furent les propos que l’on tint contre M. du Pin dans la chaleur d’un procès, qui fut porté au Parlement. […] Historiographe de l’Ordre, l’avoit associé à tous ses privilèges, & lui avoit donné la permission de porter la Croix.
Où la gloire n’est pas, où les faits sont chétifs, équivoques et obscurs comme la chronique de ces femmes qui ne furent quelque chose que par leur rang social, et qui seraient à mille pieds dans l’oubli mérité des hommes, si elles n’avaient porté, pendant leurs deux jours d’existence, l’ineffaçable épitaphe du nom historique qui les couvre, il n’y a plus guère à introduire que de la psychologie. […] Cousin)… La Rochefoucauld l’accuse d’avoir porté malheur à tous ceux, (à la bonne heure !) […] La vertu a-t-elle porté plus de bonheur que le vice au talent actuel de M.
Il parlera des allées d’un parc, en hiver, « imbibées d’air humide et pénétrées de silence » ; d’un ciel d’été « décoloré par l’éclat de midi » ; des enfants de Dominique, « dont la toilette de nuit se faisait, par indulgence, au salon, et que leur mère emportait, tout enveloppés de blanc, les bras morts de sommeil et les yeux clos » ; il aura de ces trouvailles : « dans l’air tranquille du soir, le son se déployait », et les larges tableaux de nature seront traités de la même manière, en vingt endroits du volume, avec des mots qui portent tous et dont aucun n’a l’air apprêté. […] Jamais de heurts, d’invraisemblances, de mots trop forts pour les choses à exprimer et qui ressemblent à des navires de haut bord qu’on noliserait pour porter un sac d’avoine, ou quelques graines potagères. […] Il a résisté, lui volontiers descriptif et sûrement amoureux, au plaisir de dire que son héroïne portait bien la toilette.
Leur œuvre assurément n’a pas été louable de tout point ; mais, s’il s’agit de dire qui a porté les coups redoutables aux recettes sentimentales et artificielles de 1830, il ne faut point oublier les vrais démolisseurs de la convention romantique. […] sans doute je sais bien que ce sont des muscles et des tendons qui déterminent chacun de nos mouvements ; que les corps se composent d’os et de chair, de globules sanguins qui incessamment vont et viennent portés par la circulation. […] On n’est pas ému de ses misères et désireux d’y porter remède.
Callimaque fut le Pindare de cette reprise d’enthousiasme, ne célébrant plus des jeux guerriers que les Grecs n’avaient pas portés dans leurs conquêtes d’Orient, ne vantant plus ces lois équitables et cette liberté tempérée qui convenaient seulement à la royauté des races doriques, mais chantant avec une docile adoration la puissance des princes dominateurs de l’Égypte, et lui cherchant un modèle dans le pouvoir et la prudence du plus grand des dieux. […] On peut, je crois, difficilement douter que le poëte sicilien n’ait eu sous les yeux quelques expressions du prophète Isaïe, quand il écrivait : « Maintenant, buissons, portez la violette ; portez l’acanthe !
Avant tout, il importe que les faits soient bien fixés, car souvent les débats portent sur des questions de ce genre, les uns soutenant qu’une chose est, les autres qu’elle n’est pas. […] Au moment où nous lui avons coupé ses deux pneumogastriques, il se portait parfaitement bien, et il y avait du sucre dans son foie, comme cela a lieu constamment. […] Nous aurons ainsi un point de comparaison qui nous servira à isoler le phénomène sur lequel doit porter l’expérimentation. […] Je portais mes études sur les conditions d’existence et de développement des cellules organiques. […] Vous comprendrez l’usage de cet instrument, quand je vous aurai indiqué le point où il faut le porter.
L’une est faite pour croire, pour respecter, pour aimer, pour adorer, pour porter humblement et vaillamment les jougs du devoir. […] L’ennui, c’est que la perpétuelle injure, à la fin, cesse de porter coup. […] D’ailleurs, on l’a connu, chansonnier célèbre, qui portait la barbe longue, et longs ses cheveux épars « et le vêtement fièrement débraillé ». […] Le premier article de Mirbeau portait ce titre : Ode au choléra. […] Ce qu’on voit chez eux ne passerait pas de la peinture à la vie ; car la vie est un équilibre : et ils ont tout porté d’un seul côté, à l’extrême.
La mort le surprit comme il songeait à porter la lumière et la méthode dans quelques parties du dogme et de la tradition. […] De ce haut état où le portait la méditation religieuse, comment consentir à descendre dans le détail de la vie, à s’intéresser aux passions de l’homme, à ses misères, à ses grandeurs, à ses talents, au génie, à la beauté, à la jeunesse, à la gloire ? […] Descend-il au ton de l’instruction familière, dans le détail de la vie domestique, de nos humeurs, de nos défauts, une clarté douce, égale, des expressions modérées remplacent ces hardiesses de langage où le portent les grands sujets. […] Les premiers travaux de Bossuet n’avaient guère porté que sur les dogmes, et la plus sévère théologie en est toute l’éloquence. […] On l’a accusé d’arrière-pensées de rivalité : s’il en mérite le reproche, Dieu le sait ; mais il n’en paraît rien dans ses écrits, où il semble porter la parole au nom de l’Église française, sans ménagement mondain, mais sans colère.
Sur ce pied-là, on voit à tout moment dans l’iliade, les attributs révoltés contre leur essence commune, et les passions ne portent pas plus de trouble dans le coeur de l’homme, que les qualités divines en causent dans l’ame de Jupiter. […] si Neptune, dit-il, lui accorde une navigation heureuse, il arrivera le troisiéme jour à la fertile Phtie ; il y trouvera les richesses qu’il y a laissées en partant ; il y en portera de nouvelles, de l’or, de l’argent, du fer, et de belles femmes en assez grand nombre . […] De la morale La bonne morale est nécessaire dans un poëme ; car quoique l’auteur ne s’y propose ordinairement que de plaire, il n’y sçauroit réussir qu’autant qu’il paroît porter des choses les mêmes jugemens que les autres hommes en portent : et comme nous trouvons toujours la vertu belle et le vice odieux, quand l’intérêt présent de nos passions ne nous aveugle pas, nous ne goûterions pas un ouvrage, s’il n’étoit conforme à ce jugement naturel du coeur humain. […] C’étoit un génie naturellement poëtique, ami des fables et du merveilleux, et porté en général à l’imitation, soit des objets de la nature, soit des sentimens et des actions des hommes. […] Je réponds à cela que je ne sçaurois lui porter d’atteinte qu’autant qu’elle seroit injuste, et que les erreurs accréditées n’en deviennent pas plus respectables.
Si parfois, las de porter la Pieuvre, ils se regimbent, on leur déclare qu’ils sont libres de ne plus travailler. […] Si porté qu’il soit à n’accorder son attention qu’à des tortillements d’infusoires sous un microscope infidèle ou à des poils de mouche coupés en huit, M. […] Mallarmé) exprimer, la justifiant, l’émotion que portait au Poète ce Musicien envahissant la scène que les Poètes avaient préparée. […] Les Goncourt portent sur le nez des lunettes déformatrices dont les verres irisés leur valent une vision spéciale des choses. […] Mallarmé, j’ai le droit de prétendre que mes dires ont porté dans le sens où je voulais qu’ils portassent.
Ils ont porté, toute leur vie, le poids de leur iniquité. […] L’affiche de la salle Montansier portait ces mots : Arlequin partout. […] Je la portais à Marengo. […] De quel droit avez-vous arraché à tous ces braves des armes qu’ils portaient avec honneur ? […] Notre coutume veut qu’on réfléchisse avant de se porter à cette extrémité.
Une foule en délire arracha les pans de l’habit de drap vert que portait l’auteur et s’en partagea les morceaux, en guise de reliques. […] Chuquet sera frappé d’excommunication par les pontifes du stendhalisme et ne s’en portera pas plus mal. […] Ils se portaient garants qu’il n’y a plus de mystère. […] Quelle était la violence d’un amour qui pouvait se porter à de telles extrémités, et quelle en dut être la douceur ! […] Ceux qu’il assommait ne s’en portaient pas plus mal, et ceux qu’il exaltait ne se souciaient pas des éloges d’un tel panégyriste.
L'œuvre de Raspail comptera dans la science et portera coup à l’étranger.
Certaines langues portent leur homme, leur éclat dore les plus pauvres idées ; le français ne prête qu’aux riches.
Il est probable que, dans une anthologie des poètes depuis 1885, des morceaux comme la Complainte des nostalgies préhistoriques, la Complainte de la Lune en province, celle du Pauvre Corps humain, celle de l’Oubli des morts, tels lieds de l’Imitation de Notre-Dame la Lune, ou la pièce ix des Derniers vers, apparaîtraient comme de passionnés et poignants chefs-d’œuvre pour porter avec un parfait honneur le nom de Jules Laforgue.