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1627. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Quarante poëtes, parmi eux dix hommes supérieurs, et le plus grand de tous les artistes qui avec des mots ont représenté des âmes ; plusieurs centaines de pièces et près de cinquante chefs-d’œuvre ; le drame promené à travers toutes les provinces de l’histoire, de l’imagination et de la fantaisie, élargi jusqu’à embrasser la comédie, la tragédie, la pastorale et le rêve ; jusqu’à représenter tous les degrés de la condition humaine et tous les caprices de l’invention humaine ; jusqu’à exprimer toutes les minuties sensibles de la vérité présente et toutes les grandeurs philosophiques de la réflexion générale ; la scène dégagée de tout précepte, affranchie de toute imitation, livrée et appropriée jusque dans ses moindres parties au goût régnant et à l’intelligence publique : il y avait là une œuvre énorme et multiple, capable par sa flexibilité, sa grandeur et sa forme, de recevoir et de garder l’empreinte exacte du siècle et de la nation1. […] » Voilà l’homme vivant, agissant, naturel, personnel, non pas le symbole philosophique qu’a fait Gœthe, mais l’homme primitif et vrai, l’homme emporté, enflammé, esclave de sa fougue et jouet de ses rêves, tout entier à l’instant présent, pétri de convoitises, de contradictions et de folies, qui, avec des éclats et des tressaillements, avec des cris de volupté et d’angoisse, roule, le sachant, le voulant, sur la pente et les pointes de son précipice.

1628. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Cette sorte de spéculation, moitié littéraire, moitié philosophique, qui le plus souvent dégénère en une sorte de rêverie laborieuse et confuse, ne s’accommode pas de cet enthousiasme intérieur, de ce feu sans lequel il n’y a pas de poète. […] Dictionnaire philosophique, art.

1629. (1933) De mon temps…

C’était, le Gourmont plus jeune qui venait, pour un article imprudemment paradoxal, de perdre la situation qu’il occupait à la Bibliothèque Nationale, le Gourmont déjà savant auteur du Latin mystique, le romancier de Sixtine et des Chevaux de Diomède, le conteur des Histoires magiques qui, par son Livre des Masques, préludait aux admirables essais qui ont pour titres : La Culture des Idées, L’Esthétique de la langue française, Le Chemin de Velours, que devait compléter plus tard la série des Epilogues, auxquels s’ajouteraient les Promenades littéraires et les Promenades philosophiques, toute cette œuvre qui, d’année en année, prendrait de l’ampleur et de l’étendue, gagnerait en puissance de dissociation, en hardiesse, en profondeur, jusqu’à ce qu’une mort presque subite mette fin à la merveilleuse activité de ce grand esprit qui interrogeait quelque texte célèbre avec la même conscience qu’il apportait à examiner les vers et la prose qu’un débutant inconnu soumettait au Comité de lecture du Mercure de France, car toute page écrite était pour lui le signe sacré du culte des Lettres, auquel il avait voué sa vie. […] Il voltigea du parterre aux galeries, s’échangea de fauteuil à fauteuil, tandis que se déroulait sur la scène la burlesque et féroce satire dramatique qu’est cet étrange ouvrage qui va de la charge la plus grossière et la plus enfantine à une sorte de symbolisme caricatural et philosophique.

1630. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

Cette opération, dont nous montrerons l’illégitimité et le danger dans l’ordre spéculatif (elle conduit à des impasses et crée artificiellement des problèmes philosophiques insolubles), se justifie sans peine quand on se reporte à sa destination. […] C’est là, je le veux bien, l’explication scientifique, car le rôle de la science est précisément de traduire toute perception en termes de toucher ; mais nous avons montré ailleurs que l’explication philosophique de la perception devait être d’une autre nature, à supposer qu’on puisse encore parler ici d’explication 66.

1631. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

La méthode philosophique. […] Une entreprise comme celle de Fichte, quoique plus philosophique que celle de Spencer, en ce qu’elle respecte davantage l’ordre véritable des choses, ne nous conduit guère plus loin qu’elle.

1632. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Lorsque cette gaillarde d’Henriette menace Trissotin de ce que vous savez, au cas où il persisterait à l’épouser, et que notre cuistre exprime son indifférence philosophique sur ce point, il fait du Théâtre Libre sans le savoir. […] Mauclair est un esprit ardent et combatif, et j’ai connu, par son livre récent : Eleusis, causeries sur la cité intérieure, qu’il avait une assez grande abondance d’idées, encore qu’un peu confuses… — Je suis de plus en plus convaincu que ces jeunes gens, avec leur idéalisme vague et leur fureur d’individualisme, ressuscitent tout bonnement la littérature philosophique et romanesque d’il y a cinquante ans. […] Oui, ce cri n’est pas très philosophique ; mais qu’il est humain ! […] Là est le vif et philosophique intérêt du conte d’Emond About, et de l’adaptation dramatique que MM.  […] Les premiers tableaux sont chargés d’épisodes inutiles, et qui ne sont pas tous clairs comme eau de roche ; le drame finit au cinquième tableau, et les deux derniers forment, non point un dénouement, mais un épilogue dont l’idée philosophique (il doit y en avoir une) reste incertaine.

1633. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Les Chants du crépuscule et les Voix intérieures, où brillent çà et là quelques lueurs de pensée philosophique ou politique, ne sont cependant ni moins puérils ni moins vides que les Orientales, et rappellent à peine, d’une façon confuse, l’intention sincère mais impuissante des Feuilles d’automne. […] Or, les Chants du crépuscule et les Voix intérieures nous autorisent à croire qu’il a dédaigné l’étude des questions philosophiques et politiques. […] Par un singulier privilège, il lui est donné de se montrer tour à tour lyrique, philosophique, épique, selon qu’il lui plaît d’entreprendre la peinture des passions, l’analyse de la pensée, ou le tableau des événements qui intéressent une nation tout entière.

1634. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Nous savons que les découvertes positives vont tous les jours croissant, qu’elles iront tous les jours croissant davantage, que d’objet en objet elles atteignent les plus relevés, qu’elles commencent à renouveler la science de l’homme, que leurs applications utiles et leurs conséquences philosophiques se dégagent sans cesse ; bref, que leur empiétement universel finira par s’étendre sur tout l’esprit humain.

1635. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

Les remarquables progrès que l’étude philosophique des langues a faits en Allemagne depuis moins d’un demi-siècle, facilitent les recherches sur leur caractère national, sur ce qu’elles paraissent devoir à la parenté des peuples qui les parlent.

1636. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

Laissez-lui faire les choses frivoles sérieusement, et gaiement les choses sérieuses. » Plus loin, il rend justice au gouvernement chinois en montrant qu’il fut le seul gouvernement philosophique : « Les législateurs de la Chine firent plus : ils confondirent la religion, les lois, les mœurs et les manières ; tout cela fut la morale, tout cela fut la vertu.

1637. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Renan les Dialogues philosophiques.

1638. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Naturellement je partageais cette horreur, et c’est bien plus tard, quand mes idées philosophiques se furent assises, que je songeai que j’avais eu le bonheur dans mon enfance de voir un véritable sage.

1639. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

si l’on pouvait, s’écrie-t-il, couronner l’ouvrage d’une grande idée philosophique ; même en faire naître le sujet !

1640. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

Pour l’humanité, et en dehors de tout système philosophique, la liberté a toujours été l’indépendance sous certains rapports.

1641. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

Tort, Spencer et l’évolutionnisme philosophique, PUF, 1996 ; et D.

1642. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Ses yeux couvaient un feu amorti par les disgrâces ; ses lèvres avaient le pli du dédain philosophique contre la destinée, qu’on subit, mais qu’on méprise.

1643. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

[Le poème et drame de Sacountala] I Commençons cet entretien par l’analyse d’un petit drame philosophique et moral, jeté comme une arabesque sur les pages de ce vaste poème du Mahabarata, épisode qui ne dépasse pas les limites de quelques minutes d’attention, et qui ressemble plus à un apologue humain qu’à un chant épique.

1644. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

Supposons que ce philosophe charge cette âme de lui rapporter à son retour les grands phénomènes intellectuels, philosophiques, religieux, qui l’auraient frappée dans ce coup d’aile autour du globe terrestre.

1645. (1914) Boulevard et coulisses

Hervieu y donnait des considérations générales et philosophiques sur les événements, et j’y étais chargé de la politique intérieure et des débats de la Chambre.

1646. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Plusieurs auteurs ont dit qu’il était aussi aisé de croire à la création de cent millions d’être que d’un seul ; mais que l’axiome philosophique de « la moindre action », dû à Maupertuis, sollicite l’entendement à admettre plus volontiers le plus petit nombre possible d’actes créateurs ; et certainement nous ne pouvons croire que d’innombrables êtres dans chaque grande classe aient été créés avec les marques apparentes mais trompeuses de leur descendance d’un même ancêtre.

1647. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

À côté du mouvement scientifique dont nous venons de parler, et parallèlement à lui, se développe le mouvement industriel dont la puissante éclosion est due surtout aux travaux magnifiques des écoles philosophiques modernes.

1648. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Devais-je marquer des maladresses, des bizarreries, des expressions chargées, héritage de la Renaissance, une dispute philosophique, œuvre du raisonneur et du Platonicien ? […] Des compliments philosophiques et des sourires moraux. « Je cédai, dit Ève, et depuis ce temps-là je sens combien la beauté est surpassée par la grâce virile et par la sagesse, qui seule est véritablement belle ! 

1649. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Revue philosophique, avril 1885. […] Il en a été publié un cas curieux dans la Revue philosophique  (janvier 1885, p. 119).

1650. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Aligny, est un parti pris violent et philosophique, est chez M.  […] La véritable mémoire, considérée sous un point de vue philosophique, ne consiste, je pense, que dans une imagination très-vive, facile à émouvoir, et par conséquent susceptible d’évoquer à l’appui de chaque sensation les scènes du passé, en les douant, comme par enchantement, de la vie et du caractère propres à chacune d’elles ; du moins j’ai entendu soutenir cette thèse par l’un de mes anciens maîtres, qui avait une mémoire prodigieuse, quoiqu’il ne pût retenir une date, ni un nom propre. — Le maître avait raison, et il en est sans doute autrement des paroles et des discours qui ont pénétré profondément dans l’âme et dont on a pu saisir le sens intime et mystérieux, que de mots appris par cœur. — Hoffmann.

1651. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Dans le plus suivi et le plus philosophique de ses jeux érudits, dans ses Éléments de Linguistique, Nodier a développé un système entier de formation des langues, l’histoire imagée du mot depuis sa première éclosion sur les lèvres de l’homme jusqu’à l’invention de l’écriture et à l’achèvement des idiomes.

1652. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

C’est là qu’il écrivit aussi quelques-unes de ses odes de longue haleine appelées Trionfi, sortes de dithyrambes philosophiques où les chants mystiques du Dante furent évidemment ses modèles.

1653. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

— Vous le voyez, dis-je à la comtesse, voilà la critique de la nature ; c’est aussi la mienne, c’est aussi la vôtre, j’en suis sûr. » Elle fit un signe d’assentiment. « Mais ce n’est pas la mienne, dit avec une certaine supériorité de ton le professeur : ce que vous appelez un défaut, vous autres jeunes cœurs et jeunes esprits, c’est précisément la qualité exquise et véritablement philosophique de l’Arioste.

1654. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Il ne manque au code du divin Platon que l’anthropophagie pour être le cloaque contre-nature et contre-humanité des immondices de la turpitude, de la démence et de la brutalité humaine, la Divinité renversée, le paradoxe de Dieu, de l’homme, de la femme, du vice et de la vertu, folie de l’orgueil philosophique qui, pour ne pas penser et sentir comme tout le monde, pense comme un fou et sent comme un criminel de lèse-nature et de lèse-Divinité.

1655. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

XIII On sent la portée idéale, philosophique et sainte de Gerson dans cette opposition entre la nature et la grâce.

1656. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Celle de Florence, qui était notre principale résidence, se composait d’abord du grand-duc de Toscane, jeune encore d’années, mais d’une maturité précoce et studieuse qui annonçait un digne héritier du trône et du libéralisme philosophique de Léopold.

1657. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

LXV Cette critique créatrice de madame de Staël, appliquée avec une merveilleuse éloquence aux grandes œuvres philosophiques, lyriques ou dramatiques des grands écrivains du Nord, procédait par l’admiration au lieu de procéder par le dénigrement.

1658. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

De même, notre Schopenhauer, avec un souci constant et caractéristique, avait senti et appliqué dans sa vie extérieure, — en conservant intact son petit patrimoine — cette compréhension : que la saisie de la vérité, en chaque recherche philosophique ou intellectuelle, est toujours, sérieusement, menacée par la dépendance où nous sommes à l’égard du gain nécessaire de l’argent.

1659. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

L’intensité, caractère essentiel de la force considérée au point de vue philosophique, est donc primitivement un caractère de l’activité appétitive, de la volonté (au sens le plus général de ce mot), et secondairement un caractère de la passion, de la sensation.

1660. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Il dit de Grandville et de ses caricatures philosophiques : « Il me fait l’idée d’un homme qui s’embarquerait pour la lune… sur un âne de Montmorency. » Il dit de Doré : « C’est Michel-Ange dans la peau de Victor Adam ! 

1661. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

N’est-ce pas là un poème à la fois merveilleux, philosophique, populaire, qui s’empare d’avance de toutes les imaginations dont le poète épique chercherait vainement à s’emparer après celui-là ?

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