S’il peint à la manière flamande ses premiers plans, choisis avec le discernement et le sentiment d’un Ruysdaël, d’un Potter ou d’un Wouvermans, il n’en lève pas moins parfois les regards vers les cimes ; et par échappées, sur les têtes de ses personnages, un trait plus hardi, plus fier, plus grandement rêveur, nous rappelle la magnifique et immense Nature qui surplombe tous les petits cadres où Topffer s’enferme, des pies nuageux ou irisés de ses sommets.
Ici, en effet, les personnages, l’action, les dialogues, les propos, tout est fantaisie. […] C’est à partir de ce moment que Victor Hugo a commencé à devenir pour les Français, non plus seulement un très grand poète, mais une sorte de personnage mystérieux, légendaire et qui, peu à peu, tournait en idole. […] Vous savez que Molière, pour ridiculiser un de ses personnages, dit qu’il est en train de mettre en madrigaux toute l’histoire romaine. […] Ce personnage avait une plume entre les doigts et devant lui une feuille de papier blanc, un encrier et un verre d’absinthe. […] D’abord, Verlaine à jeun, insignifiant, sauf peut-être une préoccupation d’extrême politesse, un souci assez manifeste, — si bizarre qu’il semble chez le personnage, — de montrer qu’il avait les usages du monde.
La Musique ne peut, par exemple, reproduire le portrait d’un personnage, fixer ses traits ; elle ne peut peindre un arbre, une forêt. […] Leurs héros tragiques ne sont pas des personnages déterminés, ils sont des entités, des principes en action, des forces agissantes, des passions qui marchent, s’entrechoquent et luttent. […] Ce que Nietzsche dit d’Hamlet peut s’appliquer à d’autres personnages de Shakespeare, par exemple à Macbeth, à Richard III, à Lear et même à Othello. […] La parole, le geste, les personnages, l’action, ne sont que le complément, le commentaire réalisé, la représentation figurative. […] Le personnage est là tout entier dans l’orchestre, armé de pied en cape, étincelant dans sa gloire, lumineux et éclatant ; et l’impression, quand nous le voyons en effet descendre de son frêle esquif, n’est si profonde et si vive que parce que ce personnage, que nous apercevons maintenant réellement, est pour ainsi dire la réalisation de celui que nous avions déjà entrevu dans notre imagination surexcitée.
Il dialogue avec lui-même et fait parler l’un après l’autre les personnages les plus divers. […] Ses personnages sont en général peu intelligents, assez vulgaires, terriblement vrais. […] Tel est le sentiment d’un des personnages de M. de Maupassant et il semble bien que ce soit le sentiment de M. de Maupassant lui-même. […] On y respire un parfum de sympathie et je ne sais quoi de doux, de simple, de pur, qui ne se sent point dans les biographies des personnages illustres. […] Tous les personnages de son histoire, les deux Tobie, Anna, Raguel, Edna, la douce Sara et Gabelus lui-même sont tous issus de Jacob et de Sara.
Mais je ne peux m’empêcher de reconnaître qu’il touche à quelque chose d’important quand il signale le fait que, chez Proust, les actes des personnages et même les événements sont décrits non dans leur enchaînement, mais si j’ose dire dans leur gonflement. Chacun est séparé du suivant par tout ce qui s’est passé en même temps que lui dans la conscience et dans l’inconscient soit du personnage, soit de Proust lui-même. […] Tout le romantisme consiste à montrer des personnages qui ne comprennent absolument rien à eux-mêmes et qui se dépensent en gestes et en émotions et en sanglots qui leur paraissent d’autant plus beaux qu’ils peuvent moins en rendre compte. […] On peut en ressentir parfois de l’agacement ; mais le personnage s’impose ainsi à nous avec une réalité, une abondance, une variété qu’aucun portrait délibéré ne pourrait produire. […] Une vérité a donc été extraite, sans effort, sans système, d’un complexe de sentiments décrits comme appartenant à un personnage déterminé.
Ces saints locaux, que l’on compte par centaines, sont tous du ve siècle ou du vie siècle, c’est à dire de l’époque de l’émigration ; ce sont des personnages ayant pour la plupart réellement existé, mais que la légende a entourés du plus brillant réseau de fables. […] On connaissait tous ces vieux personnages, on savait leur vie par cœur ; chacun avait son héros particulier pour lequel il se passionnait. […] V Un personnage singulier, qui resta longtemps pour nous une énigme, compta pour quelque chose parmi les causes qui firent de moi, en somme, bien plus un fils de la Révolution qu’un fils des croisés.
Grâce à lui, Hérode, Hérodiade, Antipas, Philippe, Anne, Caïphe, Pilate sont des personnages que nous touchons du doigt et que nous voyons vivre devant nous avec une frappante réalité. […] On sait que chacun des quatre évangiles porte en tête le nom d’un personnage connu soit dans l’histoire apostolique, soit dans l’histoire évangélique elle-même. Ces quatre personnages ne nous sont pas donnés rigoureusement comme des auteurs.
Sur ces entrefaites, Beaumarchais eut une querelle avec un personnage grotesque et brutal qui s’appelait le duc de Chaulnes. […] Sans doute il pensait à part lui : ô les curieux et intéressants personnages que l’aubergiste du Lion d’Or et sa femme, l’apothicaire et le pasteur, Hermann et Dorothée ! […] Goethe aimait ses personnages, mais il les aimait en artiste, d’une affection toute paternelle, comme le sculpteur chérit sa statue. […] Mais ici la populace, personnage immense, a droit… La Commune a droit ; la Convention a raison. […] Le saint, personnage insignifiant, passif, presque muet, n’est là que pour servir de prétexte à une suite de visions et de tableaux.
Mais relisons-les, ne fût-ce que pour jouir de l’originalité savoureuse du personnage qu’elles expriment. […] Celle de ses personnages aussi ; leur immoralité s’étale avec candeur. […] L’homme d’esprit est un assaillant qui nous vise ; le personnage comique, la victime toute passive d’une cécité morale. […] Ses personnages font rire d’eux ; il ne se montre pas pour rire avec nous26. […] Quelques pas plus loin, un haut personnage russe énumère ses titres sur un granit monumental.
— Je fais des livres où de mes amis, en effet, veulent voir des symboles ; et, vraiment, j’ai le goût de faire dire à mes personnages des choses d’un sens plus général que le récit des menus faits de leur existence : dans ce sens, je serais donc symboliste. […] Tous les personnages de Molière, ceux de Shakespeare et de nos auteurs classiques, sont en même temps des cas particuliers et généraux, des êtres vivants et des types : Tartufe, Roméo, Béatrice, par exemple. […] Si ce sont là les seuls tenants de l’idéalisme vainqueur, il faut avouer que tous ces personnages, se juchassent-ils les uns sur les autres, n’arriveraient pas à dénouer la jarretière de Boule-de-Suif. […] Ces trois œuvres (bonnes ou mauvaises, peu importe ici, ce n’est pas la question), n’admettent pas un personnage, pas un milieu, pas un verbe qui ne soit représentatif d’entités. […] On dirait d’immenses tapisseries que l’air agite, et dont les personnages vivent et défilent, le long d’une spirale où on les voit réapparaître, en des retours d’attitude et des répétitions de geste.
L’occasion y fait tout, et ses personnages ne font que la subir. […] Ses personnages raisonnent leurs actions, n’obéissent point à l’impulsion du tempérament ou du préjugé. […] Malheureusement, quelques autres détails que Tallemant ajoute, donnent — ou donneraient, si seulement nous pouvions les transcrire — une bien plus fâcheuse idée du personnage. […] Mais que fait-on des autres personnages et en particulier d’Orgon, qui, sans doute, a bien son importance, puisque ce n’était pas, pour le dire en passant, le personnage de Tartufe, mais celui d’Orgon, que Molière interprétait dans sa pièce, comme il faisait Arnolphe dans l’École des femmes, Alceste dans le Misanthrope, et Harpagon dans t’Avare ? […] Tournez et retournez en effet le Malade imaginaire en tous sens ; prenez-en l’un après l’autre tous les personnages : Argan lui-même et Béline, et Angélique, et M.
M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) A voir ce que deviennent sous nos yeux certains personnages historiques célèbres, et comme tout cela se grossit et s’enlumine, se dénature ou (disent les habiles) se transfigure à l’usage de cette niasse confuse et passablement crédule qu’on appelle la postérité, on se sent ramené, pour peu qu’on ait le sentiment du juste et du fin, à des sujets qui, en dehors des tumultueux concours, offrent à l’observation désintéressée un fond plus calme, un sérieux mouvement d’idées et le charme infini des nuances. […] Avec les vivants du moins, on a des juges, des témoins de la ressemblance, un cercle rapproché qui peut dire si, au milieu de tout ce qu’on a sous-entendu ou peut-être omis, on a pourtant touché l’essentiel, et si l’on a saisi l’idée, l’air du personnage. […] Ceux qui n’ont connu de M. de Lally-Tolendal que ses plaidoyers pathétiques et ses effusions oratoires, et qui n’ont pas entendu ses délicieux pots-pourris tout pétillants de gaieté, n’ont vu que le personnage et n’ont pas su tout l’homme. […] Royer-Collard, à ce personnage original, mordant, élevé, mais abrupt , en un mot d’éteindre les fonds historiques et d’accuser à tout moment d’avantage le profil singulier.
En effet, avec ce que je nomme l’intelligence on démêle bien le vrai du faux, on ne se laisse pas tromper par les vaines traditions ou les faux bruits de l’histoire ; on a de la critique ; on saisit bien le caractère des hommes et des temps, on n’exagère rien, on ne fait rien de trop grand ou trop petit, on donne à chaque personnage ses traits véritables ; on écarte le fard, de tous les ornements le plus malséant en histoire, on peint juste ; on entre dans les secrets ressorts des choses, on comprend et on fait comprendre comment elles se sont accomplies ; diplomatie, administration, guerre, marine, on met ces objets si divers à la portée de la plupart des esprits, parce qu’on a su les saisir dans leur généralité intelligible à tous ; et, quand on est arrivé ainsi à s’emparer des nombreux éléments dont un vaste récit doit se composer, l’ordre dans lequel il faut les présenter, on le trouve dans l’enchaînement même des événements ; car celui qui a su saisir le lien mystérieux qui les unit, la manière dont ils se sont engendrés les uns les autres, a découvert l’ordre de narration le plus beau, parce que c’est le plus naturel ; et si, de plus, il n’est pas de glace devant les grandes scènes de la vie des nations, il mêle fortement le tout ensemble, le fait succéder avec aisance et vivacité ; il laisse au fleuve du temps sa fluidité, sa puissance, sa grâce même, en ne forçant aucun de ses mouvements, en n’altérant aucun de ses heureux contours ; enfin, dernière et suprême condition, il est équitable, parce que rien ne calme, n’abat les passions comme la connaissance profonde des hommes. […] Au contraire, n’ayez qu’un souci, celui d’être exact ; étudiez bien un temps, les personnages qui le remplissent, leurs qualités, leurs vices, leurs altercations, les causes qui les divisent, et puis appliquez-vous à les rendre simplement… Si, pour systématiser vos récits, vous n’avez pas cherché à les grouper arbitrairement, si vous avez bien saisi leur enchaînement naturel, ils auront un entraînement irrésistible, celui d’un fleuve qui coule à travers les campagnes. […] Quand on a été jugé soi-même, souvent par le premier venu, qui ne connaissait ni les personnages, ni les événements, ni les questions sur lesquelles il prononçait en maître, on ressent autant de honte que de dégoût à devenir, un juge pareil. […] N’ayant aucune opinion bien arrêtée, seulement une modération naturelle qui répugnait à toutes les exagérations ; s’appropriant à l’instant même les idées de ceux auxquels il voulait plaire par goût ou par intérêt ; s’exprimant dans un langage unique, particulier à cette société dont Voltaire avait été l’instituteur ; plein de réparties vives, poignantes, qui le rendaient redoutable autant qu’il était attrayant ; tour à tour caressant ou dédaigneux, démonstratif ou impénétrable, nonchalant, digne, boiteux sans y perdre de sa grâce, personnage enfin des plus singuliers et tel qu’une révolution seule en peut produire, il était le plus séduisant des négociateurs, mais en même temps incapable de diriger comme chef les affaires d’un grand État ; car, pour diriger, il faut de la volonté, des vues et du travail, et il n’avait aucune de ces choses.
» Vendredi 17 février Dire — c’est indéniable — que pendant près de vingt ans, les trois maîtres absolus de la France ont été Reinach, Cornélius Hertz, Arton, et que la France, éclairée sur ces trois personnages, garde pour se gouverner, le personnel de leurs administrations, de leurs bureaux ! […] « Je n’ai pas commencé ma pièce, je ne sais pas si mon état de santé me permettra de la faire, mais si elle est jouée, j’ai l’honneur de vous prévenir en dépit de votre interdiction qu’elle portera le nom de mon livre, que je ne changerai pas le nom de mon héroïne, tout prêt en mon nom et au nom de la littérature, à courir les risques d’un procès, parce que, si des prétentions semblables devaient prévaloir, le roman et le théâtre de nos jours seraient, dans un temps prochain, contraints de baptiser leurs personnages, féminins et masculins, des noms de Célimène, Dorine, Oronte, Valère, Éraste, etc., etc., ce qui vraiment n’est pas admissible. » « Agréez, monsieur, l’assurance de ma considération distinguée. […] Et il prenait une palette, vendue avec le tableau, et il touchait avec un ton pris sur la palette — un tout à fait semblable à celui du personnage — et la femme touchée se mettait à faire des révérences… puis un mezzetin à danser… puis des musiciens à jouer du violon — absolument comme si, cette peinture d’un grand art, était un tableau mécanique. […] Mercredi 30 août Dans leurs romans et leurs nouvelles, les tout jeunes romanciers, avec leur actuel mépris de l’étude d’après nature, ne créent plus des personnages humains, ils fabriquent des êtres métaphysiques.
Tous ces phénomènes simultanés et successifs étaient parfaitement coordonnés ; Jeanne communiquait avec un véritable monde surnaturel composé de quatre personnages : saint Michel, le premier apparu et le garant des trois autres, saint Gabriel, sainte Catherine et sainte Marguerite. […] L’aparté est vraisemblable dans la comédie bouffonne, comme élément du ridicule de certains personnages ; partout ailleurs, il ne l’est pas, et pourtant il est d’un usage constant dans toutes les variétés du drame, à l’exception peut-être de la tragédie. […] Nous venons de citer des exemples types : dans le premier, l’imagination domine évidemment ; dans les trois autres, la passion semble pure de tout mélange ; mais rarement la passion s’éveille sans éveiller en quelque mesure l’imagination ; la raison en est que rarement l’objet de la passion est purement intellectuel, c’est-à-dire d’ordre général, scientifique ou politique ; quand je n’ai d’autre société intérieure qu’une société abstraite, consistant dans des concepts que parcourt mon entendement, mêlés à des noms propres de personnages ou de pays que je ne connais que par ouï-dire et qui valent pour mon esprit des abstractions, alors je suis, à vrai dire, seul avec ma pensée, je n’ai point de société véritable, et, d’ordinaire, je reste calme228 ; l’émotion, presque toujours, me fait rentrer dans la vie réelle, dans la vie sociale ; ce qui m’émeut en joie ou en tristesse, c’est quelque objet concret de la nature, le plus souvent quelque personne humaine, dont mon souvenir reproduit l’image plus ou moins nette, et, avec cette image, le son spécifique. […] Laura Santone (art. cit., p. 252-253) pense que Freud renvoyant par deux fois à des articles de Egger dans l’Interprétation des rêves, il y a tout lieu de penser que sa référence au Nabab de Daudet à propos des rêveries diurnes et rêves à « yeux ouverts » est à mettre en rapport avec le développement de Egger dans la Parole intérieure sur le personnage de M.
Ses personnages sont dotés presque invariablement de plusieurs millions : il ne compte que par sommes immenses, fabuleuses, on dirait qu’il a toute une alchimie secrète à son service, qui ne cesse de fournir l’or et de battre monnaie pour ses héros et ses héroïnes.
Devenu évêque, et absent depuis bien des années, il s’est empressé de se déclarer un peu vite et un peu à l’étourdie vraiment (si un tel mot est permis à l’égard de ces graves personnages) contre une institution qu’il ne connaissait pas encore.
— Mais, si j’avais introduit un pareil personnage dans un roman, et que je lui eusse fait tenir cette conduite, comment le trouveriez-vous ?
Calendau est une légende sur l’histoire de Provence, qui, pour la conduite du récit, l’intérêt des épisodes, l’éclat des peintures, le relief et la grandeur des personnages mis en action, l’allure héroïque du style, mérite à juste titre le nom d’épopée.
Rien de moins « nécessaires » que tous les événements qu’on nous raconte, que les conclusions auxquelles s’arrêtent les personnages.
Un personnage et quelques comparses.
Les personnages de la cour et leurs vicissitudes n’étaient pas de nature à y rappeler les esprits sages.
La narration et la morale se trouvent dans le dialogue des personnages, et l’auteur s’y montre à peine, si ce n’est dans cinq ou six vers qui sont de la plus grande simplicité.
Milton est le premier poète qui ait conclu l’Épopée par le malheur du principal personnage, contre la règle généralement adoptée.
Mais ni l’amour de Pénélope et d’Ulysse, ni celui de Didon pour Énée, ni celui d’Alceste pour Admète, ne peut être comparé au sentiment qu’éprouvent l’un pour l’autre les deux nobles personnages de Milton : la vraie religion a pu seule donner le caractère d’une tendresse aussi sainte, aussi sublime.
Un inconvénient des grandes facultés de médecine dans les capitales, et surtout pour les principaux personnages de la société, c’est l’assujettissement du médecin à une certaine pratique ou routine de faculté, sous peine de risquer sa réputation et sa fortune ; s’il s’en écarte et que le succès ne réponde pas à son attente, il est perdu ; s’il réussit, que lui en revientil ?
De l’une à l’autre de ces dates, ce qui passe à travers le temps ce sont des luttes, des événements et des personnages empreints de la grandeur sauvage de ces pirates, rois de la mer (sea kings), qui, blasés d’Océan et de neige, voulurent ajouter quelques miettes de terre à leur liquide empire, et s’abattirent sur la côte de France par la route des Cygnes, cygnes eux-mêmes, ou plutôt cormorans, pressés comme les vagues et inépuisables comme elles !
Des deux personnages, c’est Télémaque qui est le plus séduisant.
C’est pourquoi le public ne s’est jamais accoutumé à personnifier en Daunou aucune grande situation, et nous n’avons à le classer en définitive qu’au premier rang des hommes distingués, quand d’autres, qui ne le valaient pas, ont paru des personnages supérieurs. […] Parmi les opinions arrêtées de Daunou qui en avait tant, on n’en aurait pas trouvé de plus fixe et de plus justifiable assurément que celle qu’il s’était formée de la Terreur, des principaux personnages qui y figurent, et particulièrement de Robespierre. […] Il voulut être tyran, bien plus ardemment que la plupart des hommes ne savent vouloir être libres, et cette volonté vive, inflexible, toujours agissante, a tenu lieu de génie à bien d’autres oppresseurs de l’humanité… » Je suis forcé, à mon grand regret, d’abréger cette page pour laquelle j’ai presque à demander pardon aux néo-terroristes d’aujourd’hui : mais voici l’adoucissement : « Quelque affreux que soit Robespierre d’après le portrait que nous en avons tracé, continue Daunou, Courtois a fait de ce personnage un portrait beaucoup plus horrible encore, et s’est attaché surtout à lui contester toute espèce de talent. […] La seule conclusion que je veuille tirer de pareils traits d’originalité naïve, c’est que, même en ces années de familiarité et de liberté, où il jouait un grand personnage public et où il voyait le plus de monde ; même quand il était le parrain désigné de toutes les Constitutions, filles de celles de l’an III, quand il allait par delà les monts, en qualité de commissaire, organiser la république romaine et y rétablir les comices et les consuls, Daunou n’aurait point mérité qu’on dit de lui, comme d’Ulysse, qu’il était un grand visiteur d’hommes. […] Daunou aime à envisager ses sujets et ses personnages sous un angle peu ouvert, et, une fois la mesure prise, il ne varie plus d’une ligne dans tout le relevé : cela devient quelquefois merveilleux de dextérité, de patience et de sûreté de main.
Ressemblants ou non, — ce n’est pas là le point, — ses personnages ont de la consistance, ne sont plus de vains fantômes ; et il semble qu’on les touche du doigt. […] Car, d’où vient l’intérêt que nous prenons à tous ces personnages, et quelle en est au vrai la nature ? […] 2º Les Auteurs et le développement du théâtre comique. — Les dernières soties. — Que l’origine de la comédie en France n’est ni française ni purement latine, mais italienne. — La comédie italienne du xvie siècle ; — ses origines latines ; — ses origines populaires et nationales : La Commedia dell’ Arte. — Influence des « novellieri ». — Les personnages de la comédie. — Travestissements, quiproquos et reconnaissances. — Le valet comme cheville ouvrière de l’intrigue ; — et qu’il doit le demeurer jusqu’au Mariage de Figaro. — Les comédiens italiens en France ; — La troupe des premiers Gelosi ; 1571 [Cf. […] 2º Le Philosophe. — Caractère énigmatique du personnage : — il a été prêtre ; — il a même voulu se faire chartreux ; — de pieux prélats l’ont protégé ; — cependant il passe pour un « libertin » — et la contradiction qu’on remarque entre son personnage et sa réputation, se retrouve entre ses deux principaux ouvrages : — le Traité des trois vérités, lesquelles sont : 1º qu’il y a un Dieu ; 2º que ce Dieu n’a été connu que des chrétiens ; 3º que ce Dieu n’est adoré comme il l’a voulu que dans le catholicisme ; — et le Traité de la sagesse, où la plupart n’ont voulu voir qu’une systématisation du « scepticisme » de Montaigne. — Que la chronologie ne tranche pas la difficulté, puisqu’il connaissait Montaigne quand il a donné son Traité des trois vérités.
Et voici que tout à coup j’éclate de rire en m’avisant du ridicule personnage que je joue en ce moment même pour vouloir être juste. […] Songez donc à ce personnage-là. » Sardou n’était ni en situation, ni de caractère à négliger un semblable conseil. […] C’était un personnage mêlé à de grandes affaires. […] Il a fait converser Jésus avec des personnages de notre temps. […] Nous avons fait connaissance, l’autre jour, avec ces deux personnages.
Il faut qu’un prêtre soit un personnage tout divin ; il faut qu’autour de lui règnent la vertu et le mystère, qu’il vive retiré dans les ténèbres du temple, et que ses apparitions soient rares parmi les hommes ; qu’il ne se montre enfin au milieu du siècle que pour faire du bien aux malheureux. […] Que sont devenus ces personnages qui firent tant de bruit ? […] Je n’examinerai point jusqu’à quel degré cette assertion est véritable ; si la liberté que l’on se donne, de tout dire et de tout représenter, ne mène pas naturellement à ce fracas de scène, à cette multitude de personnages qui en imposent : je n’examinerai pas si, dans les pièces de Shakspeare, tout marche rapidement à la catastrophe ; si l’intrigue se noue et se dénoue avec art, en prolongeant et précipitant sans cesse l’intérêt pour le spectateur : je dirai seulement que, s’il est vrai que nos tragiques manquent de mouvement (ce que je suis fort loin d’accorder), il est bon qu’ils en mettent davantage dans leurs sujets. […] Je me souviens des paroles de votre Henri IV : Ma mie, disait-il à sa femme, vous pleurez quand je donne le fouet à notre fils ; mais c’est pour son bien, et la peine que je vous fais à présent, vous épargnera un jour bien des peines. » Ces petits naturalistes, qui ne savent pas un mot de leur religion et de leurs devoirs, sont à quinze ans des personnages insupportables. […] Avec quels personnages ne seraient-ils pas obligés de vivre et même de sourire !
Les personnages de Pierre Loti participent à cette simplification. […] L’illusion individuelle est donc bienfaisante et nous avons le droit, comme des personnages de lanterne magique, de nous regarder au verre grossissant. […] Il scande ses sonnets, écrit ses études, et fait mouvoir ses personnages dans l’une ou l’autre de ces villes d’eaux qui sont le rendez-vous de la haute vie européenne. […] Nous n’entrons point dans le personnage de l’auteur, nous ne vivons point sa pensée. […] Nous avons signalé déjà cette influence à propos des personnages de ses romans.
Autour du narrateur, les autres personnages ne figurent pas comme des ombres, mais comme des êtres aussi réels que lui. […] Il n’avait d’ailleurs aucune parenté avec la vraie Madeleine, et ne termina nullement ses jours dans l’hypocondrie du personnage de Dominique. […] Madeleine devient dès lors un personnage du roman peut-être tracé avec plus de soin, de finesse et de profondeur que Dominique lui-même. […] Comme dans la tragédie du dix-septième siècle, tout est réduit à des personnages essentiels et significatifs. […] Nos moralistes ont pu être des personnages plus ou moins exceptionnels, mais leur fonction a consisté à analyser et à guider l’homme ordinaire, l’homme dans la rue.
Ils disent tous la même phrase sur chaque événement ou chaque personnage. […] L’impression d’un lecteur français de 1900, ou même de 1860, est qu’à la fin de Rouge et Noir tous les personnages perdent la tête. […] Même idée générale, mêmes personnages, entours et décors différents ; mais l’idée générale est présentée avec moins de force, les personnages sont comme émoussés et limés ; pensées et créatures ont moins de relief. […] Il n’a pas toujours réussi à nous peindre des personnages vrais, mais il l’a voulu, et n’y a pas toujours échoué. […] Il a dit à plusieurs reprises : « Je fais une histoire naturelle des esprits. » Entendez par là qu’après avoir rassemblé les traits caractéristiques d’un personnage, il s’essayait à indiquer à quelle famille d’esprits ce personnage lui paraissait appartenir.